Syndicats FGTB n°18 - 29 octobre 2010

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N°18 • BIMENSUEL • 65ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

29 OCTOBRE 2010 • Éd. LIÈGE

> DOSSIER

©Istock.com/michelangeloboy

Une forme d’esclavage moderne

En Belgique, en 2009, 2758 infractions relatives à l’exploitation des travailleurs ont été constatées. Pour 191 d’entre elles, il est réellement question de traite des êtres humains. Des travailleurs étrangers «détachés» ou «faux indépendants», qui ignorent leur statut ou même le nom de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Payés une misère voire rien, logés dans des

CAMPAGNE

La N-VA ment! Page 3

conditions épouvantables, travaillant dix heures par jour... L’esclavage moderne existe aussi chez nous, dans de nombreux secteurs (construction, nettoyage, night-shops, ...) Retrouvez dans ce dossier un résumé du rapport «Traite et Trafic des êtres humains», élaboré par le Centre pour l’égalité des chances.

HIVER 60

Le film reprend du service Pages 4 & 5

PAGES 8 ET 9

MEDICAMENTS

«Low cost» à la pharmacie Page 7



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RÉGIONS

SYNDICATS • N°18 • 29 OCTOBRE 2010

BRABANT WALLON

LUXEMBOURG

Criée aux esclaves à Ottignies

A TOUS NOS AFFILIES DU SECTEUR CONSTRUCTION REGIONALE DU Luxembourg Paiement des timbres FIDELITE Occupation du 1er juillet 2009 au 30 juin 2010. Paiement des timbres ASSIMILATION Incapacité de travail en 2009. Paiement à partir du 28 octobre 2010. Pour accélérer le traitement de votre carte et donc permettre son paiement dès le premier jour, nous vous conseillons de nous la faire parvenir le plus vite possible. Les employeurs doivent délivrer les cartes au plus tard le 31 octobre. N’oubliez pas de mentionner votre numéro de compte bancaire sur lequel nous devrons verser le montant: vous devez conserver le talon de la carte. Nous vous rappelons que la domiciliation bancaire de vos cotisations syndicales facilite et donc accélère le traitement de votre dossier. Vous ne devez plus nous envoyer votre carnet syndical. Permanences dans les bureaux principaux: LIBRAMONT: 8h à 12h et de 13h à 16h30 Le vendredi jusque 16 h

Dans le cadre des marches européennes pour l’emploi , les travailleurs sans emploi de la province de Luxembourg ont fait escale en Brabant wallon, et plus particulièrement à Louvain-la-Neuve . Accompagnés par des TSE de Charleroi et du Brabant wallon, Ils ont notamment pu jouer leur « criée aux esclaves » lors du marché d’Ottignies, et ont été reçus par le bourgmestre de la localité, JeanLuc ROLAND, accompagné du secrétaire régional FGTB, Pierre LEVEQUE.

NAMUR

Dinant Medical Team: 6 travailleurs aux abois!

ARLON: idem MARCHE: Le lundi de 8h30 à 12h & de 13h30 à 16h30 Le mardi de 8h30 à 12h Le jeudi de 8h30 à 12h & de 13h30 à 16h30

A partir du 14 octobre jusqu’au 23 décembre des permanences spéciales seront organisées à LIBRAMONT & à MARCHE: le jeudi jusque 18 heures. FERMETURE DES BUREAUX: 1 novembre, 11 novembre, 12 novembre 2010 Les 24, 27 et 31 décembre 2010 er

Cette société employait 6 personnes et possède 3 ambulances qui assuraient essentiellement le transport de personnes vers l’hôpital de Dinant. Elle est la seule en Belgique à avoir obtenu un contrat d’exclusivité avec un hôpital (le CHD)

Le 3 janvier 2011.

NAMUR

La situation y est catastrophique: • Depuis plus d’un an, le salaire est payé avec plus de 20 jours de retard; fin septembre, la situation devient critique car les travailleurs n’ont plus reçu de salaire depuis le 26 août (le salaire de juillet). • Des 3 ambulances, plus aucune ne fonctionne: 2 sont bloquées dans un garage pour cause de factures impayées, la dernière ne peut plus rouler. • Les locaux dans lesquels les travailleurs attendent les missions sont dans un état de crasse innommable. Nous avions reçu les plaintes des travailleurs depuis quelques temps, avions tenté de dialoguer avec la directrice, avions alerté l’inspection sociale, avions interpellé la presse afin de faire bouger les choses… mais rien!!

La directrice démentait catégoriquement tous nos propos et continue à ignorer les problèmes. Comme l’employeur restait aux abonnés absents, nous avons demandé à tous les travailleurs de se faire couvrir par des certificats médicaux. Nous avons mis en demeure la direction de payer les salaires pour le 1er octobre faute de quoi nous considérions qu’elle commettait une faute grave. À la date fatidique, les travailleurs n’avaient toujours rien reçu; ils ont dès lors pu casser leur contrat.

Nous réclamons maintenant à l’employeur les 2 mois de salaire, l’indemnité de rupture et le C4. Il est plus que probable que ce dossier doive être porté au tribunal du travail . En attendant les travailleurs n’ont aucun revenu depuis la fin août; nous avons interpellé les CPAS des différentes communes où ils habitent mais à l’heure actuelle ceux-ci rechignent à aider nos affiliés. L’histoire de ces personnes à même interpellé RTL-TVI qui a réalisé un reportage pour leur émission «images à l’appui»; celui-ci sera diffusé courant novembre 2010.

> INFORMATION AUX AFFILIÉS DE

LA CENTRALE GÉNÉRALE DE NAMUR

Exonération de la redevance TV en Wallonie pour les BIM et OMNIO Suite à l’article paru dans le Syndicats du 25 juin dernier, un bon nombre d’affiliés OMNIO (anciennement VIPO) nous ont contactés car ils avaient déjà payé leur taxe Radio-Télévision à la Région Wallonne. Ils avaient envoyé un courrier de réclamation et n’avaient jamais reçu de réponse. Nous avons contacté l’administration et 2 jours plus tard, nos affiliés étaient remboursés. Si vous êtes dans la même situation, contacteznous au 081/64.99.63 et nous interviendrons pour nos affiliés de la Régionale de Namur! Nous aurons besoin d’une attestation de la mutuelle, CPAS, ONP ou SPF sécurité sociale qui certifie que vous êtes OMNIO.


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BRUXELLES

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La FGTB et les enjeux bruxellois de la 6ème réforme de l’Etat Ils étaient plus de 220 militants, le mercredi 13 octobre dernier, à participer au Conseil syndical de la FGTB de Bruxelles sur «les enjeux bruxellois de la 6ème réforme de l’Etat». Cette réforme devrait, en principe, être mise en œuvre par le prochain gouvernement fédéral. A l’heure de mettre sous presse (lundi 25 octobre), le Conciliateur royal, Johan Vande Lanotte, tente toujours de sortir de l’impasse. Les négociations buttent sur le contentieux communautaire à la périphérie de Bruxelles mais aussi sur la révision de la loi spéciale de financement des Communautés et Régions et…sur l’indispensable refinancement de notre Région de Bruxelles-Capitale…

3 dangers guettent les travailleurs 1) la remise en cause de l’unité du monde du travail et des solidarités entre travailleurs: les tensions communautaires risquent, en effet, d’affaiblir le monde du travail en divisant les travailleurs entre eux, alors même que le mouvement syndical a besoin de toute son unité pour s’opposer au monde du capital et de la finance; au cours des années à venir, les rapports de force seront déterminants pour influencer syndicalement les orientations économiques et sociales des pouvoirs publics (européens, belges ou régionaux); 2) la «paralysie» de la décision politique, qui pourrait conduire à une situation de non-gestion, par les pouvoirs

Les militants ont tout d’abord écouté avec attention une introduction historique et une présentation générale, confiées à Jean Faniel, politologue et chercheur au Crisp (Centre de recherche et d’information socio-politiques). Dans un second temps, Philippe Van Muylder, Secrétaire général, a rappelé combien sont inquiets les travailleurs «face à cette nouvelle crise institutionnelle, qui menace de plonger notre pays dans le chaos, au moment où des décisions économiques et sociales doivent être prises pour sauver l’emploi, renouer avec la croissance et engager notre économie dans un développement éco-solidaire à la fois juste et durable». Et de se référer aux chiffres du dernier Rapport sur la pauvreté à Bruxelles, qui viennent clairement confirmer ce signal d’alarme syndical (1): la dualité sociale qui frappe notre Région, où une population des plus pauvre côtoie de grandes concentrations de richesses, réclame, de la part des pouvoirs publics, une attention particulière à la mise en place de services publics capables de répondre à la crise urbaine. Et il va de soi que le défi bruxellois de l’essor démographique vient renforcer encore cette nécessité (construction impérieuse de nouvelles crèches, de nouvelles écoles, …). Pour 2010, le gouvernement bruxellois a dû confectionner un budget limitant le déficit annuel à environ 300 millions d’euros, soit 10% du

budget total de la Région… Si les autorités publiques annoncent avoir pu maintenir des marges budgétaires suffisantes pour mener à bien les politiques essentielles au bien-être des Bruxellois - emploi, logement, transports publics, services et équipements collectifs… -, l’avenir régional n’en apparaît pas moins bien sombre… Car les lois de financement des Régions et Communautés reposent surtout sur l’impôt perçu dans chaque région. Or, si Bruxelles crée beaucoup d’emplois, ses habitants en profitent peu. Le besoin de financement annuel complémentaire de Bruxelles est ainsi estimé par des experts indépendants à minimum 500 millions d’euros par an. C’est énorme? C’est en tout cas six fois moins que la facture des intérêts notionnels! Selon nous, il y a là comme une vraie bombe à retardement, car la faillite programmée de la Région bruxelloise menace l’ensemble du modèle social belge. Pour Rudy De Leeuw, le véritable enjeu du débat institutionnel en cours est un enjeu gauche-droite. La nécessaire réforme de l’Etat ne saurait constituer un prétexte à mener des politiques néo-libérales. Le Président de la FGTB a bien montré, par des exemples concrets, l’absurdité de la régionalisation de certaines matières: «il est indispensable de maintenir une sécurité sociale fédérale forte, une législation du travail et une fiscalité fédérales. Si l’on régionalisait l’impôt sur les personnes physiques et l’impôt des sociétés, l’Etat ne pourrait plus financer les services publics et les

soins de santé. Cela reviendrait à assécher puis détruire l’Etat social, pour lequel des générations de travailleurs se sont battus!». Rudy De Leeuw assure que la FGTB ne restera pas passive et défendra la position de tous les travailleurs; elle prépare, à cet égard, une campagne de communication de portée nationale. Le Ministre-Président de la Région de Bruxelles Capitale, Charles Picque, a enchaîné en insistant, lui aussi, sur le caractère idéologique des débats autour de «problèmes» qui seraient linguistiques. «Notre combat pour Bruxelles doit être aussi un combat pour la justice sociale, dit- il. Car la réforme de l’Etat défendue par d’aucuns entraînerait un recul social».

bruxelloises, mais avec le budget régional tel qu’il est, explique-t-il, la Région pratique déjà une bonne gestion.

publics, des différentes évolutions économiques et sociales en cours: on assisterait dès lors au développement du ‘laisserfaire’ face aux forces du marché et du capital; notre Etat social de service public serait à coup sûr menacé dans son existence…; 3) le démantèlement du modèle belge de concertation sociale (sécurité sociale, droit du travail et des conventions collectives): la volonté affichée par certains de transférer aux Régions (ou aux Communautés) de larges pans de la sécurité sociale ou des éléments constitutifs du droit du travail fédéral est lourde de menaces pour les grandes conquêtes syndicales que sont la Sécu et le droit du travail.

darité, c’est la justice sociale. Et ils sont prêts à les défendre sous la bannière de la FGTB! (1)

Nos militants ont rappelé qu’ils pouvaient fort bien travailler à Bruxelles, vivre en Flandre, en Wallonie ou …à Bruxelles, provenir d’une de ces trois Régions ou d’ailleurs et se sentir avant tout travailleurs et solidaires.

1 Bruxellois sur 4 vit avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté (899e pour un isolé). Le taux de chômage (20%) est 2 fois plus élevé que dans le reste du pays. +- 1/5 de la population active ne dispose d’aucun revenu issu du travail et vit d’allocations minimales ou de remplacement. 1/3 des jeunes adultes qui se trouvent sur le marché de l’emploi est au chômage. http://www.observatbru.be

Pour eux, l’important, c’est la soli-

Et le Ministre-Président de rappeler l’impérieuse nécessité de garantir le fonctionnement de la sécurité sociale fédérale. Si l’Etat fédéral ne peut en aucun cas être dépecé, la Région de Bruxelles-Capitale doit être refinancée, dans un souci de cohésion sociale. Charles PICQUE n’est évidemment pas opposé à une amélioration du fonctionnement des institutions

Les travailleurs et travailleuses bruxellois privilégient: 1) l’unité des travailleurs, de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles; 2) la préservation des solidarités interpersonnelles, au travers d’une sécurité sociale fédérale forte; 3) la volonté d’un fédéralisme de coopération, fondé sur le respect mutuel et la collaboration entre les différents niveaux de pouvoir; 4) la mise en œuvre effective d’un refinancement structurel de la Région de Bruxelles-Capitale et de ses Commissions communautaires.

Attention: la Centrale Générale Bruxelles-Vlaams Brabant déménage! A partir du 25 octobre 2010, les bureaux de La Centrale Générale de Bruxelles-Vlaams Brabant, situés au 2-6 rue Watteeu, à 1000 Bruxelles, déménagent rue Saint-Jean, n°4 à 1000 Bruxelles (à 500m de la rue Watteeu et tout près de la Gare Centrale). Les heures d’ouverture et les numéros de téléphone demeurent inchangés.


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CENTRE

MONS - BORINAGE

vous invite… A sa séance de cinéma…

A la prochaine rencontre de sa commission des femmes, le lundi 08 novembre de 13h00 à 16h00, Salle Janssens, Rue Lamir, 18-20 à 7000 Mons VOUS ÊTES UNE FEMME… • mandatée par la FGTB dans votre entreprise, • Active dans la vie courante et affiliée à la FGTB, • Demandeuse d’emploi et convaincue que l’égalité hommesfemmes est une nécessité, • Sensible aux valeurs que nous défendons & Vous vous sentez concernée par : • L’égalité salariale entre les hommes et les femmes. • L’élimination de toute forme de discrimination entre les femmes et les hommes. • La diffusion d’une image non-discriminatoire des femmes. • La lutte contre les violences conjugales. Alors, REJOIGNEZ-NOUS!

Les invités de mon père Le Jeudi 18 novembre à 14h00 Ciné Plaza Art – Mons «Le mariage blanc, escroquerie sentimentale ou proxénétisme déguisé?»

Si vous désirez assister à ces activités, veuillez vous inscrire auprès de nos services: Cédric DEVRIESE - Animateur en éducation permanente - Rue Lamir, 18-20 - 7000 MONS: Borinage2000.devriese@fgtb.be ou 065/32.38.33 Editeur responsable: Philippe Borsu, Administrateur délégué, Rue Lamir, 18-20 à 7000 Mons

TOURNAI - ATH - LESSINES

Hommage à Roger Delcroix les entreprises et également les difficultés vécues par celles et ceux qui cherchaient du travail. Il ne l’oubliera jamais et le prouvera tant par ses actions syndicales que politiques. Entré en 1944 au service chômage de la FGTB situé à l’époque à la Chaussée de Douai, il commença sa carrière syndicale comme agent payeur. Le contexte d’après guerre était particulier: chacun devait relever les manches, tout était à reconstruire, mais ce n’était pas le genre de choses qui faisait peur à Roger Delcroix. Lors d’un hommage rendu le 12 octobre 2010 à l’Hôtel de Ville de Tournai, Ronald Duval s’est exprimé au sujet du regretté Roger Delcroix, «un homme qui a marqué de manière importante notre région et les gens qui ont eu le plaisir de le côtoyer.» Connu bien évidemment en tant qu’homme politique qui fit énormément pour sa ville et ses concitoyens, Roger Delcroix, comme l’a rappelé Ronald Duval, «travailla également d’arrache-pied au sein de la FGTB pour nos affiliés et de manière plus générale pour le bien être des travailleurs.

