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ÉDITO LES CHINOISERIES SONT À RANGER DÉFINITIVEMENT DANS LE PLACARD DE LA HONTE. Quand un feu est allumé, pour l’éteindre, il faut soit prendre un extincteur ou un canadair, soit en allumer un autre, plus grand, plus brûlant, plus terrible, plus inquiétant. Cette tactique, ce contre-pied, cette contre-amortie, ou plutôt ce contre-feu, déroute l’opinion qui oublie alors l’origine du mal et se contente de ce qu'on lui donne. Or l’essentiel, ce n’est pas de savoir que Peng Shuai possède de belles peluches, qu’elle peut remettre des prix dans un tournoi de seconde zone ou enfin communiquer avec le président du CIO devant des caméras placées là pour authentifier la scène. L’essentiel, c’est de lutter pour qu’elle puisse être libre, totalement libre. Alors qu’il est quelquefois de bon ton de se laisser prendre par la fameuse realpolitik, nous pouvons ici louer le courage de Steve Simon, le patron de la WTA, qui a clairement posé les bonnes questions en mettant une véritable pression sur les autorités chinoises. On applaudira aussi des deux mains le soulèvement unanime de l’ensemble de la communauté du tennis, même si certaines stars ont eu un petit retard à l’allumage. Il reste

que leur parole a sûrement compté lorsque la tempête faisait rage. Cette révolte 2.0, symbolisée par le fameux #WhereIsPengShuai, aura aussi eu le mérite de faire taire ceux qui continuent de croire que les réseaux sociaux ne sont utiles que pour les révolutionnaires ou les complotistes.

« L’essentiel, c’est de lutter pour qu’elle puisse être libre, totalement libre. » Non, l’internet n’est pas seulement un déversoir nauséabond, cela peut également être un formidable outil communautaire, un moyen de mobiliser le maximum de personnes et de personnalités autour d’une cause fondamentale.

SOMMAIRE 4-7

PETITS POTINS

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TENNIS-POINT CHANGE LES RÈGLES

14-15

L'ENTRETIEN : MARION BARTOLI

20-25

DOSSIER : QUAND LE TENNIS FAIT BOUM !

26-27

Diffusion : 40 000 exemplaires dans 950 points en France Liste des points disponibles sur www.welovetennis.fr Welovetennis Magazine : magazine gratuit 100 % tennis

ATP FINALS DE TURIN 2021

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L'INVITÉ : BENJAMIN BONZI

INTERVIEW : CYRIL PERRIN, ARTENGO

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INTERVIEW : SÉBASTIEN CORNET, ESPRIT PADEL Fondateur et directeur de la rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) Création artistique et mise en page : www.goliatus.fr Secrétaire de rédaction : Guillaume Saki Rédacteurs : Baptiste Mulatier, Thomas Suscillon, Julien Muller, Sydney Martin Photos : SportVision, Chryslène Caillaud

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GUEST-STAR : MESDAMES MAJO ET MAPI SÂNCHEZ ALAYETO Site internet : www.welovetennis.fr Welovetennis Magazine est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The Tennis Factory 3 Impasse Dubois - 69004 LYON Rédaction : redaction@grandchelem.fr Publicité : 06 60 26 37 76

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PETITS POTINS

AGENDA Retrouvez tous les rendez-vous importants de janvier et février 2022

ATP Du 1 janvier au 9 janvier Sydney (ATP Cup) Du 3 au 9 janvier Adelaïde 1 (ATP 250) Du 4 au 11 janvier Melbourne (ATP 250) Du 10 janvier au 16 janvier Adelaïde 2 (ATP 250) Sydney (ATP 250) Du 17 janvier au 30 janvier Open d’Australie (Grand Chelem) DU 31 janvier au 6 février Montpellier (ATP 250) Cordoba (ATP 250) Pune (ATP 250) Du 7 février au 13 février Rotterdam (ATP 500) Buenos Aires (ATP 250) Dallas (ATP 250) Du 14 février au 20 février Rio de Janeiro (ATP 500) Marseille (ATP 250) Delray Beach (ATP 250) Doha (ATP 250) Du 21 février au 27 février Dubaï (ATP 500) Acapulco (ATP 500) Santiago (ATP 250) WTA Du 6 décembre au 12 décembre Angers (WTA 125) Du 12 au 19 décembre Limoges (WTA 125) Du 2 au 9 janvier Adelaïde 1 (WTA 500) Du 3 au 9 janvier Melbourne (WTA 250) Du 9 au 15 janvier Sydney (WTA 500) Adelaïde 2 (WTA 250) Du 17 au 30 janvier

Open d’Australie (Grand Chelem)

SEXY NEWS ! SOPHIA THOMALLA, LA NOUVELLE CHÉRIE DE ZVEREV, AFFOLE LA TOILE

Alexander Zverev est ce que l’on appelle dans le jargon un beau gosse. Dernièrement, alors que l’orage semble passé au sujet des accusations concernant des violences sur son ancienne fiancée, il a décidé de rendre publique sa relation avec sa nouvelle conquête. Présente à Vienne dans son box, Sophia Thomalla n’est pas passée inaperçue. Cette actrice, qui est suivie par plus de 1,3 million de personnes sur Instagram, est ce que l’on appelle vulgairement une « bombe ». Inutile de préciser que le couple a fait le bonheur des tabloïds allemands, plus chauds pour parler des frasques du joueur allemand que de ses performances sur le court. Pourtant, sa saison 2021 est la plus aboutie de sa carrière, notamment avec le titre olympique acquis à Tokyo en sortant Novak Djokovic.

BUSINESS NEWS DIOR EN PINCE POUR EMMA RADUCANU

Tout juste auréolée de son titre surprise à l’US Open, la joueuse britannique Emma Raducanu a enchaîné les événements mondains, confirmant une certaine classe en dehors des courts. Elle a carrément tapé dans l’œil de la marque tricolore synonyme d’élégance que l’on ne présente plus : Dior. C’est un vrai clin d’œil, car la maison natale du grand couturier français se trouve au pied d’une falaise dans la Manche, à Granville, non loin du club de tennis qui accueille tous les deux ans la Coupe Soisbault (championnat d’Europe de tennis féminin par équipes des moins de dix-huit ans). Un événement qui anime l’été cette ville côtière que l’on nomme encore la Monaco du Nord.

C’EST DIT !

Lors de cette fin de saison, Daniil Medvedev s’est plaint des différentes surfaces sur lesquelles il a joué. À Bercy, c’était particulièrement lent selon lui, alors que Guy Forget a expliqué que la vitesse de la surface était identique à celle de 2020. En revanche, à Turin, le Russe a parlé d’une vitesse jamais égalée sur le Tour, un diagnostic confirmé par son compatriote Andrey Rublev. Cette analyse a fait bondir un certain Ievgueni Kafelnikov, ancien numéro un mondial qui a notamment connu l’époque où la moquette sévissait encore sur certains tournois : « QUE DANIIL S’ESTIME HEUREUX DE NE PAS AVOIR EU À FOULER LES COURTS DU GLOBE À STOCKHOLM OU DU FORUM À MILAN », a expliqué « Kafel » avec une pointe d’ironie. Il faut reconnaître que la balle n’y rebondissait pas, elle fusait, donnant un pire spectacle qu’à la plus grande époque du gazon ultrarapide de Wimbledon.

L’INSOLITE DE WELOVETENNIS ALLÔ ? C’EST TOI, MIRKA ? DÉSOLÉ CHÉRIE, JE SUIS OCCUPÉ

VENEZ SUIVRE TOUS LES TOURNOIS SUR NOS RÉSEAUX SOCIAUX

Le groupe de presse suisse Ringier a lancé en novembre un nouveau magazine intitulé Interview. Pour frapper fort dès le premier numéro, il a obtenu un entretien intimiste avec la star helvétique Roger Federer. Le Suisse a joué le jeu et a révélé quelques anecdotes assez croustillantes. Celle concernant Mirka, qui ne sait pas toujours si Roger est sur le court en compétition, vaut le détour, comme le Maestro l’a confirmé : « Il est même arrivé que Mirka – et elle ne sera peut-être pas contente que je vous raconte ça – m’appelle pendant un match. Elle avait complètement oublié que je jouais [rires]. C’est exactement ce que j’aime chez elle, c’est le charme de Mirka. »

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DUNLOPSPORTS .COM


DUNLOP JUNIOR CAMP : L’ACADÉMIE MOURATOGLOU COMME ÉCRIN IDÉAL POUR VISER LA PERFORMANCE

TROPHÉE BNP PARIBAS DE LA FAMILLE UN 25E ANNIVERSAIRE FÊTÉ EN BEAUTÉ

C’est au sein de la prestigieuse Mouratoglou Academy, dans le sud de la France, que la deuxième édition du Dunlop Junior Camp s’est déroulée du 1er au 6 novembre derniers. La première édition avait eu lieu en 2019, au tout début du partenariat entre Dunlop et l’académie.

La finale, qui s’est déroulée du samedi 23 au jeudi 28 octobre 2021 au club Belambra de la Grande-Motte, a été le théâtre de matchs indécis. Le tout dans une ambiance conviviale et sportive.

Le Central a été le théâtre de parties endiablées sous un soleil automnal.

La famille Marty plus que motivée.

© Photos Lijian Zhang

r ent, a proposé une animation pou Babolat, partenaire de l’événem présent. ndu répo urs toujo a lic pub le tester ses nouveaux produits et

La marque au logo « Flying D » avait invité une trentaine de juniors, âgés de 10 à 18 ans, filles et garçons, représentant plusieurs pays clés du tennis mondial tels que la France, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou encore le Japon. Certains des meilleurs joueurs français U12 et U14 sous contrat avec la marque ont également pu participer à cette semaine intensive. Ce fut notamment le cas de Lenny Couturier (no 1 français 2008), Arthur Lenglet (récent finaliste des Championnats de France U12), Sacha Fontanges (U12), Jaylon Gabet et Charles Rossillol qui font partie des meilleurs joueurs français nés en 2010. Élaboré par l’équipe de Dunlop en collaboration avec le staff de l’académie, le programme de la semaine était intensif et varié : tennis, fitness, mental et tactique. Dans la soirée, des activités, (padel, ping-pong, etc.) étaient organisées pour le groupe. Patrick Mouratoglou, fondateur de l’académie et ambassadeur de la marque Dunlop, a pris le temps de rencontrer les jeunes qui étaient présents. Le coach de Serena Williams a pu partager sa vision du tennis et distiller quelques conseils. Ce fut véritablement l’un des moments forts de la semaine pour ces jeunes joueurs, qui ont été très attentifs aux propos du coach renommé. Tout au long de la semaine, les stagiaires ont également participé au tournage organisé par l’équipe marketing en vue de la campagne promotionnelle « Spin Generation » qui accompagnera la sortie de la nouvelle gamme de raquettes Dunlop SX, prévue pour janvier prochain. La prochaine édition du Dunlop Junior Camp est d’ores et déjà annoncée pour novembre 2022 !

6 QUESTIONS CLÉS À GUILLAUME JARRY (RESPONSABLE PROMOTION FRANCE) ET OLIVIER LESIMPLE (ASSISTANT RESPONSABLE TOUR EUROPE) Quelle est l’importance du « scouting » pour Dunlop aujourd’hui ? Guillaume Jarry : Dunlop est aujourd’hui connue et reconnue pour sa balle qui est numéro 1 sur le circuit ATP (+ de 40 % des tournois ATP) et partenaire d’événements majeurs (Open d’Australie, ATP Finals), mais manque encore de légitimité sur la partie « raquette ». Le scouting est donc très important pour faire découvrir les raquettes Dunlop aux joueurs de la jeune génération qui seront, pour certains d’entre eux, les champions de demain. Pourquoi organiser un Junior Camp ? G. J. : Depuis quelques années, Dunlop est de retour en force dans le monde du tennis. Notre politique est résolument tournée vers l’avenir, et cela passe donc par le recrutement de jeunes joueurs. Nous avons constitué un team de joueurs de haut niveau qui viennent de toute l’Europe dans les catégories U12, U14 et U16. L’idée est évidemment de les accompagner dans les années à venir, mais aussi de développer une certaine identité propre à la marque, en créant des liens. Presque un esprit de « groupe », sans avoir la pression du résultat comme cela peut être le cas pendant les tournois. Pour cela, nous souhaitions leur proposer une expérience unique où ils puissent à la fois s’entraîner durement, mais aussi partager de bons moments. C’est l’occasion pour nous de leur offrir un moment unique qui nous permet aussi de nous démarquer de ce que proposent les marques concurrentes.

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Qu’est-ce que les stagiaires ont pensé de l’académie Mouratoglou ? Olivier Lesimple : Nous sommes partenaires de l’académie depuis 2019, et c’est tout simplement le lieu idéal pour organiser notre Junior Camp. La plupart de nos joueurs n’ont pas la chance de pouvoir s’entraîner dans une structure aussi performante. Parfois, ils peuvent jouer sur un terrain et l’un des meilleurs joueurs mondiaux s’entraîne sur le terrain d’à côté ! Pour eux, c’est une chance unique de pouvoir passer une semaine ici et découvrir tout ce que l’académie peut leur offrir : la qualité du coaching ou des terrains, l’encadrement, le suivi, les infrastructures, etc. Tout est exceptionnel et les joueurs étaient ravis d’être ici !

L’équipe de Sport Plus Conseil, qui a encore assuré en termes d’organisation.

Les qualifiés du TC Saint-Étienne-de-Tulmont

Pascal Biojout (Sport Plus Conseil), Pauline Parmentier, Alain Reno (BNP Paribas) et Lionel Chamoulaud.

Quel a été l’apport de Patrick ? O. L. : Patrick est intervenu le mercredi. Il a eu la gentillesse de venir rencontrer nos joueurs et de discuter avec eux. Son expérience est évidemment précieuse à leurs yeux et ce fut un des grands moments de la semaine. Cela s’est terminé avec une petite séance de dédicaces et même quelques cadeaux offerts par l’académie ! Quel est le retour des joueurs ? G. J. : Le retour est excellent. Les joueurs nous ont remerciés chaleureusement à la fin du stage, et beaucoup de parents nous ont aussi envoyé des messages une fois les enfants rentrés chez eux. Pour nous, c’est une source de satisfaction et de motivation énorme. Allez-vous continuer ? O. L. : Évidemment ! Les retours que nous avons eus cette année ne peuvent que nous encourager à continuer dans ce sens. Les joueurs étaient une trentaine cette année, nous espérons qu’ils seront de plus en plus nombreux chaque année !

Le match tant attendu entre les familles Alric et Hindy.

