14 minute read

Denis Sire 20 Jean-Pierre Beltoise 24 Laurent Garrido 26 Villa La Paludière

Denis Sire

LE TRAIT SÛR

Né à Saint-Nazaire le 4 septembre 1953, Denis Sire a passé une grande partie de ses vacances d’enfant chez ses grands-parents, Charles et Hélène Sire, dans leur villa Les Astéries, allée des Cygnes. Il y a d’ailleurs une avenue Charles Sire à La Baule. Mais c’est à Paris que Denis Sire a fait toute son œuvre de dessinateur, l’œil toujours rivé sur les belles mécaniques. Et on ne peut pas évoquer l’automobile à La Baule sans faire un clin d’œil à ce grand artiste malheureusement disparu.

une sorte de Gatsby Rocker

2014. Lors du Rallye des Écrivains, devant l’Hermitage, Denis Sire ne résiste pas à la De Tomaso Mangusta pilotée par son heureux propriétaire, Jean Berchon, directeur de la communication de Moët & Chandon. Il a tout aimé des motos et des autos, lorsque celles-ci avaient du style, de l’élégance et du panache. Il savait tout des pilotes, des voitures, des circuits et même des moteurs. Dans 12 pilotes, publié en 2014 et qu’il était venu présenter à La Baule, il illustre les textes de Jean-Marc Thévenet sur Jack Brabham, Graham Hill, Jim Clark, Bruce McLaren, François Cevert, Jacky Ickx et six autres qu’il considère comme les vrais héros du 20ème siècle. À sa manière, Denis Sire fut, lui aussi, un héros, qui n’abdiqua jamais son indépendance, sa liberté ni son talent, qu’il mit au service de la haute idée qu’il se faisait de son art. « Denis Sire, écrit son ami Frank Margerin, semble être un personnage sorti tout droit d’une de ses propres bandes dessinées, une sorte de Gatsby rocker, parfois dandy, parfois destroy, souvent les deux à la fois. Ses passions et ses fantasmes : les belles mécaniques et les femmes plantureuses. Denis les vit et les sublime à travers son dessin, ses esquisses, ses aquarelles, ses peintures… Son trait, à la fois hyper-réaliste et naïf, traduit une sensibilité et une vraie sincérité… » «Dans les années 70, a expliqué au Parisien Matthieu Letourneux, professeur de littérature spécialisées en pop culture à l’université de Nanterre, il y a eu une explosion de créativité dans le milieu de la bande dessinée, qui a donné lieu à la parution de journaux éblouissants comme Métal Hurlant. Denis Sire en était l’une des figures les plus importantes, même s’il n’est pas resté la plus connue. Il avait un univers bien à lui mêlant les années fifties avec des pin-up, un côté un peu sadomasochiste, des voitures, du rock’n’roll et de la science-fiction comme on en retrouvait dans les comics des années 1950 » Avec ses amis de Métal Hurlant, Denis Sire avait même un temps fondé un groupe, le Dennis Twist, dont la chanson Tu dis que tu l’M avait marqué l’année 87. «C’était un homme en couleur, a déclaré à son décès Laurent Jamet, élu communiste à la mairie de Bagnolet, au look incroyable, un esprit libre ! » «Son trait souple, sensuel et inventif, écrivait de son côté Olivier Delcroix dans Le Figaro, s’était affirmé dans le diptyque Bois Willys et Lisa Bay (édités dans la collection Pied jaloux des Humanos), mettant en scène un tandem d’héroïnes aventurières (Ziblyne et Bettie) dans une Bretagne fantasmée, où l’on croisait tour à tour des révolutionnaires indépendantistes masqués et volants, de dangereux robots humanoïdes et des espions en tous genres. » Dans cette Bretagne fantasmée étaient La Baule et la presqu’île de Guérande. N’avait-il pas fait figurer, dans l’un de ses albums, L’écho de la presqu’île guérandaise ?(sic)

Lors du Rendez-vous des écrivains 2014, Denis Sire signe ses livres à sa cousine Nathalie Fréour, elle-même nièce du sculpteur Jean Fréour. Lequel estimait beaucoup le travail de Denis, dont il était un oncle.

