Flos Stories issue number five - FR by Flos

Issue five: Flexibility – people, places and things shifting. Patricia Urquiola’s Almendra, Luminator comes in colours, two Copenhagen creatives explore Oblique Floor, and Mayday goes outdoors.

UNIVERS URQUIOLA

Créée par la designer espagnole Patricia Urquiola, Almendra est un système d’éclairage modulaire aux formes et aux couleurs qui rappellent l’amandier dont il tire son nom. Un projet ambitieux par son design et ses matériaux, une synthèse entre poésie et durabilité grâce à une technologie de pointe. Pour célébrer Almendra, nous avons créé un univers dans lequel la lampe devient le personnage principal, un monde dans lequel elle évolue avec légèreté entre nature et technologie, rêve et réalité. Patricia Urquiola nous parle ici de la genèse d’Almendra et de sa vision de l’avenir. Interview de Rosa Bertoli Illustrations réalisées par Manuel Carvalho et Nazara Lázaro

ROSA BERTOLI

Commençons par Almendra : c’est un projet d’éclairage qui résume plusieurs des thèmes récurrents de votre travail : la couleur, les formes courbes, la modularité, la composition. Comment ce projet a-t-il été conçu ?

La palette d’Almendra comprend des teintes pastel comme le blanc cassé, le nude, l’ocre, l’anthracite, ainsi que le vert pétrole et le lilas métallisés. Comment avez-vous choisi ces couleurs ?

PATRICIA URQUIOLA De chaque chose nait quelque chose. Almendra vient de la collection Serena (2015), où nous avions cherché à avoir des sources de lumière très simples et des éléments diffuseurs qui protégeaient la lumière de façon poétique, des feuilles très fines en aluminium. Seule la lampe de table est restée de cette collection, et nous n’avons jamais eu l’occasion de réaliser la suspension, imaginée comme une branche à trois pétales, car nous n’avions pas trouvé de technologie adaptée. Mais elle est restée dans ma tête. J’ai voulu adapter le concept pour un projet architectural. En en parlant avec Flos, nous avons songé à le repenser. L’idée de cette feuille est restée pour devenir une forme très simple qui rappelle aussi une coquille, et de Serena elle est devenue Almendra, une amande. Quand je pense à l’amandier, je ne pense pas seulement à la branche fleurie. Les amandes sont des organismes : l’amande n’est pas un fruit, c’est une graine qui est une sorte de récipient ovale, elle doit s’ouvrir pour laisser sortir l’amande. Ce sont des objets très simples, qui s’ouvrent. Nous sommes passés de la feuille à quelque chose de plus charnu, de plus solide, qui s’est simplifié pour devenir un appareil d’éclairage. C’est maintenant un module suspendu. Je l’aime parce qu’il est resté un objet modulaire très simplifié qui ressemble à une petite coquille ouverte, naturelle mais aussi mécanique. Technologique et naturel, et en même temps très simple dans son langage et sa poétique.

PATRICIA URQUIOLA Les couleurs sont issues de la nature. J’ai regardé les amandiers à Ibiza. En partant du vert, nous avons choisi les couleurs d’un almendro, les blancs pour les fleurs, l’ocre pour les branches et les coquilles. Et le nude, des couleurs qui font référence à une branche. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est le fait qu’une amande est un objet qui a sa propre temporalité. L’Almendra est la graine et la lumière et elle se trouve à l’intérieur de la coquille qui est comme une petite maison, un petit espace qui contient la graine, qui la protège. J’ai aimé explorer l’énergie des amandes. La lampe est encore un objet mécanique mais dans un avenir proche, j’imagine un luminaire qui s’ouvre et se referme, qui a sa propre mobilité.

Comment s’articule le design d’Almendra ? ROSA BERTOLI

PATRICIA URQUIOLA Le module peut être composé de différentes façons, parfois il se connecte comme les amandes attachées à la branche, ou il peut composer plusieurs éléments, verticaux ou horizontaux. Il peut aussi se ramifier en deux ou trois autres branches, en créant une composition très légère dans l’espace. Les éléments de ce module sont tous conçus pour créer de la lumière : ces deux ailettes sont comme un diffuseur, une métaphore de l’amande.

ROSA BERTOLI

ROSA BERTOLI Au cœur d’Almendra se trouve aussi une forte volonté de créer un produit durable à tous égards. Quels sont les éléments clés d'Almendra sur ce plan, et comment ont-ils été développés au cours du processus de création ? PATRICIA URQUIOLA Nous voulions concevoir la lampe comme s’il s’agissait d’un petit organisme. Les nouveaux luminaires ont une source LED, ils sont vraiment comme des organismes. Il ne s’agit plus d’une lampe avec un culot et une ampoule. Ils sont réalisés de manière beaucoup plus complexe, mais en même temps, ils ne doivent pas traduire cette complexité ; ils doivent être très simples sur le plan visuel : une simple source de lumière modulaire qui, en soi, reste un pétale, une simple coquille. Pour moi, il était important de pouvoir démonter l’objet à la fin de sa vie et d’en séparer simplement ses éléments. C’est souvent la partie la plus difficile avec les objets complexes. Almendra est déjà conçu dans cette logique. L’autre aspect important, ce sont les matériaux d’Almendra, comme l’aluminium extrudé, un matériau recyclable qui compose la branche et le luminaire. Quant aux coques latérales, elles ont été simplifiées et produites avec un polycarbonate durable. Les plastiques utilisés dans le projet sont raisonnés avec une vision tournée vers l’avenir : ils sont issus de la production du papier.

Et enfin, il était fondamental qu’il soit facilement démontable. Les finitions sont toujours à base d'eau, les connexions entre les pièces sont clipsées, il n'y a ni vis ni colle. Nous sommes dans un moment qui marque le début d'un processus, tous les produits doivent être conçus en pensant à leur fin. Il existe des liens nouveaux entre la production et l'utilisation. Dans la complexité, il est important de trouver les solutions les plus justes. ROSA BERTOLI Comment imaginez-vous Almendra dans l’espace ?

Almendra, comme tous les objets, fera partie des espaces dans lesquels nous vivons. Une bonne partie de l’éclairage sera dématérialisé, mais ces luminaires auront aussi une présence dans l’espace, donc ils devront avoir une certaine légèreté. Almendra est un système modulaire, avec des compositions sévères et linéaires lorsque les modules sont attachés les uns aux autres, ou bien plus courbes, organiques. Lorsqu’ils sont reliés entre eux, les objets s’élèvent et flottent naturellement dans l’air. L’intention n’était pas de faire des lustres comme des objets suspendus mais de créer une présence lumineuse, qui créé une relation avec l’espace. PATRICIA URQUIOLA

ROSA BERTOLI Dans ces pages, Almendra devient un personnage de mondes fantastiques, combinant nature, culture et technologie à travers des images oniriques et impossibles. Je sais que cette approche virtuelle de l’image vous fascine : qu’est-ce qui vous attire le plus dans le fait de pouvoir créer des images numériques ? PATRICIA URQUIOLA Plus que les mondes impossibles, ce sont les mondes numériques, ce que ce monde parallèle peut nous offrir et que le monde matériel et physique ne nous permet pas. C’était amusant d’amener Almendra dans ce petit métavers où il devient un objet technologique qui a sa propre vie et sa propre architecture, quelque part entre le naturel et l’artificiel.

