COMBATTIMENTI!

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MONTEVERDI MARAZZOLI COMBATTIMENTI !

LE POÈME HARMONIQUE VINCENT DUMESTRE


D’autres textes sur cet enregistrement ainsi que leurs traductions anglaise et allemande sont disponibles sur notre site. Les textes chantés originaux ainsi que leurs traductions française et anglaise sont également sur notre site / Other texts about this recording and their French and German translations are available on our Website. The original sung texts and their French and English translations are available on our Website / Andere Texte zu dieser Aufnahme (auf französisch, englisch und deutsch) sowie die gesungenen Texte und ihre Übersetzungen sind abrufbar auf unserer Website

alpha-classics.com Recorded in September & October 2009, Chapel of the Hôpital Notre-Dame du Bon-Secours, Paris (France) Frédéric Briant recording producer, sound engineer & editing Daniel Burki harpsichord tuner (Italian harpsichord by Ducornet) Our warmest thanks to Eleonora Pacetti, répétiteur at La Scala, Milan, for her remarkable coaching of the singers; Jean-François Lattarico, whose research enriched this recording; and Annick Ostertag for her patient preparation of performing scores

ALPHA CLASSICS Didier Martin director Pauline Pujol production Valérie Lagarde artwork Claire Boisteau booklet editor Charles Johnston english translation Achim Russer german translation PHOTO: Steve McCurry, India, 1996 © Steve McCurry/Magnum Photos Alpha 306 Made in the Netherlands p Alpha 2009 & © Alpha Classics/Outhere Music France 2015 Le Poème Harmonique receives support from the Ministère de la Culture (DRAC Haute-Normandie), the Région Haute-Normandie and the Ville de Rouen. Mécénat Musical Société Générale is the principal patron of Le Poème Harmonique. Le Poème Harmonique is in residence at the Opéra de Rouen Haute-Normandie. For its rehearsals, Le Poème Harmonique is in residence at the Fondation Singer-Polignac. For its educational activities,


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MENU TRACKLIST UNE INTERVIEW INÉDITE DE VINCENT DUMESTRE A NEW INTERVIEW WITH VINCENT DUMESTRE MIT EINEM NEUEN INTERVIEW MIT VINCENT DUMESTRE TEXTES CHANTÉS / SUNG TEXTS / GESUNGENEN TEXTE ALPHA COLLECTION


COMBATTIMENTI ! Claudio Monteverdi (1567-1643) Hor CHe’l Ciel e la terra Claire lefilliâtre, isabelle Druet, Jean-françois lombarD, Jan Van elsaCker, marC mauillon, benoît arnoulD

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Hor CHe’l Ciel e la terra

5’06

Così sol D’una CHiara fonte ViVa

4’36

Claudio Monteverdi laMento della ninfa Claire lefilliâtre, Jan Van elsaCker, serge goubiouD, benoît arnoulD

3 4 5

non HaVea febo anCora

1’26

amor

3’45

sì tra sDegnosi pianti

0’51

Claudio Monteverdi il CoMbattiMento di tanCredi e Clorinda marC mauillon testo | Jan Van elsaCker tancredi | isabelle Druet clorinda

6

il Combattimento

19’05

4 4


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Giovanni Maria trabaCi (c.1575-1647)

7

Consonanze stravaGanti

3’04

MarCo Marazzoli (c.1605-1662) la fiera di farfa serge goubiouD coviello, terzo | Jan Van elsaCker il narnese, ottavo | Hugues primarD zanni, quarto | Jean-françois lombarD signor curtio, settimo | isabelle Druet donna, sesto | Claire lefilliâtre primo | bruno le leVreur secundo | oliVier martin salVan nono | marC mauillon quinto | benoît arnoulD decimo

8 9 10 11

prima parte: alla fiera

8’53

seCunDa parte: È no susCiame’n Canna

9’20

terza parte: Vurria’ aDDeVentare pesCe D’or’

7’22

Quarta parte: Qui Va il Combattimento

7’58

total tiMe: 71’31

5 5


LE POèME hARMONIquE cLAIRE LEfILLIâTRE soprano IsAbELLE DRuET mezzo-soprano bRuNO LE LEVREuR alto jEAN-fRANçOIs LOMbARD alto sERgE gOubIOuD tenor jAN VAN ELsAckER tenor huguEs PRIMARD tenor OLIVIER MARTIN sALVAN tenor MARc MAuILLON baritone bENOîT ARNOuLD bass

6

6


LORENZO cOLITTO, LIsA fERgusON violin IsAbELLE sAINT yVEs viola da gamba hERVé DOuchy bass violin LucAs guIMARAEs PEREs lirone fRANçOIsE ENOck violone NANjA bREEDjIk harp MAssIMO MOscARDO archlute & guitar fRéDéRIc RIVOAL harpsichord with the kind participation of

MéLANIE fLAhAuT (flute & recorder) in la fiera di farfa

VINcENT DuMEsTRE theorbo & conductor

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« L’ENVIE DE sONDER LEs TRésORs ENfOuIs » VINCENT DuMEsTrE


FRANÇAIS

Vous aVez enregistré ce programme autour de monteVerdi en 2009. Votre discographie chez alpha, dont Vous êtes l’un des fidèles artistes, était auparaVant plutôt tournée Vers des compositeurs de l’ombre et des pièces marginales des xViie et xViiie siècles. comment le très célèbre monteVerdi s’est-il imposé à Vous à ce moment de Votre parcours ?

Vincent Dumestre. Il s’agissait avant tout de dévoiler la vie musicale autour de Monteverdi, dont on ne connaissait quasiment rien à l’époque. René Jacobs avait enregistré Mazzocchi, Gesualdo avait la faveur des musiciens anglais, mais le terrain restait largement inexploré. Le contraste entre Monteverdi et son contemporain Marazzoli faisait apparaître la richesse de cette période et l’expérience invitait, par ricochet, à redécouvrir le maître crémonais. Pendant plus de dix ans, nous avions redonné vie à des compositeurs méconnus ou oubliés – par goût pour ces œuvres que le temps avait injustement reléguées dans l’ombre mais dont la connaissance et la compréhension se révèlent aujourd’hui indispensables à notre vie musicale. L’envie de sonder les trésors enfouis nous guidait. Au bout de douze ans de ce cheminement et à la faveur d’une rencontre décisive, Monteverdi s’est imposé : nous venions de découvrir le lieu dans lequel avait été créé Il combattimento di Tancredi e Clorinda. Alors qu’il existe à Venise une dizaine de palazzi Mocenigo, nous avions retrouvé celui pour l’inauguration duquel son propriétaire, Nicolò Mocenigo, avait passé commande à Monteverdi en 1624 : il s’agit d’un petit salon étroit aux poutrelles peintes, au premier étage de ce palais situé entre le rio di San Stae et la salizada du même nom. L’œuvre y fut créée sur une scène qui ne pouvait s’étendre au-delà de quelques mètres et limitait forcément l’évolution scénique des chanteurs. Ces contraintes d’espace expliquent le caractère chambriste du Combattimento et permettent d’imaginer quels types de voix pouvaient incarner le Testo, Clorinda et Tancredi. 9 9


C’est donc la découverte du palais Mocenigo qui non seulement nous a inspiré cet enregistrement mais qui m’a guidé dans le choix de l’instrumentation, des voix et de l’effectif à employer. Une fois visitée cette pièce de huit mètres de large, tout devient évident : il n’est pas tant question d’intimisme que de réalisme face aux contraintes inhérentes à l’espace. Ces aspects concrets sont d’ailleurs bien souvent le meilleur moyen de comprendre la réalité d’une œuvre. d’où est partie l’idée d’associer des madrigaux guerriers et amoureux à La fiera di farfa du méconnu marazzoli ?

V. d. Cette association est due à la seconde rencontre qui fut essentielle dans l’élaboration de ce projet : la découverte du manuscrit de Marazzoli. Par sa dimension parodique, La fiera di Farfa tend ouvertement un miroir au Combattimento de Monteverdi : à la fin de l’intermède, une rixe éclate, indiquée par la mention « Qui va il combattimento ». La lutte se solde par une explication entre Zanni et Coviello, dont les termes, bien qu’en dialecte, plagient directement le texte du Tasse mis en musique par Monteverdi : « Amico, hai vinto: io ti perdon, perdona / In fato nelle costiù / L’è pur la bella cosa esser poltrù » – « Ami, tu as vaincu : je te pardonne, pardon. / En effet, en semblable circonstance, / C’est une bien belle chose que d’être un poltron. » L’auteur singe la grande tradition poétique qui est celle du huitième livre de madrigaux de Monteverdi, où la guerre n’est que l’ombre portée de l’amour. Comment ne pas associer alors l’original et son pastiche ? Le choix des œuvres met en avant cette esthétique parodiée par Marazzoli, dont Il combattimento di Tancredi e Clorinda constitue un sommet.

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FRANÇAIS

d’où Vient cet intermezzo de marazzoli ? comment en aVez-Vous découVert la partition ?

V. d. J’avais été intrigué par un article de M. A. Purciello, qui évoquait le désordre et l’effervescence d’un intermède d’un certain Marco Marazzoli. Après plusieurs péripéties, je pus accéder au manuscrit, qui dormait depuis plusieurs siècles à la Bibliothèque vaticane. L’œuvre était à nulle autre égale, composée comme un long dialogue faisant intervenir tout un tas de personnages très variés – notamment les populaires Zanni et Coviello de la commedia dell’arte –, présentant une écriture musicale et des dialectes associés à chacun. L’espace de recréation et d’improvisation offert aux voix comme aux instruments était immense ! L’œuvre, haute en couleurs et profondément théâtrale, pour laquelle on sait que le Bernin avait fait entrer de vrais animaux sur scène et engagé d’authentiques forains, me laissait des doutes quant à son enregistrement au disque mais la parodie finale était trop belle pour rester ignorée. des poèmes raffinés et passionnés de pétrarque, rinuccini et du tasse, et une farce gouailleuse aux couleurs de commedia deLL’arte : n’était-ce pas un rapprochement très audacieux ?

V. d. Pas tant que cela ! Le mélange des genres et des registres est consubstantiel à l’époque baroque. Monteverdi écrit lui-même des passages de ses opéras en style madrigalesque et convoque des personnages bouffons au milieu de crimes d’État. Songez aux scènes d’Arnalta de L’incoronazione di Poppea ou d’Iro d’Il ritorno d’Ulisse in patria : la farce n’est pas loin.

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bien que le ton soit différent – tragique et intime dans les madrigaux, comique et collectif dans l’intermède –, ces œuVres semblent tendre Vers un même but : raconter une histoire, la rendre Visuelle, théâtrale. monteVerdi est connu pour aVoir présidé aux débuts de l’opéra. qu’en est-il de marazzoli et de son rapport à la scène ?

V. d. La capacité de Marazzoli à caractériser musicalement des personnages très définis en jouant sur la limite entre parlé et chanté est remarquable. Dans L’Egisto ovvero Chi soffre speri – l’œuvre à grand spectacle de plus de cinq heures, représentée au palais Barberini en 1637, dont La fiera di Farfa est le second intermezzo –, il fait preuve d’un sens aigu du comique alors qu’il s’agit de la première comédie en musique jamais écrite. Parallèlement, Marazzoli aborde avec la même réussite des sujets sérieux tels que La vita humana, drame allégorique du même auteur que L’Egisto (le cardinal Giulio Rospigliosi, futur pape Clément Ix). Il ne faut pas oublier qu’il fut, sa vie durant, au service des Barberini, dont le goût pour la scène et les moyens de production lui permettaient de laisser libre cours à son talent d’homme de théâtre. Avec le Bernin comme metteur en scène et une foule de figurants à disposition, La fiera di Farfa ne pouvait manquer de brio musical ! monteVerdi et marazzoli reflètent un xViie siècle bigarré et foisonnant, où musique saVante et musique populaire se côtoient et s’influencent. est-ce important pour Vous de traVailler aujourd’hui le répertoire baroque sous l’éclairage du répertoire populaire et de ses codes ?

V. d. On ne peut comprendre le savant sans démêler les éléments populaires dont il se nourrit. C’est pour moi une chose essentielle, qui effectivement transparaît dans bon nombre de mes enregistrements avec Le Poème harmonique. Il me semble indispensable d’approcher les musiques baroques 12 12


FRANÇAIS

sans restreindre les contours de notre regard. C’est pourquoi nous essayons, pour chaque projet, de comprendre toute une époque et les coutumes qui lui sont associées. Il faut pour cela être curieux de toutes les musiques et élargir la réflexion au répertoire oral. Ces sources éclairent différemment les répertoires dits savants. Toutefois dans le cadre de ce programme précis, à l’exception de la tarentelle dans Il combattimento, ces œuvres de Monteverdi n’ont rien de populaire musicalement ; seul le caractère scénique reflète cette dimension. pour Vous qui êtes luthiste et théorbiste, on imagine que les couleurs et la dynamique apportées par le continuo ont une importance particulière. qu’est-ce qui Vous a guidé dans le choix des instruments ?

V. d. Là encore, les conditions de la création du Combattimento que j’ai citées plus haut sont parlantes : dans cet espace à peine suffisant pour permettre des déplacements aux chanteurs, il était difficile d’imaginer un grand ensemble. J’ai donc choisi un petit effectif, composé essentiellement de cordes frottées et pincées. En ce qui concerne le continuo, je le détermine plutôt selon les pratiques de l’époque et les exigences de la partition que d’après mon propre goût. La fiera di farfa est une scène de marché ouVerte aux camelots, badauds et animaux de toute sorte, que marazzoli peint aVec un grand réalisme. comment procède-t-il ?