Remise des prix en présence de Laurent Trupiano, fondateur de Welovetennis, part enaire média de l’événement.

La famille Garin/Michaud – Dellinger/Fofana.

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CHARLES DIERS : « CONTRIBUER À LA FÉMINISATION DU SPORT »

DÉCEMBRE 2021

L’adjoint aux sports de la ville d’Angers revient pour Welovetennis Magazine sur ce qui a séduit la ville pour la pousser à s’engager dans l’aventure de la création du tournoi WTA d’Angers, l’Open P2i, doté de 125 000 dollars et qui se déroulera du 6 au 12 décembre dans la capitale de l’Anjou.

PAULINE PARMENTIER : « J’AI TOUT DE SUITE ÉTÉ PARTANTE »

« Angers est une terre d’événements sportifs.» par ailleurs au rayonnement du territoire, d’autant plus qu’il est porté par un Angevin, Nicolas Mahut. D’autre part, de tels grands événements permettent de fédérer les sportifs, les associations sportives, les acteurs économiques et les citoyens autour des valeurs du sport. C’est donc incontestablement une occasion à saisir, d’autant que les acteurs du tennis local sont très dynamiques. Enfin, contribuer, à son échelle, à la féminisation du sport est un engagement fort pris par Christophe Béchu, actuel maire d’Angers. Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans le projet de Nicolas Mahut, un enfant du coin ? La dimension féminine du tournoi, qui répond à l’un de nos engagements. Sa dimension internationale également. Et surtout l’amitié et la considération que j’ai pour le sportif Nicolas Mahut et ses nombreux titres en Grand Chelem et en Coupe Davis, entre autres. On connaît Angers pour le SCO d’Angers qui évolue en Ligue 1, mais aussi Raymond Kopa qui a commencé sa carrière dans la capitale de l’Anjou. Mais la ville a-t-elle une culture tennis ? Tout d’abord, la ville a incontestablement une culture sportive très forte. Nous venons d’obtenir le renouvellement du label « Ville active et sportive ». Angers détient les quatre lauriers, soit la plus haute distinction de ce label. Par ailleurs, cinq athlètes angevins ont participé aux derniers

Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo. Quatre clubs professionnels évoluent dans la plus haute division de leur discipline, dont un devenu champion de France en 2021 [Les Loups d’Angers en tennis de table, ndlr]. Concernant le tennis, nos cinq clubs sont très dynamiques, ils comptent près de 1 500 licenciés et collaborent chaque année sur un tournoi local. Nous avons construit, en 2018, une nouvelle halle municipale de tennis qui fait partie des réalisations remarquables en France tant sur le plan architectural qu’en matière d’espaces disponibles et de services proposés. Cette halle accueillera le championnat de France par équipe adultes et un tournoi international Future annuel. La preuve qu’Angers et son territoire ont une forte culture sportive et tennistique. Quelles sont les animations que la ville a mises en place pour valoriser cet événement ? Il s’agit d’une première édition. Toutes nos envies et tous nos souhaits ne se concrétiseront pas cette année, mais nous avons tous – organisateur, associations et collectivités – de grandes ambitions pour que ce tournoi s’inscrive concrètement et durablement dans notre ville, que ce soit à travers des actions auprès des jeunes des quartiers, des scolaires, des étudiants, des entreprises ou même de nos associations de tennis. Nous souhaitons que tous soient pleinement parties prenantes de la démarche et de l’événement. Les premières intentions vont déjà se matérialiser sur cette première édition et nous sommes tous convaincus que nous sommes au début d’une belle aventure collective autour du tennis.

« Nous sommes tous convaincus que nous sommes au début d’une belle aventure collective autour du tennis.» Quelle serait pour vous la finale idéale pour clore la semaine ? Une Française en finale. Une salle pleine et que la meilleure gagne !

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Ambassadrice du tournoi, l’ancienne joueuse a très vite enchaîné. Sa carrière à peine terminée, Pauline est sur tous les fronts, et notamment sur celui de l’Open P2i Angers Arena Loire où elle aura une sacrée pression. Te souviens-tu du moment où Nicolas Mahut t’a demandé de le rejoindre dans ce projet ? Oui. Cela a eu lieu dans la salle de gym du Centre national d’entraînement (CNE). Nicolas savait que c’était ma dernière saison. Et il m’a mis dans la confidence du projet angevin en me demandant si cela pouvait m’intéresser de rejoindre l’aventure. J’ai tout de suite été partante, je lui ai répondu : « Oui, grave, je suis bouillante. » Quelles seront tes missions pendant le tournoi ? En amont, mon premier objectif a été de faire le lien avec les joueuses et de construire un plateau attractif et cohérent. Pendant l’événement, je serai au sein de l’organisation sur des sujets comme la programmation, les opérations avec les partenaires et à l’écoute des demandes des championnes que je connais bien. Angers, la FFT, consultante TV, tu as vite fait un saut dans la vraie vie… C’est vrai que je ne m’attendais pas à avoir une vie aussi remplie [rires]. En fait, ma mission auprès des 15-18 ans à la FFT est venue très vite et je ne pouvais pas la refuser, car c’est un beau projet pour lequel on me fait confiance. Angers, c’est une affaire de cœur, vous l’avez compris, et c’est également lié à mon amitié pour Nicolas et à ma volonté d’aider le tennis féminin. Concernant la télévision, là encore, c’était une opportunité et je dois dire que j’y prends beaucoup de plaisir. Le dernier jour du tournoi, qu’aimerais-tu que l’on te dise ? Comme c’est une première édition, il y a forcément beaucoup de choses à caler, mais j’aimerais que tout le monde puisse repartir avec le sourire, en ayant passé de bons moments. Que cette première soit le point de départ d’un long chemin où le tennis féminin parviendra à séduire le maximum de monde.

INTERNATIONAUX DE

Coordonné par

création : www.welko.fr

Pourquoi avez-vous décidé de soutenir la création d’un tournoi WTA à Angers ? Nous avons décidé de soutenir la création de ce tournoi pour trois raisons. D’une part, parce qu’Angers est une terre d’événements sportifs. En effet, la Ville d’Angers jouit d’un savoir-faire reconnu en matière d’accueil de manifestations sportives et de mise à disposition d’équipements de premier plan. Nous allons notamment recevoir les Championnats du monde de hockey féminin au mois d’avril prochain. L’opportunité d’accueillir un tournoi WTA à Angers fait donc complètement sens. Cela participe

ANGERS TRÉLAZÉ www.openangersloire.com


TENNIS-POINT CHANGE LES RÈGLES L’ouverture d’un magasin, vaisseau amiral d’un réseau, est toujours un événement important, surtout quand ce « shop » se trouve dans la capitale, propose le plus large panel de produits possible sur 600 m2 avec un look moderne, une partie « muséum » à couper le souffle et une expertise technique pointue. Pour parvenir à bien faire passer son message, Tennis-Point avait donc décidé de mettre les petits plats dans les grands pour ce lancement très réussi. Résumé en six points de cette « yellow revolution ».

UN AMBASSADEUR UNIQUE ET ICONIQUE C’est tout « simplement » Rafael Nadal qui a été le premier à franchir la porte du magasin fraîchement terminé dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, mais pas encore ouvert officiellement. Se félicitant de constater que le tennis pouvait posséder un tel écrin, Rafael Nadal s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les nombreux médias présents venus l’interroger sur son état de santé. Rafa a vite troqué son micro pour une raquette de… tennis de table, se livrant à quelques duels épiques avec les personnalités présentes, dont le CEO de Tennis-Point, Christian Miele. Et même si ces parties étaient tout à fait amicales, l’Espagnol, comme à son habitude, n’a rien lâché.

« TENNIS IS US », UN PROGRAMME AMBITIEUX DÉJÀ SOUTENU PAR BABOLAT ET WILSON Au-delà de sa fonction première qui est de proposer les meilleurs produits de tennis, padel et badminton dans ses magasins à travers l’Europe, mais également sur son site de vente en ligne, Tennis-Point s’avance aussi comme un véritable acteur de la pratique et de son développement. Nelson Artz, Chief Brand Officer, est le créateur d’un programme intitulé Tennis is us (« Le tennis, c’est nous ») qui vise à soutenir, avec l’appui des marques du secteur, des initiatives au sein des clubs en favorisant des activités innovantes comme le padel ou en aidant à la création de courts connectés. Ce programme très ambitieux va être déployé progressivement en France. Il s’est pour l’instant matérialisé par un gâteau coupé par Éric Babolat, CEO de Babolat, Bertrand Blanc, directeur commercial monde chez Wilson, Christian Miele CEO de Tennis-Point et Nelson Artz. Vous saurez tout sur Tennis is us, prochainement dans votre magazine préféré.

UNE ADRESSE PRESTIGIEUSE POUR DES MARQUES DE RENOM Situé avenue des Ternes (plus exactement au numéro 9), à quelques pas des Champs-Élysées, le magasin parisien de Tennis-Point a été monté dans un temps record, même si les équipes ont dû faire des journées de 25 heures le week-end précédant le 1er novembre. Proche du métro, l’artère est commerçante et accueillante. Tennis-Point a investi des locaux qui appartenaient précédemment à un réseau de parfumerie très connu. Sur deux niveaux, le leader mondial du tennis a voulu proposer ce qui se fait de mieux dans le tennis et les autres sports de raquettes (badminton, padel). Toutes les marques sans exception ont répondu à l’appel, de la plus technique à la plus mode, en passant par la plus pointue. Cela rend le magasin unique, d’autant que chaque marque est très bien mise en avant.

UNE INAUGURATION SOUS LE SIGNE PRESTIGIEUX DE ROLAND-GARROS Il est rare que la Coupe des Mousquetaires s’échappe de la porte d’Auteuil où elle réside, avant de prendre l’air un dimanche de juin. Elle a pourtant cette fois dérogé à cette règle immuable en prenant le chemin de l’avenue des Ternes, et ce sous bonne garde. Chemin qu’elle a parcouru sans difficulté le samedi 6 novembre pour arriver à l’espace Wilson, partenaire du tournoi, pour le plus grand plaisir des fans qui ont pu voir de près le prestigieux trophée remporté 13 fois par Rafael Nadal, présent cinq jours plus tôt.

SUIVEZ TENNIS_POINT_PARIS ACTUS MAGASIN, PHOTOS ET VIDÉOS DES ÉVÉNEMENTS, NOUVEAUTÉS…

LUCAS POUILLE ET KRISTINA MLADENOVIC, PREMIERS CLIENTS OFFICIELS UNE SCÉNARISATION OPTIMISÉE, UNE EXPÉRIENCE CLIENT INÉGALÉE Une boutique, c’est aussi un environnement, une ambiance. Avenue des Ternes, chez Tennis-Point, le choix de la modernité et de l’interactivité ne prend pas obligatoirement le dessus sur l’Histoire. Pour passer à l’étage, vous empruntez donc un escalier où seize raquettes prestigieuses provenant de la collection de Welovetennis sont exposées, résumant toute l’épopée du tennis de l’ère Open jusqu’à nos jours. Aucun grand champion n’est oublié et quelques raretés vont étonner les plus grands fans. Sur l’espace Babolat, ce sont carrément tous les modèles utilisés par Rafael Nadal pour remporter Roland-Garros qui sont présentés. Il se dit d’ailleurs que cette partie « muséum » ne sera pas figée et que des expositions temporaires thématiques pourraient être organisées au fil de la saison de tennis.

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Si Rafael Nadal est venu en éclaireur, le magasin n’était alors pas ouvert officiellement. En revanche, le samedi 6 novembre, Lucas Pouille et Kristina Mladenovic sont arrivés en même temps que les clients déjà présents. Très impressionnés par le décor et la mise en scène, Lucas n’est pas parti les mains vides tandis que Kristina a préféré tester les compétences du service « cordage ». Elle n’a pas été déçue puisque Tennis-Point veut aussi devenir une référence dans ce domaine, et ce afin de répondre aux attentes des joueurs parisiens.

FOLLOW US Suivre toute l’actualité du mégastore parisien du tennis, c’est possible. Il suffit de s’abonner au compte Instagram régulièrement mis à jour par le team parisien. Tout au long de l’année et plus particulièrement pendant Roland-Garros, des événements spéciaux auront lieu chez Tennis-Point qui deviendra un « temple » du tennis, un court central supplémentaire au cœur de Paris. Compte Instagram : tennis_point_paris

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OÙ S’ARRÊTERA ALEXANDER ZVEREV ?

DANIIL MEDVEDEV, ET MAINTENANT ?

UN NOUVEAU DJOKOVIC POUR 2022

Texte Thomas Suscillon

Après deux mois sans compétition, Novak Djokovic a réalisé un retour remarquable, que ce soit à Bercy ou même à Turin. Le numéro 1 mondial a montré un nouveau visage : déjà celui de 2022.

Auteur d’une saison très dense, le joueur allemand a remporté son deuxième Masters en dominant Novak Djokovic et Daniil Medvedev, faisant preuve d’une maîtrise technique et tactique impressionnante. Maintenant qu’il est le roi des matchs en deux sets gagnants, il faut que Sascha confirme ses progrès dans les tournois du Grand Chelem, et pourquoi pas dès l’Open d’Australie.

Texte Baptiste Mulatier

Texte Laurent Trupiano

Comme l’a expliqué à juste titre Daniil Medvedev en conférence de presse, beaucoup de grands joueurs ont marqué leur époque sans avoir pu soulever le trophée d’un tournoi du Grand Chelem. On citera par exemple Marcelo Ríos, Miloslav Mecir, David Ferrer ou encore David Nalbandian. Il n’en reste pas moins que ce sont encore et toujours Roland-Garros, l’US Open, Wimbledon et l’Open d’Australie qui marquent l’Histoire et qui sont soulignés en gras dans un palmarès. Sascha sait tout cela et il s’est d’ailleurs déjà fixé cet objectif. En conférence de presse, après la finale du Masters remportée aisément (6-4, 6-4), il a évoqué 2022 avec ces mots : « Il ne reste plus qu’une chose à réaliser, j’espère pouvoir y arriver l’année prochaine. » L’Allemand n’a jamais été aussi prêt. Il faut dire que durant la semaine turinoise, il a confirmé ses progrès et surtout sa constance mentale. Même dans les moments les plus sensibles, il est resté stoïque, en mode « poker face ». Pour parvenir à atteindre cette sérénité, il sait qu’il peut également s’appuyer sur un physique hors norme, une technique stable et un service de feu. C’est grâce à cette nouvelle arme qu’il peut se laisser de la marge et ainsi installer son leadership. Le capitaine de l’équipe allemande de Coupe Davis Patrik Kühnen confirme cette nouvelle tendance : « Durant cette semaine, en Italie,

j’ai vu le meilleur Zverev depuis qu’il est sur le circuit. » Un constat que tous les observateurs ont validé tant Alexander semble avoir chassé les démons qui pouvaient le faire sortir d’un match, d’un duel.