Les parents de Roger tenaient la Maison du Peuple de Chercq. Si je me permets de la rappeler, c’est pour souligner que cela aura une incidence majeure sur sa vie et sur son parcours. Là, au contact des travailleurs, il fut témoin tout jeune des problèmes que l’on pouvait rencontrer dans

De par ses qualités de gestionnaire de dossier qui étaient déjà bien présentes, il fut promu chef du service administratif de la FGTB de Tournai par Henri Castel, secrétaire fédéral de l’époque . Avec la rigueur et la volonté qui le caractérisaient, Roger Delcroix grimpa les échelons et réorganisa même à la demande de la FGTB fédérale les services chômage des Régionales FGTB de Namur et du Luxembourg. Homme de défi, il accepta ensuite le poste de secrétaire de la section leuzoise de la Centrale Générale et passa ensuite à la Centrale Générale de Tournai dont il fut tour à tour secrétaire régional, le secrétaire fédéral et Président. Au cours de cette période, il y eu un projet qui lui tenait particulièrement à cœur : la construction et le lancement de l’hôtel Panoramique au Mont St Aubert. Convaincu du potentiel touristique

régional, il s’est démené pendant 2 années auprès des instances fédérales de la Centrale Générale pour mener à bien ce projet qui finit par voir le jour, avec le succès que nous lui connaissons tous aujourd’hui. Ces arguments et sa ténacité ont fini par porter leur fruits: le Panoramique, c’est donc avant tout un projet de longue haleine qu’il a concrétisé avec réussite. Il se battait pour ses idées et fut en terme de développement touristique un précurseur. Lors de sa carrière syndicale, il fut également président de la régional FGTB de Tournai Ath Lessines. Il ne fuyait pas les responsabilités et restait malgré tout accessible et présent. Son riche parcours, Roger Delcroix le devait entre autre à sa volonté et à son travail assidu mais surtout à son attachement sans faille aux valeurs socialistes et à l’attention toute particulière qu’il portait à rester proche des gens. Dans la vie comme au travail, Roger Delcroix savait ce qu’il voulait. Bon nombre d’entre vous ne me démentiront pas : avec lui, les échanges pouvaient être vifs mais restaient toujours courtois et constructifs. Il était conscient que derrière ce qu’il défendait et les choix qu’il posait, il y avait les gens et l’espoir d’un développement régional porteur d’emploi de qualité et de retombées positives pour la population. Cette ligne de conduite, Roger Delcroix l’a toujours suivie, tant dans le travail syndical que dans

son travail politique et nous l’en remercions.

- l’action qu’il a su mener tant au niveau syndical que politique;

Nous garderons de lui l’image d’un homme qui savait allier:

- et la proximité qu’il a toujours su garder vis-à-vis de la population et qui a fait de lui quelqu’un d’unanimement apprécié.

Rigueur et réflexion , action et proximité. - la rigueur qu’il s’imposait tant dans les paroles que dans les actes; - la réflexion et l’argumentation qui faisaient de lui un interlocuteur respecté;

Au nom des instances de la régionale FGTB de Tournai-Ath-Lessines je ne dirai pas adieu Monsieur le Président mais comme il l’aurait souhaité, ADIEU ROGER».


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LIÈGE - HUY - WAREMME

VERVIERS

Messieurs et dames banquiers! Sorry mais nous n’allons pas la payer, votre crise! En Grèce, en Espagne, en France, «ça sent la révolte». La peur est occupée à changer de camp...

douce violence face à des gadgets financiers a priori inoffensifs et qui doivent rapporter gros.

La Belgique retient encore son souffle mais passées les difficultés institutionnelles qui empêchent la formation d’un gouvernement, l’austérité sera au rendez-vous. Cette crise n’est pas la nôtre. Nous n’allons pas la payer!

Sauf que le prix des maisons ne grimpe pas jusqu’au ciel. Quand la bulle financière éclate, quand la valeur des immeubles s’effondre sur le «marché», quelques joyaux de finance mondialisée se retrouvent fort dépourvus...

En 2007, aucun des États européens, aujourd’hui lourdement endettés, ne connaissait de problème de financement.

Acte 2. Le sauvetage des banques

En 2008, le système bancaire s’effondre comme un vulgaire château de cartes, s’écroule comme un sentier de dominos. Que s’est-il passé? Une tragédie financière, économique et sociale en 3 actes:

Acte 1. La crise des «Subprimes» Des prêts ont été accordés à des familles américaines pour acquérir un logement. Les «prêteurs» savaient alors pertinemment qu’elles ne pourraient pas faire face au remboursement de leur prêt. Qu’à cela ne tienne. Les banques choisissent de spéculer sur la hausse des valeurs immobilières. Quand leurs clients seront acculés par des remboursements progressifs impossibles, ils seront jetés à la rue, manu militari, et les biens hypothéqués seront revendus avec plus-value. Pas folles les guêpes! Les institutions financières se couvrent une seconde fois en transférant les risques pris par la revente des contrats hypothécaires dans des mécanismes complexes et opaques (la titrisation). D’autres organismes acquièrent ces «valeurs» sans jamais bien savoir ce qu’elles recouvrent en réalité. Arnaque et...

Les États, jusqu’alors considérés comme des acteurs de second plan, un peu encombrants, toujours trop lourds, limite «superflus», dans la joyeuse économie libéralisée, sont appelés au secours. Il faut «sauver les banques». Quelques nuits suffisent à bourse délier. Et les montants sont impressionnants. Rarement l’assistance publique n’aura été si rapide à la détente, si prompte à la charité et si généreuse aussi. La sagesse populaire souligne qu’on ne prête qu’aux riches. L’acte 1 nous a prouvé l’inverse. Ici, il faut encore remarquer qu’on a surtout beaucoup... donné! Combien en fait? Le gouvernement belge a investi un montant total net de 15,16 milliards d’euros pour sauver trois enseignes: Dexia, Fortis et KBC. Voici le décompte: • 9,42 milliards de participation au capital de Fortis (devenue BNPParibas); • 1 milliard pour le financement de SPV Royal Park Investments (une société chargée de gérer les actifs pourris de Fortis banque); • 1 milliard de participation au capital de Dexia;

• 3,5 milliards pour un prêt subordonné à la KBC. Pour être complet, il faudra encore ajouter 500 millions d’euros en participation au capital d’Ethias. Et ce n’est pas tout. Le gouvernement s’est encore engagé (à certaines conditions) à souscrire à d’éventuelles augmentations de capital de Fortis Banque à hauteur de 2 milliards et à un nouveau prêt subordonné jusqu’à 1,8 milliards pour la KBC. N’en jetez plus, la cour est pleine! C’est sans parler de l’octroi de garanties (90,75 milliards pour Dexia), y compris à certains portefeuille de crédits à risque (1,5 milliards chez Fortis, 4,5 milliards de dollars chez Dexia et 3,16 milliards d’euros chez KBC). Si la cour est pleine, les caisses, elles, sont vides. L’Etat a dû emprunter pour financer ces largesses. Et les intérêts de cette dette complémentaire représentent 500 millions par an. Moralité transitoire: quand tout va bien, les banques engrangent de plantureux bénéfices et quand elles se plantent, on «socialise» les pertes et/ou les risques, autrement dit c’est l’Etat (donc nous) qui douille. Banquier, un beau métier!

Acte 3. L’histoire n’est pas terminée. L’ébranlement de la confiance dans le système du crédit a transféré la crise financière vers l’économie productive. Les entreprises ont été étranglées, le ralentissement de l’activité a poussé au chômage de nombreux travailleurs et en a empêché d’autres d’y accéder. Et puis on a parlé d’une politique de

relance (un plan win-win, source de gigantesques effets d’aubaine... pour les patrons!). Les pouvoirs publics et la sécurité sociale ont financé les «amortisseurs sociaux» (le chômage temporaire notamment). Et puis là, plus rien. Sauf qu’on nous explique que l’État belge va devoir se conformer aux décisions de l’Union européenne, va devoir faire d’importants efforts pour retrouver l’équilibre budgétaire d’ici 2015. Et pour cela, il va devoir trouver 22 milliards. A la fin du siècle dernier, un «plan global», moins ambitieux que ce qui nous attend, a été financé au détriment des revenus du travail. La recette a échoué. La preuve, on se prépare à nous redemander de passer à la caisse. Ecoutez le discours de la FEB (Fédération des Entreprises Belges)... La FGTB de Verviers et Communauté germanophone et son équipe de désintoxication du capitalisme refusent que le prochain gouvernement aille fouiller les poches des travailleurs pour les vider. Les travailleurs grecs, espagnols, portugais, irlandais, sont soumis à une politique de coupes sombres dans les budgets sociaux. Les agents de la fonction publique, les retraités, les salaires, la fiscalité progressive, sont dans la ligne de tir de politiques réactionnaires appuyées par la Commission européenne et le Fonds monétaire international. En privant le monde du travail d’emploi ou de ressources, ces orientations aveugles vont casser toutes les perspectives de reprise. Elles vont approfondir les

inégalités à la source de la crise financière. Inégalités entre des riches encore plus riches et des pauvres encore appauvris. Ce capitalisme nuit gravement à la santé. On prête aux milliardaires américains la confirmation suivante: «La lutte des classes existe et c’est la mienne qui est en train de la remporter». Bien vu! Le match n’est pas terminé. D’autres politiques sont possibles. La fraude fiscale représente plus de 20 milliards d’euros. Pour les traquer, il faut lever, comme en France, le secret bancaire. Des cadeaux fiscaux gigantesques sont organisés à travers le mécanisme des «intérêts notionnels» dont profitent largement les banques. Il faut supprimer ces dispositions. Il faut revenir à une réforme fiscale qui fasse mieux contribuer les plus fortunés. La crise est née de l’enrichissement des riches et de l’endettement des autres. Ce système s’est cassé la figure. La facture a été transférée aux États pour éviter un cataclysme financier dont les banques ont été le détonateur. Ce n’est pas aux travailleurs à payer les dégâts! Messieurs, Dames, merci pour votre compréhension!


ACTUALITÉS

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LA N-VA MENT RÉGIONALISATION DE L’IMPÔT = PLUS DE PAUVRETÉ ET PLUS D’INÉGALITÉS Transférer des compétences aux Régions, c’est rapprocher le pouvoir du citoyen. La FGTB n’est pas contre ! Une telle idée peut bien sûr faire partie d’un projet progressiste. Tout dépend de ses objectifs et…de ses bénéficiaires.

Ses dernières propositions portant notamment sur le transfert d’une part importante de l’impôt des personnes physiques reposent sur des hypothèses qui appauvrissent structurellement Bruxelles et la Wallonie.

En Belgique, cinq réformes institutionnelles ont déjà eu lieu et la FGTB n’est pas opposée à de nouveaux transferts de compétences, à condition qu’ils bénéficient aux travailleurs et qu’ils ne mettent pas en danger les instruments de solidarité que nous avons mis en place au fil du temps. La réforme des institutions que porte la N-VA ne va évidemment pas dans le même sens ! Elle va même dans le sens opposé.

Mais au-delà du clivage Nord-Sud, la N-VA est porteuse d’un programme de droite ultralibéral qui n’augure rien de bon pour les travailleurs du Nord du pays. L’autonomie régionale n’est en effet pas le seul objectif de la N-VA. Les mesures supposées booster l’économie de la Flandre reposent essentiellement sur la concurrence fiscale entre régions, sur la mise en concurrence entre les travailleurs, et on sait ce que cela signifie. Si on vous dit que le voisin gagne moins que vous, c’est que vous

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«La N-VA œuvre pour la prospérité économique et le bien-être social» ON VOUS MENT

Si on régionalise l’impôt des personnes physiques : • certains travailleurs pourraient avoir un salaire net plus élevé que d’autres pour un même travail. Ceci permettrait aux employeurs d’une des Régions de pratiquer la modération salariale pour faire pression sur les autres Régions et tirer l’ENSEMBLE des salaires vers le bas. Qui y gagnerait? Aucun travailleur; • d’autant que si les salaires diminuent globalement, ils alimentent moins les caisses de l’Etat fédéral et de la sécurité sociale. Cela signifie donc, là aussi pour tous les travailleurs, d’où qu’ils soient: moins de pension, de moins bonnes allocations en cas de perte d’emploi, une facture de soins de santé plus élevée. Ce phénomène serait d’ailleurs aggravé par toute tentative de scission, partielle ou totale, de la sécurité sociale;

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êtes trop gourmand… Le programme de la N-VA vise enfin les instruments de solidarité entre les travailleurs que sont la sécurité sociale, le droit du travail et la concertation sociale fédérale. Le vrai clivage entre la N-VA et les travailleurs est un clivage gauche-droite. C’est pourquoi la FGTB a décidé de démasquer le projet néolibéral qui se cache derrière les revendications nationalistes en démontant le discours de la N-VA. Cette campagne n’est pas dirigée vers l’autre Communauté. Elle est d’ailleurs menée des deux côté de la frontière linguistique.

«La N-VA est le syndicat de l’intérêt général» ON VOUS MENT

Le programme des nationalistes implique moins de pouvoir d’achat pour les travailleurs et les allocataires sociaux, c’est-à-dire, aussi, moins de moyens pour les biens de consommation de base qui font tourner l’économie. Mais tout le monde ne serait pas logé à la même enseigne… En effet, la N-VA est favorable à la déduction des intérêts notionnels ainsi qu’à de nouvelles réductions de cotisations sociales pour les entreprises. En outre, l’annualisation de la durée du temps de travail, la suppression des prépensions, le recul de l’âge de départ à la retraite et la limitation des allocations des travailleurs sans emploi, au programme de la N-VA, ne sont pas ce qu’il y a de plus indiqué pour bénéficier d’«une meilleure vie en société»…! Une telle politique de droite est inconciliable avec la défense des intérêts des travailleurs, c’est-à-dire de leur emploi et de leur pouvoir d’achat!

• cette volonté de régionaliser l’impôt est d’autant plus incompréhensible que les Régions n’ont utilisé qu’à la marge la possibilité qu’elles ont déjà de faire payer un peu plus ou un peu moins d’impôt à leurs citoyens (chaque région à une marge de 6,75% pour imposer plus ou moins ses administrés); • si une Région diminue les impôts, les autres Régions suivront avec, comme conséquence, un appauvrissement global des autorités publiques. Quelle prospérité? Pour la FGTB, il s’agit d’appauvrissement collectif!

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«La N-VA défend un véritable «vivre ensemble»» ON VOUS MENT

Confier davantage les politiques économiques et industrielles aux Régions est le gage d’une plus grande efficacité. Mais régionaliser l’impôt des sociétés directement ou indirectement en jouant sur les déductions fiscales, cela entraînerait:

«La N-VA œuvre pour une communauté maîtresse de sa destinée: libre et responsable» ON VOUS MENT

Même si les marchés n’ont pas à nous dicter leurs lois, si l’on devait retirer une partie importante de la capacité financière de l’Etat fédéral, on provoquerait à coup sûr une méfiance des marchés quant à la capacité de la Belgique à rembourser sa dette publique. On devrait aussi déplorer une augmentation des taux d’intérêt et des difficultés supplémentaires en vue d’atteindre la stabilité financière. Est-ce cela la liberté à la sauce nationaliste?

• des difficultés pratiques et administratives énormes, qui compliqueraient la vie de tout le monde; • une concurrence fiscale, entre Régions, au niveau de l’impôt des sociétés et des risques de délocalisations vers la Région qui pratiquerait l’impôt le plus bas. Cela signifie moins de moyens pour faire face aux besoins sociaux et collectifs: infrastructures routières, transports publics, soins de santé (précisons que l’Irlande a pratiqué l’impôt bas et, la crise aidant, se retrouve aujourd’hui pratiquement en faillite); • une concurrence terrible entre les travailleurs d’entreprises différentes mais aussi entre travailleurs d’une même entreprise! C’est ça le bien-être? Parlons plutôt d’inégalités croissantes!!

Dans un état social, tout le monde, y compris une «élite financière et riche», a le devoir de contribuer au financement des services publics et de cotiser à la sécurité sociale.


