ARTCOTEDAZUR N°7

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M U S I Q U E / / / P E I N T U R E / / / F E S T I VA L S / / / C I N É M A / / / P H O T O / / / P O P - A R T

suPPLÉMenT CuLTuReL Des PeTiTes AFFiCHes Des ALPes MARiTiMes


making of


Poulpe Fiction Sur la plage Je suis écrasé Sous 44 galets Au noir pelage Un petit blond frisé Joue à creuser Avec une pelle jaune De ce même jaune Que celui Des grands ferries Qui sans heurts Glissent Hors du port de Nice Sur le bleu De la mer Déjà 5 heures Je voudrais Pouvoir me Transformer En petit blond frisé En maillot de bain Rouge Mouillé Pour toujours Mais en vain Avant la tombée Du jour Rien Ne bouge.

Art Côte d’Azur Supplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3460 du 3 au 9 juillet 2009 Bimestriel ISSN 1962- 3569 Place du Palais 17 rue Alexandre Mari 06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel : Rédacteurs Faustine Sappa Olivier Marro Direction Artistique François- Xavier Ciais Création Graphique Maïa Beyrouti Photographe Jean-Charles Dusanter Photo de Couverture Gabriel Martinez, Suffragette ©Courtesy de l’artiste Contacter la Rédaction : Sidonie Bois Tél : 04 92 47 21 81 Fax : 04 93 80 73 00 sidonie@artcotedazur.fr www.artcotedazur.fr Publicité : Vanessa Krause Tél : 04 92 47 21 81 Mob : 06 28 35 56 97 vkrause@petitesaffiches.fr Abonnement : Téléchargez le bulletin d'abonnement sur : www.ArtCotedAzur.fr ou par tél : 04 93 80 72 72 Art Côte d’Azur Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier répondant aux normes FSC, PEFC et 100% recyclé. La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, cellesci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.

Arnaud Duterque

© J-C Dusanter

Billet d’humeur de Jean Mas Le promeneur de mots Dans le cadre de la préservation d'espèces artistiques en voie de disparition, Jean Mas se propose de réactiver et de réhabiliter « l'homme sandwich ». Aussi, adressant un clin d'œil à André Breton qui en mars 1920 se présentait ainsi pour le festival DaDa, Jean Mas déambulera « le plus souvent possible » sur la promenade dite « des Anglais » en proposant la promenade « des mots ! ». 'Louant' ce support, il sera possible à tout un chacun, moyennant une « coquette » somme, de faire circuler son mot.

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© J-C Dusanter

Le parcours retenu devra impérativement passer par ce bord de mer et ne pas excéder trois heures. • Il comprendra en outre un minimum de haltes (repos assis). • A raison de un par face, tous les mots sont admis. • Les noms propres feront l'objet d'une réflexion.

© J-C Dusanter

• Pour tout contact s'adresser à la revue... Le promeneur de mots: c'est de l'Art d'Attitude. Avec Jean Mas, l'art de la rue s'enorgueillit de cette pratique. Et pourquoi pas un festival d'hommes sandwichs pour 2011 ?!


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© J-Ch Dusanter

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Le Jazz prend ses quartiers à Nice

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Quand La Principauté fait les pieds aux murs

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Sylvain Legrand Le peintre aux yeux fermés

© Gilbert Giribaldi

16 BONSON

Quand les gens de Peu font leur festival

18 CANNES MONACO ST PAUL ANTIBES

© Olivier Roche

Un été Espagnol

© J-Ch Dusanter


La Vie des Arts 22 design sonore

© Anne de Renzis

Luc Martinez « Je ne suis pas très nombreux en France »

24 cinéma

Georges Lautner, un flingueur qui vous veut du bien !

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Pop art, pas mort ? Karen Joubert Cordier, Sharon Jones et Anne de Renzis.

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Gabriel Martinez Plus vraies que natures !

© Gabriel Martinez


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Le Jazz prend ses quartiers à Nice Après que la Côte d’Azur eut connu son âge d’or avec l’arrivée des américains, le jazz s’y installa durablement à Juan puis à Nice avec la « Grande parade » puis le « Nice Jazz festival ». Mais paradoxalement cette musique transatlantique qui n’a jamais fait florès dans les venelles niçoises semble aujourd’hui prendre ses quartiers en ville au moment où le Off du « Nice Jazz Festival » descend lui aussi dans la rue.

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Cave Romagnan, Jazz Jonction

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on nombre de musiciens viennent depuis huit ans y tester leurs compos. La cave Romagnan, c’est un 1/3 de l’esprit Saint Germain, 1/3 de bistrot niçois et un grand tiers de bain de foule ! S’il est un lieu qui brasse large, c’est bien cette Cave à Jazz exemplaire à l’heure où l’on met en boite tout à chacun selon son pedigree ! Pour s’en rendre compte il suffit de se rendre le samedi soir dès 19h 30 au 22 de la rue d’Angleterre. Une foule compacte y déborde en terrasse pour boire un verre tout en écoutant du jazz en live mais aussi pour échanger. Car ce vieux bistrot de quartier s’avère doué pour tous les métissages. On y côtoie au m2 la plus grande densité de différences, âges, nationalités, langues et cultures. Poser un caméléon sur une table de la cave Romagnan, il prendra les couleurs de l’arc en ciel plus une !

Le sculpteur s’attaque au Zinc L’aventure commence en 1998. Quand Manuel Linares, artiste sculpteur prend le torchon. Oh pas par hasard « Ce bistrot, c’est une affaire familiale depuis 1978. Mon frère s’en occupait alors. C’était le rendez-vous des gens de Nice-Matin, de l’EDF dont les locaux étaient proches, on y servait des cassecroûtes et des ballons de vins ». Pendant ce temps Manuel qui travailla dix ans à Carrare, sévissait lui comme sculpteur dans la région où il laissa quelques traces remarquables : le crayon posé sur sa pointe bd Paul Montel en face de la Bibliothèque des Mou-

lins, la tête de Jacques Audiberti (3 m de haut) sur le pignon du lycée éponyme à Antibes. Au Cannet Rocheville : la statue de Victorien Sardou et le buste en Bronze de Dizzy Gillespie dont un exemplaire en plâtre trône aujourd’hui sur la bibliothèque de la cave « il me sert de totem, de porte bonheur » Et il en a eu besoin, car lorsqu’il passe derrière le comptoir en 1998 c’est d’abord pour épauler son frère tout en continuant son travail d’artiste « Mais quand celui-ci fut victime d’un infarctus, je me suis retrouvé seul maître à bord » Dès lors le tailleur de pierre s’attaque au zinc mais le climat artistique lui manquant rapidement il invite dans ses murs des peintres, dessinateurs, photographes puis en 2001 des musiciens de Jazz « J’avais vu mes amis de la cave Wilson faire des bœufs dans

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un cadre tout aussi exig, alors je me suis dit pourquoi pas ici ? »

Asphalt Jungle Et au balai, la maison se refait une santé en trois temps, deux mouvements. « Le Nissarte mesclun » est le premier en 2001 à ouvrir le ban. En huit ans au rythme d’une à deux fois par mois, puis tous les samedis, La cave Romagnan devient le QG des jazzophiles de tout poil « J’ai parfois la visite de quelques anciens qui on tenu les premiers jazz clubs de Nice. L’un d’eux, Jeannot qui tenait un club rue de France près du Negresco passe ici boire un verre par nostalgie » Beaucoup plus jeune est Frédéric Luzigant, l’un des premiers diplômés de musique actuelle qui exerce au Conservatoire. Il s’est fait connaître au sein de « Sharshird Lao » un trio vocal poly instrumentistes qui s’est produit ici et décrocha en 2007 le prix du public au tremplin de « Jazz à Juan ». Eux aussi pratiquent allégrement le meeting pot. « Je les ai mis en contact avec leur manager Sir Ali l’ex animateur vedette de TSF Cote d’azur, un autre fidèle des lieux. D’ailleurs, j’ai du recevoir à la cave tous

les professeurs de jazz du CNR » . Quant aux formations si elles sont en majorité locales, certaines font le déplacement de plus loin « D’Italie, d’Allemagne, d’Angleterre ou de Montréal. On a même accueillit un groupe Cajun que Jacques Higelin avait ramené en France dans ses bagages » Et tout ce beau monde de se produire sur une scène de poche entre le comptoir et la bibliothèque. Mais l’ambiance est chaude, au coude à coude, les soirs d’affluence, c’est à dire tout le temps ! Avis aux amateurs, il vaut mieux venir aux premières notes si on veut avoir une chance de fendre la foule jusqu’aux premières lignes. Il faut dire qu’il en passe du monde par ici. Au printemps Jacques Ferrandez, dessinateur de BD, profitait de sa performance de contrebassiste au sein du combo "Miles ABOARD" pour y dédicacer son 2ème album avec 2 CD sur la vie de Miles Davis. Le mois dernier Nicole Garcia y tournait quelques scènes de son prochain film « un balcon sur la mer ». Un peintre africain y exposait encore ses toiles en juin. Le jazz est une culture qui se nourrit de tout ce qui bouge, interdisciplinaire « depuis l’origine » précise Manuel avant de confier « Entre autres sommités, John Montague, un poète irlandais cité à plusieurs reprises pour le prix Nobel est un de nos inconditionnels. Un jour, celui qui fut dans les années 60 le correspondant de l'Irish Times à Paris et un proche de Samuel Beckett m’a confié qu’il était né dans un clandé de New York. Il m’amène régulièrement des amis américains » Manuel qui vécut en Algérie avant d’arriver à Nice en 1962 connaît la musique « Le passage des ricains après la guerre avait déjà laissé de l’autre côté de la méditerranée pas mal de traces jazzy. En fait, moi qui cherchais une autre aventure artistique, un peu malgré moi, je l’ai trouvé ici…! »

« Oeuno-jazz » à la Cave Bianchi

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u Jazz au verre vous en avez rêver Frank Obadia l’a fait, en ressuscitant l’âme d’une cave de mémoire. Aujourd’hui notes bleues et notes gustatives y attirent chaque mois, les épicuriens en quête de nouvelles sensations, pour le plaisir de tous les sens ! C’est une version singulière du Jazz autour du vin et des arts qu’offre la cave Bianchi depuis sa reprise par Frank Obabia. L’histoire débute quand ce fils de vignerons bercé par tous ces univers décide de sauver de l’oubli l’un des bastions azuréens du négoce du vin « J’ai racheté la cave Bianchi en 1998,

la boutique de Nice créée en 1860 rue de la terrasse et sa sœur cannoise « le Sunshine ». Deux caves qui travaillaient en binôme depuis l’origine mais battaient de l’aile ». Sous l’impulsion de ce passionné les deux affaires reprennent du galon. La cave poussiéreuse se changeant en boutique accueillante ouverte à l’esprit cépages « Je fus probablement l’un des pionniers en la matière à Nice. Il était temps d’offrir une réplique de qualité à l’essor des vins en grandes surfaces, proposer autre chose que ces caves de quartier où le vin à la tireuse n’attirait plus grand monde »


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Une cave bien inspirée

« Wine man show »

Non content d’avoir redonné un second souffle à ces commerces, drainant au passage quelques clients distingués comme Johnny Depp ou Bill Gates, Frank transformera une autre cave faisant face à sa boutique en un lieu dédié à la découverte et au partage « Cette ancienne réserve bâtie dans la pierre en 1860 servait d’atelier de mise en bouteille à la maison Bianchi. C’est une des plus anciennes caves du comté créée par les frères Visconti arrivés du Piémont. L’un était marchand de vin et charbon, l’autre un intellectuel à l’esprit subversif. La légende dit qu’ils complotèrent ici avec Garibaldi » L’endroit bruisse de secrets aussi bien conservés que les flacons millésimés 1930 qui y sommeillent encore grâce à une climatisation naturelle induite par les nappes souterraines du paillon et la brise marine qui s’engouffre depuis la promenade des anglais dans la rue Raoul Bosio. « J’ai travaillé deux ans et demi pour réhabiliter ce capharnaüm, nous avons même pu conserver le petit musée avec ses bouchonneuses et embouteilleuses. Quant aux étais de la porte sous la voute ils ne sont autre que le châssis de la voiture de livraison de 1914 » L’immense comptoir en acajou qui préside aux festivités est une petite merveille qui, elle aussi revient de loin « Il fut construit en 1880 pour un clipper qui navigua pendant 24 ans. En 1904 lorsqu’il fut désarmé, le comptoir atterrît au Negresco. Son chef Barman en fit son comptoir lorsqu’il ouvrit l’Albert’s bar rue piétonne. Je l’ai récupéré à la fermeture de l’établissement. Une autre partie existe encore qui est en fait la conciergerie du Palace niçois depuis 40 ans ».

