Bulletin bois 105/2012

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Bulletin bois 105/2012 Bâtiments de substitution Lotissement Grünmatt, Zurich Groupe d’immeubles Leonhard-Ragaz-Weg, Zurich Immeubles administratif et d’habitation Mühlebachstrasse/Hufgasse, Zurich Immeuble de logement Habsburgstrasse, Zurich

L’immeuble d’habitation sur la Habsburgstrasse remplace deux villas du début du XXe siècle. Architecte: Hauenstein LaRoche Schedler Architekten, Zurich


Bâtiments de substitution – l’exemple zurichois Limitant les déplacements et réduisant l’étalement urbain, la densification est sans aucun doute un volet important du développement durable. A ce titre le thème des transformations, des surélévations ou des extensions a été régulièrement abordé dans le Bulletin bois. Mais lorsque le coefficient d’occupation du sol peut être notablement augmenté, ou que la qualité de la substance bâtie ne permet pas d’envisager de manière raisonnable sa con­ servation, la substitution d’un bâtiment par une construction nouvelle prend tout son sens. C’est ce que présente ce cahier en se limitant à l’agglomération zurichoise, avec un accent particulier sur les immeubles de logements. Mais pourquoi cette sélection? L’expansion marquée du réseau de transport public a mené de vastes zones jusqu’ici en périphérie, dévolues à l’habitat individuel ou dotées de bâtiments de faible taille, à acquérir une fonction stratégique dans l’optique du développement territorial. De plus la Ville de Zurich a choisi en votation populaire de tendre vers la société à 2000 watts; elle est donc perçue comme un laboratoire pour évaluer la concrétisation de cette vision au niveau constructif. Dans des zones où les terrains nus à bâtir se font rares, les immeubles de substitution apportent une réponse pragma­ tique pour la modification du bâti existant vers des ouvrages économes en énergie. Le recours au bois limite alors l’énergie grise et les émissions de gaz à effet de serre nécessaires à leur construction. Une étude statistique* a mis en évidence l’importance des bâtiments de substitution pour la ville de Zurich: entre 2000 et 2009 près de 1 000 000 m2 habitables ont été créés dans la ville de Zurich à travers les ouvrages de substitution, représentant plus des 2/3 des nouvelles surfaces. Le remplace­ ment des constructions existantes par de nouveaux bâtiments a en outre permis de doubler en moyenne les surfaces de logement pour un même parcellaire. L’étude donne également des indications sur la relation entre surface créée et nombre de niveaux. La majorité des nouvelles surfaces ont été générées dans des bâtiments de deux à quatre niveaux, une proportion inférieure dans des bâtiments plus élevés. Ces chiffres mettent en lumière l’importance des modifications des conditions cadres intervenues dans la législation de protection incendie permettant à ces marchés de s’ouvrir au bois. Alors qu’une transformation permet parfois à l’immeuble de rester occupé, un bâtiment de substitution implique un délai court du début de la démoli­ tion à la réception de l’ouvrage prêt à être habité, particulièrement pour des coopératives d’habitations où les sociétaires sont directement concernés. Pour le propriétaire privé, il s’agira de limiter au minimum les défauts de loyer. La construction en bois avec son niveau élevé de préfabrication autori­ se dans cette optique des durées de construction particulièrement réduites. Sans compter que les nouveaux habitants s’identifient aisément à ce type de constructions perçues comme modernes et écologiques, ce qui garantit une occupation rapide des logements mis à disposition. Ce numéro démontre que le bois fait désormais pleinement partie du paysa­ ge urbain où il contribue à tracer la voie vers la société à 2000 watts, en accord avec la volonté clairement exprimée par le souverain zurichois. Il est probable qu’une évolution semblable voie le jour dans d’autres villes du pays, et le bois est prêt dès aujourd’hui à relever ce défi.

Roland Brunner Communication technique Lignum

*Rey, U. (2011). Bauliche Verdichtung durch Ersatzneubau in der Stadt Zürich. Canton de Zurich, Office de la statistique, Zurich.