Qu’est-ce qui vous attire le plus dans le monde virtuel ? ROSA BERTOLI

PATRICIA URQUIOLA Une bonne partie des objets qui nous accompagnent sont des extensions de notre corps. Je pense à un verre comme un

prolongement de la main, à une chaise comme une prothèse du corps. Mais il y a aussi les prothèses de l’esprit, des interfaces qui deviennent des extensions de notre esprit et qui ont besoin d’une nouvelle amorce. Je pense que ces deux présences seront de plus en plus imbriquées dans notre vie, nous devrons avoir du temps pour notre vie réelle, et pour notre vie numérique. L’une des choses qui m’intéresse le plus est d’affronter [le monde virtuel] pour en comprendre la logique, et savoir comment utiliser ces interfaces dans le travail de conception. Nous imaginons la réalité virtuelle comme un espace réservé à ceux qui sont physiquement aptes, mais souvent, un million de raisons nous empêche d’accéder à un lieu, à cause de notre âge ou de notre condition physique ; et au cours de cette période, nous avons fait l’expérience de ce que ça peut représenter. Le monde numérique est un fantastique laboratoire d’expérimentation qui n’annule pas la réalité mais qu’il faut affronter et je m’intéresse à tout ce qui doit être affronté de cette manière. De la même façon que nous devrons vivre notre vie réelle, nous devrons aussi faire face à un monde numérique, en parallèle et parfois même en superposition. C’est pour cela qu’il est important de planifier notre temps. ROSA BERTOLI

Parlez-moi de votre approche du

temps. PATRICIA URQUIOLA Lorsque les technologies s’immiscent dans notre vie de la mauvaise manière, elles deviennent vicieuses et problématiques. Mais de la même manière, elles peuvent aussi être très intéressantes. Je trouve qu’il est essentiel de comprendre comme gérer leur temps et apprendre à les connaitre. Parce qu'il faut se défendre de cette dualité et la gérer. J’ai toujours été préoccupée par la façon de gérer le monde numérique : toutes les béquilles pour notre corps ou notre esprit m’intéressent. Elles peuvent beaucoup nous aider, mais elles peuvent aussi beaucoup empiéter sur notre vie. Nous devons vivre avec elles, apprendre à les connaitre et nous amuser. J’observe beaucoup comment les jeunes abordent cette question. Ils ont déjà compris qu’ils devront toujours se partager, alors peutêtre auront-ils déjà une très bonne capacité à interagir avec ces deux mondes simultanément.

Nous avons appelé ces pages Univers Urquiola. Quelles sont les choses importantes dans votre monde ? ROSA BERTOLI

PATRICIA URQUIOLA Je m’intéresse non seulement à la conception de l’espace, mais aussi à celle du temps. Nous savons que nous avons besoin d’un espace physique, car évidemment, notre matériel doit exister, mais nous devons aussi disposer d’un espace numérique complémentaire qui se superpose à la réalité augmentée et à d’autres technologies et outils de communication. Le concept de temps me suit depuis ma thèse au Politecnico : j’étudiais la domotique et l’idée des flux contenait déjà beaucoup de ces thèmes contemporains, même si les technologies n’étaient pas encore avancées faute de technique. Mais ce thème représente la réalité d’aujourd’hui, de comment les choses sont interconnectées ; l’internet des objets est l’évolution de ce concept. Être architecte-designer n'est pas une profession, c'est un style de vie, ça implique toute ma vie. Il est donc essentiel pour moi de gérer mes émotions et d'apprendre. Je m’intéresse aussi beaucoup aux échanges avec les entreprises pour fabriquer des produits de manière plus durable, pour mieux utiliser les matériaux. Par exemple, si nous devons utiliser le plastique, nous utilisons du bioplastique, comme pour Almendra. Nous devons nous assurer que les éléments peuvent être démontés après usage. Ce sont toutes ces choses qui font partie de la voie dans laquelle je crois, avancer avec l’entreprise de manière honnête pour trouver de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. Et les objets sont des pierres dans ce paysage, des signes qui racontent mon parcours au fil du temps. J’aime qu’Almendra, un objet qui est né avec Serena, soit finalement devenu ce luminaire qui a sa propre gravité.

mais au moins réussir à filtrer ma vie à travers celui-ci. Mon temps est très important pour moi. Mon autre rêve est de donner à l’homme un rôle différent. Dans la période que nous vivons, avec cette vision anthropocentrique de la vie, il est clair pour tout le monde que nous ne sommes plus le centre du sujet ; nous sommes collatéraux d’un système plus complexe. Cette constellation « Urquiolesque », où évolue mon avatar représente la façon dont nous faisons partie d’une chose ; mais nous ne sommes pas au centre de tout, nous sommes au centre de notre façon de gérer nos émotions, nous devons entrer dans un circuit qui est plus grand que nous. C’est la grande limite de notre éducation humaniste, puisque nous étions le centre ; l’une des erreurs qui nous a conduit naïvement à faire d’autres erreurs, c’est le fait que le monde était entièrement pensé pour que nous progressions. Le problème est que nous avons également créé un déséquilibre. Une fois que nous avons une vision plus large, nous devons comprendre que tout n’est pas fait pour nous ; nous faisons nous-mêmes partie d’un processus plus large, nous devons donc nous placer dans un rôle différent. Dépasser la perspective anthropocentrique signifie comprendre que nous faisons partie d’une constellation complexe dans laquelle tout ne doit pas nécessairement être fait pour l’homme. Nous devons comprendre que nous sommes une petite partie d’un système complexe pour observer et interagir dans une perspective plus large. Une prise de conscience de notre situation présente et future. Devenir un peu comme du compost et comprendre enfin la réalité de la vie sur cette planète.