Et depuis janvier 2009 le jazz y a élu domicile par le biais de vernissages accoquinant dans un premier temps un talent plasticien et un talent vigneron. Un même combat pour Frank qui n’a pas oublié ces artistes alors débutants que ses parents accueillaient au domaine Bunan à Bandol, Arman, César et les autres. Plaisirs du palais, du nez, de la vue, du toucher, il manquait quelque chose « Pourquoi fait-on tinter les verres en triquant si ce n’est pour le plaisir auditif ? » Alors avec sa sœur, une experte qui sonorise les défilés de mode au Palais du Louvre ils décident de mettre au diapason musique et grands crus « Le rythme cardiaque est le plus proche de celui du jazz. En poussant l’étude plus loin on s’est aperçu que plus on est sûr des notes de tête plus on va vers le minéral, que les notes basses conviennent à des vins capiteux, quant aux rythmes latino ils s’accommodent merveilleusement avec des bulles » Une découverte qui lui donne l’idée d’initier des soirées dégustation autour d’un concept ludique. Et comme le jazz est une autre passion reçue en héritage d’un père dentiste et musicien émérite élu « champion universitaire de Be bop » Frank invite les pointures du ternaire dans son antre pour ce qu’il a baptisé le « Wine Man Show » « La soirée commence vers 21h et s’articule en trois tableaux comme au théâtre chacun étant illustré par un vin s’accordant avec un met et une partition musicale ». Sur ce mode de découverte œnologique se sont déjà produits à la cave devant une soixantaine d’amateurs chaque soir, des formations et musiciens aussi

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prestigieux que Donna Flor, François Arnaud et JeanYves Candela. Robert Amiach et dernièrement « le Fantomas quartet ». Une soirée y célébra pendant le festival de Cannes le jazz et le cinéma. Quand à celle honorée de la présence de David Reinhardt, le petits fils de Django, elle fut si réussie que Frank songe à la bisser durant le prochain « Nice jazz Festival ». Une affaire à suivre comme tous ces moments d’exception que propose chaque vendredi cette cave où Bacchus et Euterpe jouent l’accord au sommet.

Shapko : Nu Jazz à tous les étages

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e miracle a eu lieu il y deux ans près de la Cathédrale Sainte Réparate à Nice. Un jazz Club est né à quelques pas de la place Rossetti. Un miracle ? Oui, car malgré son riche héritage on compte à Nice sur les doigts d’une main les lieux nocturnes dédiés aujourd’hui à ce genre musical. Ensuite parce qu’à sa tête se trouve l’un des meilleurs sideman de la sphère jazz actuelle : Dimitri Shapko. Ce saxophoniste récompensé en 2006 d’un « BBC Jazz Award » œuvra avec les plus grands de Lionel

Hampton à Clark Terry en passant par le septet de Wynton Marsalis. Et après s’être distingué à Juan les Pins, à New York dans le saint des saints au « Blue Note » et au « Village Vanguard » ou encore à Paris au « New Morning », il décide d’ouvrir sa propre scène à Nice. Mais Dimitri n’est pas totalement inconnu des autochtones. Avant de voler de ses propres ailes, il anima quelques nuits du Bar des Oiseaux. Il fit également swinguer les platines de quelques lieux


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nocturnes branchés en lançant les soirées « Update » avec le gotha du nu-jazz, une relève qui mixe allégrement tout ce qui groove avec l’electro. Car pour ce fils de musicien classique russe, les frontières sont poreuses: « Je ne suis pas ce que l’on peut appeler un puriste, j’ai croisé sur scène comme sur mon propre label, tout les genres dans la culture jazz, urbain, électronica, world music, blues et pourquoi pas la Pop quand elle sonne comme à Londres !» Pas la peine de vous faire un dessin, la programmation ad hoc réunit à domicile de fines gâchettes internationales la plupart des complices de Dimitri qui passent ici faire un set sur la route de leur tournées et quelques résidents de choix comme Scott Allen, un ancien piToujours prêts à dégainer leurs instruments.

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« Nice Jazz Festival » Le Off fait du rentre-dedans

lier du défunt « Bar en Biais » (Antibes). De quoi expliquer le succès fulgurant de ce club où les impros et standards font jazzer du mardi au samedi une foule bigarrée de tous âges et horizons dans un cadre cosy avec mezzanines plongeant sur la scène. Amateurs comme novices, viennent ici refaire le monde ou la java, mais surtout savourer le plaisir d’une jam session chauffée à blanc autour de consommations dont les prix, eux ne flambent pas ! Dommage que l’établissement n’ait toujours pas l’autorisation de minuit, on aimerait pouvoir y prolonger le plaisir de s’y retrouver entre amis après un repas. So what ? Pour un after mais pas « Around midnight », comme ces deux autres confrères !OM Toutes photos sauf mention différente : J-Ch Dusanter

Nice va se réveiller dès le 18 juillet au son du « Nice Jazz Off » qui cette année se déploiera partout dans la ville. Inutile de le chercher, il finira par vous trouver ! Les marching bands donneront le ton dès l’Aéroport Nice Côte pour venir à la rencontre du public aux quatre coins de la Ville. Sur les marchés, les places publiques, la zone piétonne, la Promenade des Anglais,… ces fanfares à la sauce « New Orleans » (Jazz band du Cannet, Jazz In, Sweet cyclo, etc) ouvriront le 18 juillet le Nice Jazz festival 2009 aux rythmes d’une parade qui partira du Théâtre de Verdure pour grimper à Cimiez mais feront la clôture (Samedi 25) de l’édition, lors d’une mémorable « bataille de fanfares » sur la Place Masséna. Et du 18 au 25 « Le Nice Jazz Off » essaimera de quartiers en territoires, pour proposer une foule d’activités artistiques de l’aéroport au Port, du Stade du Ray à la Promenade des Anglais, du Cours Saleya au marché Libération ou St François et notamment avec le RSAJ Band ou le New Scat. Le Théâtre de Verdure lui aussi de la partie cette année accueillera Le Tremplin du off. Huit

talents locaux s’y produiront en fin d’après-midi, le lauréat ayant l’honneur de jouer sur la scène des Jardins de Cimiez. Des concerts, animations et une séance de ciné-club y seront proposés en fin d’après-midi et en soirée, du lundi au vendredi. A découvrir entre autres moments forts " MO' BETTER BLUES " le film de Spike Lee (1990) et en live, l’incontournable Jean-Marc Jaffet au sein du "Jobim Project" l’étonnant contrebassiste Merakhaazan et Alain Illel pour un hommage à Claude Nougaro, Du côté des partenaires… La Fnac de Nice accueillera des artistes programmés au Nice Jazz Festival, pour des mini-concerts en prélude aux chaudes soirées de Cimiez tandis que le Centre Musical de la Côte d’Azur proposera des concerts avec les profs et élèves de l’école. Enfin comme le veut la tradition les soirées du « Nice Jazz Festival » joueront les prolongations sous la lune, sur la Plage Beau Rivage avec ses Beach Sessions (de 23 h à 02h00).et sur la terrasse de l’Hôtel Radisson SAS où les invités du NJF se mêleront à l’envie pour des jams endiablés et inattendus. www.nicejazzoff.com

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© J-Ch Dusanter

Quand La Principauté fait les pieds aux murs Jo Bullit passa son enfance à faire l’acrobate avant de prendre en 2008 la barre du Festival « Fort Antoine dans la ville ». Une manifestation estivale qui convoque sur le Rocher les compagnies les plus douées de leur génération pour faire descendre les arts de la scène dans la rue.

© J-Ch Dusanter

n lui connaissait la passion du cirque qu’elle porta au pinacle en créant son festival d’envergure mondiale, ses affinités pour les arts de la scène avec les Ballets Russes (qui fêtent leur centenaire cette année) ou plus récemment les chorégraphies de Jean Christophe Maillot, son ouverture vers les arts contemporains avec un parcours urbain de plus d’une centaine de sculptures, mais de là à s’imaginer que la principauté était devenue l’un des spots les plus en vue du spectacle de rue, ça, on s’en doutait moins !

aussi pointue que populaire ». Car les arts de la rue ne nous y trompons pas, ce n’est pas dans la capitale des palaces, ces grosses machineries que l’on voit en marche rangées lors d’événementiels mais une vingtaine de scènes interactives « Il ne s’agit pas d’animer la cité mais de lui redonner une nouvelle vie, du sens, faire redécouvrir aux habitants leurs propres lieux en injectant de l’art dans les murs » Du spectacle de rue au cœur d’une ville bâtie comme un château de cartes, le pari semble fou. La journée « Monaco street » (26 juillet) démontrera

© Marie-Hélène Labat

Du théâtre de verdure aux places monégasques L’Histoire du festival « Fort Antoine » prend racine autour d’un théâtre de verdure créé en 1709 sur les fondations d’une forteresse maritime qui fêtera cette année ses 300 ans. « Ce dernier vivait depuis 1970 au diapason du théâtre et de la musique, explique Jo Bullit aujourd’hui à la tête de l’événement, mais avec la construction de la nouvelle digue ses activités furent mises en sommeil. La Direction des affaires culturelles décida alors de créer un festival hors les murs. Ainsi naquit en 2000 le bien nommé « Fort Antoine dans la ville » qui célébrera en 2009 sa 39ème édition et sa 9ème sous sa nouvelle forme « Je suis arrivé en 2008 avec une mission : amorcer le retour à son théâtre de verdure fort d’une programmation équilibrée, entre les Arts de la rue, les Arts de la piste et le Théâtre afin de préserver l’âme de cette manifestation

le contraire avec 5 spectacles haut en couleurs «. On n’a pas encore les moyens d’avoir des commandes mais nous oeuvrons avec les compagnies afin d’adapter leurs propositions à nos espaces. Certes, nous sommes un peu à l’étroit et devons composer avec diverses contraintes mais tout cela nous pousse à trouver des scripts originaux en réelle synergie avec un quartier, une place ou un parking. En fait c’est comme une installation d’art dans une galerie à ciel ouvert ».