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Lotissement Grünmatt, Zurich Dans le quartier de Friesenberg, au pied de la colline emblématique de Zurich, l’Üetliberg, l’association pour l’habitat familial Zurich (FGZ) construit 155 nouveaux logements. Ce lotissement remplace 64 maisons monofamiliales en rangées datant de 1929. Ces constructions de mauvaise qualité ne permettaient pas de valoriser le taux d’occupation du sol et leur mise à niveau, en ce qui concerne les aspects thermique et de confort, aurait nécessité un investissement disproportionné. Ce quartier populaire de Zurich est constitué principalement d’îlots dispersés de maisons indi­ viduelles en bande. L’association loue dans les alentours pas moins de 2200 objets. Le projet des architectes est issu d’un mandat d’étude parallèle. L’association maître de l’ouvrage souhaitait une interprétation contem­ poraine du thème de la cité jardin. Les architec­ tes ont donc conçu treize bâtiments en quatre rangées légèrement incurvées, dégageant entre elles des espaces privés et publics. Le plan de situation qui en résulte renvoie aux constructions d’antan. La première rangée au sud est consti­ tuée d’immeubles de 4 niveaux. Chacun des bâtiments offre quatre logements par niveau, desservis par deux cages d’escalier. Les autres immeubles du complexe ne comportent que trois niveaux. Au sud, chaque appartement profi­ te d’un vaste balcon/loggia. La deuxième rangée d’immeubles offre 33 ap­ partements en triplex, alors que la troisième ac­ cueille 6 unités d’habitation par bâtiment dans les niveaux supérieurs, auxquels on accède par trois cages d’escalier. La moitié de ces unités d’habitation disposent en outre d’une chambre à coucher avec cellule humide dans l’étage semienterré. Dans la quatrième rangée, deux bâti­ ments contiennent à nouveau 26 triplex tandis que la troisième construction héberge une affec­ tation mixte: outre 12 appartements dans les étages, le socle comprend un centre de soin, un jardin d’enfants et une salle commune. Le lotissement de Grünmatt, situé à proximité du

centre-ville de Zurich, jouit d’une très bonne des­ serte en transports publics et de nombreux com­ merces sont atteignables facilement à pied. Il s’agit là de conditions préalables à une mobilité des habitants économe en énergie. Il a néan­ moins été nécessaire de prévoir un nombre de stationnements conforme à la législation ce qui a nécessité de réaliser un parking souterrain entre les deux premiers rangs de bâtiments. Le concept d’approvisionnement thermique de l’ensemble est en évolution. Jusqu’au milieu de 2012 le besoin en chaleur était assuré par une chaudière à mazout. Depuis, le lotissement est le premier de la coopérative qui soit alimenté à travers un anneau de conduites qui stocke les rejets thermiques des entreprises alentour. Du­ rant les mois d’été, la chaleur excédentaire est emmagasinée dans ce réservoir. En hiver, elle est à nouveau extraite par des pompes à chaleur propres aux différents bâtiments qui la convertis­ sent au niveau utile. Des modules photovol­ taïques en toiture couvrent une partie du besoin en électricité. Le renouvèlement d’air des appar­ tements est assuré par des monoblocs disposés en parois extérieures, tandis que l’extraction a lieu de manière centralisée dans les pièces humi­ des. Les bâtiments atteignent grâce à des épaisseurs d’isolation de 280 mm en façade et de 200 mm en toiture des valeurs U de 0,14 et 0,12 W/m2K. Cependant, l’orientation sud du complexe, mas­ quée en partie par la colline de l’Üetliberg, conduit à de faibles gains solaires. Le besoin en chaleur pour le chauffage n’est de ce fait que légèrement inférieur aux prescriptions légales. Dans l’évaluation de l’énergie primaire non renouvelable et des émissions de gaz à effet de serre selon le cahier technique SIA 2040, le lotis­ sement présente des conditions de bases défavo­ rables avec ses petits volumes relativement élan­ cés, ce qui est en partie compensé par des choix constructifs pertinents. Au-dessus du socle en béton partiellement enterré, les parties de cons­ truction sont en bois à l’exception de la cage d’escalier et des murs pignons, réalisés en béton.

Les planchers font appel à une structure mixte bois-béton, dont la partie bois est composée de bois lamellé. Celle-ci ne reçoit qu’une peinture de finition, évitant ainsi tout revêtement coûteux supplémentaire. Les parois intérieures et exté­ rieures sont réalisées en ossature bois tandis que le revêtement de façade est composé d’un lamb­ ris bois disposé tantôt horizontalement, tantôt verticalement. Toutes les parties de construction ont été préfa­ briquées en atelier et livrées sur le chantier en éléments de grand format, facilitant ainsi le montage. Afin de s’adapter aux tolérances su­ périeures de la construction massive, la concep­ tion de la partie bois a intégré des zones de compensation.

