Novartis contre la Colombie: un lobbying agressif pour contrer un Etat souverain

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PUBLIC EYE – LE MAGAZINE  N° 6  Juin 2017

Quand un géant de la pharma cherche à défendre son modèle d’affaires

© Mark Henley/Panos

Novartis contre la Colombie

Sous la menace d’une licence obligatoire, puis sommée de réduire le prix de son anticancéreux Glivec pour des raisons de santé publique, le géant bâlois de la pharma n’a pas hésité à sortir l’artillerie lourde. Après les pressions diplomatiques et les actions en justice, place au lobbying agressif pour contrer les décisions légitimes d’un État souverain.

Au terme d’un processus d’une transparence inédite*, le comité technique du Ministère de la santé colombien en charge d’évaluer la requête d’ONG locales de déclarer d’intérêt public l’anticancéreux Glivec de Novartis recommandait, en février 2016, l’émission d’une licence obligatoire si le géant bâlois s’obstinait à refuser une baisse de prix de son produit. Ce mécanisme, prévu par les Accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), permet à un État membre d’autoriser la mise sur le marché de

génériques à des fins de santé publique, malgré un brevet. Dans ce cas précis, il s’agissait de revenir aux conditions prévalant avant l’octroi du brevet à Novartis en 2012, lorsque le coût du traitement annuel en Colombie de ce médicaments contre la leucémie était jusqu’à 70 % moins cher que les 15 000 francs exigés aujourd’hui. Dans un pays où le revenu annuel par habitant n’excède pas 8000 francs, le Ministère de la santé aurait dû, logiquement, confirmer cette option. Or, dans


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