Chorégraphie aquatique, Bal interactif, Fanfares de rues Et l’art de rue et de la piste, semble avoir le vent en poupe sous le soleil de la Riviera : Menton à ses rencontres franco italiennes de théâtre de rues, Carros Les Siacreries, Antibes les déantibulations, sans oublier précise Jo Bullit « le théâtre de Grasse labélisé théâtre/ cirque/danse et Le Festival Russkoff qui m’émerveille chaque an-


MONACO

née au TNN ! Mais les lieux de diffusion manquent encore en PACA pour toutes ces compagnies qui ont unis leur force sous le fanion FARSE (Fédération des Arts de la Rue du Sud Est) ». Un creuset de création que soutient le Festival et dans lequel notre homme de terrain puise une partie de sa substantifique moelle, l’autre venant de toute la France ou de l’étranger. Cette année deux compagnies niçoises sont invités « la Divine Quincaillerie » et l’Association DIVA (Le hublot) qui animera la place du marché de la Condamine avec son bal interactif « Tout azimut », une ins-

Mais quel est donc ce nouvel homme orchestre qui met les tréteaux sans dessus dessous, ce mystérieux Jo Bullit qui fait descendre la principauté dans la rue ? tique sur la plage du Larvotto « Ces artistes ont mis au point des procédés poétiques donnant l’illusion que les acteurs évoluent réellement sur l’eau » D’autres troupes intégreront ce millésime fort en sensations qui réinvestira cette année le Théâtre du Fort Antoine. « Pour les 300 ans du bastion une

Les Accrostiches à Contretemps

La Fanfare Jo Bithume

tallation son et lumières assistée par ordinateurs. Et après avoir reçu la fameuse compagnie marseillaise « CAR » deux autres troupes du 13 joueront cette année dont La compagnie Ilotopie invité pour une chorégraphie aqua-

soirée historico-festive ouvrira le ban à des productions aussi variées que « Le pianiste » avec Robin Renucci, ou un Antigone Vietnamien qui célébrera le 60ème anniversaire de l’adhésion de la principauté à L’UNESCO ».

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Mais quel est donc ce nouvel homme orchestre qui met les tréteaux sans dessus dessous, ce mystérieux Jo Bullit qui fait descendre la principauté dans la rue ? Et si ce sympathique cinquantenaire au crane lisse et aux yeux pétillants n’était pas là par hasard. « De 6 ans jusqu’à la majorité j’ai vécu une expérience marquante. Dès 1964 j’ai parcouru l’Europe avec mon père pour faire des spectacles acrobatiques. Il dirigeait une petite entreprise mais avait monté sa troupe de cadets pour animer les places avec des démonstrations gymniques, sauts à travers des cerceaux de feu, pyramides humaines etc. Quand il fallut entrer dans la vie active j’ai intégré l’école d’Annie Fratellini puis suivi les tournées du cirque Bouglione. Ma spécialité c’était le burlesque. A la fin des années 80 je me suis dirigé vers le théâtre puis l’Opéra, rencontré des metteurs en scènes, chorégraphes comme Jean-Christophe Maillot ». Durant ce parcours qui le voit tour à tour directeur artistique d’une compagnie de théâtre, de résidences et même d’un cirque, Bernard de Moussy est devenu officiellement Jo Bullit, l’homme canon ? En tous cas, un homme qui tombe à pic sur le rocher pour chapeauter cet audacieux Festival dont l’édition 2009 réserve des surprises de taille du 6 juillet au 10 août.OM www.fortantoinedanslaville.com

Fort Antoine dans la ville

6 JUILLET 21H30 - Théâtre du Fort Antoine* Antigone Vietnam Théâtre du Monte Charge

13 JUILLET 22h00 - Plage du Larvotto** Narcisse guette - Ilotopie

20 JUILLET 21h30 - Théâtre du Fort Antoine* Un de la Canebière de v. scotto Les Carboni

26 JUILLET MONACO STREET 11h30 - Rue Princesse Caroline Les Gaspard - Divine Quincaillerie

18h00 à 23h00 Parvis du Théâtre Princesse Grace Les Demeurées de J. Benameur Begat Theater 19h00 - Esplanade de la Rose des Vents Rubbish Rabbit - Tony Clifton Circus 20h00 - Esplanade de la Rose des Vents Les Faunèmes - Eléphant Vert 22h00 Place du Marché de la Condamine Tout Azimuth - Le Hublot

27 JUILLET " 300 ANS DU BASTION DU FORT ANTOINE"

18h00 - Monaco Ville Fanfare - Cie Jo Bithume 21h30 - Théâtre du Fort Antoine* 1709... Cie Florestan Fanfare - Cie Jo Bithume

3 AOUT 21h30 - Théâtre du Fort Antoine* Le Pianiste de W. Szpilman avec Robin Renucci et Mikhaïl Rudy

10 AOUT 21h30 - Théâtre du Fort Antoine* Les Acrostiches à contretemps Les Acrostiches

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Sylvain Legrand Le peintre aux yeux fermés L’Espace culturel de Mougins accueille, jusqu’au 6 septembre, une exposition de Sylvain Legrand. Rassemblant 48 peintures et sculptures, de création récente, ce lieu tout en courbes est à l’image de la peinture de l’artiste : colorée, douce et intimiste.

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ntre Mougins et Sylvain Legrand, c’est une longue histoire d’amour. Ce n’est pas la première fois que la ville lui consacre une exposition et, surtout, il y a possédé son propre atelier pendant 18 ans. En 1983, il avait même ouvert, non loin de là, à Cannes, une école de peinture, qui fut détruite par un violent incendie quelques années plus tard. « J’ai perdu six années de peinture mais ce fut une véritable libération pour moi. Je ne suis pas attaché à mes toiles », affirme Sylvain Legrand. Parmi les œuvres disparues, L’Oie crucifiée, réalisée à l’âge de 25 ans, qui remporta le Grand Prix International de la Côte d’Azur et, en 1981-1982, le Prix du Salon d’Automne de Paris. Une œuvre symboliste de jeunesse qui eut donc le même destin que le seul autoportrait de l’artiste, brûlé volontairement. « J’avais 20 ans, j’étais orgueilleux, et c’est l’orgueil qui détruit le monde. » Un thème que l’on retrouve dans sa toile La Tour de Babel (Grand Prix d'Art Contemporain de Monte-Carlo en 1984)… Si l’œuvre de l’artiste a connu plusieurs périodes très différentes et brutales, ses toiles d’aujourd’hui sont reconnaissables comme

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étant du Sylvain Legrand. Son agent dit de lui qu’il a digéré ses différentes influences et qu’il est parvenu à la maturité de son art, en créant sa propre émotion. Mais en éternel insatisfait, Sylvain Legrand considère pour sa part qu’il est dans l’enfance de l‘art. « Si je travaille tout le temps, c’est parce que c’est vital pour moi. Je suis dans une quête permanente, car si l’on se trouve, il n’y a plus de création. » Artiste idéaliste doublé d’un homme au réalisme foudroyant, « car le rêve sans la réalité n’est pas grand-chose », il ferme systématiquement les yeux de ses personnages. « Je leur offre une trêve à ce que le monde leur offre à voir » souligne-t-il. « Mais si le monde est cruel, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas aussi merveilleux. Simplement, la réalité du monde empêche de voir une autre réalité, bien plus essentielle, invisible pour les yeux », aime-t-il à répéter, en citant le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.

Les je t’aime incessants de la mer Et si l’essentiel ne se voit bien qu’avec le cœur, c’est aussi parce que l’amour est le moteur de la vie et de l’œuvre de Sylvain

Legrand. « Il n’y a que l’amour qui vaille la peine d’être vécu, estime-t-il. Et même si c’est parfois douloureux, cela veut dire qu’on est vivant. » Un sentiment que l’on retrouve dans les titres de ses œuvres, comme des mots d’amour que semblent s’échanger les personnages à la sérénité si évidente : Les je t’aime incessants de la mer, Je t’emmène dans les paysages qui ne demandent que du silence, Le murmure de ses mots qui me donne la vie, Les plus beaux voyages sont ceux que nous avons à nous dire… En fermant les yeux, les personnages de Sylvain Legrand se regardent avec intensité, car « on ne se connaît bien que dans le regard de l’autre ». Pour l’artiste, c’est le sentiment amoureux qui, en nous renvoyant en enfance, nous permet de trouver le monde beau. « J’ai une peur viscérale de la rupture et de l’abandon », avoue-t-il. D’où l’étreinte de ses personnages qui se tiennent dans leurs bras comme si leur vie en dépendait. Etre paradoxal, entre force et fragilité, solitaire mais se préoccupant du monde, Sylvain Legrand a longtemps peint en larmes, dans un processus de


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Les Je t'Aime Incessants de la Mer, Huile sur toile, 116x89 cm

© J-Ch Dusanter

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création douloureux. Mais aujourd’hui, il s’est libéré de cette souffrance, même s’il admet ne pas s’être pardonné ce qu’il est. « Si j’ai fermé les yeux pour retrouver la joie que j’avais perdue, celle de l’enfance non coupable, je sais désormais que le monde est devant moi et que la liberté est la lumière sous la porte : il n’y en a pas beaucoup mais cela suffit pour trouver son chemin. » FS

Les Rives Enlacées de nos Mains, technique mixte sur papier, 52x63cm

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Le Peu s'expose au MAMAC, 2003

Paul Stapleton

Bonson : Quand les gens de Peu font leur festival

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n village haut perché des Alpes-Maritimes se mobilise pour la 7ème année autour du Festival du Peu, lancé en 2003 sous l’égide de l’artiste niçois Jean Mas. Sa thématique autour d’un appel au Mouvement réunira du 10 au 26 juillet prochain, 12 artistes plasticiens ayant créé in situ des œuvres dans plusieurs lieux clé ou en plein air mais aussi des compagnies de spectacles vivants, invitera des projections de films, suscitera partout des moments de convivialité. Un branle-bas de combat festif avec une visée commune : faire entrer « un Peu » d’art et de partage dans tout le Pays.

de créer un festival qui ne soit pas un copier coller de tout ceux qui existe déjà je travaillais alors sur le « Peu ». L’idée de faire participer les Bonsonnois, a germé. Après leur avoir expliqué le concept qui n’est autre que la suite de mon engagement avec Fluxus (performances d’attitudes, participation du Public), chacun mit la main à la pâte, apportant ainsi un Peu de lui à l’exposition que je décidais de décliner en 2004 autour de ce thème au MAMAC » Et depuis les villageois éditions après éditions, se sont appropriés un Peu plus le festival « C’était l’idée maitresse » souligne celui qui fut aussi connu pour ses cages à mouches. L’idée qui a séduit aussi JeanMarie Audoli, Maire de BONSON « Le Peu collait parfaitement à nos souhaits. Sans beaucoup de moyens financiers nous voulions lancer une manifestation d’envergure en évitant de placarder au village quelque chose Bonson, le village, vu par Pascal Claeven © Hervé Demongeot Olivier Roche qui lui soit complètement étranger mais au contraiUn élan créatif communautaire. re en synergie avec les attentes des habitants. Et l’idée d’impliquer Bonson, 35km de Nice, dans le Val de l’Estéron, 700 habitants. la population fut une réussite : 400 lettres «p» façonnées dans du Jusqu’ici RAS et pourtant le village médiéval aux six chapelles, dé- bois furent distribuées aux habitants et récoltés » Et depuis Jean fraye chaque été la chronique en accueillant un drôle de festival. Mas s’est retiré Peu à Peu de la manifestation au profit d’une assoJean Mas de l’école de Nice, à l’origine de cette petite révolution ciation locale dirigée par l’artiste Pascal Claeren et de Sophie Sciuexplique « Lorsque le Maire de Bonson m’informa de son intention lara, institutrice à Bonson, nommée commissaire d’exposition.