Situation

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Plan d'ensemble

Coupes

100 m

40 m

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Plans 1ere rangée: Semi-enterré, rez-de-chaussée, 1er et 2e étage

Niveau supérieur d'un immeuble de la 1ere rangée

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Plans 2e rangée: Semi-enterré, rez-de-chaussée, étage

10 m


Plans 3e rangée: Semi-enterré, rez-de-chaussée, étage

Plans 4e rangée: Semi-enterré, rez-de-chaussée, étage

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Plan appartement 2e rangée

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10 m

Lieu Grünmatt- et Baumhaldenstrasse, 8055 Zurich Maître d’ouvrage FGZ Familienheim-Genossenschaft Zurich Architecte Graber Pulver Architekten AG, Zurich/Berne Gestion de la construction Perolini Baumanagement AG, Zurich Physique du bâtiment Gartenmann Engineering AG, Zurich Architecte paysagiste 4d Landschaftsarchitekten AG, Berne Technique du bâtiment Advens AG, Zurich, et Amstein + Walthert AG, Zurich Ingénieur civil Freihofer & Partner, Zurich Ingénieur bois Pirmin Jung Ingenieure für Holzbau AG, Rain Entreprise bois ARGE Blumer-Lehmann AG, Gossau, et Kost Holzbau AG, Küssnacht am Rigi Bois mis en œuvre Structure: montants d’ossature 650 m3, BLC 230 m3, bois lamellé 1950 m3; Panneaux: trois plis 27 mm 530 m2 et 42 mm 3230 m2, lamibois 33 mm 225 m2, 39 mm 170 m2 et 45 mm 170 m2, OSB 15 mm 13300 m2, plaques de plâtre fibrées 12,5 mm 7480 m2 et 15 mm 10010 m2, panneaux de fibres mi-durs ouverts à la diffusion 15 mm 1760 m2; Isolation en fibres de bois 35 m3; Revêtement de fa­ çade: lambris rhombiformes 4350 m2 et rainés crêtés 4260 m2 Coûts CFC 2 CHF 62,45 millions (ensemble du projet avec garage sou­ terrain) dont CFC 214 CHF 11,14 millions Surface de terrain SIA 416 31 799 m2 Surface de plancher SIA 416 27 400 m2 (ensemble du projet), 32 574 m2 (avec garage souterrain) Volume bâti SIA 416 84 642 m3 (ensemble du projet), 102 919 m3 (avec garage souterrain) Prix/m3 SIA 416 (BKP 2) CHF 607.– Durée de construction Mars 2010 – mars 2014 (ensemble du projet), mars 2010 – juin 2012 (1ere étape), mars 2011 – novembre 2012 (2e étape), mai 2012 – mars 2014 (3e étape) Photographe Hannes Henz, Zurich


Composition toiture: Substrat 100 mm Etanchéité Isolation 200 mm Pare-vapeur OSB/3 15 mm Eléments en bois lamellé 160 mm Composition planchers: Revêtement de sol 10 mm Chape ciment 80 mm Résilient acoustique 2 x 20 mm Eléments mixtes bois-béton: béton 100/120 mm bois lamellé 120/100 mm

Coupe façade

Composition parois extérieures: Plaque de plâtre cartonné 15 mm OSB/3 15 mm, joints étanches Montants 280 mm/Isolation Panneau de fibres mi-dur, ouvert à la diffusion 15 mm Lé de façade Lattage 40 mm Lambris 20 mm, brut de sciage et traité

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Groupe d’immeubles Leonhard-Ragaz-Weg, Zurich Le complexe remplace des immeubles allongés des années 50 qui caractérisent l’image de ce quartier de Zurich. Grâce à ces constructions de substitution, l’association Turicum entend offrir des logements économiques, conformes aux exigences de la société à 2000 watts. Au total, pas moins de 167 logements et sept unités commerciales sont ainsi créés dans des ouvrages de 5 à 7 niveaux. Une étude préalable des architectes a montré qu’une extension des ouvrages existants, âgés de 60 ans, ne constituait pas une voie viable. En effet, les nouvelles constructions permettent de profiter de plus du double de surface utile et le squelette des bâtiments ne présentait pas une qualité suffisante, ne serait-ce que sous l’aspect de la hauteur des locaux. Dans l’optique de la société à 2000 watts, une importance particulière a en outre été donnée aux faibles mouvements de terrain occasionnés par la nouvelle construction, au concept de structure porteuse et de distribution techniques per­ tinent, ainsi qu’à la compacité des volumes et à la part élevée du bois. Lors de la conception, les architectes ont déve­ loppé un ensemble d’habitations, qui remplit les attentes des habitants tant en matière de proximité avec la ville que d’accès à la nature. La particularité de l’emplacement réside dans la transition entre les blocs d’immeubles et les espaces verts du quartier. Cette transition est marquée par des éléments clairs: un immeuble allongé au sud-ouest de la parcelle et trois grou­ pes d’immeubles doubles. Le bâtiment en longueur sur la rue fréquentée clôt le terrain et protège l’ensemble du bruit. Il accueille des bâtiments commerciaux au rez et des apparte­ ments dans les étages. Le vaste espace restant est en liaison directe avec une des plus grandes zones vertes de la ville, et les trois bâtiments d’habitation doubles sont ainsi pratiquement disposés dans la verdure. Les zones entre les immeubles s’ouvrent large­ ment sur les espaces verts et les jardins ouvriers qui bordent la parcelle, créant ainsi une conti­ nuité dans le contexte du quartier. Ainsi les ar­ bres de valeur existants sont conservés et ré­ pondent à leurs homologues du parc voisin. Un cheminement organique comprenant une pla­ cette conduit naturellement de la rue fréquen­ tée aux différents bâtiments et plus loin à la