Denis Sire a passé à La Baule, chez ses grands-parents, allée des Cygnes, une grande partie de ses vacances d’enfants. Il a appris à nager au Club des Crabes.

Hommage à Jean-Pierre Beltoise

En cette année de l’automobile, une avenue Jean-Pierre Beltoise a été créée, en souvenir du légendaire coureur automobile qui a passé beaucoup d’étés à La Baule.

Au magazine «GP Racing», lors d’un entretien paru en 2011, le journaliste demande à Jean-Pierre Beltoise, «ça fait quoi d’être une légende ?» Réponse : «Je ris parce que forcément, je ne me prends pas pour une légende. Je suis un autodidacte, destiné à être garçon boucher puisque je ne travaillais pas bien à l’école et mon père était boucher. Et puis, un jour, j’ai entendu parler des courses automobiles par Le Mans, les duels entre Jean Behra et Robert Manzon ou Pierre Levegh – vers 1952, par là. D’autre part, il se trouvait que nous allions en vacances à La Baule-les-Pins, qu’il y avait le circuit d’Escoublac pas loin et qu’on avait tendance, avec mes frères et un copain, à se lancer des défis pour aller le plus vite possible à vélo, etc. Tout ça a fait qu’à l’âge de 15 ans, je me suis programmé «futur éventuel coureur automobile». Mais j’ai commencé par la moto, car je n’avais pas d’argent du tout... » Jean-Pierre Beltoise aurait aujourd’hui 85 ans. Sept ans après sa disparition, cinquante ans après sa victoire au Grand Prix de Monaco, il est honoré par la ville de La Baule, qui lui consacre une avenue. «En cette année de l’automobile, a déclaré le maire, Franck Louvrier, la ville de La Baule-Escoublac tenait à rendre hommage à ce pilote. Il a été de ceux qui ont relancé le sport automobile en France au début des années 60.» «C’est un très grand honneur, une grande fierté, beaucoup d’émotion, a déclaré Anthony Beltoise devant la caméra d’Hugues Driancourt, pour La Baule TV. Papa serait extrêmement fier que la ville de La Baule ait décidé de lui consacrer une avenue. C’est une reconnaissance énorme.» Faute de moyens, comme il l’a rappelé plus haut, la carrière de coureur de Jean-Pierre Beltoise a commencé par la moto. Mais c’est à La Baule qu’il a disputé – et remporté ! – sa première course automobile : le gymkhana de la place des Palmiers, avec une 4 CV Renault prêtée par son oncle. «Un autre jour, se souviendra-t-il dans la préface qu’il a donnée en 2009 au livre de Gaël Archimbaud «La Baule et l’automobile», tout frais émoulu de mon permis de conduire, j’ai frôlé d’un rien la série de tonneaux au volant de la Dauphine de l’oncle Émile Pouch, remplie à ras-bord de mes cousins et cousines en « m’entraînant » à mes futures activités imaginées sur le circuit de La Baule-Escoublac.» Dans les années 80, avec sa femme Jacqueline et leurs deux fils, Anthony et Julien, Beltoise reviendra en villégiature à La Baule, chez son ami Michel Barge, de chez Peugeot ce qui, confie-t-il, lui a «donné la possibilité de montrer à ma nouvelle petite famille le théâtre enchanteur de mes jeunes années !» «La famille Beltoise est arrivée à La Baule il y a un siècle, racontera Jean-Luc Pouch lors de l’inauguration de l’avenue Jean-Pierre Beltoise, le samedi 9 avril 2022. Georges Beltoise, grand-père de Jean-Pierre, a ouvert la marche. Depuis, la famille passe toutes ses vacances à La Baule. »

ça fait quoi d’être une légende ?

Jean-Pierre Beltoise n’a jamais caché son amour pour La Baule, où sa famille vient en vacances depuis un siècle. En cette année de l’automobile, La Baule a répondu à cet amour en baptisant une avenue du nom du champion, cinquante ans après sa victoire au Grand Prix de Monaco.

laurent Garrido

LE SOURIRE D’UN CHEF D’ÉQUIPE

En 2019, il prend la direction générale de l’Hermitage et la coordination du pôle hôtelier resort Barrière La Baule. Diplômé d’une grande école hôtelière, il vient du Naoura Barrière de Marrakech et accoste avec plaisir le long de l’Atlantique. À peine a-t-il pris ses marques et lancé les projets programmés que la crise sanitaire frappe de plein fouet le Groupe Barrière, premier employeur de La Baule. Sous sa direction, tout le monde a pu faire face et le resort aborde avec calme et détermination les défis des années à venir.