«  Durant cette semaine, en Italie, j’ai vu le meilleur Zverev depuis qu’il est sur le circuit. » Il lui reste à peaufiner les derniers réglages, souvent les plus difficiles, et notamment en trois manches gagnantes. Un défi qui lui permettrait de rentrer définitivement dans la cour des grands. Parions aussi sur le fait qu’une fois ce premier titre en Grand Chelem dans la besace, à l’inverse d’un Dominic Thiem, Alexander ne fera pas de burn-out. Bien au contraire ! Ce ne sera pas un aboutissement, mais une nouvelle étape dans une carrière que l’on devine très prolifique et historique. Michael Stich sera dépassé et Boris Becker peut trembler, le natif de Hambourg n’a finalement que 24 ans.

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MASTERS DE TRANSITION… Lors de ses interventions très pertinentes sur Eurosport, Justine Henin a souvent exprimé l’idée d’un Masters dit de transition. Des propos soft pour évoquer sans le dire la présence de certains joueurs au pedigree discutable pour disputer le tournoi des maîtres. Avant que la compétition ne débute, le Suisse Marc Rosset avait été lui beaucoup plus catégorique : « Il y a de nouveaux visages, et c’est vrai que cela pourrait être sympa, mais si l’on excepte la demie de Hurkacz à Wimbledon, ces deux joueurs n’ont pas brillé en Grand Chelem. Vous l’avez vu, vous, Ruud, dans les Majeurs ? Le grand public veut voir des Nadal, des Federer, des Murray, des Stan. Pas des mecs qui ont gagné leurs places en enlevant des tournois ATP 250. » Une déclaration qui a résonné jusqu’à Turin où les forfaits de Berrettini puis de Tsitsipas n’ont pas embelli une édition qui n’aura pas marqué les esprits, surtout lors des matchs de poule.

En remportant son tout premier titre du Grand Chelem le 12 septembre dernier à l’US Open après une finale phénoménale de maîtrise face à la légende Novak Djokovic, Daniil Medvedev n’est pas seulement entré définitivement dans la grande Histoire de son sport, il a également changé de statut et les attentes autour de lui ne seront plus jamais les mêmes. C’est ce qu’on appelle le revers de la médaille ou l’exigence extrême et presque injuste du très haut niveau. Car lorsque vous remportez le titre ultime au tennis, et d’autant plus face à un joueur comme Djokovic et dans des conditions historiques aussi particulières, votre carrière prend un tournant inéluctable. Désormais, Daniil ne pourra plus se cacher, ses performances sur le court seront constamment épiées et la moindre défaite sera surexposée. Et ce dès le prochain Open d’Australie où il avait été finaliste en 2021.

« Je sais ce que je dois faire », assurait Novak Djokovic avant sa finale au Rolex Paris Masters contre Daniil Medvedev. Le Serbe a eu près de deux mois pour analyser, décortiquer et tirer les enseignements de sa défaite en finale de l’US Open face à ce même Russe, qui l’a privé du Grand Chelem calendaire. Revenu toujours aussi affûté et frais, il a pris sa revanche. Et de quelle manière ! Un Nole porté vers l’avant a fait plier Medvedev. Même après la perte du premier set, Djokovic a conservé son attitude offensive. Et elle a fini par payer. Créatif, il l’a toujours été. Mais pas de cette façon. Ce jour-là, le sextuple vainqueur à Bercy a remporté 25 points sur 33 montées au filet ! « Le Joker » a encore montré qu’il avait plus d’un tour dans son sac. Un sacré message envoyé aux jeunes loups affamés du circuit. Le roi tient à sa couronne.

Grand favori de cette édition 2022 aux côtés de son nouvel ami Nole, le numéro 2 mondial devra faire au moins aussi bien pour que l’on considère son parcours réussi. Car en plaçant la barre si haut, Daniil est maintenant vu comme un joueur à part, un champion qui n’a presque plus le droit à l’erreur. Si son objectif affiché et assumé est la place de numéro 1 mondial, il lui faudra pour cela gagner ailleurs que sur surface dure s’il veut conserver son trône plus de quelques semaines. Et c’est sans aucun doute son prochain grand défi au-delà d’une place de numéro 1 plus symbolique qu’autre chose. Si Daniil veut aller encore plus loin dans sa recherche de victoires et de perfection, cela passera obligatoirement par la terre battue et le gazon. Pour arriver à ses fins, il faudra se faire violence, notamment sur terre où son attitude n’est pas toujours à la hauteur de celle d’un champion de sa trempe. Même chose sur gazon où son jeu de défense n’est clairement pas aussi efficace et où ses carences à la volée sont d’autant plus évidentes.

«  Novak a tout pour réaliser une superbe saison 2022. »

«  Medvedev doit au moins atteindre le dernier carré sur chacun de ces Majeurs au cours des deux prochaines années, et plus si affinités. » Quart de finaliste à Roland-Garros et huitième de finaliste à Wimbledon cette saison, Medvedev doit au moins atteindre le dernier carré sur chacun de ces Majeurs au cours des deux prochaines années, et plus si affinités. Car si tout le monde le sait capable de remporter quelques Grands Chelems sur dur – à l’US Open ou à l’Open d’Australie – d’ici la fin de sa carrière, Medvedev pourrait encore entrer dans une nouvelle dimension en allant s’offrir un Majeur sur surface naturelle. Cette dimension est celle des intouchables. Seule une poignée de joueurs y accèdent.

DJOKOVIC, LE PRAGMATISME POUR DURER Dans la lignée de ses performances parisiennes, Djokovic a terrassé tous ses adversaires en phase de poule du Masters : Casper Ruud, Andrey Rublev et Cameron Norrie. Trois « maîtres » qui ne jouent pas dans la même cour que l’homme aux 20 titres du Grand Chelem. Ce dernier garde de la marge face à ce genre d’adversaires. Contre Rublev par exemple, il n’a eu besoin de monter qu’une seule fois à la volée. Preuve du pragmatisme de Nole, en fonction du niveau en face. Il a finalement fallu un Alexander Zverev en feu pour briser un nouveau rêve de Djokovic en demi-finales après les Jeux olympiques de Tokyo. Si « l’homme-araignée » a aussi battu trois fois l’Allemand en 2021, il a conscience que Zverev et Medvedev vont désormais lui mener la vie dure. Et il ne faut pas l’oublier, Djokovic a 34 ans. Plus fort que jamais au service, toujours aussi bon en défense, porté vers l’attaque si besoin, Novak a tout pour réaliser une superbe saison 2022. Malheureusement, elle ne démarrera pas forcément dans son jardin, à Melbourne. Seuls les joueurs vaccinés pourront jouer l’Open d’Australie. À Turin, le Serbe a fait une déclaration assez floue à ce sujet : « J’attendais de savoir quelle allait être leur décision. Maintenant que nous savons, nous devons attendre et voir ce qui se passe », a glissé Djokovic, dont la dynamique et le mental pourraient bien être atteints.

LE RECORD DE ROGER FEDERER ATTENDRA Vainqueur six fois du Masters, le Suisse est toujours seul à la première place du podium puisque Nole, qui en compte cinq, n’a pas pu le rejoindre. Si cela n’est pas grave en soi, la dernière victoire du Serbe date un peu puisque c’était en 2015, presque une éternité.

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MARION BARTOLI : «NOVAK EST QUELQU’UN D’ALTRUISTE ET DE GÉNÉREUX, MAIS AUSSI D’EXTRÊMEMENT INTELLIGENT»

Certains ont même expliqué que ses larmes à l’US Open auraient pu ne pas être naturelles. Avec la pression qu’il a vécue avant d’arriver aux ÉtatsUnis, mais aussi la défaite aux Jeux olympiques, il est presque logique de craquer comme il l’a fait. On ne mesure pas vraiment le pouvoir de nuisance que les médias peuvent avoir à vous répéter mille fois que c’est l’occasion à ne pas rater, etc. Au bout d’un moment, cela prend des proportions folles. Aujourd’hui, on parle plus de ce sujet, de la santé mentale, mais je dois vous avouer que pour l’avoir vécu, cela peut être très perturbant.

Aujourd’hui consultante pour divers médias, Marion Bartoli est une observatrice avisée de tout ce qui se passe sur la planète tennis. C’est donc notre grand témoin pour clore cette année 2021 mouvementée. Propos recueillis par Laurent Trupiano

«  J’ai aussi hâte d’emmener ma fille à Wimbledon, de lui montrer que le nom de sa maman est gravé en lettres d’or. »

As-tu le souvenir d’avoir fondu en larmes comme cela lors d’un match ? Non. En revanche, j’ai le souvenir de moments où j’étais complètement à plat. Je ne voulais plus sortir du lit, c’était une forme de dépression. L’idée de la défaite, de l’échec peut être stressante. Quand vous êtes Novak, vous perdez forcément moins souvent, mais quand cela arrive plus fréquemment, votre moral est atteint, vous ne pouvez rien faire. Il faut savoir accepter cette situation, car c’est aussi l’essence du tennis.

Marion, quel est ton coup de cœur en 2021 ? Forcément, c’est la performance d’Emma Raducanu. Remporter l’US Open sans perdre un set avec ce niveau de tennis, c’est tout simplement hallucinant, unique, mais aussi inattendu. Concernant la suite de sa saison après ce succès incroyable, c’était prévisible. Maintenant, il va falloir juger sur une saison complète en 2022 où elle sera aussi la joueuse à battre. Et ton coup de gueule ? La première édition de la nouvelle Fed Cup, qui est devenue la Billie Jean King Cup. C’est honteux. Mal placée dans le calendrier, jouée en catimini, c’est carrément aberrant. J’espère vraiment que le tir va être corrigé dès l’année prochaine. Nous sommes aussi étonnés que toi. Il semble finalement que les acteurs du jeu n’aient pas d’influence sur l’institution ITF. C’est exactement ça. Il n’y a pas de champions en activité dans le board de l’ITF, qui gère quand même les Jeux olympiques, mais aussi la Fed Cup et la Coupe Davis. Même si les tournois du Grand Chelem sont aussi d’une certaine façon sous l’égide de l’ITF, ils sont assez indépendants et liés à la WTA et l’ATP ; le dialogue sur ces épreuves est donc plus simple et plus constructif.

« La première édition de la nouvelle Fed Cup, qui est devenue la Billie Jean King Cup. C’est honteux. Mal placée dans le calendrier, jouée en catimini, c’est carrément aberrant. »

Bien sûr, tu regrettes cette situation… Évidemment ! J’ai toujours été active dans les différentes réunions qui avaient lieu durant l’année avec la WTA et mes collègues de travail. Il est important que les acteurs soient associés aux grandes décisions, puissent donner leur avis, qu’il y ait de la concertation et que l’on ne se retrouve pas devant le fait accompli. De façon générale, je dois dire que cela se passait bien quand j’étais en activité, le système est bien rodé. S’il est si bien rodé, pourquoi Novak Djokovic a-t-il créé une association concurrente de celle de l’ATP ?

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Tu es présente sur plusieurs médias, tu es très active. Cela veut-il dire que tu ne peux pas te passer du tennis ? Je n’ai jamais dit que je voulais m’en passer [rires]. Le tennis fait partie de ma vie et je prends beaucoup de plaisir à le commenter. J’essaie d’être juste, d’expliquer au mieux les choses par rapport à ce que j’ai vécu pour que le passionné puisse comprendre ce qui se passe sur un court. Par ailleurs, j’ai aussi d’autres envies et j’avance notamment sur un beau projet. Ce n’est pas vraiment ça. Je connais très bien Novak. Contrairement à ce que certains croient, Novak est quelqu’un d’altruiste et de généreux, mais aussi d’extrêmement intelligent. La démarche de Novak n’est pas de créer un contre-pouvoir ou de faire pression. Il veut simplement défendre les intérêts des plus petits, leur permettre de gagner plus d’argent, d’avoir plus de moyens. Novak est quelqu’un de viscéralement tourné vers les autres. Sur le court, il renvoie une image de tueur, mais dans la vie ce n’est pas le cas et il voit souvent plus loin que ses propres intérêts. C’est une réalité qu’il faut évoquer et souligner. On sait par exemple qu’il a créé un centre d’entraînement en Serbie où il accueille beaucoup de joueurs dans des conditions spéciales… Oui, c’est le cas, je vous le confirme. Il a déjà reçu beaucoup de monde à ses frais. Il n’y a qu’en France que l’image de Novak est aussi écornée. Ailleurs dans le monde, on a bien compris qu’il ne fallait pas confondre le champion qu’il est et l’homme qui se cache derrière cette armure qu’il arbore lors de ses matches. Cependant, je peux comprendre que lorsqu’il est arrivé face à Roger Federer et Rafael Nadal, cela ait pu gêner du monde. Mais force est de constater qu’il est là, bien là, que son palmarès est fou, qu’il bat les records et qu’il a encore réalisé une année incroyable.

