Flos Stories issue number three - FR

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Inside Out — les gens, les lieux et les choses





PROFIL

FORMAFANTASMA et WIRELINE, de A à Z

La WIRELINE de FORMAFANTASMA se situe quelque part entre l’expression artistique et le design industriel. La dernière création d’Andrea Trimarchi et Simone Farresin pour Flos représente leur éthique du design et leurs valeurs esthétiques, où la fonctionnalité rejoint l'inattendu. C'est une pièce qui s'inscrit parfaitement dans l'univers du studio, où le design, la responsabilité sociale et l'écologie s’affrontent. Nous tissons ce monde à travers un vocabulaire d'idées, de concepts, de lieux et d’objets qui comptent pour eux. Interview de Rosa Bertoli. Photographie de Olya Oleinic.


Amsterdam [/ˌæmstəˈdæm/] n. – Capitale des PaysBas et ville où se trouve le Studio Formafantasma. C’est la ville où nous avons choisi de vivre, une ville que nous aimons parce qu’elle nous permet de nous isoler. C’est un cube blanc dans lequel nous sommes libres de penser, loin du bruit des autres capitales du design.

projets tels que Cambio et Ore Streams, en analysant la relation entre l'extraction des matières premières, leur raffinage et la création d'objets.

De Natura Fossilium [/ˈdeː/ /naːˈtuː.ra/ /fos.si.li.əm’/] n. – 1. Texte scientifique écrit par Georgius Agricola en 1546, considéré comme le premier livre sur la miBeauty [/ˈbjuːti/] n. – Ensemble de qualités, comme la néralogie. 2. Un projet de Formafantasma basé sur une forme ou la couleur, agréables aux sens et surtout à l’œil. recherche sur la culture de la lave sur le mont Etna et le C'est un grand tabou. Nous ne pensons jamais à la Stromboli en Sicile, deux des derniers volcans actifs en [beauté] lorsque nous travaillons, mais cela ne veut Europe. C’est l’un des nombreux projets des designers pas dire que notre travail n'inclut pas cette composante. liés à la Sicile. C'est en fait la partie la plus intuitive de ce que nous Ce projet illustre parfaitement notre amour pour l'exfaisons. Elle est là, mais nous ne la recherchons pas. périmentation des matériaux. C’est un projet qui considère le mont Etna comme un espace de production, en Craft [/kɹɑːft/, ] n. – Savoir-faire traditionnel de fa- développant un thème de production comme relation

brication d’objets à la main. Un élément récurrent du intime avec un lieu. Nous avons utilisé des cendres voltravail de Formafantasma mais aussi entité qu’ils ont caniques, créant ainsi avec un matériau qui n'a pas été critiquée tout au long de leur carrière. extrait mais expulsé du volcan. Le volcan est comme Pour nous, l'artisanat représente une idée de la qualité. une mine sans mineur. Nous nous sommes penchés sur ce sujet dès le début de notre carrière, dès l’époque où nous étions étudiants, Eindhoven [/ˈaɪndhəʊvən/] n. – Ville de la province et nous l’avons abordé d'un point de vue critique. Nous hollandaise du Nord Brabant, siège de l’Académie de voulions analyser ce thème du point de vue de notre Design où les designers ont fait leurs études, et où ils contexte italien ; il était important pour nous de discu- ont créé leur première agence. ter du rôle contemporain de l'artisanat. Nous ne nous L’un des endroits que nous admirons le plus en Europe intéressons pas seulement à l’artisanat en tant que mé- : nous admirons le courage de cette ville, qui a toujours thode de production, mais aussi en tant qu'idéologie. été le vilain petit canard du pays. C’est une ville avec C'est une idée que nous avons explorée à travers des un fort désir de se réinventer, de s’adapter au monde






contemporain en investissant dans son avenir et en plaçant le design au centre de son développement économique, culturel et urbain. C’est une ville qui utilise le design comme un chemin vers la dignité et le futur, et comme la preuve qu’une discipline traditionnellement considérée au service du style, peut faire beaucoup plus. Formafantasma [/ˈfoːr.ma.fənˈtaz.mə/] n. – 1. Lit. Forme fantôme. 2. Le nom choisi par l’agence. C'est un nom de programme. Les gens pensent souvent qu'il signifie "forme fantastique", mais en fait il a un sens opposé : il signifie "forme absente". Ce que nous voulons faire comprendre, c'est que même si nos projets sont généralement formalisés avec des résultats esthétiques intéressants, ils sont issus d'un processus de recherche qui n’est pas l'idée romantique d'un designer assis à une table à dessiner, mais un processus plus complexe. Nous nous sommes demandé: si nous avions une agence, comment voudrions-nous l’appeler ? Nous avons choisi l'idée d'une forme changeante, qui nous permet d'explorer différentes choses.

péens. L’Italie nous manque, beaucoup. Nous rêvons de pouvoir nous y installer aussi un jour. Joanna Piotrowska [/ˌdʒoʊˈænə/ /pʲɔˈtrɔf.ska/] n. – Artiste et photographe polonaise, basée à Londres. Ses travaux sont magnifiques et en même temps ils mettent mal à l’aise, ce qui est toujours une bonne chose. Kanazawa [/ka̠ na̠ za̠ ɰᵝa̠/] n. – Ville japonaise. La capitale de la préfecture d’Ishikawa, sur l’île de Honshu. Une petite ville au Japon que nous avons visitée au printemps 2020. Les cerisiers étaient tous en fleurs, c’est un peu un cliché japonais mais c’est aussi un merveilleux spectacle. Light [/laɪt/] n. – Luminosité qui provient d’une source naturelle ou d’un appareil électrique, qui permet de voir les choses.

GEO–design [/ɡjəʊ – dɪˈzaɪn/] n. – Master à l’Académie de Design d’Eindhoven, développé à l’initiative de Joseph Grima, directeur créatif de l'Académie, et d'une plateforme d'exposition organisée par Martina Muzi. Andrea Trimarchi et Simone Farresin dirigent le master GEO-Design. Le département GEO-Design fait des propositions de design transformatif en fonction de l'analyse ou de la structure sur laquelle le projet est conçu. Le cours a naturellement un fort parti pris écologique qui reconnait l'importance et la pertinence de la production industrielle mais reconnait aussi précisément comment elle a contribué au désastre environnemental, en considérant le design comme une opportunité de critique, d'analyse mais aussi de reformulation et de reconsidération de la manière dont le design est exécuté, pour qui il est exécuté, y compris les besoins des non-humains, en prenant soin de comprendre comment les matériaux sont obtenus ou distribués et traités à l'échelle mondiale. History [/ˈhɪst(ə)ɹi/] n. – Évènements passés pris dans leur ensemble, en particulier les évènements d’une période, d’un pays ou d’un sujet. Nous disons toujours "regarder en arrière pour aller de l’avant", c'est notre devise depuis le début. Il est impossible de planifier l'avenir sans regarder ce qui s'est passé auparavant, c’est une connaissance qu'il faut avoir pour planifier. Tous nos projets ont commencé par des recherches historiques. C'est un intérêt et une attitude que nous avons, et nous pensons que c'est pertinent car cela nous aide à comprendre notre position dans la discipline et le monde contemporain.

La lumière, c’est notre thème. Tout auteur a son obsession, nous c’est la lumière. Nous l'avons explorée en agence, puis avec Flos avec Wirering et maintenant avec Wireline. Nous aimons que ce soit intangible, mais aussi technique et émotionnel – nous aimons vraiment cette double composante. C’est aussi l’un des rares domaines du design qui a connu une innovation technologique majeure : le LED a tout révolutionné. L’éclairage est le domaine le plus passionnant du design.

Italiani [/i.taˈlja.ni/] adj. – Italiens. Nous nous sentons italiens, sans l’ombre d’un doute. Mais nous pensons que nous sommes aussi très euro- Materials [/məˈtɪəɹɪəlz/] n. pl. – Substances physiques


dont peuvent être composés les objets. pour notre agence ; c'est le projet qui a changé notre faNous avons une relation intuitive et cérébrale avec les çon de travailler, un tournant où la composante recherche matériaux. Depuis le début de notre carrière, nous ma- de notre travail (qui, auparavant, était plus basée sur nipulons beaucoup de matériaux et nous avons fait des les matériaux) s'est transformée en activisme, pour comexpérimentations dans le cadre de projets tels que De prendre comment le design peut apporter des changeNatura Fossilium, mais aussi Botanica, et bien d'autres ments en analysant de manière holistique l’ensemble du encore. C’est devenu une obsession de plus en plus pré- système de conception et de production. Nous pensons cise pour nous, car nous pensons qu'il est extrêmement que cette attitude consistant à donner une seconde vie important pour les designers d'explorer l'origine des ma- aux déchets électroniques peut s’appliquer à l'industrie tériaux, la façon dont ils sont traités et distribués, afin et c’est un processus qui, nous l’espérons, fonctionnera de faire progresser la discipline du design. Nous sommes un jour avec Flos. extrêmement conscients de la relation entre la conception des objets et l’origine des matières premières. Plants [/plɑːnts/] n. pl. – Êtres vivants qui poussent sur terre, dans l'eau ou sur d'autres plantes. Généralement Nature [/ˈneɪtʃə/] n. – Tous les animaux, les plantes, les constitués de tiges, de feuilles, de racines et de fleurs, et minéraux etc., présents dans le monde et toutes les carac- produisant des graines. téristiques, les forces et les processus qui se produisent Nous avons exploré notre intérêt pour le monde végétal ou existent indépendamment des personnes. à travers l'exposition Cambio, en traitant spécifiquement Aucun designer ne peut ignorer la crise écologique ac- des arbres et de l'extraction du bois des forêts, afin de tuelle, et aucun créateur ne peut éviter de réfléchir à mieux comprendre l'impact écologique de l'industrie du cette question. Le design peut devenir l'une des prin- bois. Ce fut un voyage incroyablement important pour cipales ressources dans la lutte contre le changement nous, car il nous a permis de voir les plantes non pas climatique, et nous essayons d’y contribuer par notre comme une ressource, mais comme des créatures vivantes. travail en tant qu’agence et dans nos collaborations Et en tant que designers, nous avons réalisé que l’on a avec les entreprises. Il est important d'introduire ce dis- affaire à des créatures vivantes, [et cela] a certainement cours et cette attitude dans les entreprises. eu un impact sur notre façon de travailler. Ore Streams [/ɔɹ/ /stɹiːmz/] n. pl. – 1. lit. Courant de Quarantine [/ˈkwɒɹ.ən.tiːn/] n. – Période de temps spéroches ou de terre à partir duquel on peut obtenir du cifique pendant laquelle une personne doit rester isolée métal. 2. Un projet initié par Formafantasma en 2017 (pour empêcher la propagation d'une maladie). Une expéet développé pendant trois ans, présenté comme "une rience vécue par la plupart des pays du monde en raison enquête sur le recyclage des déchets électroniques". de la pandémie de COVID-19 en 2020. Aussi appelée Ore Streams a été un projet incroyablement important "confinement".