V. d. Marazzoli a incontestablement le don du récitatif. L’intonation, jamais stéréotypée, et le registre vocal lui servent à peindre les différents caractères. Certains procédés harmoniques peuvent également le seconder, comme le bourdon qui décrit la rusticité du vendeur de pois chiches (« Ceci, ceci spassatempo »). C’est cette rhétorique adaptée à chaque personnage et aussi l’usage des 13 13


différents dialectes propres à chacun qui créent la vitalité et, par accumulation, l’impression de joyeux désordre propre à la pièce. Les personnages de Coviello et Zanni – les masques napolitain et bergamasque de la commedia dell’arte – ont une réelle identité linguistique par l’usage de leur dialecte. Cette dimension plurilinguistique, qu’a mise en valeur Jean-François Lattarico, qui avait travaillé avec nous sur la première édition de ce programme, est vraiment exceptionnelle, non seulement source de comédie, de rythme et d’entrain mais aussi réelle incarnation des personnages. Toute la scène de marché est là, recréée sous nos yeux et pour nos oreilles, avec un hyperréalisme frappant : dans son agitation, dans sa polyvocalité et dans son plurilinguisme. et au final, nous aVons cette scène de plagiat du combat de tancrède et clorinde pour éVoquer une bagarre sur le marché. ce pastiche réVèle à quel point monteVerdi était connu de ses contemporains ?

V. d. En cette époque où l’édition était rare, le pastiche était fréquent. Ici comme ailleurs, il s’agit moins d’un pied de nez, d’un hommage ou d’un aveu de stérilité que d’un clin d’œil directement adressé au public. Dans un autre contexte, Cavalli reprend une chanson à la mode au milieu d’une scène de son célèbre Giasone. Le public du palais Barberini était lettré et reconnaissait sans aucun doute un détournement de La Jérusalem délivrée. En ce qui concerne Il combattimento lui-même, Marazzoli pastiche le fameux « Amico, hai vinto » du Tasse. Il indique précisément l’endroit où doit s’insérer une musique de bataille (« Qui va il combattimento »), ce que nous avons traduit par ce pastiche en dialecte bergamasque et altéré du texte du Tasse.

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Vous enregistrez beaucoup le répertoire français et italien, aVec une curiosité insatiable et une âme de découVreur qui bousculent les frontières. gagnerez-Vous un jour l’allemagne, bach et ses contemporains ?

V. d. Nous donnons déjà des programmes allemands, notamment autour de la guerre de Trente Ans et nous préparons actuellement des œuvres de Bach, mais il est vrai que la majorité de nos programmes mettent en avant les répertoires français et italiens. si Vous aViez aujourd’hui la possibilité de réenregistrer ce programme, y changeriez-Vous quelque chose ?

V. d. Le disque est un instantané photographique, qu’il soit le résultat d’un important travail de montage ou d’une captation sur le vif. En réenregistrant, on dit obligatoirement autre chose – ou plutôt l’on redit différemment. Fondamentalement, j’aime cet album, et si j’avais à en corriger certains aspects, ce serait minime et sans réelle importance.

Propos recueillis le 10 avril 2015

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FRANÇAIS

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‘ThE uRgE TO uNEARTh buRIED TREAsuREs’ VINCENT DuMEsTrE


Vincent Dumestre. The idea was above all to reveal something of musical life around Monteverdi, which was virtually unknown at the time. René Jacobs had recorded some Mazzocchi, Gesualdo enjoyed the favours of English musicians, but the terrain was still largely unexplored. The contrast between Monteverdi and his contemporary Marazzoli afforded an insight into the riches of this period, and the experience invited us, by extension, to rediscover the Cremonese master. For more than ten years, we had brought little-known or forgotten composers back to life – because we enjoyed performing these works that time had unfairly consigned to obscurity but a knowledge and understanding of which can today be seen as indispensable to our musical life. We were stimulated by the urge to unearth buried treasures. After twelve years exploring these paths, Monteverdi became the obvious choice following a decisive event: we had just discovered the place where Il combattimento di Tancredi e Clorinda had received its first performance. Although there are around a dozen ‘palazzi Mocenigo’ in Venice, we had found the one for the inauguration of which its owner, Nicolò Mocenigo, had commissioned a work from Monteverdi in 1624. The venue in question is a narrow little drawing room with painted beams on the first floor of this palazzo situated between the Rio di San Stae and the Salizada di San Stae. The work was premiered there on a stage that couldn’t have extended beyond a few metres and must inevitably have restricted the singers’ movements. These limitations of space explain the chamber character of the Combattimento and allow us to imagine the types of voice that could have sung the narrator (Testo), Clorinda and Tancredi. 17 17

ENGLISH

you recorded this programme built around monteVerdi in 2009. your discography on alpha, of which you haVe been one of the most loyal artists, had preViously tended towards little-known composers and fairly marginal pieces of the sixteenth and seVenteenth centuries. how did you come to choose the ultra-famous monteVerdi at this point in your career?


So it was the discovery of the Palazzo Mocenigo that not only inspired this recording but also guided me in the choice of instrumentation, voices, and the forces to use. Once you’ve visited this room, just eight metres wide, everything becomes evident: it isn’t so much a question of intimacy as of realism in the face of the constraints inherent in the space. In fact, these concrete aspects are very often the best way to reach an understanding of the reality of a work. where did you get the idea of coupling monteVerdi’s madrigals of loVe and war with La fiera di farfa (the fair at farfa) by the little-known marazzoli?

V. D. The association came about thanks to the second event that played an essential role in the elaboration of this project: the discovery of Marazzoli’s manuscript. In its parodic dimension, La fiera di Farfa openly holds up a mirror to Monteverdi’s Combattimento: at the end of the intermedio, a brawl breaks out, indicated by the words ‘qui va il combattimento’ (the combat takes place here). The fight ends with a dialogue between Zanni and Coviello, using terms which, though in dialect, directly plagiarise Tasso’s text as set to music by Monteverdi: Amico, hai vinto: io ti perdon, perdona / In fato nelle costiù / L’è pur la bella cosa esser poltrù (Friend, you have won: I forgive you; forgive me too. / For, in such circumstances, / It is a fine thing to be a coward). The author is mimicking the great poetic tradition to which Monteverdi’s eighth book of madrigals belongs, where war is merely the shadow of love. How could we resist associating the original and its pastiche? The choice of works exemplifies this aesthetic parodied by Marazzoli, of which Il combattimento di Tancredi e Clorinda constitutes one of the peaks.

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V. D. I had been intrigued by an article by Maria Anne Purciello, which discussed the bustle and effervescence of an intermedio by a certain Marco Marazzoli. After an eventful search, I managed to gain access to the manuscript, which had been slumbering in the Vatican Library for several centuries. The work turned out to be quite unlike any other, composed as a long dialogue with interventions from a host of extremely varied characters (notably the popular figures of Zanni and Coviello from commedia dell’arte), each of whom is associated with a different musical style and dialect. The scope for recreation and improvisation offered to both voices and instruments was immense! I did have some doubts about whether such a colourful and profoundly theatrical work, for which we know that Bernini put real animals on stage and engaged genuine fairground performers, would work as an audio recording, but the final parody was too tempting to leave languishing in obscurity. refined and passionate poems by petrarch, rinuccini and tasso, and a cheeky farce in the colours of commedia dell’arte: wasn’t that a Very bold juxtaposition?

V. D. Not so much as all that! The mixture of genres and registers is consubstantial with the Baroque era. Monteverdi himself writes passages of his operas in madrigalian style and brings on comic characters in the midst of political crimes. Think of the scenes with Arnalta in L’incoronazione di Poppea or Iro in Il ritorno d’Ulisse in patria: farce is never far away.

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ENGLISH

where does this intermedio by marazzoli come from? how did you come across the score?


although the tone is different – tragic and intimate in the madrigals, comical and collectiVe in the intermedio – these works seem to pursue the same goal: to tell a story, to make it Visual, theatrical. monteVerdi is known for haVing presided oVer the beginnings of opera. what can you tell us about marazzoli and his relationship to the stage?

V. D. Marazzoli has a remarkable ability to characterise very clearly defined protagonists musically by playing on the borderline between speech and singing. In L’Egisto ovvero Chi soffre speri – a highly spectacular work lasting more than five hours, performed at the Palazzo Barberini in 1637, of which La fiera di Farfa forms the second intermedio – he displays a keen sense of the comic in what is actually the first musical comedy ever written. At the same time, Marazzoli was equally successful with serious subjects like La vita humana, an allegorical drama by the same author as L’Egisto (Cardinal Giulio Rospigliosi, later to become Pope Clement Ix). It mustn’t be forgotten that throughout his life he was in the service of the Barberini family, whose taste for the stage and lavish production resources allowed him to give free rein to his talent as a man of the theatre. With Bernini as stage director and a host of supernumeraries at his disposal, La fiera di Farfa could not have lacked for musical brio!

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V. D. You can’t understand art music without identifying the popular elements it fed on. That’s an essential point for me, and one that certainly emerges in many of my recordings with Le Poème Harmonique. It seems indispensable to me to approach Baroque music without limiting our field of vision. That’s why, for each project, we try to understand a whole period and the customs associated with it. That in its turn implies being curious about all kinds of music and extending our reflection to the oral repertory. These sources shed a new and different light on the so-called ‘learned’ repertories. All the same, within the framework of this particular programme, aside from the tarantella in Il combattimento, these works by Monteverdi contain no elements from popular music; only the character of Il combattimento as a stage work reflects that dimension. one imagines that for you, as a lutenist and theorbist, the colours and the dynamism contributed by the continuo are of special importance. what guided you in the choice of instruments?

V. D. There too, the conditions of the first performance of Il combattimento that I mentioned earlier are significant: in that space barely large enough to allow the singers to move, it’s hard to conceive of a big ensemble. I therefore chose small forces, essentially comprising bowed and plucked strings. As far as the continuo is concerned, I determined its composition according to the practice of the period and the requirements of the score rather than my own tastes.

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ENGLISH

monteVerdi and marazzoli reflect a teeming, heterogeneous seVenteenth century, in which art and popular music rubbed shoulders with and influenced each other. is it important for you to work on the baroque repertory today in the light of the popular repertory and its codes?


La fiera di farfa is a market scene, featuring pedlars, passers-by and animals of all kinds, which marazzoli depicts with great realism. how does he go about that?

V. D. Marazzoli unquestionably possesses a gift for recitative. He makes use of intonation, never stereotyped, and vocal register to portray the different characters. Certain harmonic devices can also support this, like the drone that evokes the rusticity of the seller of chickpeas (‘Ceci, ceci spassatempo’). It’s this rhetoric adapted to each character, along with the use of the different dialects appropriate to each of them, that creates the vitality and, by accumulation, the impression of cheerful chaos that characterises the piece. The figures of Coviello and Zanni – the maskers of the commedia dell’arte, from Naples and Bergamo respectively – gain a genuine linguistic identity from the use of their dialect. This plurilinguistic dimension, which was emphasised by Jean-François Lattarico, who worked with us on the original release of this programme, is quite exceptional, not only as a source of comedy, rhythm and energy, but also as a veritable embodiment of the characters. The whole market scene is there, recreated for our eyes and ears, with striking hyperrealism in its agitation, its polyvocality and its plurilingualism. and finally we haVe that scene plagiarising the combat of tancred and clorinda in order to eVoke a brawl on the marketplace. does this pastiche demonstrate how well known monteVerdi was to his contemporaries?

V. D. In this period when printed editions were rare, pastiche was frequent. Here and elsewhere, we’re talking less of mockery, homage or an admission of creative sterility than of a conniving reference directly addressed to the public. In another context, Cavalli reuses a fashionable song in the middle of a scene in his famous Giasone. The public of the Palazzo Barberini was well read and would undoubtedly have recognised a sarcastic twist on La Gerusalemme liberata. 22 22


As to Il combattimento itself, Marazzoli pastiches Tasso’s famous ‘Amico, hai vinto’. He indicates the precise place where battle music must be inserted (‘qui va il combattimento’), which we conveyed by this altered pastiche of Tasso’s text in Bergamask dialect. you record a great deal of french and italian repertory, with an insatiable curiosity and an exploratory zeal that knocks down frontiers. will you go on one day to germany, to bach and his contemporaries?

V. D. We already give German programmes, notably focusing on the Thirty Years War, and we’re currently preparing works by Bach, but it’s true that most of our programmes concentrate on the French and Italian repertories. if you had the opportunity to rerecord this programme today, would you change anything?

V. D. The disc is a snapshot of a specific point in time, whether it’s the result of extensive studio editing or of a live recording. If you rerecord the music, you’re bound to say something else – or rather to repeat it in a different way. I basically still like this album, and if I had to correct certain aspects of it, they would be minor ones without any real importance.

Interview: 10 April 2015

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„DIE LusT, VERbORgENE schäTZE AusZugRAbEN“ VINCENT DuMEsTrE


Vincent Dumestre. Es ging mir vor allem um das musikalische Leben rund um Monteverdi, von dem man damals fast gar nicht wusste. René Jacobs hatte Monteverdi aufgenommen, um Gesualdo kümmerten sich englische Musiker, aber weitgehend war das Terrain noch unerforscht. Der Kontrast zwischen Monteverdi und seinem Zeitgenossen Marazzoli zeigt den ganzen Reichtum dieser Periode, und diese Erfahrung lud dazu ein, nun wiederum den Meister aus Cremona neu zu entdecken. Über zehn Jahre lang hatten wir verkannten oder vergessenen Komponisten zu neuem Leben verholfen – uns gefielen ihre Werke, die unverdient in Vergessenheit geraten waren und deren Kenntnis und Verständnis inzwischen bereits als unerlässlich für unser Musikleben gelten. Die Lust, verborgene Schätze auszugraben, stand am Anfang. Zwölf Jahre später und dank einem entscheidenden Fund wurde Monteverdi für uns unumgänglich: wir hatten den Ort entdeckt, an dem Il combattimento di Tancredi e Clorinda uraufgeführt worden war. In Venedig gibt es ein Dutzend Paläste mit dem Namen Mocenigo, aber wir haben den wiedergefunden, für dessen Einweihung Nicolò Mocenigo, sein Eigentümer, Monteverdi 1624 einen Auftrag erteilte: Es handelt sich um einen kleinen, engen Empfangsraum mit bemalten Deckenbalken in der ersten Etage dieses Palazzo, der zwischen dem rio di San Stae und der salizada gleichen Namens errichtet worden war. Das Werk wurde hier auf eine Bühne gebracht, die sich nur über ein paar Meter erstrecken konnte und die Bewegungsfreiheit der Sänger zwangsläufig einschränkte. Diese räumlichen Zwänge erklären den Kammercharakter des Combattimento und vermitteln eine Vorstellung davon, welche Stimmtypen Testo, Clorinda und Tancredi verkörperten. 25

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DEUTSCH

sie haben dieses programm rund um monteVerdi 2009 aufgenommen. ei ihren früheren aufnahmen für alpha war es ihnen um bisher unbekannte komponisten und marginale stücke aus dem 17. und 18. jahrhundert gegangen. wie kam es, dass der hochberühmte monteVerdi plötzlich in ihrer entwicklung auftauchte?


