MagEté2012

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MAGAZINE JUIN 2012 - 5 €

Former pour mieux performer Dossier spécial

Sylvie Lefèvre (ID2 Val de Loire)

Orléans trace son sillon La Lettre Valloire pose son regard sur Orléans. La ville-capitale change de visage à l’occasion du lancement de sa seconde ligne de tramway.



Point de vue

La Grèce, l’euro fort et la croissance aut-il sauver l’hoplite grec ou le sacrifier sur l’autel de la monnaie unique ? L’alternative, qui se posera dès que sera connu le gouvernement issu du nouveau scrutin législatif du 17 juin, n’est pas facile à trancher. Ni pour les Grecs, ni pour les financeurs de leur dette (environ 250 Md€ depuis l’effacement de plus de 100 Md€ de dette privée durant l’hiver). Pour la république hellénique, la sortie de la zone euro – à condition que les traités le permettent – risque de s’apparenter à une potion très amère : le retour à la drachme, qui sera suivi d’une dévaluation sévère – on parle de 50 % – entraînera un renchérissement considérable du coût des importations, qui représentent 30 % du PIB ; les gains de compétitivité, dans un pays qui exporte 20 % de son PIB et tire 16 % supplémentaires du tourisme, ne seront pas sensibles avant plusieurs mois. En Argentine, la fin de l’accrochage du peso au dollar, qui s’était traduite par une dévaluation de 28 % en janvier 2002, et le défaut sur la dette (95 Md$, trois fois moins que ce que doit la Grèce aujourd’hui) avaient permis un rebond en moins de douze mois, obtenu au prix de mesures protectionnistes, d’une récession sévère (– 12 % début 2002) et d’une inflation record. Pour éviter le retrait massif de pesos des banques argentines – ce qui a déjà commencé en Grèce – le gouvernement avait instauré le corralito qui interdisait aux Argentins de retirer plus de 250 pesos par semaine au guichet de leur banque et de sortir des devises du pays.

F

Pour la France, la sortie de l’euro et le défaut total ou partiel des Grecs se traduiraient par une perte de 50 à 60 Md€ pour l’Etat (garanties des emprunts du FESF, part en capital de la BCE…) et de 20 Md€ pour les banques ; il faut y ajouter les pertes des acteurs privés ayant des intérêts en Grèce. Au total, le séisme avoisinerait les 100 Md€ … soit 5 % du PIB ou encore un an de déficit des comptes publics. Les provisions déjà passées et les mécanismes de garantie amortiront le choc. Et le principal avantage de l’opération pourrait bien être la baisse de l’euro, qui sortira affaibli du « Grexit » et des futures et inévitables créations monétaires de la BCE destinées à voler au secours des économies méditerranéennes. Le 1er janvier 2002, l’euro valait 0,89 $. Le 1er juin 2012, il s’échangeait contre 1,24 $, soit 40 % de plus qu’au moment de son introduction, dix ans plus tôt, après un pic à… 1,60 $ en juillet 2008. Une nouvelle baisse de cet euro encore trop fort – les entreprises françaises exportatrices estiment que la bonne parité serait autour de 1,10 ou 1,15 $ pour 1€ – s’apparenterait à une dévaluation compétitive face aux économies hors zone euro. Voilà de quoi résoudre l’impossible équation du retour à la croissance tant souhaitée par le nouveau pouvoir français. Car c’est bien d’abord de compétitivité prix qu’a besoin la France. En 2011, la part de l’export dans notre PIB était de 20 %, au même niveau que la Grèce ; en 2001, avant la monnaie unique, elle était de 28 %...

zon François−Xavier Beu


Points Chauds 6-7

www.lettrevalloire.com Ce magazine est un hors série de La Lettre Valloire, bimensuel d’information politique et économique en région Centre. Edité par MCM Presse SAS au capital de 51 000 € RCS Tours B 341 914 273. Siège social : 14, boulevard Heurteloup à Tours Adresse postale : BP 92031 37020 Tours Cedex 1 02 47 70 60 00 contact@lettrevalloire.com

En Bref L’actualité du trimestre en bref, avec Libé qui confond François Bonneau et son homonyme Philippe, Claude Greff qui se fait piéger par Rue89, etc.

6-9

8-9

Les leçons régionales de la présidentielle En région Centre, Nicolas Sarkozy l’a emporté d’une courte tête sur le nouveau président. Les positions centristes sont enfoncées, le vote frontiste enregistre une poussée.

Dossier spécial 10-29

10-29

Orléans trace son sillon

Rédaction : François-Xavier Beuzon (rédacteur en chef) Jean-Christophe Savattier (rédacteur en chef adjoint) Elise Pierre (rédactrice) Aurélie Vouteau (assistante) Ont collaboré à ce numéro : Christian Bidault Sabine Ejdelman Jacques Huguenin Bruno Villeneuve

La Lettre Valloire pose son regard sur Orléans. La ville-capitale change de visage à l’occasion du lancement de sa seconde ligne de tramway.

Maquette : Régis Beaune Stève Ankilbeau Studio Mapi (Spécial Orléans) Révision et correction : Odile Ménard

12-13

De 1980 à 2000, le réveil d’une ville assoupie Orléans est passée en vingt ans du statut de ville-dortoir à celui de capitale régionale.

14

Deux fils de fer pour recoudre la ville Avec près de 11 millions de voyageurs par an, le tram A est un succès, que devra confirmer le tram B qui entre en service en cette fin juin.

15

Comme un goût d’inachevé L’ancien maire d’Orléans Jean-Pierre Sueur est fier de son bilan à la tête de la ville (1989-2001).

16-18

Orléans reprend ses quartiers Après avoir ressuscité sa rue de Bourgogne, Orléans s’attaque à « relooker » et à rendre plus attrayants d’autres lieux symboliques.

Publicité : Au support Diffusion : Annie Coupet Crédits photographiques : Une : Géraldine Aresteanu (Studio Salé-Poivré) et Yannick Brossard - Jean Puyo : 10, 11, 14, 15, 18, 20, 21, 24 - DR :6, 7, 8, 9, 22, 30, 31, 34, 36, 39, 42, 43, 44, 46, 48, 51, 54, 55, 56, 57, 58, 68, 70 - AUAO: 12, 13, 16, 17, 28, 29 - AgglO d’Orléans : 23, 26- Christian Bidault : 63, 64, 65, 66, 67 - François-Xavier Beuzon: 31, 35 - Jean-Christophe Savattier : 60 - Elise Pierre : 32, 50 - Alstom : 25 - ERE Solar Valley : 30 - Gonnin Duris : 31 Colles et couleurs Cléopâtre : 32 - Phone Marketing: 34 Doux : 36 - Escem: 39 - Mars : 52 - Croc’Frais: 55

Impression : Imprimerie Vincent, Tours (37) Informations légales : Abonnement annuel 2012 (23 numéros et magazines hors série) : 350 € Abonnement électronique avec édition bihebdomadaire : 440 € Prix de ce numéro : 5 € CPPAP : 0116 I 85872 ISSN : 1246-4333 Dépôt légal : juin 2012 Directeur de la publication : François-Xavier Beuzon

MCM presse 4 La Lettre Valloire - Juin 2012

20-21

Faire d’Orléans une ville qui rayonne Olivier Carré, premier adjoint au maire d’Orléans en charge de

l’urbanisme et du logement, égrène le bilan de la municipalité en place. 22-23

Citévolia pour l’avenir La future ZAC Dessaux-Citévolia promet de devenir le grand quartier d’affaires orléanais d’ici à 2025.

24-25

Après Cleo, Orléans croit dur comme fer au POCL Sa seconde ligne de tramway à peine achevée, l’agglomération orléanaise compte sur l’arrivée de la ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont-Lyon, en 2025.

26

Orléans reconquiert la Loire et ses quais Parce qu’elle n’est rien sans la Loire, l’agglomération orléanaise ambitionne toujours de faire des rives du fleuve royal son principal centre de loisirs.

28-29

La Loire n’est pas toujours un long fleuve tranquille Tout ne coule pas toujours de source entre Loire et Loiret. Certains dossiers ont empoisonné la vie des maires successifs d’Orléans et leur règlement reste toujours en suspens.


30-62

Sommaire JUIN 2012

35

Trouillet veut devenir un poids lourd Le carrossier pour poids lourds de Neuville-aux-Bois souhaite participer à la consolidation de son secteur.

46-48

L’alternance plébiciscitée En contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, l’alternance est devenue un véritable sésame pour accéder au monde professionnel.

36

McKey met les bouchées doubles à Fleury-lès-Aubrais Le principal fournisseur de steaks hachés des restaurants McDonald’s français investit sur son site de Fleury-lès-Aubrais.

50-51

36

Doux : la région va y laisser des plumes Les quelque 400 salariés de Doux en région Centre s’inquiètent des difficultés du volailler breton : éleveurs et céréaliers aussi.

Des entrepreneuses en mal de légitimité Source d’épanouissement et d’équilibre entre sphère familiale et professionnelle, la création d’entreprise au féminin représente également un levier économique important pour l’Hexagone.

52

Mars, la planète où il fait bon travailler Mars Petcare & Food France, filiale du groupe Mars, a développé une politique de management qui repose sur l’équité, la transparence, et la convivialité.

53-56

La lettre de l’innovation

57-58

Les Chantiers

60-61

Immobilier d’entreprises Les installations récentes d’entreprises

70

Le carnet

38-48

Economie 30-21

En Bref L’actualité du trimestre.

32

Certesens étudie la science des sens Le centre d’études et de recherches sur les technologies du sensoriel permettra de cheminer, des besoins des utilisateurs vers la conception de produit.

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34

34

Armatis s’empare de LaSer Contact LaSer Contact a été repris par la société Armatis, qui se hisse ainsi au premier rang des outsourceurs français. Phone Marketing recrute 100 salariés à Dreux Le centre d’appels drouais du groupe Phone Marketing recrutera d’ici à septembre prochain une centaine de CDI supplémentaires. Amazon.fr en Bourgogne Le spécialiste mondial de l’e-commerce Amazon, qui possède une plate-forme à Saran (45), s’apprête à en ouvrir une autre en Bourgogne.

38-40

42-44

A LA UNE FORMATION Former pour mieux performer L’environnement professionnel change en permanence et les salariés affichent de nouvelles aspirations. Comment les aider à acquérir et valoriser leurs compétences et les former ? Formation continue, des outils pour la performance de l’entreprise Se former tout au long de la vie est devenu une nécessité. De nombreux dispositifs existent comme la VAE, le CIF et l’alternance. VAE, lorsque l’expérience vaut diplôme Véritable passeport pour booster sa carrière, la VAE permet d’obtenir un diplôme en mettant à profit ses savoirs acquis dans le cadre professionnel.

63-68

Escapades ine fin de magaz Retrouvez en e u s es économiq nos itinérair es régionaux. et touristiqu

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Points Chauds

En Bref

LA BANDE À BONNEAU n est toujours trahi par les siens ! Quelle ne fut pas la surprise, sans doute un rien outrée, de François Bonneau (à droite), le président socialiste de la Région Centre, lorsqu’il découvrit dans l’édition du quotidien Libération du 11 mai dernier que sa photo illustrait un article consacré… à la peine de prison d’un an ferme infligée à son homonyme Philippe Bonneau (à gauche), l’ex-vice président PS du Conseil régional de Basse-Normandie. Il fallut toute la diplomatie de Nicolas Demorand, le directeur de la rédaction de Libé – qui n’a pas ménagé son soutien au nouveau président de la République – pour le convaincre que la bévue était strictement accidentelle et ne procédait pas d’une blague de potaches. Il est vrai qu’en matière d’affaires impliquant des élus socialistes, Libération, dont on connaît la proverbiale objectivité, n’a pas besoin d’en rajouter d’imaginaires. Le récit des derniers développements des affaires Guérini, Navarro, Pupponi, Andrieux et Kucheida devrait amplement suffire au bonheur de ses lecteurs…

O

KEOLIS CENTRE ATTAQUE LE LOIRET Au motif que les prix pratiqués lors de l’appel d’offres étaient trop bas, Keolis Centre, qui a obtenu en 2010 l’exploitation des transports scolaires du Loiret, a traîné son donneur d’ordre, le Conseil général du Loiret, devant les tribunaux. La filiale de la SNCF, qui veut obtenir de la collectivité une

révision tarifaire, est soutenue par la CGT Transports qui prête de sombres desseins à l’exécutif départemental ; celui-ci chercherait, selon elle, « à couler Keolis Centre »

MAUVAISE NOTE POUR CLAUDE GREFF

Est ce l’émotion ? L’ex-secrétaire d’Etat à la Famille Claude Greff, qui devait essayer, les 10 et 17 juin, de retrouver son siège

de députée d’Indre-etLoire, a égaré sur le trottoir de la Mutualité les notes et autres « éléments de langage » du discours qu’elle devait prononcer le 23 avril, lors de la visite

en Touraine de Nicolas Sarkozy. Et c’est un journaliste de Rue 89 qui a récupéré les précieuses notes avant, naturellement, d’évoquer cette « prise de guerre » dans les colonnes du site d’information, guère favorable à l’ancien président de la République.

UNE FUSION QUI RAPPORTERAIT 1,7 M€

Les sénateurs UMP d’Eure-et-Loir Albéric de Montgolfier et de SeineSt-Denis Philippe Dallier ont rendu public leur rapport sur la fusion des directions générales de la comptabilité publique et des impôts, lancée en 2007. Si le rapport n’a pas encore permis de mesurer les gains réels, « on peut penser qu’à terme 1,7 M€ seront économisés », a avancé Albéric de Montgolfier. Regroupant 75 000 agents d’un côté, 54 000 de l’autre, « c’est la plus grosse réforme jamais intervenue au sein de l’administration d’Etat (…) qui nécessite encore beaucoup d’efforts, notamment en terme d’accueil du public », a rappelé le sénateur et président du Conseil général d’Eure-et-Loir.

De François Bonneau, lyrique, à l’inauguration d’une place de village du Loiret, cofinancée par la Région : « Vous avez choisi des pavés de Souppes pour les trottoirs plutôt que des pavés de Chine. De même, vous allez planter des tilleuls argentés. J’y suis sensible ». D’Eric Chevée, élu d’opposition (Modem) à Jean-Pierre Gorges, maire (UMP) de Chartres, lors du conseil municipal : « C’est déplacé et lamentable de dire que les Chartrains n’ont pas le droit de parler aux élus de l’opposition. On n’est pas

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L

es investitures des partis, notamment des deux principaux, le PS et l’UMP, sont parfois contestées. Certains candidats à la députation ont préféré se mettre en congé de leur mouvement pour aller au bout de leur ambition. Le cas le plus emblématique est celui d’Isabelle Gaudron, première vice-présidente du Conseil régional, qui a été exclue deux ans du PS pour avoir osé défier la décision de la rue de Solférino de soutenir sur la 2e d’Indre-et-Loire un candidat d’EELV, Christophe Rossignol. Toujours en Indre-et-Loire, mais sur la 1ère, le conseiller régional Thibault Coulon a démissionné de l’UMP pour affronter Guillaume Peltier, investi par le bureau politique du parti de Jean-François Copé. A Orléans, Florent Montillot, président de la fédération Nouveau Centre du Loiret, va à la bataille contre Charles-Eric Lemaignen, auquel tous les parlementaires de droite ont accordé leur soutien. Dans le même département, Jean-Pierre Hurtiger, maire divers droite de Gien, a choisi l’affrontement et défie le candidat investi par l’UMP Claude de Ganay.

LES BANNIS

DIEUDONNÉ N’EST PAS DÉSIRÉ Dieudonné M’bala M’bala, plus connu sous son seul prénom, n’était pas le bienvenu à Dreux, où il tentait, le 10 juin, d’être élu député sous l’improbable étiquette du parti antisioniste. Mohamed Chekradi, président d’une association marocaine, s’étonnait que « l’humoriste » revienne, quinze ans après sa première apparition électorale, dans une ville « où le FN n’existe plus depuis un quart de siècle ». « Si Dieudonné avait envie de combattre le FN, il se serait implanté dans la durée à Dreux et pas seulement pour faire des coups de pub », a ajouté Mohamed Chekradi.

CHIFFRE

DU TRIMESTRE

50,56 % Le score du candidat Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2012, au second tour des élections présidentielles en région Centre. Au premier tour, il avait obtenu 27,90 %, soit 1,26 % de plus que François Hollande.

SORTIE DE ROUTE Michel Prévaux, le maire de Gellainville, près de Chartres, entame, à 71 ans, une carrière de… provocateur ! Ulcéré par l’absence d’aménagements de la RN 154 qui traverse sa commune, l’élu a menacé de ne pas

organiser le second tour des élections présidentielles au risque d’être révoqué de son mandat comme le prévoit la loi. « J’en ai vu d’autres, j’ai fait l’Algérie, je suis prêt à monter sur les barricades », s’insurgeait l’édile baroudeur, « prêt à aller en prison s’il le faut ».

SORTIE DE ROUTE (BIS)

Débat compliqué sur la RN 154 en Eure-et-Loir. La candidate socialiste sur la 2e circonscription, Gisèle Boullais, ne veut pas entendre parler d’autoroute A 154 qui remplacerait la RN 154. Jean-Pierre Gorges, député-maire de Chartres et candidat à sa propre succession sur la 1ère, veut une autoroute, mais gratuite, se fondant sur l’exemple breton. David Lebon, son adversaire socialiste, rétorque que « c’est se moquer des gens (…) Une autoroute gratuite, ça n’existe pas » et se prononce pour la sécurisation de la 2x2 voies existante.

AFFRONTEMENT

Franck Demaumont, maire Front de Gauche de Châlette-sur-Loing, estimait, entre les deux tours des élections présidentielles être le candidat de gauche le mieux placé pour ravir le siège de député à l’UMP Jean-Pierre Door, par ailleurs maire de Montargis : il a donc eu le front de demander le retrait de la candidate investie par le parti socialiste, Jalila Gaboret.

des pestiférés. » De Jean-Pierre Gorges, député et président de Chartres Métropole, à un élève de l’école primaire Delacroix à Morancez : « Il faut une bonne résistance physique et surtout une grosse mémoire pour réussir à aller en réunion les mains dans les poches. Pour moi, il est important qu’un député ait des responsabilités locales, on voit les députés qui ont de la terre sur les godasses. Maunoury était garagiste, Bérégovoy ajusteur ». De JeanPierre Hurtiger (SE), maire de Gien et conseiller général, à son adversaire de l’opposition au Conseil général Claude de Ganay, à propos de l’UMP : « Vous avez monopolisé les cartes, jouez tout seul ! ».

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Points Chauds

Politique

Présidentielles 2012, la droite En région Centre, les élections présidentielles ont été marquées par un recul prononcé du président sortant qui parvient toutefois à l’emporter d’une courte tête face à son rival socialiste. Les positions du centre, et notamment du MoDem, sont enfoncées. Le vote frontiste enregistre une forte poussée dans les zones rurales.