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°18 • 29 OCTOBRE 2010

> GRÈVE DE 60

Cinq semaines qui ont changé la Belgique

La foule devant la Gare des Guillemins à Liège (© IHOES)

Voici 50 ans, exactement le 20 décembre 1960, éclatait la grande grève générale qui paralysera le pays pendant cinq semaines. Action historique pour le mouvement syndical, la grande grève de 60 marque un tournant à la fois dans la doctrine syndicale qui accordera une large place au fédéralisme et y adaptera ses structures. Sous la double pression du mouvement wallon et du mouvement flamand, les institutions du pays évolueront dans le même sens. e 20 décembre 1960, la Chambre voit arriver sur sa table le projet de loi dit «d’expansion économique, de progrès social et de redressement financier» signé Gaston Eyskens, le premier ministre social-chrétien (le PSC alors unitaire était présidé par Théo Lefèvre) qui avait remplacé deux ans plus tôt le socialiste Van Acker. Plus connue sous le nom de «Loi unique», ce projet à l’intitulé positif n’était en fait que la concrétisation d’«un programme d’austérité, d’économie et de discipline qui ferait appel à tous et à toutes les classes sociales» annoncé dès

L

la fin juillet ‘60 par G. Eyskens. Il prévoyait une série d’économies pour redresser le budget ainsi que des impôts nouveaux et des relèvements tarifaires pour le chemin de fer. Parmi les mesures envisagées: le lutte contre les «abus» en matière de chômage, le renforcement du contrôle médical en matière d’assurance maladie, l’abaissement des conditions de recrutement et de traitement des agents communaux et provinciaux, le recul de l’âge de la retraite dans les services publics, l’augmentation des retenues sur les pensions de survie.

Philippe Léotard et Paul Louka dans le film Hiver 60 de Thierry Michel

La Belgique venait de perdre le Congo et les charbonnages en difficulté depuis plusieurs années voyaient arriver la fin des subventions de la CECA si bien qu’en lieu et place des «reformes de structures» (anticapitalistes) inspirées par André Renard et intégrées dans le programme de la F.G.T.B. lors de ses congrès de 1954 et 1956, à savoir la nationalisation de l’énergie, la planification économique, le contrôle des holdings… et d’une manière générale le plein emploi et une meilleure répartition du revenu national, les travailleurs voyaient plutôt poindre la fermeture des charbonnages - quasiment tous situés en Wallonie - sans perspective de reconversion, la récession, le chômage et la perte de pouvoir d’achat. Lorsque le projet de loi unique arrive au Parlement, le secteur public se met en grève. Le secteur privé lui emboîte immédiatement le pas. La grogne et l’inquiétude face à la récession et au chômage croissant couvaient en effet depuis des semaines et des mois. Le projet de Loi unique cristallisera les oppositions. Le 14 décembre déjà, en Wallonie, la veille même du mariage du Roi Baudouin, une série de manifestations organisées par la F.G.T.B. avaient mobilisé des dizaines de milliers de personnes. Les travailleurs n’attendaient qu’un signal pour élargir l’action. Celui-ci vint du secteur public. Quant à la CSC, proche du parti social chrétien au pouvoir, dominée par son aile flamande et peu encline à jouer le jeu de la «propagande» du PSB (alors dans l’opposition), elle ne réagit que mollement au projet. Le 20 donc la grève générale éclate. Elle durera cinq semaines et touchera tout le pays en débordant largement les instances syndicales qui n’envisageaient pas d’action avant janvier.

En l’absence de mot d’ordre national les régionales F.G.T.B. Wallonne s’étaient dès le 23 décembre constituées spontanément en «Comité de coordination des régionales wallonnes», jetant ainsi les bases d’une structure régionale de la F.G.T.B. Mais bien vite la grève s’essouffle en Flandre et se durcit en Wallonie où elle prend une tournure insurrectionnelle. L’objectif qui était le retrait de la loi apparaît rapidement hors d’atteinte et s’y substitue celui , plus politique, des réformes de structures. Parallèlement l’idée fait son chemin que ces réformes de structures seraient plus facilement atteintes si les structures politiques étaient elles aussi réformées et plus prosaïquement si la Wallonie dominée par le parti socialiste pouvait s’affranchir du poids conservateur de la Flandre, dominée, elle, par les chrétiens. Ce poids qui lors de la question royale avait aussi divisé les travailleurs selon le clivage nord-sud. L’assemblée du Comité de coordination des régionales wallonnes évoque de son côté dès le 15 janvier 1961 le projet d’un système «confédéral» au sein même de la F.G.T.B. Le débat fédéraliste traversera aussi bien évidemment le Parti Socialiste Belge. Tandis que sur le terrain, la grève prend une tournure d’autant plus violente que la perspective de voir le projet de Loi unique abrogé s’éloigne et que la revendication se politise. Hormis quelques îlots à Gand et Anvers, la Wallonie est seule en grève. Les grévistes envisagent alors l’abandon de l’outil pour frapper le cœur du système capitaliste, ainsi qu’une marche sur Bruxelles. Menaces qui ne seront pas mises à exécution. A la mi-janvier, il ne reste plus que trois bastions (le Centre, Charleroi

et Liège) à poursuivre la grève. Le 21 janvier, le CCRW décide l’arrêt du mouvement pour le 23. Bilan tragique: les affrontements avec la gendarmerie auront fait quatre morts. Les grévistes réintègrent les usines, parfois en brandissant des drapeaux rouges et en chantant l’Internationale, conscients de la défaite, écrivent Jean Neuville et Jacques Yerna(1), mais fiers de l’action qu’ils avaient menée et qui avait ravivé leur conscience de classe. On s’achemine alors vers la dissolution des Chambres, mais la loi unique sera néanmoins votée au Sénat le 13 février 1960 même si le gouvernement n’aura pas le temps de l’appliquer suite à la dissolution des Chambres. C’est le gouvernement de coalition PSB-PSC qui en appliquera l’essentiel. Sur ce plan, la grève est un échec mais elle aura ouvert des perspectives politiques nouvelles. Au lendemain des grèves, André Renard, notamment avec André Genot, fonde le MPW, Mouvement populaire Wallon, groupe de pression à la fois sur le mouvement syndical et sur le parti socialiste, qui se fixera pour objectif de poursuivre dans la voie des réformes de structure et du fédéralisme comme instrument pour les réaliser. Sous la double pression du fédéralisme wallon et du mouvement flamand, les structures institutionnelles du pays évolueront vers le fédéralisme. Des instruments de planification économique seront bien mis en place, mais on est loin des réformes anticapitalistes envisagées par les grévistes de 60. (1) Jean Neuville et Jacques Yerna: «Le choc de l’hiver 60-61 - Les grèves contre la loi unique». Ed. POL-HIS (CRISP) Brux., 1990.


ACTUALITÉ

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1960 – 2010: l’histoire repasse-t-elle les plats? 1960: la loi «d’expansion économique, de progrès social et de redressement financier», c’est-à-dire un programme d’austérité budgétaire, soulève la colère des travailleurs. Par ailleurs, la Belgique a perdu le Congo et les charbonnages périclitent. Les travailleurs sont inquiets. Les pays encore secoué par la Question royale se divise une fois encore selon la ligne Nord-Sud sur la question de la grève générale. Les tensions communautaires jusqu’alors basées sur la culture et l’emploi des langues, prennent une tournure politico-économique. La revendication régionaliste prend corps mais elle vient de Wallonie. La régionalisation devrait, selon le leader métallurgiste liégeois André Renard, ouvrir la voie aux «réformes de structure» anticapitalistes que le boulet flamand, catholique et conservateur freine des quatre fers… 2010: partout en Europe, les gouvernements adoptent des plans d’austérité. C’est la crise. L’industrie européenne a beaucoup de peine à se relever da la crise financière qui a provoqué une contraction mondiale de la demande. Les travailleurs sont inquiets. En Belgique, les divergences communautaires sont exacerbées mais c’est du Nord que vient le vent régionaliste, ou plutôt «confédéraliste», vu qu’au fil des ans et des réformes institutionnelles, le vocabulaire a changé. La Flandre, ou en tout cas une certaine Flandre, a le sentiment que l’Etat fédéral est un frein à l’expansion économique de la Flandre et que celle-ci s’en sortirait bien mieux seule face à la concurrence mondiale. La Wallonie est comparée à un sac à dos plein de pierres qui empêche la Flandre de s’envoler et le Sud, socialiste et «conservateur» freine des quatre fers le projet libéral de la bourgeoisie flamande. L’inquiétude en 1960 a débouché sur une grève générale qui aura duré 5 semaines et qui a changé quelque part l’avenir de la Belgique. L’inquiétude aujourd’hui ne s’est encore exprimée qu’à travers les mobilisations contre l’austérité et contre les réformes des retraites à l’étranger. Mais au-delà des similitudes de situation, la grève générale au finish n’est plus à l’ordre du jour. Sauf surprise, comme l’histoire en recèle souvent, la «Grande grève de 60» comme on dit la «Grande guerre», celle de ’14, semble elle aussi être la «der de der». C’est que le pouvoir à abattre n’est plus à portée de main. Un regard sur l’histoire est l’occasion d’un débat sur l’avenir et sur les moyens d’action du mouvement ouvrier au XXIe siècle. A cette occasion, on ressort des cartons le film de Thierry Michel, «Hiver 60», avec Philippe Leotard, Paul Louka et - en guest star - Jean Louvet, par ailleurs auteur des dialogues . Des projections-débats sont prévues dans toute la Wallonie en décembre ainsi que d’autres manifestations et expositions sous l’égide de la FGTB.

> COMMÉMORATION DES GRÈVES DE L’HIVER 60-61

Programme dans les Régionales Les Régionales FGTB vont commémorer dignement la grande grève de 1960 en organisant des projections du film Hiver 60, des débats, des expositions. Les programmes ne sont pas encore définitivement fixés. Vous trouverez plus de précisions en page régionale dans les prochaines éditions de Syndicats

Verviers & Communauté germanophone

Liège-Huy-Waremme

Mons-Borinage

• Expo du 11 décembre au 13 mars et 3 jours de colloque du 8 au 10 décembre • Une avant-première du documentaire coproduit par la FGTB wallonne sur la vie d’André Renard est organisée le 16 décembre au Centre culturel de Seraing. • Projection du film Hiver ’60 le 14 décembre à 20h. au cinéma Le Parc.

• Séance d’information «Grève de 60, grève du siècle… et depuis?» le 14 décembre à Hornu. • Projection du film Hiver ’60 le 16 décembre à 20h. au cinéma Le Plaza.

Charleroi & Sud-Hainaut • Expo photo du 13 au 26 novembre avec conférencedébat et rencontre intergénérationnelle. • Projection du film Hiver ’60 le 9 décembre à 20h. au cinéma Le Parc.

Centre • Expo du Pac-Pec-IHOES: vernissage le 2 décembre et conférence • Expo photos sur les journaux de l’époque . • Projection du film Hiver ’60 le 7 décembre à 20h. au cinéma Le Stuart.

• Expo du Pac-Pec-IHOES et activités avec le Pac Verviétois. • Expo de la FGTB fédérale. • Projection du film Hiver ’60 le 17 décembre à 20h. à l’Espace Duesberg.

Mouscron-Comines-Estaimpuis • Projection du film Hiver ’60 au Centre culturel Staquet le 13 décembre à 20h à l’initiative de Art-Wapi (Action et réflexion travailliste en Wallonie picarde).

Namur • Expo et réflexion sur les mouvements sociaux après ’60. • Projection du film Hiver ’60 le 15 décembre à 20h. au cinéma Le Caméo.

Tournai-Ath-Lessines • Expo Pac-Pec-IHOES à partir du 17 décembre • Expo de la FGTB fédérale

Brabant wallon • Projection du film Hiver ’60 le 6 décembre à 19h45 au Cinéscope de Louvain-La-Neuve) (organisation commune avec PAC, PS, Forabra, FPS, Mut Soc, Espace Belle-Vue).

Hiver 60 à Bruxelles aussi Des soirées débat avec projection du film Hiver 60 sont prévues aussi à Bruxelles.

Bruxelles • Jeudi 2 décembre, Centre culturel Flagey à 20 H • Mercredi 8 décembre au Vendôme à 20h30 Ceux qui souhaitent organiser une projections peuvent prendre contact avec Les Films de la Passerelle, François Dombret. Tél.: +32 43 42 36 02


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UNION BELGE DES OUVRIERS DU TRANSPORT

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> PECHE MARITIME

Un homme à la mer Depuis quelques années, le système «un homme à la mer» s’est bien intégré dans plusieurs de nos nations de pêche voisines. Si ce système n’est pas encore appliqué en Flandre, c’est parce que, suite à des manipulations politiques du cabinet du ministre flamand pour la pêche maritime, Peeters, le projet tout prêt du SDVO (Fondation pour le développement durable de la pêche) a été renvoyé aux calendes grecques depuis 2007. Ce n’est qu’après que l’UBOT a tiré la sonnette d’alarme à ce sujet dans les médias, que les instances se sont finalement réveillées. Enfin, l’installation du système «un homme à la mer» à bord des navires devient réelle. Le système est constitué des appareils suivants: une antenne, un récepteur et un petit émetteur. Au lieu d’opter pour un système uniforme pour la flotte entière, l’armateur peut maintenant choisir librement. Et voilà ce qui est dommage. Plusieurs armateurs ont déjà demandé une offre auprès de Radio-Holland concernant l’unique système qui remporte l’approbation générale des services d’inspection. Si ces armateurs optent effectivement pour le même système, leur choix aura des avantages. En effet,

si plusieurs navires pêchent dans la même région, les navires environnants recevront eux aussi une alarme à bord lorsqu’un homme tombe à la mer. Ils pourront alors prêter leur aide à l’opération de sauvetage, ce qui représente un avantage énorme pour la recherche du naufragé. Si on utilise des systèmes différents, une telle action collective n’est pas possible. De plus, les pêcheurs sont obligés de suivre une nouvelle formation à chaque fois qu’ils changent de navire. Sachant qu’au cours des dernières décennies, 50 pêcheurs se sont noyés après qu’ils étaient tombés à la mer, il est clair que des mesures ne peuvent plus se faire attendre. Les armateurs portent une grande responsabilité à ce sujet! Espérons que nous pourrons, à l’avenir, éviter ce genre d’accidents du travail dramatiques sur mer, si tous les armateurs donnent suite

Le savoir, c’est le pouvoir! Les 16 et 17 octobre, le weekend d’étude annuel a eu lieu pour les secrétaires et les propagandistes du groupe professionnel Transport & Logistique. Plusieurs sujets ont été traités par cette réunion. Louis Eloy (FBAA), Hans De Wit (ICB), René Degryse (UBOT) et Philippe Duquenne (CGSP) ont d’abord rafraîchi notre connaissance en ce qui concerne le secteur des bus et cars. Christina Tilling (ETF) a commenté les évolutions récentes dans le secteur du transport européen. A l’issue de la réunion, une visite guidée a eu lieu au terminal de conteneurs de WCT et au complexe d’écluses à Meerhout. Cette visite a été suivie par une autre, notamment au restaurant routier «Afrit 32bis» à Lummen, un des rares lieux d’arrêt pour chauffeurs de camion qui répond aux normes sévères de l’UBOT...

à l’offre en question. A savoir que les autorités flamandes, l’Union européenne et la Province de la Flandre occidentale ont fait de grands efforts pour limiter les frais en faveur de l’armement.

La 2ème journée du weekend d’étude a commencé avec un exposé sur les temps de conduite et de repos, accompagné par une démonstration du paquet Orditool. Cela pour entretenir la connaissance et la pratique à ce sujet. Une fois «les esprits assagis», des plans audacieux ont été forgés en fonction d’une nouvelle action pour dénoncer la situation lamentable des parkings le long des autoroutes... La partie culturelle du weekend concernant les Cavaliers du Bouc a également été appréciée par les participants. Non seulement, nous avons appris un peu plus sur la région, nous avons pu constater également comment, à l’époque, l’église et les autorités torturaient les gens pauvres afin de leur arracher des «aveux» les plus grotesques.

Conformément à la législation, l’armateur et le capitaine doivent obliger leur équipage à porter l’émetteur sur eux pendant le voyage en mer. Nous lançons un appel à tous nos pêcheurs pour exercer de la pression sur chaque armateur concerné afin qu’il passe à l’installation du systême «un homme à la mer» dans les plus brefs délais!

Attention! Nouvelle adresse! Service public fédéral Mobilité et Transport Posthoflei 5 2600 Berchem lundi - vendredi de 9h00 à 12h00 et également le mardi et le jeudi de 13h00 à 15h30.