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Jean Mas dans sa célebre Cage à Mouches © J-Ch Dusanter

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Héléna Krajewitz & Robert Rowlands

La 7ème édition du Festival de Bonson s’ouvrira le 10 juillet, l’occasion de revenir sur cette manifestation qui s’est inscrite de façon durable et singulière dans le paysage des festivals qui fleurissent au sud en haute saison. Regard sur un événement pionnier qui creuse son sillon en l’élargissant chaque année. Land art, spectacles vivants, cinéma et convivialité Le Festival du Peu dont la tenue créative de haute volée est à la mesure de l’éperon rocheux dominant le Var qui l’abrite. Ils sont peintres, sculpteurs, plasticiens, vidéastes ou photographes, viennent d’horizons divers et auront une fois de plus le redoutable honneur de planter le décor de l’édition 2009. Parmi ses invités, quelques membres actifs de l’association « No made » qui évoluent dans la sphère du « land art » et ont déjà démontré à l’Arboretum du Roure ou à Cap d’ail leur faculté à injecter l’art dans des lieux de vie : Olivier Roche, Paul Stapleton, Helena Krajewicz en duo avec Robert Rowlands, Bernard Abril et Jean Pierre Joly. D’autres exposeront leurs travaux au cœur du riche patrimoine de veilles pierres du village (chapelles, presbytères) comme l’artiste américaine Margaret Mitchell dont les étranges mécaniques faites à base d’objets de récupération et soumises au mouvement perpétuel investirent en 2006 le MAMAC. Les générations se sont rencontrées, le lien social s’est renforcé car le Festival propose, en sus de ces expositions qui aiguisent l’appétit de découverte, des soirées de spectacle vivant. Grâce au Conseil général des Alpes-Maritimes, le festival accueillera l’univers de Marcel Pagnol avec le Théâtre du Verseau, la sensualité des tangos argentins d’Astor Piazzolla avec Meditango Quintet, enfin des formes courtes du cinéma d’Agnès Varda avec « Lo Peolh Cinema » dans une version déambulatoire et vivante. Toute une après-midi et une nuit de contes en mouvement investiront le village avec des histoires venues d’ailleurs, colportées par la Cie La Hulotte. Pour profiter de l’air vivifiant de la campagne, le Festival

du Peu sera rythmé par des déjeuners et dîners en plein air (sur réservation le 13 juillet). Enfin, des courts-métrages sur l’art, issus de la collection du Centre National de la Cinématographie seront diffusés au foyer tous les jours de 17h à 20h. Afin d’ouvrir le chemin aux visiteurs Pascal Claeren rééditera cette année une installation qui fit parler d’elle en posant sur la falaise une grande flèche (éclairée cette année) et signalant à plusieurs kilomètres à la ronde que c’est ici à Bonson, que ça se passe. Non content de son succès estivalier (800 visiteurs en 2008) la manifestation a engendré une dynamique à plein temps, une valeur ajoutée pour le maire de ce village dont la population est passée en 26 ans de 282 à 700 habitants. « Le festival du Peu, nous a permis d’activer une politique culturelle permettant d’offrir toute l’année des animations nécessaires à l’épanouissement de chacun. Depuis 2003 on s’est positionné autour de notre médiathèque sur des événements comme Lire en Fête en octobre le Printemps des Poètes ou les journées Passeurs de Mémoire. Les expositions d’artistes Bonsonnois se sont ainsi multipliées y compris pendant la Fête de l’Olivier. Des ateliers d’écriture et d’arts plastiques et un club d’œnologie ont vu également le jour ». Son mécène, un vigneron a même créé une cuvée arborant tous les ans l’affiche du Festival. Bref avec un Peu de moyen mais un Peu de tout le monde, une véritable démarche de culture durable est née dans le moyen pays. A suivre …et pas qu’un Peu ! OM www.bonson.org

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Un été espagnol

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st-ce un pur hasard ? La Riviera s’ouvre à sa haute saison par trois fois à la création venue d’Outre Pyrénées. Les conservateurs auraient-ils relus « Le Bateau Espagnol » de Ferré « Tout seul mieux qu'un marin, je violerai le vent/ Harnaché d'Espagnols remontant la Garonne/ Je rentrerai chez nous éclatant de lueurs » Auraient-ils été sensibilisés par le 20ème anniversaire de la mort de Dali ? Toujours est-il que la Fondation Maeght nous ouvre les portes secrètes du jardin extraordinaire que Joan Miró dessina pour Marguerite et Aimé Maeght, qu’Antonio Clavé le fidèle complice de Picasso investi la Malmaison et ses abords pour une rétrospective attendue et qu’enfin Manolo Valdés trace un parcours de sculptures entre deux cités solaires : Monaco et Saint-Tropez. Seraiton parti sur la trace de Don Quichotte, les Moulins à vent auraient-ils cessé de battre des ailes ? Dans l’imaginaire, l’Espagne c’est un pays où l’on se bat contre le fascisme pour défendre sa liberté mais aussi un pays qui fait rêver depuis belle lurette. Qui donc n’a jamais bâti « de châteaux en Espagne » ?

Pas moins de trois expositions à ciel ouvert sont consacrées cet été à trois artistes d’origine espagnole. Alors que Picasso fêtera le premier anniversaire de la réhabilitation de son musée château à Antibes, l’âme de Miró revient habiter son « Jardin de sculptures » à Saint Paul, Antonio Clavé est reçu à Cannes et le Manolo Valdès jette, lui, une passerelle de sculptures entre les deux extrémités de la Côte d’Azur.

Valdés du Rocher à la Citadelle Il y a trois ans les azuréens purent approcher l’œuvre de ce peintre et sculpteur né en 1942 à Valence. En 2006 alors que la Fondation Maeght lui consacrait une importante exposition, Manolo Valdés installait face à la mer sa « Renia Mariana » sur les terrasses du Casino de Monte Carlo. L’artiste revient sur nos terres pour y installer cette fois à ciel ouvert un étrange défilé « hautes sculptures » sous le Haut Patronage de S.A.S. le Prince Souverain de Monaco et sous l’Égide de la Ville de Saint-Tropez. L’exposition se déploiera dans les jardins du Casino avec sept sculptures mo-

numentales en bronze ainsi qu’au cœur du plus médiatique village sudiste où neuf autres (dont cinq représentant des Ménines) accompagneront le flâneur de l’entrée de la citadelle à ses places de charme. Sensuel et tactile Manolo Valdés a toujours nourri son travail d’une large palette de matières (albâtre, bronze, marbre, granit, céramique, argent, bois) et s’inspira au fil de son évolution de l’empreinte de grands maîtres tels Vélasquez, Goya, Picasso, sans oublier Matisse auquel il rend hommage avec cette série de têtes féminines transformées en cariatides et couronnées d’étonnants


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Antoni Clavé sur la Croisette Plus contemporain que Miró mais tout aussi catalan que lui, Clavé naquit le 5 avril 1913 à Barcelone et disparut le 3 août 2005 à Saint-Tropez. Une ville où il s’installa dès 1965. C’est après avoir rencontré Picasso qu’il donnera une nouvelle impulsion à son travail basé sur la peinture, la sculpture et les techniques mixtes comme le collage. Il-

motifs géométriques. Manolo Valdés débuta en 1964 au sein du groupe Pop Art espagnol « Equipo Crónica ». C’est à partir de 1999 qu’il oriente avec succès sa démarche vers des œuvres volumineuses enchainant commandes publiques et expositions, du musée Guggenheim de Bilbao au Palais Royal à Paris. L’an dernier ses sculptures avaient déjà investit Las Ramblas de Barcelone et le Bryant Park de new York. La galerie Marlborough de Monaco qui représente l’artiste en Principauté profitera de ce parcours unique pour dévoiler son œuvre peinte.

lustrateur et décorateur de théâtre, il collabora notamment avec Roland Petit de 1949 à 1955. En 1977, il expose ses premiers trompe-l'œil, un an plus tard le Musée national d'Art moderne de Paris lui consacre une rétrospective. 25 ans après que La Biennale de Venise eut exposé une centaine de ses œuvres au Pavillon espagnol, la ville de

Antoni Clavé, Triptyque

De haut en bas et gauche à droite : Dama III bronze, 2003. 425x325x320cm Mariposas bronze, 2008. 440x430x420cm Clio bronze, 2008. 425x330x330cm Dama II bronze, 2003. 420x320x320cm

Antoni Clavé, Robert est là

Cannes présente une trentaine des travaux monumentaux (dont un ensemble de pièces dédiées à son ami Picasso) de cet artiste qui, refusant de choisir entre figuration et abstraction, composa des assemblages étonnants au point que certains le considèrent comme l’un des plus grands peintres de la seconde moitié du XXe siècle.

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Miró en son Jardin de Saint Paul Joan Miró est né le 20 avril 1893 à Barcelone, il meurt le 25 décembre 1983 à Palma de Majorque. Peintre, sculpteur et céramiste considéré comme un acteur majeur de l’Art moderne il créera au contact du mouvement DADA dès 1924 puis sous l’influence des surréalistes une étrange topographie faite de couleurs vives et de formes poétiques en apesanteur, sorte de fusion entre sa

fraîcheur inventive faussement naïve et l'esprit catalan exubérant et baroque. En redéployant sur tous ces espaces, l’œuvre peinte et sculptée de Joan Miró la Fondation Maeght revient aux sources de ses propres origines. Car c’est de la rencontre entre l’artiste et Aimé Maeght juste après la guerre, le galeriste lui confiant alors l’illustration (70 lithographies) d’un livre du poète Tristan Tzara, que naitra une longue histoire d’amitié entre les deux hommes. Une histoire qui vaudra à Joan Miró après qu’il eut présenté à Aimé Maeght, Josep Lluis l'architecture à l’origine de la Fondation Maeght de créer son fameux Labyrinthe à Saint Paul. Une œuvre forte, un moment magique. Car pour la première fois, le génie de celui qui ne put jamais se sustenter de peinture, se trouva associé à l’architecture et à la nature, base de son inspiration. 250 œuvres (dont certaines jamais montrées au grand public) dévoilent ce lien qui unira la famille Maeght au « plus surréaliste d’entre nous » selon André Breton, mais aussi les prémices de la célèbre Fondation de Saint Paul, un lieu de création, de séjours et de rencontres pour Joan Miró. OM

Ci dessus de gauche à droite : Fondation Maeght, Labirynthe Miró. Juan Miró, Gargouille, 1964. Fondation Maeght. Miró dans le labirynthe de la Faindation Maeght.

A gauche : Juan Miró, Calebasse, 1969. Photo Galerie Maeght Ci dessous : Miró réalisant une affiche à l'imprimerie Arte à Paris. © Clovis Prévost

Manolo Valdès 25 juin - 30 septembre Monaco. 27 juin - 31 octobre Saint-Tropez. 24 juin - 18 septembre Marlborough Gallery 4, Quai Antoine 1er, Monaco «Miró en son jardin» 26 juin - 08 novembre, Fondation Maeght, 06570 Saint-Paul de Vence Antoni Clavé « Les Grands Formats » La Malmaison 26 juin / 27 septembre 47, La Croisette - 06400 Cannes


Animaux&Mcie

NICOLAS GUILBERT 12 juin > 6 septembre 2009 Musée de la Photographie André Villers

Porte Sarrazine 06 250 Mougins 04 93 75 85 67 museephoto@villedemougins.com ouvert tous les jours de 10h à 20h

OUGINS

usée de la Photographie André Villers


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design sonore

Design sonore

Luc Martinez « Je ne suis pas très nombreux en France » Dans son studio d’enregistrement, situé dans le quartier de Saint Jean-d’Angély, à Nice, une ancienne école de danse dont une partie sera bientôt totalement insonorisée, Luc Martinez façonne les sons. Comme on associe les ingrédients pour qu’ils se marient entre eux dans un mets délicieux, il leur redonne leur place dans l’espace, en valorisant ce sens trop souvent oublié qu’est l’ouïe.