S

i la région Centre est restée – tout juste – fidèle au président sortant en faveur duquel 50,56% des suffrages se sont portés en mai dernier, le score de Nicolas Sarkozy affiche toutefois un sévère recul: au second tour des présidentielles de 2007, il avait en effet recueilli 55,02 % des suffrages exprimés, contre 44,98% pour sa rivale socialiste Ségolène Royal. La réduction de l’écart avec le champion de la gauche – qui s’établit désormais à 15 362 voix – se traduit également par une nette dégradation des positions départementales. Ainsi, en 2007, le maire de Neuilly-sur-Seine avait réussi à conquérir cinq des six départements de la région Centre : en mai dernier, il n’est parvenu à sauver que l’Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher et le Loiret où il l’emporte respectivement avec 53,47 %, 52,42 % et 54,01 % des suffrages. Sur ces territoires-bastions, le poids de la ruralité fait le jeu du président sortant. En revanche, dans les villes et notamment à Chartres, Blois et Orléans, François Hollande s’impose avec respectivement 52,10 %, 56,69 % et 54,38 % des voix. « Le phénomène est désormais bien connu. Dans les villes, la conjonction du vote « bobo» et de l’expression politique des quartiers populaires génère une dynamique globalement favorable au candidat socialiste », nous indique un observateur avisé de la scène politique « et ce, en dépit de l’attractivité des candidats radicaux ou de la progression des comportements politiques anti-systèmes, qui se traduisent par des votes blancs ou extrémistes (…) L’inquiétude sociale et économique

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prégnante dans les milieux les plus fragiles et le rejet des postures droitières du président sortant dans certains milieux CSP + de centre- ville ont fait le lit du candidat socialiste ». A Orléans, François Hollande réalise ses meilleures performances dans les quartiers sensibles de La Source ou de l’Argonne où il enregistre un score

65 % des suffrages : en 2007, 58,43 % des électeurs vierzonnais avaient choisi Ségolène Royal. A Bourges, François Hollande réussit une percée remarquable en empochant 56,76 % des voix, en 2007, c’est Nicolas Sarkozy qui l’avait emporté d’une courte tête avec 50,05 % des suffrages. Autre enseignement majeur des présidentielles, que semblait d’ailleurs

“ A BLOIS, FRANÇOIS BAYROU PARVIENT PÉNIBLEMENT À S’OCTROYER 9,96 % DES SUFFRAGES. EN 2007, DANS LA MÊME VILLE, IL EN AVAIT RÉUNI PRÈS DE 20 %. parfois supérieur de 10 points à sa moyenne départementale. A Tours, le candidat socialiste arrive également largement en tête avec 56,57 % des voix, soit plus de 6 points que son excompagne en 2007 ; de quoi évidemment rasséréner le sénateur-maire de Tours Jean Germain qui a annoncé son intention de briguer un nouveau mandat, ainsi que son lieutenant, le député de la 1ère circonscription Jean-Patrick Gille. Si le candidat socialiste est parvenu à s’accaparer des positions dans des terres où son camp ne dominait pas naturellement, il « bétonne », en revanche, là où la gauche exerce traditionnellement un leadership historique. Ainsi, dans le Cher, François Hollande arrive en tête avec 54,04 % des suffrages, soit un score qui le place au-dessus du potentiel théorique du premier tour. En 2007, Nicolas Sarkozy l’avait emporté dans ce même département avec 51,39 % des voix. A Vierzon, fief communiste, le candidat socialiste parvient à réunir presque

confirmer le premier tour des législatives à l’heure où nous bouclons cette présente édition, les candidats du centre enregistrent une cuisante déroute. François Bayrou ne parvient à rassembler que 9,49% des électeurs régionaux, soit une division par deux de son score de 2007. Bipolarisation accrue, effet du vote utile, les causes de cet effondrement sont multiples mais parviennent à un même résultat : les positions du MoDem sont littéralement laminées, y compris en Loir-et-Cher où l’élu béarnais comptait de nombreux soutiens. Dans ce département, le leader du MoDem réalise un score de 9,76 % au premier tour des présidentielles à comparer avec les… 19,42 % enregistrés en 2007. A Blois, François Bayrou parvient péniblement à s’octroyer 9,96 % des suffrages. En 2007, dans la même ville, il en avait réuni près de 20 %. « C’est sans doute l’une des leçons essentielles du scrutin », analyse l’observateur déjà cité : « Traditionnellement, le nord de la région Centre vo-


recule, le centre s’effondre reporter sur la candidate frontiste. Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que Marine Le Pen obtienne parfois la seconde place, voire la pole position dans certaines communes et bourgs du Loir-et-Cher, de l’Eure-et-Loir ou du Loiret. A Foucherolles et Mérinvillle, deux petites communes du Loiret situées dans le canton de Courtenay, Marine Le Pen rassemble ainsi respectivement… 41,9 % et 41 % des voix ! Le second phénomène, plus

local, est lié à la position de territoires aux marges de la région parisienne où règne la crainte – fantasmée ou non – de voir ces zones devenir les déversoirs de la région parisienne ; il incite naturellement les électeurs à choisir un candidat privilégiant les thèmes de l’insécurité et de l’immigration. Parfois, ce comportement politique « identitaire » se double d’une réaction vis-à-vis de la désindustrialisation. C’est probablement ce qui explique les scores frontistes de deux communes de la banlieue de Montargis : Châlette-sur-Loing (21,05%) et Amilly (21,72 %). Jean-Christophe Savattier

30 25

28,63 %

27,18 %

20 17,90 %

FRANCE

15 10

11,10 % 9,13 %

5 0

30 25

RÉGION CENTRE

tait à droite, le sud était plutôt à gauche avec des variantes et des exceptions locales. Et le centre s’affichait en Loir-et-Cher. Le scrutin présidentiel marque sans doute l’achèvement d’un cycle, le retour à une bipolarisation plus marquée ainsi qu’un écrasement du centre ». Une bipolarisation qui s’accompagne également d’une poussée assez forte du vote frontiste en particulier en zone rurale et dans les marges franciliennes de la région Centre. Marine Le Pen réunit 19,37 % sur l’ensemble du territoire régional ; en 2007, son père avait engrangé 11,39 % des suffrages exprimés. Surprise : en Loir-etCher, terre de ruralité, mais aussi de modération s’il en est, la candidate d’extrême-droite atteint les 20,88 %, devançant d’un cheveu les scores frontistes en Eure-et-Loir (20,72 %) et dans le Loiret (20,58 %). Deux phénomènes se juxtaposent pour expliquer l’importance de cette poussée « bleu marine» à la campagne. La déshérence des zones rurales frappées par le recul des services publics, les phénomènes de périurbanisation provoquant l’enclavement de zones pavillonnaires de plus en plus éloignées des centres villes et des infrastructures de transport, constituent autant de justifications du vote en faveur de Marine Le Pen. A ce réflexe protestataire s’ajoute «probablement l’adhésion, dans certains milieux agricoles, aux thèses anti-européennes véhiculées par le leader du Front National », nous confie un élu local. D’autant que l’absence d’un candidat se réclamant du mouvement Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT) a probablement conduit cette frange des électeurs à se

26,64 %

27,90 %

20 19,37 %

15 10

10,51 %

9,49 %

5 0

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OrlĂŠans trace


son sillon

O

n la croyait alanguie, comme somnolant sur les rives du grand fleuve. Mais Orléans bouge, s’ébroue et se modernise. Le 29 juin, elle inaugure Cleo, sa deuxième ligne de tramway, qui marque une nouvelle étape de la longue histoire d’amour de la cité johannique avec le chemin de fer. Depuis près de deux siècles, Orléans trace son sillon entre le fleuve qui la berce et le rail qui l’entraîne. La ligne Paris-Orléans, qui relie les deux villes en 1843, est le point de départ d’une aventure qui structure l’économie et

l’urbanisme de cette agglomération de 330 km², 22 communes et 275 000 habitants : épopée aux temps héroïques de la vapeur, construction et destruction de trois gares place Albert 1er avant la création, en 1988, du centre commercial de la place d’Arc, ouverture des deux lignes de tramway, construction d’une quatrième gare ouvrant sur l’avenue de Paris entre 2005 et 2007… en attendant l’arrivée – en 2025 ? – du premier train en provenance de Paris sur les quais de la future gare TGV ultra-moderne des Aubrais…

Comment les Orléanais vivrontils demain, comment se déplaceront-ils, où travailleront-ils, se distrairont-ils ? Quelle vision ont les élus, passés et présents, de leur ville ? Quels points noirs subsistent ? La Lettre Valloire pose son regard sur cette villecapitale qui a beaucoup changé en une trentaine d’années… sans être, pour autant, rassasiée de projets. Orléans, comme la Loire, cache sa vitalité sous un voile de nonchalance qu’il faut se donner la peine de soulever pour la découvrir.


Dossier

Orléans

De 1980 à 2000, le réveil Orléans est passée en vingt ans du statut de ville-dortoir à celui de capitale régionale, sous l’impulsion de deux maires-bâtisseurs politiquement opposés, Jacques Douffiagues et Jean-Pierre Sueur.

F

lash back. Nous sommes en 1980. Le cœur d’Orléans, la place Albert 1er, qui relie la gare à la rue de la « Rép », n’est qu’un vaste terrain vague de quatre hectares, percé de passages souterrains dans lesquels il ne fait guère bon s’aventurer à la nuit tombée. Le brusque décès du maire de la ville, Gaston Galloux, permet à un jeune loup de la politique de s’installer à l’Hôtel Groslot. Sitôt élu, Jacques Douffiagues (UDF-Parti Républicain) lance un programme de grands chantiers qui vont métamorphoser une ville qui tend à s’assoupir. Le plus imposant, celui de la place d’Arc, est mené à bien en 1987-1988. En dix-huit mois naît un ensemble immobilier de 9 000 m² de bureaux, 13 000 m² de commerces, deux gares (routière et SNCF) nouvelles, quoique bien laides, une halte pour les bus urbains, un musée des sciences naturelles, un complexe de cinémas,

des restaurants et des logements. Là où cinq maires en trente ans s’étaient cassé les dents sur ce projet de gigantesque opération d’urbanisme commercial, Jacques Douffiagues réussit à édifier ce que ses détracteurs appelleront un « temple du tout béton tout commerce ». Durant ses deux mandats écornés (1980-1988), Jacques Douffiagues s’emploie aussi à booster l’économie orléanaise : il développe les zones d’activité de l’agglomération et permet à Orléans d’être classée en 1987-1988 parmi les dix villes les plus entreprenantes de France. Il s’efforce par ailleurs de redonner un peu de vie à la Cité de la Pucelle. La place du Martroi est réaménagée. Des mairies annexes ouvrent dans des quartiers excentrés. Des parkings souterrains sont creusés en centre-ville. De nouveaux logements sont construits à La Cigogne, aux ChatsFerrés et à La Madeleine.

La base nautique de l’Ile Charlemagne est aménagée. Le Carré Saint-Vincent se dote d’un centre de création dramatique, le CADO… Mais le ministre des Transports du gouvernement de cohabitation Chirac se met à dos les automobilistes, qui ne saisissent guère les subtilités du nouveau plan de circulation, et les usagers d’un réseau de transports en commun inadapté et sous-dimensionné. Quant aux quais de Loire, ils ne donnent pas envie de se promener au bord du fleuve royal. Au lendemain de sa démission-surprise et à l’issue des quelques mois d’intermède assurés par Jean-Louis Bernard, c’est le député socialiste Jean-Pierre Sueur qui s’attachera, de 1989 à 2001, à « poursuivre de grands desseins ».

Au début du XXe siècle, la gare d’Orléans – qui sera détruite pour laisser place en 1965 à une gare moderne, elle-même détruite vingt ans plus tard – ouvre sur le vaste parvis de la place Albert Ier. Au milieu des années 80, Jacques Douffiagues fait place nette pour construire le centre commercial de la place d’Arc. Cet ensemble de 13 000 m2, comprenant un hypermarché et des galeries de boutiques, intègre une gare qui ne possède plus de façade.

12 La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012


AVANT LE TRAM

d’une ville assoupie Sa réalisation majeure sera la première ligne de tramway (A), reliant Fleurylès-Aubrais au nord à La Source au sud, inaugurée le 20 novembre 2000 après trois ans de travaux. Orléans ressuscite un transport collectif qu’elle avait utilisé de 1877 à 1938… Faire et défaire, mais toujours avec le fer, telle pourrait être la devise de la ville ! A l’instar de l’un de ses prédécesseurs, René Thinat, Jean-Pierre Sueur offre un nouvel ouvrage d’art à sa ville, l’élégant pont de l’Europe, à l’ouest du pont Joffre qu’il doit désengorger. Achevé, lui aussi, à l’aube du XXIe siècle, il est destiné à fluidifier le franchissement de la Loire aux heures de pointe. En vain, diront les adversaires du maire socialiste qui fustigeront le débouché très incertain de ce pont et le trafic trop léger qu’il supporte… En réalité « 20 000 véhicules et 50 000 personnes par jour en

moyenne », rétorque l’ex-premier édile. En-dehors des transports, Jean-Pierre Sueur met le paquet sur la culture avec la création de la médiathèque (7 000 m², inaugurée en 1994), du Zénith (6 000 places, achevé à l’été 1996), de l’Astrolabe (salle de concert née en 1999) ou encore de la Salle Eiffel, créée dans le quartier Dessaux. Il amorce aussi la restauration du centre ancien, avec la réfection de la Tour Blanche et de l’Hôtel des Créneaux, le ravalement de la rue Jeanne-d’Arc et le « relooking » de la place du Châtelet. S’il détruit l’affreux autopont Candolle au sud de la Loire pour le remplacer par un carrefour, il ouvre aussi des voies nouvelles, les avenues Jean-Zay et des Droits-de-

L’avenue Jean-Zay, en haut à droite, ouverte dans les années 90.

l’Homme, pour prolonger les mails et relier le centre-ville à la tangentielle (le « périph » d’Orléans). Il entame la restauration des quartiers sensibles de l’Argonne et de La Source. Il continue à équiper la ville en infrastructures à vocation économique comme le centre d’innovation de La Source, le centre de conférences à l’extrémité Est des mails ou la halle aux marchés dans le quartier de la Charpenterie, en bord de Loire, qui n’attirera jamais ni poissonnier ni vendeur de fruits et légumes, les marchands de plein air refusant de quitter le quai du Roi.

Jacques Huguenin

Dessiné par l’architecte espagnol Santiago Calatrava, le pont de l’Europe relie Orléans et St-Jean-de-la-Ruelle, au nord de la Loire, à St-Pryvé-St-Mesmin, au sud. Inauguré en 2000, presque en même temps que la première ligne de tramway, il se déplie sur 378 mètres, et même 470,60 mètres si on y ajoute les deux ouvrages d’accès.

La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012 13


Dossier

Orléans

À L’HEURE DU TRAM

Deux fils de fer

pour recoudre la ville

Avec près de 11 millions de voyageurs par an, le tram A est un succès, que devra confirmer le tram B qui entre en service en cette fin juin 2012.

L

a première ligne de tram de l’AgglO, inaugurée fin 2000, c’est 18 kilomètres de parcours, 24 stations, 6 parcs-relais et surtout plus de 11 millions de voyageurs en 2010. L’idée de ressusciter un tram ne fut pourtant pas chose facile, comme le rappelle son géniteur, Jean-Pierre Sueur. L’ancien maire liste les petites phrases dont il fut bombardé à l’origine du projet : « C’est exorbitant, inadapté, pas devant chez moi, cela va nous ruiner… Et le bruit ! Comme si les bus, les camions et les voitures se déplaçaient dans un silence absolu ».

Les rames de CLEO, desservent l’hypercentre d’Orléans, comme la rue Jeanne-d’Arc.

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A l’issue des réunions publiques achevées durant l’hiver 1996, il fallut cinq ans pour que ce fameux tram devienne réalité. Le temps, notamment, de rejeter cette préconisation saugrenue de la commission d’enquête publique – jeter un nouveau pont sur la Loire, quelques mètres devant le pont George-V – et de digérer les trois ans de travaux nécessaires mais fortement perturbateurs qui contribuèrent à l’échec de la gauche aux municipales… Les habitants de l’AgglO ont pourtant adopté ce tram que Jean-Pierre Sueur définit comme « un lien, un fil conducteur, une épine dorsale » et surtout « la réponse aux deux fractures urbaines majeures qu’Orléans a connues : celle du XIXe siècle avec la création de deux gares, Orléans et les Aubrais, et celle du XXe siècle avec la création d’une seconde ville – La Source – loin de la première ». L’arrivée du tram a aussi permis de redonner vie à des artères majeures comme la rue de la République, débarrassée du trafic automobile pour être livrée aux piétons. La deuxième ligne CLEO aura engendré moins de peurs. Les travaux, qui ont duré trois ans, ont été globalement mieux supportés par la population. La seconde ligne, inaugurée le 29 juin et mise en service le lendemain, recoud cette fois la partie Est à la partie Ouest de l’agglomération orléanaise et croise la première place De Gaulle. Un vrai symbole d’union… J.H.


JEAN-PIERRE SUEUR

Comme un goût

d’inachevé

L’ancien maire d’Orléans est fier de son bilan à la tête de la ville (1989-2001), marqué par de grandes réalisations (tramway, pont de l’Europe, médiathèque). Mais il aurait aimé poursuivre son œuvre par l’aménagement des mails et de la Loire et donner une place accrue à la recherche et à la culture. La Lettre Valloire : Que souhaiteriezvous que l’Histoire retienne de votre passage à la mairie d’Orléans ? Jean-Pierre Sueur : Ce qui a le plus marqué, c’est bien sûr le tramway. La première ligne était non seulement un projet de transport mais aussi un projet d’urbanisme visant à recréer une épine dorsale entre le nord et le sud de l’agglomération. Son succès est impressionnant. La deuxième réalisation marquante est le pont de l’Europe. J’ai voulu montrer qu’au XXe siècle on pouvait réaliser une œuvre architecturale en harmonie avec le paysage. L’un de mes combats a toujours été de dire que l’œuvre de la nature et celle de l’homme peuvent se marier. Troisième réalisation emblématique, la médiathèque, grâce à laquelle l’architecture contemporaine est enfin arrivée à Orléans. J’ai prouvé que des lieux culturels pouvaient se trouver sur les mails, centre de gravité effectif de l’agglomération.

La Lettre Valloire : Qu’auriez-vous aimé faire prioritairement pour Orléans si vous aviez été élu maire une troisième fois ? Jean-Pierre Sueur : Il manque à la ville une forte ambition pour ces clés du futur que sont l’enseignement

supérieur et la recherche. Depuis l’époque où j’ai soutenu les implantations de nouveaux laboratoires du CNRS et de l’IRD – qui a, hélas, migré pour une part vers Marseille – Orléans n’a pas accueilli de nouvelles ressources scientifiques. Je suis favorable à l’installation en centre-ville de composantes universitaires, mais pas au détriment du campus de La Source, qui ne doit pas s’étioler. Je regrette que soient en panne deux projets auxquels je tiens. L’un consistait à faire venir Sciences Po à Orléans et l’autre à y créer une faculté de médecine, en particulier pour remédier à la désertification médicale du Loiret. J’aurais également voulu promouvoir la mixité des quartiers. J’ai toujours contesté le Grand Projet de Ville de La Source, parce qu’on y a supprimé beaucoup de logements, sociaux notamment, tout en y maintenant la même fonction quasi unique d’habitat. Il faut rompre avec la spécialisation des quartiers, à l’instar de ce que nous avons fait avec l’Argonne en le rapprochant du centre-ville et en y favorisant la création d’entreprises innovantes. Enfin, j’aurais souhaité une vision culturelle plus ambitieuse pour Orléans. Et aussi la reconquête des mails par la multiplication des jardins et des lieux de convivialité et de culture.

Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret et ancien maire d’Orléans.

La Lettre Valloire : Quel serait l’Orléans de vos rêves à l’horizon 2025 ? Jean-Pierre Sueur : Ce serait un Orléans dans lequel la communauté d’agglomération serait montée en puissance, avec un président et un conseil de communauté élus au suffrage universel. Je rêve d’une ville structurée autour de deux axes : l’un, central, autour des mails renouvelés et le second avec une Loire trait d’union entre le nord et le sud grâce à des passerelles piétons-vélos. D’une manière générale, mon rêve serait de voir naître une technopole Orléans-Blois-Tours ayant renoncé aux querelles de clochers pour entrer dans la modernité, avec des entreprises, des laboratoires de recherche et des centres universitaires de pointe, respectant l’environnement et le patrimoine exceptionnels de notre Val de Loire. L’avenir des trois villes n’est pas de se muer en grande banlieue de Paris, mais de devenir une métropolejardin, concept qui fut en son temps partagé par d’autres élus qui n’étaient pas de ma sensibilité politique.

Propos recueillis par Jacques Huguenin La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012 15


Dossier

Orléans

Orléans reprend Après avoir ressuscité sa rue de Bourgogne, Orléans s’attaque à « relooker » et à rendre plus attrayants d’autres lieux symboliques : la Place du Martroi, le quartier Carmes-Madeleine et le secteur quais de Loire. Non sans mal.

A

vec la construction de la seconde ligne de tram, la ZAC Carmes-Madeleine, créée en juin 2010, est l’un des sujets qui auront suscité ces dernières années les plus violentes passes d’armes entre la majorité et l’opposition au sein du Conseil municipal d’Orléans. En 2015, sitôt emménagés l’ensemble des services et infrastructures de l’hôpital de la rue Porte-Madeleine dans le nouveau centre hospitalier de La Source, Orléans disposera d’une vaste friche urbaine de 5,3 ha, à proximité immédiate du cœur de ville, qui devrait notamment accueillir un pôle d’enseignement supérieur et de recherche pour 2 000 étudiants (en complément du Centre international universitaire et de recherche prévu dès 2013 à l’hôtel Dupanloup), 400 à 500 logements (dont 20 % minimum de logements sociaux), de nouveaux commerces et acti16 La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012

vités tertiaires, ainsi que des bâtiments à haute performance énergétique ou utilisant les énergies renouvelables. Ce nouveau pôle urbain sera relié au cœur de ville via la rue des Carmes, qui a vocation à devenir un axe majeur du centre-ville, ce qui a nécessité d’en revoir le gabarit, autrement dit de l’élargir sur une longueur de 111 mètres, entre les numéros 45 et 77, et de faire passer la chaussée sud de 2,20 mètres à 5,80 mètres de large. La perspective de cet alignement, imposant la démolition de 17 immeubles (notamment les numéros 45 et 59 dont le classement au titre des monuments historiques a été demandé) dans cette rue désormais vouée aux piétons, aux vélos et au tram, a suscité l’ire de l’opposition municipale et de l’association Aux Carmes Citoyens. En vain. Le 27 février, la commission d’enquête publique a rendu un avis favorable

sur le projet d’aménagement de la ZAC Carmes-Madeleine, assorti d’une réserve, l’aménagement d’un jardin public de 3 000 m² au sud de la fondation Payen, et de 17 recommandations (parmi lesquelles la construction d’une nouvelle école, le regroupement du Conservatoire, le maintien d’une unité de soins ou l’installation d’une antenne de police municipale). Elle estime que le projet permet « de réhabiliter le patrimoine architectural classé, inscrit et protégé » et que les destructions d’immeubles prévues « ne portent pas sur du bâti de grand intérêt architectural ou d’exception ». « A vouloir tout protéger, on ne protège presque plus rien. Le résultat en est l’aspect de la rue des Carmes d’aujourd’hui », indique la Commission, qui considère que le projet sauvegarde tous les éléments d’intérêt architectural, révèle des bâtiments de la Renaissance


VIVRE

ses quartiers jusqu’ici invisibles et sera créateur de patrimoine contemporain. Prochaine étape de ce projet qui aura fait l’objet de deux enquêtes d’utilité publique : l’examen par la justice des recours. Le préfet Michel Camux a signé le 13 avril la déclaration d’utilité publique (DUP) des travaux de la ZAC, comportant l’élargissement de la rue des Carmes dans sa partie sud.

Dans un autre quartier-phare, le bel édifice de verre de la Halle de la Charpenterie est resté désespérément vide jusqu’à l’arrivée de la librairie Passion Culture (1 400 m² sur deux niveaux) en septembre 2011. De grandes enseignes avaient envisagé de s’y installer, puis ont fait machine arrière. La page de l’attentisme en matière d’urbanisme commercial semble

Place de la Loire, la Halle de la Charpenterie se remplit et les cinémas s’agrandissent.

désormais tournée sur les bords de Loire. Deux brasseries-pubs ouvrent au sein de la Halle en ce printemps 2012 et les cinémas Pathé vont créer en 2013 trois salles supplémentaires enterrées et reliées par un tunnel au cinéma actuel ; France Bleu Orléans devrait transplanter ses studios dans le quartier. La rue des Halles, qui relie la place de Loire à la place du Châtelet, va enfin

L’emblématique place du Martroi va, elle aussi, bénéficier d’un lifting.