Tél. + 32 3 229 00 59 - fax + 32 2 277 40 90 - Certificat communautaire - Certificat d’examen - Certificat d’approbation (ADNR) - Certificat de jaugeage

NAVIGATION INTERIEURE Guichet Navigation intérieure Tél. + 32 3 229 00 48 - fax + 32 2 277 40 91 - Patente du Rhin - Certificat de conduite - Transport de passagers - Patente radar - Attestation ADNR - Livret de service - Livre de bord - Carnet de contrôle des huiles usées

NAVIGATION DE PLAISANCE Contrôle de la Navigation Tél. + 32 3 229 68 98 - fax + 32 2 226 10 43 - Plaque d’immatriculation pour embarcations de plaisance - Lettre de pavillon

Contrôle de la Navigation Centre Unique de Planning et d’Information (CUPI)

MARINE MARCHANDE Tél. + 32 3 286 68 90 - fax + 32 2 226 10 43 - STCW - Rôles d’équipage - Carnets de marin

«photo de groupe des participants au weekend d’étude à Hasselt».

Solidarité avec les camarades turcs d’UPS Déjà pendant 150 jours ils protestaient contre leur licenciement abusif, nos camarades de TUMTIS. 150 jours de lutte contre l’attitude impitoyable d’une multinationale qui semble penser qu’elle peut tout simplement violer les droits syndicaux en Turquie. La délégation syndicale internationale dont l’UBOT faisait partie ne pouvait que montrer son admiration pour la persévérance de nos collègues turcs d’UPS qui ont été licenciés parce qu’ils avaient décidé d’adhérer au syndicat. Suite à leur engagement syndical ils sont devenus les victimes d’UPS qui semble vouloir garder sa succursale turque libre de syndicats. La participation de l’UBOT aux actions de solidarité préalables était garantie, elle le sera d’autant en ce qui concerne les actions prochaines : nous ne laissons pas tomber les camarades de TUMTIS!

Voilà la devise de la semaine d’action de l’ITF qui a eu lieu du 11 au 15 octobre 2010. L’UBOT a mené une campagne de sensibilisation dans les entreprises où elle est représentée. Sur la photo Eddy Regnard de la firme SAMAT de la régionale de la Flandre orientale. Vous trouverez les autres photos que nous avons reçu des entreprises où des actions avaient été menées sur: http://picasaweb.google.be/btb.ubot/RespectEnVeiligheidNUInternationaleActieweek612Oktober 2010?feat=directlink#slideshow/5530407986436764482

Frank Moreels s’adresse aux affiliés-grévistes de TUMTIS.


ACTUALITÉS

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> GÉNÉRIQUES

Le guide 2010 du médicament moins cher est sorti De Tournai à Verviers, en passant par Ottignies, Libramont, La Louvière ou Namur, La Mutualité Socialiste et son réseau associatif ont mené du 25 au 29 octobre une semaine d’actions de sensibilisation «Médicaments moins chers». En Belgique, nous consommons beaucoup de médicaments. Le dernier volet de l’Enquête de santé publique 2008 relevait que plus d’un Belge sur 2 avait consommé des médicaments sur prescription au cours des deux dernières semaines. La consommation d’antidouleurs a triplé en quelques années en Belgique. En 1997, les remboursements d’antidouleurs s’élevaient à quelque 20 millions d’euros. Ce budget a augmenté jusqu’à 60 millions pour l’année 2009. Cette consommation élevée de médicaments coûte cher tant pour le patient que pour l’Assurance Maladie. Et constitue un frein à l’accès aux soins de santé. La Mutualité socialiste se réjouit de la nouvelle stratégie gouvernementale en ce qui concerne la politique des médicaments, en particulier l’encouragement à la prescription de médicaments moins chers au bénéfice du patient, et du souhait d’ouvrir le débat sur la question de la prescription de médicaments en maisons de repos et sur l’évaluation de la forte consommation de médicaments dans notre pays. Payer moins cher, faire des économies, c’est possible et c’est l’affaire

de tous : du patient, du médecin et du pharmacien. Mais les gens sont souvent mal informés. C’est pourquoi, La Mutualité Socialiste et son réseau associatif (FPS, Espace Seniors..) mènent campagne depuis des années pour promouvoir les médicaments génériques moins cher et informer les patients sur les alternatives aux médicaments «de marque».

Il en va autrement pour les médicaments sans prescription. Pour un petit rhume, un mal de tête, la plupart des gens vont tout simplement à la pharmacie et demandent des médicaments sans ordonnance. On l’oublie souvent, mais pour ces médicaments en vente libre, il existe aussi des alternatives moins

Elles ont organisé dernièrement une semaine d’actions «Médicaments m o i n s chers» en Wallonie: distribution du guide «Médicaments moins chers» dans les gares, séances d’information, animations sur les marchés, etc.

Médicaments sans ordonnance: des alternatives moins chères La question du choix entre plusieurs médicaments est généralement la prérogative du médecin qui les prescrit. Il est bien entendu possible de lui demander s’il n’y a pas des génériques qui conviennent et qui ont les mêmes vertus thérapeutiques, mais le choix n’est pas vraiment entre les mains du patient.

> MATERNITÉ

La période des pauses d’allaitement portée à 9 mois Les interlocuteurs sociaux ont conclu un accord au sein du Conseil national du travail en vue d’étendre à 9 mois la période pendant laquelle les travailleuses peuvent prendre des pauses d’allaitement. Cette convention n° 80bis modifie la CCT n° 80 du 27 novembre 2001 instaurant un droit aux pauses d’allaitement. Elle était nécessaire pour se mettre en conformité avec les dispositions de la Charte sociale européenne. Actuellement, la période totale pendant laquelle la travailleuse a le droit de prendre des pauses d’allaitement est de sept mois à partir de la naissance de l’enfant. Cette période peut être prolongée dans des circonstances exceptionnelles liées à l’état de santé de l’enfant, attestées par un certificat médical. Les pauses d’allaitement ont été prévues pour permettre aux femmes d’allaiter ou de tirer leur lait à raison d’une pause par tranche de 4h de travail. La femme qui travaille au moins 7,5 heures par jour, a le droit d’interrompre son travail à raison d’une demi heure par tranche de 4 heures pour allaiter ou pour tirer son lait. Si le temps de travail n’est que de 4 heures par jour, la femme allaitante a droit à une demi-heure d’interruption. Cette pause doit être convenue avec l’employeur ou avoir lieu juste avant ou juste après la pause prévue dans le règlement de travail. La femme qui désire allaiter doit en avertir son employeur deux mois à l’avance. Elle doit également lui fournir une attestation de l’Office National de l’Enfance (ONE) ou de son homologue Kind en Gezin, ou d’un médecin. L’employeur doit de son côté mettre à disposition un local approprié, propre et chauffé.

chères et tout aussi efficaces que les médicaments les plus coûteux et habituellement délivrés par le pharmacien. Si le client n’exprime aucune préférence, le pharmacien aura tendance à délivrer les médicaments de marque plus chers et plus connus du grand public.

Il suffit donc de poser la question pour savoir s’il y a un meilleur choix point de vue «qualité-prix».

Suivez le guide! On peut aussi s’informer sur ce qui existe. A cet effet, la Mutualité socialiste met à la disposition de tout un chacun des informations et des outils efficaces pour que les

patients puissent effectuer le choix le plus approprié à leurs besoins. C’est dans cet esprit qu’elle publie chaque année un guide des «Médicaments moins chers». L’édition 2010 vient de sortir. On peut aussi faire appel au moteur de recherche mis à disposition sur Internet avec la liste mise à jour des correspondances entre médicaments de marque et génériques: www. medicamentsmoinschers.be

Le Parlement européen veut 20 semaines de congé de maternité Le Parlement européen s’est prononcé pour une extension du congé de maternité de 14 à 20 semaines entièrement indemnisées dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. Par 390 voix contre 192, les députés ont appuyé la position prise en commission sous l’impulsion de la socialiste portugaise Edite Estrela. Outre l’extension du congé de

maternité, le Parlement s’est également exprimé en faveur de l’instauration d’un congé de paternité de 2 semaines dans l’UE. A l’heure actuelle, la durée minimale du congé de maternité en Europe est officiellement fixée à 14 semaines, mais la durée réelle varie toutefois grandement d’un pays à l’autre. En Belgique, les jeunes mamans ont actuellement droit à 15 semaines.

Selon une étude d’impact, l’extension du congé de maternité de 15 à 20 semaines en Belgique coûterait 166 millions d’euros supplémentaires, ce qui explique une levée de bouclier des organisations patronales. Rien n’est cependant fait: conformément à la procédure législative européenne, ce texte va à présent retourner vers le conseil des ministres européens.

Inflation de 3,01% en octobre Index normal: 114, 41. L’index mesure l’évolution réelle des prix. Pour le mois de octobre 2010, le taux d’inflation est de 3,01% par rapport à octobre 2009. Index-santé: 113,46. L’index-santé sert de base à l’indexation des loyers à la date anniversaire de la signature du bail. Par rapport à octobre 2009, l’index santé a augmenté de 2,40%. Allocations sociales: Le prochain taux-pivot (par rapport à l’index-santé lissé) qui entraînera une hausse de 2% des allocations sociales est de 114,97 (base 2004 = 100). Conversion: l’index-santé de octobre 2010 (113,29/base 2004 = 100) correspond à 129,08 (base 1996=100).


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DOSSIER

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EXPLOITATION

La traite des êtres humains n’ap Le Centre pour l’égalité des chances a rendu son Rapport annuel relatif à la Traite et au Trafic des êtres humains. Sous-titré «Une apparence de légalité», le rapport fait le point sur l’exploitations à des fins économiques de travailleurs étrangers et des «faux indépendants».

Infrac tions exploitation éc onomique 2009 Infrac tions par c ommune (N=2758) S ource:B NG Antwerpen T urnhout B rugge

Dans son rapport annuel Traite et Trafic des êtres humains 2009, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a choisi de mettre l’accent sur la traite des êtres humains à des fins d’exploitation économique, «avec une attention particulière pour les constructions légales ou illégales qui résultent de la libre circulation des personnes et des services et qui peuvent donner lieu à des faits et des pratiques de traite des êtres humains.» De quoi s’agit-il? La libre circulation des personnes ou des services en Union européenne a malheureusement contribué au développement de situations proches ou qualifiables de traite des êtres humains. Exploitation, faux statuts, papiers falsifiés, mauvaises conditions de travail, absence de protection sociale, le travailleur étranger qui cherche à améliorer sa situation dans notre pays n’hérite bien souvent que d’un boulot précaire, sans contrat, et d’une situation qui le met en danger. Le centre indique en effet que l’on a pu assister, récemment, à une augmentation du nombre d’indépendants ressortissants des nouveaux Etats membres de l’Union qui deviennent associés actifs dans une société belge. Dans certains cas cependant, il s’avère qu’il s’agit d’une situation de fausse indépendance et parfois même de traite des êtres humains. La libre circulation des services, quant à elle, concerne d’une part, les travailleurs indépendants qui «se détachent» de leur pays de résidence pour venir travailler temporairement dans un autre Etat membre et d’autre part, les entreprises européennes qui viennent prester des services dans un autre pays que celui où elles ont leur siège social et qui, pour ce faire, détachent leurs travailleurs salariés. Dans ce dernier cas de figure, le travailleur détaché peut être un ressortissant de l’Union mais ce n’est pas nécessairement le cas (ex: une entreprise italienne qui détache ses travailleurs ukrainiens pour effectuer une prestation de service sur un chantier de construction en Belgique). Concurrence entre travailleurs Ces dernières années, les services d’inspection sont confrontés à une augmentation constante de l’activité des entreprises étrangères en Belgique. Ce phénomène va souvent de pair avec diverses formes de concurrence déloyale. Dans de nombreux cas, on peut même considérer que ces entreprises étrangères se livrent à un véritable dumping social. Le détachement de travailleurs, dans le cadre de variantes parfois complexes (comme une longue chaîne de sous-traitance, la sous-traitance par le biais de bureaux d’intérim ou de faux indépendants) peut ainsi servir

à couvrir des pratiques douteuses et faciliter l’exploitation de travailleurs migrants.

Par ailleurs, les personnes détachées sont souvent placées dans des situations qui ne répondent pas aux conditions fixées par les réglementations relatives au bienêtre, à la sécurité et à la santé des travailleurs. Dans le même ordre d’idée, ces dernières années, les services d’inspection sont de plus en plus confrontés, lors de contrôles, à des (faux) indépendants (étrangers). Les travailleurs dits «indépendants» ne sont parfois pas au courant de leur statut social, ignorent ce qu’elles ont signé, et se retrouvent dans des situations où la dignité humaine est atteinte: conditions de travail épouvantables, nonrespect des barèmes salariaux, etc. Le centre pour l’égalité des chances illustre son propos par un cas fréquent: celui des night-shops et phone-shops. «Nous avons constaté des cas de faux indépendants parmi les exploitants indo-pakistanais dans les secteurs des magasins de nuit, des phoneshops et des car wash. Ils deviennent actionnaires voire, plus tard, gérants de la société. En réalité, ils font uniquement office d’hommes de paille pour l’exploitant, qui se soustrait ainsi aux charges sociales et augmente facilement l’étendue de ses affaires. Sur base de son statut d’indépendant, le travailleur peut s’inscrire légalement à la commune et reçoit un titre de séjour légal. Mais il arrive également, dans le secteur des magasins de nuit, que ces soidisant indépendants se trouvent en réalité de manière tout à fait illégale sur le territoire, tout en étant déclarés à l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (INASTI).» Que faire? Le Centre pour l’Egalité des Chances

Mechelen

Dendermonde

T ongeren Has s elt B rus s el

Ieper

De plus en plus de secteurs sont concernés par le phénomène du détachement. Outre le secteur de la construction et des fabrications métalliques, on trouve également des travailleurs détachés entre autres dans l’horeca, l’agriculture et l’horticulture, le secteur du gardiennage, le nettoyage ou encore le transport de marchandises. Les infractions constatées sur le terrain sont surtout relatives aux domaines suivants: conditions de rémunération (salaires payés aux travailleurs détachés systématiquement inférieurs au niveau des salaires minimums belges, primes et suppléments non payés, retenues sur salaires,…) durée du travail (longues journées de travail, prestations irrégulières, prestations hebdomadaires de 6 à régulièrement 7 jours par semaine (souvent 60 heures par semaine), prestations de nuit et les jours fériés, heures supplémentaires non payées,…).