Diese Entdeckung des Palazzo Mocenigo hat uns nicht nur zu dieser Aufnahme angeregt, sie hat mich auch bei meinen Entscheidungen zur Instrumentierung, bei der Auswahl der Stimmen und dem Umfang des Ensembles geleitet. Hat man einmal diesen acht Meter breiten Raum gesehen, liegt es auf der Hand: Es geht nicht um Intimität, sondern um eine realistische Einstellung gegenüber den Zwängen, die der Raum schafft. Solche konkreten Aspekte sind häufig der beste Ratgeber beim Verständnis der Wirklichkeit eines Werks. wie kamen sie darauf, La fiera di farfa des Verkannten mazzaroli mit kriegsund liebesmadrigalen zu Verbinden?

V. D. Diese Verbindung ist auf einen zweiten glücklichen Fund zurückzuführen, der bei der Ausarbeitung dieses Projekts wesentlich wurde: auf die Entdeckung des Manuskripts von Marazzoli. Durch seine parodistische Dimension hält La fiera di Farfa dem Combattimento Monteverdis deutlich den Spiegel vor: Am Ende des Zwischenspiels bricht eine Keilerei aus, das zeigt die Anmerkung: „Qui va il combattimento“. Der Kampf endet mit einer Aussprache zwischen Zanni und Coviello, die den von Monteverdi vertonten Tasso-Text direkt plagiiert: „Amico, hai vinto: io ti perdon, perdona / In fato nelle costiù / L’è pur la bella cosa esser poltrù“ („Freund, du hast gesiegt: ich vergebe dir, vergib! / In Fällen wie diesem / wird man am besten zur Memme“). Der Autor verhöhnt die große poetische Tradition, die des achten Buchs der Madrigale von Monteverdi, wo der Krieg einzig der Schatten der Liebe ist. Die von Marazzoli parodierte Ästhetik – Il combattimento di Tancredi e Clorinda ist einer ihre Höhepunkte – steht bei unserer Auswahl im Vordergrund. Wie könnte man der Versuchung widerstehen, das Ideal mit diesem Pasticcio zu verbinden?

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V. D. Ein Artikel von M. A. Purciello, der das hektische Durcheinander in einem Zwischenspiel eines gewissen Marco Marazzoli erwähnte, hatte meine Neugier geweckt. Nach mehreren Anläufen gelang es mir, das Manuskript in der Vatikanischen Bibliothek aufzutreiben, wo es seit mehreren hundert Jahren schlief. Das Werk glich keinem anderen, das ich je gesehen habe. Es besteht aus einem langen Dialog, in den eine ganze Menge sehr unterschiedlicher Personen eingreifen, darunter vor allem die volkstümlichen commedia dell’arte-Figuren Zanni und Coviello; die musikalische Textur und die Dialekte sind jeder einzelnen von ihnen angepasst. Den Stimmen wie den Instrumenten steht ein immenser Raum zur Verfügung! Das deftige, höchst theatralische Spiel, von dem man weiß, dass Bernini es mit echten Tieren und authentischen Schaustellern aufgeführt hat, ließ mich an der Möglichkeit einer Plattenaufnahme zweifeln, aber die Schlussparodie war zu schön, um unbekannt zu bleiben. subtile und leidenschaftliche gedichte Von petrarca, rinuccini und tasso, und daneben eine spöttische farce im stil der commedia deLL’arte – war das nicht eine sehr kühne mischung?

V. D. Nicht so sehr! Die Mischung der Gattungen und Register ist für die Barockzeit typisch. Monteverdi selbst komponiert Teile seiner Opern im Madrigalstil, komische Figuren kommen bei ihm mitten in Haupt- und Staatsaktionen vor. Denken Sie an die Szenen der Arnalta in L’incoronazione die Poppea oder die des Iro in Il ritorno d’Ulisse in patria: es ist nicht weit bis zur Farce.

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DEUTSCH

woher stammt dieses zwischenspiel Von marazzoli? wie haben sie die partitur entdeckt?


obwohl der ton Verschieden ist – tragisch und priVat in den madrigalen, komisch und kollektiV im zwischenspiel – scheinen diese werke dasselbe ziel zu haben: eine geschichte erzählen, sie sichtbar machen. monteVerdi ist bekannt dafür, dass er am anfang der oper stand. wie steht es aber um marazzoli und seine beziehung zur bühne?

V. D. Marazzolis Fähigkeit, genau umrissene Gestalten durch ein Spiel an der Grenze zwischen Gespräch und Gesang musikalisch zu charakterisieren, ist sehr bemerkenswert. In Egisto ovvero Chi soffre speri (einem sehr spektakulären Werk von über fünf Stunden Spielzeit, das 1637 im Palazzo Barberini aufgeführt wurde – La fiera di Farfa ist das zweite Zwischenspiel) zeigt er einen ausgeprägten Sinn für Komik. Es handelt sich um die erste musikalische Komödie, die je geschreiben wurde. Parallel dazu beschäftigt sich Marazzoli ebenso erfolgreich mit ernsten Stoffen, so in La vita humana, einem allegorischen Drama desselben Bühnenautors, der auch den Egisto verfasst hat; es handelt sich um den Kardinal Giulio Rospigliosi, den späteren Papst Clemens Ix. Man darf nicht vergessen, dass Marazzoli sein Leben lang im Dienst der Barberinis stand, deren Liebe zum Theater ihm die materiellen Mittel verschaffte, sein Talent als Bühnenmensch auszuleben. Mit Bernini als Regisseur und all den Statisten, die ihm zur Verfügung standen, konnte es der Fiera di Farfa nicht an musikalischem Brio fehlen.

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V. D. Das Ernste lässt sich ohne Elemente des Volkstümlichen nicht verstehen, es lebt davon. Für mich ist das etwas Wesentliches, das sich in zahlreichen Aufnahmen mit Le Poème harmonique zeigt. Es scheint mir unerlässlich, bei der Beschäftigung mit der Barockmusik unseren Blick nicht einzuschränken. Deswegen versuchen wir bei jedem Projekt, eine ganze Epoche und die in sie eingebundenen Bräuche zu verstehen. Dazu muss man sie für alle Spielarten der Musik interessieren und auch das mündlich tradierte Repertoire einbeziehen. Diese Quellen werfen ein anderes Licht auf das sogenannt ernste Repertoire. In dem Programm, von dem wir sprechen, haben die Werke Monteverdis – abgesehen von einer Tarantella in Il combattimento – allerdings nichts von volkstümlicher Musik; nur der Bühnencharakter spiegelt diese Dimension. sie selbst spielen laute und theorbe. man könnte sich Vorstellen, dass die klangfarbe und die dynamik des continuo für sie eine besondere bedeutung hat. was hat sie bei der wahl der instrumente beeinflusst?

V. D. Auch hier sprechen die Bedingungen, unter denen die Uraufführung des Combattimento stattfand, eine deutliche Sprache: in diesem Raum, der es kaum ermöglichte, dass die Tänzer sich bewegen, kann man sich kein großes Ensemble vorstellen. Ich habe daher eine kleine Besetzung gewählt, im Wesentlichen gestrichene und gezupfte Saiteninstrumente. Was das continuo angeht, so folge ich eher dem Usus der Epoche und den Anforderungen der Partitur als meinem persönlichen Geschmack. 29

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monteVerdi und marazzoli spiegeln ein bunt wimmelndes 17. jahrhundert, in dem ernste musik sich mit Volksmusik mischt und beide einander beeinflussen. ist es wichtig für sie, das barockrepertoire heute im licht des Volkstümlichen repertoires und seiner codes zu bearbeiten?


La fiera di farfa ist eine Von marazzoli mit grossem realismus gestaltete marktszene mit strassenhändlern, gaffern und tieren aller art. wie geht er dabei genau Vor?

V. D. Marazzoli hat unbestreitbar eine große Begabung für das Rezitativ. Die niemals stereotyp eingesetzte Intonation und das Stimmregister dienen ihm zur Zeichnung unterschiedlicher Charaktere. Er lässt sich ebenfalls durch harmonische Verfahren unterstützen, etwa durch den Einsatz des Bordun, der die Ungehobeltheit des Kichererbsenverkäufers beschreibt („Ceci, ceci, spassatempo“). Die jeder Figur auf den Leib geschriebene Rhetorik und der Einsatz unterschiedlicher Dialekte schaffen eine sich kumulierende Lebendigkeit, den Eindruck eines fröhlichen Durcheinanders. Die Figuren des Coviello und des Zanni, die napolitanische und bergamaskische Maske der commedia dell’arte, erlangen durch ihre Dialekte sprachliche Wirklichkeit. Diese mehrsprachige Dimension, die Jean-François Lattarico, unser Mitarbeiter bei der ersten Aufführung dieses Programms, herausgearbeitet hat, ist ganz außerordentlich, nicht nur ein Quell der Komik, des Rhythmus und des Schwungs, sondern auch eine reelle Inkarnation der Gestalten. Die ganze Marktszene ist da, unter unseren Augen und für unsere Ohren neu geschaffen, hyperrealistisch in ihrem Trubel, ihrem Stimmenreichtum und ihrer Mehrsprachigkeit. und schliesslich haben wir diese parodie des kampfs zwischen tancredi und clorinda: eine keilerei auf dem marktplatz. zeigt dieses pasticcio, wie bekannt monteVerdi bei seinen zeitgenossen war?

V. D. In dieser Zeit waren Buchausgaben eine Rarität, Pasticcios waren häufig. Hier wie andernorts handelt es sich weniger um eine Verspottung, einen Ausdruck der Verehrung oder ein Aussetzen der Fantasie als vielmehr um ein Augenzwinkern, das sich direkt ans Publikum wendet. In einem anderen Kontext greift Cavalli mitten in seinem berühmten Giasone ein damals modisches Lied auf. 30

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Das Publikum des Palazzo Barberini war gebildet und erkannte mit Sicherheit das zweckentfremdete Stück aus Tassos Gerusalemme liberata wieder. Was Il combattimento selbst angeht, so persifliert Marazzoli Tassos berühmtes „Amico, hai vinto“. Er bezeichnet den Moment, wo die Schlachtmusik einzusetzen hat („Qui va il combattimento“), was wir durch dieses Pasticcio im bergamaskischen Dialekt und durch den entstellten Text Tassos umgesetzt haben. bei ihren aufnahmen des französischen und des italienischen repertoires zeigen sie eine unersättliche neugier. grenzen kennen sie dabei anscheinend nicht. werden sie eines tages auch bach und seinen zeitgenossen einbeziehen?

V. D. Wir geben schon jetzt deutsche Programme, vor allem rund um den Dreißigjährigen Krieg, und bereiten gegenwärtig Bach-Werke vor, aber es stimmt schon: in unseren Programmen stehen das italienische und das französische Repertoire im Vordergrund. wenn sie die möglichkeit hätten, das programm dieser cd noch einmal aufzunehmen, würden sie dann irgendetwas ändern?

V. D. Jede Platte ist eine Augenblicksaufnahme, ob sie nun das Ergebnis einer umfangreichen Montagearbeit ist oder eine Live-Einspielung. Wenn man etwas noch einmal aufnimmt, sagt man damit zwangsläufig etwas anderes – oder man sagt dasselbe anders. Im Grunde liebe ich dieses Album, und wenn ich einige Aspekte zu verbessern hätte, ginge es nur um winzige Korrekturen ohne große Bedeutung. Das Gespräch wurde am 10. April 2015 geführt

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MONTEVERDI Hor che’l ciel 1 Hor che’l ciel e la terra e’l vento tace, e le fere e gli augelli il sonno affrena, notte il carro stellato in giro mena e nel suo letto il mar senz’onda giace,

À présent que le ciel, la terre et le vent se sont tus, Que le sommeil retient les fauves et les oiseaux, Que la nuit mène en sa ronde son char étoilé Et que dans son lit repose la mer calme,

Now, while the sky and earth and wind are still And the birds and beasts are held in sleep, Night’s starry chariot makes its round And in its bed calm lies the ocean,

Je veille, je pense, je brûle, je pleure ; et qui me tue Est toujours devant moi pour ma douce peine : La guerre est mon état, pleine de douleur et de colère ; Et ce n’est qu’en pensant à elle que j’ai un peu de paix.

I watch, brood, burn and weep; and she, my undoing, Is ever before me, causing such sweet sorrow: Warfare is my state, full of anger and pain, And only thoughts of her bring me peace.

Ainsi seul dans une source unique, vive et claire Se trouvent la douceur et l’amertume dont je me repais ;

Thus from a single pure and welling source Come the sweetness and suffering on which I feed;

una man sola mi risana e punge.

Et c’est la même main qui me guérit et me blesse.

A single hand both heals and wounds me.

E perchè il mio martir non giunga a riva, mille volte il dì moro e mille nasco, tanto da la salute mia son lunge.

Et comme mon martyre n’a pas de fin, Mille fois le jour je meurs et mille fois je renais ; Car de ma guérison je suis bien éloigné.