De quel projet s’agit-il ? J’aimerais qu’un grand tournoi féminin soit à nouveau organisé à Paris, comme c’était le cas avec l’ancien Open GDF Suez. Je travaille depuis plus d’un an sur ce projet avec IMG. Nous avons déjà une date pour 2022, mais il s’agit de boucler le budget pour que le tournoi soit bien né. Tu es donc aussi une commerciale qui cherche à convaincre des sponsors ? Évidemment, j’ai toujours eu la fibre entrepreneuriale et cela me plaît. J’aime m’engager et revoir un tournoi WTA d’envergure à Paris est une belle aventure. Je me souviens que je rêvais de le jouer quand j’étais petite. C’était devenu un rendez-vous incontournable du calendrier WTA, mais aussi quelque part du sport féminin. Tes journées sont bien remplies… Oui, et encore davantage si l’on rajoute mon rôle de consultante auprès d’un fonds d’investissement que je conseille pour soutenir le tennis féminin. Cela avance là aussi de façon positive. Certains aimeraient que les règles du tennis changent, car ils trouvent que ce sport devient ennuyeux. Fais-tu partie de ces gens-là ? Pas du tout, je ne fais pas le même diagnostic. D’abord, je ne pense pas qu’il faille toucher aux règles, aux dimensions

du court, etc. Je suis totalement contre. Cependant, le tennis mérite une couverture médiatique différente, plus moderne, plus immersive. Aujourd’hui, avec tous les moyens technologiques dont nous disposons, nous pouvons aller beaucoup plus loin que de proposer simplement un match avec des commentaires. Tout est possible. On pourrait avoir la vitesse d’un sprint instantanément, la vitesse de rotation de la balle de Rafael Nadal sur un coup droit banana, etc. Il faut faire une petite révolution, mieux expliquer comment Zverev et Medvedev font pour réaliser un échange de 24 coups avec une telle intensité. Il faut aller vers le « behind the team », comme le fait la Formule 1 avec sa série sur Netflix [Formula 1 : Pilotes de leur destin, ndlr]. Cela a été un vrai booster pour comprendre qu’il n’y a pas que le Grand Prix, mais beaucoup de choses autour. C’est pareil dans une certaine mesure pour le tennis. Oui, mais j’ai l’impression que les portes ne s’ouvrent pas quand il s’agit de montrer le backstage, la tactique, l’entraînement… Elles vont s’ouvrir. C’est inévitable pour moi, c’est dans l’air du temps. Alors oui, il y a encore la culture du secret chez les coachs, mais l’idée est de permettre au tennis d’être mieux compris, mieux perçu, que l’on puisse mesurer les efforts, les quantifier, les qualifier. Je suis certaine que ce serait vraiment positif et je travaille dans ce sens-là. On pourrait par exemple mesurer la vitesse de Zverev sur une amortie… C’est un bon exemple, c’est l’idée. Contrairement à certains observateurs qui nous expliquent que c’était mieux avant, il faut bien se rendre compte que les joueurs sont devenus des athlètes incroyables. Si vous n’êtes pas physiquement prêts comme un Djokovic, un Medvedev ou un Zverev, vous n’avez aucune chance de faire de grandes choses. Le premier défi est physique, et ces joueurs travaillent tous pour être les plus efficaces possible sur ce sujet, pour avoir une caisse et tenir la distance. C’est très impressionnant. À ce titre, Zverev me semble un petit cran au-dessus de Medvedev, mais cela ne se joue pas à grand-chose. Je mettrais Tsitsipas juste derrière. Et Novak ? Je pense qu’il va dépasser le record de victoires en Grand Chelem et sera à 22 ou 23 titres du Grand Chelem. Je n’ai pas vraiment de doute à ce sujet.

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As-tu un regret dans ta carrière ? Pas du tout. Je pense avoir quotidiennement tout donné à mon sport. Jamais je ne me suis dit que je ne faisais pas le maximum. C’est cela qui me rassure. Certes, je n’avais pas les mêmes qualités physiques qu’une Justine Henin par exemple, mais jamais, y compris dans les pires situations, je n’ai renoncé. C’est ma grande fierté. Cela s’est finalement concrétisé par l’un des plus beaux titres au monde, celui de Wimbledon, donc je me dis que tous ces sacrifices en valaient la peine. À ce sujet, y a-t-il quelque chose dans ton appartement qui te rappelle ce souvenir incroyable ? Il y a mieux : un petit musée avec ma serviette, mon serre-tête, mon poignet éponge et ma raquette, ainsi que quelques photos. Chaque jour, je jette un coup d’œil. J’ai aussi hâte d’emmener ma fille à Wimbledon, de lui montrer que le nom de sa maman est gravé en lettres d’or. Je suis très fière de ce titre, cela me nourrit quotidiennement et me donne le sourire.

LE CAS CAROLINE GARCIA « Je pense que Caroline peut encore réaliser quelque chose de grand. J’en suis persuadée. Elle a des qualités exceptionnelles, même si elle est un peu fragile mentalement. Je regrette qu’elle ait été souvent critiquée dans ces choix et dans le fait de conserver son père en tant que coach. Plutôt que de la critiquer, on aurait dû l’encourager, la soutenir. Je pense que cette situation l’a fragilisée alors que dans mon cas, les critiques me galvanisaient. On ne réagit pas de la même façon selon la situation. Personnellement, je me nourrissais de cela. En ce moment a lieu la sortie du film sur la vie des sœurs Williams, je ne pense pas qu’un parcours comme celui-là aurait pu se produire en France. Je le déplore, mais je sais aussi de quoi je parle. »


CI R CU I T M O N D I A L D E TEN N I S F ÉMI N I N

2021, LES COUPS DE CŒUR DE LA RÉDACTION Avant de voter à votre tour pour nos awards en décembre sur welovetennis.fr, voici en quelques mots les coups de cœur de la rédaction. Il y en a pour tous les goûts.

GASTON ET LE PUBLIC, LE COMBO GAGNANT À BERCY

Bercy, « the place to be ». Cela se confirme après cette édition 2021 absolument géniale. Et pour un Rolex Paris Masters parfaitement réussi, il faut un Français qui brille. Hugo Gaston récidive dans la capitale après ses exploits à Roland-Garros 2020. À l’heure actuelle, qui de mieux que le jeune Toulousain pour entrer en communion avec le public ? Le spécialiste de l’amortie a ce talent, ou peutêtre ce don, d’embarquer avec lui tout un stade ou toute une salle. Il s’est passé quelque chose de rare en fin de soirée, le 4 novembre, contre Carlos Alcaraz. Mené 5-0 dans le deuxième set, Gaston a cru en une remontada grâce au soutien des fans français, clairement en manque de tennis. Alcaraz, désemparé, presque sonné, se souviendra longtemps de ce match. Ces ambiances électriques, en mode Coupe Davis, font du bien au tennis. Surtout que la « Piqué Cup », jouée pour les Bleus à huis clos à Innsbruck, en Autriche, a tout autre allure. On conseille au génial Hugo Gaston de bien se mouiller la nuque. Baptiste Mulatier

LA RÉVÉLATION LEYLAH FERNANDEZ

Comment ne pas évoquer le nom de la pétillante Canadienne après cette saison 2021 ? Lauréate de son tout premier titre WTA en mars sur le tournoi de Monterrey et auteure d’un parcours fantastique à l’US Open jusqu’en finale après s’être offert, s’il vous plaît, Osaka, Kerber, Svitolina et Sabalenka, Leylah a presque tout emporté sur son passage. Le top 20 mondial et le cœur des fans. Cette finale perdue face à Emma Raducanu restera peut-être le petit point noir de sa saison, mais comment être insensible face à ce phénomène ? Seulement âgée de 19 ans, la gauchère n’a pas uniquement épaté par son talent et sa fougue sur le court où elle a fait lever des centaines de fois le public new-yorkais en fusion devant ses exploits et ses poings levés au ciel durant la quinzaine. Elle a aussi affiché une maturité, une authenticité ainsi qu’une élégance sans pareilles devant le micro du stade Arthur-Ashe et les milliers de spectateurs venus assister à l’affiche féminine de l’année. Forcément déçue d’être passée si proche du Graal, la jeune Leylah, avec une voix à la fois sanglotante et déterminée, a définitivement conquis le cœur de tous les habitants de la Grosse Pomme et des fans du monde entier en ce 11 septembre 2021, soit vingt ans jour pour jour après les terribles attentats de 2001 : « J’espère pouvoir être aussi forte et résiliente que New York l’a été ces vingt dernières années. » Difficile de ne pas l’aimer ! Thomas Suscillon

DÉCEMBRE

2021

La crise du Covid, qui a fortement impacté le monde du tennis en 2020, n’aurait-elle pas finalement régénéré le circuit masculin ? Novak Djokovic, avec trois Grands Chelems à son actif en 2021 (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon), reste ultradominateur, me direz-vous. C’est vrai, et ça n’est sûrement pas terminé. Mais c’est surtout à la reconstitution d’un véritable Big 3 (comme à la grande époque) que nous avons assisté cette année. Avec Daniil Medvedev d’abord, solide dauphin du Serbe et qui, malgré une gestuelle peu académique et des progrès qui se font attendre sur herbe et sur terre battue, est parvenu à remporter son premier tournoi du Grand Chelem (US Open). Plus étonnant peut-être, Alexander Zverev a enfin réussi à gommer les failles de son jeu agressif et puissant (et notamment ses crises de doubles fautes) pour engranger les titres majeurs hors Grand Chelem (deux Masters 1000, médaille d’or aux JO et ATP Finals). S’ils ont déjà 24 et 25 ans, la relève est aussi en embuscade avec en chefs de file Carlos Alcaraz (18 ans) et Jannik Sinner (20 ans), six titres à eux deux et pépites en puissance. Cette recomposition du paysage tennistique sera-t-elle durable ? Toujours estil qu’il paraît loin le temps où Djokovic déclarait « La Next Gen, c’est nous » (avec Rafa et Roger), ce n’était pourtant qu’en mai de cette année. N’en déplaise aux esprits chagrins, tel un phénix, le tennis renaît toujours de ses cendres. Guillaume Saki

L’AMORTIE QUI TUE

Nadal mène 6-3, 3-6, 6-5 face au numéro 1 mondial pour cette demi-finale tant attendue à RolandGarros. Il s’offre même une balle de set presque synonyme de victoire. Sur ce point crucial, décisif, Novak ose l’amortie presque parfaite. Un instant, Rafael Nadal s’est vu le set en poche, tout près de la victoire, tout près de la finale et donc tout près du 21e titre. Le Serbe, lui, a tenté l’impossible, l’incroyable, et la réussite ou le destin lui a souri. Par la suite, il recolle et s’impose dans le tie-break, puis pose Rafa dans le 4e set. Le voilà qui vise son 19e sacre, alors que Rafa, un peu bougon, balbutie quelques mots en conférence de presse tout en se disant : 1 000 fois Nole peut tenter cette amortie, 999 fois elle ne sera pas aussi décisive… Comme quoi l’histoire peut quelquefois faire des clins d’œil aux plus audacieux. Et ce soir-là, force est de constater que Nole avait une bonne étoile, un ange gardien qui l’abandonnera quelques mois plus tard au pays du Soleil-Levant. Laurent Trupiano

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© LAgence.co & studioMAJE.fr | 08/2020

TENNIS RELOADED


BENJAMIN BONZI : « AVEC LIONEL, J’AI APPRIS À REFAIRE CONFIANCE » Pour bien comprendre comment un joueur peut parvenir à éclore et trouver son équilibre, il faut prendre le temps. Nous sommes donc allés passer une journée à Marseille avec Benjamin Bonzi et son coach Lionel Zimbler. Au programme, une belle séance d’entraînement matinale puis un déjeuner « confidences » où Benjamin comme Lionel se sont livrés avec authenticité. Au regard de leur complicité et de leur amour du travail bien fait, nous comprenons assez vite pourquoi Benjamin a réalisé la plus belle saison de sa carrière, s’est installé dans le Top 100 et veut encore continuer à progresser. Un exemple de plus où le joueur, arrivé à maturité, s’investit pleinement, fait confiance à son entraîneur tout en gardant du recul sur sa passion devenue son métier.

Lionel : Benjamin est un joueur qui aime la compétition ; il aime jouer, beaucoup jouer. C’était un peu pareil avec Benoît Paire. Il faut donc s’adapter à ce tempérament. Il a très vite gagné sur le circuit Futures, ce qui nous a permis de passer aux Challengers. Par ailleurs, il y a la dynamique des succès. Cela met forcément un coach dans de bonnes dispositions pour continuer à bien travailler. C’est un moment assez plaisant, même si l’on sait qu’il y aura aussi des périodes plus difficiles.

tournois du Tour, etc. Tout est lié. Enfin, pour revenir au Challenger de Rennes, j’ai pris soin après chaque victoire de ne pas oublier un seul fan qui me demandait une signature, même si cela me prenait une petite demi-heure. Je trouve cela normal. Je l’ai fait avec beaucoup de plaisir. Cela te rappelle des souvenirs ? Tu étais fan de quel joueur étant petit ? Benjamin : Pas spécialement. Je vais faire du classique

« Benjamin est un joueur qui aime la compétition ; il aime jouer, beaucoup jouer. C’était un peu pareil avec Benoît Paire. Il faut donc s’adapter à ce tempérament. »

Reportage réalisé à Marseille par Laurent Trupiano

Les succès, c’est aussi une plus grande visibilité et des attentes qui se modifient pour le joueur, les médias. D’ailleurs, Benjamin, est-ce que la célébrité qui entoure un joueur de tennis a été un moteur quand tu étais jeune ? Benjamin : Franchement, je n’ai jamais pensé à cela une seule seconde. Je suis d’abord venu au tennis car il y avait un court près de chez moi. Mon cousin, qui était âgé de trois ans de plus que moi, y jouait souvent ; j’ai donc voulu le battre. Une fois que j’ai réalisé ce défi [rires], j’ai commencé à prendre beaucoup de plaisir à m’entraîner, progresser, gagner des matchs. Mes parents, qui n’étaient pas des fans de tennis, m’ont encouragé, accompagné. Puis on m’a repéré et j’ai suivi un parcours fédéral classique. Jamais je n’ai voulu devenir un champion de tennis pour être célèbre ou pour ce que cela implique financièrement. Tu dis que tu as eu un parcours classique, mais il me semble que tu n’es pas resté longtemps au Centre national d’entraînement (CNE)… Benjamin : Quand je suis arrivé au CNE, on m’a donné un objectif de classement à atteindre à la fin de la saison pour y rester. Or, je me suis vite blessé et comme j’ai pris du retard, j’ai essayé de rentrer dans les clous en jouant beaucoup quand je me suis rétabli, mais cela n’a pas suffi. En gros, j’avais une chambre au CNE, mais j’ai dû y passer deux ou trois nuits. Benjamin, qu’est-ce qui t’a décidé à quitter Toulouse pour venir ici à Marseille chez Lionel ? J’étais très bien à Toulouse et, à vrai dire, dans une vraie zone de confort. Mais les résultats n’étaient pas à la hauteur. J’avais été blessé, certes, mais je pointais au-delà de la 300e place. J’ai donc fait un bilan et j’ai vite compris qu’il fallait peut-être que je me mette en « danger », que je change de cadre de vie, d’environnement. Antoine Hoang, qui est un ami, s’entraînait à l’époque avec Lionel. Je n’avais eu que de bons retours sur son travail. J’ai donc décidé de l’appeler, c’était pendant l’été 2019. Lionel a convenu qu’il fallait faire un test. Je suis venu en octobre 2019 et depuis, je ne suis pas reparti en Haute-Garonne. Je suis devenu un vrai Marseillais [rires]. Lors des premières séances d’entraînement avec ton nouveau coach, y a-t-il quelque chose qui t’a surpris ? Oui, et on en rit encore. Sur une séance avec Antoine, cela a été très difficile. Il ne faisait que des quarts de volée [les quarts de volée sont des coups de demi-volée, mais encore plus rapides, ndlr] et j’étais souvent à deux mètres de la balle. C’était un véritable enfer. Lionel a tout de suite voulu corriger mes appuis, beaucoup de choses ; c’était très perturbant. Lionel : Quand Benjamin m’a contacté, j’ai compris qu’il était en attente d’un nouveau discours, d’une nouvelle

approche. Je connaissais un peu sa réputation, même si j’y apporte peu de crédit. Il connaissait aussi la mienne, et tout le monde sait que je peux être très dur. Je n’ai donc pas changé ma personnalité et j’ai voulu très vite entrer dans le vif du sujet. Je sentais bien que Benjamin était en déséquilibre, que cela bousculait certaines de ses croyances, mais je voyais aussi qu’il ne disait rien, qu’il savait que c’était pour son bien.