G ent

V eurne

L euven

K ortrijk Oudenaarde

T ournai

Nivelles Huy Mons

L iège

Namur V erviers E upen

C harleroi Marche-en-F amenne

Dinant

Infrac tions ex ploitation éc onomique 2009

Neufchâteau

230 115 23 Arlon

T ravail frauduleux/au noir (N=1700) C ommerce ambulant (N=463) T ravailleurs étrangers (N=404) T E H en vue d'expl écon (N=191)

DG J /DJ P /T E H AS A S inne E NG E LE N

Ces données proviennent de la Banque de données nationales générale (BNG) qui est gérée par la police fédérale. Dans 191 des 2.758 infractions d’exploitation économique constatées en 2009, d’après la BNG, il est question de faits de traite des êtres humains à des fins d’exploitation économique. Il y a eu 1.700 constats de travail en noir et 404 constats concernant la législation sur le travail des étrangers ou des indépendants. Au sein de ces dernières catégories, nous ignorons si des vérifications explicites ont été effectuées pour savoir si les conditions de travail pouvaient donner une indication de traite des êtres humains.

a rédigé plusieurs recommandations, qui permettraient de détecter les situations «limite» ou relevant de la traite des êtres humains. 1. Sensibiliser les services de police locale à la détection des victimes de la traite des êtres humains aux fins d’exploitation économique (pour notamment localiser les «marchands de sommeil»). 2. Sensibiliser les services d’inspection sociale à l’importance de contrôles approfondis (conditions de vie, de travail, horaires…), attention particulière pour la détection des victimes d’exploitation économique via les figures de détachement et de faux indépendants. Pour ce faire, il est essentiel de fournir à ces services un cadre de travail adapté et du personnel en suffisance. 3. Les auditeurs du travail et les magistrats du parquet doivent consacrer suffisamment d’attention aux dossiers de traite des êtres humains à des fins d’exploitation économique. 4. Mettre la traite des êtres humains comme priorité à l’agenda politique, avec notamment l’introduction d’une loi relative à la coresponsabilité des donneurs d’ordre dans le cadre de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation économique. Lire plus: Rapport annuel Traite et Trafic des êtres humains du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. Téléchargeable sur www. diversite.be

> ILLUSTRATION

Des «indépendants» qui ignorent leur statut Outre l’exemple précité des nightshops et phone-shops, de nombreux autres cas d’exploitation ont été relevés par le Centre. Voici un extrait du rapport, citant plusieurs cas. Des faux indépendants sont exploités dans divers secteurs sous le couvert de la libre circulation des personnes. Le Centre mentionne l’existence de ce phénomène dans le secteur de l’élevage de volaille. Ainsi, le tribunal correctionnel de Tongres amené à juger une affaire de ce type a estimé que les prévenus «plaçaient de manière organisée et ininterrompue de la main-d’œuvre polonaise auprès d’entreprises légales de volaille, et ce par le biais d’une forme illégale de placement contre paiement. Pour ce faire, des sociétés étaient constituées pour ensuite faire travailler les travailleurs polonais sous le statut d’indépendants, sans que ces derniers ne soient au courant de leur statut. L’argent provenant de cette mise au travail illégale était ensuite blanchi par le biais de virements sur divers comptes bancaires». Ce phénomène est également présent dans le secteur du nettoyage. Dans l’industrie du nettoyage, il a été constaté que les sous-traitants, opposés les uns aux autres par les grandes sociétés, font appel à de faux indépendants comme personnel de nettoyage. Dans le secteur du traitement des déchets, nous constatons que des victimes bulgares et turques sont employées comme faux indépendants par des sociétés belgo-turques qui travaillent en sous-traitance pour de grosses sociétés belges dans le domaine portuaire. Ces travailleurs doivent trier les déchets des grandes sociétés pour un salaire de 7 à 8 euros de l’heure. Un système de pénalités est appliqué et ils doivent encore payer leurs cotisations sociales. Ils sont à peine au courant de leur statut social et doivent signer des documents dont ils ignorent la portée. Bien souvent, ils ne connaissent pas même le nom de la société pour laquelle ils travaillent. Autre secteur important, celui de la construction. Ainsi, dans une affaire récemment jugée par le tribunal correctionnel de Charleroi, les deux prévenus ont notamment été condamnés pour traite des êtres humains. Ils avaient engagé une main-d’œuvre étrangère non déclarée (des Polonais et des Brésiliens) afin de réaliser des travaux de plafonnage. Certains des travailleurs avaient été élevés au rang d’associés afin d’éviter l’application du statut réel d’ouvrier. En réalité, ils étaient toujours dans un lien de subordination par rapport aux prévenus.


DOSSIER

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partient pas au passé Qu’est-ce que la traite des êtres humains?

Infrac tions traite des êtres humains 2009 Infrac tions par c ommune (N=361) S ource: B NG T urnhout B rugge

A ntwerpen G ent

Egalement qualifiée d’«esclavage moderne», la traite des êtres humains consiste essentiellement en l’exploitation de personnes dans divers secteurs. Il peut s’agir d’exploitation sexuelle (dans le cadre de la prostitution essentiellement) ou d’exploitation économique (par le travail). Ainsi, des personnes peuvent être exploitées par exemple dans le secteur de la construction, de l’horeca ou encore du travail domestique.

V eurne

Dendermonde

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K ortrijk

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L euven

Ieper Oudenaarde L iège

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Rôle du Centre Depuis 1995, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a été chargé d’une mission spécifique de stimulation, de coordination et de suivi de la politique de lutte contre la traite des êtres humains. Avec la loi du 10 août 2005, cette mission a été étendue au trafic des êtres humains.

Source: www.diversite.be

> ILLUSTRATION

800e par mois, et des papiers falsifiés Dans ce dossier de Termonde, les faits se sont produits en 2004 et 2005. Les travailleurs polonais revêtent à la fois la qualité de travailleurs détachés et celle de travailleurs indépendants. Lors d’un contrôle de résidence de 13 ouvriers du bâtiment polonais, la police locale constate une situation de marchands de sommeil et apprend que ceux-ci travaillent dans une société de construction en tant qu’associés actifs. Ces ouvriers polonais déclarent qu’ils étaient venus en Belgique précédemment via une société polonaise qui travaillait en sous-traitance pour un promoteur immobilier belge. Ils bénéficiaient d’un contrat de travail comme travailleurs détachés pour un salaire mensuel de 800 euros. Lors de contrôles, il s’est cependant avéré qu’ils travaillaient à leur insu de manière illégale, les formulaires de détachement E101 ayant été falsifiés. Les Polonais ont alors refusé de continuer à travailler pour le promoteur immobilier belge via la société polonaise. Le promoteur leur a proposé de reprendre une société belge. Il leur a présenté des documents à signer. Les documents étaient rédigés en néerlandais et aucun interprète n’était présent. Il leur a expliqué qu’ils recevaient chacun 7 parts sociales. Dans la pratique, les ouvriers du bâtiment polonais étaient entièrement au service du promoteur immobilier belge. Ils devaient travailler 45 heures par semaine et pour cela, ils recevaient 300 euros. De ce montant, ils devaient, en tant qu’indépendants, payer eux-mêmes le précompte professionnel et les charges sociales. Il s’est avéré que certains d’entre eux n’ont pas perçu du tout de salaire du promoteur belge. Ce dernier serait redevable de sommes importantes aux Polonais auditionnés, variant de 3.000 à 10.000 euros. Après quelques mois, le tribunal de commerce a liquidé la société, le promoteur immobilier belge ayant mis la clé sous le paillasson, à l’insu de ses associés polonais. Tant le promoteur immobilier belge que sa société, les gérants de la société polonaise en sous-traitance ainsi que le propriétaire de la villa sont poursuivis entre autres pour traite des êtres humains.

V erviers

C harleroi

Depuis le début des années 1990, la Belgique dispose d’un système de statut de séjour délivré aux victimes de la traite des êtres humains. Le système belge de lutte contre la traite des êtres humains repose en effet sur un difficile compromis entre d’une part, la volonté de protéger les victimes et de leur offrir des perspectives d’avenir et d’autre part, la nécessité d’une lutte efficace contre les réseaux. C’est dans ce contexte que les victimes de la traite qui acceptent de collaborer avec les autorités judiciaires peuvent bénéficier d’un statut de séjour spécifique.

Namur

Mons

Statut des victimes

E upen Marc he-en-F amenne

Dinant

Infrac tions traite des êtres humains 2009

Neufc hâteau

40 20 4 TEH TEH TEH TEH TEH TEH

en vue d'expl écon (N=191) en vue d'expl s ex (N=130) en vue de produire porno enfant (N=19) en vue de crime/délit forcé (N=11) en vue d'expl mendicité (N=8) en vue de trafic d'organes (N=2)

A rlon

DG J /DJ P /T E H AS A S inne E NG E LE N

Ainsi que l’on peut le constater sur cette cartes, les infractions relatives à des faits de traite des êtres humains ne concernent pas uniquement l’exploitation à des fins économiques. Les cas de traite d’êtres humains en vue d’exploitation sexuelle sont malheureusement les plus fréquents. D’autres infractions, plus sordides encore, comme l’exploitation d’enfants à des fins pornographiques, ou encore des cas de trafics d’organes, ont été constatées en 2009. Fort heureusement dans une moindre mesure. Les grandes villes, et particulièrement Anvers sont les plus touchées.

10 heures par jour, sans contrat, même malades... M. Charles-Eric Clesse, Premier substitut de l’auditeur du travail de Charleroi et Maître de conférences à l’ULB, évoquait lors de la présentation du rapport 2009 un cas précis, relatif au secteur du déménagement. Travailleurs sous- ou pas payés, non respect des règles relatives au détachement des travailleurs: la société a été condamnée pour traite des êtres humains. Ce dossier a été ouvert en 2005 suite à une dénonciation mettant en lumière les agissements d’une société de déménagement italienne implantée depuis quelques semaines à Gosselies et qui employait de manière irrégulière des travailleurs originaires de Naples, de Belgique et quelques Maghrébins. La société mère est basée à Naples. En Belgique, cette société de déménagement avait pour principal client le Shape. Elle possède des succursales en Allemagne et à Washington.

«La société a fait travailler de manière illégale tant des travailleurs recrutés en Belgique que des travailleurs italiens détachés. Or, les règles en matière de détachement n’ont pas été respectées, que ce soit en matière de droit du travail (non respect des réglementations en vigueur en Belgique) ou en droit de la sécurité sociale (impossibilité, tant dans le chef des travailleurs que de l’employeur, de produire le formulaire E101 qui permet de rester assujetti à la législation sociale du pays d’envoi). Par ailleurs, les chauffeurs/déménageurs étaient sous-payés. La plupart

recevaient, toujours en liquide, un salaire journalier de 70 euros comme ouvrier/déménageur ou 80 euros comme chauffeur pour un temps de travail de 10 heures par jour. Plusieurs travailleurs n’ont pas été payés. Les promesses de contrat de travail n’ont pas été respectées. Ils étaient obligés de travailler en étant malades. Il n’y avait aucune assurance accidents ou maladie. En cas d’accident, les frais de réparation du véhicule étaient retenus sur le salaire. Lorsqu’un travailleur en situation de séjour illégal osait se plaindre, on le menaçait d’appeler la police pour le dénoncer. Un déménageur nigérian, qui était en situation de séjour illégal, s’est déclaré victime de la traite des êtres humains. Il a pu bénéficier de ce statut et a été pris en charge par un centre d’accueil spécialisé.»

Suites judiciaires Par jugement du 19 mars 2010 du tribunal correctionnel de Charleroi, les gérants de la société ont été condamnés pour diverses infractions au droit pénal social et pour traite des êtres humains. Ils ont toutefois interjeté appel de la décision rendue.

Traite de travailleurs brésiliens illégaux Bruno Devillé, contrôleur social, Inspection sociale fédérale, évoquait un jugement d’avril 2010, relatif au secteur de la construction. Le Tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné un entrepreneur pour la mise au travail de Brésiliens en situation illégale. L’enquête avait permis de mettre en évidence des pratiques frauduleuses: facturation de complaisance, faux statut d’indépendant, documents d’identité ou de séjour falsifiés ou contrefaits. Ce jugement, où la prévention de traite des êtres humains a été retenue pour l’occupation de certains travailleurs, met en avant: • le manque de considération pour la dignité humaine, • le préjudice causé à la collectivité par l’occupation de main-d’œuvre non déclarée et en situation précaire, • le préjudice causé aux travailleurs par le non respect de leurs droits sociaux fondamentaux.


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> POINT DE VUE

> SECTEUR DE LA CONSTRUCTION

Les grévistes ne sont pas des criminels

Alliance Emploi-Environnement en Wallonie Cette semaine, la FGTB et la CSC ont envoyé une note au Gouvernement wallon afin de lui faire part des priorités et balises qu’elles considèrent comme essentielles dans l’Alliance Emploi-Environnement, ce chantier d’envergure qui représente des enjeux majeurs pour le futur de la Wallonie.

Pour la énième fois, nous devons protester avec force contre la manière scandaleuse dont les actions de grève sont cassées. La grève est un droit fondamental qui est fixé dans les lois belges et dans tous les accords internationaux. Les pays qui ne respectent pas ce droit sont toujours condamnés par la communauté internationale. Chez nous aussi, une telle condamnation est fondée. Cette fois, il s’agit du fabricant de tuyaux en plastique Plastiflex à Beringen dans le Limbourg. 65 ouvriers ont appris que leur entreprise allait fermer ses portes et qu’il n’y aurait pas un centime pour négocier un plan de licenciement plus ou moins correct. Ils ont été renvoyés chez eux pour cause de chômage économique. Craignant qu’il ne s’agisse là d’une ruse pour totalement vider l’entreprise, les ouvriers sont partis en grève et ont organisé des piquets de grève. Personne ne peut nier le fait que les ouvriers avaient des raisons légitimes d’utiliser le droit de grève et qu’ils en ont fait un usage tout aussi légitime. Et pourtant, l’action a été brisée avec une brutalité inouïe. Sur base d’une requête unilatérale, un juge a lancé une sommation permettant à un huissier de faire lever le piquet de grève, soi-disant pour emporter des pièces commandées par le fabricant d’aspirateurs Miel. Le bourgmestre de Beringen a fait intervenir une quantité démesurée de policiers, des voitures ont été enlevées, des militants ont également été arrêtés pour interrogatoire. Par ce comportement, les employeurs prouvent que leur objectif n’est pas de garantir un service minimum pendant une grève. Jusqu’à preuve du contraire, les aspirateurs ne sont pas d’une importance vitale pour le circuit économique. Non, il s’agit bel et bien de criminaliser des travailleurs en grève. Il s’agit de casser la résistance des travailleurs face au non respect de leurs droits sociaux. Il s’agit d’une campagne orchestrée contre le droit de grève, en effet, les fédérations patronales et les bureaux d’avocats vantent leurs services afin de briser rapidement des actions par la voie de procédures d’urgence. C’est bien pensé, parce qu’avec une requête unilatérale, il est impossible de réagir directement contre une sommation. Lorsque par la suite le syndicat fait appel, il gagne toujours, sauf que le mal est déjà fait. Pour le cas Plastiflex, nous saisissons d’ailleurs le tribunal. Tout comme les banderoles de l’action de protestation à Beringen le disent très clairement, nous ne menons pas de concertation sociale avec des huissiers. Nous avons dans notre pays un bon système de concertation sociale avec des médiateurs, des procédures de conciliation, avec des préavis de grève, mais aussi avec la liberté inattaquable de faire grève lorsque la concertation échoue. Les requêtes unilatérales, les astreintes et les huissiers n’en font pas partie. Nous ne nous laisserons pas traiter comme une bande de criminels. Nous continuerons de nous battre par tous les moyens pour préserver les droits syndicaux et les libertés syndicales. C’est pourquoi la Centrale Générale est également solidaire avec le grand mouvement de protestation en France que le gouvernement tente de casser. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à aider les travailleurs français à poursuivre leur action.

Robert Vertenueil, secrétaire fédéral du secteur de la construction: «Aujourd’hui, il est temps pour le gouvernement Wallon d’avancer avec des mesures concrètes. Les enjeux sont très importants» Pour rappel, l’Alliance Emploi-Environnement s’inscrit dans le cadre du Plan Marshall 2.vert.et vise à soutenir un nouveau modèle de développement économique, durable et solidaire. Elle vise aussi à positionner la Wallonie comme un fer de lance du développement durable au niveau européen et mondial. Le secteur de la construction est directement impliqué dans ce processus. Précisons que l’Alliance Emploi-Environnement dans le secteur de la construction peut potentiellement avoir un effet multiplicateur important bénéfique sur le plan économique, social et environnemental. Dans leur note, la CSC et la FGTB

rappellent que selon elles, l’Alliance Emploi-Environnement dans le secteur de la construction doit respecter 4 grandes orientations générales: tout d’abord optimaliser les moyens, c’est-à-dire obtenir un résultat maximum par euro investi, ensuite rendre performants les bâtiments existants notamment par l’isolation, l’alliance doit viser à la fois efficacité énergétique et l’équité sociale. Enfin, elle doit favoriser l’émergence d’une filière de la construction durable et des éco-matériaux. Les résultats de l’Alliance, qualitatifs et quantitatifs, sur le plan environnemental, social et économique, sont tributaires des choix

Décès de Rudi Dom Nous venons de perdre un très bon camarade, un ami chaleureux. Rudi Dom s’en est allé vite, beaucoup trop vite. Il est décédé le 22 octobre, à l’âge de 43 ans. Rudi était délégué et porte-parole de la Centrale Générale chez Agfa-Gevaert. Il était aussi membre du Comité régional de la CG Antwerpen-Waasland. Beaucoup l’ont connu en tant qu’animateur de formation de notre centrale. Rudy était aussi un militant actif bien au-delà des portes de son entreprise.

25 octobre 2010

Nous présentons nos plus sincères condoléances à son épouse, ses deux enfants, sa famille et ses nombreux amis.