place de jeux. Les logements de la barre sont traversant de la face sud contre la rue bruyante à la face nord qui, intégrant la ventilation contrôlée, profite du calme de l’ensemble. La façade au sud ac­ cueille des loggias comme autant d’espaces extérieurs privatifs qui atténuent en outre les nuisances sonores. Les logements des immeu­ bles doubles profitent chacun d’au moins deux orientations et un logement charnière par éta­ ge, orienté selon les quatre points cardinaux, lie les deux unités. Des balcons continus de diffé­ rentes profondeurs forment autant d’espaces extérieurs comme une extension saisonnière des appartements. La production d’énergie favorable au climat est assurée par des agents locaux. C’est ainsi qu’une chaudière à plaquettes de bois produit la chaleur pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire alors qu’une partie de la demande en électricité est couverte par des installations photovoltaïques en toiture. Deux des quatre corps de bâtiment atteignent sept étages ce qui a nécessité un concept de protection incendie spécifique à l’objet. L’ensemble des planchers des parois intérieures, des cages d’escalier et des corridors de fuite sont en béton ou en maçonnerie silico-calcaire tandis que les parois extérieures porteuses sont en bois massif munies sur chaque face d’une isolation et d’un revêtement incombustible. Certaines portions de la façade sont vêtues d’un lambris bois, dont les mesures de protec­ tion incendie sont constituées par les balcons en bandeau à chaque niveau. Les balcons sont formés d’éléments en béton préfabriqués, prenant appui sur des poteaux en acier, tandis que les rambardes en épicéa prégrisé soulignent la mise en œuvre du bois. Les parois extérieures porteuses sont consti­ tuées de madriers en épicéa disposés verticale­ ment de 200 mm de largeur et 100 d’épaisseur, revêtus sur leur face interne. Le système est perçu indirectement en façade: les fenêtres sur toute la hauteur de l’étage, superposées, soulig­ nent les éléments porteurs. Les immeubles dou­ bles sont revêtus d’un lambris vertical lasuré blanc tandis que la façade contre la rue du bâti­ ment allongé reçoit un revêtement en céra­ mique. L’ensemble du projet sera réalisé en quatre étapes jusqu’en 2013. Le système retenu pour

les éléments de façade permet un montage simple et rapide: les dimensions du bâtiment et des ouvertures sont déterminées par un multip­ le du module des madriers. Pour le montage, ceux-ci sont liés à une filière en bois qui cein­ ture les dalles en béton, coulées sur place. Plusieurs facteurs plaidaient pour l’utilisation du bois: avant tout son aspect durable dans le gros œuvre mais aussi son aspect chaleureux et son caractère dans l’aménagement intérieur. Les parquets, par exemple, sont en chêne indigène tandis que les revêtements de façade et les rambardes, grâce à un traitement adapté, souli­ gneront avec le temps la volumétrie de l’ensemble.

Situation

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Lieu Leonhard-Ragaz-Weg/Gutstrasse, 8055 Zurich Maître d’ouvrage Baugenossenschaft Turicum, Zurich Architecte, conception générale Harder, Haas Partner AG, Eglisau Conception énergétique, physique du bâtiment Mühlebach Partner AG, Wiesendangen Durabilité Architekturbüro H.R. Preisig, Zurich Ingénieur civil Henauer Gugler AG, Zurich Ingénieur bois SJB Kempter Fitze AG, Eschenbach Entreprise bois ARGE Zimmereigenossenschaft Zurich, Zurich, et Jäggi + Hafter AG, Zurich Bois mis en oeuvre Structure: bois massif 453 m3; Panneaux: contreplaqué de hêtre 101 m3; Rambardes: lattes en sapin/épicéa 40 x 80 mm 27 586 m; Revêtement de façade: lambris rainé-crêté 3933 m3 Coûts CFC 1 – 5 CHF 64,5 millions Coûts CFC 2 CHF 51,9 millions dont CFC 214 CHF 4,1 millions Surface de terrain SIA 416 11 531 m2 Surface de plancher SIA 416 18 745 m2 Volume bâti SIA 416 80 150 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 620.– Durée de construction Juillet 2009 – avril 2013 (ensem­ ble du projet), avril 2009 (démolition), mai 2010 (location immeuble est), avril 2011 (location im­ meuble nord), septembre 2012 (location immeuble ouest), avril 2013 (location immeuble sud) Photographe Hannes Henz, Zurich Plan d'étage immeubles doubles