ROSA BERTOLI En 2020, dans un question/réponse pour Flos Stories, vous nous avez dit : ‘Je collectionne les rêves’. Quels sont vos rêves en ce moment ? Et qu’imaginez-vous pour l’avenir ? PATRICIA URQUIOLA Je rêve de planifier notre temps personnel, d’apprendre à être davantage en contact avec les différentes réalités. Je rêve de pouvoir, non pas trouver un équilibre parfait,

FLOS STORIES

ISSUE FIVE: FLEXIBILITY

Lorsque la Mayday de Konstantin Grcic a remporté le prix Compasso d'Oro en 2001, le jury a cité sa "souplesse d'utilisation, ses multiples et faciles possibilités d’utilisation" comme quelques-uns des ingrédients clés qui en font une lampe exceptionnelle. Plus de 20 ans plus tard, Mayday est toujours aussi actuelle et se transforme désormais en lampe d'extérieur, une évolution naturelle pour un design adaptable caractérisé par sa fonctionnalité pratique. Mayday est l'une des nombreuses lampes qui nous ont inspiré un regard sur la flexibilité pour ce numéro de Flos Stories. Oblique de Vincent Van Duysen, une interprétation minimaliste de la lampe de bureau classique, est maintenant déclinée dans une version lampadaire, étendant ainsi sa fonctionnalité partout dans la maison. Nous essayons Oblique et Oblique Floor avec deux créatifs de Copenhague, qui nous racontent comment vivre et travailler avec cette merveille d'éclairage compact. Le Luminator d'Achille et Pier Giacomo Castiglioni est un 15

autre modèle historique que nous célébrons dans ce numéro, une lampe dont les formes iconiques sont inondées d'une nouvelle palette de couleurs pop. Mais la superstar est sans aucun doute l'Almendra de Patricia Urquiola. Pour célébrer le nouveau projet d’éclairage de l'architecte espagnole, nous avons travaillé avec elle pour créer un monde imaginaire, qui s’inspire des rêves, de paysages préférés, de références culturelles et de futurs imaginaires. Dans un entretien approfondi qui accompagne les images, nous explorons l'univers de Patricia à travers ses créations, ses inspirations et ses thèmes récurrents, et nous découvrons ce qui est le plus important en ce moment dans sa vie et son travail. Apparemment, la flexibilité est une préoccupation majeure de l'architecte, qui a appris depuis des décennies à opérer entre les mondes physique et numérique. « Nous avons besoin de temps pour notre vie réelle et notre vie numérique", nous dit-elle. « Nous devons aborder cette dualité et apprendre à étendre le temps de notre vie".

Couverture L’univers de Patricia ↓

18 Almendra à la maison Neuendorf de John Pawson ↓

CONTENUTS

68 Des lampes à vivre ↓

Supplément Rêver avec Mayday ↑

96 Jeux par Sany

98 Questionnaire Michael Anastassiades

48 Rêve de Pouilles ↓

100 Contributeurs

82 Luminator ↑

101 Nouveaux Produits Printemps '22

Almendra dans la maison Neuendorf de John Pawson

La maison Neuendorf à Majorque a été conçue par John Pawson avec Claudio Silvestrin en 1989. Premier projet architectural complet de Pawson, elle a été commandée comme maison de vacances par Hans et Caroline Neuendorf, collectionneurs d'art et entrepreneurs numériques allemands. “Cette maison me fascine toujours", déclare Caroline, qui, avec son mari, a fait appel aux jeunes architectes de l’époque, Pawson et Silvestrin. Les architectes, qui ont eu carte blanche, ont créé une grande villa sur une amanderaie donnant sur la mer, définie par des séparations verticales qui reproduisent les couleurs de l’environnement, avec des ouvertures verticales spectaculaires, et dont la structure rappelle la version contemporaine d’un château médiéval. La lumière et la nature semblent définir la façon dont les Neuendorf vivent leur maison : "Je l’adore le matin, de bonne heure. Il y a quelque chose de magique quand le soleil se lève et qu’on regarde la piscine, en toute tranquillité ", se souvient Caroline. En effet, ajoute-t-elle, la maison est animée par des jeux d’ombres et de lumières tout au long de la journée. Cette maison projette des ombres si fascinantes, c’est d’une beauté exceptionnelle". En janvier 2020, Pawson a parlé de l’éclairage à Spencer Bailey. Avec la maison Neuendorf qui sert de toile de fond à ces images de l'Almendra de Patricia Urquiola, nous revenons sur cette conversation pour découvrir l'approche architecturale de la lumière par le designer. Photographie de Tommaso Sartori 20

John Pawson sur la Lumière SPENCER BAILEY

J’ai toujours voulu vous interviewer sur la lumière.

Eh bien, comme disait Louis Kahn, « une pièce n’est pas une pièce sans lumière naturelle. »

JOHN PAWSON

Commençons par la lumière naturelle et artificielle. Comment les voyez-vous dans vos projets ?

SPENCER BAILEY

J'ai toujours essayé d'éviter de voir les luminaires. C’est très difficile si l’on veut diffuser de la lumière qui plane dans l’espace, à mi-chemin entre le plafond et le sol : parfois il faut en installer. Il n’est donc pas toujours possible de les cacher. Lorsqu’il fait beau, qu’il fait jour et que tout va bien, il y a ces lampes disséminées dans la pièce qui ne sont pas utilisées et cela semble toujours étrange. Mais, évidemment, lorsque la nuit tombe ou quand la lumière naturelle est insuffisante ou que le soleil ne brille pas, il est très agréable de les avoir. Et j'ai toujours aimé les bougies. J'ai également conçu une lampe à huile, avec cette flamme qui bouge, comme un feu, et créé beaucoup d'animation.

JOHN PAWSON

Vous avez dit par le passé qu’aucun autre facteur n’a peut-être un impact aussi profond que la lumière sur la façon dont on se sent dans un lieu. SPENCER BAILEY

Sans lumière, il n'y a pas d'architecture. Même quand je vivais au Japon – ça fait un peu cliché – il y avait cette lumière qui traversait les panneaux shoji. C'est un sentiment intéressant : on est à l'intérieur et on ne peut pas regarder dehors, on voit juste la lumière. On pourrait être

JOHN PAWSON

n'importe où – toujours au Japon bien sûr – à moins qu’on ne soit quelque part à New York et qu’on ait acheté des panneaux shoji et un tatami. Dans notre nouvelle maison, la mienne et celle de Catherine (ma femme), dans les Cotswolds, l’éclairage est très étudié et nous avons beaucoup de lampes à huile et de bougies. Je garde l’éclairage assez bas pour que les pièces ne ressemblent pas à un plateau photo, mais plutôt à un film japonais à l’éclairage tamisé. Dans votre nouveau livre chez Phaidon, Anatomy of Minimum, il y a l'idée de "récits sacrés". Elle est décrite comme une caractéristique de votre travail. Comment voyezvous la lumière dans ces récits sacrés, ou même lorsqu'il s'agit du concept « d’espace sacré » ? SPENCER BAILEY

Eh bien, les églises sont orientées vers l'est, vers le levant, et elles ont toujours été conçues pour tirer parti de la façon dont la lumière se déplace. Elles ont souvent une fenêtre à l’ouest, par laquelle entre la lumière au coucher du soleil. Il y a aussi cette lumière encore bleutée qui entre par la fenêtre orientée au nord, et cette couleur dorée qui entre par la fenêtre orientée au sud, ou le mélange de lumière froide et chaude. La lumière est un des moyens qu’on utilise pour essayer de créer un espace sacré. Il n’y a aucune garantie. Lorsqu’on conçoit une église, on fait tout ce qu’on peut pour lui donner ce quelque chose, parce qu’on essaie d'aider les gens à se rapprocher de Dieu.