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epenser le son en fonction de son usage, tout en lui donnant une esthétique propre, tel est l’objectif que s’est fixé Luc Martinez. Car de la composition musicale au design sonore, il n’y a qu’un pas, qu’il a franchi en pionnier à la fin des années 80. « Je travaille sur les nouveaux territoires du son, ce qui engendre de nouveaux rapport au public, c’est ce qui me passionne », indique Luc Martinez. En chercheur averti (il a notamment travaillé au Centre National de Création Musicale, CIRM de Nice, entre 1989 et 1999), il observe que les stratégies d’écoute sont de plus en plus individuelles, poussées par l’avènement de la portabilité avec l’utilisation croissante de téléphones mobiles et autres lecteurs MP3. « Mais, dans le même temps, il n’y a jamais eu autant de concerts et de gens dans les

lieux de spectacle ». Paradoxalement, les moments d’écoute et de partage se démultiplient. Sans entrer dans le débat qui agite les opposants et les défenseurs de la loi Ha-

dopi, Luc Martinez estime que le téléchargement sur Internet est une véritable aubaine pour la musique : « à 15 ans, les jeunes d’aujourd’hui ont déjà tout écouté et digéré toutes les influences. Ils se remettent donc à jouer ! ». Et preuve en est, la vente d’instruments de musique n’a jamais été aussi florissante… Après la disparition du 33 tours et de la cassette audio, celle, imminente, du CD, marque la fin d’une époque : « au regard de l’histoire, la courte parenthèse du support musical se referme ». Pour autant, la musique de support continuera d’exister mais contre toute attente, sa dématérialisation relance la musique live ! « Quand une nouvelle technologie arrive, on la juge selon des usages et des modèles traditionnels. Or les technologies numériques actuelles modifient en profondeur notre rapport aux autres, aux arts et à la musique en particulier. La création musicale et sonore sort ainsi des sillons… ou des salles de concert pour investir de nouveaux espaces.

Réveiller ce sens animal qu’est l’ouïe Ces nouveaux territoires, Luc Martinez, lui, les explore : il s’agit des espaces publics, des lieux de culture, et notamment du musée. « Beaucoup de muséographies sont basées essentiellement sur un seul © J-Ch Dusanter sens qu’est la vue, déplore-t-il. Mais à force de devoir regarder, s’orienter ou lire une multitude d’informations, ce “sens unique“ devient vite saturé. » Son but est donc de faire com-

prendre aux scénographes qu’il peut être bénéfique de se dégager de la vue et de réveiller ce sens animal, souvent sous-exploité, qu’est l’ouïe. Le son illustre, complète un propos, nous touche parfois… mais il nous renseigne aussi sur la géométrie des espaces que nous habitons. Par exemple, au lieu d’indiquer une direction avec une énorme flèche, qui, même si elle est rouge et clignotante, risque de ne pas être vue, il est possible de diriger les visiteurs vers la gauche en diffusant un son venant… précisément de la gauche, grâce à l’interactivité et à des procédés de diffusion très discrets. Autre exemple, dans une exposition, il est impossible de prédire ce que les visiteurs, libres de leurs mouvements, vont entendre à un moment précis. « Mon objectif est donc de composer des états sonores coexistant dans un même lieu, par touches, à l’instar des peintres impressionnistes ; le public de passer librement d’un état à l’autre, explique Luc Martinez. Les sons sont conçus et diffusés pour se mêler, s’harmoniser ou au contraire créer des ruptures voulues par la scénographie. Dans mes compositions, chaque visiteur écrit inconsciemment sa partition, au rythme de sa visite» Pour ce faire, Luc Martinez utilise les arts numériques dans leur ensemble et repense la diffusion en redonnant aux sons leur place dans l’espace. « Ma musique est une expérience du lieu, de l’espace. Je ne peux concevoir les contenus sonores sans avoir la maîtrise des technologies de jeu et de diffusion. Dans des espaces complexes, le choix des technologies participe de l’écriture même du propos sonore ». Il n’est donc plus question d’entendre en boucle dans une salle d’exposition le son d’un écran vidéo que person-


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Déjà présenté à Nice en 2004, le Mur d’Alice est un rideau de sons dans lequel sont plongés les visiteurs de la Cité des Sciences, à Paris (installation permanente). © Luc Martinez

ne ne regarde ! C’est possible grâce à des capteurs de présence ainsi qu’une diffusion parfaitement localisée, grâce à de tous nouveaux haut- parleurs dont il a accompagné l’élaboration. Une technologie que l’on retrouve dans sa réalisation Le Mur d’Alice, œuvre installée sur le Parvis de la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette, à Paris. Dans sa toute première version, cette installation sonore avait d’ailleurs déjà été créée à Nice, dans le cadre de l’événement « Les murs – Un autre regard », en 2004. Le principe ? Le public traverse un véritable rideau sonore rectiligne dont les matières sonores évoluent de l’aube au crépuscule… « Sur le parvis de la Cité des Sciences, Le Mur d’Alice reconstitue, par le son, la partie absente de la barrière de granit qui relie les deux bassins situés en contrebas », précise Luc Martinez. Les sons évoquent l’univers scientifique et technologique exploré par la Cité des Sciences mais répondent également à la présence de l’eau, souhaitée en abondance par l’architecte, tout autour de son édifice.

Marseille 2013 : un centre méditerranéen virtuel et multimédia Autre installation permanente où l’on peut apprécier les talents de Luc Martinez : le Mémorial Charles de Gaulle, récemment inauguré à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne) et dont Luc Martinez a conçu le design sonore ainsi que les musiques originales). Par exemple, quand les visiteurs s’assoient face à l’un des écrans géants où sont diffusées les batailles du désert de Lybie, c’est sur des véritables caisses de munition. « Ces dernières deviennent de véritable générateurs de basses fréquences », soulignet-il. Ainsi, lors d’une explosion à l’écran, les vibrations des basses sont directement diffusées dans le siège. La vibration du son devient physique, Effet sursaut garanti !

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Avec le projet Mers-en-ligne, Media Terra, à Marseille en 2013, la Méditerranée sera symboliquement reconstituée par un ensemble cohérent de sons et d’images. © Medialoft / Scénos Associés

Même principe pour illustrer la « guerre des ondes » que se livrèrent Paris et Londres entre 1939 et 1945 ; les visiteurs peuvent actionner les boutons d’une véritable radio d’époque dans laquelle sont contenus des sons d’archive. « Avec cette cannibalisation des objets, on obtient une véritable radio qui recherche les stations. Cela parle tout de suite aux gens, qui se projettent instantanément dans cette situation ». Autre projet en cours, et pas des moindres : Media Terra – Mers en Ligne, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, Capitale Européenne de la Culture. Conçue après la réalisation d’une vingtaine de concerts en réseau haut débit, cette Installation monumentale destinée à fonctionner 24h/24 pendant toute l’année 2013 a pour but de relier Marseille à l’ensemble du pourtour méditerranéen, en recréant un centre virtuel de la Méditerranée qui n’existe pas dans le monde réel : en effet, les méditerranéens, lorsqu’ils souhaitent se rassembler, sont obligés de le faire sur une des rives de leur mare nostrum. Marseille accueillera donc une couronne de 20 écrans géants juxtaposés entourant un ensemble de projecteurs vidéo, reliés à 20 ports historiques du pourtour méditerranéen par un faisceau haut débit. Le lien visuel entre toutes ces images vidéo sera obtenu d’un écran à l’autre par la continuité de la ligne d’horizon, captée depuis chaque port par une station multimédia sécurisée. Ponctuellement, ces écrans pourront relayer tout type d’événements, comme des concerts en réseau, des conférences, des performances d’artistes, avant de retrouver leur fonction de paysage interactif permanent. « On pourra également entrer dans le cercle d’écrans, où un décor reconstituera une île imaginaire, véritable terre du milieu, précise Luc Martinez. Cette position centrale sera plus propice à l’écoute de la création musicale permanente évoluant autour des

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auditeurs. » Dans le travail de l’artiste, le son n’est jamais seul. Car la musique est l’art le plus transversal, comme l’est l’homme : multi-instrumentiste, compositeur, concepteur multimédia, producteur, directeur artistique, Luc Martinez est tout cela à la fois. Et si, à 47 ans, il admet avoir sacrifié la recherche de la perfection dans chacun de ces domaines au profit d’un métier de musicien recélant de multiples facettes, il faut tout de même reconnaître qu’ils sont rares, ceux qui arrivent à tout faire aussi bien. FS

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Georges Lautner, Un flingueur qui vous veut du bien !

Tontons Flingueurs,1963

Est-ce vraiment un monsieur trop tranquille, rangé des plateaux, qui à 83 balais vient nous ouvrir les portes de son moulin grassois avec la même désinvolture qu’il entre dans la légende ? Cette bastide perdue dans la cambrousse, Georges Lautner s’y réfugie pour concocter ses projets depuis plus de 45 ans et évite habituellement « de s’y laisser emmerder comme aujourd’hui !» précise-t-il, pince-sansrire, ou pas ? Mais la musique adoucit les mœurs, celle d’un Saint Nicolas de Bourgueil estampillé Jean Carmet (son vin préféré) qui coule dans les verres, aura tôt fait de délier les langues et d’installer un climat de table ronde. Tir nourri sous une tonnelle où fleurit la rose de Mai.

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vec une quarantaine de films à son actif où sont épinglés au générique des monstres sacrés comme Gabin, Blier, Ventura, Belmondo, Delon, Serrault et malgré une reconnaissance du public qui se perpétue via la petite lucarne et le DVD, Lautner est entré par effraction à la cinémathèque. Il faut dire que ce franc-tireur d’origine niçoise a creusé son sillon en ouvrant le feu, sur fond de jacquerie Twist n’ shout et en pleine nouvelle vague en prenant à rebrousse-poil le cinéma de genre. Bogard versus Ventura, Hemingway contre Audiard, quand les « Tontons flingueurs » débarquent en 1963 sur la butte pour régler son compte au film noir américain, y a de quoi plomber l’ambiance ? Happy Birthday les Volfoni ! Les balles sifflent comme chez Tex Avery, les dialogues d’Audiard fusent comme des V2 sur la France Gauliste. Alors la farce policière se change en un grand coup de pied au culte qui traversera les générations « Lautner tue en gaîté, moi je tue sinistre ! » C’est l’analyse fine de l’un de ses ex-assistant : Bertrand Blier. Il est vrai que Georges dont le père trouva brutalement la mort dans un avion de chasse garda une profonde aversion pour la violence et revendiquera l’humour comme ce qu’il y a de plus subversif et salutaire, à la scène comme à la ville. 50 ans plus tard après une « filmo » alternant coups de génie, coups d’éclats avec Delon (Mort


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d’un pourri) Belmondo (Le professionnel) et Serrault (La cage aux folles) et quelques coups d’épées dans l’eau, le réalisateur coule des jours paisibles en Riviera. Une retraite, pas trop ! Car, ironie du sort, lui qui a été si « bâclé » par la critique, le voilà sacralisé depuis l’an 2000 et contraint de reprendre la route des festivals. L’an dernier c’est les rencontres cinématographiques de Cannes qui le convièrent à fêter son demi-siècle de carrière. Les cameras de TF1 étaient là pour immortaliser la scène qui se clôtura par la projection des "Tontons Flingueurs" en compagnie de Mireille Darc et de Venantino Venantini, le dernier survivant d’une drôle de bande de porte-flingue dont les silencieux n’ont pas finit de faire du bruit.

43 claps au dessus de la cheminée, en regrettez-vous certain ? Georges Lautner : Non, car chaque film que j’ai tourné a été une victoire. Mes préférés sont ceux qui ont marché car ils m’ont permis de continuer à faire du cinéma. « Quand passent les grives il ne faut pas manquer de cartouches ! » dit un proverbe niçois je l’ai appliqué à la lettre. J’ai accepté certains films pour que mon équipe puisse bouffer. Ma réussite est une réussite collective car j’ai eu la chance de travailler avec une bande de copains, Robin

Tournage à Nice. Alma, Nobert Saada, René Brun, Georges Lautner.

Davis, Yves Rodallec, Maurice Felous sans parler de la fine équipe niçoise dont je déplore quelques pertes lourdes comme René Brun mon fidèle régisseur niçois et ami de longue date...