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Dossier

Orléans

voir arriver des commerces, en particulier Monoprix à la rentrée 2012. Au total 10 000 m² de nouveaux commerces et espaces culturels ou de convivialité sont prévus d’ici à fin 2013 sur cette ZAC, qui devra « allier constructions neuves et patrimoine architectural préservé », dixit la mairie d’Orléans. A mi-chemin de la ZAC Carmes-Madeleine et de la ZAC des Halles, l’emblématique place du Martroi va elle aussi bénéficier d’un indispensable lifting afin de recouvrer son statut de « lieu de vie et de passage agréable, propice à la tenue de manifestations en toutes tailles ». Le 16 décembre 2011, le Conseil municipal a choisi le groupement Agence Laverne/BEG/Coup d’éclat pour la faire évoluer en place « ouverte en centreville, confortable, animée et fonctionnelle, urbaine et ligérienne ». Son centre, autour de la statue équestre de Jeanne d’Arc, va demeurer une sorte de terrasse centrale vouée à l’accueil de diverses manifestations. Il sera encadré au nord et au sud par deux « rives » ou mini-mails s’étendant vers l’est et vers l’ouest, plantés d’arbres et de jar-

VIVRE

dins fleuris. Le nord de la rue Royale deviendra piétonnier. Enfin, une fontaine à jets variants sera créée, le manège et le kiosque d’information seront déplacés, et le tout éclairé. Démarrage des travaux fin 2012. « Les infrastructures ne suffisent pas à remodeler une agglomération, souligne Catherine Trebaol, directrice de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération orléanaise (AUAO). L’aménagement du paysage doit être le véritable fil directeur de cette méta-

morphose, en articulant plusieurs dimensions : un espace de vie destiné aux relations de voisinage, un quartier avec ses fonctions commerciales et de belles perspectives ouvertes sur l’horizon. Le maillage d’un territoire urbain doit se faire par la mise en valeur des espaces vides, des cœurs d’îlots et des quartiers pour insuffler de la vie tout au long et de part et d’autre des axes routiers ou ferroviaires ». J.H.

Les Groues, de la friche à l’écoquartier Il fut un temps, que nombre d’Orléanais n’ont pas connu, où le quartier des Groues, au nord-ouest d’Orléans, n’avait pas bonne réputation. Cet ancien site militaire, situé à Orléans pour les deux tiers de la superficie et à St-Jean-de-la-Ruelle pour un tiers, a été acquis par l’AgglO en 2005. Il est désormais voué à devenir un écoquartier modèle offrant un potentiel de développement durable sur 40 hectares, avec création d’une nouvelle voie d’agglomération. Dans le projet Orléans 2015 et en application de l’Agenda 21 de la ville, il est prévu d’en faire « un très important poumon vert dans une partie de l’agglomération plutôt dense » (avec un parc urbain de 7 à 9 ha et un plan d’eau), d’y développer « une gamme de logements diversifiée » (1 200 logements innovants et économes en énergie) et d’y « instaurer une vie économique et de quartier » (avec notamment 17 000 m² de bureaux, 10 000 m² d’activités économiques diverses et des équipements sportifs). Pour l’heure, cet écoquartier, qui doit contribuer à mailler un secteur compris entre la RN 157 et la RN 20 au nord de la ligne ferroviaire Orléans-Tours, n’en est qu’à ses balbutiements. Il est vrai que le Syndicat intercommunal à vocation unique (SIVU) n’est constitué que depuis 2010 et que la consultation d’assistance à maîtrise d’ouvrage vient tout juste d’être lancée. Le schéma de la future ZAC ne sera dévoilé que cet automne, au moment où débutera la concertation avec les habitants du quartier. Les travaux de la première réalisation – une chaufferie biomasse – devraient débuter à la fin de l’année.

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Dossier

Orléans

Faire d’Orléans

une ville qui rayonne

Olivier Carré, premier adjoint au maire d’Orléans en charge de l’urbanisme et du logement, égrène le bilan de la municipalité en place : embellissement du centre-ville, rénovation du quartier de La Source, construction de grands équipements publics et d’une seconde ligne de tram… La ville a beaucoup changé en onze ans. A horizon 2025, c’est l’arrivée du TGV et les programmes d’urbanisme associés qui mobiliseront les élus. La Lettre Valloire : Orléans est une des seules villes de France de cette taille à posséder deux lignes de tramway. Pourquoi ce choix et quels avantages en attendez-vous ?

De gauche à droite : Serge Grouard, député-maire d’Orléans, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l’Ecologie, et Olivier Carré.

20 La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012

Olivier Carré : Ce ne sont pas deux lignes de tram qu’il faut prendre en compte mais un réseau, hiérarchisé et structuré, autour de lignes très fortes – les lignes de tram –, des bus roulant dans

des couloirs dédiés et un maillage de l’agglomération qui doit être le plus dense possible. Mais cette politique de transports en commun est une brique d’une stratégie globale de mobilité pour nos concitoyens. L’agglO est peu dense. Beaucoup de déplacements continueront de se faire en grande partie en voiture. La question est de savoir en combien de temps je me rends d’un point à un autre et à quel coût si je le fais chaque jour. Les lignes de tram, davantage que le bus, favorisent l’usage du transport en commun pour tout ou partie de votre déplacement. Son couplage avec les autres modes de déplacement est donc essentiel. La Lettre Valloire : A Orléans, les projets se bousculent. Quelles sont les prochaines étapes de cette transformation en profondeur de la ville ? Olivier Carré : Orléans a retrouvé une dynamique urbaine qui lui assure un développement d’environ 1 % par an. Cela en fait l’une des villes les plus dynamiques de France. Il faut continuer à ce rythme. On est toujours sur nos trois grands axes. Faire d’Orléans une ville qui rayonne, par son embellissement, en favorisant des projets très structurants (université en centre-ville, sièges sociaux, nouvel hôpital, etc.), par l’installation de grands équipements (Arena). Ensuite, nous conti-


OLIVIER CARRÉ nuons de développer des opérations d’urbanisme aux quatre coins de la ville (Nord-Est, éco-quartier des Groues, secteur Ouest Saint-Marceau, La Source Est), pour assurer son développement démographique, permettre à des jeunes ménages de profiter de la ville et aux seniors de revenir y vivre. Enfin, la ville doit se renouveler. Les quartiers qui risquaient de sombrer sont repris en main avec les habitants et nous y redonnons le goût de s’y installer, de se développer et de retrouver une qualité de vie qui y était menacée. C’est le cas à La Source, à l’Argonne, et dans l’intra-mail où le quartier Bourgogne a été complètement repris et où la ZAC Carmes Madeleine vient de démarrer. La Lettre Valloire : Onze ans après l’arrivée de la municipalité actuelle, de quelle réalisation urbanistique êtes-vous le plus fier ? Olivier Carré : La rénovation du centreville fait l’unanimité. Mais le projet le plus complexe, celui qui a le plus impacté la population, est la métamorphose de la partie ZUS du quartier de La Source. Dans les deux cas, nous avons redonné à des Orléanais l’envie de s’installer, d’investir pour y habiter, là où quelques années auparavant personne ne voulait plus s’installer. La reconquête de sa ville est un beau challenge, pas facile à gagner. Mais quand c’est le cas, c’est l’ensemble de la ville qui est gagnante. La Lettre Valloire : L’étalement urbain est caractéristique d’Orléans et de son agglomération. N’êtes-vous pas tenté par une densification de la construction de logements en centre-ville et un habitat plus vertical ? Olivier Carré : On subit l’étalement. On ne le décrète pas. Orléans est une ville peu dense, une cité-jardin. Ce caractère n’est pas incompatible avec des constructions plus verticales. Mais il faut que des habitants viennent s’y

investir : personnellement et pécunièrement. Une ville qui n’est faite que de locataires qui vivent là de façon transitoire, sans s’y ancrer, sans imaginer y élever leurs enfants, par exemple, est une ville que l’on ne s’approprie plus. Ce sont ses habitants qui font une ville. Il faut nuancer mes propos. Mais ils illustrent une demande que je fais et qui est peu entendue : il faut faire du logement de grande qualité, penser à ceux qui vont y vivre plus qu’à ceux qui en font un placement d’investisseur. Orléans s’y prête. Et là, que l’habitat soit plus vertical peut être un atout pour le développement de la ville. La Lettre Valloire : Alors que la plupart des villes renouent avec le chemin de fer, n’est-il pas paradoxal que le projet urbanistique le plus ambitieux (quartier Citévolia-Dessaux) se concentre autour de la gare des Aubrais et pas de celle d’Orléans ? Olivier Carré : La gare d’Orléans est une gare « cul-de-sac ». Par ailleurs des projets tertiaires très importants vont y voir le jour. Mais si demain nous avons la chance d’accueillir une vraie gare TGV pour l’ensemble du territoire, elle se fera sur l’étoile ferroviaire de Fleury. Alors, il est logique que la ZAC Dessaux, qui par ailleurs est une friche industrielle, trouve un élan à la hauteur. Mais cela se fait en cohérence avec l’avenue de Paris (gare d’Orléans). Ainsi, entre la gare d’Orléans et celle de Fleury, c’est avec le quartier Coligny (plus de 30 000 m² de bureaux construits récemment), un ensemble tertiaire majeur qui se construit à l’échelle d’une capitale régionale comme Orléans. La Lettre Valloire : L’arrivée du TGV en 2025, a fortiori si l’agglomération dispose d’une gare à 35 ou 40 minutes d’Austerlitz, ne risque-t-elle pas de transformer Orléans en ville de banlieue ? Olivier Carré : Le projet de ligne à grande vitesse Paris-Orléans-ClermontFerrand-Lyon répare tout d’abord une injustice en donnant au centre de la

France, et à deux capitales régionales que sont Orléans et Clermont-Ferrand, leur vraie place au cœur du réseau ferroviaire à grande vitesse. Est-ce que Tours – 1 h 15 – est devenue une banlieue de Paris ? Idem pour Le Mans ? Non, je crois que c’est une fausse image. Nous avons beaucoup d’atouts en tant que tel, a fortiori depuis que nous avons installé une véritable dynamique à Orléans. L’enjeu est européen, pas parisien. Comment être à quelques heures de l’Espagne, de l’Italie, du Nord ou de Londres. Voilà les enjeux qui vont aider Orléans à passer une étape décisive dans les décennies qui viennent. Pour toutes ces raisons, le projet de LGV apparaît comme un véritable atout pour la ville d’Orléans et son agglomération.

Propos recueillis par Jacques Huguenin

Un élu aux multiples responsabilités Olivier Carré est devenu le premier adjoint de Serge Grouard lors de l’arrivée de la nouvelle municipalité orléanaise de centre-droit, en 2001. Ce père de 5 enfants, âgé de 51 ans, a été élu député UMP de la 1ère circonscription du Loiret (Orléans-Sud) le 17 juin 2007. Il briguait un deuxième mandat lors du scrutin des 10 et 17 juin 2012 dont nous ne connaissions pas le résultat au moment où nous rédigions ces lignes. Ce chef d’entreprise a tout naturellement intégré la commission des affaires économiques de l’Assemblée, avant d’opter, en 2009, pour la commission des Finances où il co-préside la commission d’évaluation et de contrôle des politiques publiques. En charge des questions d’urbanisme, de logement et des nouvelles technologies à la Ville, il préside aussi l’office public d’habitat « Les Résidences de l’Orléanais » et la société d’aménagement orléanaise, la Semdo. Il est également vice-président de la communauté d’agglomération, l’AgglO.

La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012 21


Dossier

Orléans

Citévolia pour l’avenir Alors que les parcs d’activité du nord et du sud de l’agglomération poursuivent leur essor, le projet de ZAC Dessaux-Citévolia promet de devenir le grand quartier d’affaires orléanais d’ici à 2025.

A

u nord, à cheval sur Ingré, Ormes et Saran, Pôle 45, le deuxième plus grand parc d’activité de l’agglomération (361 hectares, 200 entreprises, 6 500 emplois), devrait s’étirer vers la commune de Gidy : la zone du ChampRouge, où se trouvent Amazon et Deret, doit se prolonger jusqu’à l’entrée de cette commune, investie depuis longtemps par les laboratoires pharmaceutiques Servier ; un nouvel échangeur sur l’A10 est mis à l’étude. Au sud, en complément du parc de La Source consacré à la recherche

L’îlot de la Rape est devenu un quartier d’affaires.

(204 hectares, 6 300 salariés), se sont développés le parc du Moulin (15 ha, 370 salariés), sur Olivet, tourné vers les technologies d’avenir, et surtout celui de la Saussaye, à St-Cyren-Val (210 ha, 3 500 salariés), qui devrait s’agrandir de 70 hectares en attendant d’autres déploiements, toujours plus au sud, dans « une vision à trente ans », indique Charles-Eric Lemaignen. A l’est, le parc de Charbonnière va s’étendre sur la commune de Marigny-les-Usages, grâce à une troisième ZAC d’une centaine d’hectares.

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TRAVAILLER Mais le projet économique le plus ambitieux est celui d’un nouvel espace économique qui a pour nom – provisoire – Dessaux-Citévolia. Aux portes nord d’Orléans, à proximité des logements et des 30 000 m2 de bureaux créés sur l’îlot de La Râpe, un futur quartier d’affaires high-tech s’étalera sur 110 hectares, le long d’un axe nord-sud compris entre la rue André-Dessaux et les voies ferrées de la ligne Paris-Orléans ; les premiers éléments de cet ambitieux projet seront dévoilés fin 2012. Son succès est étroitement lié à l’arrivée, dans une bonne dizaine d’années, des rames du TGV Paris-Orléans-ClermontLyon (POCL), ce qui permettrait d’envisager un dédoublement de la gare des Aubrais et son ouverture vers l’ouest et la RN20 vers Paris. Comme première pierre de cet édifice, la CCI du Loiret ambitionne de fonder sur l’ancienne emprise du constructeur de machines agricoles Rivierre-Casalis

Périmètre implantation future gare TGV Friche Rivièrre-Casalis (Citévolia)

Actuelle Gare des Aubrais

L’avenir économique orléanais passe par la future gare TGV et le quartier Dessaux.

une « plate-forme innovante au service de la performance des entreprises et du bien-être de leurs salariés et usagers ». Les travaux d’un bâtiment d’environ 10 000 m2, qui abritera le futur siège de la CCI, devraient être lancés l’année prochaine. En voulant recon-

quérir cette friche industrielle, les aménageurs vont recréer ce qui fut à la Libération la première zone d’activité de France, en y faisant cohabiter logements, bureaux, commerces et espaces de loisirs. J.H.

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Dossier

Orléans

Après CLEO, Orléans croit A peine achevée sa seconde ligne de tramway, l’agglomération orléanaise compte sur l’arrivée l’Europe à grande vitesse. A cette date, 40 minutes suffiront pour relier les gares d’Austerlitz

E

n complément de la ligne A de tram et des 32 lignes de bus du réseau TAO de l’AgglO dont l’exploitation est confiée depuis le début de l’année à Keolis, une filiale de la SNCF, la seconde ligne de tram CLEO, inaugurée le 29 juin 2012 après trois ans de travaux perturbateurs, s’étire sur 11,3 km à travers cinq communes. Elle dessert directement 59 000 habitants

de l’agglomération, mais pas Chécy, à l’est, et peu La-Chapelle-St-Mesmin, à l’ouest, au grand dam des élus de ces communes… Après moult tergiversations, en particulier sur le choix de la technologie, pneus ou rails, le tracé et le financement, le projet CLEO (Construire la Ligne Est-Ouest) a été officiellement lancé en janvier 2008. Le chantier de la

Les rames de CLEO, sorties comme celles de la ligne A des ateliers d’Alstom, effectuent des essais sur la nouvelle ligne comme sur l’ancienne (ici, place De Gaulle). Tout est prêt pour l’inauguration du 29 juin 2012.

24 La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012

construction du centre de maintenance de St-Jean-de-Braye a débuté au second semestre 2008 et les travaux de la ligne en 2009. Cinq objectifs ont été assignés à cette ligne B : compléter et optimiser l’offre actuelle de transports en commun ; offrir de nouvelles correspondances aux usagers grâce au pôle d’échange tram/bus à St-Jean-de-Braye et à la correspondance avec la ligne A place De Gaulle pour rejoindre les deux gares SNCF de Fleury-lès-Aubrais et Orléans ; rendre les transports en commun plus attractifs que la voiture particulière et « en encourageant le réflexe parking » grâce aux six nouveaux parcs-relais (1 140 places au total) ; accompagner le développement du réseau cyclable, avec des créations de pistes et des emplacements vélos dans les parcs-relais ; enfin, favoriser « les conditions de circulation des modes doux » en faveur des piétons et des cyclistes sur le tracé, par des trottoirs élargis et la mise en œuvre de zones 30. A ceux qui déplorent le montant de la facture, Charles-Eric Lemaignen, le président UMP de l’AgglO, rétorque que ce n’est pas le tram le plus cher de France : « J’assume sans état d’âme le choix d’un projet plus qualitatif que la première ligne et qui passe par le cœur de ville ». « CLEO s’inscrit dans un projet global de réaménagement des espaces traversés, mené en étroite concertation avec les communes, explique Charles-Eric Lemaignen. Cette ligne contribue à l’aménagement global et à la rénovation de l’ensemble du cœur de ville, qu’elle élargit au-delà des mails, des anciens remparts en direction de La Madeleine, en particulier ».


SE DÉPLACER

dur comme fer au POCL de la ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont-Lyon, en 2025, pour se connecter à et des Aubrais. Cette seconde ligne accompagne ainsi plusieurs projets de requalification urbaine entrepris par les communes, par exemple, à l’est de la ligne, à StJean-de-Braye, la création de la ZAC du Grand-Hameau, à Orléans le renouvellement urbain du quartier de l’Argonne ou la requalification du vaste site de l’hôpital Madeleine et, à l’ouest, à StJean-de-la-Ruelle, le renouvellement du quartier des Salmoneries ainsi que la future opération d’aménagement du Clos des Mistigris et de la friche TRW.

autres grandes villes de la région, celles de l’Ouest de la France et, d’une manière générale, avec l’ensemble du réseau européen à grande vitesse (Lyon, Marseille, Lille, Turin, Londres…). Dans son cahier d’acteur remis en novembre 2011 à la Commission, l’AgglO rappelle que plus de la moitié des entreprises de son territoire réclament plus de quatre liaisons quotidiennes aller-retour avec Roissy et 18 % carrément six ! Au total, trois entreprises sur quatre estiment que le gain de 20 minutes

J’ASSUME SANS ÉTAT D’ÂME LE CHOIX D’UN PROJET PLUS QUALITATIF QUE LA PREMIÈRE LIGNE ET QUI PASSE PAR LE CŒUR DE VILLE Charles-Eric Lemaignen

CLEO se veut aussi lié à un « projet végétal » avec la création d’une plateforme de 6 hectares de massifs arbustifs et vivaces plantés : on va « dérouler le tapis vert », lit-on dans un récent exemplaire du magazine Tram Agglo. 2000, la ligne A du tram. 2012, la ligne B. Et 2025, la LGV POCL ? Chaque décennie, l’agglomération orléanaise vit une mini-révolution ferroviaire. Réseau Ferré de France doit annoncer ces jours-ci le choix du tracé retenu pour la future ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL), prévue pour entrer en service en 2025. Les quatre mois de débat public ont abouti à la rédaction de 220 cahiers d’acteurs déposés auprès de la Commission nationale du débat public. Le tracé Ouest, qui passe par Orléans, est sorti en pole position. Il permettrait à l’AgglO de se remettre sur les rails de l’interconnexion avec Paris, Roissy, les

pour rejoindre la région parisienne grâce au POCL sera « déterminant pour leur activité ». La capitale à 40 minutes de la Cité de la Pucelle ? Ce serait une aubaine, pense-t-on à l’AgglO, pour les 138 communes et les

410 000 habitants de l’aire urbaine d’Orléans, c’est-à-dire de la zone d’influence d’Orléans, laquelle courant cependant un risque accru de « banlieurisation ». Toujours en matière de grandes infrastructures, une bande de terrain de 300 mètres reste réservée à l’est de SaintJean-de-Braye, sur le site dit du Narval, pour la construction éventuelle d’un nouveau franchissement de la Loire. « Il n’y aura pas de lancement du projet avant que soit réalisé le nouveau pont à l’ouest de Jargeau par le Conseil général et que soient analysées les conséquences en termes de trafic routier du nouveau réseau bus-tram de l’AgglO pour voir si un nouvel ouvrage est nécessaire », indique Charles-Eric Lemaignen qui se montre très « dubitatif » sur la concrétisation du projet, « même si l’on n’a pas le droit d’injurier l’avenir ».

J.H.

L’AGV.italo, construit par le français Alstom et exploité par la compagnie privée italienne NTV, a été mis en service fin avril entre Milan et Naples, via Florence, Bologne et Rome. Ses lignes futuristes préfigurent ce que sera peut-être la génération 2025 des trains à grande vitesse. Alstom travaille déjà à l’AGV II qui pourra théoriquement rouler à… 400 km/h.

La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012 22


Dossier

Orléans

SE DISTRAIRE

Orléans reconquiert

la Loire et ses quais

Parce qu’elle n’est rien sans la Loire, l’agglomération orléanaise ambitionne toujours de faire des rives du fleuve royal son principal centre de loisirs.