« En venant ici, j’ai décidé de ne pas l’ouvrir, d’accepter, d’écouter.» Benjamin : À Toulouse, je discutais tout, je remettais tout en cause, j’étais même sûrement un peu pénible. En venant ici, j’ai décidé de ne pas l’ouvrir, d’accepter, d’écouter. Lionel : L’état d’esprit, on ne peut pas le travailler. On ne peut pas le mettre en place par des méthodes ou des changements de prise de raquette [rires]. Il faut qu’il soit ancré chez le joueur. Avec Benjamin, j’ai ressenti cela. Il a tout de suite été capable d’accepter et de mettre en

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place les évolutions techniques. S’il était « parti de chez lui », c’était pour prendre des risques, évoluer dans son approche. La confiance qu’il m’a donnée nous a permis de bien travailler. À 24 ans et avec son parcours, il n’y avait pas de temps à perdre, il y avait finalement une forme d’urgence. J’ai donc dû faire sauter des verrous, mais à chaque fois, Benjamin a été attentif, studieux, appliqué, volontaire. Pourtant, je ne l’ai pas ménagé… Benjamin, tu l’as ressenti de la même manière ? Benjamin : Oui, tout à fait. Si j’avais décidé de changer de cap, c’était bien sûr dans le but de me donner une autre chance. De sortir des méandres du classement, de me dire que je méritais mieux qu’une 300e place mondiale. Quelque part, j’ai décidé un peu de changer de logiciel de pensée, même si, et c’est assez paradoxal, nous n’avons jamais eu de discussions avec Lionel sur le classement que je devais atteindre à telle date, etc. Nous avons juste travaillé, beaucoup travaillé. À quel moment sens-tu que tout cela prend ? Benjamin : C’est progressif, mais il y a surtout la vérité de la compétition. L’entraînement c’est bien, mais il faut être capable de performer. Au début, j’ai commencé par des tournois Futures. Avec Lionel, nous nous sommes appliqués à faire une programmation intelligente. C’est pourquoi je suis allé en Inde, en Thaïlande et en Afrique du Sud. Il s’agissait de prendre de la confiance, des points.

As-tu quand même conscience qu’en tant que membre du Top 100 et dans les cinq premiers joueurs français, tu vas être forcément davantage sollicité ? Benjamin : Évidemment, mais cela ne me perturbe pas. Lionel : Sur ce sujet, je sais un peu de quoi je parle, fort de mon expérience avec Benoît Paire. Il est évident que les attentes vont se transformer. Là aussi, j’ai un rôle à jouer. On en parle déjà avec Benjamin. Ces attentes nouvelles ne doivent pas être un poids. Elles doivent être comprises, gérées et légitimes. Je dis souvent que Benjamin est un sauvage. C’est aussi une qualité, car tout le monde sait aujourd’hui que c’est un guerrier sur le court. Néanmoins, du point de vue médiatique, cela peut se retourner contre lui, il faut s’y préparer. Benjamin : Pour l’instant, je ne suis pas assailli de demandes, mais j’ai bien intégré tout cela. Par exemple, je ne suis pas très « réseaux sociaux », mais je sens bien que plus je progresse, plus les demandes sont nombreuses. Je devrai donc être plus réactif, plus professionnel dans ce domaine. De plus, je ne veux surtout pas que l’on pense que je n’aime pas ça. À ce titre, j’ai adoré ma semaine à Rennes. J’ai eu un soutien incroyable. C’est aussi pour ce type de sensations que je joue. Le classement, ce n’est qu’une donnée brute ; je veux surtout jouer de grands matchs sur de grands courts contre de grands joueurs. Pour y parvenir, il faut obligatoirement participer aux gros

en avouant que la première fois que j’ai vu Roger Federer jouer, j’ai été bluffé. Mais je ne suis ni le premier ni le dernier à dire cela. Si l’on refait un pas en arrière, tous les invités du magazine ont droit à la question classique relative à la fameuse pyramide des classements. Tu te souviens de la tienne ? Forcément, oui. La voici : 30/3, 30/1, 15/4, 15/2, 5/6, 3/6, 1/6, -4/6, -15. Plus on avance dans cette discussion, plus je sens que tu es un joueur heureux. J’ai un nouvel équilibre et cela influence forcément ma perception des choses. J’ai le sentiment de me donner les moyens, de ne pas passer à côté. Je suis soutenu par mes proches et mon rapport avec Lionel est sain. Lionel, tu valides ? Je valide, oui. Entre un coach et un joueur, cela doit aussi être une rencontre. On sait déjà qu’il y aura probablement des périodes plus dures, mais c’est aussi cela qui est intéressant. Il faut juste s’y préparer, ne pas avoir peur. Continuer à évoquer ces sujets, se dire les choses et avancer.

« Je dis souvent que Benjamin est un sauvage. C’est aussi une qualité, car tout le monde sait aujourd’hui que c’est un guerrier sur le court. » Benjamin est dans le Top 100. Il va pouvoir participer à tous les Grands Chelems en 2022… Lionel : Dans le tennis, tout va très vite. Sa place en Australie est garantie, c’est vrai, mais rien n’est acquis. Le niveau moyen est élevé, la hiérarchie évolue rapidement. On sent effectivement que vous êtes très proches. Cela veut-il dire qu’il n’y a pas un jour où vous ne communiquez pas ? Lionel : Ça dépend. Quand Benjamin est au repos, je le laisse souffler. Mais il sait aussi que je suis là s’il a besoin de parler, d’évoquer un sujet. Benjamin : Avec Lionel, j’ai appris à refaire confiance. On est dans une très belle dynamique, mais je sais que pour continuer à progresser, il y a encore beaucoup d’efforts à faire. Ce n’est que le début…

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CE QUI A SÉDUIT LIONEL ZIMBLER Lionel sait à quoi ressemble un joueur de caractère, puisqu’il a entraîné Cyril Saulnier, Benoît Paire ou encore Antoine Hoang qu’il a amené dans le Top 100. Ce qui l’a séduit dans la démarche de Benjamin, c’est l’idée de se reconstruire. « Benjamin était presque enterré, alors que tout le monde savait qu’il avait du talent. Ce challenge m’a plu, car j’ai senti beaucoup de volonté et une vraie capacité d’écoute, ce qui est plutôt rare dans la génération actuelle », explique Lionel qui ne craint pas l’avenir : « Nous avons encore beaucoup de choses à améliorer. Benjamin est un vrai combattant, il aime la bataille, c’est un atout. Il travaille surtout pour lui, pour se tester, pour s’améliorer, sans se préoccuper du regard des autres. Ça aussi, c’est une valeur qui permet de rester centré sur la performance, ce qui n’est pas évident sur le circuit car on est constamment sollicité, épié, et quelquefois jalousé. »

L’ANNÉE 2021 DE BENJAMIN BONZI • 6 titres en Challenger • • 64e mondial • • 52 victoires pour 20 défaites• (50-13 sur le circuit Challenger) Meilleur classement de sa carrière • 1er novembre : 60e • (En janvier 2019, Benjamin était 356e ; en janvier 2020, 164e.)


ALBANO OLIVETTI : « JE NE PEUX NIER QUE LES VITESSES SE SONT ACCÉLÉRÉES, MAIS C’EST SOUVENT PARCE QUE LE SERVEUR EST HORS NORME D’UN POINT DE VUE PHYSIQUE »

quand le tennis fait boum !

Auteur d’un service chronométré à 243 km/h, l’Alsacien Albano Olivetti fait très mal avec sa première balle. Une bonne raison d’aller à sa rencontre pour évoquer ce coup majeur devenu une arme fatale, surtout sur les surfaces rapides.

Nous avons pris le prétexte de la sortie de la Boom chez Head pour tenter de savoir à quel moment le tennis est passé du côté obscur de la force alors qu’il était jusque-là avant tout une « conversation » presque poétique entre deux gentlemen. Pour parvenir à décrypter ces points de passage, nous sommes allés à la rencontre de grands témoins, que ce soit des fabricants, des cogneurs ou des observateurs. Tous font un constat similaire : la puissance est devenue le « graal » du tennis moderne, même si, comme l’a prouvé Hugo Gaston à Bercy, savoir toucher la balle avec délicatesse peut aussi faire des ravages.

DU BOIS AU GRAPHITE, L’ARME ABSOLUE, C’EST AUSSI SA RAQUETTE Si la Dunlop Maxply puis la Donnay Borg Pro ont été des hits, c’est surtout leur maniabilité et les sensations qu’elles procuraient qui ont permis d’en faire des best-sellers. Pourtant, même à leur apogée, le bois n’était plus la seule matière en vogue. Head avait déjà créé la fameuse Arthur Ashe, et Yamaha utilisait l’aluminium depuis ses débuts. Arthur Ashe a donc été le premier champion à remporter un tournoi du Grand Chelem sans le bois. C’était en 1968 à l’US Open, une année après le titre de Billie Jean King avec la célèbre T2000 de Wilson, conçue par René Lacoste. Le premier « Grand Chelem calendaire » des raquettes nouvelle génération est réalisé en 1982 avec Mats Wilander et sa F200 Carbon (Roland-Garros), accompagné de Jimmy Connors (US Open-Wimbledon, T2000) et Johan Kriek (Open d’Australie) avec la Rossignol Carbon qui porte son nom. Par la suite, les raquettes ont encore beaucoup évolué. On note ainsi l’arrivée des cadres profilés et de la fameuse Wilson Profile, mais aussi la série Hammer, toujours chez Wilson, qui a fait le succès des sœurs Williams au début de leur carrière. Dernière grosse tendance qui a marqué l’histoire, celle des raquettes bleues de chez Babolat dont l’efficacité fit un malheur, comme nous l’avait expliqué Thierry Ascione lors d’un entretien réalisé en 2010, l’année où il avait décidé d’arrêter sa carrière.

le podium des fast and furious

• SERVICE • SAM GROTH (AUSTRALIE)

« La Pure Drive (...) c’est une économie de 500 heures en salle de musculation. Quant au Luxilon, c’est un contrôle inégalable », tout est dit… » À la question « D’un point de vue technique, qu’est-ce qui t’a le plus marqué pendant ces années sur le circuit ? », voilà ce que nous avait révélé « Beef » : « Les joueurs sont devenus de plus en plus complets. Deux événements majeurs dans cette évolution : l’arrivée des fameuses raquettes bleues de chez Babolat ; et le Luxilon. La Pure Drive, selon moi, c’est une économie de 500 heures en salle de musculation. Quant au Luxilon, c’est un contrôle inégalable », tout est dit… Depuis, d’autres évolutions récentes chez les équipementiers visent à favoriser la puissance avec le maximum de confort. C’est le pari par exemple des Wilson Clash, TF-X1 (Tecnifibre) et donc de la Boom qui nous a inspiré ce dossier.

263 KM/H • COUP DROIT • JAMES BLAKE (ÉTATS-UNIS)

201 KM/H • REVERS • NIKOLOZ BASILASHVILI (GÉORGIE)

Rafael Nadal a exprimé son sentiment que le tennis moderne était trop lié au service. Que ce coup avait pris trop d’importance. Le joueur espagnol a même évoqué l’idée d’expérimenter des matchs avec une seule balle de service… C’est une idée que je ne valide pas du tout. On ne change pas les règles d’un sport millénaire sur la base d’un coup qui deviendrait trop important. Je trouve ça déplacé et je ne vois pas l’intérêt. C’est bien parce que l’on a deux balles que le service est un coup très stratégique. Je ne peux nier que les vitesses se sont accélérées, mais c’est souvent parce que le serveur est hors norme d’un point de vue physique. C’est le cas avec Ivo Karlovic, John Isner et donc Reilly Opelka. Et Albano Olivetti ? J’ai cru que tu allais m’oublier [rires]. C’est vrai que depuis l’âge de douze ans, ce coup m’a beaucoup aidé. Mais je l’associe aussi à l’idée d’être offensif, agressif, de développer un jeu tourné vers l’avant, vers le filet. C’est cela qui m’a tout de suite attiré dans le tennis. Au début, je perdais beaucoup de matchs contre des rameurs, mais mes différents entraîneurs m’ont toujours encouragé ; ils savaient que sur le long terme, cela allait payer.

162 KM/H

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Comment réagis-tu concernant le débat autour du jeu ennuyeux que produit Reilly Opelka grâce à son service ? Cela me rappelle forcément des souvenirs. Le problème, c’est que ceux qui dénoncent Reilly oublient juste que le service est un coup du tennis comme les autres. Personnellement, je prends beaucoup de plaisir à voir le géant américain envoyer du lourd sur ses premières et secondes balles. Ce n’est pas de sa faute s’il mesure 2,11 m. Il profite simplement de cet avantage et développe parfaitement son point fort. Certains préfèrent courir au fond du court, lui écourte les échanges. Il ne s’agit pas de le critiquer, mais d’essayer de se mettre à sa place. Par ailleurs, étant donné la saison qu’il a accomplie, il n’est pas prêt de changer de tactique.