Jacques Michiels Secrétaire général

Alain Clauwaert Président

politiques qui seront faits. La balle est donc dans le camp du Gouvernement qui devra définir les objectifs et priorités qu’il poursuit au travers de l’Alliance emploi-environnement. Nous avons rencontré Robert Vertenueil, secrétaire fédéral en charge du secteur de la construction, pour lui demander ce qui lui paraissait essentiel en ce qui concerne cette Alliance EmploiEnvironnement. Robert Vertenueil: Ce qui me semble le plus important, c’est que tout le monde semble d’accord, les politiques, les employeurs et les syndicats, sur l’intérêt d’une telle alliance. Il s’agit d’un chantier qui comporte une dimension sociale, économique et environnementale. Sociale car cela peut être à la fois créateur d’emplois et répondre à des besoins de la population. Economique, car les entreprises de la construction ont connu, comme les autres, des difficultés suite à la crise économique et financière dont nous ne sommes pas encore sortis selon moi et que cela pourrait aider à la relance de l’activité dans le secteur de la construction et pas uniquement dans ce secteur. Enfin, environnementale, car qui dit économie d’énergie, dit automatiquement un bénéfice pour l’environnement, il n’est pas nécessaire de grandes démonstrations pour en être convaincu.

Alors qu’est-ce qu’on attend? Robert Vertenueil: C’est toute la question. Je comprends que le Gouvernement wallon ait voulu prendre un peu de temps pour élaborer les mesures qu’il allait mettre en œuvre. Il fallait viser juste. Mais je crois, à présent, qu’à l’instar du Gouvernement bruxellois qui vient de lancer ses 44 actions en faveur de la construction durable, le Gouvernement wallon doit décider et mettre en œuvre ses propres mesures le plus rapidement possibles. Pour moi, l’idéal serait avant la fin de l’année 2010.


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> LES INDEXATIONS SALARIALES NE SONT PAS DES HAUSSES SALARIALES

Le travailleur moyen n’existe pas, le travailleur pauvre oui Salaires moyens, hausses moyennes, épargne moyenne, voilà qui dit peu ou rien, mais c’est à l’aide de telles valeurs que l’on prouve à peu près n’importe quoi. Les employeurs sont très forts à ce jeu-là, surtout maintenant que les négociations salariales pour 2011-2012 vont débuter. De quoi faire grimper le secrétaire fédéral Werner Van Heetvelde aux rideaux. Par exemple lorsque mi-octobre une grande étude sur les salaires a été publiée par le gouvernement. On y apprend que le Belge moyen gagne 2.938 euros bruts par mois. Werner Van Heetvelde: Evidemment ça me rend furieux. Le Belge moyen avec un salaire moyen, ça n’existe bien évidemment pas. Mais la presse laisse entendre que nous gagnons tous ce revenu. C’est de la démagogie pure. Mais ça tombe bien avec l’agenda des employeurs qui veulent prouver que nous pouvons nous en sortir avec moins. N’oublions pas que les négociations salariales pour un nouvel accord interprofessionnel vont bientôt débuter. Cela tombe bien aussi pour dire qu’au cours des dix dernières années, les salaires ont en moyenne augmenté de 30%. Surtout si vous oubliez de préciser que cette hausse est principalement due à l’indexation salariale. Ce qui n’est pas une hausse salariale, mais bien un maintien de salaire. C’est une protection du pouvoir d’achat contre les hausses de prix, et encore, pas toutes les hausses de prix. Mais l’étude parle quand même des catégories salariales les plus basses? Werner Van Heetvelde: Sauf qu’il existe encore plus bas. La grande étude sur les salaires place le personnel de l’horeca au plus bas de l’échelle avec 1.975 euros. Ce qui est encore une moyenne pour tout le secteur. Hé bien, il y a des travailleurs qui gagnent encore beaucoup moins. Ceux qui se situent aux alentours du salaire minimum gagnent environ 1.600 euros. Attention, nous parlons de salaire brut, double pécule de vacances et prime de fin d’année compris. Et

vous seriez étonné de voir combien de personnes sont concernées. Les ouvriers qui tombent sous la commission paritaire 100 sont dans cette galère, ainsi que les gens des titres-services et des entreprises de travail adapté et les ouvriers sans qualification. Il y a d’ailleurs aussi de nombreux employés de la petite distribution. En outre, le rapport porte sur les emplois à temps plein. Mais 26% des travailleurs ont un emploi à temps partiel et sont bien souvent aussi des familles monoparentales qui sont obligées de s’en sortir avec un demi-salaire. Et après, on donne l’impression que les gens gagnent bien leur vie. Je trouve cela scandaleux. En d’autres termes, beaucoup de gens n’ont pas de réserves. Werner Van Heetvelde: Il y a quelques semaines de cela, la FEB déclarait que l’épargne avait fortement augmenté et que les gens avaient donc une réserve pour faire face à un blocage des salaires. Mais d’où viennent ces sommes épargnées? Des citoyens aisés qui suite à la crise des marchés boursiers ont eu la peur de leur vie et ont placé massivement leur argent sur des comptes d’épargne. Et c’est ce phénomène que les employeurs utilisent pour dire qu’il n’y a pas de problème de pouvoir d’achat dans notre pays. Il faudrait peut-être d’abord calculer à combien s’élève l’épargne des ouvriers qui touchent le salaire minimum, avant d’avan-

cer de telles inepties. Encore un chiffre frappant qui est récemment sorti: les travailleurs âgés de 55 ans et plus coûtent trop cher dans notre pays, par rapport à leurs collègues plus jeunes. Werner Van Heetvelde: Ca aussi, c’est une généralisation qui ne repose sur rien. Les ouvriers n’ont souvent pas de hausse barémique annuelle. Pour un même job, le salaire est le même pour un ouvrier de 55 ans que pour un de 25 ans. Il y a donc un grand groupe de travailleurs qui lors de leurs 55 ans ont un problème avec leur pouvoir d’achat, tout comme les gens de 25 ans qui n’ont pas assez de pouvoir d’achat. Ces groupes doivent bénéficier d’une attention particulière. N’oubliez pas que 15% des Belges vivent sous le seuil de pauvreté. Il s’agit aussi bien de jeunes que de gens plus âgés, et sur ce point, il faut faire quelque chose. Ceux qui avancent des chiffres avec des revenus moyens dans lesquels sont repris les salaires des cadres supérieurs et des membres de la direction ne veulent surtout rien faire pour ce problème de pouvoir d’achat. Mais nous pouvons poursuivre avec ces moyennes. Ainsi, il a été chiffré que l’effondrement des bourses a coûté en moyenne à chaque Belge 1.200 euros. En d’autres termes, on fait comme si tout le monde dans ce pays investit dans des actions. Pour beaucoup plus que 1.200 euros, bien entendu, sans quoi, il n’est pas possible de perdre autant. Je voudrais bien savoir combien de gens avec un revenu bas ont un portefeuille d’actions. Tout le monde est libre d’investir dans des actions et d’en supporter le risque. Ce que les gens perdent ressort de leur propre responsabilité. Mais combien d’argent les travailleurs ont-ils perdu parce que la crise a supprimé leur emploi, ou qu’ils ont été en chômage économique, sans qu’ils en soient responsables? C’est ce calcul-là qu’il faut faire, car c’est là le cœur du problème lié à la crise.

Werner Van Heetvelde: C’est surtout trompeur de dire au travers de moyennes qu’il n’y a pas de problème de pouvoir d’achat. Il y en a un et il se situe avant tout au niveau des bas revenus, et il est très présent dans les familles monoparentales. C’est pour cette raison qu’un des principaux défis de l’AIP et pour toutes les négociations qui en découleront, est d’obtenir que les salaires les plus faibles soient relevés. Et cela commence par le RMMG, le revenu minimum mensuel garanti.

Votre conclusion: les revenus moyens sont trompeurs?

Nous devons d’ailleurs bien réfléchir à la manière dont les salaires

Werner Van Heetvelde: «un des principaux défis de l’AIP et des négociations qui en découleront est que les salaires les plus bas soient relevés». sont formés dans les secteurs à très forte occupation de main-d’œuvre. Occupation de main-d’œuvre signifie par définition que les coûts salariaux pèsent lourds dans la balance des coûts de l’entreprise ou du secteur. Et donc que la marge est très petite pour améliorer les salaires. Est-il logique qu’un secteur qui procure de nombreux emplois ait moins de marge pour relever les salaires? Ce n’est pas une discussion évidente, et je veux bien admettre que c’est plus compliqué que ce que je propose ici, mais ça vaut quand même la peine de pousser la réflexion plus loin.

> COMITES D’ENTREPRISE EUROPEENS

CoEE, clé d’une Europe syndicale? En octobre dernier, la Centrale Générale de la FGTB organisait sa formation de deux jours pour les délégués et secrétaires actifs dans les CoEE, les Comités d’Entreprise Européens. Cette rencontre annuelle est un rendez-vous à la fois attendu et nécessaire. Aujourd’hui, 80% des militants des entreprises multinationales utilisent un pc, internet, un courriel. Mais ils ne sont que 40% à communiquer souvent au niveau européen. C’est pourquoi cette formation vise à améliorer la maîtrise de l’anglais, des outils informatiques, des différences de culture syndicale, bref travailler en réseau. Cette année aura incontestablement été marquée par le témoi-

gnage de Rudy Kennes, délégué de l’ABVV métaal chez Opel-Anvers

ainsi que celui de deux délégués de AB-In Bev, de la FGTB alimentation et du SETCA. Ce qui a également permis de montrer l’importance des collaborations entre les centrales de la FGTB.

C’est quoi un CoEE? Les CoEE sont créés dans les grandes entreprises qui ont des sièges dans différents pays européens. Les représentants des différents pays y reçoivent des informations de la direction centrale européenne sur les projets d’avenir pour l’entreprise, sur les investissements et sur l’emploi. De tels comités sont organisés au moins une fois par an, et chaque fois que des circonstances extraordinaire touchent les travailleurs. Ce droit à l’information

et à la consultation est une caractéristique essentielle du modèle social européen.

Des forces réunies En ce qui concerne la formation dispensée par la CG, elle se donne par petits groupes de 5 à 15 personnes. Au niveau des matières abordées, citons l’anglais, en mettant l’accent sur les outils de base nécessaires pour pouvoir travailler en réseau au niveau européen; l’analyse syndicale des stratégies financières et économiques des multinationales; la négociation d’accords de fonctionnement des CoEE. Le travail sur ordinateur est également abordé. Chaque militant a reçu une clé usb contenant des documents de référence et marquée du logo

«ABVV-FGTB Solidarity». On l’a dit, le CoEE se réunit une fois par an, mais il va bien au-delà de cette réunion annuelle. Les Comités d’Entreprise Européens donnent aux syndicalistes la possibilité de construire des réseaux, d’unir leurs forces, de parler d’une seule voix. Face à un seul syndicat local, les entreprises ne se sentent trop souvent pas obligées d’écouter, mais s’il s’agit de tous les syndicats ensemble, le rapport de force change. Avec toutes les restructurations que nous connaissons actuellement, c’est d’une importance capitale.


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MÉTAL

SYNDICATS • N°18 • 29 OCTOBRE 2010

> POINT DE VUE

L’exemple français La France est à nouveau dans la rue. Cette France dont Adolphe Thiers, à qui l’on doit l’écrasement de la Commune de Paris, en 1871, disait: «Qu’on la fusille!». Jean Ferrat en a fait une chanson, une de ses plus belles, une chanson quasi patriotique. Ce qui, dans sa bouche, signifiait bien autre chose que le patriotisme bêlant de certains – je vais y revenir. Pourquoi cette France est-elle dans la rue? Combat local, centré sur des particularismes précis? Coup de sang lié à une tradition de mouvements sociaux musclés? Ou expression d’un malaise plus grand? Techniquement, bien sûr, la volonté sarkozienne de reculer l’âge de la pension justifierait, à elle seule, de tels mouvements. Nous avons connu ça, en Belgique, avec le combat contre le pacte «anti-générations». C’est un scandale absolu que de dire à des gens qui ont travaillé toute une vie dans le cadre d’un contrat précis que, désormais, ce contrat n’est plus qu’un chiffon de papier et qu’ils doivent travailler plus tard. Et c’est un scandale encore plus absolu que de justifier cela par l’allongement de la durée de vie moyenne. Ils disent: «Vous allez vivre plus vieux; travaillez donc un peu plus longtemps, sinon on ne pourra pas payer votre retraite». Cela peut paraître évident. Mais c’est un mensonge: la question du financement des retraites n’est qu’un masque. Il s’agit de réduire ce que l’Etat paiera aux pensionnés pour rééquilibrer des comptes globaux qui ont basculé dans le rouge après une énorme crise économique. Où l’Etat, précisément, n’a eu d’autre choix que d’injecter des sommes gigantesques pour sauver le secteur financier privé et donc, c’est vrai, éviter (ou retarder?) d’autres catastrophes. Des retraites plus lointaines, c’est moins de dépenses publiques et c’est donc un coup de pouce de plus aux milieux financiers, qui sauront à coup sûr quoi faire de ce bon argent… Et c’est pour cela que le combat de nos camarades français est bien autre chose qu’un coup de sang. C’est un symbole pour tous les travailleurs d’Europe. La France, pourtant globalement faiblement syndicalisée, est significativement en révolte: parce que les enjeux sont énormes. Cela fait quelques années que la plupart des pays d’Europe s’engluent dans des politiques de droite. La crise de 2008 a certes ouvert la porte à un sursaut idéologique vers des stratégies plus solidaires, plus centrées sur le respect des droits des travailleurs. Mais l’orage passé, les traits fondamentaux des tendances politiques à la mode sont revenus. Les profiteurs du capitalisme ont remis à leur agenda la conception qu’ils ont de la lutte des classes, à savoir la domination, par eux-mêmes, de toute la société. Une domination culturelle, par l’enfermement de tous dans les mêmes modes de pensée; une domination psychologique, par l’asservissement à des modes de vie, comme le consumérisme, qui passent par la dissolution de la pensée individuelle; une domination économique enfin, qui transforme la satisfaction des besoins de base en insatisfaction par rapport à des besoins créés de toutes pièces et donc, fatalement, inassouvis. En France, la réforme des retraites est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase du rejet de ces politiques. Comme, en Grèce, le refus de la régression sociale en tant que remède à la faillite d’une politique ultralibérale. Et comme peut-être demain en Grande-Bretagne, où le plan d’austérité du Premier ministre Cameron transformerait presque la Thatcher des «grandes années» en héroïne de la solidarité. C’est pour cela que nous devons soutenir, dans la mesure de nos moyens, de tels combats. Ils préfigurent les défis que nous aurons probablement à relever demain, lorsque que le prochain gouvernement – il y en aura bien un – mettra sur la table une austérité jamais vue et dont aucun responsable politique ne semble d’ailleurs contester l’idée même… C’est pour cela que, syndicalistes de Wallonie et de Bruxelles, nous devons nous associer, autant que possible, aux revendications et aux combats de nos camarades des autres pays. C’est cela, l’internationalisme: constituer, au-delà des frontières, une base de combat commune. En développant, en parallèle, des mécanismes de lutte de proximité. Nous battre, vigoureusement, chez nous, dans notre région, pour peser sur le cours des choses. Et apporter nos valeurs et nos luttes dans le combat global. C’est en cela que notre vision régionaliste n’est pas un patriotisme bêlant: elle est, au contraire, une méthode pour être forts chez nous et nous permettre, dès lors, d’unir nos forces avec celles des camarades en lutte au-delà de nos frontières. Debout…

Nico Cué, Secrétaire général de la MWB-FGTB.