Voyez cette photo, à gauche. Au centre, c’est Éric Mignard, entouré à sa droite de Laurent Garrido, dont les titres vous sont déclinés ci-dessus et, à sa gauche, de Bastien Hervé, directeur du Castel Marie-Louise. Cette photo est à la fois très joyeuse et très triste.

Elle est triste parce que Éric Mignard qui, aux cuisines, a maintenu trente ans une étoile Michelin et régalé ses clients – c’est-à-dire ses amis – avec des merveilles comme le «nougat de foie gras de canard et fruits secs torréfiés, pain d’épices et marmelade de coings», le «pigeon de Mesquer, girolles, cèpes, trompettes au jus de volaille et parmesan, Mezzanelli» et le «soufflé chaud à la praline rose de mon enfance et fruits exotiques», trois «tueries», eh bien Éric Mignard a pris sa retraite et rendu son tablier. Mais cette photo est joyeuse parce que le chef Mignard, en cuisinier généreux, a depuis longtemps préparé son adjoint (depuis 2020) à sa succession et, depuis quelques semaines, c’est Jérémy Coirier qui est aux commandes.

Ce qui illustre bien la manière d’un groupe hôtelier qui permet à ses collaborateurs de progresser et de s’épanouir en gardant les valeurs de la maison. Le Groupe Barrière, à La Baule, c’est l’hôtel Royal (72 chambres, 15 suites), le Castel MarieLouise (31 chambres dont 2 suites, réseau Relais & Châteaux), L’Hermitage (200 chambres dont 16 suites sur 6 étages), un casino de 200 machines à sous et jeux de table, un Golf International de 45 trous en trois parcours, un club de tennis (25 courts dans un parc de 4 hectares), des restaurants, des bars, des salles de réunions, des clubs pour les enfants, des talents dans tout le personnel et, avant tout, un esprit. Celui qui dit que le luxe n’a de sens que s’il rend heureux et que l’élégance va au plaisir comme la fête à la vie. Ce style de vie, le Groupe Barrière l’a depuis toujours et, dans les moments difficiles, sait s’adapter avec sagesse et détermination. Laurent Garrido sait les chantiers qui l’attendent, notamment pour préparer l’Hermitage à recevoir, l’an prochain l’équipe de rugby d’Argentine pour la coupe du monde de rugby.

Le groupe Lucien Barrière est, non seulement le premier employeur de la station, mais il est présent dans toutes les grandes manifestations qui, de janvier à décembre, ponctuent le calendrier baulois. C’est sa manière à lui d’enchanter toujours la vie des autres et de faire rayonner son esprit.

Paludière la

LE TEMPS RETROUVÉ

On la voit apparaître sur le plan de 1908, dans le lotissement Hennecart, au calme, sous les pins, un peu à l’est de l’avenue du général de Gaulle, pas si loin de la plage. Il semble qu’elle ait été dessinée par l’architecte parisien Edouard Datessen vers 1905. Son jardin comme son esprit ont l’air de sortir d’un roman de Proust, et c’est bien une maison d’enfance que ses nouveaux propriétaires ont voulu retrouver en demandant à l’agence d’architecture et de design Bureau Gimbert Comy de réveiller l’authenticité d’une villa faite pour une famille, des amis, des enfants, des amis d’enfants, des enfants d’amis ; une maison accueillante, chaleureuse et facile à vivre. Une maison qu’il a fallu retrouver.

Or, les travaux les plus récents avaient été faits dans les années 50 et 60. On avait coulé du béton sur terrasse et balcons, et laissé le jardin être envahi par une végétation qui, n’était plus maîtrisée, donnait de l’ombre et de l’humidité. Les dernières années avant la vente faite, par Sébastien Jouan de l’agence Ouest-Union, aux nouveaux propriétaires, la maison n’était occupée que par une vieille dame seule qui avançait doucement vers sa centième année.