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Tu as des souvenirs de séances interminables avec un seau de balles et des cibles ? Ça, c’est le cliché du serveur. Bien sûr que je me suis entrainé, mais comme sur les autres coups à vrai dire. Je voulais éviter d’être un robot sur ce geste, car c’est ainsi que l’on perd de la vivacité et de la précision. Donc ce n’est pas obligatoirement le volume de services qui vous apporte de la qualité ; en tout cas, ça n’a jamais été le cas pour moi. Je préfère travailler mon rythme, mon relâchement. Lorsqu'on est un grand serveur comme toi, garde-ton toujours l’œil sur le radar ? Ça dépend du point [rires]. En fait, c’est assez étrange, car il peut y avoir des situations où l’on pense avoir frappé une balle avec une belle puissance, mais la vitesse n’est pas au rendez-vous. L’inverse arrive également. Sur le service, il n’y a pas que le bras ; il y a aussi la poussée des jambes, la coordination. Pour réussir un service « parfait », il faut que tous les éléments soient maîtrisés. Concernant le radar, je dois avouer que je le regarde souvent quand je fais un ace. L’ace, c’est quand même le coup du gros serveur. C’est toujours jouissif d’en réaliser un. On dit souvent que la fatigue amène du relâchement et donc de la performance au service. Je ne suis pas d’accord. Le service demande beaucoup d’énergie et de puissance et j’ai tendance à dire que plus ça dure, plus ça peut devenir compliqué. Mais c’est aussi une question de gestion, on n’est pas obligé de taper à 100 % dès le premier point. On suppose aussi qu’un serveur a quelques astuces pour rendre sa raquette plus performante… Oui, évidemment. La mienne est alourdie en tête et elle a un équilibre bien spécifique à mon style de jeu. Pour avoir mon arme fatale, je peux compter sur le savoir-faire de Guillaume Eyer du magasin Smash. Nous faisons des essais, des tests ensemble pour parvenir à trouver des solutions. Nous faisons aussi varier ma tension en fonction de ma forme et des conditions de jeu.

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Et tout cela te permet d’envoyer des fusées à plus de 200 km/h ? À plus de 250, tu veux dire… [Rires.] Où en es-tu concernant ta carrière ? En 2014, tout allait bien, j’étais proche des 100, c’était mon objectif, et j’ai eu un gros accident de voiture. Mon épaule a été touchée. Depuis, j’ai toujours couru après cette forme. Dernièrement, j’ai donc décidé de changer d’axe et de me consacrer uniquement au double. Mon but est d’aller le plus loin possible, c’est une sorte de nouvelle carrière qui s’offre à moi. On a parlé d’Opelka, c’est lui que tu préfères dans le style gros serveur ? Reilly est impressionnant, Isner aussi, mais celui que j’aime le plus regarder, c’est Ivo Karlovic. Et Roscoe Tanner, tu en penses quoi ? Pour dire la vérité, je ne sais même pas qui c’est…

ROSCOE TANNER, LE PIONNIER Vainqueur de l’Open d’Australie 1977 et finaliste à Wimbledon 1979, 4e mondial la même année, l’Américain Roscoe Tanner est le premier grand serveur de l’ère Open. Gaucher, il a très vite adopté un matériel moderne et a commencé à effrayer ses adversaires et les radars. Recordman de la première balle la plus rapide avec un service à 246 km/h en 1978, il ne sera détrôné qu’en 2004 par Andy Roddick (249 km/h). Alors qu’il vient de fêter ses 70 ans, Roscoe Tanner a vécu une reconversion compliquée avec trois mariages, des dettes, des chèques sans provision, mais aussi quelques séjours en prison. Dans son salon, il ne peut plus admirer ses trophées, car ils ont tous été vendus.


5 questions cles aux ingenieurs de chez head pour la sortie de la boom Johannes Ager et Ralf Schwenger ont bien voulu dévoiler les secrets de cette nouvelle raquette qui « envoie du lourd »…

LUXILON, LA CORDE QUI A TOUT CHANGÉ Quand Gustavo Kuerten remporte pour la première fois Roland-Garros en 1997, il le doit à son jeu bien sûr, mais aussi à son cordage Luxilon qui va révolutionner le tennis, comme avait pu le faire le boyau auparavant. L’ère des monofilaments polyester débute vraiment à ce moment-là aux yeux du grand public. Depuis, elle ne s’est jamais essoufflée, surtout au plus haut niveau, permettant aux champions de frapper de plus en plus fort tout en gardant la balle dans le court. Pour comprendre le phénomène, nous avons pris le temps de joindre le président de la marque belge basée à Anvers. Nico Van Malderen nous a expliqué cette épopée avec beaucoup d’humilité et de recul, loin des paillettes des players’ lounge et des carrés VIP.

PATRICE KUCHNA : « SI L’ON PARLE DE PUISSANCE, ON NE PEUT FAIRE L’ÉCONOMIE DE CITER ANDRE AGASSI »

Propos recueillis par Laurent Trupiano

Quand la société Luxilon est-elle née ? En 1959. Au début, nous faisions tout simplement du fil à coudre en nylon. Ce n’est qu’en 1984 que nous avons commencé à produire des cordages. En fait, ce sont nos fournisseurs qui nous ont poussés sur ce marché en nous proposant des matières innovantes. Nous avons d’abord conceptualisé un premier monofilament qui s’appelait Orkit, mais il était trop rigide et il cassait rapidement. Nous avons donc décidé de continuer d’améliorer ce produit et c’est en 1991 que nous avons lancé le Big Banger Original. Entre les mains de quels joueurs l’avez-vous mis ? Albert Costa, Félix Mantilla, puis un certain Gustavo Kuerten par la suite [fin 1996, ndlr]. En ce qui concerne les joueurs du circuit, notre stratégie marketing n’a jamais varié. Nous ne payons jamais pour qu’un champion utilise notre cordage. Nous lui proposons ce que l’on appelle un échange marchandises : la quantité de ses bobines et garnitures est liée à son classement en fin d’année. Malgré tout, on peut dire que c’est la victoire de « Guga » en 1997 qui a mis votre cordage sur le devant de la scène… C’est surtout parce que Guga a reconnu que son jeu s’était amélioré avec l’Alu Power, qu’il avait plus de puissance et de rendement. Et comme cela se voyait aussi dans sa façon de jouer, notre savoir-faire a été reconnu dans le monde entier. Ces succès ont donc permis d’accélérer notre développement, c’est indéniable.

Head a choisi de lancer un nouveau silo avec la Boom, pouvez-vous nous dire pourquoi ? Johannes Ager : Chacun de nos silos a des caractéristiques uniques, s’adressant ainsi à un certain type de joueurs. Nous avons constaté et compris qu’il y avait une nouvelle attente, notamment autour des notions de puissance et de jouabilité. Nous avons donc décidé de combler ce vide en conceptualisant la Boom.

« Dans l’ensemble, la Boom est conçue pour les joueurs qui recherchent une raquette puissante, facile à jouer et avec une grande sensation d’impact.» Quels étaient vos principaux objectifs ? JA : Notre objectif principal était de créer une raquette avec une jouabilité nouvelle et unique, de proposer une raquette puissante, facile à jouer, tolérante et offrant des sensations inédites à l’impact. Combien de prototypes ont été réalisés avant d’aboutir à la version définitive ? Ralf Schwenger : Dans l’ensemble, nous avons produit

En fin de compte, vous sentez-vous responsable d’avoir changé la façon de jouer au tennis au plus haut niveau grâce à cette innovation ? Responsable, c’est un bien grand mot. Nous avons conscience qu’une tendance s’est mise en place et effectivement, c’est aujourd’hui une grande fierté de savoir que 70 % des joueurs et joueuses du Tour jouent avec du Luxilon.

et testé environ 100 prototypes dans la phase de prédéveloppement puis environ 50 dans la phase de développement final du modèle MP. Le défi était d’être aussi créatif que possible, de sortir un peu des sentiers battus. Au cours du prédéveloppement, nous nous sommes concentrés sur trois domaines différents que nous avons abordés séparément. En premier lieu, le cadre, sa forme, puis sa composition en termes de structures du carbone, et enfin le plan de cordage. Une fois que nous avons trouvé la bonne combinaison de ces trois axes, la Boom a pu voir le jour. On sait que l’un des objectifs était la puissance. Comment arrive-t-on à l’évaluer lors de la conception de la raquette ? Existe-t-il des études à ce sujet, par exemple dans des souffleries  ? RS : La puissance est très importante pour la plupart des joueurs, mais la raquette seule n’a jamais de puissance ; c’est toujours le joueur qui lui donne cette puissance lorsqu’il frappe la balle. Par conséquent, nous mesurons non seulement la puissance d’une raquette en laboratoire, mais nous effectuons également des mesures avec un radar sur le court. Il est très important que le joueur se sente en confiance lorsqu’il frappe très fort dans la balle. Ce n’est qu’avec cette confiance fournie par son cadre à l’impact qu’un joueur pourra naturellement et rapidement atteindre une vitesse de balle élevée. En fin de compte, c’est pour nous la valeur la plus importante : à quel point la raquette est-elle puissante dans la main du joueur ? Aussi, il était essentiel de mener de nombreux tests de jeu avec des joueurs cibles.

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Tant que ça ? Peut-être même un peu plus, car je ne parle là que des joueurs que nous équipons. Pensez-vous que d’autres « révolutions » comme la vôtre pourraient encore transformer la façon de jouer à l’avenir ? Nous travaillons, comme nos concurrents Babolat ou Tecnifibre, sur de nouvelles matières. Nous voulons toujours répondre le mieux possible à l’attente de nos clients, et pas seulement aux 400 joueurs professionnels. C’est aussi pour cela que notre gamme a évolué. Que diriez-vous à un jeune joueur qui pose votre fameuse garniture Luxilon Alu Power sur son cadre ? Qu’il risque de se blesser suivant la tension adoptée.

Propos recueillis par Laurent Trupiano

Avant de passer aux choses sérieuses, pouvez-vous nous expliquer votre mission en tant que testeur chez Tecnifibre ? Je n’ai rien à cacher [rires]. En fait, Tecnifibre me demande de « casser » la corde le plus vite possible. Nous avons donc mis en place un protocole où je peux frapper de toutes mes forces. Cela permet à la marque d’évaluer le rendement et la résistance de la corde. En moyenne, le cordage cède en combien de temps ? Entre la 45e et la 50e frappe. Et votre bras ? Mon bras va bien. Même si je vieillis, j’arrive encore à être performant. Je dois dire que cet exercice me plaît vraiment. Cela me rappelle des souvenirs, du temps où j’étais professionnel sur le circuit. Déjà à l’époque, je me concentrais beaucoup sur l’intensité et la qualité de ma frappe. C’était mon point fort et c’est donc toujours le cas. De plus, dans ce protocole, tout a été mis en place pour que je sois performant et efficace. L’anecdote que j’aime aussi rappeler, c’est que c’est mon père qui me lance les balles et il sait quel type de balle j’affectionne vraiment. On est venu vous interroger pour parler de puissance. Quels sont les moments qui ont contribué à ce que le tennis bascule vers plus de puissance ? Logiquement, je dirais le passage de la raquette en bois à celle en carbone ou en graphite, mais j’enfonce des portes ouvertes en disant cela. Celui qui a changé la donne à tout jamais, c’est Björn Borg. C’est lui qui a fait entrer le tennis dans l’ère de la puissance avec son lift, mais aussi son revers à deux mains. Derrière Björn Borg, il y a aussi l’avènement de quelques joueurs étonnants dans le domaine de la puissance. Oui, je vois que vous êtes un connaisseur. Vous pensez à Aaron Krickstein ou Jimmy Arias qui envoyaient du très lourd en coup droit. On pense à eux forcément et puis, plus loin, au « Kid de Las Vegas »… Si l’on parle de puissance, on ne peut faire l’économie de citer Andre Agassi qui est arrivé sur le Tour avec une technique adaptée pour jouer vite et fort, mais aussi une raquette moyen tamis. C’est lui qui a changé le cours de l’histoire. Depuis, le jeu n’a fait que s’accélérer, mais il faut aussi reconnaître qu’aucune règle importante n’a été modifiée. Que voulez-vous dire ? Le court fait toujours la même taille, que ce soit en longueur ou en largeur ainsi qu’au niveau de la hauteur du filet ; pourtant, la vitesse atteint des records. Les raquettes ainsi que les cordages favorisent toujours plus un jeu basé sur la puissance.

Est-il vrai que vous fabriquez aussi du boyau ? Oui. Avec des boyaux de vache ? Évidemment.

Pour quels types de joueurs la Boom est-elle conçue ? JA : La Boom est conçue pour un large éventail de joueurs. Avec l’ensemble de la gamme, les joueurs de différents niveaux peuvent trouver leur bonheur. Dans l’ensemble, la Boom est conçue pour les joueurs qui recherchent une raquette puissante, facile à jouer et avec une grande sensation d’impact.

Testeur de cordages chez Tecnifibre depuis plus de vingt ans, Patrice Kuchna sait ce que le mot « puissance » veut dire. Passionné, enseignant, amoureux de la petite balle jaune, il a accepté de partager avec nous ses impressions sur ce qui a changé la donne dans la frappe de balle au cours des dernières décennies.

Où se trouve votre usine ? Quelque part en Europe… Et Kuerten, vous l’avez rencontré ? Une fois, mais bien après sa carrière professionnelle. Nous avons un accord avec Wilson depuis 2005. Nous nous concentrons sur l’innovation et la fabrication, tandis que Wilson gère le marketing et la distribution, sauf en Belgique car c’est chez nous [rires]. Cela fonctionne parfaitement bien.

Il faudrait donc changer les dimensions du court ? Ce n’est pas ce que je dis. Je constate simplement que tout s’accélère et que rien n’a vraiment changé. Je ne suis pas en train de dire que je me lasse, le tennis reste un sport incroyable. Pour ma part, quand je pars en vacances, je regarde toujours la distance qui sépare ma chambre d’hôtel d’un court de tennis. On vous surnomme « The Human Machine ». Pourquoi ? En fait, il y a un certain temps, le Tennis Magazine allemand est venu me rendre visite sur une de mes séances de test de cordage et ils ont été visiblement impressionnés [rires]. Du coup, ils ont choisi ce titre pour leur reportage. Au final, ça me va bien et j’espère surtout que cela va durer encore longtemps.

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17 NOVEMBRE 2021, LE TESTEUR OFFICIEL HEAD/WELOVETENNIS EST ENFIN CONNU ! Nous avons organisé avec Head un jeu-concours sur Instagram pour devenir testeur officiel de la marque autrichienne. C’est Yoann Lagier, classé 15/2 et évoluant au TC Briançon, qui a gagné. Il a donc été convoqué le 17 novembre au Lou Tennis Club pour une journée plutôt dense au cours de laquelle il a eu la chance de découvrir le nouveau bijou de la gamme Head : la Boom. Interview.

Yoann, quelle a été ta première impression après avoir tapé quelques balles avec la Boom ? Mis à part ce look et ce nouveau profil vraiment agréable, la première sensation a été un confort très important et un réel équilibre entre ce confort et la puissance. Heureuse surprise, le plaisir de jeu a été très présent dès les premières balles. La prise en main a donc été agréablement efficace.

Thomas Truffin, responsable communication chez Head France, a bien voulu confier à Welovetennis Magazine la stratégie très virale engagée pour que la Boom passe entre de « belles » mains et que le bouche-à-oreille permette de faire le buzz avant sa sortie officielle.

