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Reims veut expulser les locataires qui troublent l'ordre public

Élus, bailleurs sociaux, police et justice s'engagent à poursuivre leur travail commun en faveur de la tranquillité résidentielle avec, nouveauté, la possibilité de résilier le bail des locataires auteurs d’incivilités, de nuisances de voisinage ou de délinquance dans le parc social.

Quelques jours seulement après les émeutes qui ont touché l'ensemble de la France et Reims en particulier, les élus rémois avaient rendez-vous, jeudi matin, avec les bailleurs et les services de l'État pour signer la convention pour le renforcement de la sécurité et de la tranquillité des résidents du parc de logements sociaux. « Nous sommes rattrapés par l'actualité, a introduit le maire de Reims, Arnaud Robinet, qui en a profité pour féliciter l'ensemble des forces de l'ordre, qui ont contribué au retour au calme que j'espère durable. » Cette signature était, en effet, prévue de longue date. Elle a d'ailleurs fait l'objet d'un vote lors du conseil municipal du 19 juin et du conseil communautaire le 29 juin. Depuis 2020, une cellule de veille tranquillité résidentielle a donc été créée. Toutes les six semaines, la présidente du Grand Reims, le maire de Reims, le sous-préfet, le procureur de la République, le directeur départemental de la Sécurité publique, les directeurs généraux des bailleurs sociaux rémois (Plurial Novilia, Le Foyer Rémois et Reims Habitat) et les services de la ville, dont la police municipale, partagent un état des lieux de la tranquillité résidentielle.

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L'objectif ? Agir vite et mettre un terme aux troubles constatés dans et aux abords des immeubles situés dans les quartiers qui concentrent les logements sociaux. « Trop d'habitants sont victimes d'une minorité qui pourrit leur cadre de vie, a déclaré Arnaud Robinet. Avec cette convention, nous allons renforcer les échanges d'informations afin de prendre des sanctions qui pourront aller jusqu'à l'expulsion. » Les trafics de stupéfiants, les dégradations des parties communes des immeubles et les squats sont particulièrement ciblés.

Prenant soin de rappeler que les quartiers ont fait l'objet « d'importants accompagnements, notamment via l'Anru », la présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin, a renchéri : « Il n'est pas normal que certains veuillent partir parce qu'une ou deux familles posent des problèmes. C'est eux qui doivent être conduits à aller vivre ailleurs, sachant que l'avenir des quartiers, c'est la mixité, mais elle ne sera une réalité que lorsque la sécurité de tous sera assurée ». La convention doit ainsi permettre, selon le préfet de la Marne, Henri Prévost, « de mieux coordonner les différents services pour examiner, adresse par adresse, les difficultés sur le fond et dans la durée. » Exemple concret de ce travail collectif, « l'accès facilité de la police aux immeubles et aux caves des bailleurs, en leur donnant les codes et les badges d'entrée » ou « le partage des images des caméras de vidéosurveillance ».

L'idée est évidemment de pouvoir constater des faits et réunir des preuves qui, au final, doivent permettre aux bailleurs de résilier le bail d'un locataire qui trouble la quiétude d'un immeuble, dès lors qu’une sanction pénale est prononcée à son encontre. « Nous avons ressenti le besoin de conventionner pour faire respecter nos règlements intérieurs, a indiqué Juliette Lefeu, directrice générale de Reims Habitat, car avec le bâtimentaire et les actions sociales, la tranquillité résidentielle, dont nous sommes responsables, contribue au bien vivre dans les quartiers. » Et une fois les fauteurs de troubles expulsés, où iront-ils habiter ? « Ils pourront toujours recandidater pour un logement social », acquiesce Johny Huat, directeur général de Plurial Novilia. Les bailleurs partageant leurs informations, il leur sera logiquement difficile de trouver un autre appartement à Reims. Les plus gros gêneurs devraient alors être amenés à partir vivre ailleurs. Julien Debant

EN BREF

d’injecter 100 M€ dans ce quartier afin de détruire et reconstruire des logements, créer le parc Nelson-Mandela, réhabiliter le centre commercial et installer plusieurs services publics (bureau de Poste, médiathèque, centre social, mairie de quartier, salle polyvalente, conseil de prud’hommes, Club de prévention…).

En 2017, un rapport sur la politique de la ville soulignait « les espaces extérieurs sont globalement respectés » par les riverains. « Bernon, c'est une toute petite cité, tout le monde se connaît et se côtoie », fait remarquer une dame sur le marché. »

A Reims, les navettes SUB prennent le relais du tramway se passe jamais rien, peut-être que les gens n’avaient pas envie qu’il se passe quelque chose. » Alors, comment expliquer cette exception sparnacienne ?

En 2010, les projecteurs avaient été braqués sur ce quartier, après l'agression par un groupe de jeunes d'une patrouille de police qui tentait d'interpeller un homme du quartier recherché. Touché à la tête par une pierre, un brigadier-chef de 49 ans avait été grièvement blessé. Deux ans plus tard, un adolescent de 17 ans avait perdu la vie lors d'une dispute. Depuis, si quelques faits divers émaillent la vie du quartier, rien d’aussi grave n’a été recensé. « Le cli-

Dans le quartier de Bernon, le calme règne en ce jour de marché, comme lors des nuits dernières… © l'Hebdo du Vendredi 100 M€ injectés dans le renouvellement urbain mat social s’est fortement amélioré depuis quelques années et il n’y a pas plus d’interventions pour des faits de délinquance à Bernon qu’ailleurs dans la ville », affirme le chef de la police municipale. Fernande, qui habite Bernon depuis près de deux décennies, a constaté un changement radical ces dernières années. « Ça n'a plus rien à voir, assure-t-elle. Avant, il y avait des taudis et on ne se sentait pas trop en sécurité. Aujourd’hui, c'est devenu très calme. » D’un point de vue esthétique, difficile de contredire Fernande. L'Opération de renouvellement urbain (Oru) menée à partir de 2005 a permis

Bien sûr, tout n'est pas rose dans le quartier. Les immeubles ont beau être récents, des dysfonctionnements sont constatés par les habitants des 1 535 logements sociaux, qui représentent plus de 95 % de l’habitat. Comme l’hiver dernier, lorsque près de 200 appartements ont été privés de chauffage pendant une semaine. Sur le marché, mercredi dernier, on déplorait également des petites incivilités du quotidien, tels ces propriétaires de chien inconvenants... Et derrière le vernis de la rénovation urbaine, les inégalités demeurent. Selon les chiffres de l’Agence nationale de la cohésion des territoires établis en 2022, le taux d’emploi des 15-64 ans est de 42 %, contre 61 % pour l’ensemble d’Épernay et le revenu disponible médian des ménages (prestations sociales incluses) est de 1 100 € par mois, soit 520 € de moins que celui de la commune. Quant aux taux de chômage et de pauvreté, ils atteignent respectivement 35 % et 50 % à Bernon. S.K

Suite aux événements de la nuit du 29 au 30 juin, des dégradations ont été constatées sur la ligne du tramway de Reims. Conséquence, il a été décidé, « en concertation avec la préfecture, le Grand Reims et la ville de Reims », que jusqu’au 16 juillet, les navettes SUB prennent le relais du tramway entre les arrêts Neufchâtel et Jean Macé, Campus Croix-Rouge et Hôpital Debré, et entre Campus Croix-Rouge et Gare Champagne-Ardenne TGV. De plus, les dernières correspondances à la station Opéra ont lieu, le soir, dès 20 h 50, avec une fin d’exploitation totale vers 21 h 50, ce qui signifie que le réseau de soirée (bus et tramway) ne circule pas.

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