JOHN PAWSON

Dans une des photos qui figure dans votre livre A Visual Inventory, on voit la lumière du soleil filtrer dans la cage d'escalier de votre bureau du nord de Londres ; SPENCER BAILEY

vous la décrivez comme un "moment de transcendance". Que pensez-vous de ces moments de transcendance lumineuse et de l'effet qu'ils produisent sur vous ? Je suis très sensible aux changements et aux moments. Dans la nouvelle maison à la campagne, il est très rare qu’il n’y ait pas de soleil du tout. Je suis toujours en train de regarder dehors et il y a beaucoup de fenêtres, même si c'est une ferme du XVIIe siècle, et c’est étonnant de voir comment on peut ressentir la moindre variation de lumière. Ce sont des moments qui se succèdent sans cesse. Quand le soleil se lève ou quand le ciel s'ouvre soudainement, l'escalier devient un espace totalement différent, c'est bon d’être vivant.

JOHN PAWSON

En fait, c'est un peu comme si vous aviez étudié la lumière toute votre vie. Vous y êtes toujours très attentif. SPENCER BAILEY

Ce n’est pas une méthode très scientifique, je ne fais que regarder simplement les choses. Ça a évidemment commencé il y a longtemps, mais j’ai commencé à me concentrer davantage sur les livres et d’autres projets.

JOHN PAWSON

En ce qui concerne la lumière artificielle, je sais que vous avez mentionné cette idée de vouloir cacher les luminaires, quel est votre idéal ? SPENCER BAILEY

Je dirais les bougies. Évidemment, ce n'est pas une solution pratique, mais les bougies seraient mon rêve, car elles créent tout de suite l’atmosphère.

JOHN PAWSON

Quelles ont été pour vous les expériences transcendantes les plus récentes avec la lumière ?

SPENCER BAILEY

Oh, mon Dieu. On pense à des choses comme regarder le soleil se lever à Petra (en Jordanie). Il est plus facile de se souvenir de ce genre de moments : les choses spectaculaires, naturelles, ou celles qui se déroulent dans les villes où l'architecture et la lumière du soleil s’entremêlent. C’est ce que j’aime à la maison, dans les Cotswolds, ce soleil qui nous suit partout. C'est comme si quelqu'un se promenait dans la maison avec une lampe. Marcher dans Bryce Canyon, dans le sud-ouest des ÉtatsUnis. Ce sont des exemples assez évidents. Et les bois avec la lumière du soleil sont très beaux. Il y a eu beaucoup de moments extraordinaires avec la lumière et l'eau, aux Philippines, dans ces baies, ces zones volcaniques inondées d'eau scintillante. Et, bien sûr, la plongée sous-marine. Mais la lumière est un problème pour moi. C'est pour ça que je suis un si mauvais plongeur, parce que je cherche toujours la lumière. Et si on fait de la plongée sous-marine en se disant : "Oh, mon Dieu, regardez cette lumière ! La façon dont la lumière filtre est si belle", et puis on se dit, "Oh ! Qu’est-ce que c’est ? Un requin ! " [Rires] JOHN PAWSON

SPENCER BAILEY

JOHN PAWSON

[Rires] Je pourrais continuer à parler de la lumière …

Ou nous pourrions simplement parler de la merveilleuse lumière qui filtre à travers le Panthéon à Rome. SPENCER BAILEY

JOHN PAWSON

Oui. C’est toujours un must. A chaque voyage

à Rome …

A l'origine, une version intégrale de cet interview figurait dans le livre Elements of Light publié par Flos en 2020. 36

–––––––––––––––––––––– MATERIAUX DURABLES Pétales en polycarbonate durable qui est dérivé d’un sous-produit de la production de papier au lieu du pétrole. –––––––––––––––––––––– RECYCLAGE FACILE Almendra est facile à démonter et chaque partie peut être recyclée correctement. –––––––––––––––––––––––

Pour en savoir plus flos.com/sustainability

RÊVE DE

POUILLES

La Mayday de Konstantin Grcic va dehors:

Nous emportons la nouvelle version « tous temps » de ce légendaire modèle de design multifonctionnel dans les jardins d’une villa des Pouilles.

En journée, la lampe est une présence discrète, dont les caractéristiques pratiques viennent renforcer le design épuré. La nuit, elle est un phare fonctionnel qui éclaire ses environs, depuis le crépuscule jusqu’à l’aube.

Photographie de Tommaso Sartori

–––––––––––––––––––––– MATERIAUX DURABLES Design durable désormais, fabriqué en polypropylène obtenu à partir du traitement de déchets industriels. –––––––––––––––––––––– RECYCLAGE FACILE Comme aucune colle n'est utilisée dans le processus d'assemblage, Mayday est facile à démonter, de sorte que chaque pièce peut être recyclée correctement. –––––––––––––––––––––––

Pour en savoir plus flos.com/sustainability

Copenhague, Décembre 2021 Nous rendons visite à deux créatifs locaux dans leur maison et leur agence, pour parler de leur vie sur le plan du design et de la créativité. Ils partagent avec nous leurs intérieurs et leur vie créative, et nous parlent de leur approche multifonctionnelle de la vie et du travail.

LAMPES POUR LA VIE Leurs espaces sont le cadre idéal pour présenter OBLIQUE FLOOR, une nouvelle déclinaison de la version contemporaine et incroyablement polyvalente de la classique lampe de bureau à bras pivotant de VINCENT VAN DUYSEN. Aujourd'hui repensée avec de nouvelles proportions, Oblique Floor étend l'approche minimaliste de Van Duysen à une myriade d'utilisations domestiques (et plus). Une lampe qui est aussi à l'aise au bureau que dans l’espace informel d’un studio ou à la maison : sa source lumineuse, impeccablement développée, favorise la concentration et permet aux couleurs d'émerger magnifiquement tout en laissant ses utilisateurs en disposer au mieux de leurs besoins. Interviews par Rosa Bertoli Photographie par Petra Kleis

PROFIL

Josephine Akvama Hoffmeyer

La créatrice danoise et ghanéenne Josephine Akvama Hoffmeyer a travaillé dans la musique avant de devenir architecte d'intérieur et de lancer sa marque File Under Pop en 2015. Nous entrons dans son univers coloré, mi atelier, mi terrain de jeu créatif, où les matériaux sont immergés dans des compositions de couleurs, des géométries sublimes et une inspiration rafraîchissante. 57

ROSA BERTOLI

Quelle est votre formation ?

Je suis née à Copenhague. Ma mère est danoise et mon père Ghanéen. J’ai eu une enfance pleine de contrastes, car ils sont totalement différents l'un de l'autre, en tant qu'êtres humains mais aussi en termes de culture, d'expériences et d'expression. Mon parcours professionnel est ancré dans la musique. J'ai fréquenté une école secondaire axée sur la musique et j'ai grandi en chantant, en dansant et en jouant du piano. La musique est la source de ma créativité : littéralement au début de ma vie professionnelle, mais aussi maintenant que je transpose cette même source de créativité dans un domaine différent, le design d’espaces. Pour moi, composer une pièce c’est comme composer un morceau de musique.