D

ans le cadre du programme de réaménagement et d’animation des quais de Loire, l’AgglO a lancé un appel à projet pour la construction d’un bateau-lavoir sur le quai du Châtelet. Ce bateau-lavoir, qui renferme une brasserie, un salon de thé, un bar, un lieu d’exposition et peut accueillir 150 personnes, ouvre prochainement. Il est amarré à côté d’un autre bateau, l’Inexplosible, qui cherche une seconde vie, sous forme de salon de thé ou de bar à cocktails. Mais il reste encore bien des efforts à accomplir pour qu’entre deux Festivals de Loire (plus d’un demi-million de visiteurs tous les deux ans), les quais bénéficient d’une animation continue. Sur la rive sud du fleuve, l’agglomération possède une station balnéaire fluviale avec la base de l’île Charlemagne. La seconde plage en a été inaugurée en juillet 1994 et, l’année suivante, décision était prise par le

Le Festival de Loire attire tous les deux ans plus d’un demi-million de visiteurs.

26 La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012

Sivom, ancêtre de l’AgglO, d’acquérir 55 hectares de terrain à St-Denis-en-Val, dans le prolongement de l’île Charlemagne, en vue d’aménager un espace de loisirs, de sport et de découverte de la nature. Mais les habitants de l’AgglO l’attendent toujours. Ce sont 300 hectares qui pourraient être valorisés, mais seulement après 2014, lorsque aura été remise l’étude confiée au cabinet d’architectes-paysagistes Hyd. En attendant, les passionnés d’architecture vont pouvoir, dès l’an prochain, déambuler dans l’édifice futuriste du nouveau Fonds régional d’art contemporain (Frac) du Centre. Parce qu’il fallait offrir un écrin digne de ses collections Art et Architecture (300 œuvres, 800 maquettes et 15 000 dessins), la Région Centre, en coopération avec l’Etat, l’Europe et la Ville d’Orléans, a décidé d’installer le Frac sur le site des anciennes Subsistances Militaires, qui accueille depuis 1999

ArchiLab, les Rencontres internationales d’architecture d’Orléans. Le nouvel établissement (ci-dessus), au look volontairement détonnant dans le paysage bourgeois du boulevard Rocheplatte, est l’œuvre du cabinet d’architectes Jakob+MacFarlane. D’une superficie de 3 000 m², il disposera de 1 600 m² pour accueillir ArchiLab et présenter de façon permanente les collections du Frac. Déjà équipé d’une médiathèque à l’architecture avantgardiste, le boulevard Rocheplatte va ainsi « se constituer en véritable mail culturel ». J.H


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Dossier

Orléans

La Loire n’est pas toujours

un long fleuve tranquille

Tout ne coule pas toujours de source entre Loire et Loiret. Certains dossiers ont empoisonné la vie des maires successifs et leur règlement reste toujours en suspens.

La gare. Orléans a toujours eu un problème existentiel avec sa gare : sans cesse détruite et reconstruite. Dès 1843, la ville a commencé à s’équiper d’un édifice devenu au fil des aménagements successifs un monument métallique imposant, composé de trois nefs majestueuses, qui faisait avant la Première guerre mondiale la fierté des Orléanais et l’objet de cartes postales, au même titre que la place du Martroi. Endommagée durant la Seconde guerre mondiale, cette grande et belle gare fut démolie pour laisser place, en mai 1965, à un bâtiment sans 28 La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012

charme ni caractère que l’on se hâta de dissimuler sous le béton de la place d’Arc en 1986. La municipalité de Jean-Pierre Sueur lança dès 1997 les discussions pour reconstruire cette gare « moderne » décidément bien laide, qui n’aboutirent que sous le premier mandat de Serge Grouard. Un nouveau hall voyageurs en « double vague », surmonté d’une toiture de verre et d’acier, a été inauguré en janvier 2008. La liaison avec le centre commercial et les trams et bus de la place d’Arc, elle, se fait attendre depuis cette époque.

L’AgglO a annoncé récemment le déblocage de la situation : elle prendra en charge les travaux de la très attendue liaison tram-train et de la réfection du centre bus (rebaptisé « square des correspondances »), et la SNCF devrait réaliser l’achèvement de la jonction Est avec le centre commercial, deux opérations en principe terminées en 2013. La Ville, quant à elle, se chargerait des aménagements à effectuer le long de l’avenue du Paris, où le promoteur Sogeprom a prévu d’édifier à l’horizon 2014 un immeuble de bureaux de 220 mètres de long (14 000 m²), en


LES POINTS NOIRS lieu et place de l’ancienne voie ferrée n°7. Las ! La défection de deux des futurs utilisateurs, qui appartiennent, comme le promoteur, au groupe Société Générale, risque de retarder le projet. Il reste qu’on voit mal comment ces futurs aménagements pourront faire oublier cette aberration : une gare qui débouche, à l’ouest, sur une avenue de Paris quasi dépourvue de places de parking et souvent embouteillée. Autre défi urbanistique qu’il faudra bien un jour relever, selon l’atelier d’urbanisme : la requalification des vastes espaces situés derrière la place d’Arc jusqu’aux parkings et aux tours de l’avenue de Münster.

Les entrées de la ville demeurent peu esthétiques, même si un louable effort a été accompli et va se poursuivre en priorité sur la RN 20, rue André-Dessaux au nord, et à proximité du quartier St-Marceau au sud, pour en faire d’acceptables boulevards urbains.

Les édiles orléanais, Charles-Eric Lemaignen en tête, gardent « l’ambition intacte » de redonner un destin fluvial à l’AgglO et de rouvrir à la navigation le canal fermé depuis plus d’un demisiècle, l’agglomération orléanaise ayant une belle carte à jouer en terme de tourisme vert et de court séjour à une heure et demie de Paris. Hélas, il reste encore quelques dizaines de millions à investir, ce qui suppose qu’aboutissent d’âpres discussions entre Conseil général du Loiret, Voies Navigables de France, l’AgglO et l’Etat. Il faut, en effet, que l’Etat rétrocède à tarif d’amis une partie du canal au Conseil général, mais aussi que l’alimentation en eau dudit canal soit bel et bien assurée, et que soit étanchéifié le bief entre Combleux et le Cabinet vert pour empêcher ce fichu canal de se vider durant l’été. Des études sont en cours avec pour objectif de le rendre enfin navigable entre Fay-aux-Loges et Orléans. Autre projet en attente de jours meilleurs à proximité immédiate des quais : le pôle artistique espéré en lieu et place de l’ancienne vinaigrerie Dessaux, au sud de la rue de Bourgogne, devenue une friche à l’abandon.

L’Arena, ce projet de grand com-

A quand, en revanche, un bel aménagement de la tête nord du pont de l’Europe ? Depuis les fouilles archéologiques spectaculaires effectuées sur ce site en 2007, rien n’a bougé. Cet aménagement sera, « dans la perspective du passage de la seconde ligne de tram, organisé par les deux communes d’Orléans et de St-Jeande-la-Ruelle en liaison avec l’AgglO », lit-on dans le Projet d’AgglO 20082014. « Les projets d’urbanisation vont déboucher sur du concret à court terme », promet Charles-Eric Lemaignen.

Le port d’Orléans, déserté par les bateaux, a déçu les espoirs des amoureux de la marine de Loire.

plexe à vocation culturelle, sportive et économique, pouvant accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs, farouchement défendu par Serge Grouard, est sans doute celui qui suscite le plus de critiques et d’interrogations à Orléans. Pas tant sur le fait de créer une sorte de nouvelle super-salle polyvalente que sur le lieu d’implantation projeté et la facture (103 M€) à acquitter en période de vaches maigres financières. Le choix initial de l’Ile-Arrault, en bordure de Loire, puis celui de l’usine pharmaceutique Famar (qui déménagera en 2013) posent l’un comme l’autre, selon les adversaires du projet, le problème de son accessibilité par les transports en commun (pas de station tram à cet endroit), des

places de parking à créer (souterraines et de plein air) pour des milliers de spectateurs venus en voiture et de l’impact environnemental d’un tel équipement. L’Etat semble décidé à suivre le maire d’Orléans. Successivement, la commission de labellisation a accordé le label Arena au projet, le ministre des Sports David Douillet a signé l’arrêté de reconnaissance d’intérêt général de l’équipement et le conseil d’administration du Centre national pour le

L’ancienne usine Novartis-Famar des bords de Loire.

développement du sport (CNDS) lui a attribué une subvention de 20 M€ (en deux tranches, 15 de suite et 5 ultérieurement). Tout cela au mois d’avril dernier. Juste avant les élections présidentielles, disent les mauvaises langues. Les adversaires du projet ne désarment pas. Ils attendent un hypothétique classement à l’inventaire des monuments historiques de l’immeuble Famar, construit par l’architecte suisse Jean Tschumi, pour faire capoter le projet. Quant à l’opposition municipale, elle mise sur le nouveau ministre des Sports. A n’en pas douter, la partie sera aussi âprement disputée que celles que jouera peut-être un jour Orléans Loiret Basket, le club phare de la ville, sur le plancher de l’Arena.

J.H. La Lettre Valloire - SPÉCIAL ORLÉANS - Juin 2012 29


Economie

En bref

ERE SOLAR VALLEY ACQUIERT LE SITE LOGISTIQUE DE GÉODIS À CHÂTEAUDUN ans le cadre du projet de la Vallée du Soleil, ERE Solar Valley, filiale du groupe Fire Energy (276 M€ de CA), vient de signer l’acquisition de l’ancien site logistique de Géodis, à Châteaudun. Le bâtiment de 10 000 m2, qui accueillera le personnel administratif, sera équipé de panneaux solaires qui « auront une puissance de 200 MW au total », a indiqué John Liu, le pdg de Fire Energy. Il abritera un stock de panneaux solaires de 80 MW ; 30 emplois y seront créés avant la fin de l’année. La prochaine étape de ce parc, qui devrait générer la création de 250 emplois, est la construction des bâtiments (34 000 m2) sur le site de l’ex-Etamat, où il ne reste que 20 hectares à reconvertir. Ils accueilleront le siège social et les bureaux, une usine de fabrication de LEDs ainsi qu’une usine de production de modules photovoltaïques et une unité de recyclage.

D

RECALL VA OUVRIR UN SITE DE STOCKAGE À MIGNIÈRES Le groupe Recall (815 M$ de CA), spécialisé dans le stockage d’archives, a choisi Mignières (28) pour construire un nouveau site composé de deux cellules de 6 000 m², qui devrait être le plus important au niveau mondial. Cette ouverture s’accompagnera de la création de quinze emplois. De nouveaux volumes seront ajoutés pour atteindre 30 000 m² de surface de stockage d’ici à dix ans.

AREM REPRISE PAR SON ÉQUIPE DIRIGEANTE La société Arem (37 salariés, 10,5 M€ de CA), fabricant de ventilateurs

30 La Lettre Valloire - Juin 2012

basé à St-Brissonsur-Loire (45), vient d’être reprise par son équipe dirigeante, emmenée par Roland Robiliard et soutenue par Sofimac Partners (1,8 M€) et Carvest (1,3 M€). Son pdg Roland Robiliard espère ainsi « redonner une dynamique de croissance et assurer sa pérennité ». Le taux de croissance d’Arem avait chuté de 25 % en 2009 à 8 % en 2011.

objectif est de conserver deux entités séparées », a indiqué Alain Chaillé, vice-président FedEx Express. Ces synergies pourraient conduire FedEx à utiliser davantage le réseau Tatex (35 agences et 6 hubs régionaux), au détriment de son partenaire Geodis. Aucune précision n’a été fournie concernant le siège administratif tourangeau de Tatex (143 M€ de CA en 2010).

FEDEX ACQUIERT LE TOURANGEAU TATEX

ESMERY CARON OUVRE SON CAPITAL À DREUX ET DÉMÉNAGE

Le géant américain de la messagerie rapide FedEx a confirmé la prochaine acquisition du spécialiste tourangeau du transport express Tatex. « Notre

La société drouaise Esmery Caron, spécialisée en architecture textile, bâches et tentes (30 salariés, 5,4 M€ de CA), ouvre son capital à de nouveaux investisseurs. La société nord-américaine Old

Quarter, Philippe Bariteau et Xavier Saubanaire, respectivement directeur opérationnel et DAF d’Esmery Caron, ainsi qu’Eric Merlin, un entrepreneur français basé à Saïgon, ont participé à l’augmentation de capital pour un montant de 425 000 €. La société va renforcer ses effectifs et déménager en septembre prochain sur la ZA de la Radio.

BRANCHER REPRIS PAR LE CHINOIS SUZHOU KINGSWOOD Le groupe Suzhou Kingswood (Shangaï) a été désigné parmi 3 candidats pour reprendre le fabricant d’encres d’imprimerie Brancher installé à Tremblay-les-Villages (28), placé en liquidation judiciaire en janvier dernier. Le groupe chinois prévoit de garder 82 des 120 salariés, ainsi que les agences de Nantes, Lyon, Angoulême, la filiale polonaise ainsi que la marque Brancher.

MEGTEC VA FERMER SES PORTES À INGRÉ La société Megtec, spécialisée dans la fabrication de machines spéciales et d’équipements pour les imprimeurs, devrait définitivement fermer ses portes sur la ZA d’Ingré (45) à la fin du mois de juin. Le PSE prévoit le licenciement des 44 salariés du site d’Ingré et de 18 autres collaborateurs du siège de Lisses (91).


SINCLAIR PHARMA FERMERAIT SON UNITÉ DE CLÉRY-ST-ANDRÉ

Le britannique Sinclair Pharma, spécialiste en dermatologie, va engager une réorganisation de son outil industriel qui devrait se traduire par la fermeture de son unité de Cléry-St-André (45), près d'Orléans, qui emploie une trentaine de collaborateurs. La direction du laboratoire envisageait, il y a à peine plus d’un an, de se doter dans le Loiret d’une nouvelle unité d'un gabarit de 2 000 à 3 000 m2. Selon une source proche de ce dossier, la fermeture ne sera pas effective avant plusieurs mois.

GONNIN DURIS DOUBLE SA SUPERFICIE À ISSOUDUN… Le spécialiste en machinisme agricole Gonnin Duris aura investi près de 3 M€ afin de doubler la superficie de son site issoldunois, à St-Aoustrille (36), qui compte 40 salariés et réalise près de 20 M€ de CA. Le nouveau bâtiment de 2 500 m2 comprend un atelier de réparation pour moissonneuses-batteuses et tracteurs, dispose de 500 m² de magasin et d’un libre-service de 500 m² destiné à la clientèle.

…ET ENTRE DANS LE GIRON DE DUBREUIL Le spécialiste en machinisme agricole Groupe Gonnin Duris (200 salariés, 70 M€ de CA en 2011), présent dans 14 départements, qui exploite plusieurs unités dans l’Indre, vient de passer la main au groupe vendéen Dubreuil (2 900 salariés, 1,2 Md€ de CA), qui reprend 75 % du capital. Eric Bibault, détenteur de 25 % du capital, reste président de Gonnin Duris.

UN PROJET DE R&D POUR STMICROELECTRONICS À TOURS L’usine tourangelle de STMicroelectronics, spécialisée dans la microélectronique de puissance, jubile. Elle sera en effet le principal bénéficiaire du projet de R&D « Tours 2015 » qui vient d’être sélectionné dans le cadre du premier appel à projets « Nanoélectronique » du programme économie numérique soutenu par le dispositif des Investissements d’Avenir. Le programme d’un montant total de 164 M€ sur cinq ans (2012-2016) sera accompagné à hauteur de 69 M€ par l’Etat. Par ailleurs, les Investissements d’Avenir financeront, à hauteur de 34 M€, l’installation sur le site d’une plate-forme d’étude et de réalisation de micro-batteries. « Tours 2015 », porté par l'usine STMicroelectronics de Tours Nord, sera engagé avec la collaboration du CEA et de 13 laboratoires du CNRS.

SANITRA-FOURRIER FUSIONNE AVEC SANI OUEST La filiale jocondienne de Sita France-Suez Environnement (pôle AMI), Sanitra-Fourrier, spécialisée dans l’assainissement et la maintenance industrielle (430 salariés, 70 M€ de CA), a fusionné avec la filiale Sani Ouest du même groupe, qui représente 200 salariés répartis sur 30 départements des régions Centre, Pays de la Loire, Bretagne, PoitouCharentes, Aquitaine et Dordogne-Limousin. Le nouvel ensemble conservera le nom de Sanitra-Fourrier ainsi que son siège social à Joué-lès-Tours.

FAPEC S’AGRANDIT À ILLIERS-COMBRAY La société Fapec, le spécialiste eurélien de l’aménagement de magasins qui exploite

trois unités à IlliersCombray (28) et emploie 180 salariés (15 M€ de CA), a investi près de 1 M€ afin de rénover son outil industriel. La société a repris et réaménagé les ex-locaux (10 000 m²) de la société IFB, à la périphérie d’IlliersCombray, afin d’y accueillir son atelier dédié à la réalisation de mobilier. Cette extension a généré 20 emplois.

ABREU CLÔTURES OUVRE SUR L’EX-SITE DUBREUIL À LUTZ-EN DUNOIS L’entreprise Clôtures Abreu et Fils (11 salariés, 2 M€ de CA) vient d’acquérir l'ex-site de l’entreprise de pneumatiques Dubreuil, à Lutz-en-Dunois. José Abreu qui a débuté sur la ZI de Lèves, avant d’ouvrir à Etampes (91), installera son fils Jean-Pierre sur ce troisième site : « Chacun de mes trois fils aura son outil de travail ». Cette ouverture devrait entraîner la création de 5 à 6 emplois.

La Lettre Valloire - Juin 2012 31


Industrie

Economie

Certesens étudie

la science des sens

Trois PME tourangelles, associées à l’université de Tours, viennent d’installer le centre d’études et de recherches sur les technologies du sensoriel. Cette plate-forme permettra de cheminer des besoins sensoriels des utilisateurs vers la conception de produit. métrologie sensorielle, de supports d’expérimentation et de transfert de technologie, Certesens permettra de cheminer à partir des besoins « sensoriels » (son, visuel, odeur, toucher) des utilisateurs vers le développement de produits fondés sur des matériaux ad

de près de 3 M€ complété par les fonds européens Feder (827 800 €). Alstom a signé le premier partenariat via la Fondation Rabelais (université de Tours) pour un montant de 125 000 € par an, sur trois ans. « Nous allons trouver à Certesens l’apport des experts

IL S’AGIT DE REMETTRE LE SENSORIEL AU CŒUR DE L’INNOVATION INDUSTRIELLE ”

Des panels de testeurs-experts ont été formés.

L

e bruit doux de la porte d’une voiture quand elle se ferme peut renforcer la sensation de confort et de luxe. Un vin peut séduire par ses notes boisées… Mais comment anticiper les besoins des utilisateurs lors de la conception d’un produit ? Grâce au centre d’études et de recherches sur les technologies du sensoriel Certesens, inauguré le 16 mars aux Deux-Lions à Tours (37), les entreprises et les chercheurs pourront utiliser un véritable référentiel des sensations, qui s’appuie sur les sciences de l’ingénieur, les neurosciences et les sciences humaines et sociales. Emanation du pôle Cosmetic Valley, cette plate-forme de 700 m2 a été fondée avec l’université François-Rabelais et le trio de PME tourangelles RCP Design Global, Spincontrol et CQFDegustation. Dotée d’une matériauthèque de 5 000 matières, d’un espace de

32 La Lettre Valloire - Juin 2012

hoc. « Il s’agit de remettre le sensoriel, la dimension humaine au cœur de l’innovation industrielle », a rappelé Régine Charvet-Pello, présidente de RCP Design Global. Celle-ci a eu l’idée de ce laboratoire… il y a une vingtaine d’années avec Jean-François Bassereau, enseignant aux Arts et Métiers. Soutenu par les collectivités locales, le projet représente un investissement

du sensoriel afin de développer une approche multi-sensorielle du voyage ferroviaire (…). L’étude portera sur les couleurs, les lignes et les formes, mais aussi sur les odeurs, les sons et le toucher que les passagers souhaitent retrouver dans un train », indique Jérôme Wallut, dg d’Alstom Transports France. Elise Pierre

La colle Cléopâtre mise sur la signature sensorielle L’odeur d’amande, la texture de la colle… Les premières sensations à l’ouverture du célèbre pot de colle blanche renvoient directement aux bancs de l’école primaire. Afin de faire profiter tous ses autres produits du capital sympathie de cette star de la classe, le fabricant de colles Cléopâtre, basé à Ballan-Miré (1 000 tonnes de colle/an) a travaillé avec RCP Design Global au laboratoire Sensolab afin d’établir le profil sensoriel de son « P’tit pot ». « Nous devions comprendre quelle était la nature exacte des sensations perçues par l’utilisateur, et établir un ADN sensoriel exploitable pour l’expression industrielle » , explique Alexandre Marionnet, le pdg. « Toutes les sensations ont été qualifiées : l’odeur, la perception de la forme du pot, sa taille, son bruit à l’ouverture, la densité de la colle, la gestuelle d’étalement sur le papier, la pression qu’il faut donner à la spatule… », commente Régine Charvet-Pello, fondatrice de l’agence de design. Grâce à cette signature sensorielle, Cléopâtre a développé notamment Cléomousse, qui reprend l’odeur et le côté ludique du P’tit Pot.


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Economie

Services

Armatis s’empare de LaSer Contact

Le spécialiste de la relation client LaSer Contact a été repris par la société Armatis, qui se hisse ainsi au premier rang des outsourceurs français.