Votre enfance à Nice ? En fait mes grands-parents sont venus s’installer à Nice vers 1880. Mon grand-père était orfèvre à Vienne, ma grand-mère dentellière en Auvergne. J’ai du sang autrichien du côté de mon père qui tenait une bijouterie place Masséna et piémontais du côté de ma mère comédienne. De ma

prime scolarité au Parc Impérial, je ne me souviens de rien, si ce n’est que j’avais pissé sur mes pantoufles et qu’on les avait mises à sécher sur les marches de l’école. A la mort de mon père on a rejoint la capitale où j’ai fait mes études secondaires au Lycée Janson de Sailly.

La Victorine, un bercail sur la route ? J’y ai débuté en tant que second assistant non défrayé. Je me souviens d’avoir participé à une connerie totale, qui ne devait pas l’être au départ car c’était un film

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re des ballades sur les lacs avec le bateau de la sucrière !

Des acteurs fétiches ?

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Lino Ventura, sévissait lui en tant que catcheur quand mon pote Henri Coban qui réglait les cascades de mes films, lui cassa la jambe sur un ring. C’est comme ça que je l’ai débauché.

écrit par Sacha Guitry. Mais ce dernier, malade, délégua la mise en scène de « Amédée ou le jouet de la fatalité » au 1er assistant et à Fernandel qui a pris les commandes en appliquant une règle unilatérale : Gros plan sur moi ! Il fit même corriger les dialogues du maître par son propre beaufrère…» Mais la Côte d’azur est toujours restée dans mon cœur, j’ai réalisé 18 de mes films à la Victorine dont certains en intégralité comme « ne nous fâchons pas ! »

Comment sont nés ces Tontons flingueurs qui en 1962 « taclent » le genre policier ? J’ai toujours été entouré de gens qui pratiquaient « la déconnante » tel Norbert Carbonnaux dont je fus l’assistant sur « les corsaires du Bois de Boulogne ». Quand j’ai pris la caméra en 58 le film policier français, c’était sérieux ! Dans la veine, il n’y avait guère qu’Eddy Constantine alias Lemmy Caution pour prendre la tangente.

Ce qui a plaidé en ma faveur c’est que j’aimais les comédiens et les dialogues. Ça à l’air con de dire ça, mais à une époque où tout le monde faisait des paysages, moi, je filmais les acteurs en gros plan ! Et puis il y a eu la rencontre avec Audiard. La trilogie des « Monocles » avec Paul Meurisse alluma la mèche, avec les tontons on a mis carrément dans le rouge !

Votre meilleur souvenir ? Assistant de Robert Daréne, j’ai embarqué en 1957 sur un cargo mixte pour Madagascar avec François Perrier, Jean Carmet, Robert Hirsch, Jean Lefèvre et mon pote Coban. J’ai découvert Nossy Comba, un paradis où il n’y avait que des lémuriens et des caïmans affamés. On nous avait refilé comme assistants des bagnards. Celui qui s’occupait de la cantine avait été condamné pour empoisonnement. Un climat chaud et surréaliste. Cela reste un de mes plus beaux souvenirs. Tous les dimanches, on allait avec ma femme fai-

Pour les mâles, c’est Blier, pour les femelles, Mireille Darc ! Je dois beaucoup à la famille Blier. Son père m’a mis le pied à l’étrier et son fils fut mon assistant et scénariste entre autres sur « Quelques Messieurs trop tranquilles » ou « Laisse aller... c'est une valse » avant de faire la brillante carrière qu’on lui connait. Lino Ventura, sévissait lui en tant que catcheur quand mon pote Henri Coban qui réglait les cascades de mes films, lui cassa la jambe sur un ring. C’est comme ça que je l’ai débauché. Quant à Belmondo que j’ai rencontré plus tard, on a fait les quatre cent coups et notamment à Nice sur « Joyeuses Pâques »… Si je le revois encore ? ça ne te regarde pas, mais sache seulement qu’il va bien, qu’il est amoureux et qu’il bande encore.

Et la rencontre avec Gabin ? Au début du tournage du « Pacha » toute l’équipe me disait ça va être ton grand soir! C’était une autorité mais un vrai mec. En fait Gabin qui avait tourné avec Renoir était déconcerté par ma technique. On ne lui faisait que des longs plans séquence majestueux, moi je le serrais de près ! Quand il a vu les premiers rush tout s’est arrangé » je me souviens encore de sa réplique lorsque que j’ai voulu le faire monter dans une Matra. « Georges vous n’allez tout de même pas me faire rentrer dans ce suppositoire ? »

Des regrets ? Je n’ai jamais été récompensé et la critique m’a toujours traité avec condescendance. Mais qu’importe, cinquante ans plus tard mes films repassent toujours sur le


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petit écran, ressortent en DVD, au printemps : « La Grande Sauterelle » avec Mireille Darc, « Quelques messieurs trop tranquilles », « Pas de problème » « Fleur d’Oseille ». Certains sont désormais projetés en versions numérisées comme le Pacha, les Tontons, les barbouzes. On m’invite à la radio, à la télé, je redeviens tout à coup fréquentable ! C’est vrai que tous les copains disparaissent un à un, mais l’esprit survivra, Audiard rentrera bientôt dans les manuels scolaires !

pas, il y a incompatibilité d’humeur entre nous, aujourd’hui. On y pratique le contrôle absolu et j’appartiens à une génération réputée ingérable. Je travaille depuis quelques temps à l’adaptation d’un livre de Pierre Magnan « la Folie Forcalquier » mais il y a encore de gros problèmes de droits. J’ai un autre projet qui me tient à cœur mais je réfléchis avant de remettre le couvert ce serait dommage de détruire la bonne réputation que j’ai maintenant (rires).

La réalisation, ça vous démange encore ?

Mais encore ?

Je regrette que le cinéma de genre ait disparu au profit de « la jauge audimat ». La TV ne m’intéresse

Je peux juste vous dire que j’ai très envie de faire reprendre du service au Monocle. Un personnage insensé créé par le Colonel

La vie des arts

je me souviens encore de sa réplique lorsque que j’ai voulu le faire monter dans une Matra. « Georges vous n’allez tout de même pas me faire rentrer dans ce suppositoire ? » Rémy qui au départ raconte les aventures d’un noble breton qui faisait avorter sa fille et brulait le fœtus dans la cheminée.. . Un truc sinistre. J’en ai fait un pastiche de film d’espionnage. Le premier volet « le Monocle noir » sorti en 1961 en plein mois d’août a finit par casser la baraque, deux autres suivirent « L'œil du Monocle » puis « le Monocle rit jaune ». Le plus dur sera de trouver un successeur au flegmatique et savoureux Paul Meurisse, j’ai ma petite idée que je garde pour moi, tant que rien n’est signé. OM

j’dynamite... j’disperse... et j’ ventile... 24 janvier 1926 Georges Lautner nait à Nice de Renée de SaintCyr et Charles Léopold Lautner

1959-60 « Marche ou crève » et « Arrêtez les tambours ». Rencontre avec Bernard Blier

1932 Scolarité au Parc Impérial.

1961 « Le Monocle noir ». Lautner amorce avec Paul Meurisse le dynamitage du policier à la Française. Sa mère achète le moulin de Grasse.

1938 Son père trouve la mort dans un avion de chasse. 1950-57 Assistant réalisateur auprès de Claude Cariven, Robert Daréne, Norbert Carbonnaux, Henri Lepage,Jean-Claude Roy. 1958 « La Môme aux boutons », premier long-métrage signé Lautner

1962 Naissance des « Tontons flingueurs » sur les fonds baptismaux de Michel Audiard. 1964 Mireille Darc est admise dans la bande avec « La grande Sauterelle » et tournera avec lui une dizaine de films des « Barbouzes » aux « Seins de glace ».

1977 « Mort d’un pourri ». Lautner entre au box office avec Delon et réalise dès lors des films à gros budget (plus d'un milliard d'anciens francs). 1978-1981 « Flic ou voyou » est le seul film de l'année à dépasser le million d'entrées. Avec « Le Guignolot » puis « Le professionnel » (1,3 million d'entrées en 1981) la trilogie Lautner/ Belmondo marque une période faste. 1985 « Joyeuses Pâques » puis « La cage aux folles », enfonce le clou.

1989 « La Maison assassinée » Rencontre avec l’écrivain Pierre Magnan

écrite par Georges Lautner et dessinée par Phil Castaza (éditions Soleil Productions).

1992 « L'inconnu dans la maison » avec Patrick Bruel, son dernier film jusqu’ à aujourd’hui.

2005 Décès de sa mère Renée Saint Cyr. La cérémonie a lieu à Nice en L’église Sainte Réparâte.

2000 « Foutu fourbi » Les mémoires du réalisateur sous forme d’entretiens avec José Louis Bocquet.

2006 Sortie de son autobiographie "On aura tout vu" et du DVD hommage « Georges Lautner de A àZ»

2003 Lautner égraine ses souvenirs avec ses amis sur TPS Cinétoile. Une commande de 52 émissions. 2004 Sortie de « On achève bien les cons », une BD

2008 « Lautner s’affiche » 25 auteurs de BD rendent hommage à 25 de ses films culte.

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la vie des arts

Pop art

portraits

Pop art, pas mort ? 50 ans après les soupes Campbell de Warhol et les « Girls’ romances » de Lichtenstein , le Pop art change de mains mais garde la ligne avec trois drôles de dames irrévérencieuses, Karen Joubert Cordier, Sharon Jones et Anne de Renzis. Triptyque panoramique…

Karen Joubert

Elles ont en commun d’être femmes, cultivées, impertinentes, de résider sur la Côte et de s’approprier chacune à leur façon un courant qui marqua le paysage contemporain. C'est avec le Pop art que les artistes anglais puis les américains pointèrent dans les sixties l'influence que peut avoir la publicité, les magazines, les bandes dessinées, le cinéma et la télévision sur nos modes de vie. Revival, obsolète en 2009 pas sûr ! Car en dépit de la récupération commerciale qui a décimé cette contre-culture, certains artistes continuent à se l’approprier à des fins légitimes « Non, non rien a changé, tout a continué ! » chantait déjà en 1970 les Poppies à la Télé. 40 ans plus tard avec la mondialisation, et une planète prise en flagrant délit de boulimie, le Pop art aurait-il retrouvé une nouvelle jeunesse ?

« L a foire aux immortels » « Transes Atlantiques »

© J-Ch Dusanter

L

e pop art a réussi là où l’esperanto a échoué. Son langage universel fait d’icônes relie les peuples et les générations plus sûrement que n’importe quelle organisation mondiale. Ce n’est pas Karen Joubert qui fait transiter de part le monde ses œuvres entre figuration narrative et Bande dessinée qui vous dira le contraire. Elle partira au Japon en août puis pour le Hong Kong Art Center pour présenter en très grand format ses « BD pop ». Mais Karen n’a jamais perdu de vue l’esprit de désacralisation qui anima le mouvement à l’origine « Les Marylin, les Mickey ont été si usés par la récupération bon marché que l’esprit du Pop art est devenu à son tour un cornet surprise sans surprise » . Alors pour nous remettre les yeux en face des trous elle balance dans « action painting » des pots de peintures sur nos icônes dévitalisées. Jeu de massacre, attraction/répulsion, accumulations ? Son œuvre est la croisée de tous ces chemins plus un, sa propre vie que Karen joue à mettre en scène par touches anecdotiques dans ses toiles XXL.