Tu as joué une bonne heure et demie ; au final, quel est ton bilan ? Après avoir tapé aussi longtemps face à Antoine, un sparring très sympa, le bilan est très positif. Comme le cordage est différent de celui que j’utilise sur ma Speed MP, j’aimerais aller plus loin dans le test en posant une de mes garnitures. C’est d’ailleurs ce que je vais faire en rentrant, maintenant que je suis un testeur officiel [rires]. Cela devrait me permettre d’avoir encore plus de puissance, même si ça part déjà extrêmement bien !

Quelle est l’idée principale autour du lancement de la Boom ? La Boom a été développée depuis 2019. Elle est le fruit d’une réflexion autour de la puissance et du confort. C’est une véritable innovation qui peut surprendre. Il fallait permettre aux joueurs de comprendre les enjeux de ce cadre et mettre en place une stratégie originale. Nous avons donc décidé de diffuser des modèles sans dévoiler qu’il s’agissait de la Boom. Comme Yoann, des ambassadeurs, des passionnés peuvent ainsi tester la raquette et faire des retours sur les réseaux sociaux. Nous sommes d’ailleurs très attentifs à tout cela, car il est important d’avoir ces retours, de les analyser, de les compulser.

Ce test pourrait-il te conduire à passer de la Speed MP à la Boom ? Pour être honnête avec toi, après avoir trouvé un juste équilibre en matière de puissance sans que cela se fasse au détriment du confort, j’avoue que je serais bien tenté de passer sur ce modèle. D’ailleurs, je suis persuadé que la Boom va plaire à de nombreux joueurs. Es-tu surpris qu’une marque comme Head décide de lancer un nouveau silo avec un modèle tout neuf comme celui de la Boom ? Pour avoir travaillé en magasin de sport et avoir géré le rayon tennis, ça fait un moment que je suis la marque Head et ses innovations. À la sortie de la Gravity, j’avais déjà trouvé ce modèle innovant. Sur la Boom, Head a encore su oser. De leur part, je m’attendais à quelque chose de nouveau et de créatif, mais je dois reconnaître que Head a une nouvelle fois su me surprendre.

« Elle est le fruit d’une réflexion autour de la puissance et du confort.» Cette stratégie est-elle payante ? C’est la première fois chez Head que le lancement d’un nouveau cadre vient de la base et non de la marque. En fin de compte, ce lancement a lieu sur chaque court, dans chaque club où se déroule un test, où un joueur prend en main cette raquette noire. Cela fonctionne très bien, c’est

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efficace. La communauté est en train de s’approprier la Boom, et c’est ce que nous voulions. Quel est le calendrier exact de sa mise sur le marché ? Dès le 20 janvier, les modèles Boom Pro et Boom MP seront disponibles. Ils toucheront donc les joueurs qui aiment les cadres destinés à la compétition et qui sont assez aguerris. Par la suite, l’ensemble de la gamme, avec les modèles plus légers, sera lancé, la date retenue est celle du 5 mai.

« Pour le Masters Next Gen, l’Italien Lorenzo Musetti utilisait une raquette identique à celles des testeurs. Il s’agit donc de la Boom. (…) Il est également possible que l’on annonce prochainement la venue d’une joueuse.» Un joueur connu va-t-il devenir ambassadeur de la Boom sur le Tour ? Si vous aviez été attentif, vous auriez vu que pour le Masters Next Gen, l’Italien Lorenzo Musetti utilisait une raquette identique à celles des testeurs. Il s’agit donc de la Boom. Nous croyons beaucoup en son talent, il sera un formidable ambassadeur pour la Boom. Il est également possible que l’on annonce prochainement la venue d’une joueuse.

*Application de paris sportifs en ligne d’un opérateur agréé par l’ANJ la mieux notée en moyenne (4.65) sur l’App Store (4.8) et Google Play Store (4.5) sur la période du 02/01/2021 au 30/06/2021. **1er pari remboursé en paris gratuits dans la limite de 100€ en cas de paris perdant. Voir conditions sur le site.


CYRIL PERRIN : « NOTRE GAMME DE PRODUITS EXPERT S’EST BIEN ÉTOFFÉE, MAIS JE PEUX VOUS ASSURER QUE CE N’EST PAS FINI » Le directeur d’Artengo, la marque tennis du groupe Decathlon, a accepté de dresser le bilan de cette année 2021 assez animée. Nous en avons aussi profité pour essayer de comprendre certains phénomènes relatifs à la pratique. Le tennis à fond la forme, en somme…

Cyril, quel bilan faites-vous de 2021 chez Artengo d’un point de vue commercial ? C’est une très bonne année, car nous avons bénéficié d’un très bon redémarrage après le confinement du mois d’avril. La rentrée des classes et donc des clubs a aussi été très positive, la pratique a bien repris avec une bonne dynamique.

«  Nous essayons de rendre le tennis plus « facile » pour tous, quels que soient le niveau de jeu et d’expertise ou le budget que l’on souhaite allouer à sa pratique. »

Ces bons chiffres traduisent-ils une tendance de fond en termes de pratique ? Ou sont-ils liés à un rebond suite à la période du Covid-19 ? Je pense qu’il y a un peu des deux, mais il est clair que beaucoup de joueurs ont redécouvert le tennis pendant cette période du Covid-19. C’est aussi une tendance de fond, notamment au niveau des joueurs « loisir » et « débutant ». Il faut se réjouir de tout cela, car ce ne sont que de bonnes nouvelles pour le tennis.

«  Nous avons toujours la volonté de faire encore mieux sur chaque nouveau produit.»

Vous avez toujours confié qu’une marque doit aussi être un acteur de son sport. Par quelles actions avez-vous mis en œuvre cette formule ? Nous avons toujours eu le souhait, et c’est aussi l’ADN de Decathlon, d’être accessible pour le plus grand nombre. Nous essayons de rendre le tennis plus « facile » pour tous, quels que soient le niveau de jeu et d’expertise ou le budget que l’on souhaite allouer à sa pratique. Nous œuvrons également tous les jours pour réduire notre impact CO2 sur la planète afin de pouvoir préserver notre territoire de jeu.

La période du Covid-19 a accéléré le processus de digitalisation. Cela s’est-il traduit chez vous par une augmentation substantielle de vos ventes sur internet ? Les fermetures des magasins en période de Covid-19 au cours des deux dernières années ont en effet accéléré le phénomène de digitalisation et cela s’est traduit par une forte augmentation des ventes sur le web. Cette part du web est restée forte, même après la réouverture des magasins. Cette période nous a donc permis de peaufiner notre connaissance des comportements des sportifs acheteurs sur la toile.

Votre seul partenariat d’envergure sur le circuit est celui signé avec le Moselle Open. Avez-vous envie d’aller plus loin dans ce domaine ? Les partenariats avec les joueuses et joueurs professionnels ou avec les tournois sont très intéressants, car ils permettent de confronter nos produits à l’usage le plus exigeant. En ce sens, oui, nous avons envie d’aller plus loin, mais nous restons aussi très attentifs à ce que ces partenariats n’engendrent pas trop d’augmentation sur les prix de nos produits pour qu’ils puissent rester accessibles. C’est ce juste compromis que nous devons trouver et préserver.

Artengo a récemment fait de la publicité à la télévision. Avez-vous décidé de suivre des « normes » de marketing classique, alors même que vous êtes plutôt très discrets sur le marché des joueurs ? Je ne sais pas s’il existe des normes [rires], mais cette communication pendant les tournois ATP en cette fin d’année nous est apparue comme un bon moyen de nous adresser directement aux passionnés de tennis. Cette période est d’autant plus importante qu’elle se clôt par le Masters qui nous a d’ailleurs livré une finale de grande qualité.

Quand on est une marque aussi proche du terrain et du pratiquant, est-ce que l’on a « peur » de la fin de la fameuse ère Federer/Nadal/Djokovic ? L’ère que nous vivons avec les trois GOAT est en effet extraordinaire à tous points de vue, mais je ne pense pas qu’il faille avoir peur de la suite. Le tennis a toujours survécu à chaque grande ère, cela se vérifie depuis maintenant plus de 50 ans. D’autres confrontations magiques auront ou ont même déjà eu lieu avec de jeunes champions déjà charismatiques.

Cela veut-il dire que l’on est obligé d’en passer par là pour accroitre sa notoriété ? Quel que soit le marché, il est important de pouvoir s’adresser directement à ses utilisateurs ou futurs utilisateurs pour à la fois se faire connaître et communiquer avec eux. Ce média est ainsi très complémentaire de nos médias habituels que sont la presse spécialisée papier et digitale ou encore les réseaux sociaux.

Notre dossier porte sur la puissance dans le tennis. Et tout le monde en convient, le tennis va de plus en plus vite. Vous parlez souvent d’innovation produit pour améliorer la pratique, mais ne faut-il pas finalement en changer les règles ? Si oui, lesquelles ? Si non, pourquoi ? Il est vrai que les joueurs et joueuses sont de plus en plus puissants, ce qui accélère le jeu. Ce n’est pas vraiment dû à leur matériel, du moins pas ces dix dernières années, mais je pense que c’est plutôt la préparation physique qui a évolué. Concernant les règles, je ne sais pas s’il faut les changer à cause de la puissance du jeu. Les différentes surfaces utilisées sur le Tour favorisent un peu tous les types de jeux et je trouve cela sain pour le tennis. S’il fallait apporter une évolution, ce serait plutôt sur la durée des matchs afin qu’il y ait plus de moments « chauds » [rires].

Vous avez mis l’accent sur le créneau des experts avec une gamme de raquettes, balles, cordages, textiles et chaussures techniques. Êtes-vous en phase avec le développement prévu ? Nous avons bien avancé, c’est vrai. Notre gamme de produits s’est bien étoffée sur l’ensemble des natures de produits citées, mais je peux vous assurer que ce n’est pas fini. Nous avons toujours la volonté de faire encore mieux sur chaque nouveau produit.

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Beaucoup d’observateurs parlent d’une véritable baisse d’attractivité du tennis chez les jeunes. Avez-vous constaté ce phénomène ? Il y a surtout une baisse d’attractivité chez les préadolescents ou les adolescents qui sont à la recherche de plus de liberté dans leur activité sportive, plus de moments partagés entre amis. Je pense que le tennis doit faire un pas vers eux dans ce sens pour retrouver une plus grande désirabilité. Si vous deviez faire un choix entre ces trois souhaits pour votre marque, vers lequel vous dirigeriez-vous ? 1) Gagner Roland-Garros avec un joueur Artengo 2) Qu’Artengo soit la marque tennis préférée du marché 3) Qu’Artengo contribue au développement de la pratique Si je devais faire un choix, ce serait la troisième proposition sans hésiter une seconde. C’est celle qui est la plus proche de notre mission : rendre ce sport accessible à tous. Jouez-vous encore souvent au tennis ? Oui, toujours. C’est l’avantage de lier travail et passion ! Je fais une vingtaine de matchs par an depuis 35 ans, donc il n’y a aucune raison que cela change. Je suis passionné par ce sport depuis mon plus jeune âge et je me nourris des victoires, des défaites et de toutes les rencontres humaines qu’il m’apporte. Je cherche toujours à faire mieux et je continue à apprendre de nouvelles choses sur moi-même au fil des matchs et des saisons ! Parmi les produits de la gamme Artengo, lequel choisiriez-vous et pourquoi ? Je suis un grand fan de ma raquette, la TR990 Pro +. J’ai joué pendant vingt ans avec une raquette que j’adorais, mais qui n’était en réalité pas adaptée à mon style de jeu [rires]. Depuis que cette raquette est arrivée dans mon sac, je suis « un autre joueur » et j’ai pris trois classements donc je ne suis pas près d’en changer !

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SÉBASTIEN CORNET : « LE PLUS DUR EST DE METTRE LES PERSONNES SUR LE TERRAIN, MAIS UNE FOIS CELA RÉALISÉ, C’EST CARRÉMENT GAGNÉ… » Le fondateur d’Esprit Padel, centre privé de padel de référence situé à Lyon, a bien voulu, au terme de ses quatre premières années d’activité, tirer le bilan du développement du padel et de ses perspectives. Acteur et observateur éclairé, Sébastien Cornet est toujours aussi enthousiaste et foisonne d’idées pour que sa discipline préférée puisse rayonner comme il se doit. Propos recueillis par Laurent Trupiano - © Photo Padel Magazine

Observes-tu une évolution du profil type de joueur chez Esprit Padel ? Oui, tout à fait. Au début, nous avons bénéficié du « transfert » des joueurs de Padel Central Lyon, le premier centre privé qui a dû fermer ses portes. C’était des joueurs compétiteurs, qui étaient assidus, qui venaient régulièrement et souvent d’anciens tennismen. La transition se fait maintenant vers le joueur non tennisman, qui veut découvrir la discipline, qui est partant pour prendre des cours collectifs, prendre des « indivs » et acheter du matériel pour débuter. Chez nous, une grille classe les joueurs de 1 à 10, 10 étant le statut d’expert. Notre communauté s’est déplacée du niveau 7 vers le niveau 4. C’est très intéressant, car on veut participer au développement du padel en accueillant le maximum de débutants et de joueurs qui viennent ici pour s’amuser et progresser. Quelle est la part des femmes ? Elle est de 15 %, et ce n’est clairement pas satisfaisant. Au début, nous n’avions que des compétiteurs âgés de 30 à 45 ans. Maintenant, nous constatons vraiment que cela se rajeunit et se féminise. De plus en plus de filles, qui ont fait un peu de badminton au collège, viennent sur le terrain pour le fun. Si tu devais résumer en un mot cette formidable aventure qui a débuté en 2017 ? Compliqué et exaltant. Carrément… Compliqué, car le padel est encore un sport méconnu. Il faut être réaliste, même s’il se développe – et cela, on ne peut le nier –, le padel n’est pas encore rentré dans tous les esprits, surtout au niveau du grand public. Cela a évolué positivement, c’est indéniable, et il y a de bonnes nouvelles, notamment en termes de visibilité. Je pense en particulier aux droits TV qui ont été achetés par Canal+. Cela va permettre de voir du padel à la télévision et de comprendre rapidement ses règles et les sensations uniques que ce sport procure. C’est très positif et donc exaltant pour toutes ces raisons, mais aussi pour le travail accompli. Nous avons 5 000 personnes dans notre base de données, beaucoup de monde a donc déjà goûté au padel. Cela correspond à près de 13 000 heures de jeu. Est-ce que ces chiffres sont en phase avec ce que tu avais prévu, même s’il faut tenir compte de la crise liée au Covid-19 ? En mars 2020, on était un peu au-dessus de nos prévisions.

