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La mise en crise du paysage artialisé

est bien le paysage. Cet aspect processuel implique que tout espace est susceptible d’être paysagé et nous nous intéresserons comme Yves Luginbuhl à tout type d’espaces « qu’ils soient ruraux, urbains, périurbains, qu’ils soient porteurs de paysages remarquables ou de paysages « ordinaires » ou du quotidien » (2005, p.59).

Le paysage est vu comme une « création instantanée », fruit d’un éveil sensoriel, potentiellement chargé d’un affect, par le simple fait d’être perçu ou d’être déclaré comme tel par autrui. Notre travail s’intéresse donc à l’aspect perceptif du paysage au-delà d’un processus culturel d’artialisation qui a tendance à autonomiser l’objet paysage dans son acception esthétique. En effet, dans la continuité du travail d’Eva Bigando (2006), nous nous attacherons aux systèmes de valeurs paysagères mais également à la matérialité de l’objet perçu à laquelle le sujet est sensible.

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Enfin, l’analyse de cette relation paysagère se penche sur tout individu dans son cadre de vie quotidien et donc à la « réalité d’un vécu paysager quotidien » (Bigando, 2006). Il s’agira de comprendre ce qui est paysagé ou ce qui « fait paysage » de la simple évocation à l’attribution de réelles valeurs, affectives et mémorielles dans les lieux de vie quotidiens traversés lors de cheminements à pied.

La mise en crise du paysage artialisé

Depuis la Renaissance, le paysage a fait l’objet d’une reconnaissance essentiellement par son caractère exceptionnel par l’expérience même qu’il permet et par l’adoption d’un point de vue qui le met en valeur (Bigando, 2006). Depuis quelques années, cette artialisation du paysage est remise en question et l’intérêt semble maintenant se porter sur les paysages comme un vécu quotidien. A défaut de revenir sur les mécanismes de construction d’une lecture paysagère classique esthétisante et générant des mécanismes de protection qui ont tendance à « figer » le paysage, nous regarderons ce que ce dont certains parlent comme « la crise de sentiment paysagiste » amène à considérer.

Dans la revue Ethnologie Française (1989), le numéro Crise du paysage? pose le constat suivant : les paysages ordinaires et remarquables subissent une crise de « sentiment paysagiste » (Cloarec & al, 1989, p.200). Cette crise résulte en la disparition d’une émotion esthétique qui unissait le sujet au paysage. La perte d’appréhension sensible par les individus appelle alors à une refonte de la grille de lecture classique des paysages, dont le regard esthétisant artistique ne permet pas

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