Franco-américaine, née le 29 août 1954 d’une mère américaine et d’un père français commandant de bord des paquebots, Karen a traversé 49 fois l’Atlantique. Une enfance rêvée à bord de prestigieux paquebots, dans de luxueux palaces en Californie et en Europe. Mais aussi par des longues journées au Havre avec une maman qui ne parlait pas un mot de français mais savait si bien conduire aux USA son fringuant cabriolet avec des lunettes en écailles. Après le décès de celle-ci, Karen s’oriente vers des cours de dessins et d’architecture à l’école Charpentier. A 21 ans elle épouse un jeune artiste thaïlandais fils adoptif du marchand d’art et collectionneur Daniel Cordier. Ce dernier découvrant le potentiel de sa belle fille va la prendre sous son aile. Un apprentissage qui durera de 1981 à 1987 avant que Karen n’expose sous l’égide de Marianne et Pierre Nahon. « C’est Martin Guesnet, aujourd’hui chez Artcurial qui s’occupa de l’accrochage. Le vernissage en présence de personnalités telles Françoise Giroud, Arman, La princesse de Breuil, l’écrivain Azéma, fut un tel succès que j’ai tout vendu le soir même ». En 1989, Daniel Cordier intègrera deux pièces majeures de Karen à sa donation de 500 œuvres au Centre Pompidou. Deux pièces aujourd’hui exposées au « Musée des abattoirs » de Toulouse. Mais les ambitions démesurées de son beau-père pour elle, finissent par étouffer le couple. Karen craque, divorce et décide de voler de ses propres ailes « Pour me recentrer, j’ai réalisé en 3 mois une BD Pop de 10 mètres en hommage à mon père qui retrace l’aventure des paquebots de la Transatlantique et mon enfance à bord. » Après un passage difficile où elle est soutenue par l’artiste allemand Peter Klasen et son épouse, Karen continue de peindre, collaborant un temps avec la décoratrice Jacqueline Morabito.

Grand format pour grande voyageuse Et depuis 2004 l’artiste a enchainé à nouveau expositions et commandes. S’appropriant les techniques apprises et jouant de l’accumulation des détails, elle privilégie aujourd’hui la spontanéité, le geste à la manière des grapheurs « Tout est déjà défini dans ma


pop art

Karen Joubert, The Action is in New York

tête » dit-elle. Sa peinture qui se veut autobiographique inclut pêlemêle sa vie privée, des lieux et de personnages anonymes ou célèbres, imaginaires ou réels. Super héros, acteurs, figures légendaires, « passagers en transit », s’y côtoient faisant fi de la géographie, du temps, le pinceau de l’artiste y veille « Je suis née en 1954 aux EtatsUnis, j’ai grandi dans cet univers multicoloré, démesuré, où même la légèreté est excessive. J’allais à Disney World tous les étés, dévorais les BD de l’époque, c’est un univers qui fait partie de moi ». Guère surprenant que Karen commence toujours ses toiles par le trait au feutre noir indélébile sans croquis préalable, de façon instinctive. Sur ce principe elle réalise en 2004 une série de 20 tableaux sur la

Karen Joubert, Alice au Pays des Toons

La vie des arts

Karen Joubert, Action Painting

« Pour me recentrer, j’ai réalisé en 3 mois une BD Pop de 10 mètres en hommage à mon père qui retrace l’aventure des paquebots de la Transatlantique, et mon enfance à bord. »

« Riviera » des années folles à nos jours inspirés par les romans d’Agatha Christie. Des toiles qui seront exposées à Nice et partiront en 2005 pour La French Affair à Singapour. Car cette insatiable globetrotteuse, dévoreuse de cultures, se nourrit d’ailleurs, croquant sur ses carnets de voyage, le monde qui défile comme un cartoon de AAP*. Depuis 2006 les portes s’ouvrent à nouveau de l’Europe, aux USA via l’Asie. Chine, Elle était il y a quatre ans au Costa Rica, l’an dernier à Calvi à la galerie Marie Ricco, inaugurait au printemps une fresque pour le CERAM de Sophia Antipolis. Et les dimensions des commandes sont toujours plus grandes ! Après le Japon où elle inaugurera le 28 août (le jour de son anniversaire) une peinture murale de 10 mètres, une autre de 20 m en extérieur pour une méga discothèque (ALIFE) elle s’envolera pour Hong Kong où elle a déjà livré 80 toiles « j’y retourne en automne pour installer des pandas géants, une fresque de chevaux pour l’hippodrome, des peintures sur d’immenses sphères au Hong Kong Art Center ». Et l’an prochain ? Destination le Canada où un mécène a craqué pour son travail à Toronto. Aujourd’hui Karen s’épanouit dans ses « BD POP » la customisation d’objets, selon l’envie, mais aussi en peignant d’étonnantes jungles d’une précision et douceur quasi palpable, un univers où elle aime se ressourcer « C’est mon jardin secret, une entreprise digne des travaux de Pénélope où je renoue avec l’esprit années 50 ». Mais quoiqu’elle créer, Karen Joubert n’a jamais cessé de voyager et d’exprimer sa vision panoramique colorée et complexe de nos sociétés urbaines. Son quotidien, une sorte de « Work in Progress » où elle rend à la vie ce que la vie lui donne de plus précieux. « Don't look back » semble être la devise de cette artiste qui va de l’avant et trouve parfois le temps de se poser dans sa villa atelier de Roquefort-les-pins. Mais si vous la cherchez, c’est plus sûrement dans ses toiles que vous la trouverez ! Associated Artists Productions

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Sharon Jones « Alice n’est plus ici ! »

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ée dans le Kent, Sharon Jones renouerait elle avec l’origine du Pop art ? Ses peintures sur la base de croquis traquent ce moment où le réel bascule dans l’imaginaire. Une invitation au pays de Lewis Carroll sur fond de culture seventies. Sharon comme Karen est elle aussi une grande voyageuse qui posa ses valises à Nice en 1998. Après avoir suivi l’école hôtelière puis une formation de croupier à Londres (black jack et roulette) elle embarque à 20 ans sur un paquebot transatlantique (décidément, c’est une manie !) Direction, les Caraïbes et les USA via le canal de Panama. 18 jours pour arriver à Vancouver où elle s’installe et reste 6 mois. Mais il faut faire bouillir la marmite, Sharon trouve un autre paquebot et redescend au Bahamas. Pendant deux ans, elle mènera la vie de bateau « Un petit village flottant où je ne travaillais que lorsque que le navire frayait dans les eaux internationales » Après un séjour à Amsterdam, la voilà qui débarque à Nice à 24 ans. Elle y ouvre d’abord un bar tapas en 91 puis un restaurant indien dans le vieux Nice.

Une anglaise romantique S’intéressant à l’art depuis longtemps Sharon suit des cours à la Villa Thiole et à La Villa Arson. Catherine Macchi, Jacqueline Gainon seront ses professeurs. En 2001, elle s’inscrit à la MGM, l’école d’art appliqué de Cimiez où elle apprend les techniques de l’hyper réalisme. « J’ai travaillé le dessin et la peinture à partir de photos et d’images. Mais à la projec-

Sharon Jones

© J-Ch Dusanter

tion de l’image sur la toile, je préfère dessiner a main levée car tout passe alors par mon cerveau. Le papier et le crayon, c’est le plus simple moyen d’expression » Le trait donne à ses compositions une valeur ajoutée qui lui est bien propre. Si son « fond de commerce » s’apparente à l’univers du Pop art, sa manière s’en détache évoquant parfois l’expressionnisme dans ses portraits aux traits qu’elle reconnait plus froids et rigides que se produisit le mouvement américain. Ainsi cette peinture de Ronnie Briggs et de son épouse. « En 1963, il réalisa le hold up du siècle en attaquant le train postal Glasgow/Londres faisant rêver toute une génération. Après une cavale de 36 ans, il est rentré sans un sou dans son pays où il retrouva sa place en…prison. Un casse, une cavale c’est aussi une manière radicale de passer de l’autre coté de la réalité » explique Sharon qui fugua à 13 ans et se reconnaît plus dans le travail de David Hockney. Un sujet britannique qui gagna la Californie et participa à l’éclosion du Pop art tout en continuant à croquer ses amis aux crayons de couleurs. Ainsi pour Sharon tout a commencé par le dessin et l’Angleterre. Elle y exposa au Café Troubadour, un club londonien avec galerie où Dylan fit ses débuts. Et n’oublions pas que la Perfide Albion a vu naitre Le Pop art au milieu des années 1950 avant qu’il n’explose dans les années 60 avec sa filière américaine.. Le terme (« art populaire » en français) y fut prononcé officiellement pour la première fois en 1955 par Lawrence Alloway, un critique d'art anglais.


pop art

Sharon Jones, Dalek and Family

Sharon Jones, Dalek

Mon beau père était un Dalek ! Pour Sharon Jones, ce chassé croisé entre l’oncle Sam et sa royale majesté, c’est la toile de fond de sa prime jeunesse. Celle d’une enfant née avec le free cinéma en 1964 dans le jardin de l’Angleterre où sort comme une taupe aujourd’hui l’Eurostar « l’Amérique a colonisé nos subconscients après la guerre. Elle était très innovante en terme de technologie et de marketing. Et comme ma mère était divorcée et que j’étais l’aînée, j’avais le droit d’aller au cinéma et de regarder la télé avec elle ». Une lucarne dont elle fit son miel au fil de son parcours. Les Thunderbird (Sentinelles de l’air) et son monde de marionnettes futuristes mais surtout les Daleks de la série culte « Docteur Who ». Ces redoutables robots en fer blanc, (ancêtre de D2 RD) dont le seul but était d’assujettir la terre ont

Sharon Jones

La vie des arts

« l’Amérique a colonisé nos subconscients après la guerre. Elle était très innovante en terme de technologie et de marketing... »

pénétré son foyer en brouillant réalité et fiction « Mon beau-père avait lui même interprété dans un épisode un de ces terrifiants robots qui grondaient d’une voix métallique « We will exterminate ! ». J’avais treize ans quand il s’est remarié avec ma mère. Je l’ai dessiné à nos côtés comme le Dalek venu briser le cercle que nous formions avec ma mère, ma jeune sœur et mon frère. Ce fut une sorte de thérapie ». Elle croqua également la série « H.R puf n’stuff » « Ce serial créatif et burlesque avec une sorcière et un oiseau gay surfait sur la vague psychédélique. Hand Rolled Puf (fumer) et stuff (les choses) signifie « fumer les choses » Plus tard j’ai su que mon émission préférée était un trip inspiré des expériences de Carlos Castaneda aux champignons hallucinogènes ». Mais voici quelques petits cadres carrés qui cachent derrière leur verre un autre secret. Cette fois il s’agit de broderie et les sujets ne sont rien moins que des couples qui font l’amour. Un Kamasoutra à l’heure du thé ? « La broderie c’est comme le dessin et le coté voyeur me fascinait depuis le film de Michael Powel : Peeping tom. Pour ces huit saynètes libertaires, j’ai emprunté l’imagerie érotique des années 70. J’ai voulu confronter deux univers féminins qui s’opposent habituellement, l’érotisme et la broderie ». Revisitant son enfance par la bande de la culture et de plasticiens comme Sam Taylor Wood ou Peter Doig, Sharon reconnaît en Lewis Caroll un maître à penser qui éclaire sa démarche et habite son travail. Toutes ces Alice/lolitas en fleurs sont en prise avec un monde qui se dérobe sous leurs pieds. « La chasse au Snark est mon livre de chevet. L’écrivain a ouvert une brèche dans la réalité. Le Snark, c’est la recherche de l’absolu qui conduit à une chausse-trappe existentielle à l’image de cette petite société qui s’embarque sur bateau pour traquer un animal qui n’existe que dans leur imagination ».

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PoP ArT

Anne de Renzis « Un doux parfum de scandale »

© J-Ch dusanter

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ée avec le Manga, devenue adulte avec « sex in the city » l’œuvre de cette jeune artiste trentenaire, provocante et introspective derrière son apparente légèreté, séduit certains autant qu’elle en dérange d’autres, chercher l’erreur ! anne de renzis s’est engagée sans concession dans une sorte de journal intime en peinture. Chacune de ses toiles est pour elle un moyen de se libérer de ses affres de jeune femme moderne, indépendante, face à la pression des médias qui dictent parfois insidieusement nos attitudes en matière d’alimentation, de sexe, de mode. Y aurait-il donc un fossé si grand entre le discours d’émancipation des femmes et ce qu’on leur propose en rayons ?