Avec le Covid-19, cela a forcément été remis en cause, mais nous avons observé un phénomène de « on/off ». C’est-à-dire que dès que les confinements se sont arrêtés, l’activité a redémarré très fort.

«   On essaie constamment de trouver des concepts innovants. J’ai un team de passionnés qui s’investit à fond. » Aujourd’hui, c’est le cas ? Tout à fait, nos heures pleines sont « sold out », de nouveaux joueurs s’inscrivent régulièrement. On est donc dans un phénomène assez simple, celui de la rareté. Il faudrait que l’on puisse s’agrandir en construisant d’autres terrains, et ce afin de ne pas créer de la déception chez les pratiquants. Certains, et je les comprends, se plaignent, car ils se rendent compte qu’ils doivent programmer longtemps à l’avance leurs parties alors qu’ils souhaiteraient parfois pouvoir improviser. Cela me frustre, car je connais des

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joueurs qui, pour cette raison, ne sont plus aussi assidus. Selon moi, surtout sur une agglomération comme Lyon, plus il y aura de terrains de qualité, plus il y aura de joueurs. Où en es-tu concernant l’extension de ton centre ? Nous sommes prêts. Nous savons ce que nous voulons faire, avec notamment deux courts supplémentaires, une belle terrasse pour l’été avec des terrains de pétanque. Esprit Padel, comme son nom l’indique, est devenu avec le temps un label, une famille. Nous devons donc être en mesure de recevoir nos « membres » dans un lieu de vie qui s’adapte aux saisons, aux événements que l’on crée, aux compétitions que l’on organise. Maintenant, je dois finaliser le financement de cette extension. Il faut être patient, car la crise du Covid-19 fait que ce type d’investissement est jugé à risque. Pour revenir à ce phénomène de rareté, est-ce qu’il ne faudrait pas que certains joueurs changent leurs habitudes ? En Espagne, c’est le cas. Ils viennent plus tôt dans la journée. Pour l’instant, en France, la pratique du sport en salle se passe en fin de journée à partir de 18 h et le week-end.

Quel bilan fais-tu des actions qui ont été mises en place pour accélérer le développement du padel ? Je trouve que les initiatives prises par la FFT il y a deux ans autour du FFT Padel Tour auraient pu être mieux construites. Présenter le padel par le biais de ce type de compétition n’était pas la seule solution pour mettre en avant notre sport. Pour moi, il aurait mieux valu faire des événements populaires d’initiation et de découverte. Le haut niveau doit être mis en avant quand la base des joueurs est importante. Ce que l’on sait et que l’on a observé, c’est que le plus dur est de mettre les personnes sur le terrain, mais une fois cela réalisé, c’est carrément gagné, et ce quels que soient le profil, le sexe ou l’âge de celui qui découvre le padel. Pour en revenir à la FFT, je ne peux que me réjouir qu’un court de padel ait été mis en place à Roland-Garros. C’est une belle initiative, concrète et pragmatique. N’est-ce pas le rôle de l’Association française des clubs de padel (AFCP), que vous avez mise en place, de proposer des idées pour accompagner le développement ? Ce sont les centres privés qui permettent à ce jour au padel

de croître. C’est la réalité des chiffres et cela ne signifie pas que je suis contre le fait qu’il y ait des courts de padel dans des clubs de tennis. Je dis juste que le développement de la pratique du padel ne peut se résumer à construire des terrains ; il faut également pouvoir animer, faire vivre et fournir de très bonnes conditions de jeu. D’ailleurs, des clubs de tennis le font aussi déjà très bien. Notre association, qui réunit plus de 80 centres, est donc là pour faire des constats, apporter des solutions, partager son expertise tout en étant vigilante sur certaines directions qui sont prises. 80 clubs 100 % padel, c’est déjà bien ? C’est pas mal, mais on peut mieux faire. On peut penser que cela pourrait aller plus vite, mais monter un projet comme Esprit Padel, c’est compliqué, car le foncier est cher en France. Je vois beaucoup de projets passer, car on vient me consulter. À chaque fois, les équations sont difficiles à résoudre car tous les paramètres sont à prendre en compte. C’est souvent un vrai casse-tête. Crois-tu à l’idée que la pratique du padel puisse être partagée avec d’autres disciplines dans des centres multiactivités ? Selon moi, cela dépend de la situation géographique. J’aurais tendance à dire que sur de grandes villes, un centre 100 % padel fonctionnera. Sur des villes plus petites, l’idée d’un mélange paraît la meilleure solution par rapport au potentiel de joueurs et au modèle économique d’une structure où il faut ratisser plus large. Pour en revenir à Esprit Padel, il se dit qu’il y aurait une idée de franchiser le concept. Qu’en est-il ? C’est une possibilité, oui, tout comme celle d’ouvrir un autre centre. Auparavant, je le répète, je veux finaliser mon agrandissement pour qu’Esprit Padel Lyon devienne le « showroom » grandeur nature du concept. Un showroom avec un restaurant cosy, un pro shop ? Oui, cela fait partie du lot. Le restaurant permet d’offrir un service de qualité qui va au-delà du snacking, c’est important pour notre communauté. C’est aussi un point clé pour les compétitions où les joueurs restent toute une journée. Le pro shop, c’est avant tout la possibilité d’essayer des produits sur le court, ce qui est primordial et très efficace pour les commercialiser. C’est d’ailleurs pour cela que l’on s’efforce d’avoir une gamme très élargie, pour tous les goûts et tous les niveaux.

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On peut dire que tu ne t’ennuies pas ? Absolument  ! Le centre est ouvert 100 heures par semaine. On essaie constamment de trouver des concepts innovants. J’ai un team de passionnés qui s’investit à fond. C’est très agréable et valorisant. Esprit Padel, c’est aussi une très belle aventure humaine. Je réfléchis d’ailleurs à une idée pour que l’esprit du club soit encore plus fort. Certains pensent parfois que je ne suis pas aussi volubile qu’il le faudrait, je le sais. En fait, mon cerveau est toujours en ébullition, car une idée en chasse une autre et on a tellement envie de bien faire. Tous ceux qui sont dans le padel le savent, ce sport peut vite devenir une réelle obsession [rires].

ESPRIT-PADEL-SHOP.COM FÊTE SON PREMIER ANNIVERSAIRE Depuis un an, Esprit Padel a lancé sa boutique sur internet et le succès est au rendez-vous : « C’est un service de plus pour nos clients, mais aussi pour les passionnés de padel. Notre stratégie est d’avoir les mêmes prix dans le magasin que sur le net. On peut également faire du “click and collect”. On s’aperçoit aussi que cela nous ouvre d’autres perspectives, car nous vendons des produits dans toute l’Europe. En 2022, nous allons intensifier cette activité en faisant encore plus d’opérations pour accroître notre notoriété », explique Sébastien Cornet.

DISTRIBUTEUR DE BULLPADEL SUR LE GRAND EST… Marque historique et de référence du marché, Bullpadel a choisi Esprit Padel en tant que distributeur exclusif sur l’est pour les comptes moyens et les petits comptes. En somme, Esprit Padel joue le rôle de centrale pour la marque espagnole auprès des clubs et magasins, afin de leur donner accès à l’ensemble de la gamme, des raquettes aux chaussures en passant par les accessoires.


GUEST-STAR MESDAMES MAJO ET MAPI SÁNCHEZ ALAYETO

Pour la première fois, notre rubrique Guest-Star met en avant le padel. Honneur donc aux sœurs jumelles Majo et Mapi, véritables icônes de ce sport en plein boom. Un entretien décalé et rafraîchissant réalisé grâce à leur marque partenaire, Nox, toujours aux petits soins pour ses championnes. Avez-vous le même souvenir concernant votre plus belle victoire ? Nous avons toutes deux le même souvenir de notre plus belle victoire. C’était en 2013, au World Padel Tour de Barcelone, le premier tournoi que nous avons gagné. C’est aussi la première fois que nous avons dominé en quarts de finale Carolina Navarro et Cecilia Reiter qui étaient à l’époque les numéros 1 incontestées. Elles avaient enchaîné de nombreux matchs et tournois sans perdre. Pour nous, battre l’une des meilleures paires du monde constituait un vrai pas en avant. Jusque-là, nous luttions jusqu’au troisième set, mais nous perdions toujours à la fin. Cette victoire a été comme une révélation qui nous a poussées à croire en nous-mêmes, à croire en notre jeu. Une autre victoire dont nous nous souvenons toutes les deux avec beaucoup d’affection et d’émotion est celle sur le tournoi que nous avons remporté en 2019 à Minorque après le retour de Mapi à la compétition suite à sa blessure à l’épaule et à sa convalescence difficile [Mapi souffre de sclérose en plaques, ndlr]. Gagner ce tournoi a donc été une vraie récompense pour tous les sacrifices que nous avions faits : Mapi en dehors du terrain et moi, d’une autre manière, en raison du désir que j’avais de reprendre la compétition avec elle. C’était très émouvant. Au padel, il faut prendre rapidement des décisions ; or chez les jumeaux, il y a logiquement un leader. Qui est le leader chez vous ? Est-ce le même en dehors du court ? Nous considérons qu’aucune de nous deux ne l’emporte sur l’autre. L’idée d’un leader n’est pas quelque chose de très marqué ou établi entre nous. Nous pensons que sur le terrain, nous nous complétons très bien. Quand l’une de nous est un peu plus découragée, l’autre la motive, et vice versa. Nous nous soutenons beaucoup et quand l’une d’entre nous doit être le leader, elle le fait ; quand l’autre doit le faire, elle le fait aussi. Et en dehors du terrain, c’est plus ou moins la même chose. Même s’il est vrai qu’en dehors de la pista, Mapi est plus calme que moi. On sait que les jumeaux sont très liés dans la vie. N’est-ce pas aller trop loin que de jouer ensemble, ou cela paraît-il au contraire évident ? Les jumeaux ont une connexion spéciale, c’est certain. Nous sommes sept frères et sœurs et nous nous entendons tous très bien, mais la relation et la connexion que nous avons toutes les deux est différente, elle est spéciale. Et au moment où nous avons pris la décision de nous consacrer

au padel – ou du moins d’essayer –, celle-ci nous a paru évidente. Nous avons grandi ensemble, sportivement et professionnellement, depuis le début de notre existence. Nous avons toujours été main dans la main. La vérité est qu’à aucun moment nous n’avons envisagé de commencer avec une autre partenaire. Nous sommes parties toutes les deux à l’aventure à Madrid pour essayer de nous consacrer professionnellement au padel. Nous étions très déterminées à vivre cette aventure ensemble. Et en matière de travail, nous pensons qu’à l’avenir, nous serons également liées d’une manière ou d’une autre. Lorsque nous arrêterons de jouer au padel, nous irons probablement dans une direction similaire. Nos têtes sont déjà en train de penser à des opportunités professionnelles, mais toujours ensemble et main dans la main.

de nombreux pays européens et aujourd’hui, il explose très fort dans certains d’entre eux. Quelles en sont les raisons ? Eh bien, le succès que ce sport a connu dans un pays comme l’Espagne n’est pas passé inaperçu. En outre, le padel est un sport très amusant, qui favorise la sociabilité et surtout très gratifiant, car il ne demande pas beaucoup de technique. À peine prenez-vous la raquette que vous pouvez faire passer la balle de l’autre côté du terrain et il suffit de se réunir avec trois personnes de même niveau pour passer un bon moment. Des gens qui n’ont jamais fait de sport de leur vie s’amusent beaucoup en jouant au padel. Nous pensons également que l’aménagement des courts peut y être pour quelque chose, le fait qu’il y ait à la fois des terrains intérieurs et extérieurs vous permettant de jouer, quel que soit le temps.

Si l’on vous proposait de jouer contre les frères Bryan ou les sœurs Pliskova au padel, vous choisiriez qui ? Et au tennis ? Nous choisirions tout le monde. Au padel, l’important est de passer un bon moment. Nous sommes sûres que ce serait un grand spectacle, peu importe avec qui. Avec les frères Bryan, un match mixte, et avec les sœurs Pliskova, un autre duel mais 100 % féminin. Entre le padel et le tennis, le choix est impossible ; tant que c’est du sport, ça nous plaît beaucoup. Un bon défi serait de nous confronter d’abord pour un match de padel puis pour un match de tennis.

Est-ce que dans 40 ans, plus âgées, vous jouerez encore ensemble ? Nous ne sommes pas sûres de bien comprendre cette question [rires]. Si nous jouerons encore ensemble dans 40 ans ? Dans 40 ans, nous aurons presque 80 ans [rires] donc il n’est pas certain que nous soyons encore en assez bonne santé. Mais si nous pouvons jouer au padel à 80 ans, nous jouerons toujours ensemble, c’est sûr. Aujourd’hui, nous avons 37 ans, mais il nous reste encore quelques années et nous sommes très motivées à l’idée de continuer à jouer ensemble jusqu’à notre retraite. Nous ne savons pas si l’une d’entre nous prendra sa retraite plus tôt en raison des circonstances, mais tant que nous sommes toutes deux suffisamment en forme pour faire de la compétition, nous continuerons évidemment à jouer ensemble. Ensemble jusqu’à la mort [rires].

Nox est une marque espagnole. Cela a-t-il motivé votre choix quand vous avez rejoint la marque ? Le fait que Nox soit une marque espagnole a joué un rôle primordial dans notre choix, mais ce n’est pas tout. Ce qui a surtout motivé notre décision de rejoindre l’équipe, c’est que nous avons eu de très bons échos sur la manière dont la marque s’occupait des champions de leur team. Nous savions que les joueurs qui étaient avec eux étaient très heureux. En outre, nous savions également qu’il s’agissait d’une marque de référence dans le monde du padel, non seulement au niveau national, mais aussi international. La vérité est qu’aujourd’hui, nous ne regrettons pas cette décision, bien au contraire. Nous sommes très reconnaissantes et heureuses avec Nox. Pensez-vous que dans dix ans, le padel sera présent dans toute l’Europe ? Si oui, pourquoi ? Bien sûr, nous pensons que dans dix ans, le padel sera présent partout en Europe. En fait, c’est déjà le cas. Depuis quelques années, le padel se développe petit à petit dans

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LE SAVIEZ-VOUS ? Les sœurs jumelles ont été numéro 1 du classement du World Padel Tour en 2014, 2015, 2017 et 2018, en enchaînant par exemple 30 victoires de suite en 2017. Dans leur palmarès, figure notamment un championnat du monde par paires en 2014 et quatre championnats du monde par équipes en 2010, 2014, 2016 et 2018. Aujourd’hui, Majo est 15e mondiale, Mapi 16e.


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