And, since I see no end to my anguish, A thousand times a day I die and am reborn, So far am I from my salvation’s source.

veglio, penso, ardo, piango; e chi mi sface sempre m’è innanzi per mia dolce pena. Guerra è il mio stato d’ira e di duol piena, e sol di lei pensando ho qualche pace. 2 Così sol d’una chiara fonte viva move’l dolce e l’amaro ond’io mi pasco;

Traduction © Jean-François Lattarico

Translation © Mary Pardoe


MONTEVERDI Lamento della Ninfa 3 A 3, DOI TENORI E BASSO Non havea Febo ancora recato al mondo il dì, ch’una donzella fuora del proprio albergo uscì. Sul pallidetto volto, scorgeasi il suo dolor, spesso gli venia sciolto un gran sospir dal cor. Sì calpestando fiori, errava hor qua, hor là, i suoi perduti amori così piangendo va.

À 3 : DEUX TÉNORS ET BASSE

3 VOICES: TWO TENORS AND BASS

Phébus n’avait pas encore Au monde apporté le jour Qu’une jeune fille sortit De sa maison. Sur son pâle visage Apparaissait son chagrin, Elle poussait souvent Un grand soupir du fond du cœur. Piétinant les fleurs, Elle allait çà et là, Pleurant ainsi Ses amours perdues.

The Sun had not yet Brought daylight to the world, When a maiden came forth From her abode. Upon her pale face Grief was visible, And oft from her heart She heaved a deep sigh. Treading upon flowers, She wandered this way and that, Lamenting for her lost love With these words:

4 A 4 VOCI: CANTO,

À 4 VOIX : DESSUS,

4 VOICES: SOLOIST,

DOI TENORI E BASSO

DEUX TÉNORS ET BASSE

TWO TENORS AND BASS

Amor dicea, Amor il ciel mirando, il piè fermò, Amor, Amor, dove, dov’è la fè ch’el traditor giurò? Miserella Fa che ritorni il mio amor com’ei pur fu, O tu m’ancidi, ch’io non mi tormenti più. Miserella Non vo’ più ch’ei sospiri se non lontan da me, no, no che i martiri più non dirammi affè. Miserella Perché di lui mi struggo, tutt’orgoglioso sta,

Amour, dit-elle. Amour, regardant le ciel, immobile. Amour, Amour, Qu’est devenue la fidélité Jurée par le traître ? Malheureuse Fais en sorte que mon amour Revienne comme il était, Ou tue-moi Pour que je ne souffre plus. Malheureuse Je ne veux plus de ces soupirs S’ils ne sont éloignés de moi, Non, non, car les victimes Ne peuvent plus dire leur fidélité. Malheureuse De m’avoir fait souffrir Il est très fier,

O Love, said she. O Love, stopping, and gazing at the sky, O Love, Love, Where, where is the faith That the traitor swore? Unhappy maiden! Make my love return As he once was, Or kill me, so that I shall be Tormented no longer. Unhappy maiden! I will have him sigh no longer, Unless he is far from my sight; No, for then I will be spared All this great misery. Unhappy maiden! Seeing how I languish for him Makes him so full of pride;


che sì, che sì, se’l fuggo ancor mi pregherà? Miserella, ah più no, no, tanto gel soffrir non può Se ciglio ha più sereno colei che’I mio non è, già non rinchiude in seno, Amor, sì bella fè. Miserella, ah più no, no, tanto gel soffrir non può Nè mai sì dolci baci da quella bocca havrai, nè più soavi. Ah taci! Taci! Che troppo il sai. 5 A 3, DOI TENORI E BASSO Sì tra sdegnosi pianti, spargea le voci al ciel; così ne’ cori amanti mesce Amor fiamma e gel.

Alors, si je montre de l’indifférence Peut-être me suppliera-t-il encore ? Malheureuse, non, elle ne peut plus Supporter une telle indifférence glacée Même si ces yeux sont plus limpides Que les miens, Cette femme n’a pas dans le cœur, Amour, si belle foi. Malheureuse, non, elle ne peut plus Supporter une telle indifférence glacée Il ne recevra jamais non plus D’aussi doux baisers de ces lèvres, Ni de plus tendres. Ah tais-toi ! Tais-toi ! Car tu ne le sais que trop.

So if I shun him, perhaps He will return to me? Unhappy maiden! Such coldness she cannot endure. If the eyes of the one he loves Are brighter than mine, Yet, O Love, she cannot have In her heart a fairer faith than I. Unhappy maiden! Such coldness she cannot endure. Nor will you receive from those lips Kisses as sweet as mine, Or as gentle... Ah, but hush, Hush, you know that only too well.

À 3, DEUX TÉNORS ET BASSE

3 VOICES: TWO TENORS AND BASS

Or, entre ses larmes amères, Sa voix remplit l’air ; Ainsi dans le cœur des amants Amour mêle le feu et la glace.

So, amidst bitter tears, She lifted her voice to the sky. Thus, in lovers’ hearts Love mingles flame and ice.

Traduction © Jean-François Lattarico

Translation © Mary Pardoe


MONTEVERDI Il combattimento di Tancredi e Clorinda 6 TESTO Tancredi che Clorinda un homo stima vol ne l’armi provarla al paragone. Va girando colei l’alpestre cima ver altra porta, ove d’entrar dispone. Segue egli impetuoso, onde assai prima che giunga, in guisa avien che d’armi suone ch’ella si volge e grida:

TESTO Tancrède, qui croit que Clorinde est un homme, Veut l’éprouver au défi des armes. Elle contourne la cime montagneuse Vers l’autre porte, où elle veut entrer. Lui, impétueux, la suit : mais bien avant Qu’il l’ait rejointe, il advient que ses armes sonnent ; Elle se tourne et crie :

NARRATOR Tancred, believing Clorinda to be a man, Wishes to put her to the test of arms. She goes round the crest of the hill toward Another city gate, where she prepares to enter. He follows so impetuously that, long before He reaches her, his rattling armour gives him away And turning she cries:

CLORINDA O tu, che porte, correndo sì?

CLORINDE Ô toi, qu’apportes-tu, courant ainsi ?

CLORINDA What do you bring in such haste?

TESTO Rispose:

TESTO Il répond :

NARRATOR He replies:

TANCREDI E guerra e morte.

TANCREDE Guerre et mort !

TANCRED War and death!

CLORINDA Guerra e mort’havrai!

CLORINDE Guerre et mort, tu les auras !

CLORINDA War and death you shall have!

TESTO Disse.

TESTO Dit-elle.

NARRATOR Says she:

CLORINDA Io non rifiuto darlati, se lei cerchi [e fermo attendi.

CLORINDE Je ne refuse pas de te les donner, si tu les [recherches et fermement les attends.

CLORINDA I shall not refuse. [If that is what you seek and expect!

TESTO Ne vol Tancredi, ch’ebbe a piè veduto il suo nemico, usar cavallo, e scende e impugna l’un e l’altro il ferro acuto, ed aguzza l’orgoglio e l’ira accende e vansi incontro a passi tardi e lenti quai due tori gelosi e d’ira ardenti.

TESTO Tancrède, qui voit son ennemi à pied, Ne veut pas d’un cheval, et descend ; L’un et l’autre empoignent le fer aigu, Aiguisent leur orgueil, allument leur colère ; Ils s’en vont l’un vers l’autre à pas lents et pesants Tels deux taureaux jaloux enflammés de colère.

NARRATOR Tancred, seeing his adversary on foot, Declines to use his horse, and dismounts And, burning with pride and anger, They draw their sharp swords. With slow, deliberate steps they advance upon Each other like two jealous bulls burning [with rage.


Notte, che nel profondo oscuro seno chiudesti e nell’oblio fatto si grande, degne d’un chiaro sol, degne d’un pieno teatro, opre sarian sì memorande.

Nuit, qui dans ton sein obscur, profond, Et dans l’oubli, as renfermé un fait si grand, De tels hauts faits si mémorables Sont dignes d’un brillant soleil, dignes d’un plein théâtre.

Night, who hast enfolded so mighty a deed In deep darkness and oblivion— Since such memorable feats are worthy Of bright sunshine and a crowded arena—

Piacciati ch’indi il tragga e’n bel sereno a le future età lo spieghi e mande. Viva la fama lor, e tra lor gloria splende dal fosco tuo l’alta memoria.

Consens que je l’en tire, et que dans la lumière Aux âges à venir je le raconte et le transmette. Que vive leur mémoire ! et que, parmi leur gloire, Brille le souvenir de ton obscurité.

Let me atone for your negligence and bring [them forth Into the light of day and recount them [for future generations. Long live their fame; and may the noble memory Of their glorious deeds ever be resplendent.

Non schivar, non parar, non pur ritrarsi voglion costor, ne’ qui destrezza ha parte. Non danno i colpi hor finti, hor pieni, [hor scarsi: toglie l’ombra e’l furor l’uso dell’arte.

Ils ne veulent ni esquiver ni parer ni céder : L’adresse ici n’est pas de mise. Pas de coup tantôt feint, tantôt plein et tantôt mesuré. L’ombre et la fureur abolissent tout art.

They neither ward off nor parry the blows, Nor even retreat, and skill plays no part. They feint not, nor strike blows now hard, now light: Darkness and fury prevent the use of art.

Odi le spade orribilmente urtarsi a mezzo il ferro; e’l piè d’orma non parte: sempre il piè fermo e la man sempre in moto, nè scende taglio invan, nè punta a voto.

On entend les épées se froisser à mi-lame, [horriblement; Le pied ne quitte pas la trace qu’il a faite ; Le pied toujours est immobile, la main [toujours en mouvement ; Pas un coup de taille en vain, pas un coup [d’estoc à vide.

Hear the horrible sound of clashing swords, blade Against blade; neither moves even a pace, Their feet are set firm, while their hands are [in motion; No blow falls in vain, each thrust finds its mark.

L’onta irrita lo sdegno alla vendetta, e la vendetta poi l’onta rinova: onde sempre al ferir, sempre alla fretta stimol novo s’aggiunge e piaga nova.

L’outrage excite la fureur à la vengeance, Et la vengeance après renouvelle l’outrage : Toujours à frapper, toujours à presser Naît un appel nouveau – naît une plaie.

Spite incites scorn to revenge, Then revenge renews spite: Whence, ever striking, ever in haste, A fresh goad is added, and a fresh wound.

D’hor in hor più si mesce e più ristretta si fa la pugna, e spada oprar non giova: dansi con pomi, e infelloniti e crudi cozzan con gli elmi insieme e con gli scudi.

De moment en moment la lutte est plus serrée, Plus rapprochée ; l’épée ne suffit plus ; Devenus félons et féroces, Ils cognent de la garde, du heaume et de l’écu.

From hour to hour the fight grows closer And so intense that their swords are of no avail: They use their hilts, and mercilessly and savagely Butt each other with helmet and shield.

Tre volte il cavalier la donna stringe con le robuste braccia, e altrettante poi da quei nodi tenaci ella si scinge, nodi di fier nemico e non d’amante.

Trois fois le chevalier étreint la dame De son robuste bras ; et trois fois De ces liens tenaces elle se sort, Liens d’ennemi sauvage, non d’amant.

Thrice the knight grasps the lady With his strong arms, and thrice She breaks free from those firm embraces —Those of a fierce enemy, not of a lover.


CLORINDA Indarno chiedi quel c’ho per uso di non far palese. Ma chiunque io mi sia, tu innanzi vedi un di quei duo che la gran torre accese.

CLORINDE En vain tu me demandes Ce que jamais je ne dévoile Mais quel que soit mon nom, tu vois devant toi Un des deux qui incendièrent la grande tour.

CLORINDA In vain you seek to know That which by habit I never tell. But whoever I may be, you see before you One of the two who set the great tower ablaze.

TESTO Arse di sdegno a quel parlar Tancredi.

TESTO À ces mots, Tancrède brûle de rage.

NARRATOR At these words, Tancred flies into a rage:

TANCREDI E in mal punto il dicesti e’l tuo dir e’l tacer di par m’alletta, barbaro discortese, alla vendetta.

TANCREDE Tu as mal fait de dire cela ; Tes paroles autant que ton silence Barbare discourtois m’excitent à la vengeance.

TANCRED You speak inopportunely Your words and your silence alike, Uncouth knave, incite me to take revenge!

TESTO Torna l’ira nei cori e li trasporta, benché deboli, in guerra a fiera pugna! U’l’arte in bando u’già la forza è morta, ove, invece, d’entrambi il furor pugna! O che sanguigna e spaziosa porta fa l’una e l’altra spada, ovunque giugna nell’armi e nelle carni! E se la vira non esce, sdegno tienla al petto unita. Ma ecco homai l’hora fatal è giunta che’l viver di Clorinda al suo fin deve. Spinge egli il ferro nel bel sen di punta che vi s’immerge e’I sangue avido beve; e la veste che d’or vago trapunta le mamelle stringea tenere e lieve, l’empie d’un caldo fiume. Ella già sente morirsi, e’l piè le manca egro e languente. Segue egli la vittoria, e la trafitta vergine minacciando incalza e preme. Ella mentre cadea, la voce afflitta movendo, disse le parole estreme: parole ch’a lei novo spirto additta, spirto di fè, di carità, di speme, virtù che Dio l’infonde, e se rubella in vita fu, la vol in morte ancella.

TESTO La colère revient dans les cœurs et les porte, Quoique faibles, au combat, à la lutte sauvage ! Où l’art était banni, où la force était morte, C’est la fureur qui maintenant lutte des deux côtés. Oh ! quelle sanglante et large porte Fait l’une ou l’autre épée, où qu’elle frappe, Sur l’arme ou sur la chair ! Et si la vie N’en sort, c’est que la rage l’a nouée à la poitrine. Mais voici maintenant venue l’heure fatale Que la vie de Clorinde doit accepter pour fin. Il lui pousse d’estoc le fer dans son beau sein, Où la lame s’enfonce, et boit son sang, avide ; Et son habit qui, cousu de bel or, Lui serrait tendrement, doucement les tétons, S’emplit d’un fleuve chaud. Elle se sent Mourir ; le pied, faible et tremblant, lui manque. Lui, pousse son avantage, et, menaçant, Il harcèle, il presse la vierge transpercée. Elle, en tombant, d’une voix affligée Prononce ses dernières paroles, Paroles qu’un nouvel esprit lui dicte, Esprit de foi, de charité, d’espérance, Vertus que Dieu lui infuse ; et si rebelle Elle fut dans sa vie, il la veut pour servante [dans la mort.