La Paludière est une des quinze villas classées en «patrimoine exceptionnel». Voilà pourquoi on ne peut y faire n’importe quoi. Il s’est agi pour elle de retrouver l’éclat des Années-Folles, en lui gardant bien sûr son caractère de villa balnéaire familiale. C’est d’abord le jardin qu’il a fallu faire renaître. Étant bien entendu qu’il s’agit d’un espace boisé classé. L’agence Bureau Gimbert Comy a retrouvé, dans des dessins originaux, les allées et bosquets que le temps avait étouffés sous un couvert végétal trop abondant. On a éclairci, redonné de la lumière, retrouvé un palmier comme on les aimait tant au début du 20ème siècle et remis en valeur le bâtiment au milieu du jardin. D’autres espèces ont pu être installées autour des sentiers : parmi une dizaine d’espèces des orangers du Mexique, pistachiers, rhododendrons et rosiers. >>>

Style ancien mis en valeur par jeux de couleur et décoration sobre

Les boiseries extérieures étaient, lorsque les travaux ont commencé, d’un rouge sombre avec un liséré jaune, et les persiennes du même rouge. En grattant, d’autres couleurs sont apparues, aucune ne s’imposant vraiment. C’est finalement un vert bleuté qui a été choisi pour sa douceur, sa profondeur et sa luminosité. Les garde-corps des balcons et terrasses ont été retravaillés avec les dessins d’origine. Le béton des balcons a laissé place au bois et celui de la terrasse à du granit bouchardé, vieilli, patiné. Le passage du temps a été aussi gardé pour la façade en moellons, dont on a respecté le lent vieillissement marqué par des mousses, des lichens et une ombre très légère sur les pierres. Seules les briques et les pierres de taille ont été nettoyées.

Au rez-de-chaussée, la terrasse s’allonge devant deux larges portes-fenêtres ouvrant sur la salle à manger à droite et le salon. À gauche, une salle de jeux est éclairée par un bow-window. Dans son ensemble, la maison de deux étages sur sous-sol fait environ 500 m2. Au premier étage, deux suites parentales avec salles de bains et dressing ; au second des chambres, une lingerie et une salle de lecture qui donne, tout à fait en haut, entre les deux lucarnes, sur un belvédère formé par une terrasse de 15 m2 plein ciel, d’où on a un point de vie sur les toits avoisinants et tous les arbres. >>>

La maison a retrouvé sa jeunesse, son caractère et sa sérénité

Couleurs tendres et ouvertures sur les arbres

Il y a toujours eu ce souci de récupérer et, parfois, de restaurer ce qui pouvait l’être : ce lavabo des années 30 trouvé dans une autre villa où il n’avait plus sa place, cette baignoire d’origine, cette armoire pour une chambre d’enfant…

Le sous-sol était à l’origine en sable et servait peu. On y a remis de la pierre apparente, des tommettes anciennes achetées sur le port de Nantes et, outre une cave, une lingerie et un local technique, il sert aussi pour les retours de plage, sans oublier une salle de jeux pour les enfants.

Le rez-de-chaussée a gardé son parquet d’origine en pitchpin, ce qui permet une fluidité dans la distribution des pièces aux larges fenêtres laissant généreusement entrer la lumière. Le parquet de la salle de jeux, précédemment en chêne, a été remplacé par du pitchpin récupéré dans une autre maison dont le parquet avait été changé. Les portes intérieures ont gardé leurs vitres d’origine et de poignées de porcelaine. La cuisine a, certes, été modernisée mais, avec ses carreaux de ciment, sa sobriété et la lumière qu’on y laisse entrer, elle est comme un classique revisité, le lieu où tout le monde se retrouve autour de la table centrale, pensée comme une table de ferme.

Dans toutes les autres pièces, notamment dans les chambres et jusqu’au dortoir qui peut accueillir beaucoup d’enfants, l’idée principale a bien été de traverser les époques, de retrouver l’authenticité, la quiétude et le refuge des maisons d’enfance. Au deuxième étage, un œil de bœuf s’ouvre sur les pins où nichent des écureuils. Le bruit de la mer n’est pas loin, le soleil chauffe les arbres qui bercent le jardin de leurs ombres et de leurs parfums