Comment la ville a-t-elle contribué à façonner votre activité créative ?

Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux surfaces carrelées ?

Le fait de vivre aujourd'hui dans la ville où j'ai grandi m'a permis de créer autour de moi un réseau de personnes qui contribuent à me façonner et dans la vie desquelles j'espère aussi laisser mon empreinte. Ce sentiment d'appartenance est très important pour moi et a définitivement influencé ma vie, tant sur le plan professionnel que personnel.

JAH

JOSEPHINE AKVAMA HOFFMEYER

Je crois que j'ai toujours été attirée par le désir d’avoir un "chez moi". Peutêtre que je me sentais un peu différente quand j’étais jeune. Je pense que c'est le cas pour beaucoup d'entre nous. Et beaucoup d'entre nous sont donc motivés pour trouver un sentiment d'appartenance afin d'équilibrer les contrastes que nous portons tous en nous. Je recherche l'harmonie dans RB Quand avez-vous décidé de faire du mon environnement, dans les objets qui design et de la créativité une carrière m'entourent, et même dans les expériences professionnelle ? et les personnes qui peuplent ma vie. La maison a un énorme impact sur notre bienJAH Pour moi, il existe un lien réel entre être, et je savais que je voulais travailler mon ancienne carrière de musicienne et ce d'une manière ou d'une autre dans le doque je fais aujourd'hui. Je passe beaucoup maine de la décoration intérieure. Je me de temps à jouer de la musique et à me suis rendue à de nombreux salons et je suis produire sur scène. J'ai passé toute ma jeu- soudain tombée amoureuse du carrelage, RB Vous avez vécu à New York et en Italie ; nesse à écrire de la musique, ce qui, pour qui n'avait pas vraiment évolué depuis des qu’est-ce qui vous a décidé à revenir à Co- moi, est très proche du travail de concep- années. J'ai vu un grand potentiel dans la penhague et à y établir votre entreprise ? tion. La création musicale et la conception fusion de l'élément pratique du matériau, à d'un espace requièrent la même sensibilité : l’époque c’était la pierre de lave, avec mon JAH Ma vie s’est en quelque sorte déroulée toutes deux émanent du même espace créa- esthétique personnelle. avec Copenhague en toile de fond. J'aime tif en moi. En ce sens, le passage au design me sentir chez moi dans cette ville. Lorsque n'a pas vraiment été une décision, mais RB Comment avez-vous développé des reje me promène, je rencontre des gens que plutôt une question de changement de si- lations avec les artisans qui constituent la j'ai connus il y a des dizaines d'années et tuation dans ma vie. J'ai déménagé en Italie, base de votre marque, et comment travailje me sens immédiatement ramenée à cette sans aucune connexion avec la scène mu- lez-vous avec eux ? époque de ma vie. D'une certaine manière, sicale locale, et j'ai simplement dû recomil y a tellement de rappels de ma vie dans la mencer ma vie. Ce moment a été une crise JAH Je travaille en étroite collaboration ville que ça me donne le sentiment d’avoir bien sûr mais aussi une transition vers une avec notre production en Italie et en Esnouvelle expression de ma créativité. Je pagne, notamment lorsque nous créons un but et un sens. ressens vraiment la même chose, j'ai juste de nouveaux produits. En Espagne, nous changé mon orientation expressive, mais le avons un atelier familial qui produit excluprocessus derrière est fondamentalement sivement pour File Under Pop. Il fabrique le même. les carreaux de céramique que nous utilisons dans nos projets dans le monde entier. En Sicile, je travaille avec les mêmes personnes depuis 20 ans, et nous avons un lien très étroit. Au Danemark, mon équipe et moi suivons en permanence le processus d’extraction des blocs de pierre de lave de l'Etna, qui sont ensuite soigneusement traités pour former nos carreaux. Nous avons développé une forme d'artisanat assez unique qui unit les industries de la pierre brute et de la céramique. Il s'agit d'un processus extrêmement délicat, que très peu de personnes maîtrisent. JAH

La couleur est un élément fondamental de votre activité. Comment l'abordez-vous, tant dans votre marque que dans les espaces où vous vivez et travaillez ?

Comment abordez-vous l'intérieur de RB Dans votre agence, vous travaillez cet espace ? Quel rôle joue la lumière, na- avec Oblique et Oblique Floor : que pouturelle et artificielle ? vez-vous me dire sur l'utilisation de ces lampes comme source de lumière fonctionJAH La lumière est très importante. Dans nelle et comme objet ? JAH Les couleurs ne sont pas juste des cou- notre travail, nous créons les maisons des leurs. Les couleurs sont de la lumière. Les gens et des concepts architecturaux, et la JAH La lampe prend très peu de place. En couleurs sont des matériaux. Les couleurs lumière en est un élément clé. Le File Un- fait, elle ne ressemble pas du tout à une sont formées par divers facteurs dans la der Pop Studio est notre terrain de jeu créa- lampe. Elle me fait penser à une note dessisituation dans laquelle elles sont perçues. tif et il fait partie de notre vie quotidienne. née sur la portée d'un morceau de musique. Donc parler de la couleur ne suffit pas, il Au début, j'ai gardé l'espace du Studio très Elle possède une légèreté qui lui permet faut plutôt se demander qui utilise la cou- focalisé sur le design d’espaces, mais au fil d’interagir facilement avec de nombreux leur et dans quel contexte ? Quel est le ma- des années, l'impact de l'interaction entre intérieurs différents. Et elle est super techtériau de la surface ? Quelle est la texture, les personnes, les objets, les meubles et la nique. La lumière projetée est assez longue, et la sensation ? Et bien sûr, quelle est sa lumière est devenu prépondérant. Nous dé- ce qui est surprenant pour un design fonction ? C'est ce que nous faisons chez plaçons les objets d’un endroit à un autre, aussi fin. File Under Pop : toute notre équipe tente de nous faisons des essais avec les couleurs et traduire la couleur en valeurs, en émotions nous essayons vraiment de créer un espace RB Comment la fonctionnalité des deux et en différentes étapes de la vie. D'une qui touche les gens lorsqu’ils entrent. lampes s'inscrit-elle dans les fonctions spécertaine manière, la couleur est un outil à cifiques dans votre agence ? notre disposition. Nous créons du volume, des traits et des formes avec la couleur. JAH Elle fonctionne bien comme lampe de Nous trouvons la bonne couleur pour le bon travail. Avec son faisceau long et large, on n’a pas besoin d’être très près de la lampe contexte et les personnes qui y vivent. Pour moi, c'est la philosophie de ce que je fais. pour obtenir une lumière de travail adéJ'ai récemment emménagé dans un nouquate. Dans notre bureau, nous pouvons vel appartement qui ne présentait aucun nous asseoir autour d'un grand bureau et élément nostalgique dans sa construction, partager la lumière d'une ou deux lampes et c'était un véritable défi de le persontout en travaillant ; et aussi, elle ne prend naliser. J'ai utilisé des couleurs claires pas beaucoup de place. comme note de base dans tout l'espace, Nous sommes constamment en contact puis j'ai créé des accents puissants avec avec nos clients au sujet des couleurs, des couleurs plus audacieuses. J'ai aborjusque dans les moindres détails d'un codé les couleurs de la même manière pour loris. Une lampe de travail appropriée est mon bureau, et même dans ma maison de donc très utile dans notre agence, et c’est vacances. J'ai besoin de luminosité aumême une nécessité pendant la longue et tour de moi pour penser et être créative. sombre période hivernale en Scandinavie. RB