NARRATOR Rage returns to their hearts and flings them once more. Though weak, into the fray. Oh, fierce is the battle! Cunning is gone and strength already spent: ’Tis fury that takes the place of both! Oh, what bloody and gaping wounds Those swords inflict wherever they fall, On armour or on flesh! And if life still remains, It is fury that retains it in their breasts. But lo! the fatal hour has come In which Clorinda’s life must meet its end. Into her fair bosom he thrusts the point of his blade: It plunges deep and avidly drinks of her blood, And with a hot flood fills the tunic, Embroidered with gold, which tenderly, Lightly holds her breasts. Already she feels Herself dying, and, feeble and faint, her legs [give way. He follows up his victory and continues To threaten and harass the wounded maid. She sinks to the ground and, with enfeebled voice, She utters her last words, Words inspired by a new spirit, One of faith, of charity, of hope, Virtues given to her by God, for if in life [she was a rebel, In death he wishes her to be his handmaiden.


Tornano al ferro, e l’un e l’altro il tinge di molto sangue e stanco e anelante e questi e quegli al fin pur si ritira, e dopo lungo faticar respira.

Ils reprennent le fer ; l’un et l’autre le teignent De moult sang, puis lassés, haletants, L’un et l’autre à la fin se retirent Et, après cette longue fatigue, respirent.

They return to their swords, staining each other With streams of blood until, tired and breathless, They draw apart at last to regain Their breath after the long struggle.

L’un l’altro guarda, e del suo corpo [esangue sul pomo della spada appoggia il peso. Già de l’ultima stella il raggio langue sul primo albor ch’è in oriente acceso.

L’un l’autre, ils se regardent, et de leur corps [exsangue Au pommeau de l’épée ils appuient le poids. Déjà, l’éclat de la dernière étoile pâlit Dans la prime aube qui s’allume à l’orient.

Leaning the weight of their bleeding [bodies On the pommels of their swords, they eye [each other. Already the light of the last remaining star is fading.

Vede Tancredi in maggior copia il sangue del suo nemico e sé non tanto offeso, ne gode e in superbisce. Oh nostra folle mente ch’ogni aura di fortuna estolle!

Tancrède voit le sang de son ennemi Perdu en plus grande abondance ; lui-même [est moins atteint. Il s’en réjouit, exulte. Oh notre fol Esprit, enflé au moindre souffle de fortune !

Tancred now sees that much blood is flowing From the wounds of his foe, and that he is [wounded less. He rejoices and swells with pride. Oh, how foolish For our minds to be filled with elation At the slightest breath of fortune!

Misero, di che godi? Oh quanto mesti siano i trionfi ed infelice il vanto! Gli occhi tuoi pagheran (s’in vita resti) di quel sangue ogni stilla un mar di pianto.

Infortuné, de quoi te téjouis-tu ? Oh comme Les triomphes sont tristes et sinistres les gloires ! Tes yeux (si tu survis) paieront Chaque goutte de ce sang d’un océan de larmes !

Wretch, what makes you rejoice? Oh, how sad Will be your triumphs, how unhappy your boast! For every drop of this blood, your eyes, If you survive, will shed a sea of tears.

Così tacendo e rimirando, questi sanguinosi guerrier cessaro alquanto. Ruppe il silenzio alfin Tancredi e disse, perché il suo nome l’un l’altro scoprisse:

Ainsi, muets, ils se regardent, Et ces guerriers sanglants s’arrêtent un moment. Tancrède enfin rompt le silence et dit, Pour que son ennemi lui révèle son nom :

Thus silent and gazing at each other, These two bloodstained warriors rest awhile. At last Tancred breaks the silence, saying, So that each may learn the other’s name:

TANCREDI Nostra sventura è ben che qui s’impieghi tanto valor, dove silentio il copra. Ma poi che sorte ria vien che ci nieghi e lode e testimon degni de l’opra, pregoti (se fra l’armi han loco i preghi) che’l tuo nome e’l tuo stato a me tu scopra, acciò ch’io sappia, o vinto o vincitore, chi la mia morte o la mia vita honore.

TANCREDE Notre malheur est bien qu’ici s’emploie Tant de valeur, quand le silence la recouvre. Mais puisque le sort injuste nous dénie Louange et témoignage dignes de nos hauts faits, Je te prie (s’il est un lieu pour la prière au sein [des armes) De révéler ton nom et ton état à seule fin que je sache, soit vaincu, soit vainqueur, qui donc honore ainsi ma mort ou ma victoire.

TANCRED It is indeed our misfortune that so much valour Should be expended here, and go unsung. But since adverse fare denies us both praise And witness worthy of our feats, I pray you (if in combat prayers have anyplace), Tell me your name and your estate, That I may know, vanquished or victor, To whom my death or life bring honour.

TESTO La féroce répond :

NARRATOR Proudly she replies:

TESTO Rispose la feroce:


CLORINDA Indarno chiedi quel c’ho per uso di non far palese. Ma chiunque io mi sia, tu innanzi vedi un di quei duo che la gran torre accese.

CLORINDE En vain tu me demandes Ce que jamais je ne dévoile Mais quel que soit mon nom, tu vois devant toi Un des deux qui incendièrent la grande tour.

CLORINDA In vain you seek to know That which by habit I never tell. But whoever I may be, you see before you One of the two who set the great tower ablaze.

TESTO Arse di sdegno a quel parlar Tancredi.

TESTO À ces mots, Tancrède brûle de rage.

NARRATOR At these words, Tancred flies into a rage:

TANCREDI E in mal punto il dicesti e’l tuo dir e’l tacer di par m’alletta, barbaro discortese, alla vendetta.

TANCREDE Tu as mal fait de dire cela ; Tes paroles autant que ton silence Barbare discourtois m’excitent à la vengeance.

TANCRED You speak inopportunely Your words and your silence alike, Uncouth knave, incite me to take revenge!

TESTO Torna l’ira nei cori e li trasporta, benché deboli, in guerra a fiera pugna! U’l’arte in bando u’già la forza è morta, ove, invece, d’entrambi il furor pugna! O che sanguigna e spaziosa porta fa l’una e l’altra spada, ovunque giugna nell’armi e nelle carni! E se la vira non esce, sdegno tienla al petto unita. Ma ecco homai l’hora fatal è giunta che’l viver di Clorinda al suo fin deve. Spinge egli il ferro nel bel sen di punta che vi s’immerge e’I sangue avido beve; e la veste che d’or vago trapunta le mamelle stringea tenere e lieve, l’empie d’un caldo fiume. Ella già sente morirsi, e’l piè le manca egro e languente. Segue egli la vittoria, e la trafitta vergine minacciando incalza e preme. Ella mentre cadea, la voce afflitta movendo, disse le parole estreme: parole ch’a lei novo spirto additta, spirto di fè, di carità, di speme, virtù che Dio l’infonde, e se rubella in vita fu, la vol in morte ancella.

TESTO La colère revient dans les cœurs et les porte, Quoique faibles, au combat, à la lutte sauvage ! Où l’art était banni, où la force était morte, C’est la fureur qui maintenant lutte des deux côtés. Oh ! quelle sanglante et large porte Fait l’une ou l’autre épée, où qu’elle frappe, Sur l’arme ou sur la chair ! Et si la vie N’en sort, c’est que la rage l’a nouée à la poitrine. Mais voici maintenant venue l’heure fatale Que la vie de Clorinde doit accepter pour fin. Il lui pousse d’estoc le fer dans son beau sein, Où la lame s’enfonce, et boit son sang, avide ; Et son habit qui, cousu de bel or, Lui serrait tendrement, doucement les tétons, S’emplit d’un fleuve chaud. Elle se sent Mourir ; le pied, faible et tremblant, lui manque. Lui, pousse son avantage, et, menaçant, Il harcèle, il presse la vierge transpercée. Elle, en tombant, d’une voix affligée Prononce ses dernières paroles, Paroles qu’un nouvel esprit lui dicte, Esprit de foi, de charité, d’espérance, Vertus que Dieu lui infuse ; et si rebelle Elle fut dans sa vie, il la veut pour servante [dans la mort.

NARRATOR Rage returns to their hearts and flings them once more. Though weak, into the fray. Oh, fierce is the battle! Cunning is gone and strength already spent: ’Tis fury that takes the place of both! Oh, what bloody and gaping wounds Those swords inflict wherever they fall, On armour or on flesh! And if life still remains, It is fury that retains it in their breasts. But lo! the fatal hour has come In which Clorinda’s life must meet its end. Into her fair bosom he thrusts the point of his blade: It plunges deep and avidly drinks of her blood, And with a hot flood fills the tunic, Embroidered with gold, which tenderly, Lightly holds her breasts. Already she feels Herself dying, and, feeble and faint, her legs [give way. He follows up his victory and continues To threaten and harass the wounded maid. She sinks to the ground and, with enfeebled voice, She utters her last words, Words inspired by a new spirit, One of faith, of charity, of hope, Virtues given to her by God, for if in life [she was a rebel, In death he wishes her to be his handmaiden.


CLORINDA Amico hai vinto. Io ti perdon… perdona tu ancora, al corpo no, che nulla pave, all’alma si : deh ! per lei prega, e dona battesmo a me ch’ogni mia colpa lave.

CLORINDE Ami, tu as vaincu : je te pardonne… Pardonne Toi aussi, non pas au corps que rien n’effraie, Mais à l’âme : hélas, prie pour elle et donne-moi Le baptême, qui lave toutes les fautes.

CLORINDA Friend, you have won: I forgive you; Forgive me too —Not this body, which fears naught, but my soul. Oh, pray for it and give me baptism To cleanse me of all sin.

TESTO In queste voci languide risuona un non so che di flebile e soave ch’al cor gli scende e ogni sdegno ammorza, e gli occhi a lagrimar l’invoglia e sforza. Poco quindi lontan nel sen d’un monte scaturia mormorando un picciol rivo. Egli v’accorse e l’elmo empiè nel fonte, e tornò mesto al grande ufficio e pio. Tremar sentì la man, mentre la fronte non conosciuta ancor sciolse e scoprio. La vide e la conobbe: e restò senza e voce e moto. Ahi vista! Ahi conoscenza!

TESTO Et dans ces paroles mourantes résonne Un je ne sais quoi de plaintif et de doux Qui lui descend au cœur, calme toute sa rage, Puis incite et contraint ses yeux à pleurer. Or, non loin, au cœur d’une montagne, Sourdait, en murmurant, un petit ru. Il y courut, emplit son heaume à la fontaine Et revint, triste, faire son grand et pieux devoir. Sa main trembla tandis qu’il libérait Et découvrait le front encore inconnu. Il la vit, la connut, resta sans Voix, sans mouvement. Ah ! Vision ! [Ah ! Connaissance !

NARRATOR In this pitiful voice there is something So plaintive and sweet that it goes Straight to his heart and extinguishes all rage, And despite himself tears come to his eyes. Not far away, a small brook Rose murmuring in the heart of the hillside. He ran to it, filled his helmet at the spring And returned sadly to perform the holy rite. He felt his hand tremble as he uncovered That visage as yet unknown. He saw and recognised her. He was speechless And motionless. Alas, the sight! [Alas, the revelation!

Non morì già, ché sue virtuti accolse tutte in quel punto e in guardia al cor le mise, e premendo il suo affanno a darsi volse vita con l’acqua a chi col ferro uccise. Mentre egli il suon de’ sacri detti sciolse, colei di gioia trasmutossi, e rise: e in atto di morir lieta e vivace dir parea:

Il ne meurt pas pourtant, mais il recueille ici Toutes ses forces, leur confie la garde de son cœur Et, domptant sa douleur, ne songe qu’à donner Vie par l’eau à celle que par le fer il a tuée. Et comme il prononce les paroles sacrées Elle, de joie transfigurée, rit Et, tout en mourant joyeuse et vive, Semble dire :

Yet he did not die, but at that moment [summoned up All his forces to keep his heart from failing And, holding back his grief, he sought with [water to restore Life to the maiden he had slain with his sword. As he uttered the holy words, She was transformed with joy, and smiled, And as she died, happy and radiant, she seemed [to say:

CLORINDA S’apre il ciel: io vado in pace.

CLORINDE Le ciel s’ouvre, je vais en paix.

CLORINDA Heaven opens: I depart in peace!

Traduction © Jean-François Lattarico

Translation © Mary Pardoe


MARAZZOLI La fiera di Farfa 8 TUTTI Alla fiera, alla fiera! La vaga primavera Oggi con pompa altera V’invita a schiera a schiera Alla fiera, alla fiera!

TOUS À la foire, à la foire ! Le beau printemps Aujourd’hui en grande pompe Vous invite en foule À la foire, à la foire !

ALL THE VOICES To the fair, to the fair! Today with great splendour The delightful spring Invites you to come flocking To the fair!

PRIMO Chi vuol comprare Fettuccie rare, Pettini, specchi e veli sopraffini Venga qua co’ suoi quattrini.

PREMIER Qui veut acheter De rares rubans, Brosses, miroirs et voiles très fins, Qu’il vienne ici avec son argent.

FIRST VOICE You who seek to buy Rare ribbons, Combs, mirrors and the finest veils, Come here with your farthings!

SECUNDO, TERZO, QUARTO, QUINTO Venga qua.

DEUXIÈME, TROISIÈME, QUATRIÈME, CINQUIÈME Qu’il vienne ici.

SECOND, THIRD, FOURTH, FIFTH Come here.

SESTO Or che c’invita il maggio A far viaggio Ecco qui sproni, cuscinetti e staffe.

SIXIÈME Maintenant que le mois de mai Nous invite à voyager, Voici éperons, petits coussins et étriers.

SIXTH VOICE Now that the month of May Invites us to travel, Here are spurs, cushinets and stirrups!

SETTIMO Bicchieri, caraffe A un paolo il pezzo! Vedete se il prezzo Può esser più vile.

