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Épernay totalement épargnée par les émeutes

À l'inverse de Reims et de Châlons, la capitale du champagne a vécu des nuits très calmes, la semaine passée. La vie a suivi son cours normalement à Bernon, quartier prioritaire de la ville, pourtant pas épargné par les difficultés sociales.

Un commissariat de quartier pillé et incendié, un supermarché mis à sac, une mairie annexe et un bureau de Poste vandalisés, une rame de tramway brûlée au cocktail Molotov... Reims n'a pas été épargnée par la révolte qui a suivi la mort de Nahel. À Châlons, le quartier Schmit aussi s’est embrasé. Un centre social, des écoles et divers commerces ont subi de lourdes dégradations.

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Même à Vitry-le-François, quelques incidents ont été recensés dans le quartier Rome SaintCharles. Et à Épernay ? Rien de tout cela. Alors que des événements ont été annulés et que les terrasses ont été remballées plus tôt à Reims et à Châlons, le week-end dernier, la vie a suivi son cours normalement dans la capitale du champagne. « Il n’y a eu aucune intervention en lien avec ces faits », nous confirme Sébastien Grangé, le chef de la police municipale d’Épernay. Néanmoins, on apprend, dans « l’Union » du 4 juillet, que six jeunes comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Châlons pour avoir participé aux violences urbaines dans la ville-préfecture. Parmi eux, un Sparnacien avait pris le train, tard dans la soirée, pour assister aux émeutes. D’autres ont-ils fait comme lui, épargnant ainsi Épernay ?

des habitants, rien à signaler ces derniers jours.

cette exception sparnacienne ?

Le « calme » sur toutes les lèvres jourd’hui, c'est devenu très calme. » D’un point de vue esthétique, difficile de contredire Fernande. L'Opération de renouvellement urbain (Oru) menée à partir de 2005 a permis d’injecter 100 M€ dans ce quartier afin de détruire et reconstruire des logements, créer le parc Nelson-Mandela, réhabiliter le centre commercial et installer plusieurs services publics (bureau de Poste, médiathèque, centre social, mairie de quartier, salle polyvalente, conseil de prud’hommes, Club de prévention…).

« Ici, c’est calme », est la phrase qui est revenue le plus souvent dans la bouche des habitants interrogés. « On est ouvert de 8 h à 22 h et on n'a rien changé la semaine dernière, se réjouit le gérant du Colcom Market, la supérette de l’avenue de Middelkerke. J’ai entendu des clients parler des violences, mais ici, c’est tranquille. » Même son de cloche du côté de la pharmacie adjacente.

En 2010, les projecteurs avaient été braqués sur ce quartier, après l'agression par un groupe de jeunes d'une patrouille de police qui tentait d'interpeller un homme du quartier recherché. Touché à la tête par une pierre, un brigadier-chef de 49 ans avait été grièvement blessé. Deux ans plus tard, un adolescent de 17 ans avait perdu la vie lors d'une dispute.

En 2017, un rapport sur la politique de la ville soulignait « les espaces extérieurs sont globalement respectés » par les riverains. « Bernon, c'est une toute petite cité, tout le monde se connaît et se côtoie », fait remarquer une dame sur le marché. »

À Bernon, identifié comme quartier prioritaire de la politique de la ville, c’est-à-dire qu’il fait l’objet d’une intervention spécifique des pouvoirs publics en raison de la faiblesse du revenu

« On a reçu des messages de l’Ordre national des pharmaciens pour nous mettre en garde, mais comme c’était très calme, on a fonctionné comme d’habitude. J’étais même de garde », sourit la pharmacienne. Pareil à la boulangerie, idem au bar-tabac La Récréation. Devant celui-ci, trois jeunes fument une cigarette. Et toujours la même rengaine : « Ici, c’est calme, lance un membre du groupe Il ne se passe jamais rien, peut-être que les gens n’avaient pas envie qu’il se passe quelque chose. » Alors, comment expliquer

Depuis, si quelques faits divers émaillent la vie du quartier, rien d’aussi grave n’a été recensé.

100 M€ injectés dans le renouvellement urbain

« Le climat social s’est fortement amélioré depuis quelques années et il n’y a pas plus d’interventions pour des faits de délinquance à Bernon qu’ailleurs dans la ville », affirme le chef de la police municipale.

Fernande, qui habite Bernon depuis près de deux décennies, a constaté un changement radical ces dernières années. « Ça n'a plus rien à voir, assure-t-elle. Avant, il y avait des taudis et on ne se sentait pas trop en sécurité. Au-

Bien sûr, tout n'est pas rose dans le quartier. Les immeubles ont beau être récents, des dysfonctionnements sont constatés par les habitants des 1 535 logements sociaux, qui représentent plus de 95 % de l’habitat. Comme l’hiver dernier, lorsque près de 200 appartements ont été privés de chauffage pendant une semaine. Sur le marché, mercredi dernier, on déplorait également des petites incivilités du quotidien, tels ces propriétaires de chien inconvenants... Et derrière le vernis de la rénovation urbaine, les inégalités demeurent. Selon les chiffres de l’Agence nationale de la cohésion des territoires établis en 2022, le taux d’emploi des 15-64 ans est de 42 %, contre 61 % pour l’ensemble d’Épernay et le revenu disponible médian des ménages (prestations sociales incluses) est de 1 100 € par mois, soit 520 € de moins que celui de la commune. Quant aux taux de chômage et de pauvreté, ils atteignent respectivement 35 % et 50 % à Bernon.