Coupe longitudinale immeubles doubles

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20 m

Coupe transversale immeubles doubles


Composition toiture: Substrat 80 mm Couche drainante 50 mm Couche de protection 10 mm Etanchéité multicouche 20 mm Lé de séparation Isolation 300 mm Pare vapeur 10 mm Dalle béton 220 mm Composition planchers: Revêtement de sol 20 mm Chape ciment 80 mm Couche de séparation Résilient acoustique 20 mm Isolation 20 mm Dalle béton 220 mm Composition parois extérieures: Plaques de plâtre cartonné 2 x 12,5 mm Lattage 80 mm/Isolation Madriers massifs 100 mm Coupe-vent Lattage 80 mm/Isolation Lattage 110 mm/Isolation 80 mm Lattage 24 mm horizontal Lambris épicéa 20 mm

Coupe façade

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Immeubles administratif et d’habitation Mühlebachstrasse/Hufgasse, Zurich Au centre-ville de Zurich, proche de la gare fréquentée de Stadelhofen, deux nouveaux immeubles ont vu le jour. Les deux bâtiments de six étages, pionniers d’une culture de la construction s’inscrivant dans le développement durable, ont été construits en ossature bois préfabriquée. Leurs excellentes caractéristiques énergétiques et écologiques leur permettent de satisfaire au label ‹Minergie-P-Eco›. Malgré la situation centrale de la parcelle, l’emplacement est relativement calme et adapté à une affectation d’habitation et de bureau. Deux bâtiments existants, un bâtiment indus­ triel de 1910 et une villa de 250 ans, ont dû être détruits en raison du changement de la structure urbaine et de leur état général qui ne permettait pas leur conservation. L’immeuble de la Mühlebachstrasse comble une lacune dans l’alignement urbain. Grâce à sa fa­ çade structurée par de larges baies vitrées et son revêtement en ardoises naturelles, il fait le lien avec ses voisins – une maison art nouveau en briques apparentes et un bâtiment administ­ ratif des années septante. En retrait des rues principales, l’immeuble de la Hufgasse poursuit une rangée de bâtiments des années quarante. Sa forme particulière, légèrement cintrée, lui permet de conserver une certaine distance avec les constructions de style classique au sud de la parcelle. Les deux nouveaux immeubles complè­ tent l’organisation du quartier et redéfinissent les espaces extérieurs, créant ainsi une cour pit­ toresque et calme. Les deux bâtiments sont conçus de manière identique, ils se déploient autour de la cage d’escalier/ascenseur intérieure, mais se distin­ guent par leur taille, leur structure et leur maté­ rialisation. L’immeuble de la Mühlebachstrasse présente une répartition spatiale flexible, afin de

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favoriser une affectation des locaux en bureau ou en appartement. Le bâtiment de la Hufgasse en revanche est prédestiné à l’habitation en rai­ son de sa situation protégée. Les deux immeubles de six étages sont réalisés en ossature bois. Les parois porteuses extérieu­ res en éléments de grand format intègrent des montants en bois lamellé collé. La plupart des parois intérieures sont non porteuses, afin d’offrir une flexibilité optimale. Les dalles sont constituées d’éléments préfabriqués mixtes bois-béton dont la face inférieure en bois reste apparente. Le bilan d’énergie grise de cette con­ ception de dalle est inférieur à une dalle en bé­ ton conventionnelle. Les cages d’escaliers et d’ascenseur, tout comme le sous-sol, sont en béton recyclé apparent. Le revêtement extérieur crée l’unité entre les deux bâtiments, malgré leur différente volumétrie. Les ardoises de petite taille animent la façade de manière changeante au gré de la journée et des saisons. Les étages en attique, habillés de panneaux jaunes clairs sont en retrait. Les fenêtres bois-métal à triple vitrage, grâce à leur excellente valeur g, favorisent en outre les gains solaires passifs. Les deux bâtiments sont reliés par un garage souterrain commun où se situent les locaux techniques. La production de chaleur est assu­ rée par une chaudière à pellets, secondée par des collecteurs verticaux intégrés au concept architectural sur la façade côté cour du bâti­ ment Mühlebachstrasse, et par des collecteurs à tubes sous vide sur le toit du deuxième immeub­ le. Ceux-ci assurent la production d’eau chaude sanitaire et le préchauffage du chauffage au sol. Afin d’obtenir un rendement et une gestion op­ timale de l’énergie, un système semi centralisé règle l’accumulation dans les deux ouvrages. La réserve de pellets s’étend sur deux étages au