SEPTIÈME Verres, carafes À un sequin la pièce ! Voyez donc si l’on peut trouver Prix plus avantageux.

SEVENTH VOICE Glasses and carafes At a sequin apiece! You won’t find A better bargain than that!

DECIMO Pile, pile, Alle belle pile!

DIXIÈME Ah, les belles pièces, Ah, les belles pièces que voilà !

TENTH VOICE Basins, basins, Get your fine basins!

PRIMO, TERZO, QUINTO (Si canta di dentro) Voi dè boschi aure odorate, Che volate A far liete queste sponde, Bandite i foschi nembi, aure gioconde.

PREMIER, TROISIÈME, CINQUIÈME (en coulisses) Vous, brises parfumées des bois, Qui volez Et réjouissez ces rivages, Bannissez, brises joyeuses, ces sombres nuages.

FIRST, THIRD & FIFTH VOICES (singing offstage) Ye scented breezes, Blowing from the woods, Bringing delight to these shores, Banish dark clouds, ye joyful breezes.


NONO Ceci, ceci spassatempo! N’ha ogni mazzo più di cento: O che bel trattenimento! Ceci, ceci spassatempo!

NEUVIÈME Des pois chiches pour passer le temps, Il y en a des centaines par bouquets : Oh quel bel amusement ! Des pois chiches pour passer le temps !

NINTH VOICE Chickpeas, chickpeas to pass the time! A hundred and more in each bunch: Oh, what fine amusement! Chickpeas to pass the time!

SESTO Eh vedete colà fra gente liete Portare il palio e preparare il corso?

SIXIÈME Et vous voyez là-bas au milieu de gens joyeux Transporter le palio et préparer la fête ?

SIXTH VOICE Hey, look over there, amidst the joyous [crowd: do you see? They’re bearing the prize and getting ready [for the race.

QUINTO Vuo mirar più dappresso. Di qui scorger potremo il tutto espresso, Purché si ponghi cura.

CINQUIÈME Je veux voir de plus près, De là-bas nous pourrons tout voir rapidement Si l’on y fait bien attention.

FIFTH VOICE I want to get closer to watch. Now from here, we’ll be able to see everything, If we pay attention.

SECUNDO La ventura, la ventura!

DEUXIÈME La chance, la chance !

SECOND VOICE Try your luck! Try your luck!

NONO Qui le spose e le zitelle Troveran fatti all’usanza Li scarpini e le pianelle.

NEUVIÈME Ici les mariées et les jeunes filles Trouveront, faits selon l’usage, Les escarpins et les sandales.

NINTH VOICE Here ladies married or single Will find fine shoes and slippers, Traditionally made.

DECIMO Su, signori, all’abbondanza De’ boccali e di scudelle! Qui la mostra ne vedete: Serbo poi, se ne volete, I più belli negli armari. Non si resti per denari!

DIXIÈME Allons, messieurs, voyez l’abondance De bocaux et de poêles ! Les voici exposés : Si vous les voulez, je garde Les plus beaux dans des coffres. Ne regardez pas à la dépense !

TENTH VOICE Pray come, ladies and gents, See all these tankards and dishes! Some of them are on show here. But if you want some, I keep the best ones In reserve in these chests here. Spare no expense!

TUTTI Non si resti per denari!

TOUS Ne regardez pas à la dépense !

ALL THE VOICES Spare no expense!

SETTIMO Onde nasce colà tanto concorso.

SEPTIÈME Voilà pourquoi on s’agite tant là-bas !

SEVENTH VOICE Why is there so much agitation over there?

SESTO Si dan le mosse al corso.

SIXIÈME La fête se prépare.

SIXTH VOICE They’re getting ready for the race.


NONO Pianelle, scarpini!

NEUVIÈME Sandales, escarpins !

NINTH VOICE Slippers, fine shoes!

QUARTO Pettini, specchi e veli sopraffini!

QUATRIÈME Brosses, miroirs et voiles très fins !

FOURTH VOICE Combs, mirrors and the finest veils!

SECUNDO Le fettuccie di seta, Sei baiocchi la canna!

DEUXIÈME Les rubans en soie, Six sequins la canne !

SECOND VOICE Silk ribbons, Six sequins an ell!

SETTIMO Le fettuccie di seta, Sei baiocchi la canna! Su signori

SEPTIÈME Les rubans en soie, Six sequins la canne ! Allons, messieurs !

SEVENTH VOICE Silk ribbons, Six sequins an ell! Come on, ladies and gentlemen!

TUTTI Moneta!

TOUS À votre porte-monnaie !

ALL THE VOICES Get your purses out!

QUARTO Le perle più fine, Ch’uscirno dall’onde marine, Vi porto, signori, Si lucide e chiare. Non speri vederle Chi non ha da comprarle. Perle, perle !

QUATRIÈME Je vous apporte, messieurs, Les perles les plus fines, Limpides et claires Qui sont sorties des mers. Si vous ne les achetez pas, N’espérez pas les voir. Perles, perles !

FOURTH VOICE Ladies and gentlemen, I bring you The finest pearls From the sea, Shiny and bright. You won’t get to see them Unless you buy them. Pearls! Pearls!

SESTO Li cappelli di paglia! Comprine ognun che vuole Che questo luglio il sole Contro di lui non vaglia: Li cappelli di paglia, Fatti per eccellenza.

SIXIÈME Les chapeaux de paille ! Que chacun en achète s’il veut Car le soleil de juillet Ne pourra rien contre lui : Les chapeaux de paille, Ils sont excellemment faits.

SIXTH VOICE Straw hats! Come on, everybody buy one! They won’t be damaged By the sun this July: Straw hats, The workmanship’s excellent.

TUTTI Bon mercato e non credenza! Moneta, moneta!

TOUS Bon marché, pas de boniments ! Monnaies, monnaies !

ALL THE VOICES Cheap, and there’s no catch! Get your purses out!

SESTO Vezzi e pendenti e gemme senza pari! Non si resti per denari!

SIXIÈME Bijoux, pendentifs et pierres sans pareil ! Ne regardez pas à la dépense !

SIXTH VOICE Charms, pendents and matchless gems! Spare no expense!

TUTTI Non si resti per denari!

TOUS Ne regardez pas à la dépense !

ALL THE VOICES Spare no expense!


PRIMO Se volete questa sera Riportare ai vostri putti Qualche cosa dalla fiera, Sù venite, venite qua tutti!

PREMIER Si vous voulez ce soir Rapporter à vos enfants Quelque chose de la foire, Allons, venez, venez tous ici !

FIRST VOICE If you want to take Something back from the fair For your children this evening, Then come over here, everyone!

TUTTI Venite qua tutti!

TOUS Venez tous ici !

ALL THE VOICES Come over here, everyone!

SECUNDO Il bel soldatuccio Che gira la faccia, Che muove le braccia! Il bel cavalluccio Dal freno dorato! Ogni cosa a bon mercato!

DEUXIÈME Le beau petit soldat Qui tourne son visage, Qui bouge les bras ! Le beau petit cheval Au frein doré ! Chaque chose à bon marché !

SECOND VOICE A fine toy soldier Who turns his head, Who moves his arms! A nice little horse With a golden bridle! Everything going cheap!

TUTTI A bon mercato!

TOUS À bon marché !

ALL THE VOICES Going cheap!

DECIMO Qua, qua ci viene Chi vol star bene: Quaglie, vitella, intingoli, piccioni, Pulli d’India, capponi, Starne, pasticci, ravioli e torte, Con vini d’ogni sorte, Ogni cosa è squisita! Il vostro hoste v’invita Et è si bon compagno Che non si cura punto di guadagno.

DIXIÈME Ici, ici on vient, Si l’on veut être bien : Cailles, veaux, ragoûts, pigeons, Poules d’Inde, chapons, Étourneaux, petits gâteaux, ravioles et tourtes, Accompagnés de vins de toutes sortes, Tout est exquis ! Votre hôte vous invite Et il est si bon compagnon Qu’il ne se soucie guère de faire des ronds.

TENTH VOICE Over here, come over here If you want to be well: Quail, veal, stews, pigeons, Turkeys, capons, Partridges, pastries, ravioli and pies, With wines of all sorts, Everything is exquisite! Your host invites you And such a good fellow is he That making a profit doesn’t matter.

SETTIMO, OTTAVO Pianelle, scarpini!

SEPTIÈME, HUITIÈME Sandales, escarpins !

SEVENTH & EIGHTH VOICES Slippers, fine shoes!

QUARTO Pettini, specchi e veli sopraffini!

QUATRIÈME Brosses, miroirs et voiles très fins !

FOURTH VOICE Combs, mirrors and the finest veils!

PRIMO Chi t’ha fatto le belle scarpe Che ti stan si ben Girometta, che ti stan si ben?

PREMIER Qui t’a fait ces beaux escarpins Qui te vont si bien, Girometta, qui te vont si bien ?

FIRST VOICE Who made those fine shoes? They suit you so well, Girometta, they suit you so well.

QUINTO Di là giungono forastieri.

CINQUIÈME Des étrangers arrivent par là-bas.

FIFTH VOICE There are foreigners arriving over there.


SESTO Ferma, ferma, lettighieri!

SIXIÈME Arrêtez, arrêtez, porteurs !

SIXTH VOICE Stop, stop, litter-bearers!

SECUNDO La ventura, la ventura! Con pochissimi denari Havrà premi singolari Chi alla sorte s’assicura. La ventura, la ventura!

DEUXIÈME La chance, la chance ! Avec très peu d’argent, Celui qui s’en remet au destin Obtiendra des prix merveilleux ! La chance, la chance !

SECOND VOICE Try your luck! Try your luck! For very little money, he who Puts himself in the hands of destiny Will reap wonderful rewards! Try your luck! Try your luck!

PRIMO Che ti stan si ben Girometta, che ti stan si ben.

PREMIER Qui te vont si bien, Girometta, qui te vont si bien.

FIRST VOICE They suit you so well, Girometta, they suit you so well.

SESTO Già mi parea per così lenti passi La via lunga e molesta. Donna cha va alla festa Si mette in molta briga, Andandovi in lettiga, Se il viaggio è lontano, Perché va piano, Onde il desio che vola in un momento Fa provar quanto spiaccia un passo lento.

SIXIÈME La route me paraît déjà bien longue et pénible En marchant si lentement. Femme qui se rend à la fête Aura bien de la peine, En y allant en litière, Si le voyage est long, Puisqu’elle va lentement ; C’est pourquoi le désir qui s’envole en un instant Prouve combien un rythme lent est déplaisant.

SIXTH VOICE Already, walking so slowly, the road Seems to me long and tedious. A woman going to the fair, If she’s got far to go, Will have a lot of trouble Getting there in a litter, Because it moves so slowly. Going slowly is so unpleasant, It’s enough to put you off wanting to go!

QUINTO Di gratia, un po’ di passo! Oh quanti intrighi S’incontran hoggi per andare attorno! Chi vuol lettighe, lettighe di ritorno?

CINQUIÈME De grâce avancez donc ! Oh combien d’intrigues On rencontre aujourd’hui pour aller alentour. Qui veut une litière, une litière pour repartir ?

FIFTH VOICE For pity’s sake, get a move on! Oh, how hard it is to get around today With all these dawdlers! Who wants a litter to get back home?

NONO Andianne pur vedendo.

NEUVIÈME Allons donc voir.

NINTH VOICE So let’s go and see.

PRIMO Stringhe, veli, fettuccie, a chi le vendo?

PREMIER Lacets, voiles, rubans, à qui vais-je les vendre ?

FIRST VOICE Laces, veils, ribbons. Who will buy?

QUARTO Chi compra un monile, Un vezzo di corallo?

QUATRIÈME Qui veut acheter un collier, Un bijou de corail ?

FOURTH VOICE Who will buy a jewel, A coral necklace?

DECIMO Pile, pile, pile!

DIXIÈME Les belles pièces !

TENTH VOICE Basins, basins!


SETTIMO Bicchieri di cristallo, Di cristallo del vero Murano! Vedete quanto vengon di lontano!

SEPTIÈME Verres en cristal, Du vrai cristal de Murano ! Voyez comme ils viennent de loin !

SEVENTH VOICE Crystal glasses, Genuine Murano crystal! They’ve come a long way!

DECIMO Hoggi vendo le scudelle Assai manco dell’usato!

DIXIÈME Aujourd’hui je vends les poêles Bien moins que de l’occasion !

TENTH VOICE Today I’m selling dishes: you won’t find Second-hand ones cheaper!

QUARTO Li scarpini, le pianelle!

QUATRIÈME Les escarpins, les sandales !

FOURTH VOICE Fine shoes, slippers!

PRIMO I pupazzi a bon mercato!

PREMIER Les poupées à bon marché !

FIRST Dolls going cheap!

TUTTI A bon mercato!

TOUS À bon marché !

ALL THE VOICES Going cheap!

SECUNDO La ventura, la ventura! Qui si trova in più maniere: Poche bianche e molte nere, Premi poi senza misura. La ventura, la ventura!

DEUXIÈME La chance, la chance ! Ici on la trouve de plusieurs sortes : Peu de blanches et beaucoup de noires ; Et puis des prix sans compter. La chance, la chance !

SECOND VOICE Try your luck! Try your luck! There are several kinds here: Lots of black ones, not many white; And prizes that are worthwhile. Try your luck! Try your luck!

SESTO Vo provar mia sorte anch’io.

SIXIÈME Moi aussi je veux tenter ma chance.

SIXTH VOICE I want to try my luck too.

SECUNDO Pago qui si può far vostro desio.

DEUXIÈME Ici je peux satisfaire vos désirs.

SECOND VOICE Here I can satisfy your desires.

QUARTO Zà in ordin’è la banca.

QUATRIÈME J’y retrouve mon compte.

FOURTH VOICE I’ve done well out of it.

SECUNDO Bianca, bianca, benefitiata!

DEUXIÈME Blanche, blanche, la chance vous sourit !

SECOND VOICE White, white! Fortune smiles on you!