Attentât pâtissier artiste peintre issue de l’ ecole Nationale des arts appliqués Olivier de serres (Paris) et de l’ecole Nationale des Beaux arts de Bourges, anne développe un graphisme dérivé de la mode, du cinéma et de l'animation japonaise et qui plutôt que de s’y complaire, s'en empare et s'en libère. entre Pop art et Manga, elle avoue son faible pour les collages de Martial raysse, le mauvais goût de Wim delvoye qu’elle revendique en transformant par exemple un lot d’outils de jardins en forme de nain en une série d’objets tabous fonctionnels pour s’occuper de son jardin… disons, très secret ! après avoir vécu à la Ciotat, anne de renzis s’installe à 24 ans à Nice où elle partage aujourd’hui sa vie entre son atelier à quelques pas de la place rossetti et son poste de communicante au sein du syndicat des architectes. elle a commencé jeune « a trois ans, j’avais déjà mon chevalet. toute petite je voulais être peintre ou pâtissière » Un dilemme qui peut expliquer sa gamme de couleurs bonbons acidulés, d’autant plus que l’artiste avoue entretenir un rapport complexe avec la nourriture « dans une série je quantifie ce que j’ingurgite, en fait je passe au crible tout ce que je fais au quotidien » . Une attitude compulsive qui trouve un écho dans sa pratique de la peinture qu’elle veut « mécanique, ça me rassure ! » dit-elle « J’ai des croquis préalables qui me donnent toujours la direction, ensuite je dessine au feutre sur la toile puis travaille avec des aplats de couleurs auxquelles je rajoute parfois des marquages au scotch ». Une technique mixte douce qui renvoit aux procédés de ready made développés par rauschenberg, un franc tireur du Pop art qui rajouta à ses toiles des éléments prélevés au monde réel.

Un doigt d’honneur, un trait de Manga Mais anne de renzis enfant des années 80 a été fortement imprégnée par la culture Punk et Manga. Une influence qui émerge dans ses compositions. son interprétation libertaire du Pop art fait référence à l’agitprop (propagande), évoque les prémices du mouvement Bazooka dont les pionniers furent Kiki Picasso (qui signa le générique tv de Chorus, la première émission rock d’an-

Anne de renzis, TomTom


pop art

Anne de Renzis, j'm ton Q

La vie des arts

Anne de Renzis, Voila du Boudin

Anne de Renzis, My Life 0707

Anne de Renzis, dessin et peinture

Anne de Renzis, My Life 1007

toine De Caunes) et Romain Slocombe fasciné lui par vernissage dans des lieux décalés comme à la Charl’art médical et le bondage nippon. Coté BD son grarette des Architectes à Nice. Et comme elle revendiphisme post-nucléaire évoque parfois Chantal Monque son travail en tant qu’auto-analyse, elle aborde tellier dont l’érotisme féministe lui valut d’être désans détour, en full frontal le sexe et autres sujets commandée en 2007 du festival de Bd de Lausanne. tabous. « La réaction du public est parfois inattenAnne avoue ouvertement « une réelle passion pour due. On me demande si je déteste les hommes, on le Japon, sa littérature, son imagerie, les couleurs, la me soupçonne même d’être érotomane pour emcalligraphie et les symboles urbains. La plupart de ployer un mot poli de la langue française ». mes choix fonctionnent image par image, comme Il est vrai que tout le charme des exercices de tirs à un jeu des cadavres exquis. Le Pop Art, je ne peux l’acrylique où la bombe de cette jeune fille dont le difficilement aller contre ça ! Mais si on doit me dé- Anne de Renzis, Nain-Pho père fut curé et la maman Kiné, reposent sur le définir sur ce repère, disons que j’appartiens aux déricalage entre une forme tendre voire doucereuse et ves actuelles du mouvement » Sa bimbo BCBG n’estdes thèmes traités de façon crus. Anne De Renzis, elle, la suite logique de la Marylin de Warhol ? Et derrière les faux c’est un peu comme si on collait un poster de Playboy dans une semblants, l’artiste ne triche pas, tendant volontiers un miroir à chambre de bébé. Excessive, visionnaire ? Et si son travail était son époque en lâchant la bride à son ressenti. Excepté une expo- tout simplement réaliste au risque de se faire encore des amis un sition à Milan, Anne a toujours montré son travail lors de soirées soir de vernissage ! OM

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la vie des arts

p h o t o g r ap h i e

Photographie

Gabriel Martinez Plus vraies que natures ! Elles sont belles comme la nuit, sensuelles comme des félins à l’heure d’une étrange éclipse, ces créatures mi-anges mi-démons mi-hommes mi-bêtes ne surgissent pas des ténèbres mais bien de l’objectif d’un photographe singulier : Gabriel Martinez.

«T

ourne toi j’ vais me remettre du noir ! » Chantait Bashung. Et du noir les modèles de Gabriel Martinez, en sont recouverts de la tête au pied. « Elles s’en habillent » comme il dit, s’en repaissent comme pour se livrer corps et âmes à un étrange rite vaudou. Depuis toujours l’homme a voulu se parer des atours de la bête, l’homme léopard, la féline, du cinéaste Jacques Tourneur, la Mouche de Cronenberg sans oublier sirènes et centaures. Combien de chimères

habitent nos légendes, hantent notre romanesque, combien ont été imaginées pour unir dans un seul corps, l’humain en haut de la chaine alimentaire, et la bête qui lui est soumise, le prédateur et sa victime, la quête de l’absolu ? Eros et thanatos, le bien et le mal, le rêve et la réalité, l’ombre et la lumière, c’est un véritable théâtre de chair qui prend corps et s’anime avec la « Série Noire » de Gabriel Martinez exposée du 3 juillet au 20 septembre à la galerie Ferrero.

Gabriel Martinez Guess Who's Coming to #33 D1E


PhoTogrAPhie

la vie des arts

le problème c’est que la définition est si grande que l’on voit toujours mon reflet dans la pupille des modèles. Cela n’est pas grave, car à bien y songer, chacune de ses femmes est un autoportrait » conclut-il en riant. gabriel Martinez Acme

L’œuvre au noir l’instinct animal caché en chacun de nous, Gabriel a voulu le traquer, le rendre palpable, si palpable que c’est en peignant le corps féminin et en installant son piège à lumière qu’il a tenté de capturer la nature dans ses ultimes retranchements. « Un nu ça reste un nu, une femme habillée on peut tout imaginer, la femme peinte en noir cache quelque chose ». Cette créature noire comme l’enfer prise dans le

halo immaculé, un concept qui a fait son chemin pendant plus de 40 ans d’exercice « en fait j’ai commencé par des femmes drapées, mais il manquait les formes. J’ai donc eu recours à des voiles transparents, puis l’idée m’est venue de peindre les corps, d’abord en blanc et puis il y a 10 ans j’ai essayé le noir. Une nouvelle aventure a commencé, quand je me suis rendu compte que la même fille en blanc ou en noir ne me donnait pas la même chose » Un voyage à deux qui amène le photographe et son modèle au delà de l’apparence. Ces premières © J-Ch dusanter tentatives seront récompensées en 2003 par le prix shocking au salon de Monaco « Quand j’utilisais la peinture blanche la douceur prédominait dés que j’ai appliqué le noir les filles se sont mues différemment. Ce nouveau fard a opéré comme un masque autorisant le sujet à révéler une autre partie de lui même, un univers enfoui ». Un travail conduit méthodiquement en studio avec cinq jeunes modèles amateurs « aucune n’est mannequin professionnel. Je voulais éviter l’attitude formatée, pour saisir ces instants privilégiés, hors

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la vie des arts

PhoTogrAPhie

© J-Ch dusanter

du temps dans toute leur crudité, sans artifices. Car ces créatures aussi étonnantes soient-elles au final, on peut les croiser tous les jours dans la rue » une magie qui opère sous les sun-light et sur fond blanc. Certaines séances durant parfois plus de 10 heures au tempo d’une musique « Je ne shoote jamais en plan fixe, je tourne autour du corps comme autour d’une planète, il se passe plein de choses dans ces moments là ! ». ainsi cette « transe-vision » où la grâce vient se mêler à l’animalité, délivre-t-elle toute une gamme d’expressions que le noir glace de mystère.

gabriel Martinez, NYX

Paysages humains Né en algérie en 1957 Gabriel Martinez s’installe à Nice avec sa famille en 1964. il se souvient d’avoir toujours eu un appareil à la main et après le bac puis l’armée, passe son CaP et une Maîtrise de photo. il ouvre son premier studio rue d’italie à 30 ans puis celui où il travaille aujourd’hui, alternant photo d’art et commandes pour les agences de publicité. Ce studio de la rue Hancy jadis dédié à l’argentique est devenu avec l’évolution technique l’antre du numérique mais Gabriel continue d’y travailler


PhoTogrAPhie

la vie des arts

l’œuvre au Noir. l’instinct animal caché en chacun de nous, Gabriel a voulu le traquer, le rendre palpable, si palpable que c’est en peignant le corps féminin et en installant son piège à lumière qu’il a tenté de capturer la nature dans ses ultimes retranchements.

© J-Ch dusanter

comme un peintre dans son atelier. ses pinceaux, c’est la lumière, sa palette, ses objectifs et en dernier recours, l’ordinateur « avec l’argentique on ne pouvait pas aller au bout des choses. avec le numérique, il n’y a plus de limites. On peut serrer au plus près du grain. le problème c’est que la définition est si grande que l’on voit toujours mon reflet dans la pupille des modèles. Cela n’est pas grave, car à bien y songer, chacune de ses femmes est un autoportrait » conclut-il en riant. Ce souci du détail mettant en jeux des dizaines de millions de pixels est indispensable car quelques uns de ces clichés sont présentés en grandeur nature. 26 tirages dont sept en vitrines qui nécessitent un piqué hors normes et un développement dans les laboratoires PiCtO à Marseille « Une photo c’est une journée de travail, mais il n’y aucune manipulation photographique, ce que je vois c’est ce que vous voyez » ainsi si l’on s’approche de près on sera saisi par la densité du derme et de toutes les parties organiques, lèvres, langues etc. « J’ai voulu aussi montrer que nous sommes fait de chair et d’os. Célébrer le côté humain et naturel » rien

gabriel Martinez, The Garden of the Hesperides

ne vaut la peau ? Pas si sûr, car son prochain travail portera sur l’os et les cranes. le corps et le nu féminin est un sujet sur lequel l’artiste a braqué son objectif depuis ses débuts œuvrant chaque fois sur la forme et le fond. « Je me suis toujours intéressé à la matière, j’ai même travaillé sur des gélatines de polaroïd 20 X 25, puis des empreintes de filles peintes selon un tout autre procédé que celui des femmes pinceaux de Klein ». revendiquant une approche qui tient autant de la peinture que de la photo, Gabriel Martinez parle d’ailleurs volontiers d’artistes tels le Caravage, le Gréco ou Goya même s’il reconnaît que le travail d’Helmut Newton ou de Joel-Peter Witkin ne l’ont jamais laisser indifférent. « si je n’avais pas connu la photo peut-être aurais-je fais de la peinture ? la seule différence c’est qu’un peintre peut faire ce qu’il veut de la réalité, le photographe lui doit composer avec. On n’invente rien, tout existe » C’est là que réside tout l’attrait et la fascination qu’exercent ces créatures « supranaturelles » qui donnent à voir l’humain comme vous ne l’avez jamais vu ! oM

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