La première fois, nous l’avons presque vécu comme un soulagement. Nous avons trouvé inspirant que le monde s'arrête pendant un certain temps. Nous avons eu la chance d'être en sécurité pendant cette période et que nos familles aillent bien. L'isolement nous a aidés à réfléchir à notre façon de faire les choses, de collaborer avec les gens dans notre agence et d'aborder le travail en général. Nous avons réalisé que nous n'avons plus besoin de voyager autant qu'avant, que nous pouvons faire plus de choses en ligne, que nous pouvons collaborer virtuellement avec des entreprises. La bêtise n'est plus acceptable. Nous avons beaucoup appris de cette quarantaine et nous savons que cette période aura un impact à long terme sur la vie des gens.

La laideur a un grand potentiel, c’est ce qui rend beaucoup de choses intéressantes. C’est une catégorie d’esthétique, tout comme la beauté, et son grand potentiel destructeur ne devrait pas être nécessairement renié. Vino [/ˈvino/] n. – Vin (italien). Pendant le confinement, le vin est devenu une habitude quotidienne. En tant qu’italiens, nous avons grandi avec du vin à table. Nous aimons les blancs, À la fois secs et fruités.

Wireline [/waɪə(ɹ)’laɪn/] n. – 1. lit. Corps long et fin fait d’un morceau de fil de fer qui peut être plié. 2. Nom de la dernière lampe de Formafantasma pour Flos. Dans Wireline, le câble d'alimentation devient un élément esRoutine [/ɹuːˈtiːn/] n. – Façon habituelle de faire des sentiel du design : aplati pour ressembler à un ruban en choses. caoutchouc suspendu au plafond, il contient une extruComme notre maison et notre agence se trouvent au sion de verre nervuré sophistiquée contenant la source même endroit, nous avons besoin d’une routine pour lumineuse LED. Disponible en rose et en forest green, survivre. Nous nous levons à 7h précises tous les jours, Wireline peut être installé seul ou dans une composition nous prenons notre petit déjeuner et nous promenons de plusieurs éléments pour obtenir des effets visuels notre chien Terra pendant une heure. Ensuite, nous tra- élaborés. En fusionnant les mondes du design industriel vaillons jusqu'à 18h30 ou 19h et nous nous promenons et l'installation artistique par une juxtaposition de matéà nouveau avec Terra, puis nous dînons. Nous cuisinons riaux et de formes, Formafantasma l'a conçu comme un pour notre équipe tous les jours. Nous ne travaillons pas luminaire pratique, dont la taille se réduit pour pouvoir le soir et nous nous couchons à 23h15. Nos lampes sont le stocker. sur minuterie : elles s'allument à 6h50 tous les jours et C’est notre deuxième collaboration avec Flos après Wis'éteignent à 23h15. rering (en 2018) et c’est une évolution de cette idée à une toute autre échelle. Le concept est basé sur le fait Sicilia [/siˈt͡ʃil.ja/] n. – Plus grande île de Méditerranée de transformer le câble d’alimentation d’une lampe en située au large de la pointe de la botte italienne. Une un élément important de la forme, un aspect esthétique, région historiquement et culturellement riche, et région iconique et performant de la pièce dans un espace. d’origine d’Andrea. Bon nombre des premières œuvres de Formafantasma étaient liées à la Sicile (voir : De Na- Xilarium [/sɪlˈaː.ri.um/] n. – ou Xylotheque. Collection tura Fossilium). de spécimen de bois authentifiés (latin). C'est notre grand amour. Nous aimons toujours y retour- C’est comme une bibliothèque, mais avec des échantilner, c'est un endroit spécial, loin de tout ce bruit. C'est lons de bois à la place des livres. Nous en avons visité difficile d'expliquer pourquoi, mais nous l’aimons, c’est plusieurs pendant les recherches pour notre exposition, comme ça. Nos œuvres inspirées par la Sicile étaient Cambio. C’est comme visiter des siècles d’histoire écrite souvent le reflet du fait qu'Andrea la connaissait bien, dans la pâte de bois au lieu des pages de papier. alors que Simone la découvrait encore, c'était donc un processus de découverte et de redécouverte. Yeast [/jiːst/] n. – Type de champignon utilisé dans la fabrication de boissons alcoolisées comme la bière ou le Terra [/ˈtɛr.ra/] n. – 1. lit. Terre, planète terre. 2. Nom u vin, et pour faire lever et alléger le pain. lévrier italien du couple. Qui n’a pas fait du pain ou de la pizza pendant le confiNotre petit et magnifique lévrier italien est avec nous nement? depuis sept mois et il fait notre bonheur. C'est un animal très spécial. Il s'est adapté à nos rythmes, nous lui ap- Zoom [/zuːm/] v. – 1. Bouger rapidement. 2. [Archi] prenons à vivre dans notre monde et il est vraiment beau. zoom [Associati], agence de design fondée à Florence en Nous sommes certains qu'un animal s'adapte à la vie hu- 1966. Les membres fondateurs sont les designers Andrea maine, mais c'est en fait une espèce différente qui, d’une Branzi, Gilberto Corretti, Paolo Deganello et Massimo certaine manière, essaie de communiquer avec nous. Morozzi. Le groupe a contribué à la création du courant Nous l'avons trouvé émouvant à son arrivée, en voyant radical anti-design dans les années 1960 et après. l'effort de cette créature de trois mois qui avait comme Nous avons obtenu notre baccalauréat à Florence. A unique référence une espèce différente de la sienne. cette époque, deux des fondateurs d’Archizoom y enseignaient et pour nous, être en contact avec eux et avec Ugliness [/ˈʌɡli-nəs/] n. – tCaractéristique de ce qui est leur design radical a été un moment extrêmement imporesthétiquement désagréable ou peu attrayant. tant pour notre travail.



FLOS STORIES

ISSUE THREE: INSIDE OUT

Comme nous passons plus de temps à l’intérieur, avec le sentiment que notre vie est sens dessus dessous, nous nous sommes penchés sur le sens littéral et le sens figuré de l’expression « Inside Out ». Pour nous, elle représente la flexibilité, le changement de rythme et l’évolution. Nous en profitons pour explorer le catalogue Flos et sa double nature représentée par les lampes d'intérieur et d'extérieur (certaines peuvent même facilement être les deux à la fois). La collection d'extérieur éclaire au crépuscule les anciens jardins de la Villa Ottolenghi et son architecture rationaliste. À l'intérieur de la villa, nous avons joué avec la majestueuse simplicité de Wireline de Formafantasma : une pièce au croisement du design industriel et de l’enchantement d’une installation artistique. En parallèle, nous avons dévoilé la nouvelle collection à travers une série de photographies prises dans un studio minimaliste, une toile vierge pour les formes pures des luminaires décoratifs et

architecturaux. Comme dans les numéros précédents, vous découvrirez les designers qui sont derrière certaines des pièces les plus passionnantes de Flos. Formafantasma nous aide à passer en revue ses travaux, ses inspirations et la vie de ses membres, de A à Z, dans le domaine du design et au-delà. Nous avons passé une journée à Londres avec Barber Osgerby, qui nous ont présenté la nouvelle Bellhop Floor de manière sympathique. Et nous avons découvert l’Oblique de Vincent Van Duysen et sa polyvalence : une lampe de bureau qui sort de son environnement de travail pour s'intégrer confortablement dans la maison. Enfin, nous nous sommes éloignés du design pour découvrir ce qui stimule les moments intimes de création de Ronan et Erwan Bouroullec. Leurs œuvres (produites séparément, parallèlement à leur travail de design) sont de brillants exercices d'évasion, et prouvent que les personnes, les idées et les produits peuvent très bien exister dans des mondes distincts.


CONTENUTS

1 Formafantasma et Wireline, de A à Z ↑ 50 La maison d’un photographe ↓

Supplément Découvrez Oblique ↑

98 Jeux de Sany →

100 Questionnaire Patricia Urquiola


20 Wireline à la Villa Ottolenghi ↑

32 La maison d’un photographe ↓

68 Visite d’agence avec Barber Osgerby ↓

102 Contributeurs

82 L’Homme contre la Machine : les dessins de Ronan et Erwan Bouroullec ↑

103 Nouveaux Produits Printemps Été 2021



Un exemple raffiné de rationalisme italien et de style international, la Villa Ottolenghi se dresse sur les collines du nord de l'Italie. Commandée par les mécènes, le Comte Arturo Ottolenghi et Herta Wedekind, son architecture est définie par des géométries pures et des passages voûtés, avec des œuvres d’art disséminées dans tout l’édifice. La rigueur de ses intérieurs contraste nettement avec les formes sinueuses qui caractérisent WIRELINE de FORMAFANTASMA, et le mélange d’art et d'architecture de la villa fait écho à la double nature de la lampe, quelque part entre l'art et le design industriel.

WIRELINE à la VILLA OTTOLENGHI

Photographies de Tommaso Sartori


Page précédente: composition de Wireline de Formafantasma en rose, installée à la Villa Ottolenghi. ACi-dessous et à droite: Le câble exclusif de Wireline est en caoutchouc thermoplastique coloré, un mélange de polymères garantit la dureté nécessaire au maintien de l’harmonieuse et sculpturale silhouette.




La source lumineuse tire le meilleur parti de la technologie LED, en diffusant une lumière chaude et homogène light, pour un confort visuel élevé et des performances et une efficacité maximals.




Le design sculptural du diffuseur fabriqué en verre borosilicate extra-clair dissimule la source lumineuse LED à 360°. L’intensité de la lumière dissolves s’estompe entre les rainures, assurant un confort visuel maximal. Les composants électriques sont contenus dans les éléments en acier inoxydable satiné, et sont caractérisés par une surface usinée diamant réalisée par CNC, qui met en valeur leur fonction et leur esthétique industrielle raffinée.




Wireline, en Forest Green. Le câble est fixé au plafond par deux points d’ancrage, pour supporter la source lumineuse et modeler une courbe douce. Les deux rosaces sont fabriquées dans la même finition.


La villa est le résultat d'une collaboration sans faille entre une myriade de sculpteurs, de peintres, d’architectes, de décorateurs, d’urbanistes et de jardiniers qui lui ont donné forme durant plus de quatre décennies. Ses terrains sont parsemés de menthe sauvage parfumée et de sculptures, de petites constructions destinées à servir de résidence d'artistes à côté de courts de tennis, de vignes, d'une piscine et d'un mausolée : c'est un lieu où de multiples personnalités se rencontrent, un contexte parfait pour accueillir une large gamme de systèmes d’éclairage.