PROFIL

Ruben Hughes

Le jeune directeur artistique européen Ruben Hughes est un New-Yorkais installé à Copenhague, où il a travaillé comme directeur artistique et a créé du contenu visuel pour de grandes marques de design. Nous lui rendons visite dans son appartement minimaliste de Copenhague, où les classiques du design s’allient à un éclairage doux pour créer une atmosphère chaleureuse, dans un espace qui sert à la fois de maison et de studio. 67

Comment est né votre intérêt pour le design ?

ROSA BERTOLI

A quel moment êtes-vous venu vous installer à Copenhague ? RB

Racontez-moi comment votre activité a changé depuis que vous vivez à Copenhague.

RUBEN HUGHES J'ai toujours été intéressé par RH Je suis venu à Copenhague en 2017 RH Je pense que lorsqu’on vit à Copenle design et la décoration. Lorsque j'ai ache- pour voir deux clients et j’ai pensé que hague, c'est comme si on était à l'école té mon premier loft, j'ai ressenti le besoin c'était un endroit où je pourrais vivre. Et je 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. On vous d’y installer de beaux meubles, et ma toute commençais aussi à être un peu fatigué de enseigne constamment différentes perspremière chaise était une Eames. Je l'ai New York. Je ne comptais plus mes heures, pectives de conception, que ce soit dans la toujours aujourd'hui. C'était ma première j'avais l'impression que tout le monde au- mode ou dans le design. J'ai l'impression incursion dans le design et cela a déclen- tour de moi était en burnout et je ne vou- que mes goûts et mes centres d'intérêt ont ché une réaction en chaîne qui m'a donné lais pas être le prochain. Vous savez, quand évolué et que mon style de vie s'est amélioenvie de m'intéresser à d’autres designers, on voyage, on découvre des points de vue ré ; toutes ces choses ont en quelque sorte à d’autres marques et à leurs histoires. différents et on réalise que le monde ne se changé en vivant en Europe en général, limite pas à l’endroit où l’on vit. Le monde mais surtout à Copenhague. RB Vous avez une formation en journa- est bien plus que cela. On m'a proposé un J'ai travaillé pour plusieurs entreprises en lisme et vous avez travaillé dans le mar- emploi ici, et j'ai pensé que c'était proba- tant que directeur artistique ; je créais du keting avant de commencer à collaborer blement la bonne chose au bon moment. contenu, des catalogues, des reportages inavec les marques de manière plus engagée. Pour emménager ici, j'ai vendu la plupart ternationaux, mais je me suis naturellement Quand avez-vous décidé de devenir direc- de mes meubles par l'intermédiaire de retrouvé à m’interroger sur la suite : où estteur artistique ? mes amis du magasin Lichen de Brooklyn. ce que je voulais vraiment travailler ? J'ai Dans un sens, ça m'a fait réfléchir à ce que trouvé un poste au grand magasin de luxe RH Je voyageais beaucoup et j'ai commencé je voulais et à ce qui comptait vraiment Illum de Copenhague, où j'ai travaillé en à avoir une perspective différente de la vie pour moi. Comment puis-je vivre mainte- tant que directeur artistique pendant un an et de mon travail. Je ne suis pas en aucun nant dans ma propre maison ? Quels sont et demi. Et là, j'ai eu l'impression d’avoir cas un photographe professionnel, mais j'ai les objets avec lesquels je veux vivre ? Au- créé mes racines à Copenhague. Je faisais appris à photographier tout seul ; je voulais jourd’hui, je me débarrasse constamment des publicités, des éditoriaux pour la mode me mettre à la place du photographe pour de choses et je réévalue l'espace comme et le design, des contenus sur la nourriture et pouvoir le diriger le mieux possible. Je me point de départ. la beauté. J'ai contacté tous les photographes suis donc retrouvé dans différents endroits, et stylistes de Copenhague et je les ai invités à tout photographier, depuis les meubles RB Je suis curieux, avec quels objets avez- à prendre un café ou à dîner, avec l’idée jusqu’aux enceintes. vous commencé votre vie à Copenhague ? de créer le concept que je voulais donner à ce grand magasin très ancien. Et j'ai réussi RH Je me suis demandé ce que je possède- à créer une atmosphère vraiment magique. rai encore dans quelques années. J'ai gardé la chaise Eames, car elle a une valeur sentimentale pour moi, de par son design et son héritage américain, mais aussi parce qu’elle me rappelle mes débuts. J'ai apporté un lit que je n'ai plus parce qu'il s'est cassé pendant le transport, mais il était très spécial : il provenait d'une entreprise de Chicago qui fabrique des produits pour les Amish. Lorsque je l'ai commandé, ils m'ont dit au téléphone qu’ils ne pouvaient parler au fabricant que le lundi, parce que là-bas, les gens n'ont pas le téléphone et doivent aller en ville pour en utiliser un ; c'était un lit fait sur mesure, spécialement pour moi, dans une couleur personnalisée et j'ai pensé qu'il était unique en son genre. Ce sont donc les histoires qui retiennent vraiment mon attention, chaque fois qu'une histoire est associée à un objet.

Quel a été votre défi professionnel après cela ?

Quelle est votre approche de la lumière dans votre maison ? J'imagine que Copenhague peut être assez sombre, surtout en hiver.

Comment était-ce d’essayer Oblique chez vous ?

