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LES STATIONSSERVICES DEMEURENT UN IMPORTANT CANAL DE VENTE POUR LES CIGARETTES

Les ventes de cigarettes dans notre pays ont fortement chuté au cours de ces quelques dernières années. Cette chute est entre autres due aux multiples hausses d’accises décidées par le gouvernement belge. L’augmentation du prix de vente a un impact direct sur le comportement d’achat des fumeurs, qui optent pour des paquets plus grands. Le plan anti-tabac que Frank Vandenbroucke a récemment proposé fera certainement chuter la consommation de cigarettes – et de produits du tabac en général – à un niveau encore plus bas.

Recul De La Consommation En Belgique

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Le volume de cigarettes vendu en Belgique a chuté au cours de ces dernières années et 2022 n’a pas dérogé à cette tendance. Ce recul est entre autres causé par l’augmentation des prix appliquée début 2022. En outre, l’augmentation de la contrebande et du commerce illicite de cigarettes pèse elle aussi lourdement sur la consommation. Une étude récemment publiée par Cimabel, la fédération belgo-luxembourgeoise des fabricants de cigarettes, révèle que plus d’une cigarette sur cinq qui est fumée en Belgique échappe au fisc belge. Presque 2 % sont contrefaites et donc illégales. Et les 19,9 % restantes sont des cigarettes légales, mais qui sont achetées à prix plus bas à l’étranger (surtout en Bulgarie, Pologne, Turquie et Roumanie) et ensuite revendues en Belgique en réalisant une marge bénéficiaire considérable (mais à un prix toutefois inférieur à celui du marché belge, qui est très élevé). Pour 2023, on s’attend à ce que la consommation de cigarettes en Belgique poursuive sa chute, car on sait déjà que le gouvernement s’apprête à imposer une nouvelle augmentation des accises.

Les Ventes Frontali Res Diminuent Aussi

On constate en outre que les ventes frontalières ont elles aussi affiché une tendance négative l’année dernière. En 2021, on avait pourtant enregistré une hausse manifeste dans les régions frontalières, les ventes ayant bien redécollé après avoir subi de graves pressions dues aux restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Ce recul peut lui aussi être mis sur le compte de la hausse d’accises appliquée l’année dernière. L’écart de prix par rapport au GrandDuché de Luxembourg, par exemple, se creuse ainsi encore plus. Cela incite notamment les fumeurs français à revenir faire leurs achats de produits du tabac dans les points de vente luxembourgeois, au détriment de notre pays. De plus, la hausse d’accises susmentionnée a aussi réduit la différence de prix entre la Belgique et les Pays-Bas, entraînant une diminution des ventes dans les régions frontalières avec les Pays-Bas de plus de 14 %. En outre, la conjoncture économique actuelle, avec son inflation vertigineuse, sa flambée des coûts de l’énergie et tous ses autres désagréments, pousse le consommateur à devenir plus conscient des prix et donc à être plus souvent en quête d’un avantage au niveau du prix. On s’attend néanmoins à ce que le volume vendu cette année près de la frontière néerlandaise revienne à un niveau satisfaisant. Début avril 2023, le gouvernement néerlandais augmentera en effet de façon significative les accises sur les cigarettes et autres produits du tabac. Suite à cette augmentation, un paquet de 20 cigarettes deviendra environ 1 euro plus cher. Cette hausse de prix devrait se répercuter sur le marché néerlandais à partir du mois de juin. Cette mesure incitera certainement davantage de Néerlandais à passer la frontière pour venir acheter leurs produits du tabac en Belgique.

Les Fumeurs Se Tournent Vers Les Grands Paquets

En Belgique, pour ce qui est des formats des paquets, on note que ce sont toujours les paquets de 20 cigarettes qui se vendent le plus. Ces deux dernières années, leur part de marché est restée aux alentours de 40 %. On remarque toutefois que les grands paquets connaissent un important essor depuis 2020. La vente de paquets de 41-50 unités a d’ailleurs doublé en 2021, et l’année dernière, les paquets de 50 unités et plus ont enregistré une sérieuse augmentation dans leurs ventes. Ce succès grandissant est entre autres dû au niveau de praticité et aux prix plus avantageux.

« Les grands paquets doivent être achetés moins souvent, ce qui représente un grand avantage en termes de praticité pour le consommateur. De plus, le prix par cigarette est plus intéressant, ce qui joue bien sûr aussi un rôle essentiel vu la conjoncture économique actuelle. La hausse est surtout notable du côté des paquets de 50-60 cigarettes. Pour répondre à cette tendance, nous avons lancé en février dernier un ‘50-pack’ sous notre marque Fortuna. Les ventes de paquets à 90-100 unités n’augmentent pas vraiment. La hausse des ventes de grands paquets de cigarettes explique aussi l’intérêt croissant pour le segment premier prix. Ce dernier rencontre un franc succès depuis ces dernières années, au point que sa part de marché dépasse actuellement les 46 %. Dans le secteur des stations-services, ce pourcentage est même un peu plus élevé, en raison de la part plus importante des grands paquets dans les stations-services », indique Ann Phlippo, Trade Communication Manager chez Imperial Brands.