VILLA OTTOLENGHI, Les Jardins




Photographies à travers la nouvelle Collection Flos Outdoor. Page 33: Outgraze, un système LED flexible qui créé un effet de lumière rasante sur l’architecture. A gauche: Mile Wall, d’Antonio Citterio.


Sur cette page: Mile Bollard Mono, d’Antonio Citterio. A droite: Walkstick 2 Double, d’Antonio Citterio.






Pages 38-39: Fenestra, un produit compact qui s’intègfre à la structure de la fenêtre, en soulignant son contour. A gauche: Flauta, de Patricia Urquiola. Ci-dessus: In Vitro Unplugged, de Philippe Starck.


Ci-dessus: In Vitro Bollard, de Philippe Starck. A droite: IIn Vitro Bollard, en anthracite, terracotta et pale green, de Philippe Starck.




Mile Bollard 2 Mono, d’Antonio Citterio.


Ci-dessus: A-Round, en satin gold, de Piero Lissoni. A droite: Caule, de Patricia Urquiola.




Spock, projecteur Outdoor.


La maison d’un photographe

Shootés en flux, une maison minimaliste et un studio dans le nord de l’Italie, où les icônes du design et les lampes se partagent l’espace. Photographies de Federico Torra.



Smithfield, en rouge (page précédente), et vert (à droite),de Jasper Morrison.




Skygarden Small, en finition brun rouille, de Marcel Wander Studio. Détail de l’intérieur en plâtre.


Bellhop floor, un nouveau membre de la famille Bellhop, en rouge brique et vert, de Edward Barber et Jay Osgerby.




Découvrez OBLIQUE

La classique lampe de bureau à bras pivotant revisitée par VINCENT VAN DUYSEN, une lampe professionnelle à l’âme résidentielle. Son design minimaliste et sa polyvalence lui permettent de passer facilement de la maison au bureau (et vice versa). Illustrations de Klaus Kremmerz








OBLIQUE by VICENT VAN DYUSEN R9 96 Reproduction des tonalités rouges sur une échelle de 0 à 100 Un bon rendu des tons rouges est un indice de bonne qualité des LED impeccable quality of the LEDs. LUX > 1000 Le Lux est l’unité de mesure de l’éclairage Le niveau moyen de Lux conseillés pour une habitation est de 500 au maximum. Oblique peut fournir plus du double.

DIMMABLE “dimmer” qui vient du verbe “to dim” qui signifie “baisser”, est le dispositif de réglage de l’intensité du faisceau lumineux. L’interrupteur d’Oblique LENTILLE OBLIQUE permet un Rayon lumineux contrôle asymétrique de 1% à La lentille est basée 100% de sur un principe optique l’émission breveté permettant totale. de contrôler la lumière émise par les sources LED avec un angle spécifique qui garantit un éclairage doux et uniforme de l’espace de travail.

CRI 98 Indice de rendu chromatique sur une échelle de 0 à 100 Garantit une excellente qualité dans la reproduction des couleurs quality. UGR < 10 Indice d’éblouissement La norme européenne recommande un maximum de 19. Oblique obtient 10 points au-dessous de cette valeur pour un confort visuel sans précédent.

COMPATIBLE QI Rechargement sans fil pour appareils compatibles Un point de rechargement toujours disponible qui permet de recharger jusqu’à deux appareils en même temps (par exemple, un Smartphone et des oreillettes bluetooth).


Oblique en blanc mat (sur cette page), rouille mat, marron mat et sauge brillant (à gauche), de Vincent Van Duysen.



Coordinates W1 (à gauche) et W2 (sur cette page), de Michael Anastassiades. Deux nouveaux ajouts à la famille Coordinates.


Aim, en anodized green (à droite) et anodized grey (sur cette page), de Ronan et Erwan Bouroullec.




A gauche: Aim, en anodized natural, de Ronan et Erwan Bouroullec. Sur cette page: Zero Track de Flos Architectural, avec le spot Atom de Piero Lissoni.



Un lieu où l'intérieur se confond avec l'extérieur, où les volumes purs définissent l'espace de façon minimaliste, où des monolithes en béton d'inspiration brutaliste s’opposent aux éléments industriels de l’ancienne vie de la maison. C'est à la fois l’habitation et le studio du photographe Giuliano Radici, un refuge inspirant, une toile blanche pour ses œuvres et aussi un studio/galerie où il accueille des artistes et des photographes pour qu’ils utilisent cet espace, y exposent et y laissent leur empreinte. La lumière naturelle joue un rôle crucial dans cette maison, en définissant les silhouettes, en créant des textures et en ajoutant délicatement de nouvelles couches géométriques sur l'architecture.

exemple, la lumière dans l'espace a été dictée autant par un choix esthétique que par une nécessité fonctionnelle".

C’est une maison qui mêle le passé et le présent avec un regard vers l'avenir comme une toile adaptée à la personnalité dynamique du photographe. Spécialisé dans la mode, la décoration intérieure et les images publicitaires très élégantes, il s'intéresse également aux livres d'art et de photographie qu'il collectionne ("mes maîtres de vie et de travail", comme il les appelle). Cependant, sa véritable passion réside dans l'art du voyage : Radici a exploré les voyages non traditionnels à travers la photographie documentaire et les portraits en noir et blanc, avec une série de reportages Radici a dessiné sa maison lui-même, dans et des livres photos immersifs de ses exploune ancienne usine de 600 m2 datant des rations en Inde, au Cambodge et au Pakisannées 1930, dans le nord de l'Italie. « Je tan entre autres. A travers son association, photographie beaucoup les maisons », dit- 7 Mila Miglia Lontano (7 Mille Miles plus il. Et au fil des ans, j'ai découvert comment loin), il s’efforce de soutenir et de promouconcevoir ma propre maison de photo- voir le voyage durable et l’aide humanitaire graphe. A côté des ajouts contemporains, dans le monde. Le projet s’est transformé l'espace industriel est visible et son carac- en association soutenue par des partenaires tère encore très présent : les murs en pierre internationaux. apparente, les piliers, les hauts plafonds, une grue laissée intacte. L’intervention de ‘Lorsque je voyage, je n’immortalise pas Radici porte sur les escaliers théâtraux, les vraiment les lieux » dit-il, « J’aime photograndes fenêtres, les murs et sols nus en graphier les gens. » béton, et les volumes suspendus qui définissent les espaces domestiques et professionnels à l'intérieur du bâtiment. Une cour inonde de lumière les intérieurs, et l'architecture contribue à faire entrer l'extérieur à l'intérieur, le vert discret du jardin restant visible depuis chaque recoin. « Comme il s'agit d'un espace de travail très personnel, je l'ai créé en pensant à mon travail. Par

A gauche: Lampe baladeuse d’extérieur In Vitro Unplugged, de Philippe Starck.

Giuliano Radici photographié dans son studio. Photographies de Federico Torra.


PROFIL

Visite d’agence avec



Page précédente: Edward Barber (à gauche) et Jay Osgerby (à droite) dans leur agence de Londres avec la Bellhop Floor en rouge brique. Au-dessus: Bellhop Floor en vert.


Près de trente ans se sont écoulés depuis qu'EDWARD BARBER et JAY OSGERBY ont commencé leur collaboration. Avec le recul, on se rend compte que la chance y est pour beaucoup, à commencer par une amitié au Royal College of Art en 1992 et peu de temps après, une agence dans l'appartement qu'ils partageaient à Notting Hill. Après avoir obtenu leur diplôme d'architecture, ils ont passé leur temps à créer des projets, bien que tous deux aient eu une passion pour les petites pièces de design. Ils se sont donc tournés vers le design de meubles et ont commencé à créer pour des géants du design. Basé à Londres, l’agence a donné naissance à de nombreux projets d'éclairage, de la torche olympique en 2012 à la lampe BELLHOP en 2016 (et sa version Floor en 2020) pour Flos. Dans un souci de longévité, ils ont fait face à la pandémie grâce à une agence adaptable installée sur plusieurs étages. Sur Zoom, assis dans leur agence de l'est Londonien, entourés de leurs travaux, ils mettent en lumière leurs trente ans d’histoire. Ils nous racontent l'histoire du bol japonais qui a inspiré BELLHOP, comparent le choix des couleurs au choix du prénom d’un enfant et expliquent comment ils ont fait progresser le design pour certaines entreprises phares. Interview de Sujata Burman. Photographie de Pablo Di Prima.


Plusieurs fois au fil des ans, votre agence a déménagé d’un endroit à l’autre dans Londres; comment cela a-t-il influencé votre activité jusqu’à présent ? SUJATA BURMAN:

Après notre appartement de Notting Hill, nous avons déménagé à Trellick Tower - c'était au 22e étage, nous avions une vue incroyable. J'y ai vécu pendant environ six ans, nous y avons eu l’agence pendant trois ans. Ensuite, nous avons déménagé dans les ateliers Isokon, à Chiswick. Là, c'était vraiment génial parce que nous étions proches des ateliers du bois, nous y avons beaucoup appris sur la fabrication de meubles, et en particulier sur le contreplaqué. Beaucoup des premières pièces que nous avons conçues étaient en contreplaqué parce que c’était un matériau déjà disponible dans les ateliers. A l’époque, nous faisions de petits projets d’architecture et pour l'un d'eux, nous avons conçu le mobilier d’un restaurant. L'une des pièces était une table basse, la Loop Table, qui est en contreplaqué de bouleau. Cette table a vraiment été un tremplin vers le monde de l’ameublement car elle a été vue par Giulio Cappellini en 1997. À l'époque, Cappellini était l'entreprise de mobilier la plus intéressante, qui travaillait à la fois avec de jeunes designers et des designers établis, et [Giulio] nous a dit qu'il voulait la produire. Ainsi, nous avons eu un coup de pouce dès la conception de notre première pièce. Je pense que c'est à ce moment-là que nous avons changé d'orientation, quand nous avons réalisé que nous étions beaucoup plus intéressés par la conception de meubles que par l'architecture. EDWARD BARBER:

En partie parce que c'est un processus plus rapide. Lorsqu’on réalise un

JAY OSGERBY:

A droite: Edward Barber et Jay Osgerby dans leur agence avec la Bellhop Floor (en haut, en bas à gauche et au milieu à gauche) et la Bellhop originale, conçue pour Flos en 2016 (au centre à gauche).

projet architectural, la seule chose qu’on fait c’est un prototype. On ne peut jamais vraiment produire quelque chose. On n'a pas de possibilités ultérieures de changer, de développer et de répéter une idée, alors qu'en matière de design de meubles et de produits, on en a. SUJATA BURMAN: Il doit y avoir un lien direct avec le matériau qu’il n’y a pas avec l’architecture.