RH On m’a confié un projet avec Velux, un RH C'est une belle lampe minimaliste qui fabricant de fenêtres ; je voulais m’occuva bien avec ma maison. J'apprécie vraiper d’une marque que beaucoup de gens RH Le Danemark est définitivement un ment la puissance de la lumière de cette connaissent mais qu’ils ne trouvent pas in- pays au climat extrême. En été, le soleil lampe, surtout lorsque je lis sur le canapé téressante, et trouver une manière de susci- est vraiment partout. Il n’y a pas un seul ou que je suis assis dans mon coin bureau ter de ’intérêt. J'étais récemment à Londres coin qui ne soit pas ensoleillé. Et en hiver, pour le London Design Festival où j'ai pré- il peut faire très sombre. Un bon éclairage RB Comment la fonctionnalité de la lampe senté The Cube, une installation artistique est important au Danemark, car il n'y a pas s'intègre-t-elle dans les moments spécique j'ai conçue et créée avec les architectes beaucoup de lumière naturelle à cette pé- fiques de votre vie quotidienne ? Henning Larsen, un espace pop-up où les riode de l'année. J'aborde donc l'éclairage gens peuvent entrer et échapper au chaos en fonction de la pièce. Par exemple, dans RH Il y a beaucoup d'utilisations qui vont de la grande ville. ma chambre, je n’utilise l'éclairage que au-delà de la lumière. Le fait d'avoir une Ce que j’ai trouvé vraiment passionnant, dans la zone de lecture à côté du lit. base intégrée avec un système de chargec'est de nouer des relations pour créer Mais en fait, je déplace beaucoup la lu- ment sans fil me permet de charger mon tant de projets intéressants. Mais je suis mière. J'ai des lampes de lecture près du téléphone tout en faisant plusieurs choses quelqu'un qui s'intéresse vraiment à beau- canapé, j'aime avoir une lumière douce. dans la maison. J'ai aussi remarqué qu’il coup de choses, à la construction d'idées. En hiver, je préfère une lumière accueil- y a un port supplémentaire à l'arrière pour lante, pas trop forte. Il n’est pas nécessaire recharger d’autres appareils. J'aime que RB Parlons de votre maison : est-ce aussi le d’éclairer toute la pièce, juste une lumière cette lampe étende ses fonctionnalités tout lieu où vous travaillez ? douce. C'est comme s’il faisait encore nuit, en conservant son esthétique design. mais on dispose d’une lumière confortable. RH J'ai utilisé ma maison de différentes Donc tout ce qui a un variateur. RB Vous êtes un grand admirateur de façons. L’une est très pratique, j'aime que l'œuvre de Vincent Van Duysen. Qu'est-ce tout ait un but et une utilité. Mais c'est aussi qui vous attire le plus dans son esthétique un lieu d'inspiration. et son travail ? Je travaille de différentes manières, ma RH J'étudie son travail depuis quelques anmaison est un peu comme une usine. Je m’assois à mon bureau quand je dois ternées. Les créations de Vincent Van Duysen miner un travail, comme créer une présensont intemporelles et fonctionnelles. Je tation ou passer un appel, mais quand je me suis inspiré de ses projets d'intérieurs réfléchis de manière créative à un projet ou lorsque j'ai cherché des alternatives de deque je conçois quelque chose, je le fais tousign pour ma maison. C'est pour cette raijours sur le canapé car c'est l'endroit le plus son que je peux reconnaître sa "patte". Il confortable pour s'asseoir. La plupart des me semble qu’avoir la lampe Oblique est idées qui se sont transformées en installaen parfaite adéquation avec l'espace. tion artistique ou en campagne publicitaire, sont nées sur un canapé. Beaucoup d'idées viennent de là, j'ai beaucoup de livres dans mon salon et je l'utilise comme un lieu d'inspiration où je peux réfléchir et où je peux échanger mes idées. Et lorsque ce concept, cette « graine » est arrivée à maturité, je l'apporte à mon bureau où je peux m'asseoir et travailler réellement sur les choses. C'est donc un espace beaucoup plus productif où je peux transformer l’inspiration en projet. Et ma chambre est très simple. Je l'utilise comme un endroit pour débrancher, pour vider mon esprit. J’arrive et tout est simple et beau.

LUMIN

N ATO R

Photographie de Alecio Ferrari Scénographie de Studio Testo 75

Luminator d'Achille et Pier Giacomo Castiglioni, un classique des années 1950, revient dans cinq couleurs vives qui mettent en valeur ses formes essentielles. Une lampe qui est un exercice de minimalisme fonctionnel et dont la couleur anthracite d’origine est enrichie par une nouvelle palette pop de blanc, rouge, jaune et lite blue. Dans cet album photo, le photographe Alecio Ferrari et les scénographes de Studio Testo ont expérimenté les nouvelles couleurs de Luminator et ses formes essentielles.

Luminator d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni

Une des sorcières pointe son Luminator droit sur le point d’atterrissage de la planète. Laquelle est-ce ?

Illustrations de Sany

Almendra de Patricia Urquiola

Quel est l’Almendra suivant dans la séquence ?

Some Light Entertainment

JEUX

Aidez Beethoven à trouver la prochaine note dans sa composition. Oblique floor ou Oblique table ? Oblique Floor et Oblique Table de Vincent Van Duysen

Quel grimpeur a placé le drapeau au sommet de la Mayday outdoor ?

Mayday outdoor de Konstantin Grcic

QUESTIONNAIRE

Michael Anastassiades

Une précision d'ingénieur et une sensibilité de poète caractérisent le travail du designer chypriote Michael Anastassiades installé à Londres. Ses lampes allient un minimalisme précis et des géométries strictes avec un sens très fin de la composition et de l'équilibre – de la sublime interprétation des systèmes de grille de Coordinates aux possibilités de personnalisation de String Light. Nous l'avons interrogé sur sa vie et son travail, en passant du côté pratique au côté imaginaire. 90

Qu’est-ce qui vous rend heureux?

Qu’est-ce qui vous inspire?

Quelque chose qui a changé votre vie.

Si vous étiez un animal, quel serait-il?

Le dernier livre que vous avez lu.

Quel est votre moment préféré de la journée?

Qu’avez-vous pris au petit-déjeuner?

L’instrument que vous utilisez le plus.

Que faites-vous pour vous détendre?

Que collectionnez-vous?

Contributeurs Le rédacteur et journaliste Spencer Bailey est le cofondateur de la société de médias The Slowdown, basée à New York. Il s'est entretenu avec John Pawson au sujet de leur obsession commune pour la lumière dans l'architecture (p. 19)

Concept et Direction créative Apartamento Studios Rédacteur en chef Rosa Bertoli Design graphique Apartamento Studios

Manuel Carvalho et Nazara Lázaro designers 3D basés à Berlin, ont distillé des inspirations, des idées et des rêves dans un ensemble unique d'images numériques qui constituent l'univers Urquiola (p. 2)

Équipe Flos Barbara Corti Rosaria Bernardi Elisa Bodei Silvia Delaini Donatella Matteoni Francesco Funari Diletta Dincao Eugenio Cirmi

Un portfolio photographique d'Alecio Ferrari, photographe et chercheur visuel basé à Milan, célèbre les nouvelles couleurs de Luminator d'Achille et Pier Giacomo Castiglioni (p. 82) Petra Kleis est une photographe qui travaille entre Copenhague et Berlin. Elle a rendu visite à Ruben Hughes et Josephine Akvama Hoffmeyer pour qu’ils essaient les lampes Oblique et Oblique Floor de Vincent Van Duysen dans leur environnement (p. 62)