sous-sol du bâtiment situé sur la rue principale. Deux installations photovoltaïques en toiture, de 27 kWp et 14 kWp, fourniront 37 000 kWh par an, couvrant ainsi le besoin annuel en éner­ gie de 2/3 des appartements. Chaque bâtiment dispose de sa propre installation d’aération mé­ canique, favorisant un réglage individuel pour les différentes unités d’utilisation. L’air est pré­ chauffé ou refroidi par des sondes géother­ miques. Grâce à la production assistée par ordinateur et une planification rigoureuse, le processus de construction a pu être mené à bien de manière efficace, en respectant les contraintes en ma­ tière de logistique et de précision d’exécution.


Situation

Lieu Mühlebachstrasse 8 et Hufgasse 11, 8008 Zurich Architecte kämpfen für architektur ag, Beat Kämpfen, Zurich; collaborateurs: Beni Knecht (chef de projet), Andreas Rabara (concep­ tion), Daniel Wächerle (direction des travaux), Adrian Bierlein (planifi­ cation de l‘exécution), Sigrun Rottensteiner Ingénieur civil De Vries Engineering GmbH, Zurich Physique du bâtiment Amstein & Walthert AG, Zurich Ingénieur électricité Marcel Wyder GmbH, Zurich Ingénieur CVCS Planforum GmbH, Winterthour Ingénieur bois Makiol + Wiederkehr, Beinwil am See Ing. protection incendie Makiol + Wiederkehr, Beinwil am See Ing. spécialiste de protection incendie Josef Kolb AG, Uttwil Entreprises bois Hector Egger Holzbau AG, Langenthal (charpente), 1a hunkeler, Ebikon (fenêtres) Bois mis en œuvre Structure: montants d’ossature 120 m3, BLC 50 m3, éléments en bois lamellé 400 m3; Panneaux: lamibois 24 m3, 3 plis 27mm 605 m2 et 40 mm 122 m2, OSB 15 mm 645 m2 et 25 mm 210 m2, plaques de plâtre fibrées 4520 m2 Coûts CFC 2 CHF 10,4 millions (Mühlebachstrasse), CHF 7,0 millions (Hufgasse) dont CFC 214 CHF 1,2 million (Mühlebachstrasse), CHF 0,9 million (Hufgasse) Surface bâtie SIA 416 498 m2 (Mühlebachstrasse), 296 m2 (Hufgasse) Surface de plancher SIA 416 3370 m2 (Mühlebachstrasse), 2150 m2 (Hufgasse) Volume bâti SIA 416 11057 m3 (Mühlebachstrasse), 6520 m3 (Hufgasse) Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 940.– (Mühlebachstrasse), CHF 1073.– (Hufgasse). Le coût supérieur de l’immeuble de la Hufgasse est à mettre en relation avec sa forme et sa taille plus faible. Le bâtiment Mühlebachstrasse profite en outre de deux murs borgnes mitoyens. Le standard d’agencement est élevé et les façades sont vêtues d’ardoises naturelles et de panneaux de ciment fibré. Durée de construction Février 2010 – mars 2012 Photographe Rene Rötheli, Baden 2279


Etage cour Mühlebachstrasse

Sous-sol Mühlebachstrasse et Hufgasse

Rez-de-chaussée Mühlebachstrasse

2e étage Mühlebachstrasse

3e–4e étage Mühlebachstrasse

Attique Mühlebachstrasse

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Coupe Mühlebachstrasse et Hufgasse