«A

près plusieurs mois de négociations stratégiques entre les deux sociétés, Financière Taoris, holding de la société

Armatis, annonce l’acquisition de LaSer Contact », a précisé le groupe Armatis le 1 er juin dernier. Grâce à cette acquisition, la société de télémarketing se hisse au rang de premier opérateur français onshore des centres d’appels, en totalisant un CA cumulé de plus de 200 M€ sur 14 sites (6 500 salariés). Il se classe encore derrière Teleperformance (265 M€ de CA) et Arvato (235 M€ de CA), mais passe devant Webhelp (165 M€ de CA) qui s’était aussi porté candidat à la reprise de LaSer Contact. L’ensemble sera présidé par Denis Akriche, pdg de Financière Taoris et d’Armatis, qui rappelle « que les deux sociétés continueront de travailler chacune avec leur marque et leurs spécificités tout en capitalisant leurs synergies. Il

n’y aura aucun changement sur les sites ». LaSer Contact emploie plus de 3 000 collaborateurs répartis sur cinq sites en France, dont l’un de 1 200 salariés à Poitiers (86). A Tauxigny, près de Tours (37), LaSer Contact emploie 470 salariés. Armatis compte pour sa part 3 500 salariés répartis sur sept sites français, dont l’un à Châteauroux (36). Armatis avait enclenché en 2002 une première phase de croissance externe avec l’acquisition de Convergys France et du LFC, suivie d’une croissance organique entre 2002 et 2011 avec l’implantation de six sites en France. « 2012 est marquée par un retour à une politique d’acquisition qui devrait se poursuivre », précise la direction d’Armatis.

Phone Marketing recrute 100 salariés à Dreux L e centre d’appels drouais du groupe Phone Marketing (CA France : 33 M€), qui emploie 230 salariés dont 180 CDI, recrutera d’ici à septembre prochain une centaine de CDI supplémentaires. « Le contrat avec Canal Plus, qui représente 70 % de l’activité du site drouais, a été reconduit pour trois ans, ce qui va conduire à une forte augmentation de l’activité », nous précise Karim Bernoussi d’Intelcia Group, qui a

34 La Lettre Valloire - Juin 2012

racheté la société en janvier dernier. « L’objectif est d’étoffer le site qui devrait en 2013 employer 250 à 300 CDI », ajoute-t-il. Le centre d’appel drouais travaille en appel entrant pour des mutuelles et assurances et compte gagner des clients

suite à l’embauche de responsables commerciaux. Le centre d’appels drouais représente 25 % de l’activité du groupe Phone Marketing, qui a clôturé l’exercice 2011 avec un CA de 54,5 M€ (21,5 M€ Maroc, 33 M€ France) et vise 63 M€ pour 2012.

Amazon.fr en Bourgogne Le spécialiste mondial de l’e-commerce Amazon, qui possède déjà deux plates-formes à Montélimar (26) et à Saran (45), s’apprête à ouvrir un 3e entrepôt en Bourgogne, où le groupe américain hésiterait entre Chalonsur-Saône (71) et Beaune (21). A l’heure où nous écrivons ces lignes, la société ne souhaitait pas répondre à nos questions. Cette extension de capacités ne compromet pas l’activité de l’unité de Saran, cette dernière ayant atteint une capacité maximale (70 000 m2). Cette ouverture pourrait créer un millier d’emplois (300 CDI, 700 intérimaires) en Bourgogne. Sur le site saranais qui emploie 700 CDI et des centaines d’intérimaires, les salariés constatent « qu’ils ont appris cette nouvelle via les médias sans obtenir aucune confirmation du groupe ». Les syndicats se disent « étonnés de la localisation de ce nouveau site, proche des deux autres, alors que nous avons des plates-formes en Espagne, en Belgique et en Allemagne qui sont en manque de capacités de stockage ».


Trouillet veut devenir un poids lourd Le carrossier pour poids lourds de Neuville-aux-Bois souhaite participer à la consolidation de son secteur. Il vient de reprendre Sairp Composites à la barre du tribunal de commerce. D’autres entreprises régionales sont dans sa ligne de mire.

I

nstallé principalement à Neuvilleaux-Bois (45), le spécialiste de la carrosserie industrielle poids lourds et de la location de semi-remorques Trouillet souhaite participer au premier plan à la recomposition du marché, jugée « inéluctable » par Philippe Chambelin, le secrétaire général du groupe. La société, qui réalise un CA de 25 M€ et emploie 150 salariés, a ainsi été autorisée par le tribunal de commerce d’Orléans à reprendre Sairp Composites, un fabricant de panneaux composites pour carrosseries de camions implanté à St-Jean-deBraye,

en banlieue orléanaise. Le groupe dirigé par Eric Trouillet s’est engagé à réembaucher 36 des 56 salariés de Sairp. Le tribunal avait semblé trouver initialement insuffisante la proposition de Trouillet puis s’est finalement rangé aux arguments du repreneur après avoir repoussé la période d’observation au 31 mai. Le carrossier de Neuville-aux-Bois n’entend pas rester à ce premier succès. « Nous étudions différents dossiers dont l’acquisition d’un carrossier régional spécialisé dans le semi-remorque », indique Philippe Chambelin qui explique également que le rachat « d’une entreprise régionale évoluant sur un marché de niche dans le domaine de la carrosserie aurait du sens ». Il est vrai que la société a fière allure.

Trouillet a en effet fondé son développement sur une assise solide ; d’une part, la fabrication de carrosseries grand volume, du 3,5 t jusqu’au semiremorque, d’autre part, la location de véhicules industriels hébergés par la division Trouillet Service Location. « Nous exploitons pour cette activité déjà cinq agences dont deux en région parisienne, une à Rouen (76) ainsi que deux autres à Ormes (45) et Marseille (13) », explique le secrétaire général qui annonce l’imminence d’autres ouvertures, notamment dans le Pas-de-Calais et probablement dans le Var d’ici à la fin 2013. Des ouvertures qui devraient permettre de « nationaliser » une activité qui représente déjà 50 % de la factuJCS ration du groupe.

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Economie

Industrie

McKey met les bouchées doubles à Fleury-lès-Aubrais Le principal fournisseur de steaks hachés des restaurants McDonald’s français investit 25 M€ sur son site de Fleury-lès-Aubrais.

M

cKey France (187 M€ de CA, 180 salariés dont une trentaine d’intérimaires), qui fournit 53 000 tonnes de steaks hachés par an aux 1 228 McDonald’s français, renforce

son unité de Fleury-lès-Aubrais (45). La direction a en effet confirmé, au printemps dernier, un programme d’investissement de 25 M€ qui va notamment permettre de revoir de fond en comble la chaîne du froid et d’agrandir le site de 4 500 m2. L’objectif est limpide : « Cette modernisation et cette extension de capacité vont nous permettre de gagner en compétitivité et de conquérir de nouveaux marchés auprès de notre client historique », indique ainsi le directeur général Arnaud Rochart. Le projet se concrétisera par la mise en place d’un nouveau processus de surgélation, la construction d’une chambre froide automatisée d’une capacité de 4 000 palettes ainsi que

l’extension du site de 6 500 à 11 100 m2. « Ce nouveau process de surgélation est fondé sur le froid mécanique. Il est plus performant et permet de réduire les livraisons d’azote qui représentent plus d’une dizaine de rotations de camions par jour », explique Grégory Blin, le directeur du site. L’investissement va également se traduire par une modernisation des sept lignes de production et par une augmentation du nombre de lignes de conditionnement qui passeront de trois à cinq. Selon la direction, la fin des travaux devrait intervenir en novembre 2012, la chambre froide négative étant déjà opérationnelle depuis quelques semaines. Jean-Christophe Savattier

Doux : la région va y laisser des plumes Les quelque 400 salariés de Doux en région Centre s’inquiètent des difficultés du volailler breton. Les éleveurs et les céréaliers craignent aussi un impact sur leur activité.

L

e dépôt de bilan du volailler Doux (3 400 salariés en France), préoccupe tant les salariés que les agriculteurs de la région Centre, où le groupe breton a 160 éleveurs sous contrat, un couvoir à Amilly (45), une usine d’aliments à Clémont (18) et deux outils d’abattage découpe à Blancafort (18) et Boynes (45). Plombé par une dette de 437 M€, le groupe breton a mis en place « un plan de continuation privilégiant l’emploi et la pérennité de l’entreprise », précise la direction. Lors du CCE qui s’est tenu au siège de Châteaulin (29) le 5 juin, la menace de licenciements planait, même si le président Charles Doux a rappelé qu’il souhaitait « éviter le démantèlement des usines » et qu’il « n’était pas question de vendre

36 La Lettre Valloire - Juin 2012

les marques Doux et Père Dodu ». Françoise Lavisse, déléguée centrale CFTC et déléguée syndicale de la SAS Doux frais de Blancafort, est « très inquiète sur l’avenir des sites de frais qui risquent d’être plus sévèrement touchés. Si aucun n’a été cité, j’ai de grosses craintes pour Blancafort, Boynes et Pleucadeux (56) qui sont en sous-production ». Spécialisés dans l’abattage et la découpe, les sites de Blancafort et de Boynes emploient respectivement 190 et 165 salariés. Le comité régional de l’aviculture (Criavi) a demandé au préfet de Région de créer une cellule de crise afin d’appuyer la mise en place d’un plan de sauvegarde de la filière volailles en région Centre et plus globalement de la filière viande blanche. Car les

difficultés du groupe leader en région (77 700 tonnes de volaille, 145 000 tonnes d’aliments) « fragilisent la filière avicole. Les 160 éleveurs sous contrat, prestataires et fournisseurs seront très impactés », souligne Hélène Prévéral, responsable de l’animation du Criavi. Elise Pierre

Charles Doux, président du groupe Doux


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Dossier

Formation

Formation continue, des pour la performance

Se former tout au long de la vie est devenu une nécessité. L’environnement professionnel change en permanence, les technologies évoluent, les salariés affichent de nouvelles aspirations. Comment les aider à acquérir et valoriser leurs compétences, les former à de nouvelles règlementations ou spécificités liées à l’évolution de leur métier ? De nombreux dispositifs existent comme la VAE, le CIF, l’alternance. Revue de détail.

«T

out le monde a besoin de se former pour être apte au changement, j’ai moi-même suivi des modules en management et je demande à mes collaborateurs de suivre des formations certifiantes !», témoigne Sylvie Lefèvre, créatrice et directrice générale de la SSII ID2 (45). Pour ce chef d’entreprise, la formation est un « vecteur obligatoire de performance ». Dans un monde professionnel en perpétuelle mutation, la formation peut en effet se révéler un outil stratégique, comme le confirme Robert Courbé, directeur de

Où se former en région Centre ?

• Afpa (Association pour la formation professionnelle pour adultes) www.centre.afpa.fr • CFSA de l’Aftec (apprentissage bac à bac+3) www.cfsa-aftec.com • Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) www.cnam-centre.fr • Greta (Education nationale, 6 dans l’académie d’Orléans-Tours) : www.greta37.com – www.gretaloiret.fr • CFAIURC (Centre de formation interuniversitaire en région Centre) www.cfaiurc.fr • Sefco (Service de formation continue et d’apprentissage) www.univ-orleans.fr/sefco • Sufco (Service universitaire de formation continue) www.formation-continue.univ-tours.fr • IAE de Tours : www.iae.univ-tours.fr • Escem : www.escem.fr • AFT Iftim (transport logistique) : www.aft-iftim.com • Cesi : www.exia.cesi.fr/centre-orleans.asp • Chambres consulaires : www.centre.cci.fr • GIP Alfa Centre - Carif Oref Centre www.etoile.regioncentre.fr et N° Vert : 0 800 222 100 • Financement : www.fongecifcentre.com

48 La Lettre Valloire - Juin 38 Décembre 2012 2011

business unit chez Abbot Products et grand utilisateur de la VAE : « Dans l’industrie pharmaceutique, il faut évoluer sans cesse ».

alternance. L’alternance, qui s’est étendue jusqu’au niveau bac+5, connaît un engouement tant côté employeur que salarié. Elaboré sur le

L’ALTERNANCE EST UNE FORMULE GAGNANT-GAGNANT, QUI PERMET DE FAÇONNER L’APPRENTI À L’ENTREPRISE ”

Que vous soyez dirigeant, salarié en CDD, CDI, intérimaire… vous pouvez vous former tout au long de votre vie. Qu’il s’agisse de progresser dans son métier, d’acquérir de nouvelles compétences, d’en développer d’autres ou de changer d’orientation. Sabine Grandpierre, qui a repris à 45 ans une licence professionnelle en gestion de la production industrielle est un bel exemple de reconversion : « En reprenant une formation en alternance, j’ai intégré la branche qualité de Dior ». Les méthodes d’apprentissage ont aussi évolué pour s’adapter aux besoins des salariés comme des entreprises. Organismes privés comme publics (universités de Tours, d’Orléans) offrent un large panel de formations en région Centre : cours du soir ou à distance (Cnam, Greta…), formations internes à l’entreprise – comme chez le boulanger industriel Banette – , préparation d’un diplôme d’école ou d’université dans le cadre d’un congé individuel de formation (CIF) et formations en

principe de l’alternance entre enseignement théorique (en école, CFA, université) et expérimentation d’un métier au sein d’une entreprise, elle repose sur un contrat de travail, contrat de professionnalisation ou d’apprentissage. Si les conditions d’accès – apprentissage uniquement jusqu’à 26 ans –, les durées et les modes de financement diffèrent, l’alternance permet d’accéder à la majorité des titres, diplômes et certifications. Conclure un tel contrat permet de former un salarié à ses méthodes de travail et à la culture de son entreprise. Le dispositif est soutenu financièrement par l’Etat ce qui implique divers avantages pour l’employeur (voir encadré) ainsi qu’une rémunération pour le stagiaire, selon son âge et son niveau de diplôme. « L’alternance m’a permis de financer mon école et de continuer à travailler sur l’exploitation», témoigne Carine Simoneau, qui reprendra bientôt les rênes de l’entreprise viticole Antoine Simoneau (41). Quelle que soit la formule choisie, le


outils de l’entreprise

Qu’il s’agisse de se remettre à niveau en anglais ou de se former à son métier, la formation sera un facteur de motivation ainsi qu’un outil efficace

cord, le salarié bénéficie d’une priorité d’accès au CIF. Sauf accord sur une durée plus longue, l’absence ne peut être supérieure à un an pour un

“ GRÂCE À LA PLATE-FORME D’E-LEARNING, J’AI PRÉPARÉ MON MASTER TOUT EN DIRIGEANT MON ENTREPRISE

de fidélisation. La formation, qui a lieu en dehors du temps de travail sauf disposition conventionnelle contraire, peut être prise en charge par l’employeur. Et en cas de désac-

diplôme obtenu en formation continue comme en alternance sera le même que celui obtenu en formation initiale. La seule différence tiendra à l’exigence d’organisation, afin de conjuguer la reprise d’études avec la vie professionnelle et la vie familiale. En cela, le développement de l’e-learning permet de compléter des cours classiques, voire de préparer un diplôme sans interrompre son travail. « Grâce à la plate-forme d’e-learning de l’Escem, j’ai pu préparer mon Master tout en dirigeant mon entreprise » explique Philippe Binet, directeur du développement chez Linet France. Depuis 2004, le droit individuel à la formation (DIF) permet à tous les salariés de bénéficier d’un capital de 20 heures de formation par an cumulables sur six ans dans la limite de 120 heures. C’est l’occasion de compléter ses compétences ou de se perfectionner en choisissant une formation, interne ou externe à l’entreprise.

stage à temps plein ou 1 200 heures pour un stage à temps partiel. Avant de reprendre une formation, il est important de faire le point sur ses aspirations, qualités, compétences,

« Formation continue : le système est à bout de souffle » Anne-Marie Fray, professeur à l’Escem en gestion des RH : « En France, le principal problème de la formation est bien connu et se nomme l’effet Matthieu : les populations qui en auraient le plus besoin sont celles qui en bénéficient le moins. Les publics les plus demandeurs sont les CSP+ qui sont déjà les mieux formés à la base. Les écarts déjà constatés en formation initiale se confirment. Le système français est à bout de souffle. Face à ce constat, il faut travailler sur les modalités de financement, faire un effort pour que le DIF soit élargi, afin que le salarié puisse entrer en formation 6 mois, 1 an, et que durant son absence des compensations existent sous forme de bourses, crédits d’impôts. Il faut que ces leviers d’actions ouvrent l’accès au plus grand nombre. La seconde réponse tient à la pédagogie : il faudrait universaliser les formes pédagogiques, les rendre plus innovantes et plus facilement accessibles… et ainsi faire baisser les coûts. Il faudrait décentraliser les centres de formation : il n’y a pas que les écoles et universités qui peuvent conduire cet effort ; les Greta, par exemple, peuvent y participer. La formation continue peut résoudre des problèmes d’employabilité, comme les salariés issus du textile qui se retrouvent sans emploi à 45 ans sans aucune autre formation. Il existe divers outils, mais la VAE peut s’avérer un vrai parcours du combattant si le passage à l’écrit n’est pas bien maîtrisé. Il y a une volonté collective et une prise de conscience mais pas encore assez de lien. »

La Lettre Valloire - Juin 2012 39


Dossier

Formation ainsi que le secteur dans lequel le candidat souhaite poursuivre. Pour cette étape clé, pourquoi ne pas réaliser un bilan de compétences, épaulé par un professionnel ? Et bénéficier d’un congé pour réaliser ce bilan en

toute activité rémunérée ou bénévole sera prise en compte. La VAE s’adresse à tous : salariés, demandeurs d’emploi, fonctionnaires, travailleurs indépendants, agriculteurs et chefs d’entreprise. Si l’expérience s’avère

“ LA VAE EST UN VÉRITABLE CHALLENGE, LE PLUS DIFFICILE ÉTANT DE CONJUGUER VIE PROFESSIONNELLE, ÉTUDES ET VIE PRIVÉE

tant que salarié, sous conditions d’ancienneté. Tests et entretiens à l’appui, ce check-up complet fera ressortir le meilleur du candidat. Il faudra compter deux mois pour bâtir un projet solide et cohérent. Une fois le projet ficelé, il sera nécessaire de le faire valider par un spécialiste. L’évolution professionnelle pourra alors revêtir différentes allures… Jean-Charles Porcell, aujourd’hui gérant du Nature House de Blois, a réussi sa reconversion professionnelle suite à un bilan de compétences, suivi d’une formation Master AE au Sefco : « À mon retour d’Espagne, après avoir été durant sept ans responsable de production d’un atelier de 200 personnes pour Paulstra, je n’avais plus de perspectives en interne. J’ai réalisé que je devais retrouver un poste de manager, mais qu’il me faudrait compléter mon parcours d’autodidacte par des connaissances en gestion », témoigne-t-il. Il ne faut pas omettre de recourir à la validation des acquis de l’expérience (VAE), qui permet de faire reconnaître l’expérience et de la « transformer » en diplôme allant du niveau CAP au BTS. La VAE est devenue, au même titre que la formation initiale, l’apprentissage et la formation continue, la 4e voie d’accès au diplôme. Seule condition pour en bénéficier : avoir au minimum trois ans d’expérience en relation avec le contenu du diplôme, du titre ou du certificat de qualification professionnelle visés. L’expérience professionnelle n’est pas la seule à compter : 40 La Lettre Valloire - Juin 2012

insuffisante pour obtenir l’intégralité d’un diplôme, le candidat dispose de cinq ans pour compléter les parties manquantes de la certification. La procédure de VAE nécessite une implication importante, et elle n’est pas automatique, comme le souli-

gnent nos témoins (lire pages suivantes) Philippe Binet, qui a obtenu par ce biais un Master en management de l’Escem, précise les enjeux : « Une VAE, ça se prépare avec ses collègues, sa direction et sa famille ! ». Toujours encadrée par un organisme de formation, la VAE nécessite un travail d’explication sur les compétences acquises, en rapport avec le titre, diplôme ou certification visée. Le candidat devra ensuite défendre son mémoire devant un jury. Selon les cas, ce dossier peut être complété par une mise en situation professionnelle. Nouvel élan dans une carrière professionnelle, la VAE reste une chance à saisir… pour le salarié comme pour l’entreprise.

Les avantages financiers de l’alternance Le dispositif de l’alternance implique divers avantages pour l’employeur. Les alternants sous contrat (d’apprentissage ou de professionnalisation) ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’effectif de l’entreprise.

En contrat de professionnalisation Exonération dégressive dite « réduction Fillon » pour les salariés en contrat de professionnalisation âgés de moins de 26 ans ou les demandeurs d’emploi de 45 ans et plus. Exonération des cotisations patronales de sécurité sociale (assurance maladie, maternité, invalidité et décès, vieillesse), et d’allocations familiales pour des salariés en contrat de professionnalisation âgés de 45 ans et plus. Financement des frais liés au tutorat et liés à la formation possible auprès de l’Opca.

En contrat d’apprentissage Les salaires versés aux apprentis sont exonérés de l’impôt sur le revenu dans la limite du montant annuel du Smic. Le crédit d’impôt apprentissage, soit 1 600 € par an et par apprenti embauché, jusqu’à 2 200 € dans le cadre d’un « accompagnement personnalisé » si l’apprenti est reconnu travailleur handicapé. Une indemnité compensatrice forfaitaire (ICF) est versée par la Région de 1 000 à 5 000 € par an. Exonération des charges sociales, salariales et patronales selon la taille de l’entreprise. Exonération de la taxe d’apprentissage si l’entreprise emploie au moins 1 apprenti dans l’année et si sa masse salariale est inférieure à 6 fois le Smic annuel. Les entreprises de plus de 250 salariés dont le nombre moyen annuel de salariés en alternance est supérieur à 3% de l’effectif annuel moyen bénéficient du taux normal de la taxe d’apprentissage (0,5% de la masse salariale) au lieu de 0,6% lorsque le pourcentage de 3% n’est pas atteint.



Dossier

Formation

VAE, lorsque l’expérience Reprendre une formation n’est pas le seul moyen de décrocher un diplôme. Véritable passeport pour mettant à profit les savoirs acquis dans le cadre professionnel.