SESTO Priesto, che già s’aduna sta brigata.

SIXIÈME Pressons, la troupe est déjà rassemblée.

SIXTH VOICE Hurry, the company is already assembled!

NONO Benefitiata!

NEUVIÈME La chance vous sourit !

NINTH VOICE Fortune smiles on you again!

QUARTO Benefitiata!

NEUVIÈME La chance vous sourit !

FOURTH VOICE Fortune smiles on you again!


DECIMO Pile, pile!

DIXIÈME Les belles pièces !

TENTH VOICE Basins, basins!

NONO Alli specchi, alle velette!

NEUVIÈME À moi les miroirs, les voilettes !

NINTH VOICE Come and buy mirrors, small veils!

SECUNDO Numero ventisette: Un fior da testa ch’ogni prezzo vale.

DEUXIÈME Numéro vingt-sept : Une fleur qui vaut tous les prix.

SECOND VOICE Number twenty-seven: A flower for your hair, a good prize!

QUARTO Manco male!

QUATRIÈME Tant mieux !

FOURTH VOICE That’s not bad!

SECUNDO Ma perché non seguite Hor che fortuna i vostri meni honora?

DEUXIÈME Mais pourquoi ne poursuivez-vous pas Alors que la fortune guide vos pas ?

SECOND VOICE But why don’t you carry on While luck is with you?

QUINTO Basta, basta per hora, Homai volghiamo ove si danza il piede.

CINQUIÈME Ça suffit pour l’instant ; Allons danser maintenant.

FIFTH VOICE That will do for the moment. Let’s go and join in the dancing now.

NONO Hor qui si provede Per poca mercede Di sproni, di staffe.

NEUVIÈME À présent veillons à fournir À peu de frais Éperons, étriers.

NINTH VOICE Now here you’ll find Spurs and stirrups At a reasonable price!

QUINTO Bicchieri, carraffe A un paolo il pezzo! Vedete s’il prezzo Puo esser più vile!

SEPTIÈME Verres, carafes À un sequin la pièce ! Voyez si l’on peut trouver Prix plus avantageux !

SEVENTH VOICE Glasses and carafes A sequin apiece! You won’t find A better bargain than that!

DECIMO Pile, pile!

DIXIÈME Ah, les belles pièces !

TENTH VOICE Basins, basins!

SECUNDO Homai volghiamo ove si danza il piede.

DEUXIÈME Allons danser maintenant.

SECOND VOICE Let’s go and join in the dancing now.

NONO Hor qui si provede Per poca mercede Di sproni, di staffe.

NEUVIÈME À présent veillons à fournir À peu de frais Éperons, étriers !

NINTH VOICE Here you’ll find Spurs and stirrups At a reasonable price!

QUINTO Benefidata!

CINQUIÈME Profitez !

FIFTH VOICE Take advantage!


SESTO Benefitiata!

SIXIÈME Profitez !

SIXTH VOICE Take advantage!

SETTIMO Bicchieri, carraffe A un paolo il pezzo! Vedete s’il prezzo Puo esser più vile!

SEPTIÈME Verres, carafes À un sequin la pièce ! Voyez si l’on peut trouver Prix plus avantageux !

SEVENTH VOICE Glasses and carafes A sequin apiece! You won’t find A better bargain than that!

SECUNDO La ventura, la ventura!

DEUXIÈME La chance, la chance !

SECOND VOICE Try your luck! Try your luck!

QUARTO Pettini, specchi e veli sopraffini!

PREMIER Brosses, miroirs et voiles très fins !

FIRST VOICE Combs, mirrors and the finest veils!

DECIMO Pile, pile!

DIXIÈME Les belles pièces !

TENTH VOICE Basins, basins!

TROISIÈME, SIXIÈME Celui qui ne se sert pas d’une demi-canne Ne peut me caresser du bâton.

THIRD & SIXTH VOICES He cannot play a flute Who only has half a reed!

SESTO Bisogna misurareti a’sto munno È fa lo passo iusto, Per che d’auta maniera co’ disgusto Se mostra no iudicio senza funno E se fa sempre fallo E sprepositi a pietto de cavallo.

SIXIÈME Il faut tout mesurer dans ce monde Et ne pas faire de faux-pas, Parce qu’autrement, avec la colère, On fait montre d’un jugement infondé, Et on se trompe toujours, Et on fait des erreurs grossières.

SIXTH VOICE We need to measure everything in this world And never set a foot wrong; Otherwise if we act rashly out of anger, We show judgement that is unfounded, And we are always mistaken And make blatant errors.

TERZO Eh, faccia gratia: poi che vuol ch’io vada, Obbedirò per non tenerla a bada.

TROISIÈME Eh de grâce, puisque vous voulez que je parte, J’obéirai pour ne pas avoir à vous surveiller.

THIRD VOICE Eh, for pity’s sake, since you want me to go, I will; then I won’t have to watch out.

QUARTO Signori, ecco il Narnese, Tanto vostro devoto! Il mio nome è già noto, Il rimedio è palese. Questo è quel gran segreto Che già fu dispensato Dalla buona memoria di mio Padre Che si chiamò il Cortese. lo como erede d’un tesoro tale Lo vendo a benefitio universale.

QUATRIÈME Messieurs, voici Narnese, Je suis votre dévoué serviteur ! Mon nom est déjà bien connu, Le remède est évident. C’est là le grand secret Qui déjà fut dispensé Du temps de mon père, Que l’on appela le Courtois. Moi, en tant qu’héritier d’un tel trésor, Je le vends au bénéfice de l’humanité.

FOURTH VOICE Ladies and gentlemen, the devoted Fellow from Narni, at your service! You know me well by name already, And here for all to see is the remedy! This is the great secret that already Was dispensed in my father’s day, He who was known for his kindness. Having inherited that precious medicament, Now I sell it for the benefit of humanity. I am not here to sing

TERZO, SESTO 9 È no ssusciame’n canna Chi no se serve della miezza canna.


Io non son di coloro Che stanno a celebrare la mercantia, Perché la virtù mia Già si sa quel che sia. Hanno già molte volte esaminato Rivisto e approvato Questo mio lettuario Medici e Protomedici eccellenti Che saria lungo il mentovar per nome, Ma porto meco a some Privilegii e patenti. Signori, io non son uomo di parole, Da me non aspettate giuramenti, Ch’io non possa mai più veder quel sole S’io non porto stasera A questa nobil fiera Un segreto sì raro Che si potria pagare ogni denaro. Narnese, quanto vale? Giuro su l’honor mio Che lo vendo un testone in altre parti; Ma perché quanto posso Mi tenghiate per vero servitore, Ecco il vaso più grande, ecco il minore: Senza far più parole Un giulio, un grosso; Del resto con cantar qualche canzone Date spasso e piacere alle persone.

Je ne suis pas de ceux Qui sont là pour célébrer le commerce, Car l’on sait déjà Ce qu’est ma vertu. Des médecins et des proto-médecins Ont déjà plusieurs fois examiné Revu et approuvé Ma petite préparation, Et il serait trop long d’en faire la liste, Mais j’ai avec moi Privilèges et patentes. Messieurs, je ne suis pas homme à palabrer, N’attendez pas de moi des promesses, Que je ne puisse plus jamais voir le soleil Si je n’apporte pas ce soir À cette noble foire, Un secret si rare Qu’on pourrait l’acheter à n’importe quel prix. Narnese, combien ça coûte ? Je jure sur mon honneur Que je le vends un sequin ailleurs ; Mais pour que vous me considériez Comme il se doit votre serviteur, Voici le vase plus grand et voici le plus petit : Sans rien dire de plus, Un louis pour le plus grand ; Du reste, en chantant quelque chanson Offrez donc du plaisir aux gens :

The praises of what I sell, For the virtue of my product Is well known already. Many a time physicians And protophysicians have examined, Tested and given their approval Of this little concoction of mine; It would take too long to name them all, But I have with me Some privileges and patents. Ladies and gentlemen, I am not a man of many words, Do not expect me to make pledges. But may I never again see that sun If what I bring this evening To this noble fair Is not a secret so rare That it could not be bought at any price. How much does it cost? Upon my honour I swear That elsewhere I sell it for a sequin. But so that you will consider me Your servant, as you should, Here is the larger jar, here the smaller. A louis for the larger one And I’ll say no more. Now, give these people some pleasure By singing a song.

PRIMO O stelle homicide Arciere de cori Ricetto d’amori!

PREMIER Ô étoiles homicides Archers des cœurs Refuge des amours !

FIRST VOICE O murderous stars, Heart-wounding archers, Refuge of loves!

IL NARNESE Io dir già mai non soglio Cosa che non sia certa, E per tutto andar voglio Con la front’ scoperta. A che principalmente Serve per benefitio de mortali Segreto si eccellente? A cento e mille mali, Catarri che nascon dalla testa, Refocilla il vigore e lo sostenta,

QUATRIÈME Je n’ai jamais l’habitude d’affirmer Chose qui ne soit certaine, Et je veux toujours Avancer tête haute. À quoi principalement Peut servir au bénéfice des mortels Un secret si excellent ? À des centaines et des centaines de maux : Catarrhes qui naissent dans la tête ; Il renforce la vigueur et l’entretient,

FOURTH VOICE It has never been my wont to affirm What I do not know for certain; Wherever I go, I want to be able To hold my head up high. But how, principally, Can so excellent a secret Be of benefit to mortals? For a thousand and one ailments, Including colds in the head, It gives and maintains new vigour,


Preserva et augumenta Il calor naturale, Reprime i flati, mitiga il dolore, Solve gli humor peccanti, Purifica le vene, allegra il cuore. Che più? Fa che ritorni l’appetito.

Préserve et augmente La chaleur naturelle, Réprime les souffles, atténue la douleur, Dissout les humeurs peccantes, Purifie les veines, met le cœur en joie. Quoi d’autre ? Il fait revenir l’appétit.

Preserves and increases The [body’s] natural heat, Represses wind, reduces pain, Dissolves offending humours, Purifies the blood, gladdens the heart. What else? It brings back the appetite.

PRIMO Mi non l’ho mai smarrito.

PREMIER Moi, je ne l’ai jamais perdu.

FIRST VOICE I’ve never lost it.

IL NARNESE Corrobora il cervello.

IL NARNESE Il stimule le cerveau.

IL NARNESE It stimulates the brain.

QUINTO Datemene ’na presa pe ‘Coviello.

CINQUIÈME Donnez m’en une pincée pour Coviello.

FIFTH VOICE Give me a pinch of it for Coviello.

IL NARNESE E fa mill’altre cure Che notate si son nelle ricette.

IL NARNESE Et il soigne mille autres maladies Que l’on a notées dans les ordonnances.

IL NARNESE And it cures a thousand other ills Mentioned in prescriptions.

SETTIMO All’agora! Magliette! Le spille a un baiocco la dozzina! All’agora fina!

SEPTIÈME Voyez mes aiguilles ! Voyez mes chandails ! Les épingles à un sequin la douzaine ! Voyez mes aiguilles fines !

SEVENTH VOICE Needles! Fine lace! Pins a sequin a dozen! See my fine needles!

NONO Ovia allegremente.

NEUVIÈME Allons-y allègrement.

NINTH VOICE Let’s go to!

SETTIMO Stringhe, veli, fettuccie, a chi le vendo?

SEPTIÈME Lacets, voiles, rubans, à qui je les vends ?

SEVENTH VOICE Laces, veils, ribbons, who will buy?

IL NARNESE Signori, hor hora scendo, Perché del resto io non so dar canzone.

IL NARNESE Messieurs, je vais descendre, Car je ne sais pas chanter comme il faut.

IL NARNESE Gentlemen, I’m going to stand down. Besides, I’m no good at singing.

QUINTO Signori, non perdete l’occasione.

CINQUIÈME Messieurs, ne perdez pas cette occasion.

FIFTH VOICE Gentlemen, don’t miss this opportunity!

DECIMO Che fate, piezzi d’asini ‘gnoranti, Pare che ce vogliati le peccuni, Cacciate dalle bolse sti testoni!

DIXIÈME Que faites-vous, espèces d’ânes bâtés, On dirait que vous ne voulez pas de mes pigeons : Sortez vos sequins de vos bourses !

TENTH VOICE What’s the matter with you, you ignorant asses? Anyone would think you didn’t want my pigeons! Find some money in your purses!

IL NARNESE C’è qua un gentil huomo

IL NARNESE Il y a là un gentilhomme

IL NARNESE There’s a gentleman


Che m’ha fatto favor di dare un giulio. Vi voglio far vedere La liberalità della mia mano: Il vasetto minore altrove S’è pagato un mezzo scudo, Hor vi dò per un paolo il maggiore.

Qui m’a fait la faveur de me donner un louis. Je veux vous montrer Ma générosité : Le petit vase ailleurs A été vendu pour un demi-écu, Je vous donne le plus grand, [pour un sequin seulement.

Who has kindly given me a louis. I’ll show you my generosity: Elsewhere the small jar Has been sold for half a crown, But for a sequin I’ll let you have the big one.

PRIMO O stelle homicide Arciere de cori Ricetto d’amori!

PREMIER Ô étoiles homicides, Archer des cœurs, Refuge des amours !

FIRST VOICE O murderous stars, Heart-wounding archers Refuge of loves!

QUARTO A’ricchi in pagamento Agl’altri mi contento Di darlo in cortesia, Perché nel publicar la virtù mia Non son punto interessato; Il servirvi m’è più caro Che l’haver cento tesori, Che son schiavo de signori Ma non punto del denaro. Gettate i fazzoletti allegremente E tu, Zanni, da spasso a questa gente.

QUATRIÈME Je fais payer les riches, Mais aux autres Je les offre courtoisement, Car ça ne m’intéresse pas D’étaler ma vertu sur la place publique ; Vous servir m’est plus cher Qu’avoir cent trésors, Si je suis esclave des seigneurs. Je ne le suis pas de l’argent. Jetez allègrement les mouchoirs, Et toi, Zanni, divertis donc ces gens.