20 m


Rez-de-chaussée Hufgasse

1er–4e étage Hufgasse

Attique Hufgasse

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Coup faรงade

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Composition toiture: Végétation extensive 80 mm/Installation photovoltaïque Couche de protection Etanchéité Isolation 160–240 mm Pare vapeur Elément en caisson: panneau 3 plis 27 mm nervures 200 mm/Isolation fibres de cellulose panneau 3 plis 27 mm Composition planchers: Parquet en chêne massif 20 mm Chape anhydrite 70 mm/chauffage au sol Lé de séparation Résilient acoustique 30 mm Remplissage 50 mm Feuille de séparation Elément mixte bois-béton: béton 80 mm bois lamellé 160 mm Composition parois extérieures: Plaques de plâtre cartonné 2 x 12,5 mm Montants métalliques 75 mm/Isolation laine minérale Plaque de plâtre fibrée 15 mm Montants 240 mm/Isolation laine minérale Lattage horizontal 40 mm/Isolation laine minérale Panneau de plâtre 15 mm Lattage 55 mm Voligeage 27 mm Ardoises naturelles de petite taille 8 mm ou Panneau de fibro-ciment 8 mm, grand format

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Immeuble de logement sur Habsburgstrasse, Zurich Le nouvel ouvrage, situé à l’angle de deux rues, est intégré au concept urbanistique visant à substituer un bloc d’habitation constitué de villas du début du XXe siècle dont la taille et la qualité de la structure ne permettaient pas d’envisager la conservation. Mi­ toyen avec son voisin de la Dammstrasse, le bâtiment s’étend le long de la Habsburgstrasse en pente douce. Suivant la volonté du maître d’ouvrage, le nou­ veau bâtiment devait remplir des exigences ar­ chitectoniques et écologiques élevées et limiter l’énergie grise nécessaire à son édification. Dans le cadre du mandat d’étude, les architectes ont développé un ouvrage en bois doté d’une struc­ ture simple, flexible et facile à subdiviser. Le pro­ jet ainsi conçu à convaincu la famille proprié­ taire qui habite aujourd’hui elle-même deux des treize appartements que compte l‘immeuble. De la rue, l’aspect de l’ouvrage, structuré par des bandeaux horizontaux crépis de blanc, ne laisse rien présager du bois auquel il fait appel pour les planchers et les parois extérieures. Un motif rappelant de fines branches se dessine sur les surfaces opaques et sur les rambardes en verre de la terrasse en toiture et le socle en brique rouge ancre l’ouvrage dans son tissu ur­ bain. L’oriel qui se développe dès le deuxième niveau à l’angle des deux rues se réduit peu à peu le long de la pente et brise ainsi l’uniformité de la façade nord, tout comme les différences de niveau qui s’illustrent en façade. La diversité et la simplicité du concept se pro­ longent à l’intérieur. L’entrée située au nord des­ sert les treize unités d’habitation à travers une cage d’escalier en béton, qui intègre aussi

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l’ascenseur. Par étage, on dénombre deux ou trois appartements à la répartition spatiale indi­ viduelle. L’appartement du rez-de-chaussée à l’angle constitue un cas particulier: il est acces­ sible directement de la rue et constitue ainsi comme une maison dans la maison. Les autres logements se déploient le long de l’axe central où cheminent également l’ensemble des installa­ tions techniques. Le décalage des planchers con­ duit à différentes hauteurs de plafond dans les logements qui engendrent des relations vertica­ les captivantes. Grâce à la disposition en oriel, la rue semble vouloir prolonger les apparte­ ments orientés au nord tandis que les unités au sud profitent, en fonction de leur position dans les étages, d’une vue étendue sur la ville de Zurich. Les deux étages souterrains et la cage d’escalier sont en béton recyclé, tandis que les cinq ni­ veaux supérieurs sont en ossature bois préfa­ briquée. Des poteaux et des sommiers en bois lamellé collé forment un squelette et dessinent quatre axes porteurs dans la direction longitudi­ nale sur lesquels prennent appuis les caissons des planchers et de la toiture. Pour des raisons phoniques, ceux-ci sont munis en atelier de dal­ les de jardin d’alourdissement. Les éléments de façade en ossature préfabriquée s’insèrent quant à eux entre les poteaux. Le bâtiment est conçu de telle manière que les poteaux s’entendent d’étage à étage, ce qui permet à chaque fois de monter un niveau complet. Les éléments de plancher forment alors une plateforme pour le montage du niveau suivant. Le cheminement de la technique du bâtiment posait également de hautes exigences. Les gai­ nes d’amenée et d’extraction de la ventilation

contrôlée ont été ainsi disposées dans des es­ paces aménagés entre les poteaux et les som­ miers. Les installations électriques cheminent au contraire au-dessus des planchers bruts. La dis­ tribution à lieu principalement à partir d’un ca­ nal se situant en correspondance de l’axe longi­ tudinal du bâtiment. Cette vaste gaine technique au centre du bâtiment n’est pas la seule conséquence de la profondeur des pote­ aux: les plaques de plâtre cartonné permettent aussi de créer des niches de différentes tailles qui animent les locaux. Pour l’aménagement des logements particulièrement diversifiés, les ar­ chitectes ont mis en œuvre dans la mesure du possible des matériaux et des traitements de surface respectueux de l’environnement.