On l’a rarement en architecture, du moins pas de la même manière.

JAY OSGERBY:

pas grand-chose tant qu’on ne place pas un objet à l’intérieur. Une belle chaise et une table transforment complètement cet espace. Les meubles aident à définir les espaces.. Sinon, on se trouve dans un espace magnifique avec la lumière naturelle, puis le ciel devient nuageux, il fait sombre et il n’y a nulle part où s’asseoir.

JAY OSGERBY:

SUJATA BURMAN: En parlant de lumière, comment avez-vous commencé à concevoir des luminaires?

EDWARD BARBER:

On a beaucoup plus de contrôle qu’avec l’architecture, où il y a tellement d’inconnues…

JAY OSGERBY:

Au début des années 2000, nous avions quatre ou cinq idées de luminaires et nous savions à l’époque qu’il n’y avait qu’un seul fabricant à qui nous JAY OSGERBY: Le mobilier représente la voulions en parler : Flos. Alors nous avons couche entre le corps et le bâtiment. Les passé beaucoup de temps à rassembler pluhumains sont perdus dans les bâtiments, et sieurs projets à proposer. Nous avons touce sont en fait les objets de la taille d’un jours eu le sentiment de savoir choisir le meuble qui servent de pont entre le bâti- meilleur fabricant dans chaque domaine, et ment et l’être humain. c’est ainsi que nous avons approché Flos. EDWARD BARBER: Par exemple, si on prend une pièce vide, blanche, elle n’exprime

Nous avons lancé notre premier projet avec Flos en 2007, avec la lampe Tab. Nous l’avons tous les deux chez nous et à l’agence, c’est une belle petite lampe de travail. Ce fut un succès et ce, pendantpresque 10 ans, jusqu’à ce que nous créions EDWARD BARBER:






une autre lampe à succès, la Bellhop.

la première fois?

Je pense que nous avons toujours préféré la lumière qui vient des lampes. Une chose qui arrive souvent en architecture, c’est que les architectes et les concepteurs d'éclairage font de leur mieux pour rendre l'espace aussi spectaculaire que possible. Ils ne pensent pas nécessairement à créer des espaces intimes, comme seule une lampe peut créer avec les lampes. Globalement, on obtient une meilleure qualité d'éclairage avec une lampe : là encore, c'est plus humain.

A l’origine, nous l’avions créée pour le restaurant du London Design Museum en 2016. Flos l’aimait beaucoup et a décidé de la produire. Ensuite, nous l’avons lancée en 2017 à EuroLuce. L’idée était que le restaurant puisse la recharger durant la journée et la mette sur les tables le soir. Mais une fois que nous l’avons dessinée, nous avons réalisé que c’était un bel objet pour la maison. On peut se déplacer avec, c’est comme une amie qu’on a toujours avec soi. C’est comme avoir une chandelle que l’on déplace de pièce en pièce.

JAY OSGERBY:

SUJATA BURMAN: Comment se passe votre journée à l’agence?

Avant le confinement, nous passions la moitié du temps ici, et l’autre moitié à l’étranger, à visiter les fabricants. C’est une constante, alterner entre observer les prototypes, esquisser des idées, parler de certains objets, s’asseoir sur des objets, chercher à casser des objets, essayer des objets. Jusqu’à récemment, nous faisions aussi pas mal de conférences et de cours.

JAY OSGERBY:

EDWARD BARBER: Lorsqu’on lance un nouveau produit, en fonction de l’entreprise et de son ambition pour le projet, on nous envoie souvent aux quatre coins du monde pour le promouvoir. Si cela peut être amusant, c’est aussi agréable d’être maintenant davantage en famille à la maison. Depuis le mois de mai, je viens pratiquement à l’agence tous les jours. L’agence n’a plus été au complet depuis le mois de février, donc nous n’avons plus cette sensation d’équipe depuis un bon moment, et c’est dommage. SUJATA BURMAN: Parlez-moi de la lampe Bellhop. Quand l’avez-vous conçue pour

Pages 74-75: Bellhop Floor en blanc, cioko, vert, rouge brique. A gauche: Jay avec la Bellhop Floor en rouge et Edward avec la Bellhop en blanc. A droite: Edward avec la Bellhop, dont la tête est inspirée d’un bol japonais.

EDWARD BARBER:

JAY OSGERBY: A l’origine,

elle était en métal et seul un petit lot avait été produit.

SUJATA BURMAN:

ré sa forme?

Qu’est-ce qui vous a inspi-

Pendant que nous parlions avec Flos du projet du Design Museum, il se trouve que nous avions un très beau bol Japonais à l’agence. Nous avons simplement tamisé la lumière et pointé une torche dans la partie inférieure de ce bol. La lumière réfléchie qui rebondissait sur la porcelaine était vraiment magnifique. Alors nous avons pensé « comment pouvons-nous la recréer? » C’était le point de départ, aussi abstrait que ça puisse paraitre. JAY OSGERBY:

Dans un restaurant, on souhaite que la lumière se reflète sur la table. On ne veut pas d’une lumière éblouissante sur une table où deux personnes sont assises l’une en face de l’autre. Cette lampe a donc été conçue pour émettre une lumière qui descend et qui rebondit sur la surface de la table.

EDWARD BARBER:

SUJATA BURMAN: Parlons du système rechargeable de cette lampe. Quelles sont les rapports de l’agence avec la technologie?

Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a encore 10 ans, il n’aurait pas été

EDWARD BARBER:



A gauche: Edward et Jay dans leur agence avec, sur la droite, la Bellhop Floor en vert. Sur cette page: la Bellhop est photographiée parmi une série de lampes Tab de différentes couleurs, conçues par Barber et Osgerby pour Flos en 2007.


possible de fabriquer cette lampe, parce que la durée de la batterie était tellement courte qu’elle ne serait restée allumée qu’une heure ou moins. Tandis qu’aujourd’hui, si elle est réglée sur le niveau le plus bas (il y en a quatre), elle dure jusqu’à 24 heures et la technologie va continuer de s’améliorer avec le temps. Si Flos fabrique toujours cette lampe dans 10 ans, on ne devra la recharger qu’une fois par mois! Je pense que la technologie fonctionne quand elle est invisible, ce n’est certainement pas quelque chose que nous voulons mettre en avant. C'est plus une surprise dans le sens où on utilise des objets plutôt que quelque chose qui est ouvertement piloté par la technologie. La lampe Tab utilisait aussi une ampoule halogène au début, mais ensuite nous avons dû passer à la LED ; pour nous, cette transition était étrange, de remplacer l’ampoule par un produit qui intègre la technologie. JAY OSGERBY:

Les gens ne se contentent pas d’acheter des luminaires pour leur maison parce qu’ils éclairent bien ; ils veulent se sentir bien chez eux. Je pense que c’est la raison pour laquelle ils sont attirés par la lampe Tab et par Bellhop. Surtout la Bellhop, je crois qu’ils la voient comme une amie. EDWARD BARBER:

SUJATA BURMAN:

est-elle née?

Et Bellhop Floor, comment

Nous avons proposé à Flos d’ajouter un lampadaire dans la collection Bellhop. Alors nous avons retourné le haut de la lampe, mais nous avions besoin d’un peu plus de caractère pour une lampe de cette taille. Nous l’avons obtenu avec la partie supérieure en verre, qui dégage une très belle lumière. EDWARD BARBER:

La palette de Bellhop Floor comprend le blanc, le marron chocolat, le vert et le rouge brique. Comment avez-vous SUJATA BURMAN: Tab et Bellhop sont des ob- choisi ces coloris? jets très décoratifs tout autant que des lampes. EDWARD BARBER: C’est toujours assez intuitif. La particularité de la couleur, c’est qu’elle est très passagère par rapport au design. On choisit le coloris ce qui nous semble mieux à ce moment-là. SUJATA BURMAN:

C’est un peu comme choisir un prénom pour un enfant. Quand on pense

JAY OSGERBY:

à une nouvelle couleur ou à un nouveau prénom, on en choisit un et c’est seulement à ce moment-là qu’on pense à la difficulté que ça a été. Avant même qu’on s’en rende compte, tout le monde le fait. Nous ne pouvons pas parler d’éclairage sans citer la torche olympique qui vous a été commandée en 2008.

SUJATA BURMAN:

C’est un grand projet que nous avons gagné. Assez stressant mais très amusant.

JAY OSGERBY:

Il y a près de 3 milliards de personnes dans le monde qui regardent la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à la télévision alors on ne veut certainement pas que la flamme s’éteigne juste à ce moment-là ! Quand nous avons obtenu la commande, nous avons pensé que ce serait soit la meilleure chose que nous aurions jamais faite, soit la pire. EDWARD BARBER:

SUJATA BURMAN: Je sais que vous n’avez pas pu vous y rendre depuis un certain temps, mais qu’est-ce que ça fait de visiter l’usine de Flos?

C’est toujours amusant d’aller chez Flos. Ils disposent d’un très beau studio de design où tout est parfaitement aménagé pour l’éclairage. Toutes les connexions sont encastrées dans le sol afin de ne pas trébucher sur les fils électriques. Plusieurs salles sont aménagées pour pouvoir tester et mesurer les niveaux d’éclairage avec des stores automatiques aux fenêtres. C’est extrêmement efficace. EDWARD BARBER:

Quand on est là-bas, on se sent partie intégrante de l’histoire de l’entreprise. On connait des gens qui sont là depuis 50 ans, qui travaillent sur des projets. On se sent très privilégié. En fait, en Italie, il est assez courant d’être au même endroit où les grandes figures du design italien ont travaillé. C’est inspirant.

JAY OSGERBY:

Quand on travaille pour des entreprises qui ont une histoire extraordinaire en matière de design, on a presque la sensation de devoir s’améliorer pour elles et pour soi-même, et de trouver quelque chose de vraiment grandiose pour ne décevoir personne.

EDWARD BARBER:

A droite: Edward et Jay avec des instruments et des objets de l’agence.




L’Homme contre la Machine : les dessins de Ronan et Erwan Bouroullec Interview de Rosa Bertoli

Les œuvres de design de Ronan et Erwan Bouroullec sont le résultat d’une rencontre fraternelle entre deux esprits, qui dure depuis plus de vingt ans. Parallèlement à cette collaboration, chacun des deux designers est devenu célèbre pour ses propres œuvres d’art produites de manière indépendante. Ces pièces offrent un aperçu de la dimension plus intime de Ronan et Erwan, de leurs intérêts, de leurs pensées et de leur attitude face à la vie Nous avons parlé avec les designers sur ce qui les poussent à créer cet univers visuel.