Halte à la casse des équipementiers! Le 8 octobre dernier, une délégation de représentants des travailleurs de Valeo (Ghislenghien) et Autovision (Bruxelles) était venue soutenir la manifestation de la CGT à Paris. Les fédérations CGT du secteur automobile avaient appelé les salariés des constructeurs et des équipementiers à manifester aux abords du Salon de l’Automobile sur les thèmes des retraites, de la pénibilité et des conditions de travail. Cette manifestation était suivie par une action au sein même du Mondial de l’Automobile. Parmi les slogans scandés par les 3.000 manifestants présents: «Ouvriers licenciés, sous-traitants liquidés, ça suffit!». L’objectif était d’alerter le grand public sur la précarité de leurs conditions de travail. En effet, le confort, la sécurité, le bien-être sont au cœur des recherches technologiques pour les véhicules du futur mais pour les milliers de travailleurs qui les construisent et les entretiennent, c’est la précarité et l’insécurité au travail qui s’accentuent. Une question largement commentée depuis le début de la crise se pose également dans le secteur: «Pourquoi protéger le capital et les profits au détriment des hommes?» Dans la filière automobile, les grands donneurs d’ordres comme beaucoup d’autres entreprises ont réalisé des résultats plus qu’honorables et un redressement financier qui flattent les actionnaires. Les travailleurs ont droit eux aussi à un juste retour sur investissement humain et ne

manquent pas une occasion de le faire savoir. Saïd Benali, délégué MWB-FGTB d’Autovision, le confirme: «Des capitalistes se sont remplis les poches sur notre dos. Nous sommes venus dire qu’à un moment il faut aussi savoir partager les richesses!» Dans la situation actuelle, les luttes isolées, entreprise par entreprise, ne permettent pas de gagner durablement mais simplement de limiter la casse. Les manifestants présents à Paris ont martelé qu’une nouvelle politique industrielle globale pour l’ensemble du secteur était nécessaire. Une alternative mondiale est indispensable pour garantir de bons salaires, une amélioration des conditions de travail et le respect des sous-traitants. C’est de la solidarité entre tous les travailleurs que viendra la solution. Il n’est pas acceptable

Qui y a-t-il vraiment derrière nos véhicules? Le Mondial de l’Automobile à Paris où s’étale le luxe est l’occasion pour les patrons d’essayer de faire croire que la crise est derrière nous, en cachant que les profits retrouvés aujourd’hui sont le résultat du licenciement de milliers de salariés, de liquidation de dizaines de petits sous-traitants et de chantages sur les salaires et l’organisation du travail. Retrouvez en vidéo les interviews de Patrice Busiau (délégué principal MWB-FGTB de Valeo) et Saïd Benali (délégué principal MWB-FGTB d’Autovision) ainsi qu’un reportage photos sur notre site internet www.metallos.be

que des travailleurs soient licenciés pour motif économique alors que les grands constructeurs renouent avec les profits. La situation en Belgique n’est pas différente et c’est pour cette raison que des travailleurs de Valeo et d’Autovision étaient présents. Patrice Busiau, délégué principal MWB-FGTB de Valeo, confie que l’entreprise, qui a réalisé 16 millions de bénéfice l’année dernière, a reversé l’entièreté de la somme aux actionnaires. «Ce type d’action menée au Salon de l’Automobile est simple et efficace. C’est un excellent moyen de faire prendre conscience aux gens que derrière ces véhicules luxueux, il y a une importante force de travail de moins en moins respectée», déclare Patrice. Saïd Benali ajoute que tous les jours des travailleurs ruinent leur santé pour fabriquer ces véhicules, et ce dans l’indifférence patronale la plus totale. L’action menée à Paris n’était qu’un premier pas dans le combat. Les travailleurs du secteur automobile continueront à lutter pour changer ce système qui les méprise. Ils ne sont pas dupes. La situation est loin d’être inéluctable et ils ont démontré à ceux qui affirment le contraire que leur persévérance est sans limite.

Garages: Nouvelle classification des fonctions sectorielle (1ère partie) Si vous travaillez dans le secteur des garages (commission paritaire n°112), ceci vous intéresse! Une nouvelle classification des fonctions est entrée en vigueur le 1er septembre 2010. Elle remplace celle existante depuis 1993 qui ne correspondait plus véritablement à la réalité du terrain. Ce qui change se résume en quelques points. Les catégories de fonctions sont maintenant réparties en huit activités principales: • Activités de garages, voitures de tourisme et véhicules utilitaires légers <3,5T; • Activités de garages, motocycles, vélomoteurs et scooters; • Activités de garages, véhicules utilitaires et poids lourds > 3.5T; • Activités de garages, logistiques et magasiniers; • Activités de dépannage; • Activités de carrosserie; • Activités de montage de pneus; • Activités de fastfitters. Deux nouvelles catégories sont

créées. Une catégorie B2 est intégrée entre les anciennes B et C et une C2 entre les anciennes C et D. Une catégorie D2 apparait alors que l’ancienne catégorie E disparait. Chaque fonction (mécanicien, magasinier, peintre,…) a été définie de manière précise en relation avec l’activité principale à laquelle elle se rapporte. Les travailleurs doivent nécessairement être repris dans une des catégories de fonctions tenant compte des leurs aptitudes professionnelles, du degré d’autonomie, de la nature des tâches effectuées et de l’activité principale dont relèvent ces tâches. Ces éléments permettent de dresser un tableau reprenant également les salaires en vigueur à partir du 1er septembre 2010. Il sera publié dans la prochaine édition de Syndicats. ATTENTION, en aucun cas l’application de cette nouvelle classification ne peut entrainer une diminution du salaire horaire ou

remettre en cause des dispositions plus avantageuses existantes au niveau de l’entreprise! Notez encore qu’une évaluation de l’application de cette nouvelle classification sera faite d’ici fin 2011 et qu’une Commission de classification paritaire est chargée d’intervenir en cas de litige. En cas de contestation ou tout simplement pour obtenir plus d’informations sur cette nouvelle convention, vous pouvez prendre contact avec votre délégué syndical ou à défaut avec votre fédération régionale MWB-FGTB. Le texte complet de la CCT et les descriptifs de fonctions sont également disponibles sur notre site internet www.metallos.be Enfin, et pour éviter toute confusion, ceci ne concerne pas le secteur des carrosseries (commission paritaire 149.02) au sein duquel une réflexion similaire vient à peine de commencer.


TEXTILE-VÊTEMENT-DIAMANT

Bonar Xirion menacé de fermeture: l’herbe semble plus verte ailleurs Un conseil d’entreprise extraordinaire de l’entreprise Bonar Xirion à Ostende fut convoqué le 12 octobre 2010. On y a communiqué que la direction a l’intention de fermer complètement le site à Ostende vers la mi-2011. Pour les travailleurs, c’était un coup de tonnerre dans un ciel serein. D’autant plus parce que la production avait augmenté sensiblement depuis la fin de l’année passée. On avait fait même des embauches et des heures supplémentaires étaient prestées. Pendant les vacances annuelles collectives, on avait demandé également à des volontaires de rester au travail. La demande de fils monofilament pour la fabrication de gazons artificiels s’est révélée plus grande que prévu.

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Les musées du textile à la recherche de volontaires Le MIAT cherche des volontaires MIAT, le musée d’archéologie industrielle et du textile, est un musée établi à Gand (adresse: Minnemeers 9, 9000 Gand). Le musée esquisse l’histoire des (r)évolutions technologiques et possède quelques pièces impressionnantes comme la machine à filer Mule Jenny, des machines à vapeur, des métiers à coton et à lin, des machines à imprimer et de nombreuses installations évocatrices. Au MIAT, le visiteur se laisse emporter par les changements technologiques profonds que notre société a vécu les derniers 250 ans. Les visiteurs y participent à une histoire pleine de (r)évolutions sociales et techniques dans le monde du textile. Pour le département du «Katoenbaal» (balle de coton), le musée cherche des volontaires pour faire des démonstrations sur les machines et/ou pour l’entretien de ces machines. Pour la filature, on cherche: - un volontaire avec une connaissance de la carde; - un volontaire qui sait travailler sur des bancs d’étirage; - un volontaire qui sait travailler sur une machine à filer en continu et enlever manuellement les fuseaux; - un volontaire qui sait faire des fuseaux et des bobines; - un volontaire qui sait retordre.

Bonar Xirion Ostende fait partie de Bonar Technical Yarns. Bonar Technical Yarns, à son tour, fait partie de Low & Bonar, un groupe britannique coté en bourse. Bonar Technical Yarns a trois sites de production: un à Ostende, un à Dundee (Ecosse) et un nouveau site à Abu Dhabi (Emirats arabes unis). En février 2010, Bonar Technical Yarns avait annoncé une analyse des coûts pour se défaire d’un des trois sites. Nous savions déjà, à ce moment-là, que l’avenir de soit l’entreprise à Ostende, soit de celle à Dundee, serait menacé.

travailleurs bien formés et motivés à Ostende n’était donc pas à la hauteur d’une entreprise écossaise avec un appareil de production vétuste. La multinationale Low & Bonar a créé intentionnellement une surcapacité par l’installation d’une nouvelle unité de production à Abu Dhabi. La position concurrentielle de l’entreprise aux Emirats arabes unis est intangible: des coûts d’énergie plus bas, des prix plus bas pour les matières premières et des coûts salariaux plus bas. Sous le prétexte de vouloir être présent aussi sur le marché asiatique, il y a finalement 67 personnes qui perdent leur emploi à Ostende.

La consternation auprès des travailleurs et des délégués au moment de l’annonce de la fermeture était dès lors très grande. Un parc de machines très moderne avec des

C’est un licenciement collectif, ce qui veut dire qu’on a démarré la procédure de la loi Renault. A la publication du présent article, nous aurons déjà eu une première

réunion de consultation et d’information. Une analyse du rapport écrit que l’employeur doit mettre à la disposition des organisations syndicales, révèle des lacunes dans l’argumentation de la direction et des points de départ irréalistes.

Pour le tissage, on cherche: - un volontaire ourdisseur sur ensouples; - un volontaire tisserand; - un volontaire pour un métier à tisser.

La FGTB se sent renforcée, d’une part, par le fait que les points de vue de la direction peuvent être contrés par des contre-arguments réalistes. D’autre part, nous demanderons aux représentants des travailleurs des établissements européens faisant partie de Low & Bonar de se montrer solidaires et de nous appuyer dans notre lutte pour sauver soit une partie, soit la totalité des emplois à Ostende. Nous continuerons à nous battre pour les emplois menacés dans notre région et dans notre secteur.

Le MIAT est également à la recherche de volontaires qui peuvent faire des démonstrations en tissage et filature à la main.

A nouveau des difficultés chez Beaulieu Wielsbeke

On cherche également un volontaire polyvalent qui est également régleur, tant pour la filature que pour le tissage.

Les personnes intéressées qui peuvent être présentes au MIAT de préférence sur une base régulière, sont priées de contacter Lieve Van Schoors, par e-mail: lieve.vanschoors@gent.be, par téléphone: 09/ 269 42 20.

Le musée de Deinze et de la région de la Lys cherche des volontaires Le musée cherche des volontaires pour donner des démonstrations sur un métier à tisser machinal des Ateliers Guillaume Diederichs de fin 19ième et début 20ième siècle. Une description de ce métier à tisser est à la disposition sur le site web http://www.museuminzicht.be/public/collecties/objecten/ objectdet/index.cfm?id=mdl84.Te.53 Les personnes intéressées peuvent contacter An Meirhaeghe (an. meirhaeghe@deinze.be).

Le musée «SteM-Zwijgershoek» à St.-Nicolas Ce musée cherche des volontaires qui peuvent démontrer de préférence une formation ou une expérience professionnelle dans le textile et plus particulièrement dans la production de bonneteries ou un des segments: chaussettes, le tricotage rectiligne ou sur métier circulaire (mécanique et électronique). Saint-Nicolas et le pays de Waes étaient traditionnellement la région de la bonneterie belge.

A l’ombre de la reprise récente d’une partie des activités du groupe Domo par le producteur de tapis Balta, les voisins de Beaulieu se sentent obligés à passer encore une fois à une restructuration du département du tufting. Par manque d’un carnet d’ordre suffisamment rempli et suite à l’arrêt de la coopération avec le principal client, le groupe britannique Carpet Right, Beaulieu doit adapter son effectif du personnel aux commandes diminuées. A l’issue de la grande restructuration fin 2008, on a communiqué aux syndicats que les activités du tufting à Big Floorcoverings et à Ideal Floorcoverings, les deux étant des entreprises gérées par Francis Declerck, seraient optimalisées. Une nouvelle réorganisation s’en avère le résultat dans la pratique. Les conseils d’entreprise des deux entités ont été informés, le 6 octobre, des plans de la direction pour rassembler toutes les activités de base du tufting chez Ideal Floorcoverings. 58 emplois sont impliqués dans cette restructuration, mais l’employeur a assuré qu’il peut sauvegarder 33 postes de travail, entre autres par des mutations dans les régimes d’équipes existants ou en remplissant un nombre de postes vacants chez le groupe Ideal. Mais 25 emplois restent menacés. Bien que l’employeur ne soit pas obligé légalement à démarrer la procédure en cas de licenciement collectif,

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Le besoin est le plus urgent pour des volontaires avec une connaissance du tricotage sur métier chaîne et sur métier coton. Les personnes sans expérience dans le tricotage mais avec une formation technique solide, entrent également en considération. Le but est de faire des démonstrations sur le (ou une partie du) parc de machines et d’assurer l’entretien des machines. Une indemnité de volontariat appartient aux possibilités dans certaines conditions. Les personnes intéressées peuvent contacter Walter Vermeulen (walter.vermeulen@sint-niklaas.be).

Commission des femmes: une journée d’étude réussie

il souhaite respecter quand même la concertation avec les organisations syndicales. C’est d’ailleurs prévu ainsi dans nos conventions collectives de travail. La FGTB-Textile, Vêtement et Diamant n’a pas encore oublié le drame de 2008 et oeuvra en tout cas pour un maintien maximal de l’emploi. S’il n’est pas possible d’éviter des licenciements purs et simples, on remettra sur la table le cahier revendicatif de 2008. Cela impliquera, de toute façon, que

nous oeuvrons pour un système de prépension anticipée et une enveloppe sociale convenable et acceptable. A cet effet, nous n’hésiterons pas à invoquer les conditions acceptables et bonnes qui ont été obtenues lors de la fermeture des sites français de Beaulieu en 2009. En ce moment, les négociations sont en cours et se déroulent – pour l’instant encore – dans un climat constructif.

Le jeudi 21 octobre 2010, une journée d’étude de notre commission des femmes s’est déroulée au Forum. Les thèmes classiques, tels que les actualités politiques et syndicales et un état des choses dans le domaine social, étaient traités le matin. Le thème spécifique de la réunion, notamment la grossesse au travail, était commenté dans l’après-midi. Un exposé était donné par Geraldine Reymenants et Christine Lardin de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes. Elles ont présenté le fonctionnement de l’Institut, ainsi que les résultats d’une étude faite sur la grossesse au travail. Ensuite, elles ont répondu aux questions posées par les membres de la commission des femmes. La journée d’étude s’est terminée par le point de la préparation des cahiers revendicatifs sectoriels pour 2011-2012 et la commission des femmes a formulé un nombre de propositions sur l’égalité du genre de la rémunération et la combinaison travail et famille.


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ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

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LU, le 6 octobre 2010 Le 6 octobre, les travailleurs de LU Herentals ont arrêté le travail pendant quelques heures. L’entreprise compte 1100 travailleurs. Ce qui frappait le plus était le silence qui accompagnait cette action. Un travailleur a été licencié après 28 ans de service. Il était inacceptable pour les syndicats que des remarques des collègues étaient utilisées par l’employeur pour justifier son licenciement. Récemment, on constate une évolution, parallèlement avec l’augmentation de la pression du travail, dans la politique de sanction chez LU vers un système où les travailleurs sont montés les uns contre les autres. La délation a été encouragée. Nous ne sommes pas sans savoir que par

la mondialisation, les entreprises sont mises en concurrence. Au sein des entreprises même les équipes sont comparées. Il est inadmissible que des travailleurs soient mis en concurrence en tant qu’individus. Il existe un contrat de travail entre le travailleur et l’employeur. Les collègues ne peuvent pas être utilisés pour des évaluations ou des licenciements. Du point de vue du droit de travail et psychologie du travail, ceci est totalement inacceptable. L’action a porté ses fruits. Le travailleur licencié aura une nouvelle chance chez Kraft. La politique de sanction est revue. Au besoin, les travailleurs sont déterminés à agir pour un travail viable.

