3 minute read

Gérald Darmanin veut « écouter les quartiers et être ferme avec les voyous »

Le ministre de l'Intérieur s'est rendu, lundi matin, au bureau de Poste du quartier Croix-Rouge de Reims, pillé la semaine passée, afin de constater « le rétablissement de l'ordre public » et apporter sa « solidarité ».

Comme environ 300 villes en France, Reims a été le théâtre, la semaine passée, de violentes émeutes en réponse à la mort de Nahel, 17 ans, tué par balle par un policier, lors d’une interpellation en voiture, à Nanterre (Hauts-deSeine). Et comme ailleurs, les quartiers populaires ont été les premiers touchés, déclenchant la colère et l'incompréhension des riverains.

Advertisement

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est venu le constater, lundi matin, après deux nuits beaucoup plus calmes. L'occasion de distribuer des satisfecits et lancer quelques messages. « Le moment est venu de constater le rétablissement de l'ordre public », a d’abord lancé le ministre de l’Intérieur, présent dans la cité des sacres pour exprimer sa « solidarité ». Avec le maire Arnaud Robinet et la présidente du Grand Reims Catherine Vautrin, alliés politiques par ailleurs, mais aussi avec les salariés de La Poste, par exemple, dont trois agences (Orgeval, Wilson et Croix-Rouge) ont été mises à sac ces derniers jours. Devant celle de l'avenue du Général-Bonaparte, le distributeur de billets a été détruit et des colis ont été pillés. « L'urgence était d'apporter une assistance psychologique aux employés, a expliqué au ministre Simon Gamwo Dongho, directeur de secteur à La Banque postale.

Pour certains qui travaillent depuis 30 ans dans ce bureau, c’est traumatisant de voir ça. » L’agence est fermée jusqu’à nouvel ordre.

À moins de 100 mètres de là, c’est une épicerie qui a été ravagée. « Tout le monde va faire ses courses là-bas, je ne comprends pas... C'est le fait d'enfants mal éduqués, se lamente Violette, une habitante du quartier, touchée par la mise à l'arrêt du tramway suite à l'incendie de deux rames dans la nuit de jeudi à vendredi. J’ai dû marcher depuis l'hôpital alors que je suis souffrante. C'est comme ça que ces gamins nous ont punis. »

Le Grand Est débloque 10 M€

Peu ou prou, c’est le sentiment général qui domine dans cette avenue passante du quartier. Des mères de famille racontent les nuits difficiles qu’elles ont passées et la colère de voir leur quartier saccagé au petit matin. En réponse, Gérald Darmanin est venu marteler son message : « Il faut écouter les quartiers et être ferme avec les voyous. On doit trouver un bon équilibre, mais ne pas trouver des excuses là où il n'y en a pas. » Le « premier flic de France » a logiquement salué le travail de ses troupes, qui ont réalisé « 3 200 interpellations », et de la justice qui a procédé à des comparutions immédiates. « Ça montre l’ordre républicain et ça contribue à ce retour au calme. » Parmi les personnes arrêtées, la moyenne d’âge est de 17 ans, un tiers est mineur et 60 % n'avait aucun antécédent judiciaire. Le ministre a pointé du doigt « la responsabilité des familles et des parents ».

Alors qu'il s'apprêtait à repartir, Gérald Darmanin a échangé avec quelques riverains. Un homme un peu plus âgé, qui se présente comme « un grand du quartier », l'a interpellé aimablement. « On est tous contre les violences, mais le policier n’aurait pas dû lui mettre une balle dans la tête », a lancé le quadragénaire. « Ce n’était manifestement pas quelque chose de légal, mais il a le droit à la présomption d’inno - cence et la justice va faire ce qu’il faut faire, a promis le ministre . Mais ça n’a rien à voir avec piller des magasins et mettre le feu dans des écoles. La France, ce n'est pas la loi du Talion. Il y a eu une situation dramatique, mais les gens ne doivent pas se faire justice eux-mêmes. » Après cet échange cordial, changement radical de décor et de public.

Après les épisodes de dégradations et de pillages, la région Grand Est a annoncé la création d'un fonds d'aide d'urgence de 10 M€. Une moitié doit alimenter la reconstruction des services publics dans les communes touchées et l'autre doit accompagner les TPE et commerçants impactés. Cette mesure exceptionnelle sera soumise au vote du conseil régional ce vendredi 7 juillet, avec l'objectif de débloquer les aides financières dès la semaine prochaine.

Gérald Darmanin s’est rendu sur le parvis de l’hôtel de ville où l'attendaient plusieurs centaines de personnes. Le maire Arnaud Robinet et son conseil municipal ont répondu à l’appel de l’Association des maires de France, qui réclamait « une mobilisation civique des citoyens pour le retour à l’ordre républicain ». Le locataire de la place Beauvau a été accueilli par des applaudissements et à l'issue d'un bref discours d'apaisement du premier édile rémois, La Marseillaise a retenti. Rapidement escorté au commissariat, Gérald Darmanin a déjeuné avec des policiers, des gendarmes et des pompiers, avant de poursuivre sa journée à Saint-Quentin dans l’Aisne et par la même occasion son marathon médiatique. « Les forces de l’ordre ont été très mobilisées », a-t-il répété à Reims. Lui aussi.

Simon Ksiazenicki