Ronan Bouroullec Quand avez-vous commencé à créer ce langage visuel?

ROSA BERTOLI:

RONAN BOUROULLEC: Je dessine depuis toujours ; j'ai commencé à dessiner quand j'étais très jeune, comme tout le monde. Je crois que j’avais 10 ans quand j'ai compris à quel point le dessin était un langage pour moi, c’était très clair. J'ai grandi à la campagne et j'étais assez seul, bien que j’aie un frère de cinq ans plus jeune que moi. Alors je jouais au tennis et au football sur le mur et le dessin est devenu pour moi un compagnon, une sorte d'ami. ROSA BERTOLI: Je me souviens que moi aussi je jouais au tennis avec le mur quand j’étais enfant. C’est vraiment une image très évocatrice que vous m’avez décrite. Alors pour vous le dessin était une forme d’évasion? RONAN BOUROULLEC: C’était une forme d’évasion, et j’ai très vite compris que c’était aussi un plaisir, un moyen de lutter contre la nervosité, l’anxiété. Dessiner a toujours été un moyen de s’évader, en plus d’un plaisir. Quand je me lève le matin, je commence tout de suite à dessiner et j’aime le faire le week-end. Hormis le fait que je suis claustrophobe, si on m’enfermait avec assez d’espace, du papier et un crayon, je crois que je pourrais survivre.

Je pensais à ça. En regardant certains de vos dessins, la première chose qui m’est venue à l’esprit a été d'imaginer leur création, comment vous les créez et comment vous faites en sorte qu’ils aient l’air d’être le résultat d'un processus assez intuitif et méditatif. Est-ce que j’ai bien deviné, est-ce que c'est comme créer une bulle dans laquelle on se réfugie? ROSA BERTOLI:

Oui, c’est un processus spontané, c’est pourquoi je ne sais pas comment en parler. C'est vraiment quelque chose de tout à fait imprévu. Quand je commence un dessin, je ne pense jamais au résultat final. C'est comme si j'utilisais de l'argile : c'est toujours une ligne, et puis une autre, et petit à petit, ça se construit comme un sédiment. Je parle de trois dimensions, un peu comme le tricot. Ce sont des éléments qui s'additionnent et créent quelque chose d’autre, puis vient une autre ligne ou une autre forme, et c’est quelque chose d’extrêmement organique. Pour moi, clairement, il n’y a aucun plan. En général, il est très difficile de RONAN BOUROULLEC:

maintenir cet aspect naïf. Je m’intéresse de plus en plus à Matisse. Matisse m’a toujours intéressé, mais il ne parlait pas beaucoup de son travail. Il disait qu’il essayait de garder une certaine naïveté dans sa façon de travailler et pour moi, c'est la chose la plus difficile à faire après avoir dessiné pendant 40 ans. Et c'est pareil pour le design : n'étant pas du tout un spécialiste de la technique, je dois me battre tous les jours pour garder une certaine distance. Parce qu'il peut vite devenir ennuyeux et perdre sa fraîcheur. Je ne montrais pas mon dessin avant parce qu'en tant que designer, je devais toujours expliquer ce que je dessinais. Vous savez combien les gens aiment vous enfermer dans un périmètre : quand vous faites quelque chose, vous êtes censé respecter votre discipline de manière assez précise. Et puis Instagram a totalement changé la donne. Instagram m’intéresse beaucoup ; je suis quelqu'un de très visuel et je prends des photos tous les jours. Pour moi, Instagram est un moyen intéressant de montrer le travail, comme quelqu'un qui fait des graffitis dans le métro. Keith Haring expliquait pourquoi il faisait des graffitis dans le métro en expliquant qu'en un seul jour, son dessin pouvait être vu par 300 000 personnes. C'est exactement la même chose avec Instagram. Il y a l’immédiateté, la possibilité de partager quelque chose avec beaucoup de gens ; pour moi, c'est encore plus intéressant qu'une exposition dans une galerie. ROSA BERTOLI: Et c'est précisément ce médium qui a fait passer vos dessins de la dimension intime vers le monde extérieur. Pour moi comme pour beaucoup de gens, les regarder apporte beaucoup de joie, je ne suis donc pas surprise de l'intérêt suscité par le fait de les montrer de cette façon. Mais je comprends que s'ils sont le résultat d'un moment d'évasion personnelle, de telles attentes peuvent provoquer une certaine pression. RONAN BOUROULLEC: Parfois,

je fais un dessin et je suis peut-être ivre, je prends une photo, je la poste sur Instagram et le lendemain matin, je désespère parce que je trouve le dessin terriblement mauvais. C'est intéressant de voir comment cela ouvre une porte à 200 000 spectateurs. Mais je pense que l'intérêt de mon compte Instagram pour certaines personnes, vient du fait qu'il n'est pas calculé. Et je suis heureux que ce soit le cas ; partager un dessin ou un prototype me procure beaucoup de plaisir. Vos œuvres visuelles et vos œuvres de design sont tout à fait distinctes et proviennent d'origines différentes ; se chevauchent-elles parfois ? ou s’infiltrent-elles parfois mutuellement? ROSA BERTOLI:

RONAN BOUROULLEC:

Probablement. Mais je ne sais






pas exactement comment le décrire. Le design m’intéresse beaucoup, parce que lorsqu’on a une bonne idée, en la travaillant en profondeur, on peut la partager de manière intéressante et à un bon prix. Je viens d'une famille très simple, mes amis d’enfance ne sont pas riches et je suis très heureux de pouvoir concevoir des objets qu'ils peuvent mettre dans leur jardin. Mais c'est aussi un processus très frustrant : le design est un très long voyage entre l’idée initiale et le moment où il se retrouve dans la vitrine du magasin. Ce sont des années et des années de travail. Je dois d’abord me battre avec mon frère, puis avec l'ingénieur, dans le bon sens du terme, j'aime ce travail collectif. Mais c'est long, et chaque jour, j'ai besoin de me sentir un peu plus calme quand dans une journée j'ai fait quelque chose qui me satisfait, que ce soit un dessin, une maquette ou une photographie. Si j’ai quelque chose qui peut me calmer, je suis plus heureux. ROSA BERTOLI:

Un moment immédiat de création.

Oui, j’en ai besoin. Et dessiner est bien sûr le plus...je ne dirai pas « pur », c’est difficile de faire un bon dessin mais c’est la façon la plus simple de faire quelque chose d’instantané. Tout ce dont j’ai besoin, c’est d’un morceau de papier, peu importe la qualité, peu importe le crayon que j’utilise, même un stylo bille de station-service est parfait. RONAN BOUROULLEC:

ROSA BERTOLI: Vos dessins sont abstraits mais en les regardant de près, on peut reconnaitre certaines textures, des formes familières, certains plis de matière, quelque chose qui ne les rend plus si abstraits. Comment les voyez-vous ? Est-ce que vous vous demandez s’ils sont abstraits ou figuratifs? RONAN BOUROULLEC: Non, cela n’a pas d’importance. C’est très intéressant que des gens voient des choses dans mes dessins et je suis très heureux pour eux (rires). Comme ce n’est pas quelque chose de programmé, je ne cherche pas à dessiner un corps ou une fleur ou une plante, mais on peut voir une plante, on peut voir une partie du corps, on peut voir quelque chose de sensuel, on peut voir du mystère, on peut voir de la peur parfois. Donc je ne sais pas s’ils sont abstraits ou non, cer-

tains le sont sûrement plus que d’autres, mais il est vrai que l’on peut souvent y voir un objet ou un volume, c’est quelque chose d’ouvert mais, je le répète, non planifié. Le dessin est automatique, c’est très souvent la même chose qui est répétée. Et Matisse disait qu’il faisait souvent exactement la même chose, c’était donc sa façon de s’évader. C’est comme ça pour moi aussi : quand je fais un dessin, je me perds complètement et quand il est presque terminé, je ne me souviens pas de ce qui s’est passé pendant ces vingt minutes ou pendant cette heure passée à dessiner. Et à quel moment sont-ils finis, estce lorsque la feuille est entièrement remplie ou lorsque vous obtenez la forme que vous souhaitez? ROSA BERTOLI:

RONAN BOUROULLEC: Parfois ils sont finis parce que je dois faire la cuisine pour ma famille (rires). Ce qui est intéressant c’est que je dessine au milieu de ma famille, sur une petite table, parce que je ne veux pas avoir peur ou me retrouver à devoir faire quelque chose d’important, je veux garder la fraicheur de quelque chose qui n’a pas été organisé. Si j’avais un atelier, je deviendrais certainement un spécialiste, j’organiserais mes crayons et je choisirais mes couleurs. Je ne veux pas que ce soit comme ça. Bien sûr, au fil des ans, j’ai fait plusieurs types de dessins et il y a une gamme de couleurs que j’apprécie, mais elles sont tout autour de moi complètement désordonnées, et je prends généralement le crayon le plus pratique et je commence.

J’imagine que les gens vous posent beaucoup de questions sur vos dessins, quelle est la chose la plus étrange qu’on vous ait jamais dite sur vos dessins ou des choses qui vous ont peutêtre surpris? ROSA BERTOLI:

Je suis quelqu’un d’assez solitaire, et il y a toujours ce médium qu’est Instagram par lequel je peux montrer mes dessins. J’ai fait deux ou trois expositions, uniquement de ces dessins. Je ne suis pas allé au vernissage et sur Instagram je n’ai pas répondu aux questions. Bien sûr, parfois, je lis les commentaires mais je n’y fais pas trop attention. Il est assez difficile de continuer à dessiner avec une certaine simplicité. Je le fais sérieusement, je ne veux pas dire que je ne suis pas sérieux. Mais c’est aussi compliqué parce que je ne veux pas me répéter, et c’est une crainte que j’ai dans tout mon travail en général. Mais pour les dessins, je continue à les faire, c’est tout. RONAN BOUROULLEC:

Pages 82-88 : dessins de Ronan Bouroullec créé entre 2018 et 2020.


Erwan Bouroullec Qu’appelez-vous vos œuvres, comment les définiriez-vous?

ROSA BERTOLI:

Pour moi, elles appartiennent au monde de la peinture. Je veux dire qu’elles appartiennent à une expression très simple de mouvement et de couleurs. Mais d’une certaine façon, elles sont liées à notre activité de design et au fait que j’ai étudié le codage pendant quelques années. Derrière le codage, il y a beaucoup de règles qui sont assez similaires à celles du design, parce qu’on peut dire qu’en gros, le design consiste à répéter un certain nombre d'étapes de manière assez claire. Il y a une façon de concevoir une chaise ou une lampe : on établit un protocole très clair. Et c’est exactement pareil pour le codage, on a des chiffres et des règles simples, parce qu’on ne demande pas à l'ordinateur de rêver. Mais ce qui est fascinant, c'est la magie des chiffres : on peut demander à un ordinateur de travailler sur un million de phases et il le fera probablement en quelques secondes ou même moins. ERWAN BOUROULLEC:

D’où vous vient cet intérêt pour les chiffres et le codage?