La prime syndicale dans l’Industrie Alimentaire (à l’exception du secteur des Boulangeries) • Conditions Les ouvriers de l’industrie alimentaire (TOUS les sous-secteurs) ont droit à une prime syndicale, pour autant que les conditions suivantes soient remplies: 1. être en règle de cotisations depuis le 1.4.2009 2. avoir été occupé dans l’industrie alimentaire (ou jours assimilés) entre le 1.4.2009 et le 31.3.2010

• Montant Est déterminé en fonction de la déclaration faite par l’employeur auprès de l’ONSS (jours prestés et assimilés)

Membres actifs Prime maximum 135e. Des périodes d’activité plus courtes donnent droit au prorata de la prime. Sont entre autres assimilés à des «prestations effectives»: les vacances annuelles, les jours fériés légaux, le petit chômage, l’exercice d’un mandat syndical,… Chômeurs complets Prime maximum 81e. Des périodes plus courtes de chômage complet

donnent droit au prorata de la prime. Le droit à cette prime est valable uniquement pour le chômage qui suit une période d’activité dans l’Industrie Alimentaire et reste maintenu durant les quatre périodes de référence qui suivent la période de référence au cours de laquelle l’ouvrier est devenu chômeur complet.

Prépensionnés Prime maximum 89e. L’ouvrier qui part en prépension au cours de la période de référence, a droit à la prime «actifs». Ensuite, et jusqu’à l’âge de la pension, on a droit à la prime «prépensionnés». Maladie de longue durée et crédittemps à temps plein Les 12 premiers mois sont assimilés à des prestations effectives. Ensuite, on a droit à la prime «chômeurs complets» durant trois périodes de référence.

• Procédure Membres actifs: Si vous remplissez les conditions, vous recevez

votre prime automatiquement sur votre compte bancaire, sinon vous recevez une attestation du Fonds Social. Vous devez remettre ce formulaire à votre délégué syndical ou à la section régionale de la FGTB HORVAL (n’oubliez pas de mentionner votre numéro de compte bancaire!)

Membres non-actifs: Pour pouvoir bénéficier de la prime «non-actifs» (chômeurs complets, malades de longue durée >1 an, crédit-temps >1an ou prépensionnés), l’ouvrier doit demander une attestation à la section régionale de la FGTB HORVAL. La prime syndicale pour les membres non-actifs n’est payée qu’après contrôle par le Fonds Social.

te; • être en règle de cotisations par domiciliation depuis la période de référence (1.4.2009 – 31.3.2010) jusqu’à la date de paiement • avoir été occupé dans l’industrie alimentaire entre le 1er avril 2009 et le 31 mars 2010. Le paiement informatisé de la prime syndicale sera effectué le 3 novembre 2010. (*) à l’exception des sections de Tournai et Namur-Luxembourg pour cet exercice.

Paiement non-informatisé

La FGTB HORVAL paie la prime syndicale directement (*) sur le compte bancaire de ses membres, pour autant que les conditions suivantes soient remplies:

Les ouvriers qui ont été occupés dans l’industrie alimentaire entre le 1er avril 2009 et le 31 mars 2010 et qui ne répondent pas aux conditions susmentionnées, recevront un formulaire, comme dans le passé. Les formulaires seront envoyés à partir de fin octobre 2010 et le paiement sera effectué à partir du 3 novembre 2010.

• avoir reçu une prime industrie alimentaire l’année précéden-

Vérifiez bien toutes les données reprises sur le formulaire

Paiement informatisé

préimprimé et communiquez les erreurs éventuelles à votre délégué syndical ou à votre section régionale. Lorsque vous bénéficiez du crédit-temps (1/5, 1/2 ou à plein temps) ou que vous êtes parti en prépension au cours de la période de référence, il y a lieu de le mentionner explicitement et joindre la preuve. Pour un paiement rapide, nous vous demandons de mentionner votre numéro de compte bancaire sur le formulaire que vous recevrez du Fonds Social.

Membres non-actifs Il faut introduire une demande d’attestation à votre section HORVAL FGTB et la prime syndicale pour les non-actifs ne pourra être payée qu’après contrôle par le Fonds Social (voir procédure).

FGTB HORVAL en lutte contre le travail des enfants et pour une filière cacao durable! La FGTB HORVAL s’est réunie avec ses militants de l’industrie du chocolat, le service international de la FGTB et Oxfam afin de préparer la conférence cacao du syndicat de l’alimentation européen l’EFFAT. Les militants se sont exprimés clairement : les millions d’enfants qui travaillent quotidiennement dans les plantations de cacao ont besoin d’un syndicat pour les protéger et les libérer de cet esclavage! Les enfants ne doivent pas travailler mais devraient pouvoir aller à l’école. Il faut mettre en place un rapport de force syndical international et conscientiser l’ensemble des acteurs de la filière cacao sur l’intérêt d’un chaine cacao «propre» et durable tant au Nord qu’au Sud.

Nous devons nous battre en tant qu’acteur de la filière pour un salaire décent, de bonnes conditions de travail et l’élimination totale du travail des enfants! A Francfort, en séminaire cacao de l’EFFAT, la FGTB HORVAL a marqué sa volonté d’agir en commun avec les syndicats des 14 pays européens présents. L’idée est de nous inscrire dans la démarche de l’EFFAT de création d’un réseau internet d’échange d’informations [WWW.COCOANET.EU]sur les conditions de travail dans les différents groupes occupant le marché du cacao en Europe tels que Barry Callebaut; Kraft; Cadbury; Cargill; Ferrero etc. Ce site permet également d’échanger des expériences sur des négo-

ciations menées tant au sein des entreprises nationales qu’au sein des comités d’entreprise européens qui contribuent à rendre la filière durable. Le site sera également un lieu d’échange sur les expériences et les projets menés avec les syndicats ou les partenaires du Sud. Un bémol à cette initiative, le soutien financier de l’Union européenne rendrait difficile la participation active des syndicats du Sud tant sur le site internet que lors des rencontres. Nous désapprouvons que des financements européens ou autres bloquent les syndicats dans leurs actions. Des conditions de travail justes et durables sur toute la chaine de cacao, la FGTB HORVAL relève le défi au côté des autres syndicats partenaires!


EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

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Congrès statutaire du SETCa: un succès! Ces 21 et 22 octobre derniers ont été marqué par le déroulement du 17ème congrès statutaire du SETCa. C’est plus de 600 militants de tous les secteurs et de toutes les régions qui se sont réunis à l’occasion de cet événement clé. Ensemble, ils ont pu partager leurs convictions syndicales, faire le point sur le mandat écoulé et découvrir le plan d’action du SETCA pour les quatre prochaines années. En effet, depuis la précédente édition, de nombreux événements ont eu lieu et ont marqué au fer rouge cette période: que ce soit au niveau social, politique ou économique, les enjeux étaient nombreux, des défis ont été relevés, des actions menées, des progrès enregistrés tant sur le plan sectoriel qu’interprofessionnel. Le SETCa s’est notamment battu pour défendre votre statut ainsi que vos droits d’employés. La crise financière, les flots de restructurations en tous genres et les dommages collatéraux ainsi occasionnés, les tensions politiques et sociales, des grèves et les actions coups de poing ont été des moments difficiles et déterminants. Mais ce mandat a aussi vu de nombreuses avancées et un renforcement de la force syndicale. Les AIP’s, le succès des élections sociales, les foules mobilisées lors des grandes manifestations, les différents accords sectoriels en sont des exemples flagrants. Une organisation syndicale, c’est avant tout un groupe de membres où chaque élément de la chaîne est un maillon indispensable qui vient

consolider l’ensemble et qui est relié aux autres. C’est pourquoi, ce congrès statutaire était placé sous le signe métaphorique du «réseau». Tout dans la décoration, la structure et les spots vidéos venait rappeler la forme d’un gigantesque réseau, qui a accompagné les participants tout au long de l’événement. La journée du jeudi a tout d’abord débuté par la présentation du rapport d’activité 2006-2010. Le président du SETCa, Erwin De Deyn ainsi que la Vice-présidente, Myriam Delmée, ont ensuite exposé leur vision d’avenir et le plan d’action pour les quatre prochaines années. Puis, ils ont laissé la parole à des collaborateurs venus de loin: des

membres de nos projets internationaux en Afrique et en Inde avaient en effet fait le déplacement, accompagnés de la secrétaire générale d’Uni Europa, Bernadette Segol. La matinée s’est terminée par l’intervention de Rudy De Leeuw, président de la FGTB. Avec un appel clair de sa part: via une campagne grand public, la FGTB va mettre en lumière le fait que, derrière le programme des partis nationalistes, se cache le danger d’un recul social. Le SETCa se retrouve parfaitement dans cette vision. L’après-midi était exclusivement consacrée au cœur des travaux. Après diverses interventions de la part des militants, le vote a eu lieu et a vu la réélection des 8 membres sortants du

Jan-Piet Bauwens: Secrétaire fédéral Non-marchand Jan-Piet Bauwens, qui habite Bruxelles, a ses racines dans le secteur dont il devient désormais le responsable en tant que secrétaire fédéral: le Non-marchand. Il a travaillé 20 ans dans le secteur de l’éducation. À partir de 1989, il est devenu permanent syndical. Un ‘rouge’ dans un secteur encore fortement dominé par le pilier chrétien. En 1997, Jan-Piet Bauwens est devenu secrétaire au SETCa Louvain. Il y a rencontré moult militants convaincus, mené des actions, motivé et parfois même tempéré… Particularité : cela fait des années qu’il se déplace partout en vélo. Pendant ces 13 années: il a vu le Non-marchand grandir, de ces quelques premiers délégués à la situation telle qu’elle est aujourd’hui: un secteur fortement développé, tant au niveau flamand que fédéral. Un secteur où il faut se retrousser les manches, car il y a encore énormément à faire pour améliorer les conditions de travail. Un secteur important pour le SETCa aussi: le nombre de travailleurs y augmentera sans aucun doute. Partant d’une position d’underdog, Jan-Piet Bauwens, qui reprend le flambeau d’André Langenus, continuera de s’investir pour renforcer la présence du SETCa dans le secteur.

Secrétariat Fédéral (Jean-Pierre Boninsegna, Jean-Michel Cappoen, Erwin De Deyn, Myriam Delmée, Pia Desmet, Jan De Weghe, Christian Masai et Claude Roufosse) et du Comité Exécutif Fédéral à la tête du SETCa. Erwin De Deyn, Myriam Delmée et Jean-Michel Cappoen ont été réélus respectivement comme président, vice-présidente et secrétaire général. L’arrivée d’Anita Van Hoof et Jan Piet Bauwens en tant que nouveaux membres du Secrétariat Fédéral a également été officialisée. S’en est suivi une présentation du contexte idéologique de notre société par de Stephen Bouquin, professeur à l’université de Paris. La première journée s’est terminée par la présentation des

propositions de résolutions sur les thèmes «statut ouvrier / employé», «sécurité sociale», «qualité du travail et de la carrière», «une Europe sociale», «libertés syndicales» et des motions d’actualité. La commission de résolutions a ensuite débattu sur ces différents thèmes durant toute la soirée. Un franc succès donc pour cette 17ème édition au vu de l’enthousiasme des militants. Il y a du pain sur la planche pour les quatre prochaines années et de nombreux défis nous attendent encore. Nous ne doutons pas qu’ensemble, nous pourrons mener à bien cette mission!

Anita Van Hoof: Nouvelle secrétaire fédérale Industrie Anita Van Hoof (54) est née à Malines. Elle remplace Ilse Galliaert comme secrétaire fédérale du SETCa. En cette qualité, elle sera responsable de parties du secteur industrie et de l’aviation. Anita Van Hoof, qui est née et a grandi à Malines, est active depuis 27 ans déjà au sein de notre syndicat. Elle a commencé sa carrière à la FGTB Bruxelles, après avoir perdu son emploi lors d’une restructuration chez le brasseur Lamot. En 1992, elle est devenue secrétaire adjointe au SETCa de Bruxelles-Hal-Vilvorde, la section où elle a travaillé jusqu’à aujourd’hui. Elle s’occupait du commerce et de l’aviation. Dans ce dernier secteur, elle était aux avant-postes lors de la faillite de la Sabena et de Sobelair. Des dossiers non seulement lourds et complexes, mais qui l’ont aussi confrontée à une grande misère et une grande tristesse chez les milliers de travailleurs de l’entreprise. Anita sait aussi que l’action syndicale paie: «J’ai vécu de très bons moments lors des différentes actions syndicales dans les magasins Delhaize. La détermination du personnel nous a permis de dégager de bons accords». Maintenant qu’Anita passe au niveau fédéral, les contacts avec les militants lui manqueront assurément. À la table des négociations, Anita associe sa connaissance des dossiers à une attitude franche: elle ne mâche pas ses mots. Elle participe au dialogue social en vue de trouver des solutions, mais ne craint pas pour autant l’action. Ces quatre prochaines années, elle mettra son expérience au service du SETCa comme nouvelle secrétaire fédérale.


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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°18 • 29 OCTOBRE 2010

Motion pour une alternative de gauche La crise financière de 2008 a impacté rapidement l’économie réelle, laquelle a plongé à partir de 2009 dans une crise profonde, voire une récession, avec toutes les conséquences sociales qu’elle suppose. A l’heure actuelle, tous les pays européens font face à une crise budgétaire. Les déficits budgétaires extrêmes de pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne ont rapidement ouvert la porte aux spéculateurs qui ont encore accru les problèmes de ces pays. D’aucuns avancent dès lors directement «une politique d’austérité pour éliminer les déficits budgétaires croissants. Dans tous les pays européens, le monde du travail est confronté à cette pensée unique idéologique des économies et des sacrifices.» La manifestation européenne du 29 septembre a clairement fait apparaître que nous la rejetons.

Nous exigeons très clairement qu’il s’agit d’aller chercher l’argent là où il se trouve: un impôt sur les grandes fortunes et les revenus qui en découlent, un impôt de crise sur les banques, la lutte contre la fraude fiscale à travers la suppression du secret bancaire, des impôts justes et progressifs sur tous les revenus, y compris ceux des plus-values, une taxe sur les transactions financières et, last but not least, la suppression des intérêts notionnels. Ce choix politique doit devenir le véritable agenda politique au cours des prochains mois et des prochaines années. Des moyens pourraient être libérés de cette manière pour investir dans l’économie durable constituée d’emplois de qualité, une économie tournée vers les réels besoins sociaux et non vers la réalisation de bénéfices à court terme. Le SETCa est attaché aux valeurs fédérales fondamentales qui nous

sont propres: la caractère fédéral de la sécurité sociale, du droit du travail individuel et collectif et de la fiscalité, qu’il s’agisse des impôts des personnes physiques ou des sociétés. Le contenu de la note de De Wever actuellement sur la table ne résiste pas à cette évaluation. En effet, le transfert des allocations familiales et de parties des soins de santé vers les Communautés sont des premiers pas importants vers une régionalisation de la sécurité sociale. Le transfert de l’ensemble de la politique du marché du travail vers les Régions aura inévitablement une incidence sur la politique de l’emploi dans chacune des Régions, mais également sur le coût salarial et donc sur la formation des salaires et sur la concertation sociale. La régionalisation des conventions collectives de travail se rapproche, pour ne pas parler d’une éventuelle

régionalisation des allocations de chômage dans une phase suivante. La responsabilisation est synonyme de transfert d’une grande partie des impôts des personnes physiques et/ou des sociétés vers les Régions. Une fois encore, cet aspect ne résiste pas à l’évaluation par rapport à nos valeurs fondamentales. Près de la moitié de l’impôt des personnes physiques irait aux Régions, il en résulterait une différenciation du coût salarial en fonction de la Région où l’on habite ou travaille.. Finis les accords fédéraux sur la formation des salaires. Finie la solidarité entre travailleurs flamands, wallons et bruxellois! Il faut briser cette pensée unique idéologique régnant depuis le 13 juin parce que les travailleurs n’ont rien à y gagner. En effet, quel est le véritable agenda

des nationalistes? Un agenda qui n’est même pas caché. Il est repris en toutes lettres dans le programme de la NVA et des organisations patronales flamandes VOKA et UNIZO. La protection sociale deviendra un filet de sécurité minimum. Les happy few qui gagnent assez pourront s’assurer dans le privé contre la maladie et la perte de revenu. Dès lors, le SETCa s’inscrira entièrement dans la campagne de communication de la FGTB qui doit faire apparaître clairement aux travailleurs sur le terrain quels sont les choix qui se présentent à nous. Le véritable choix est celui entre la gauche et la droite! Ceci est une partie de la motion SETCa («Pour une alternative de gauche») qui a été votée. Vous pouvez retrouver la motion complète ainsi que toutes les informations concernant notre congrès sur www.setca.org

itation, b a h e c n a r u s s Une bonne a votre vie. sée. ça s’adapte à s arrière-pen étendre. San

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