Situation


Coupes

Coupe longitudinale

Rez-de-chaussée

1er et 2e étage

3e étage

4e étage

20 m

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Composition toiture: Substrat 50 mm Lé de protection Etanchéité Isolation, forme de pente min. 120 mm Pare-vapeur Eléments en caisson: panneau trois plis 27 mm nervures 180 mm/Isolation panneau trois plis 27 mm Lattage 30 mm sur étriers souples Plaque de plâtre fibrée 12,5 mm Composition parois extérieures: Plaques de plâtre cartonné 2 x 12,5 mm OSB 15 mm Montants 240 mm/Isolation Panneau de fibre isolant 60 mm Crépi 10 mm Composition planchers: Chape anhydre 60 mm, chauffage au sol Résilient acoustique 30 mm Isolation 30 mm, avec installations électriques Eléments en caisson: panneau trois plis 27 mm nervures 240 mm/Isolation 60 mm et dalle jardin 40 mm panneau trois plis 27 mm Lattage 30 mm sur étriers souples Plaques de plâtre cartonné 2 x 12,5 mm

Coupe façade

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Lieu Habsburgstrasse 1, 8037 Zurich Maître d’ouvrage Einfache Gesellschaft Osterwalder-Dahm, Zurich Architecte Hauenstein LaRoche Schedler Architekten, Zurich Gestion de la construction Vollenweider Baurealisation, Zurich Physique du bâtiment Gartenmann Engineering AG, Zurich Ingénieur CVSE Schoch Reibenschuh AG, Volketswil Ingénieur civil Urech Bärtschi Maurer, Zurich Ingénieur bois Timbatec GmbH, Zurich Entreprise bois Hector Egger Holzbau AG, Langenthal Bois mis en oeuvre Structure: carrelets d‘ossature 102 m3, BLC 70 m3; Panneaux: trois plis 3100 m2, OSB 395 m2, plaques de plâtre fibrées 395 m2, panneaux de particules liées au ciment 13 m2, panneaux de fibres 850 m2; lames de sol mélèze 36 m2 Coûts CFC 1–9 CHF 5,7 millions Coûts CFC 2 CHF 5,44 millions dont CFC 214 CHF 0,8 million Surface de terrain SIA 416 420 m2 Surface de plancher SIA 416 2115 m2 Volume bâti SIA 416 6485 m3 Prix/m3 SIA 416 (CFC 2) CHF 839.– Durée de construction Novembre 2009 – janvier 2011 Photographe Hannes Henz, Zurich

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Lignum Holzwirtschaft Schweiz Economie suisse du bois Economia svizzera del legno Mühlebachstrasse 8 En Budron H6, CP 113 CH-8008 Zurich CH-1052 Le Mont sur-Lausanne Tél. 044 267 47 77 Tél. 021 652 62 22 Fax 044 267 47 87 Fax 021 652 93 41 info@lignum.ch cedotec@lignum.ch www.lignum.ch www.lignum.ch Bulletin bois, décembre 2012 ISSN 1420-0252 Editeur Lignum, Economie suisse du bois, Zurich Christoph Starck, directeur

Rédaction Roland Brunner, Lignum, et Denis Pflug, Lignum-Cedotec Conception graphique BN Graphics, Zurich Impression Kalt-Zehnder-Druck AG, Zoug Administration, abonnements, expédition Andreas Hartmann, Lignum Le Bulletin bois paraît quatre fois par ­année, en allemand et en français. Abonnement annuel CHF 48.– Publications isolées CHF 20.– Classeur (10 numéros) CHF 140.– Classeur vide CHF 10.– Prix sous réserve de modifications.

Les membres de Lignum reçoivent le Bulletin bois et le Lignatec gratuitement. Les droits pour la publication des diffé­rents objets présentés restent réservés aux architectes respectifs. Les informations publiées ont été recueillies auprès des concepteurs. Des indications sur la consommation énergé­ tique du groupe d’immeubles Leonhard-RagazWeg ainsi que de l’immeuble de logement Habsburgstrasse peuvent être extraites de l’ouvrage en allemand ‹Holzbau – mehrges­ chossig› (Faktor Verlag 2012). Une étude détaillée du lotissement Grünmatt selon le Cahier technique SIA 2040 ‹La voie SIA vers l’efficacité énergétique› figure dans le Lignatec ‹Protection du climat, efficacité énergétique et construction en bois – Applications› (Lignum 2012).


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