« La VAE m’a apporté beaucoup de crédibilité » À 60 ans, Robert Courbé, directeur d’une Business Unit Pharmacies et Hôpitaux chez Abbott, a obtenu par VAE le Mastère Spécialisé Santé & Industries pharmaceutiques à l’Escem.

Diplôme Bac+2 en commerce en poche, Robert Courbé a débuté comme visiteur médical et n’a plus quitté le secteur de l’industrie pharmaceutique… durant 33 ans. Chef de produit, il devient chef de laboratoire, puis directeur marketing, directeur commercial et passe d’une entreprise à une autre. « Dans l’industrie pharmaceutique, il faut évoluer

42 La Lettre Valloire - Juin 2012

sans cesse «, sourit-il. En 1992, il reprend ses études en temps partagé à l’Essec et obtient un Mastère 2 en Management : « Ce diplôme m’a ouvert d’autres perspectives ». Directeur commercial, il évolue au poste de directeur de business unit. Décidant qu’il « n’y a pas d’âge pour les études », Robert Courbé entame une VAE… à 59 ans, avec l’Escem, afin d’obtenir le MS Santé & Industries pharmaceutiques. « J’avais une expérience à partager, mais rien qui ne la certifiait », explique-t-il. Robert Courbé suit des cours en droit et en économie de la santé pour se « remettre à niveau ». Le rythme est

soutenu. Il rédige son mémoire la nuit, et suit certains cours à distance grâce à la plate-forme d’e-learning de l’Escem… mais ne regrette rien : « Cette VAE m’a apporté beaucoup de crédibilité ». On va, en effet, lui confier la direction des hôpitaux, en sus de la direction pharma des Laboratoires Abbott. Et comme Robert Courbé est un éternel étudiant, il a choisi de faire valoir son DIF (droit individuel à la formation) pour suivre une formation certifiante en « commercialisation des activités de consulting » au pôle universitaire de l’Institut Léonard de Vinci (Paris). On ne se refait pas !


vaut diplôme booster sa carrière, la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) permet d’obtenir un diplôme en

« Un pas décisif vers la reconnaissance » Marie-Danielle Havard a obtenu successivement en VAE une Licence professionnelle et un Mastère MIAGE, ce qui lui a permis d’évoluer d’un poste de technicienne à un poste d’ingénieur à la DGA de Bourges.

A la Direction générale de l’armement techniques terrestres (DGA) de Bourges, Marie-Danielle Havard travaillait depuis 15 ans en tant que technicienne en informatique scientifique. « Ayant arrêté mes études à bac+2, je devais obtenir un niveau bac+3 pour me présenter au concours et accéder à la catégorie A », explique-t-elle. Après plusieurs mois de recherche, la jeune femme s’inscrit dans un cursus VAE avec le Sefco* d’Orléans. « Six mois de recherche ont été nécessaires, car il ne faut pas se fier aux intitulés mais bien vérifier le détail des contenus de formation », souligne Marie-

Danielle Havard, qui a décroché sa licence professionnelle en Réseaux télécom systèmes et applications distribués en seulement un mois. « Le jury m’a conseillé de ne pas m’arrêter là, et de tenter le Mastère MIAGE », se souvient-elle. Sa licence lui permet d’être reçue en 2006 au concours d’ingénieur. Deux ans plus tard, elle décide de tenter le Mastère. Désormais diplômée, Marie-Danielle Havard se sent « reconnue », et peut prétendre à de belles perspectives de carrière. « Il existe un projet d’ouverture d’un corps de fonctionnaires réservé aux bac+5 et au-delà, auquel je pour-

rai adhérer », se ré-jouit-elle. Le plus complexe était de choisir quelles expériences et documentation présenter pour justifier de mes compétences », ajoute MarieDanielle Havard, qui n’exclut pas totalement de se lancer un jour dans une thèse, tant la VAE lui a apporté. * Service de formation continue et d’apprentissage.

La Lettre Valloire - Juin 2012 43


Dossier

Formation « Une VAE se prépare » Philippe Binet, 43 ans, directeur du développement chez Linet France (fabricant de mobilier hospitalier), a obtenu un Mastère en Management à l’Escem, via la VAE.

Autodidacte, Philippe Binet, directeur technique et développement chez Linet France, rêvait depuis longtemps d’obtenir un diplôme car « le BTS Mécanique et Automatisme industriel ne correspondait pas à mes responsabilités. Je souhaitais un diplôme en phase avec mes compétences », explique-t-il, précisant qu’il n’aspirait pas à « changer de salaire ni de poste, mais à réfléchir différemment, avec d’autres interlocu-

teurs… ». Son activité professionnelle ne l’autorisant pas à s’absenter, même quelques jours par mois, sur une longue période, Philippe Binet opte pour la VAE : « Mon expérience dans certains domaines me dispensant de l’intégralité des cours m’a permis de conjuguer au mieux activité professionnelle, formation et vie familiale. Car une VAE, ça se prépare ! L’investissement est important : il faut préparer la VAE avec ses collègues, sa direction et sa famille », explique-t-il. Accompagné par l’Escem, qui l’a guidé dans la réalisation de son dossier, Philippe Binet obtient le Mastère en Management. « Cet

accompagnement est un réel soutien moral et organisationnel. Il permet de bénéficier de l’expérience de nos prédécesseurs et de garder un lien permanent avec l’école ». Aujourd’hui directeur du développement de Linet France, Philippe Binet se dit plus serein. « Je me sens mieux armé pour faire évoluer ma carrière. Cette formation m’a donné du recul sur mon travail, ainsi que de l’assurance. J’avais un complexe en terme de formation. On pense avoir une valeur mais on n’en est jamais certain ! », conclutil.

« C’est aussi un challenge personnel » Bastien Pointud, entrepreneur, a obtenu une licence professionnelle en Management des organisations des entreprises au Sefco.

Bastien Pointud a toujours eu la fibre entrepreunariale. Autodidacte, il crée la librairie l’Odyssée en CharenteMaritime, qu’il dirige durant plusieurs années avant de la revendre pour monter un cabinet d’expertise dans le domaine du bâtiment : « L’entreprise a été ramenée dans le Cher et recentrée sur des activités de thermographie ».

Bastien Pointud traverse alors une période de remise en question et s’inscrit au Sefco pour décrocher en VAE une licence professionnelle en Management des organisations, avec un suivi régulier à l’IUT de Bourges : « Droit, économie, comptabilité, RH, commerce : le diplôme correspondait à ma création de librairie, j’ai dû tout remettre à plat pour synthétiser mon expérience et rédiger mon mémoire », détaille-t-il. Mémoire qu’il soutient devant un parterre de chefs d’entreprise et professeurs afin de décrocher son diplôme après dix mois d’investissement : « C’était un

véritable challenge, le plus difficile étant de conjuguer vie professionnelle, études et vie privée. Mais c’est une énorme satisfaction personnelle d’avoir un diplôme universitaire reconnu ». A l’issue de sa VAE, Philippe Binet a décidé de voir le monde du travail sous un nouvel angle : il a signé un CDD en tant que responsable RH de l’Ehpad de Sancoins : « C’est grâce à mon diplôme, couplé à mon expérience, que j’ai obtenu ce poste », conclut l’entrepreneur, qui poursuit parallèlement ses activités de diagnostic.

Quel diplôme, quel titre ? La VAE ne s’applique ni à des diplômes généraux (bac général), ni aux diplômes propres aux universités et aux autres établissements d’enseignement supérieur, publics ou privés. Retrouvez la liste complète des diplômes, titres et CQP éligibles à la VAE sur le site du Répertoire national des certifications professionnelles : www.cncp.gouv.fr Sur www.centre-inffo.fr, trouvez le point accueil le plus proche.

44 La Lettre Valloire - Juin 2012


XAVIER TERRIEN, directeur du CFAIURC (Centre de Formation d’Apprentis Inter-Universitaire Région Centre)

« Les entreprises

ont tout à gagner à l’apprentissage »

La Lettre Valloire : L’apprentissage à l’université est en forte progression. Comment aidez-vous les entreprises à s’y retrouver ? Xavier Terrien : Nous venons de recruter un chargé de développement qui fera le lien entre les besoins de l’entreprise et l’offre existante au niveau régional. C’est un progrès important car un certain nombre de nos entreprises partenaires – nous en comptons près de 800 – intègrent des jeunes apprentis engagés dans des cursus très différents. Elles avaient besoin d’un point d’entrée leur permettant de faciliter leurs démarches. Je rappelle que le CFAIURC gère près de 76 formations, soit près de 1 200 apprentis à la prochaine rentrée.

La Lettre Valloire : Dans quel état d’esprit se trouvent les entreprises vis-à-vis de l’apprentissage ? Xavier Terrien : Elles ont compris tout l’intérêt qu’elles pouvaient retirer de la formule… même si certaines ont encore du mal à se conformer aux obligations légales qui seront prochainement renforcées. En principe, les entreprises de plus de 250 salariés devront employer 4% de leur effectif dans le cadre de contrats en alternance au risque de subir des pénalités. Mais ce n’est pas la peur du gendarme qui encourage les entreprises à faire le choix de l’apprentissage mais bien le bénéfice que représente l’intégration réussie d’un jeune talent.

La Lettre Valloire : Qu’est ce que l’entreprise doit faire pour intégrer des jeunes apprentis universitaires ? Xavier Terrien : La principale ressource à déployer, et c’est sans doute la plus rare, c’est le temps ! II faut que les entrepreneurs dégagent du temps pour insérer ces jeunes. Il est indispensable de désigner un maître d’apprentissage et d’affecter le jeune à des missions précises compatibles avec la formation théorique suivie. L’exercice peut paraître contraignant mais les dirigeants sont souvent surpris de la rapidité avec laquelle les apprentis parviennent à s’intégrer et à s’acquitter de leurs missions.

www.cfaiurc.fr

La Lettre Valloire : Du temps, et tout de même un peu d’argent ? Xavier Terrien : L’embauche d’un apprenti dans le cadre d’un DUT, d’une licence ou d’un master pro, reste tout à fait supportable financièrement. Le coût pour l’entreprise varie en fonction du niveau de formation et de l’âge de l’apprenti, de 25 à 61% du Smic. Ce montant bénéficie de toute une palette d’aides : exonération de charges sociales, crédit d’impôt. Par ailleurs, la Région Centre accorde une indemnité compensatrice forfaitaire annuelle qui peut s’élever à 1 000 €. Ces incitations sont à la hauteur de l’enjeu : intégrer définitivement des jeunes après une « super » période d’essai si le poste correspond à leurs, vœux !

La Lettre Valloire : Votre offre va-t-elle s’étoffer à la rentrée prochaine ? Xavier Terrien : Nous allons lancer huit nouvelles formations dont une licence pro dans le domaine des énergies renouvelables à Tours et à Chartres, un DUT mesures physiques à Bourges, une licence pro qualité des systèmes d’information à Blois, une licence pro optométrie et basse vision, également à Blois, une licence pro gestion de l’énergie et un master finances et contrôle de gestion à Orléans et enfin une licence pro management des organisations à Châteauroux.


Dossier

Formation

L’alternance plébiscitée En contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, l’alternance est devenue un véritable sésame pour accéder au monde professionnel. Ce mode d’apprentissage permet de former un salarié à sa culture d’entreprise, à des niveaux de diplôme allant du CAP au titre d’ingénieur. La parole aux stagiaires et à leurs tuteurs...

« La formation est très pragmatique » Alix Bonet, attachée commerciale chez ID2, prépare en contrat de professionnalisation le diplôme de responsable management Arcadre au Cesi.

En tant que responsable grands comptes et PME, je suis amenée à recruter des collaborateurs pour notre SSII, à les faire évoluer et monter en compétences. J’avais besoin d’un apport théorique sur les connaissances managériales.

Titulaire d’un BTS NRC et d’un Bachelor en ressources humaines, j’ai débuté avec le Cesi la formation Management Arcadre, et quelques modules en RH. J’aime cette formation car elle est très pragmatique. Je ne vais pas sortir avec

une recette de cuisine magique, mais en ayant d’autres idées sur la manière de procéder !

« La formation est un vecteur de performance » Sa tutrice, Sylvie Lefèvre, DG de ID2, créatrice de la SSII ID2 (38 salariés).

Accueillir un apprenti, c’est un recrutement : on intègre un débutant, pour lequel on doit être là durant toute la formation. Le retour sur investissement se fera plus tard, il faut

s’inscrire sur la durée. C’est d’autant plus important sur des fonctions commerciales comme la vente aux grands comptes. Le lien avec l’école est primordial, c’est un contrat tripartite. J’ai créé cette entreprise en 2001 avec une identité très

forte, il est donc important qu’Alix Bonet puisse s’identifier à nos valeurs. J’ai moimême suivi des modules et je demande à mes collaborateurs de suivre des formations certifiantes. La formation est un vecteur de performance.

« J’applique directement ce que j’apprends » Céline Larjo, en IUT Techniques de commercialisation au CFAIURC, en alternance chez le viticulteur Antoine Simoneau, à St-Georges-sur-Cher (41).

Après mon bac scientifique, j’ai suivi une première année à l’université en Sciences de la vie et de la terre… qui ne me correspondait pas. J’ai alors choisi une formation en apprentissage. On comprend tout de suite à quoi servent nos connaissances. Ma formation scientifique m’est utile également sur le volet exploitation, et je suis ravie de m’investir sur la partie export, car j’adore l’anglais. Je me suis déjà déplacée en

Angleterre, en Allemagne et je vais partir à Hong-Kong pour le salon Vinexpo ! La taille de l’entreprise me permet aussi de toucher à tout : des campagnes d’emailing à la préparation de salons en passant par la comptabilité, la gestion des stocks. J’apprécie de traiter avec les clients en direct. Quand on a goûté à l’apprentissage, on ne peut plus s’en passer !

« J’ai moi-même été formée en alternance » Sa tutrice, Carine Simoneau, responsable commerciale.

Nous accueillons régulièrement des apprentis. Nous les formons en amont sur l’aspect vente aux particuliers, pour qu’ils se familiarisent avec nos produits, puis ils vont étudier nos procédés de vinification avant de découvrir la partie

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exportation, pour laquelle ils se déplacent à l’international. Nous adaptons leurs missions selon leurs capacités et leurs envies, pour prendre le meilleur de chacun ! Notre seul problème est de les retenir car ils poursuivent souvent

ailleurs leur carrière. Beaucoup d’anciens apprentis travaillent désormais aux Etats-Unis, en Australie... Ils ont agrandi notre réseau.



Dossier

Formation

« Je mets en application la théorie au quotidien ! » Karima Ghayou, 22 ans, en licence professionnelle au Cesi, est en contrat de professionnalisation au service Qualité de Banette à Briare.

Lors de mon DUT Qualité, Logistique industrielle et Organisation, j’avais déjà effectué un stage chez Banette. Ayant le projet de me spécialiser en qualité, j’ai décidé de poursuivre en alternance en préparant une licence professionnelle, spécialité « Animateur Qualité Sécurité Environnement » (QSE). Le Cesi m’a accompagnée dans mon projet d’intégrer Banette. La formation est

très complète. Avoir l’avis d’un tuteur expérimenté me permet de consolider mes savoir-faire. En ce moment, je réalise un audit interne, ce qui m’ouvre des perspectives d’évolution. Après ma licence, je pourrai aspirer à différents postes de QSE même si je n’aurai pas de poste à responsabilité avant d’avoir acquis suffisamment d’expérience.

« Miser sur le savoir-faire du boulanger » Son tuteur, Yves-Noël Montheard, responsable qualité chez Banette SAS (40 salariés, 22 moulins, 3 000 boulangers en France).

Nous avons mis en place un système de management collectif de la qualité, en créant une filière dédiée « FQB ». Elle permet d’assurer la qualité des produits dans toutes nos enseignes, et le respect de nos recettes de fabrication. Grâce à notre école interne, nous for-

mons à nos différents métiers, ce qui permet aux boulangers de se familiariser avec nos produits, à travers des formations autour de la qualité des blés et de la farine. Car faire du bon pain tient à 30 % aux ingrédients et 70 % au savoir-faire du boulanger ! Je forme

Karima Ghayou à l’assistance qualité. Je la « briefe » sur certains dossiers puis nous corrigeons ensemble. L’avantage de l’alternance est aussi de faire connaître nos astuces dans le métier.

« L’alternance m’a permis de ne pas perdre le contact » Sabine Grandpierre, 45 ans, en contrat de professionnalisation chez Dior, suit une licence professionnelle en Gestion de la production industrielle, option Chaîne logistique globale.

Diplômée d’un DUT en documentation, j’ai multiplié les missions administratives avant de devenir responsable d’équipe,

formatrice puis assistante RH pour Quelle La Source. Lors de la restructuration, j’ai bénéficié d’un bilan de compétences qui a mis en exergue mes compétences en management. Je me suis alors formée avec l’AFT-Iftim comme technicienne supérieure en méthodes et exploitation logistique. J’ai ensuite assuré différentes missions, notamment celle de responsable d’exploitation chez Me-dialog, superviseur logistique chez Plastipak, mais un problème de santé m’a obligée à me détacher du terrain. J’ai repris une formation en gestion de la

production industrielle avec l’IUT. d’Orléans. Cette formule me permet de ne pas perdre le contact avec le milieu professionnel. Je mets en pratique les enseignements au sein du service qualité de Dior, en hygiène industrielle. C’est une chance d’être formée dans cette grande maison ! J’interviens sur le suivi qualité de la prestation de nettoyage et la qualité de l’air dans les unités de production. On me laisse être force de proposition. Je fais des audits et propose des plans d’actions. L’entreprise est très accompagnante !

« L’apprenti suit un parcours d’intégration » Véronique Mothu, responsable hygiène industrielle chez Dior.

Depuis 28 ans chez Dior, j’ai travaillé pour le service achats, puis pour un service de planification. J’ai rejoint le département qualité en tant que responsable hygiène industrielle après un poste au sein d’un service d’amélioration continue « Produire juste » J’ai souhaité être tutrice car ce rôle est très riche en terme d’échanges.

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Comme tout nouveau salarié, l’apprenti suit un parcours d’intégration très complet. J’ai proposé à Sabine Grandpierre des missions qui correspondent à son module de formation qualité. Sabine avait déjà une expérience de management, aussi a-t-elle été rapidement autonome. Elle bénéficiera, comme tous les salariés,

d’un entretien annuel d’évaluation. Des « conseils de classe » sont organisés pour l’ensemble des contrats en alternance afin d’envisager la poursuite éventuelle d’une collaboration dans notre entreprise à l’issue du contrat. C’est un investissement, mais l’entreprise a tout à y gagner !


GÉRARD BOUYER, VICE-PRÉSIDENT CCI TOURAINE

La CCI Touraine a mis en ligne son nouveau site web Sésame emploi qui se veut un outil local pour rapprocher entreprises et candidats Pourquoi la CCI Touraine se dote-t-elle d’un site web dédié à l’emploi alors qu’il en existe déjà beaucoup ?

GÉRARD BOUYER : La CCI Touraine a lancé son premier site Sésame emploi en 2003. Il est normal qu’une chambre consulaire se sente concernée par cette question, l’une de celles qui préoccupent le plus nos concitoyens et nos entreprises. Selon l’enquête “Besoin en main d’œuvre” réalisée par Pôle Emploi, les établissements d’Indre-et-Loire envisagent 15 200 recrutements cette année. Ce besoin de main d’œuvre, très important, nécessite la mise en relation entre candidats et recruteurs ce qui explique pourquoi notre site a autant de succès. Il était toutefois nécessaire de l’adapter à la demande de ses utilisateurs, en lien avec l’évolution des nouvelles technologies de l’information. Nous avons donc décidé de réfléchir à une seconde version de Sésame emploi : elle vient d’être mise en ligne.

« Sésame emploi s’adresse aux entreprises de Touraine ou qui recrutent en Touraine » Quelles étaient les attentes des utilisateurs ?

GÉRARD BOUYER : Tout d’abord, il est utile de préciser que nous avons lancé une enquête auprès des entreprises utilisatrices. Tout le monde a demandé que le site Sésame emploi s’inscrive dans la durée. Nous avons travaillé pour améliorer ses fonctionnalités en offrant le choix le plus étendu d’emplois, de stages, de contrats d’apprentissage et de professionnalisation. Nous avons adapté l’outil aux pratiques actuelles avec une version consultable sur smartphones et tablettes et avec l’envoi d’une alerte lorsqu’une offre et une demande d’emploi sont en adéquation.

Quels sont les principes qui vous ont guidés ?

GÉRARD BOUYER : Nous nous positionnons avant tout comme un acteur du territoire. Cette notion de proximité est importante et les entreprises, tout comme les candidats que nous avons interrogés, nous l’ont souvent rappelé. Deux principes importants nous ont guidés : la simplicité et la gratuité. Cette facilité d’utilisation permet de relayer et de faire circuler les offres le plus largement possible, et notamment sur des réseaux sociaux, comme Facebook et Viadeo.


Economie

Manager

Des entrepreneuses en mal Typhaine Lebègue, docteur en Sciences de gestion, professeur à l’Escem, est l’auteur de la première thèse en France sur l’entrepreneuriat au féminin. Source d’épanouissement et d’équilibre entre sphère familiale et professionnelle, la création d’entreprise au féminin représente également un levier économique important pour l’Hexagone.