FOURTH VOICE I make the rich pay, But to the others I like To give with kindness, For I am not interested In boasting of my virtue; Doing you a service is more important To me than having a hundred treasures: I may be a slave to a master, But I am not a slave to money. Throw away your handkerchieves, And you, Zanni, entertain these people.

SETTIMO Alle belle ventarole ! Con ottave, con strambotti E con motti Di bellissima inventione Per dar gusto alle persone, Historiate, figurate, miniate, Chi ne compra, chi ne vole? Alle belle venrarole!

SEPTIÈME Voyez mes beaux éventails ! Avec ses octaves, ses refrains Et ses devises De si belles inventions Pour faire plaisir aux gens, Historiés, illustrés, enluminés, Qui en achète, qui en veut ? Ah qu’ils sont beaux mes éventails !

SEVENTH VOICE See my beautiful fans! Decorated with octaves, Refrains and mottos, Such very fine inventions That give people pleasure, With pictures, illustrations, illuminations. Who will buy, who wants one? See my beautiful fans!

ZANNI Via, sù, canta per tua vita Qualche nuova canzon non già sentita, Che doppo quella io cantarò la mia.

ZANNI Allons, chante, pour ta vie, Quelque nouvelle chanson jamais entendue Et après je chanterai la mienne.

ZANNI Come, sing for your life Some new song never heard before, And afterwards I’ll sing mine.

PRIMO Ovia, Coviel, mi te voi far sentir Una canzon che ti farà impazzir.

PREMIER Allons, Covielle, je vais te faire entendre Une chanson qui te rendra fou.

FIRST VOICE Come, Coviello, you’re going to hear A song that will drive you mad.


O stelle homicide Arciere de cori Ricetto d’amori! Al non gh’è, non gh’è scampo Dal voster bel lampo ch’uccide, O stelle homicide.

Ô étoiles homicides, Archer des cœurs. Refuge des amours ! Ah on ne peut échapper À votre bel éclair qui tue, Ô étoiles homicides.

O murderous stars, Heart-wounding archers Refuge of loves! Ah, one cannot escape Your fair shaft, which kills, O murderous stars.

ZANNI Chi vol ‘sto arvariello Dinto no moccatoro Dia no grosso a Coviello.

ZANNI Qui veut cette petite amphore Dans un mouchoir, Qu’il en donne une grosse à Coviello.

ZANNI If anyone wants this small amphora Wrapped in a handkerchief, Let him give Coviello a groat.

NONO Ovia segnor me car, Per conservar la vida Non guarde a spender sto poc de denar.

NEUVIÈME Allons, mon cher monsieur, Pour garder la vie en bonne santé, Il ne faut pas regarder à la dépense.

NINTH VOICE Come, my dear Sir, In order to stay alive, You must spare no expense.

QUARTO Giova al dolor de’ denti, Assoda il dente e fa che non si spezzi. Sarà un pover huom coi denti guasti, Scarnati, scavezzi. Prenda questo segreto, L’usi due volte almen la settimana, E si dolga di me se non risana.

QUATRIÈME Il est bon contre les maux de dents, Il les renforce et évite qu’elles ne se brisent. Si vous êtes un pauvre homme [aux dents gâtées. Décharnées, broyées : Prenez ce remède, Prenez-en au moins deux fois par semaine, Et plaignez-vous à moi si vous ne guérissez pas.

FOURTH VOICE It’s good for preventing toothache, It strengthens the teeth And prevents them from breaking. If you’re a poor man with teeth that are Rotten and cracked, with receding gums, Take this remedy, take it at least Twice a week, and complain to me If things don’t improve.

ZANNI, COVIELLO, CINQUIÈME Je voudrais devenir un poisson d’or pour me laisser aller en mer...

ZANNI, COVIELLO & FIFTH VOICES I’d like to become a golden fish And swim out to to sea Oh, swim out to sea. Should a fisherman come and catch me And put me in a pan on the fire Oh, put me in a pan on the fire. My love would come and buy me And she would fry me in the pan on the fire, Oh, she would fry me in the pan on the fire. I want to build a house in the middle of the sea Made of peacock’s feathers. Oh, of peacock’s feathers.

ZANNI, COVIELLO, QUINTO 10 Vurria’ addeventare pesce d’or’ Rint’a nu’ mar’ m’iess’ a menar’ Ohi, a menare... Veness’ o’ piscator’ e’ m’ piscasse Rint’a na tiglia e lucce me mettess’ Ohi me mettess’... Veness’ a’ nenna mia e m’ cumprass’ Rinta a na tiglia e luccia m’ frijess’ Ohi m’ frijesse... M’voggl’ fa’ na casa ‘mmiezz’o mar’ Fravecat’ r’ penn’ r’ pavon’ Ohi r’ pavon... QUARTO Chella porca canazza Che se ne possa perdere la razza ! Quanto chiù priego manco me conforta,

Viendrait un pêcheur qui me pécherait Et me mettrait dans une poêle sur le feu... Viendrait mon amie et elle m’achèterait et me ferait frire dans la poêle sur le feu... Je veux construire une maison en pleine mer Faite de plumes de paon...

QUATRIÈME Cette Turque canaille (Maudite soit sa race !), Plus je la supplie, moins elle me réconforte,

FOURTH VOICE That filthy bitch, (A curse on her race!), The more I beg her, the less she comforts me,


E me responde co la lazza stuorta, Ma faccia pure.

Et elle me répond avec un drôle de regard. Mais continuez donc.

And she replies by pulling a face. But carry on.

OTTAVO Signori, il nostro antidoto È anco potentissimo A sanar la vertigine, Metre ch’ella habbia origine Da causa fredda et humida.

HUITIÈME Messieurs, notre antidote Est très puissant Pour guérir également les vertiges, Quand ils ont pour origine Le froid et l’humidité.

EIGHTH Good sirs, our antidote Is most effective too For curing dizzy spells, When they are caused By cold and damp.

ZANNI Signor Curtio!

ZANNI Monsieur Curtio !

ZANNI Signor Curtio!

SIGNOR CURTIO Hor via, per questi nobilissimi signori Che ci fanno favor con grato aspetto, Fate qualche baletto.

SEIGNEUR CURTIO Allons, pour ces très nobles seigneurs, Qui nous font l’honneur de leur agréable présence, Faites donc quelques ballets.

SIR CURTIO Come. For these most noble ladies and gentlemen, Who honour us with their agreeable presence, Dance some ballet.

BALLO

BALLET

BALLET

DONNA V’ingannate, folli amanti, Se co’ pianti D’allettarci vi pensate, v’ingannate. Se col pianto e cò sospiri, Su la fiera de tesori, Si comprasse un cor gentile, Saría prezzo troppo vile: Dunque voi che sospirate V’ingannate.

UNE FEMME Vous vous trompez, amants insensés, Si vous pensez nous égayer Avec vos larmes, vous vous trompez. Si par les pleurs et les soupirs, Sur la foire des désirs, On pouvait acheter un noble cœur, Le prix en serait trop bas : Donc vous qui soupirez Vous vous trompez.

LADY You are mistaken, senseless lovers, If you think you will cheer us With your tears; you are mistaken. If, at the Fair of Treasures, One could buy a noble heart With tears and sighs, It would be too cheap: Therefore, you who sigh, You are mistaken.

IL NARNESE Ovia, signori, che già si fa tardi. Vedrete un vostro figlio (Il Ciel vi scampi e guardi!) Posto da una flussione in gran periglio; Ogni rimedio humano, Ogni soccorso è vano: Prenda il mio elettuario e presto presto Vedrere il giovamento manifesto.

QUATRIÈME Allons messieurs, il se fait tard. Vous verrez un de vos enfants (Que le Ciel vous garde et vous protège !) Mis en danger par une fluxion de poitrine ; Tout remède humain, Tout secours est vain : Prenez ma potion et très vite Vous verrez son état s’améliorer.

FOURTH VOICE Come, gentlemen, it’s getting late. You will see one of your children (May Heaven preserve and protect you!) Endangered by pneumonia; Every human remedy, All succour is in vain: Take my potion and you’ll see His state improve in no time.

DONNA Come tosto sembianza Si cangia ogn’hor dalle vicende humane! Perché in mezzo alla danza

UNE FEMME Comme la vie humaine Change si vite d’apparence ! Parce qu’au milieu d’une danse

LADY How quickly the situation Of human life can change! Because a knight strikes a dog


MENU Un cavaliero habbia percosso un cane Freme ciascun in minacciosi carmi, Ma è il peggio, ohimé, Che si trascorre all’armi.

Un chevalier a heurté un chien, Chacun lance des chants menaçants : Mais le pire, hélas ! Se passe avec les armes.

In the middle of a dance, Everyone is angry and makes threats; But the worst, alas, is that from this The next step is to take up arms.

(Ici commence le combat)

(Here begins the fight)

COVIELLO Guera e Mort, sò qui per dàt Zà tò la vè circhet col lanternì, Coviello dal Caval falta sul Pràt Ch’a’ Zanni è in Arnes da Fantacì Quest’, e quel ha zà i mà ‘I Ferr desfodràt Questa, e quel desde fò rabia, e venì E tugg Dò à quela foza ve à frontàs, Chi fà Dò Torr in furia per turcàs

COVIELLO Guerre et mort tu auras Puisque tu vas la chercher avec ta lanterne, Covielle de son cheval descend sur le champ, Car Zanni est en uniforme de fantassin. Celui-ci et celui-là dégainent leur épée. Celui-ci et celui-là pleins de rage et de venin. Et tous les deux enfin prêts à se battre, Comme deux taureaux en furie qui s’affrontent.

COVIELLO War and death I am here to give you, —Since you’re asking for it! Straight away Coviello dismounts, For Zanni is in the uniform of a foot soldier. This one and that unsheath their swords, This one and that, full of rage and venom, And both ready to fight, Like two furious bulls confronting each other.

Sù ‘l pass de prima E ‘l Pè sta ilò inchiodat sù‘l pass de prima Ma la Mà si sbodeza, e sempe O che la Ponta bufa, ò trinza ‘I Tai E pò tapa e retorna i Spadi à tenz.

Et chacun reste Campé sur ses pieds, Mais les bras toujours en mouvement, Oh ! que l’épée perce ou tranche ou coupe, Puis ils avancent de nouveau et les fers percutent.

But their feet are set firm, And their arms are ever in motion, Wherever the sword pierces, cuts or slices. Then they advance again [and their swords clash.

È zà rivada, ma l’hora de Zanni è zà rivada Che la Mort è per daga una stocada. Dim ol tò Nom, e chuntèmla sù tùta,

Mais l’heure de Zanni est arrivée, Car la mort va porter l’estocade, Dis-moi ton nom, raconte-moi toute ton histoire,

But Zanni’s hour has come, For dearh is about to deal the final blow. ‘Tell me your name, tell me all your story,

Sa t’mazi, almanc ch’à sapia, chi lo mazàt, E se Mi mùri, à chi restà obligàt

Si je te tue, que je sache au moins qui j’ai tué, Et si je meurs, de qui je suis l’obligé.

Then at least, if I kill you, I’ll know whom [I’ve killed, And if I die, to whom I am obliged.’

ZANNI Amico, hai vinto: io ti perdon, perdona, In fato nelle costiù L’è pur la bella cosa esser poltrù.

ZANNI Ami, tu as vaincu : je te pardonne, pardon. En effet en semblable circonstance, C’est une bien belle chose que d’être un poltron.

ZANNI Friend, you have won: I forgive you; [forgive me too. Indeed, in such circumstances It is a fine thing to be a base coward.

CHORO Già nell’onde il carro d’oro Per posarsi il sol ripone; Ciascun rieda a sua magione, E qui cessi ogni lavoro.

CHŒUR Pour se poser sur les ondes, Le char d’or délaisse le soleil ; Chacun retourne à sa demeure, Et ici cesse tout labeur.

CHORUS Already, the golden chariot leaves The Sun in the waves to rest; Everyone must return home now, And all stop work here [at the fair].

11 (Qui va il combattimento)

Traduction © Jean-François Lattarico

Translation © Mary Pardoe


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o1

BACH BRANDENBURG CONCERTOS CAFÉ ZIMMERMANN ALPHA 300 2CD

o2

BACH CELLO SUITES BRUNO COCSET ALPHA 301 2CD

o3

BACH MISSÆ BREVES, BWV 234 & 235 ENSEMBLE PYGMALION, RAPHAËL PICHON ALPHA 302

o4

BACH GOLDBERG VARIATIONS CÉLINE FRISCH, CAFÉ ZIMMERMANN ALPHA 303 2CD

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C.P.E. BACH CONCERTI A FLAUTO TRAVERSO OBLIGATO ALEXIS KOSSENKO, ARTE DEI SUONATORI ALPHA 304

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LOVE IS STRANGE WORKS FOR LUTE CONSORT LE POÈME HARMONIQUE, VINCENT DUMESTRE ALPHA 305

o7

MONTEVERDI, MARAZZOLI COMBATTIMENTI! LE POÈME HARMONIQUE, VINCENT DUMESTRE ALPHA 306



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NOBODY’S JIG 17TH-CENTURY DANCES FROM THE BRITISH ISLES LES WITCHES ALPHA 307

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PERGOLESI STABAT MATER, MARIAN MUSIC FROM NAPLES LE POÈME HARMONIQUE, VINCENT DUMESTRE ALPHA 308

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RAMEAU PIÈCES DE CLAVECIN BLANDINE RANNOU ALPHA 309 2CD

11

VALENTINI CONCERTI GROSSI, OP.7 ENSEMBLE 415, CHIARA BANCHINI ALPHA 310

12

VIVALDI CONCERTOS FOR FOUR VIOLINS ENSEMBLE 415, CHIARA BANCHINI ALPHA 311

13

VIVALDI THE FOUR SEASONS OP.8 & OTHER CONCERTOS GLI INCOGNITI, AMANDINE BEYER ALPHA 312

14

VIVALDI CELLO SONATAS BRUNO COCSET, LES BASSES RÉUNIES ALPHA 313


ALPHA 306


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