ROSA BERTOLI:

ERWAN BOUROULLEC: Quand j’étais étudiant il y a longtemps, j’ai suivi un cours de mathématiques sur la théorie du chaos et j’ai lu un livre de James Gleick. J’ai trouvé quelque chose de très intéressant dans sa description : dans les années 60 et 70, les débuts de l’informatique ont révélé certaines parties cachées de la science. Avant, beaucoup de choses étaient insolubles en mathématiques en raison de résultats peu clairs. Mais petit à petit, au fur et à mesure que nous avons commencé à utiliser l'ordinateur, on a pu voir une sorte de structure dans le résultat. D’une certaine manière, cela a permis aux scientifiques de comprendre les règles de la nature à travers le chaos. C’est resté dans ma tête. Derrière ces dessins, il y a une inspiration picturale très simple qui impose une sorte de protocole créé par un logiciel. J’ai étudié l’art conceptuel et ça m’a toujours beaucoup intéressé. Prenez par exemple les travaux de Sol Lewitt : en gros, vous établissez quelques règles, et vous les répétez. Mais, encore une fois, ce qui fait la différence avec Sol Lewitt, c'est le fait qu'il répète ces règles encore et encore et encore… Et c'est ce que je fais avec le logiciel.

quand vous vous êtes intéressé au codage, comment avez-vous découvert que vous

ROSA BERTOLI:

pouviez utiliser cette méthode pour créer des tableaux? ERWAN BOUROULLEC: Je cherchais un moyen d’offrir un panoramique de choses, comme le fait la lumière du soleil et il y a beaucoup d’informations que notre corps peut assimiler simplement en voyant et en comprenant le mouvement de la lumière, du vent ou de tous petits bruits pour comprendre notre environnement. Et ces dessins contiennent différents types d’informations cachés à l’intérieur : ils offrent un sens clair des proportions et du mouvement, la présence de la couleur. Ce sont des extraits de la réalité, quelque chose que l’on peut voir en un clin d’œil. Ils sont nés ainsi. [Dans les dessins de points] vous pouvez voir qu’il y a des cercles noirs formant le dessin, et des points verts, et ce que le cercle noir essaie de faire, c’est d’éviter de rencontrer le point vert en changeant de direction. Et c’est devenu l’histoire de ces dessins. Ce n’est rien d’autre que l’un des premiers codages que j'ai faits, puis je les ai retravaillés pendant le confinement ; c'est drôle parce que ce que vous voyez, c’est que lorsque la ligne essaie d'éviter les points verts, cela crée aussi un peu d'attraction. Le fait que je l’ai créé pendant le COVID me parait très logique. On court ici et là, en essayant de se défaire de beaucoup de nos routines, mais en même temps, on reste toujours très attiré par elles. ROSA BERTOLI:

ça imite la nature humaine.

Oui. Mais ils ont aussi une nature différente. Je créé toujours beaucoup de logiciels et maintenant je suis très à l’aise dans ce domaine. Cela prend du temps mais c’est agréable à faire. ERWAN BOUROULLEC:

ROSA BERTOLI:

Qu’est-ce que signifie créer pour vous?

Il s'agit essentiellement de créer des règles. Mais dans mes dessins originaux [avec les lignes droites colorées], j'ai extrait ces lignes de photos que j'avais prises. Je sais donc exactement ce qu’il y a derrière chaque image, quel est le « flux » d’informations. Le logiciel agit donc comme un outil. Ce n'est pas si différent des travaux de Jackson Pollock, quand il a décidé de créer le goutte à goutte, il a simplement appliqué des règles : ouvrir la boîte, l’appliquer goutte après goutte. Ce dont on a besoin quand on fait quelque chose comme ça, c'est d'avoir une entière confiance dans le processus lui-même. Et à mesure que l’on fait les calculs, on découvre des choses dont on ne soupçonnait pas l’existence. Le chevauchement des lignes crée vraiment une nature que l’on a beaucoup de mal à imaginer. Le chevaucheERWAN BOUROULLEC:






ment des lignes vise en fait à créer une nature que l’on a du mal à imaginer. Et comme les lignes se croisent, je pense qu’elles reflètent la réalité dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Ce chevauchement des connexions et la création d’une sorte de matérialité que nous ressentons, mais dont nous ne sommes pas très conscients. D'une certaine manière, cela pourrait être comme le vent sous forme numérique, quelque chose que l’on peut sentir mais qu’on ne peut pas voir. Je pense que c'est à la fois une peinture et une œuvre un peu conceptuelle. C’est intéressant ce que vous dites sur ce que l’on sent mais qu’on ne peut pas voir vraiment. Plus je regardais vos peintures et plus je m’immergeais dedans, plus je pouvais reconnaître quelque chose de familier ; dans certaines, je peux voir la nature, dans d'autres des fleurs, pour d’autres je ne suis pas sûre de ce que c'est, mais je sais que c'est quelque chose qui existe dans le monde. Et puis il y a cette abstraction qui me fait presque douter que ce que je vois est vraiment ce que je crois voir. Les images jouent donc des tours intéressants à l’observateur et je ne sais pas si c'était votre intention ou si c'est juste le résultat. Les peintures vous donnent-elles la même impression? ROSA BERTOLI:

En tant que designer, j’observe sans arrêt les gens et les choses qui m’entourent. Parce que je crois vraiment que l’un des principaux rôles du design est de créer une culture. Il répond évidemment à certains besoins, comme s'asseoir, dormir, boire, etc. Mais nous savons aussi qu'une grande partie de l’activité consiste à répéter constamment certains archétypes et que l'un de nos grands objectifs est de créer et de stimuler une culture. Ce que je fais à travers les tableaux, c’est essayer de trouver une autre façon de voir le monde et les informations qui m’ont été données. Certaines peintures viennent d’un marché aux poissons en Corée, un gigantesque marché aux poissons à Séoul qui est un mélange de couleurs naturelles et de couleurs totalement artificielles. Et ce marché aux poissons, c’était tout cela : poissons, poulpes, coquillages de toutes sortes, algues, bleus, gris, verts. En plus, il y a des étiquettes, des récipients en plastique, des écrans, des gens qui travaillent avec des gants orange, tous ces éléments créent un environnement visuel semblable à une jungle, où l’on voit tout mais où il est impossible de tout récapituler, qu’on ne peut pas définir ni en faire un dessin. On a le sentiment d’être à l’intérieur de quelque chose de plus grand que soi. Ces dessins tentent donc de nous transporter, de nous transmettre un sentiment d’informations multiples autour de nous, en créant en fait des sensations très fortes. Lorsque les gens sont face à eux, ERWAN BOUROULLEC:

ils plongent littéralement dedans. Ce que j’aime vraiment, c’est que la définition extrême fait que même en s’approchant très près, on ne peut toujours pas déterminer le nombre de lignes, on ne peut pas en comprendre la texture. Cela, pour moi, c’est comme la nature de la réalité. J’aime cette lecture conceptuelle, qui est la façon de digérer la réalité. Ou encore d’essayer d’exprimer le chevauchement des informations que nous recevons dans notre monde numérique. Avec les dessins circulaires, je créé beaucoup de mobilier social avec l’agence Bouroullec et ici, d’une certaine manière, j’essaie aussi de comprendre ce que ferait un cercle, quels types de formes sont montrés, pour trouver la forme de la nature de notre mouvement . ROSA BERTOLI: Il y a donc un lien entre votre travail de designer et votre art visuel. ERWAN BOUROULLEC: Oui, je suis très heureux que les personnes sachent que ces dessins ont été réalisés par un designer. Si j’étais un bon artiste, je ne suis pas sûr que je ferais la même chose. Je pense que si on les lit sous l’angle du design, on peut les comprendre : c'est la magie des nombres qui se répètent, et la répétition des nombres c’est aussi la magie du design.

Le design est un processus très collectif, parce que vous travaillez en agence avec votre frère, vous travaillez avec des clients, vous travaillez avec des personnes qui sont impliquées dans le développement de votre projet. Et l’art est une dimension beaucoup plus intime. Trouvez-vous cette dualité dans ces deux types d’œuvres dont nous avons parlés? ROSA BERTOLI:

Je ne trouve pas exactement de dualité et je ne trouve pas d’opposition, je peux faire les deux. Ce n’est pas que les dessins appartiennent à une certaine période de ma vie, et le design à une autre. Je ne vois pas de différence dans l’activité en tant que telle, mais il y a une énorme différence entre les deux. Certaines de ces peintures peuvent même être un peu effrayantes ; elles ne sont pas très délicates, elles peuvent être fascinantes, et je pense que lorsqu’on crée des objets du quotidien, le design de produits n’est pas le meilleur moyen pour exprimer un certain type de sentiment. Il y a donc une liberté dans le dessin qui réside dans l’utilisation de la texture, des nuances, des couleurs. Mais je n’y vois pas une énergie différente. ERWAN BOUROULLEC:

Quels outils utilisez-vous, et quelle est leur importance?