« Suite aux hausses de prix et à l’augmentation du coût de la vie, les fumeurs optent plus souvent pour les plus grands formats. Cette tendance à se tourner vers des produits moins chers explique peut-être aussi le succès et les performances de nos marques Camel et Winston dans ce segment. En 2022, Camel a en effet été la seule marque à avoir enregistré une croissance dans le segment premium/mid-price RMC. Toujours l’année passée, Winston a été la marque du segment ‘value for money’ à connaître la croissance la plus rapide dans le segment des cigarettes, grâce à ses références Giga et Maxi. Une autre raison qui explique le succès des paquets Giga est que les fumeurs veulent avoir davantage de contrôle sur leur consommation de tabac. Et notre Winston Maxi Pack 94 cigs nous permet de répondre au besoin de cette catégorie de fumeurs. Ce format distinctif et unique sur le marché belge a réussi à se positionner clairement sur le marché depuis son lancement fin 2021 », explique Sophie Boileau, Consumer & Trade Engagement Manager Belux chez Japan Tobacco International.

LA POSITION DES SHOPS DES STATIONS-SERVICES SUR LE MARCHÉ EST STABLE

Dans notre pays, les supermarchés et hypermarchés restent le principal canal de vente pour les cigarettes. Ils représentent en effet plus d’un tiers du volume total vendu. Leur part de marché est d’ailleurs restée autour du même niveau depuis ces deux dernières années. Le secteur des stations-services belges représente environ 15 à 16 % du volume absolu, une part qui est restée assez stable au cours de ces dernières années. Beaucoup de stations-services remplissent actuellement la fonction de supérettes de quartier à part entière, où l’on peut aussi faire ses courses (de dépannage) en même temps que l’on fait son plein de carburant, chose que les consommateurs apprécient énormément. L’année passée, on a d’ailleurs clairement vu que les ventes de cigarettes dans les librairies ont légèrement chuté.

Bient T De Nombreux Changements Dans La Loi

Pour cette année, le gouvernement belge prévoit en tout cas une nouvelle hausse des prix du tabac. Quant à savoir comment elle sera appliquée concrètement et de quel montant par paquet de cigarettes il s’agira, les choses ne sont pas encore claires à l’heure actuelle. On sait cependant déjà que les accises sur le tabac à rouler seront probablement augmentées de manière plus importante que sur les cigarettes. En 2024, une hausse d’accises est également prévue pour les cigarettes électroniques. Et pour les années à venir, on prévoit aussi de nombreux changements au niveau législatif.

À la fin de l’année dernière, le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke a présenté son nouveau plan anti-tabac, avec lequel il compte faire fortement diminuer la consommation de tabac dans notre pays. Ce plan inclut pas moins de 54 modifications des textes de loi ou nouveaux arrêtés. Le but sera notamment d’introduire une interdiction de fumer à un plus grand nombre d’endroits que maintenant. Il existe à l’heure actuelle une interdiction de fumer dans les bâtiments publics, mais dès le 1er janvier, cette interdiction sera aussi valable dans les parcs d’attraction, les zoos et les fermes pédagogiques pour enfants (pendant les activités), ainsi que sur les plaines de jeux. D’ici avril 2023, le gouvernement fédéral étudiera aussi la possibilité de réguler le tabagisme sur les terrains sportifs et lors d’activités organisées par des organisations de jeunesse. On projette également d’interdire les cigarettes à l’entrée des hôpitaux et des écoles. Le gouvernement fédéral veut en outre réduire le nombre de lieux où l’on vend du tabac. Les ventes via les distributeurs automatiques ne seront plus autorisées non plus (sauf dans les supermarchés). On ne sait pas encore quand cette mesure entrera en vigueur, mais ce sera probablement dans le courant de 2024. Dès le 1er janvier 2025, la vente de paquets de cigarettes sera interdite dans les cafés et les festivals. Et enfin, les magasins d’alimentation de plus de 400 m² ne pourront plus vendre de tabac dès 2028.

Il est aussi question d’interdire l’étalage de produits du tabac et de bannir les cigarettes électroniques jetables. Pour finir, le gouvernement désire aussi rehausser la limite d’âge pour les contrôles des personnes souhaitant acheter des cigarettes. À l’avenir, tous les moins de 25 ans devront donc montrer leur carte d’identité lorsqu’ils désirent acheter des cigarettes.