E

Typhaine Lebègue, enseignant-chercheur à l’Escem, est l’auteur de la première thèse en France sur l’entrepreneuriat au féminin.

n France, seulement 30 % des chefs d’entreprise sont des femmes, contre 48 % aux Etats-Unis, et seulement 29 % d’entre elles se lancent dans l’entrepreneuriat alors qu’elles composent 50 % de l’auditoire lors des réunions d’informations, selon une étude récente. « Pourtant, l’entrepreneuriat féminin représente un formidable réservoir de croissance, a rappelé Hervé Novelli, ancien secrétaire d’Etat aux PME. Les femmes représentent 46 % de la population active alors qu’elles ne représentent que 28 % des entrepreneurs dans les TPE-PME.» C’est dans ce contexte que Typhaine Lebègue, docteur en Sciences de gestion, professeur en entrepreneuriat à l’Escem, est allée durant quatre années à la rencontre de 107 femmes en France, au Canada et en Belgique, afin de les interroger sur leur parcours, leurs difficultés, leurs doutes,

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leur organisation... « Sans aucun postulat de départ, je souhaitais étudier ce qui se passe durant la phase de conception et de création de leur entreprise. Il n’existait aucune étude française spécifique aux entrepreneuses », explique-t-elle. Typhaine

tecte d’intérieur pour qui il était primordial d’apporter d’abord du bienêtre à ses clients. Autre motivation récurrente, l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, même si ces entrepreneuses « ne travaillent pas moins. L’entreprise leur apporte

CES VOCATIONS ENTREPRENEURIALES AU FÉMININ REPRÉSENTENT UN LEVIER ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL ”

Lebègue a suivi plus particulièrement une dizaine de femmes en France (5 en projet et 5 en début de création), à travers des entretiens mensuels. Les résultats ont montré des motivations singulières à la création : « L’entreprise doit être un vecteur d’épanouissement pour elle mais aussi pour les autres », rapporte Typhaine Lebègue qui cite une archi-

une liberté dans la gestion de leur emploi du temps, tout en étant responsables à 100 % de leurs choix, ce qui peut engendrer de la culpabilité par rapport à leur famille ». De plus en plus de créations interviennent après une remise en question, qui peut être liée à un récent licenciement comme à une période comme le congé maternité. Baptisées les « mom’preneurs », ces femmes qui lancent leur activité suite à la naissance de leurs enfants sont toujours plus nombreuses. Autre spécificité de ces chefs d’entreprise au féminin: « Beaucoup veulent limiter les risques par rapport à leur famille et se lancent en fonds propres, sans prêt, ce qui limite le développement de leurs activités », souligne l’auteur: 4,1 % seulement des femmes font appel aux business angels. Et 87 % des entreprises créées en 2008 ne comptent aucun salarié, contre 75 % en 1993. Typhaine Lebègue s’est aussi intéressée à tous les freins à la création, qui pourraient expliquer la déperdition de vocations (29 % de créatrices contre 50 % intéressées). Outre la


de légitimité non-viabilité du projet ou le manque de soutien de leur entourage, les femmes rencontrent un problème de légitimité. « C’est lié à la notion de self efficacy : est-ce que je vais être assez solide ? Car l’entrepreneuriat est un métier qui demande une capacité d’apprentissage », rappellet-elle. D’autres difficultés sont récurrentes : communiquer avec les banques, réseauter pour avoir une visibilité commerciale et ne pas rester cantonnées à leur territoire de proximité. « Ces femmes ont du mal à se sentir légitimes, à développer une stratégie commerciale pour se vendre et vendre leurs produits. Pour elles, il y a souvent une connotation péjorative dès que l’on parle de prix, de financement », commente Typhaine Lebègue qui souligne le manque de réseaux ouverts ou dédiés aux femmes, pourtant indispensables à leur développement (voir encadré). « En Bretagne, seuls 16 % des réseaux sont mixtes. Il faut que ces femmes d’affaires réussissent à mettre en œuvre une véritable stratégie marketing, afin de s’ériger en modèles de chefs d’entreprise de TPEPME auxquels chacune puisse s’identifier. » Dernier intérêt à motiver les vocations entrepreunariales chez les femmes, la courbe démographique : « 75 % des femmes entrepreneuses actuelles ont plus de 50 ans. Cela signifie que dans les prochaines années, un nombre important d’entreprises détenues par les femmes seront à reprendre. Si l’on ajoute les transmissions d’entreprises – tous sexes confondus – que l’Insee estime à 700 000, on ne peut nier que les femmes représentent un potentiel de développement entrepreneurial dont la France ne peut plus se passer ». Une réalité démographique qui renvoie à la problématique plus globale de la parité.

Malgré les nombreuses initiatives menées par les entreprises comme par l’Etat pour favoriser l’emploi des femmes, les résultats sont encore insuffisants. Or, selon une étude du cabinet Mc Kinsey, « si le taux d’emploi des femmes reste constant, une

pénurie de 24 millions de personnes actives est à prévoir en 2040 en Europe ; en revanche, si le taux d’emploi des femmes atteignait celui des hommes, cette pénurie pourrait être ramenée à 3 millions d’actifs ». Elise Pierre

Des réseaux dédiés aux « working girls » A Bourges, le centre de ressources Solen (Service d'optimisation et de lancement pour l'entrepreneuriat) a décidé de s'engager activement pour « favoriser l'insertion des femmes dans le monde de l'entrepreneuriat et renforcer leur représentation dans la hiérarchie organisationnelle », résume Anne-Lucie Clausse, directrice. Adossé à l’Association des femmes chefs d’entreprise de France, la structure a pour ambition de « répondre aux problématiques rencontrées par les femmes dirigeantes et, plus largement, par toutes celles qui exercent des responsabilités dans les instances politiques et juridiques ou dans les organisations publiques et privées ». Tutorat, séminaires, accompagnement de projets citoyens, mais aussi réseautage pour s'identifier à un groupe, partager ses préoccupations, trouver des mentors vers lesquels s'identifier ou tout simplement booster sa carrière. Autant d'outils spécifiques qui participent à renforcer le potentiel de leadership des femmes et à lever les freins à leur évolution professionnelle. A Tours, le réseau « Working girls » propose de réunir des chefs d’entreprise indépendantes d’Indre-et-Loire pour partager leurs expériences, leurs idées et leurs contacts professionnels. Les savoirs sont mutualisés dans trois pôles de compétences : l'assistance juridique ou commerciale pour les entreprises, les services aux particuliers et les métiers de la création. La délégation Touraine du réseau Femmes 3000 a été lancée en 2006 à l’initiative de Stéphanie Gherissi. La fédération a pour mission de donner de la visibilité aux femmes et à leurs projets. Solen : 02 46 47 02 18/19 Working girls : http://www.facebook.com/WorkingGirlsRegionCentre Femmes 3000 : 02 47 21 99 30 et http://femmes3000touraine.blogspirit.com/

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Economie

Manager

Mars, la planète où il fait bon travailler Mars Petcare & Food France, filiale du groupe Mars installée à St-Denis-de-l’Hôtel (45) a remporté la 3e place au palmarès de l’Institut Great Place to Work qui classe les entreprises selon le critère du bien-être au travail. L’entreprise a développé une politique de management qui repose sur l’équité, la transparence, la responsabilité… et la convivialité.

L

a filiale du groupe familial Mars Incorporated, Mars Petcare & Food France, spécialisée dans l’alimentation pour animaux (Pedigree, Whiskas, Cesar et Sheba) à St-Denis-de-l’Hôtel (45) vient d’obtenir la 3e place au classement de l’Institut Great Place to Work des « bestworkplaces », un classement

Mars Petcare & Food France s’engage pour le bien-être de ses salariés et de leurs animaux.

qui s’adresse aux entreprises de plus de 500 salariés, et ce, derrière Pepsico et Microsoft. C’est une belle performance : 98 % des salariés de Mars Petcare & Food France (860 salariés, 696 M€ de CA) affirment « être fiers de travailler pour cette entreprise ». Un véritable plébiscite ! « En 2011, nous avions obtenu la 4e place et un prix spécial pour l’équité », rappelle Pascale Perez, chargée de communication. L’équité est déclinée sous différentes formes chez Mars Petcare & Food. L’égalité salariale, la parité, la lutte contre toutes les discriminations sont au cœur de l’ADN de la société. « Çela commence au bureau puisque nous travaillons sur un plateau commun organisé en open space », détaille Pascale Perez. Surprenant de

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découvrir les membres du comité de direction logés à la même enseigne que les autres salariés. Et ces règles s’appliquent jusqu’à la cantine et au parking où les salariés se garent par ordre d’arrivée. Le résultat est là : plus de 95 % des salariés ont reconnu être traités équitablement. La transparence constitue aussi l’un

des fondamentaux de la société. Elle s’affiche jusque sur les murs des bureaux, où sont placardées les grilles salariales ainsi que les primes obtenues (« best of Mars »). Chaque mois, le pdg commente publiquement tous les résultats de l’entreprise. « La clé de la réussite réside sans doute dans

la responsabilité allouée à chacun, il y a une réelle prise de décision individuelle», avance Pascale Perez. Lors de l’audit, 94% des salariés ont d’ailleurs répondu qu’on leur accordait beaucoup de responsabilité. Cette politique correspond à une organisation décentralisée à l’échelle du groupe (65 000 collaborateurs sur 365 sites) qui tire ses racines de son histoire familiale (voir encadré). « Il est fondamental que les salariés se sentent bien. C’est une condition nécessaire de la performance », appuie Michel Klersy, pdg de Mars Petcare & Food France. Pour optimiser ce bienêtre, salué par les salariés qui déclarent à 94 % que « l’ambiance est conviviale », l’entreprise perpétue les moments festifs ; elle sera bientôt dotée d’une crèche. « C’était logique, nous accueillons déjà les... chiens pour lesquels nous avons aménagé un enclos et un parcours d’agility », souligne Pascale Perez. Décidément, Mars est une planète où il fait bon travailler. Elise Pierre

Mars : l’histoire d’une famille américaine Passé d’une confiserie dans le nord-ouest des Etats-Unis en 1911 à une entreprise mondiale, opérant aujourd’hui dans près de 71 pays avec plus de 65 000 collaborateurs répartis sur 365 sites, le Groupe Mars Incorporated, est devenu un acteur majeur sur ses secteurs d’activité : le chocolat, les aliments préparés pour animaux de compagnie, les chewing-gum et la confiserie de sucre, ainsi que le riz qui générent au total un CA de plus de 30 Md$. Mars est toujours propriété de la famille Mars. Les trois enfants (Forrest, Jacqueline et John) de Forrest Sr. Mars, fils du fondateur Franck C. Mars, sont classés par Forbes au 43e rang des fortunes mondiales avec un patrimoine estimé à 9 Md$ chacun.






Economie

Chantiers

EURE-ET-LOIR Une maison multifonctions de 1 450 m² regroupant un accueil de loisirs, le RAM et un local associatif sera construite à Nogent-leRotrou, quartier des Gauchetières, sur un terrain de 2 ha cédé à la Communauté de communes du Perche par Perche Habitat. Une convention de maîtrise d’ouvrage sera signée entre la CdC et la Ville afin de débuter le chantier en novembre 2012. Montant de l’opération : 2,6 M€.

CHER Un établissement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de 2 875 m², qui comprendra 75 lits, verra bientôt le jour à ChezalBenoît. Le projet représente un investissement de 6,5 M€.

Viollette et de la rue aux Tanneurs. Début des travaux cet été.

Le PLU de Saint-Victor-de-Buthon projette d’ouvrir à l’urbanisation 3,6 ha de terrains classés en zone AU. L’une des zones de 1,5 ha permettra la création d’une douzaine de logements. Le magasin Carrefour Market de Sancerre va pouvoir s’agrandir. La CDAC du Cher vient d’autoriser l’extension du bâtiment, de 1 700 m² à 2 370 m².

EURE-ET-LOIR L’ancien site d’Eurodif à Dreux va accueillir un programme immobilier du promoteur La Rotule Nord, qui comprendra 29 logements, 40 parkings souterrains et deux commerces en RDC, à l’angle de la grande rue Maurice-

La construction d’un parc de 50 logements aux Vauvettes à Vernouillet, près de Dreux, répartis en quatre immeubles en R+3, est lancée. Confié à la société DV Construction, ce programme est financé par les fonds de l’Agence de rénovation urbaine. Une seconde tranche prévoit la démolition des établissements Louis afin de construire 20 pavillons.

Le groupe Guignard investit dans l’achat d’un terrain de 0,4 ha à Châteauroux, entre l’IUT et l’ancienne caserne des pompiers, afin d’y construire un bâtiment qui accueillera sur 1 700 m² Pôle Emploi et le CCAS en 2014.

INDRE-ET-LOIRE Le bâtiment de 3 550 m² qui abritait France Telecom, au 7 place Goya à Tours, est en voie de démolition. Le projet de réhabilitation porté par le Conseil général et Val Touraine Habitat prévoit la construction d’immeubles d’habitation à caractère social et des appartements de prestige.

INDRE-ET-LOIRE

L’hôpital Louis-Pasteur du Coudray va restructurer et étendre son service de consultations externes (de 1 100 à 1 940 m²). Les anciens locaux vont être restructurés pour 600 000 € et un nouveau bâtiment construit pour 3,2 M€. La direction des soins sera transférée dans des bâtiments modulaires en construction (1,7 M€).

A Bourges, un ancien foyer pour handicapés de 200 lits (5 900 m²) va être réhabilité par Jacques Cœur Habitat, dans le cadre de l’appel d’offres Logement Design pour tous. Aucun calendrier n’a encore été annoncé pour ce projet. La Ville de Vierzon a lancé le projet de relocalisation de son conservatoire municipal de musique, qui pourrait s’installer sur le site du lycée Henri-Brisson. Il prévoit la création d’un auditorium de 700 places ; le coût de l’opération s’élèverait à 5,4 M€.

Le conseil communautaire du Pays Courvillois a voté la construction d’un pôle dédié à la jeunesse à Fontaine-la-Guyon, derrière l’école. Le bâtiment modulaire de 200 m2, aux normes thermiques 2012, pourrait accueillir 60 maternelles et primaires. Le restaurant scolaire et un dortoir seront mis à disposition du futur centre aéré.

Le conseil communautaire de Chartres a retenu à l’unanimité le projet du cabinet Arc et A qui prévoit la construction pour un coût de 5 M€ d’un bassin olympique extérieur de 50 mètres à l’Odyssée, avec des gradins pouvant accueillir plus de 5 000 spectateurs. La livraison est prévue pour fin 2013. Le terrain situé sur la zone Pôle Ouest de Chartres, à Mainvilliers, visé par Dominique Redouté afin d’implanter son projet de bâtiment Oxygène dédié à l’écoconstruction, a finalement été vendu à Olivier Ducatel, pdg de Sodichar, qui gère le Leclerc de Luisant, pour y construire un Leclerc Drive sur 13 000 m². A Dreux, un centre commercial de 5 000 m² comprenant une quinzaine de commerces, une trentaine de logements et une résidence pour seniors de 60 logements va voir le jour place Mésisard. A Vernouillet, quatre immeubles (50 logements au total) vont sortir de terre.

La ville de Nogent-le-Rotrou va racheter l’emprise foncière et les bâtiments de l’Hôtel-Dieu pour 2 M€, afin d’y aménager une maison de santé et y regrouper les services hospitaliers. Ce développement de l’hôpital (coût 3,5 M€) sera financé par l’Etat à hauteur de 1,5 M€. L’ancienne gare de Senonches pourrait accueillir la nouvelle gendarmerie et une résidence pour personnes âgées. A défaut de racheter à RFF la totalité (2 ha), qu’il faudrait dépolluer, la commune rachèterait 4 000 m² répartis autour du bâtiment afin de lancer les opérations avant l’été 2013.

INDRE

Une quarantaine de logements vont voir le jour à Tours Nord pour former la résidence Fontaine-Pottier. Tour(s) Habitat se charge de la mise en œuvre de cette opération d’un montant de 4,2 M € et représentant 3 400 m² de SHON. Les travaux débuteront en novembre 2012 pour une livraison en mars 2014.

Le Conseil général va investir 18 M € afin de reconstruire le collège de Neuillé-Pont-Pierre sur 6600m² et 2,7 M€ pour construire un nouveau bâtiment de 920 m² qui accueillera la salle de restauration. Une clinique de 6 000 m² va être construite à proximité du pôle de santé Vinci, à Chambray-lès-Tours. La Générale de Santé va y transférer la clinique psychiatrique de Montchenain, à Esvres. Le coût du programme s’élève à 15 M€.

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Economie

Chantiers INDRE-ET-LOIRE Après avoir livré la résidence Carré Nova (38 logements), Nexity poursuit l’aménagement de l’îlot Gratias (36 M€ investis), à Joué-lès-Tours, avec la construction de l’ensemble Urban Square, constitué de 127 logements, dont 40 ont été vendus au bailleur social Touraine Logement ; 1 800 m² de surface commerciale sont prévus en RDC.

L’ancienne clinique Saint-Augustin à Tours sera reconvertie par Bouygues Immobilier en 51 appartements de standing. Le projet, conçu par le cabinet Ivars et Ballet, prévoit de conserver les bâtiments rue des Ursulines et de construire 27 appartements neufs rue du Petit-Cupidon. La livraison est prévue pour fin 2014.

Auchan construit un drive de 1 700 m² sur la ZAC de Chambraylès-Tours. La mise en service du 9e drive de l’agglomération est prévue en septembre prochain.

La procédure de reconstruction de l’école Jean-de-la-Fontaine rue du Colombier (Tours Nord), a été repoussée à 2014. Les offres déposées dépassant le budget fixé par la municipalité (4,1 M€), celle-ci a réajusté cette enveloppe à 5,045 M€ TTC, dont 384000 € seront consacrés à la rénovation du gymnase (extension de 120 m² et chauffage).

Après avoir essuyé un échec en juillet 2011, le promoteur Redeim vient d’obtenir l’accord de la CDAC pour l’extension (4 600 m²) de l’ensemble commercial Kaem 110, à Amilly, par la création de 8 cellules, afin de porter la surface de vente à 7 830 m². La CDAC vient de donner son feu vert pour la création d’un ensemble commercial Leclerc de 5440 m² de surface de vente à St-Pryvé-StMesmin et la création d’un magasin i.je@ns (vente de jeans) de 900 m² sur la zone commerciale de La Guignardière à Chécy.

Le gymnase de la Fontaine-Blanche à Chambray-lès-Tours va être agrandi pour un coût prévisionnel de 273 884 € TTC hors option. L’extension comportera une salle polyvalente et un bureau sécurisé, afin d’accueillir les mani-festations et réunions sportives comme la direction des clubs.

INDRE

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LOIRET

La réhabilitation du gymnase des Plantes de Chécy, pour un montant de 800 000 €, se déroulera en trois tranches, chaque été, pour une livraison à l’été 2014. Ce projet comporte la création d’un nouveau gymnase, adossé au premier. La CDAC a autorisé à Olivet la création de cinq moyennes surfaces dans un bâtiment commercial de 2 120 m² de surface de vente.

Une résidence de 13 pavillons va voir le jour rue Honoré-de-Balzac, à l’emplacement de l’ancien IUT, à Orléans. Les travaux débuteront en 2013.

LOIR-ET-CHER A Blois, le groupe B. Braun Avitum va construire un bâtiment de 800 m² sur le domaine de l’hôpital de Blois, afin d’y abriter son activité de dialyse et son personnel. La livraison est prévue pour septembre 2012.



Economie

Immobilier

EDF prend de la hauteur aux Deux-Lions L

a première pierre du complexe immobilier Le Galion a été posée le 30 mars au quartier des Deux-Lions, à Tours, en présence des protagonistes de cette importante opération mixte privépublic. Le programme, qui représente un montant total de 38 M€, va donner lieu à la construction d’un immeuble tertiaire de 9 200 m2 qui sera occupé par la direction régionale EDF Commerce Grand Centre. Celle-ci, installée aujourd’hui à proximité du Centre national d’équipement et de production d’électricité (Cnepe) de Tours, emploiera

La Fédé du BTP chez Wirecom

L

a fédération du BTP du Loiret (FFB 45) et la fédération régionale (22 collaborateurs au total) quittent leurs 300 m 2 du quai StLaurent, à Orléans, pour emménager dans les locaux laissés vacants à Olivet par la société Wirecom Technologies, liquidée en fin d’année dernière. « Ce bâtiment à énergie positive que nous allons acquérir correspond parfaitement à nos besoins », indique la présidente de la FFB 45, Aline Mériau qui prévoit, en outre, de faire construire un bâtiment de 1 200 m 2 à côté pour loger ses partenaires, comme la SMABTP.

560 salariés sur le site à la fin 2013. Le programme comprend également la construction d’une tour d’une cinquantaine de mètres de hauteur (97 logements) et d’un restaurant interentreprises d’une capacité de 500 à 600 couverts. Une SCI dédiée portera le projet tertiaire ; au capital de celle-ci figurent la Société d’équipement de Touraine (12,5 %), les collectivités regroupées au sein d’une Sem patrimoniale (Sepale) à hauteur de 12,5 %, ainsi que la Caisse d’Epargne (25 %) et le Crédit Agricole (25 %).

Tours refait le haut de la rue Nationale

L

a Ville de Tours a dévoilé son projet d’aménagement du haut de la rue Nationale (ci-contre). La première phase (2013-2016) comprendra la construction de deux hôtels de part et d’autre du haut de la place AnatoleFrance, la reconstitution de 2 500 m2 de commerces en lieu et place des surfaces détruites et l’installation du Centre de Création Contemporaine Olivier-Debré à la place de l’Ecole des Beaux-Arts, à l’arrière de l’îlot. La deuxième (20172019) verra l’achèvement de l’aménagement et « la mise en valeur » de

Citya devient le n°3 français L’ administrateur de biens immobiliers tourangeau Citya, présidé par Philippe Briand – également député-maire de St-Cyr-sur-Loire (37) – a pris le contrôle d’une vingtaine d’agences UrbaniaAdyal, dont celles d’Orléans et de Tours. Outre ces deux agences, Citya récupère la plupart de celles de la façade ouest (Bordeaux, Nantes, Rouen, Le Havre, Deauville) et une bonne partie de celles du sud de la France (dont Nice,

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l’église Saint-Julien et de la salle capitulaire, vestiges de l’ancienne abbaye éponyme. Le coût total de l’opération sera de 17,3 M€.