ROSA BERTOLI:

ERWAN BOUROULLEC:

Je fais le codage initial, et je


travaille avec un codeur professionnel car certains dessins ont plus d’un million de lignes et nécessitent un logiciel très solide. Le concept initial et les règles de base, je les fais moi-même. L'une des choses que nous avons toujours pratiquées à l'agence, c’est apprendre directement la technique : je suis capable de construire presque tous les prototypes dans l'agence Bouroullec, chaque meuble que nous avons réalisé. Aucun de nous n’est un artisan professionnel et après avoir appris, nous sommes en mesure de créer des détails simples et clairs. Parce que lorsqu’on devient un artisan de très haut niveau, on est capable de créer des choses merveilleuses mais parfois, on passe totalement à côté d’une interprétation plus facile et commune. La raison pour laquelle je fais du codage moi-même, c’est juste pour être à ce niveau de débutant. Mon codage n’est pas de haut niveau. J’essaie juste de faire des choses très simples, on peut facilement décoder la façon dont il a été codé. Il est extrêmement important pour moi de faire les choses moi-même mais je suis aussi un très mauvais codeur alors j’essaie constamment de maintenir un niveau d’interprétation simple. C’est ce qui est lié à l’art, parce qu’on peut dire que l’art est le plus souvent une pratique peu répandue, tout le monde peut comprendre qu’il est fait par quelqu’un et qu’il est fait pour les autres. Et il n’y a pas de niveaux intermédiaires. Coder, c’est créer. Et lorsque les œuvres sont imprimées, comment les faites-vous passer de l’état

numérique à l’état physique? ERWAN BOUROULLEC: Il

est très important de les imprimer en grand format, pour qu’elles deviennent un panorama dans lequel on peut se plonger. Face à elles, on peut vraiment les sentir et participer à l’expérience de l’intérieur. Je passe des heures et des heures devant l’ordinateur pour créer ces lignes, mais je suis aussi satisfait de leur fond conceptuel. Je ne garde pas les tirages, parce que pour moi, ils vivent dans un monde numérique ; quand je les imprime, je les regarde pendant une heure avant qu’ils ne s’effacent, comme l’air. J'ai toujours été attiré par les peintures sur toile ; certains peintres ont été importants pour moi, comme Sigmar Polke, Georg Baselitz. Mais je suis aussi attiré par des peintures plus romantiques, comme celle de Caspar David Friedrich – je suis un peu tiraillé [rires]. Au siècle dernier, l’art a cherché comment représenter la réalité : c’est de là que je viens ; enfant, j’ai appris les techniques artistiques, j’ai toujours été confronté à de nombreuses formes d’art, et dans l’art, j’accorde autant d’importance à l’émotion qu’à la pensée conceptuelle. ROSA BERTOLI: J’aime le fait que vous puissiez vous inspirer de nombreux types d’art, et je pense que le fait que vous créiez de l’art visuel d’un point de vue de designer vous donne aussi cette liberté de ne pas devoir être nécessairement « encadré ».

ROSA BERTOLI:

En tant que designers, nous devons toujours prendre du recul par rapport aux émotions, car nous travaillons sur un délai très long. Je pense que les objets doivent apporter de la culture, mais ils ne doivent pas être trop bruyants. C’est une façon de transmettre quelque chose de différent. ERWAN BOUROULLEC:

Page 91 : Terrain, de 2019. Pages 92-93 et 96-97 : dessins sans titre, de 2020. Page 94 : Pile, de 2019. Tous de Erwan Bouroullec.



Wireline de Formafantasma

Trouvez les deux mots manquants?

Illustrations de Sany

Skygarden de Marcel Wanders studio

Qui est l’intrus?

Some Light Entertainment

JEUX


AIM de Ronan & Erwan Bouroullec

Combien y a-t-il de AIMs?

Smithfield de Jasper Morrison

Faites un tour en Smithfield!

Bellhop floor de Edward Barber & Jay Osgerby

Associez la personne et le marteau pour atteindre 100 Newton


QUESTIONNAIRE

Patricia Urquiola

L'une des créatrices actuelles les plus prolifiques et les plus fascinantes, l’architecte et designer espagnole Patricia Urquiola, s’est installée à Milan, s'immergeant dans la culture et la vie de la ville. Son travail allie confort, innovation, couleur et histoire, qu'elle associe à un savoirfaire unique. Nous lui avons posé quelques questions pour jeter un coup d’œil sur sa vie et ses pensées, et nous avons découvert un monde où l'émerveillement se mêle à la vie quotidienne.


Qu’est-ce qui vous rend heureuse?

Décrivez votre nouvelle normalité en trois mots.

La musique, toujours

La croissance des racines amphibies

Quelles couleurs vous représentent le mieux en ce moment ?

Qu’y a-t-il sur votre table de nuit?

Les désharmonies en Noir et Blanc

Nommez votre instrument préféré. Profilomètre.

Que collectionnez-vous?

Où vous sentez-vous le plus chez vous?

Dessinez votre objet design préféré.

A Milan

Aujourd’hui … “Snoopy” 1967 A. et P.G. Castiglioni

Les rêves

.

Le dernier livre que vous avez lu.

Qu’est-ce qui vous manque en ce moment ? (Du rire et des amis)


Contributeurs Sujata Burman est écrivain et consultante et vit à Londres. Pour ce numéro, elle parle avec Edward Barber et Jay Osgerby de vie et de design (p. 68).

Concept et Direction créative Apartamento Studios

Le photographe Pablo Di Prima a passé une journée avec Barber Osgerby pour créer un reportage intimiste sur la vie de leur agence (p. 68).

Design graphique Apartamento Studios

Rédacteur en chef Rosa Bertoli

Équipe Flos Barbara Corti Rosaria Bernardi Elisa Bodei Silvia Delaini Donatella Matteoni Francesco Funari

Nous découvrons Oblique à travers le travail de Klaus Kremmerz. L’illustrateur basé à Milan, a créé une série de vignettes au style caractéristique qui montrent la polyvalence de la lampe.

Traduction Team Agiliz@ tu gestion

L’artiste et illustrateur Sany, Impression alias Samuel Nyholm vit à Graficart, Treviso Stockholm. Pour ce numéJanvier 2021 ro de Flos Stories, nous lui avons demandé de trouver des jeux amusants autour Olya Oleinic est photodes dernières lampes Flos graphe et vit entre Londres (p. 98). et Amsterdam. Pour Flos Stories, elle a rencontré les designers Andrea Trimarchi et Simone Farresin de Formafantasma dans leur agence, pour photographier leur lampe Wireline pour Flos, leur routine quotidienne ainsi que leur chien Terra (p. 1). Le photographe Tommaso Sartori basé à Paris, a visité la Villa Ottolenghi et ses jardins au crépuscule ; son double portfolio présente la Wireline de Formafantasma ainsi que des lampes d’extérieur de Flos (p. 20). Federico Torra est photographe d’intérieurs et d’architecture et vit à Milan. Il a visité le studio minimaliste de Giuliano Radici où il a créé une série de compositions qui mettent en scène des lampes de Flos (p. 50).

Remerciements Edward Barber et Jay Osgerby Ronan et Erwan Bouroullec Ángel Cánovas Formafantasma Melek Kücükaksu Giuliano Radici Omar Sosa Patricia Urquiola


NOUVEAUX PRODUITS Printemps Eté 2021


INDEX DES PRODUITS

Collection Décorative Smithfield........................... Jasper Morrison.................. Skygarden Small................. Marcel Wanders.................. Aim.................................... Ronan & Erwan Bouroullec... Coordinates Wall. . ............... Michael Anastassiades.. ....... Wireline............................. Formafantasma.. ................. Bellhop F............................ E.Barber & J.Osgerby..........

2009/2021.................page........ 2021..........................page........ 2013/2021.................page........ 2020..........................page........ 2021..........................page........ 2021..........................page........

105 105 106 106 107 107

2020..........................page........ 2020..........................page........ 2020..........................page........ 2020..........................page........ 2020..........................page........ 2020..........................page........ 2020..........................page........

108 108 109 110 111 112 112

Collection d'extérieur IC Lights............................. Michael Anastassiades.. ....... Flauta Outdoor................... Patricia Urquiola................. In Vitro .............................. Philippe Starck. . .................. Caule................................. Patricia Urquiola................. Mile................................... Antonio Citterio.................. Wallstick et Walkstick........... Antonio Citterio.................. A-Round............................. Piero Lissoni....................... Collection Architecturale Zero Track.......................... Flos Architectural................ 2020..........................page........ 113 Oblique.............................. Vincent Van Duysen............ 2020..........................page........ 114


Smithfield Jasper Morrison, 2009-2021 Matériaux: Aluminium, méthacrylate Power: 4xMAX 70W - PRO version 45W Tension: 220-250V - Pro version 220-240V Source d'éclairage: 4 LED retrofit 10W E27 A70 965lm 2700-3000K / 4 LED retrofit 15/18W E27 T28 2000lm 2700-3000K Source d'éclairage PRO version: LED module 45W 2700K 2623lm CRI95 Push DIMM or DALI

dimmable

Nouvelles Finitions: Vert, Rouge

215 mm

215 mm 2700 mm

Disponibile en: blanc, noir, noir mat, mud

ø 600 mm

ø 600 mm

F1371035

Smithfield C Puissance: 280W

F1371039

F1370035

Smithfield Sunspension Pro Puissance: 45W

F1370039

Smithfield C Pro Puissance: 45W

F1367035

Push DIMM

F1367039

Push DIMM

F1366035

Push DIMM

F1366039

Push DIMM

F1369035

DALI

F1369039

DALI

F1368035

DALI

F1368039

DALI

Finitions disponibles

red

green

noir

noir mat

mud

blanc

Skygarden Small Marcel Wanders, 2020

197 mm

Matériaux: plâtre, verre, acier inox Power: 10W Tension: 220-250 V Source d'éclairage: LED retrofit 10W E14 T28 frosted bulbs Finitions: blanc, noir, noir mat, or, brun rouille

ø 400 mm

F6405009

F6405030

F6405031

F6405044

F6405047

Collection Décorative - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

Smithfield Suspension Puissance: 280W


Aim Ronan & Erwan Bouroullec, 2013 Matériaux: aluminium, pc Puissance: 12 - 16W Tension: 220-240V - Plug 230V Source d'éclairage intégrées: LED module 16W 895lm 2700K CRI90 dimmable Source d'éclairage intégrées Small version: LED module 12W 725lm 2700K CRI90

dimmable

Nouvelles Finitions: anodized green, anodized grey, anodized natural

149 mm

211 mm

Disponibile en: blanc, noir

ø 243 mm

ø 170 mm

Aim F0090023

F0090054

F0095039

Aim Cable + Plug F0092039

F0092023

F0095023

F0092054

F0097039

F0097023

Finitions disponibles

anodized green

anodized grey

anodized natural

Coordinates Wall1, Wall2 Michael Anastassiades, 2020 Matériaux: aluminium extrudé, silicium platinique opale extrudé Tension: 230V Source d'éclairage Wall1: LED module 15W 962lm 2700K CRI90 Source d'éclairage Wall2: LED module 24W 1403lm 2700K CRI90 Finition: anodisé champagne 400 mm 133 mm

800 mm

266 mm

F1810044

800 mm

ø 70 mm

F0095054

Aim Small Cable + Plug

90 mm

Collection Décorative - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

F0090039

Aim Small

ø 70 mm

F1811044

blanc

noir

F0097054


Wireline Formafantasma, 2021

* min 1850 mm - max 7850 mm

Matériaux: verre borosilicate extrudé, caoutchouc, acier Power: 45W Tension: 100-277V Source d'éclairage intégrées: LED module 45W 2700K CRI90 Finitions: rose, forest green

DIMMABLE

F9520034

F9520039

* en fonction de la hauteur du plafond

Bellhop Floor E.Barber & J.Osgerby, 2021 Matériaux: aluminium, verre, béton Tension: 100-240/48V Source d'éclairage intégrées puor la version corps blanc: 1 Cob LED 26W 1232lm 2700K CRI90 DIMMABLE Source d'éclairage intégrées pour les autres versions: 1 Cob LED 26W 1023lm 2700K CRI90 DIMMABLE Finition de la base: concret Finition du corps: blanc, cioko, vert, rouge brique Finition du diffuser: gris (pour le corps blanc), blanc (pour les corps cioko, vert and rouge brique)