Traductions Team Agiliz@ tu gestion L'illustrateur et artiste Sany, également connu sous le nom de Samuel Nyholm, vit à Stockholm. Pour ce numéro, nous lui avons demandé de créer des vignettes et des jeux qui mettent en scène les dernières lampes Flos, notamment Almendra et Oblique Floor (p. 96) Le photographe parisien Tommaso Sartori a visité la maison Neuendorf à Majorque pour photographier l'Almendra de Patricia Urquiola (p. 19) et il a essayé la nouvelle Mayday Outdoors dans les Pouilles (p.48) L'artiste et designer Oscar Grønner, basé à Oslo, a illustré une nouvelle vie inspirée de Mayday de Konstantin Grcic dans sa nouvelle version extérieure (insert) Fondé à Milan par Giulia Dolci et Giulia Fauro Alessi, le Studio Testo est spécialisé dans la scénographie et la recherche visuelle. Elles ont expérimenté le Luminator d'Achille et Pier Giacomo Castiglioni dans ses nouvelles teintes (p. 82)

Remerciements Josephine Akvama-Hoffmeyer Michael Anastassiades Ángel Cánovas Alessandra Coral Ruben Hugues Bel Lepikson Celia Lescouet Caroline Neuendorf Michael Schmidt Omar Sosa Patricia Urquiola Alberto Zontone Impression Graficart, Treviso Mars 2022

NOUVEAUX PRODUITS Printemps '22

Collection Décorative Almendra........................... Patricia Urquiola................. 2022.......................... pag......... 94-95 Luminator........................... A. and P.G. Castiglioni......... 1954.......................... pag......... 96 Mayday ............................. Konstantin Grcic................. 2000.......................... pag......... 96 Collection d'extérieur Mayday Outdoor................. Konstantin Grcic................. 2022.......................... pag......... 97 Collection Architecturale Oblique Floor..................... Vincent Van Duysen............ 2022.......................... pag......... 98 93

Almendra Patricia Urquiola, 2022 Matériaux: polycarbonate durable, aluminium Puissance: S3 45W/ S4 60W/ S6 90W/ Y2 30W/ Y3 45W/ ARCH S2 30W Tension: 220-240V Source d'éclairage: LED 2700K CRI95

Version linéaire

1286 mm

1665 mm

371 mm

Almendra S3

Almendra S4

Rosace blanche

Collection Décorative - Nouveaux Produits Printemps '22

2423 mm

Rosace apprêt F0391009 F0391026 F0391027 F0391033 F0391039 F0391042

F0420009 F0420026 F0420027 F0420033 F0420039 F0420042

Almendra S6

Rosace blanche

Rosace apprêt

Rosace blanche

F0392009 F0392026 F0392027 F0392033 F0392039 F0392042

F0422009 F0422026 F0422027 F0422033 F0422039 F0422042

F0423009 F0423026 F0423027 F0423033 F0423039 F0423042

Version organique

132

5,88

157

759,5 mm

7,4

770,9 mm

Almendra S2 Y Long Rosace blanche

Rosace apprêt F0396009 F0396026 F0396027 F0396033 F0396039 F0396042

F0442009 F0442026 F0442027 F0442033 F0442039 F0442042

161

1,3

Rosace blanche

Rosace apprêt F0397009 F0397026 F0397027 F0397033 F0397039 F0397042

F0438009 F0438026 F0438027 F0438033 F0438039 F0438042

186

759,5 mm

2,3

770,9 mm

Almendra S3 Y Long Rosace blanche F0436009 F0436026 F0436027 F0436033 F0436039 F0436042

Rosace apprêt F0398009 F0398026 F0398027 F0398033 F0398039 F0398042

Rosace blanche F0421009 F0421026 F0421027 F0421033 F0421039 F0421042

Rosace apprêt F0399009 F0399026 F0399027 F0399033 F0399039 F0399042

Rosace apprêt F0393009 F0393026 F0393027 F0393033 F0393039 F0393042

1305,9 mm

1152 mm

323,7 mm

Almendra S2 Arch Short

Almendra S2 Arch Long

Rosace blanche

F0394009 F0394026 F0394027 F0394033 F0394039 F0394042

Rosace apprêt F0395009 F0395026 F0395027 F0395033 F0395039 F0395042

F0444009 F0444026 F0444027 F0444033 F0444039 F0444042

Finitions disponibles

Painted

off-White

nude

ocher

anthracite

Métallique

bay blue metallized

lilac metalizzed

La version apprêt peut être peinte après l’installation, avec des revêtements normaux à base d’eau (tempera, stuc, peinture acrylique) pour permettre une intégration parfaite avec le bâti.

Collection Décorative - Nouveaux Produits Printemps '22

F0448009 F0448026 F0448027 F0448033 F0448039 F0448042

Rosace apprêt

Luminator Achille and Pier Giacomo Castiglioni, 1954 Matériaux: métal Puissance: Max 205W Tension: 220-250V Source d'éclairage: 1 x LED 12W E27 2700K 1000lm CRI 80 - Variateur inclus

Nouvelles Finitions: lite blue, blanc, jaune, rouge Disponible en: anthracite

600 mm

F3772033

F3772003

F3772009

F3772019

Mayday Konstantin Grcic, 2000 Material: polypropylène recyclé Puissance: Max 60W Tension: 220-250V Source d'éclairage exclue: LED 11,5 W 1100lm 2700/3000K

DIMMABLE

Nouvelle Finition: lilas Disponible en: orange, noir

530 mm

Collection Décorative - Nouveaux Produits Printemps '22

1890 mm

ø 58 mm

ø 220 mm

F3780002

F3780030

F3780042

F3772035

Mayday Outdoor Konstantin Grcic, 2022

DIMMABLE

530 mm

Material: polypropylène recyclé Puissance: Max 15W Tension: 220-250V Source d'éclairage exclue: LED 8W 900lm 2700K/3000K Disponible en: green leaf, black, mustard yellow

ø 220 mm

F038AAAA0ZZ

F038AABA0ZZ

Collection d'extérieur - Nouveaux Produits Printemps '22

F038AACA0ZZ

Oblique Vincent Van Duysen, Floor Version 2022, Table Version 2020 Matériaux: aluminium moulé sous pression, méthacrylate Tension: 24V Source d'éclairage intégrées: Top LED 8W 750lm 2700K - 800lm 3000K - 850lm 4000K CRI90 USB-C connexion intégrée Finitions: anthracite mat, marron mat, gris brillant, rouille mat, vert sauge brillant, blanc mat

Lampadaires nouvelle version

ø 200 mm

DR anthracite mat

DX rouille mat

DW marron mat

DV vert sauge brillant

AH gris brillant

DY blanc mat

Version de table ø 120 mm

350 mm

Collection Architecturale - Nouveaux Produits Printemps '22

1074 mm

ø 155 mm

DR anthracite mat

DX rouille mat

DW marron mat

DV vert sauge brillant

AH gris brillant

DY blanc mat

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