Cannes, Toulouse et Montpellier). Urbania ne conserve que les trois quarts de son réseau actuel. Avec ces acquisitions, Citya devient le 3e administrateur de biens français et se rapproche des deux leaders Foncia (détenu depuis l’an passé par deux fonds) et Nexity (détenu à 41 % par la Caisse d’Epargne). Urbania affichait un CA de 102 M€ en 2010, Citya annonçant à peu près autant… avant l’opération précitée.


Chartres s’offre un nouvel Hôtel de Ville

L

es élus de Chartres Métropole viennent coup sur coup de voter trois projets importants d’infrastructures (Hôtel de ville, salle de spectacles et piscine), qui représentent un coût global de 75 M€ sur les 127 M€ d’investissements annoncés pour la période 2012-2014. La rénovation de l’Hôtel de ville revient à l’architecte parisien Wilmotte, associé au cabinet chartrain Trouvé-Tchepelev, qui a été préféré à cinq autres candidats. Se distinguant par son architecture ouverte et sa volonté d’intégrer le bâtiment classé de Montescot, le projet intègre la construction

de quatre bâtiments sur 12 000 m2, ainsi que les travaux de voierie, l’aménagement paysager et la construction d’un parking souterrain de 414 places. Les quatre bâtiments aux façades de verre entoureront l’hôtel du XVIe siècle. La livraison est attendue pour 2015. C’est à l’unanimité que les élus ont voté le projet de complexe culturel et sportif du futur pôle gare (30 M€), conçu par les architectes de Groupe 6 (associés aux architectes Poisson Arbigny et Pichot), ainsi que le projet du cabinet Arc et A qui prévoit la construction d’un bassin olympique extérieur à l’Odyssée. La future salle avec son toit végétal ouvert pourra accueillir plus de 6 000 spectateurs et les gradins de la future piscine plus de 5 000. La livraison de la salle est prévue pour 2015, le bassin pour fin 2013.

La base de Bricy s’étend

L’

armée de l’air a lancé la construction de son centre de formation des équipages de transports de l’A400M sur la base aérienne 123 d’OrléansBricy. Le bâtiment de 6 500 m² – dont la construction a été confiée à DV Construction (groupe Bouygues) – accueillera notamment deux simulateurs dans des salles de 12 m de haut. Le centre représente un investissement de 12 M€ et sa livraison est prévue pour la fin de l’année ; il devrait être opérationnel d’ici à septembre 2013. Rappelons que la base d’Orléans-Bricy doit accueillir l’an prochain l’Airbus 400M appelé à se substituer progressivement aux appareils de transport Hercule et Transal.

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Pologne, et si on jouait les prolongations ? La Pologne veut sortir du gris. Elle a présidé l’Europe les six derniers mois de 2011, avec l’Ukraine elle préside aux destinées de l’Euro 2012 de football. L’occasion rêvée de changer l’image de marque du pays et de donner un coup de jeune à ses infrastructures.

L’aventurier du bateau-lavoir Changement de cap radical pour l’ancien ingénieur Jean-Christophe Branchoux qui ouvre un restaurant flottant sur les quais de Loire à Orléans. Le « Bateau-lavoir » hisse le pavillon des plaisirs Culinaires.


Escapades

Ailleurs

Pologne, et si on les pro La Pologne veut sortir du gris. Elle a présidé l’Europe les six derniers mois de 2011, avec l’Ukraine elle préside aux destinées de l’Euro 2012 de football. L’occasion rêvée de changer l’image de marque du pays et de donner un coup de jeune à ses infrastructures.

L

aurent Blanc est un vrai gentil. Grand prince, il fait applaudir par les journalistes la jeune interprète, tremblante, de sa conférence de presse qui s’est pourtant plantée dans les grandes largeurs. C’était il y a un an. L’équipe de France de football était venue faire une pre-

The Castle Square de Varsovie.

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mière reconnaissance du futur terrain de jeu du Championnat d’Europe. L’entraîneur des Bleus n’avait pas tenu rigueur non plus à la Pologne d’avoir changé au dernier moment le théâtre du match amical. Les Bleus devaient jouer à Gdansk dans le prometteur stade serti d’ambre, ils

battront la Pologne à Varsovie dans le vieux stade. Entre la Pologne et la France, depuis Chopin et George Sand, depuis Marie Curie et tous les autres, c’est à la vie à l’amour. Une bonne tronche de Polonais jovial, blanchi sous le harnais et sur les terrains de foot, Henryk Kasperczak est


jouait longations ? l’un de ces franco-polonais dont le cœur balance entre Saint-Etienne où il vit, et ses origines du côté de la Vistule. « En un an ça va être dur d’être prêt », disait-il d’une équipe polonaise parfois ridiculisée par les Bleus. Alors, si l’équipe des rouges et blancs n’est pas promise à des miracles, la Pologne, malgré quelques petits retards à l’allumage, quelques fausses notes au pays de Chopin, sera au top niveau au moment du coup d’envoi. « Par contre nous serons prêts, en temps et en heure en ce qui concerne les stades », poursuit l’ancien entraîneur de Metz et SaintEtienne, aujourd’hui conseiller de la fédération polonaise. Vingt milliards d’euros ont été investis dans ces grands travaux. Aéroports, routes, tramway, voies ferrées, on attend un million de personnes durant les trois semaines du championnat d’Europe. Une période que fuiront les autres « touristes » mais ces derniers bénéficieront, à terme, de ce ripolinage footballistique. « C’est le plus grand événement qu’ait jamais organisé la Pologne, l’Euro 2012 doit être vécu comme un investissement à long terme plutôt que comme une charge », explique Beata Wasilewska, du comité d’organisation PL 2012. Un million de supporters sont attendus, mais ce sont des touristes moins turbulents dont la Pologne attend des retombées (plus de 4,2 milliards de zlotys, environ un milliard d’euros, entre 2013 et 2020 prévus). « Nous allons mettre en

PRATIQUE L’Euro 2012 de football aura lieu en Ukraine et en Pologne, du 8 juin au 1er juillet. Le match d’ouverture a eu lieu le 8 juin au stade national de Varsovie. Les phases de groupe ont lieu à Varsovie, Gdansk, Wroclaw et Poznan. Une demi-finale a lieu à Varsovie le 28 juin. Cracovie a été écarté pour des raisons de sécurité. Des « ambassades de supporters » seront à la disposition des visiteurs dans les villes abritant les matches. Des écrans géants retransmettront les rencontres dans des « espaces supporters », avec restauration, attractions, concerts. Une carte de touriste permettra d’obtenir des remises sur certaines chambres d’hôtels, sur les billets de concerts, dans certains restaurants…

avant le tourisme urbain et culturel, actif, vert… », lance Bartlomiej Walas, vice-président de l’organisation du tourisme polonais. « Moove your imagination », tel est le slogan de cette Pologne qui attaque, joue devant et ne veut plus bétonner. Faut-il pour autant mettre hors-jeu les valeurs sûres qui donnent un Information sur Gdansk : www.gdansk.pl charme peut-être un peu désuet, mais tellement craquant à un voyaQuelques sites d’information ge à Varsovie et Gdansk. Voisin du • www.euro.gdansk.pl Mariott où logeaient les Bleus, le • A Poznan : www.poznan.pl www.europoznan2012.pl Palais de la culture et de la science www.bilety24.pl (234 mètres) est un vestige de « l’af• A Wroclaw: www.wroclaw.pl fection » que se portaient les Soviéwww.2012.wroc.pl tiques et les Polonais du temps du • A Varsovie: www. warsawtour.pl «socialisme ». Dans le vieux Varsovie, www.um.warszawa.pl/euro2012 reconstitué à l’identique puisque la ville a été rasée (à 84 % !) les bancs jouent du UKRAINE Chopin. L’architecture soLa statue de Bogdan Kmealnitsh sky à Kiev cio-réaliste des années de plomb côtoie les tours modernes du quartier d’affaires baptisé pompeusement « la City ». Depuis la terrasse proche du célèbre château royal se découpe la silhouette futuriste du futur temple du foot. Inauguré par le Premier ministre, Donald sk. lery à Gdan Tusk, un ancien footballeur The City Gal E N G LO O P que ses adversaires surnomment ironiquement « Donaldino », le nouveau stade national de Varsovie (58000 places) est décapotable en 15 minutes grâce à une batterie de «parachutes » qui déplient le toit.

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Escapades

Ailleurs

Le cœur de Varsovie.

S’Y RENDRE LES MEILLEURS CIRCUITS ET SÉJOURS • Au pays de l’ambre. Les pays Baltes se dévoilent de plusieurs façons. On peut y voir l’affirmation d’une Europe grandissante, à travers les trois jeunes Républiques. Circuit 11 jours / 10 nuits, à partir de 2 120 €. Circuit 14 jours / 13 nuits, à partir de 2 180 € • Arts et Vie : www.artsetvie.com – Circuit de 14 jours « Des Tatras à la Baltique » • CLIO : www.clio.fr – circuit de 10 jours • Intermèdes Art et Voyages : www.intermedes.com circuit de 10 jours A Paris : Amslav Tourisme www.amslav.com A Lyon : EastPak - Polonia Voyages www.eastpak.fr

Sur la place du marché avec ses maisons mansardées et ses terrasses de bistrots où œuvrent les peintres, on est dans un petit théâtre à la façon d’une place du Tertre à Montmartre. Pour la promenade culturelle, il faut ensuite emprunter la Voie royale qui fait le lien entre le château royal, l’ensemble palais-parc de Lazienki et celui de Wilanow, témoignage du plus pur style baroque. La traditionnelle hospitalité polonaise qui s’exprime par le vieux dicton « Un hôte à la maison, Dieu à la maison », fait que les touristes se sentent bien en Pologne. Et en particulier les Français. Cap au nord, c’est près de Gdansk que Platini et les membres de l’UEFA auront leur QG. Au Grand hôtel de Sopot réhabilité par Sofitel, ce palace

mythique (1927) participe à l’image qui fait de cette station balnéaire, chic, attachante et surannée, le Deauville polonais. Sa jetée, la plus longue d’Europe, permet de faire 500 mètres dans la Baltique sans attraper une congestion. Fallait-il pour autant en faire payer l’accès et la truffer de pubs ? Pas sûr. Gdansk : l’image lui colle à la Vistule d’une ville industrielle, suintant l’ennui et les stigmates les plus sordides de la Pologne communiste. C’est tout le contraire. La porte maritime de la Pologne sur la Baltique fut longtemps le symbole de la richesse et de la culture bourgeoise. Durant des siècles, les navires du monde entier venaient s’amarrer le long des quais de la rivière Motlawa. De la porte d’or à la


porte verte se succèdent les palais comme la maison dorée, les galeries d’art, les joailliers. A ne pas rater : la rue Mariacka, avec ses petites maisons et ses vastes terrasses abritant des caves à voûtes basses aménagées en galerie de bijoux d’ambre, la spécialité de la ville. On lui attribuait un pouvoir magique et des qualités curatives. Durant des siècles, Gdansk fut

une république bourgeoise où cultures, religions et ethnies, des Polonais au Allemands, des juifs aux Huguenots, cohabitèrent pour sa plus grande richesse. A Gdansk (475 000 habitants), Lech Walesa n’est jamais bien loin. Il faut passer sous sa fondation pour pénétrer sur la voie royale, l’artère centrale piétonne que bordent les somptueux immeubles hanséatiques, dont la gothique cour d’Artus, gardée par la fontaine de Neptune, élément indispensable de toute photo souvenir. Ville de la Hanse prospère, c’est à Gdansk que débuta la seconde guerre mondiale. Par le bombardement de la forteresse de Westerplatte et l’annexion de Gdansk (Dantzig) par l’Allemagne. Napoléon a dit sagement que Gdansk est « la clé de toute chose ». Berceau de Solidarnosc, c’est encore à Gdansk que le bloc communiste commença à se lézarder en 1980 et 1988. Il faut visiter le réaliste musée de Solidarnosc près des chantiers navals qui ont donné à Gdansk l’image fausse d’une ville grise et industrieuse. En face de l'entrée des Chantiers navals se dressent trois croix commémorant les travailleurs tués au cours des émeutes de 1970. Les quais bordés de bijoutiers spécialistes de l’ambre, véritable cours d’histoire, se savourent, lentement, à pas comptés. Et donnent envie, après l’Euro de foot 2012, de jouer les prolongations.

LE CHAMPIONNAT D’EUROPE EN CHIFFRES CLÉS 18 avril 2007 : à l’hôtel de ville de Cardiff, la Pologne et l’Ukraine ont été désignées pour accueillir le championnat d’Europe, parmi 3 autres candidatures, celle de l’Italie, de la Hongrie et de la Croatie. La phase finale du 14e Championnat d'Europe de football de l'UEFA a lieu en Pologne et en Ukraine du 8 juin au 1er juillet 2012. Pour la 3e fois, la phase finale sera organisée conjointement par deux pays (après la Belgique et les Pays-Bas en 2000, et l'Autriche et la Suisse en 2008). 16 équipes nationales s'affronteront au cours de 31 matches pour obtenir le titre de champion d'Europe. Pour la dernière fois, la compétition se jouera en 4 groupes de 4 équipes. Les matches de l’Euro 2012 auront lieu dans 8 stades, 4 en Pologne : Gdansk, Poznań, Varsovie, Wrocław et 4 en Ukraine : Donetsk, Lvov, Kharkov et Kiev. Le match d'ouverture s’est joué à Varsovie le 8 juin, et la finale le 1er juillet à Kiev. Pas moins de 1,4 million de supporters sont attendus dans les stades.

Christian Bidault

AGENDA Tournoi Euro 2012 : du 8 juin au 1er juillet. 8 juin 2012, match d’ouverture, avec l’équipe nationale de Pologne, 18h, Stade National de Varsovie Phase de groupes : Gdansk, Poznan, Varsovie, Wrocław Les matchs de poule commenceront toujours aux mêmes heures : à 18 h et à 20 h 45 Deux quarts de finale à Varsovie le 21 juin à 20 h 45 et à Gdansk le 22 juin à 20 h 45 Une demi-finale à Varsovie le 28 juin à 20h45 La Finale à Kiev le 1er juillet à 20 h 45. Carte Euro 2012 : http://www.polishguide2012.pl/fr/

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Escapades

L’aventurier du bateau-lavoir Changement de cap radical pour l’ancien ingénieur Jean-Christophe Branchoux qui ouvre un restaurant flottant sur les quais de Loire à Orléans. Le « Bateau-Lavoir » hisse le pavillon des plaisirs culinaires.

Jean-Christophe Branchoux, le capitaine du Bateau-Lavoir, attend ses premiers passagers gastronomes.

ls flottent côte à côte mais l’un des deux en est déjà à son deuxième naufrage commercial, tandis que l’autre se lance dans une aventure économique toute neuve. Alors que « l’Inexplosible », le bateaurestaurant financé par l’agglomération d’Orléans il y a cinq ans, cherche toujours un repreneur (lire l’encadré), le « Bateau-Lavoir » s’apprête à

I

cher de l’activité locale et de la Loire qui m’a toujours attiré », expliquet-il. Son rêve a pris corps en 2009, avec la découverte d’une vieille photo d’un bateau-lavoir à double pont. Il s’est alors embarqué pour une nouvelle aventure en s’entourant d’un double équipage : un architecte naval pour le bateau et un restaurateur ayant navigué, dans les airs comme

voguer sur le fleuve pas toujours tranquille de la restauration. « Je souhaite vraiment que l’Inexplosible reprenne du service », confesse Jean-Christophe Branchoux, le « capitaine » du Bateau-Lavoir. « Cela contribuerait à renforcer la dynamique commerciale des bords de Loire qu’encourage la ville d’Orléans », explique celui qui a reçu le soutien des élus locaux pour son projet de ponton de restauration et réception alors même que l’Inexplosible était encore en service. Après une carrière d’ingénieur commercial dans le secteur de l’automobile, Jean-Christophe Branchoux a « viré de bord » en passant le cap de la quarantaine. « Je voulais changer d’horizon et d’univers. Me rappro-

steward, et sur terre comme patron de « la villa Sébastopol » et du « Restaurant Serre » du Parc Floral. Construite sur le chantier naval Evezard de Marseilles-les-Aubigny dans le Cher, la coque d’acier du Bateau-

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Lavoir et ses 28 mètres de long pour 8 mètres de large a gagné les rives d’Orléans par la Loire à la fin de l’année dernière. Depuis six mois, les artisans se succèdent pour monter la structure de deux ponts et aménager la salle de restaurant du premier niveau et la terrasse-bar de l’étage. Il a fallu aussi caboter entre les autorisations administratives : service de navigation de la Seine pour la mise en chantier, Bâtiments de France en raison du secteur sauvegardé, et Natura 2000 pour cause de patrimoine mondial. Equipé d’une cuisine professionnelle, le navire s’apprête à recevoir ses premiers passagers gourmands courant juin. Il leur sera proposé une restauration traditionnelle pour 60 couverts sur le pont principal et un service de bar brasserie sur la terrasse grande ouverte sur le fleuve. Le rêve de Jean-Christophe Branchoux devient réalité. Un rêve qui a un coût – 750 000 euros – pour une aventure humaine qui n’a pas de prix. Bruno Villeneuve

Le naufrage commercial de l’Inexplosible Lancé à l’initiative de l’agglomération d’Orléans en 2007, l’Inexplosible aura essuyé deux dépôts de bilan. Les restaurateurs qui se sont succédé à la barre de cette réplique d’un bateau à vapeur du XIXe siècle ne sont jamais parvenus à le mettre à flot commercialement. Il est vrai que l’absence d’une cuisine professionnelle limitait considérablement les possibilités de véritable restauration. Depuis le dernier dépôt de bilan en octobre 2011, il est proposé à la vente mais n’a toujours pas trouvé preneur.



Carnet RÉGION Jean-Marc Vermorel, 51 ans, vient d’être nommé directeur régional de Pôle Emploi Centre. Ingénieur en développement social, il a rejoint l’ANPE en 1997 pour conduire une mission relative à la mobilité des cadres de l’établissement. Il a ensuite exercé les fonctions de directeur délégué du département de l’Oise, puis celui de Directeur de l’Animation du Réseau à la Direction Générale, direction qu’il a mise en place dès 2005. En 2007, il a rejoint l’ANPE Champagne‐Ardenne en tant que directeur régional, et y a piloté la production de services aux demandeurs d’emploi et aux entreprises. A la création de Pôle Emploi en 2008, il a été nommé Directeur régional de Pôle Emploi Champagne‐Ardenne et y a conduit le processus de fusion à l’échelle de 1 000 salariés, 4 directions territoriales et 26 agences.

RÉGION Jean-Luc Ansel, directeur du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, succède à Jean-Claude Germain au poste de président du groupe de travail « pôles de compétitivité » au comité national des conseillers du commerce extérieur de la France (CNCCEF).

CHER Le volailler Doux (3 300 salariés en France), qui emploie encore plus de 200 salariés sur son site de Blancafort, vient de débarquer le dg du groupe Guy Odri, et l’a remplacé par Jean-Charles Doux, le fils de l’actuel président et principal actionnaire.

EURE-ET-LOIR Le site Huttopia de Senonches (cf notre dossier Escapades du numéro de mars dernier) change de dirigeants. Après trois ans en poste, Adeline et Nicolas Lenoir sont remplacés par Elise Parrot et Thibaut Schmitt, qui arrivent du golfe du

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Morbihan (Bretagne). Le couple a assuré l’ouverture le 5 avril dernier.

INDRE Sylvain Schuler, artisan à Arthon, vient d’être élu président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) de l’Indre. Il succède à Pierre Block qui a démissionné.

INDRE-ET-LOIRE Loïc Vaillant a été reconduit pour quatre ans à la présidence de l’université FrançoisRabelais de Tours, par 18 voix pour et 4 bulletins blancs. Professeur des universités et praticien hospitalier en dermatologie et vénérologie, il a succédé à Michel Lussault le 19 mai 2008.

LOIR-ET-CHER Le groupe 3F a confié la présidence de sa filiale blésoise, la SA Jacques Gabriel, à Alain Courtois ; ce dernier succède à Bruno Vigezzi, directeur du développement d'Immobilière 3F. Ancien pdg de la société blésoise Dubuis, ancien président de la CCI 41, Alain Courtois aura pour mission de gérer un parc de 5 270 logements sociaux dans le département.

LOIRET Alexis Duval succède à son père Philippe à la présidence du directoire de Tereos – qui possède la sucrerie d’Artenay – à partir du 1er octobre prochain. Alexis Duval est directeur financier du groupe et travaille au sein de Tereos depuis une dizaine d’années. Patrice Sainthérant vient d’être nommé à la tête de la sucrerie Téréos d’Artenay. Il succède à Yves Jouannic, qui intègre la direction industrielle du groupe. Employé du groupe depuis 1987, Patrice Sainthérant exerçait à Paris le poste de directeur international, notamment pour l’Europe centrale.

POUR TROIS NUMÉROS DE LA LETTRE BIMENSUELLE

Coupon à renvoyer à MCM Presse - BP 92031 - 37020 Tours Cedex 1 - 02 47 70 60 00 - lettre.valloire@wanadoo.fr r OUI, je souhaite bénéficier de l’offre à 20 € pour trois numéros de la lettre bimensuelle J’adresse un chèque à l’ordre de MCM Presse. Je recevrai une facture à réception. Nom : .................................................................................... Prénom : ............................................................................. Société : Fonction : ........................................................................... Adresse :

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