1780 mm

ø 125 mm

ø 260 mm

F1070009

F1070026

F1070039

F1070075

Collection Décorative - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

1050 mm

ø 60 mm

13 00 m m


IC Light Outdoor Michael Anastassiades, 2020 Matériaux: acier inoxydable brassé peint Tension: 220-240V Source d'éclairage Wall1: LED 8W E14 800lm 2700/3000K dimmable Source d'éclairage Wall2: LED 13W E27 1400lm 2700/3000K dimmable Finitions: rouge burgundy, deep brown, noir , laiton, acier inox 381 mm

316 mm

ø 110 mm

216 mm

ø 110 mm

280 mm

ø 200 mm

ø 300 mm

IC Outdoor W1

IC Outdoor W2

rouge burgundy

deep brown

noir

laiton

acier inox

Flauta Outdoor Patricia Urquiola, 2020

500 mm

1000 mm

Matériaux: aluminium Power: 12W Tension: 220-240V Source d'éclairage intégrés: LED 12W 2x555lm 2700K / LED 12W 2x597lm 3000K / LED 12W 2x638lm 4000K CRI80 Finitions: gris, anthracite, forest green, blanc, noir, deep brown

225 mm

Collection d'extérieur - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

Finitions example

ø 45 mm

Riga 225

ø 45 mm

ø 45 mm

Spiga 225

Riga 500

Spiga 500

Riga 1000

Spiga 1000

Finitions example

gris

anthracite

forest green

blanc

noir

deep brown


In Vitro Philippe Starck, 2020 Matériaux: aluminium, verre Tension: IN 5V (Unplugged version) / 220-240V intégré / 110V sur demande Source d'éclairage Unplugged: Edge Lighting 2W 200lm 2700K/3000K CRI 90 Source d'éclairage autres versions: Edge Lighting 11W 1150lm 2700K/CRI 80, 11W 1230lm 3000K/CRI 80 NO DIMMABLE, DIMMABLE 1-10V, DIMMABLE DALI

300 mm

Finitions: noir, blanc, anthracite, deep brown, forest green, terracotta, pale green

ø 110

ø 150 mm

ø 180 mm

Plafonnier

Applique

Suspension

400 mm

600 mm

900 mm

ø 180 mm

Collection d'extérieur - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

425 mm

345 mm

ø 150 mm

425 mm

425 mm

30 mm

Unplugged

ø 155 mm

ø 155 mm

ø 155 mm

Bollard 1

Bollard 2

Bollard 3

Finitions disponibles

noir

blanc

anthracite

deep brown

forest green

terracotta

pale green


Caule Patricia Urquiola, 2020 Matériaux: acier inoxydable aisi 304 peint Tension:100-240V 50-60Hz Source d'éclairage (étage): Power LED 10W- 447 lm- 2700K/CRI80 , 480lm- 3000K/CRI80 Source d'éclairage (bollard): Power LED 5W- 447 lm- 2700K/CRI80 , 480lm- 3000K/CRI80 NO DIMMABLE, DIMMABLE 1-10V, DIMMABLE DALI

2300 mm

2800 mm

Finitions: noir, blanc, gris, anthracite, deep brown, forest green

300 mm

300 mm 1400 mm

950 mm

800 mm

1400 mm

950 mm

ø 48 mm

ø 500 mm

Caule Floor Nest 1, 2, 3

300 mm ø 45 mm

800 mm

1400 mm

950 mm

300 mm

ø 500 mm

1400 mm

Caule Floor 1, 2, 3, 4, 5

950 mm

800 mm ø 500 mm

800 mm

Collection d'extérieur - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

ø 45 mm

ø 500 mm

Caule Bollard 1, 2, 3

Caule Bollard Nest 1, 2, 3

Finitions disponibles

noir

blanc

gris

anthracite

deep brown

forest green

ø 48 mm


Mile Antonio Citterio, 2020 Matériaux: aluminium moulé sous pression, polycarbonate Tension: 220-240V / 110V on demand Source d'éclairage Wall 1 Asymmetric & Washer UP-DOWN: Mid Power LED 4,5W 431 lm 2700K, 4,5W 448 lm 3000K, 4,5W 465 lm 4000K/CRI 80 , Source d'éclairage Wall 2 Asymmetric & Washer: UP-DOWN Mid Power LED 7,5W 846 lm 2700K/CRI, 7,5W 879 lm 3000K, 7,5W 913 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Wall 1 Asymmetric & Washer UP&DOWN: Mid Power LED 7,5W 2x431 lm 2700K, 7,5W 2x448 lm 3000K, 7,5W 2x465 lm 4000K/CRI 80 , Source d'éclairage Wall 2 Asymmetric & Washer UP&DOWN: Mid Power LED 13,5W 2x846 lm 2700K, 13,5W 2x879 lm 3000K, 13,5W 2x913 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Bollard 1: Mid Power LED 4,5W 431lm 2700K, 4,5W 448lm 3000K, 4,5W 465 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Bollard 2: Mid Power LED 7,5W 846lm 2700K, 7,5W 879 lm 3000K, 7,5W 913 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Bollard 1 Double: Mid Power LED 7,5W 2x431 lm 2700K, 7,5W 2x448 lm 3000K, 7,5W 2x465 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Bollard 2 Double: Mid Power LED 13,5W 2x846 lm 2700K, 13,5W 2x879 lm 3000K, 13,5W 2x913 lm 4000K/CRI 80 NO DIMMABLE, DIMMABLE 1-10V, DIMMABLE DALI

Finitions: blanc, gris, anthracite, noir, deep brown, forest green

50 mm

100

mm

120

mm

Mile Wall 1 UP

Mile Wall 1 UP&DOWN

Mile Wall 2 DOWN

Mile Wall 2 UP&DOWN

mm

240

Collection d'extérieur - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

50 mm

100

Mile Wall 1 DOWN

mm

Mile Wall 2 UP

mm

50 mm

600 mm

900 mm

50 mm

150 mm

900 mm

600 mm

50 mm

150 mm

120

150 mm 50 mm

150 mm

120

mm

240

Mile Bollard 1 Mono

mm

240

Mile Bollard 2 Mono

mm

50 mm

50 mm 600 mm 120

mm

240

Mile Bollard 1 Double

900 mm

250 mm

900 mm

50 mm

250 mm

600 mm

250 mm 50 mm

250 mm

120

mm

mm

240

mm

Mile Bollard 2 Double Finitions disponibles

blanc

gris

anthracite

noir

deep brown

forest green


Wallstick & Walkstick Antonio Citterio, 2020 Matériaux: aluminium, glass Tension Wallstick: 24V Source d'éclairage Wallstick: Power LED 2,5W 264 lm 2700K, 2,5W 283 lm 3000K, 2,5W 303 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Walkstick: Power LED 6W 502 lm 2700K, 6W 539 lm 3000K, 6W 577 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage Walkstick Double: Power LED 8,5W 502+264 lm 2700K, 8,5W 539+283 lm 3000K, 8,5W 577+303 lm 4000K/CRI 80 NO DIMMABLE, DIMMABLE 1-10V, DIMMABLE DALI

Finitions: blanc, gris, anthracite, noir, deep brown, forest green

30 mm

30 mm ø 137 mm

ø 137 mm

Walkstick 1

Walkstick 2

30 mm ø 137 mm

Walkstick 2 Double

Finitions disponibles

blanc

gris

anthracite

noir

deep brown

A-Round Piero Lissoni, 2017

182 mm

215 mm

Matériaux: aluminium moulé sous pression, acier inox, verre Tension: 110/220-240V Source d'éclairage A-Round 150: LED 8W 572 lm 2700K, 8W 663 lm 3000K, 8W 715 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage A-Round 240: LED 21W 1760 lm 2700K, 21W 2040 lm 3000K, 21W 2200 lm 4000K/CRI 80 Source d'éclairage A-Round 315: LED 42W 3432 lm 2700K, 42W 3978 lm 3000K, 42W 4290 lm 4000K/CRI 80 Finitions: acier satiné, bronze satiné, or satiné, cuivre satiné

135 mm

Collection d'extérieur - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

493 mm 200 mm

Wallstick

900 mm

600 mm

6 mm

900 mm

ø 115 mm

52 mm

ø 150 mm

ø 240 mm

ø 315 mm

Finitions disponibles

acier satiné

bronze satiné

or satiné

cuivre satiné

forest green


Zero Track Flos Architectural, 2020 Matériaux: aluminium Tension: 24V Source d'éclairage Atom 90/120/200: Power LED 5,5W 450lm 2700K - 485lm 3000K / 8W 635lm 2700K - 680lm 3000K / 10,5W 1050lm 2700K - 1150lm 3000K CRI90 Source d'éclairage Find Me 0/1/1S/2: Power LED 3,5W 300lm 2700K - 325lm 3000K / 5,5W 450lm 2700K - 485lm 3000K / 10,5W 650lm 2700K - 700lm 3000K CRI90 NO DIMMABLE , DIMMABLE 1-10V, DIMMABLE DALI, DIMMABLE CASAMBI Finitions: noir, chromé, deep brown, blanc, bronzé

/1

00

0

m

m

7 mm

17 mm

30

00

/2 00

0

8 mm

m

3 m

mm

m

12

3

m

ø3

ø2

90

m

m

ø192 mm

Atom 120

Atom 200

220 mm

3000 mm

Atom 90

2

Collection Architecturale - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

50 mm

50 mm

15 mm 107 mm 6 mm

Surface Profile

m

m

m

m

12

0

m

m

m

m

m

m

m

Find Me 0

6

3

4

88

ø4

m

ø3

ø2

67

Find Me 1

Find Me 2

ø33 mm

Find Me 1 Suspension

Finitions disponibles

noir

chromé

deep brown

blanc

bronzé


Oblique Vincent Van Duysen, 2020 Matériaux: aluminium moulé sous pression, méthacrylate Tension: 24V Source d'éclairage intégrées: Top LED 8W 750lm 2700K - 800lm 3000K - 850lm 4000K CRI90 USB-C connexion intégrée Finitions: anthracite mat, marron mat, gris brillant, rouille mat, sauge brillant, blanc mat

350 mm

ø 120 mm

Collection Architecturale - Nouveaux Produits Printemps Eté 2021

ø 155 mm

anthracite mat

marron mat

rouille mat

vert sauge brillant

gris brillant

blanc mat


Pour plus d'informations, veuillez visiter notre site Web flos.com



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