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CHRONIQUE

MA CRISE À MOI

— Par Agnès Boukri — Photo Pascal Bastien

OU T’ES OFF OU T’ES ROPP

— Pendant des années, j’ai rempli ma voiture de mille et une merveilles provenant des boutiques d’Offenbourg. J’allais régulièrement dans cette ville, au centre piéton trop mignon, pour renflouer garde-robe et frigidaire. J’ai dépensé des fortunes en chiffons, Butterbretzel et cosmétiques Weleda. Cette cure d’amaigrissement de mon porte-monnaie a duré une bonne dizaine d’année. J’ai longtemps été Off, mais depuis peu, je suis Ropp. Je ne sais pas qui a trouvé les mots pour me détourner de ma ville fétiche (Howard ?), mais je suis, à présent, une inconditionnelle du Village des marques de Roppenheim. Les pièges à éviter pour se rendre à Ropp : ne jamais partir de chez soi sans deux GPS, un rucksack et des provisions en cas de panne ; ne pas prendre la sortie Routzenheim en pensant que, dans ces contrées éloignées, les villages ont des noms voisins ; attention, après la bonne sortie, ne pas aller à Roppenheim – je vous avais prévenu, c’est compliqué – ; ne pas louper le rond-point sinon c’est direction l’aéroport de Baden-Baden et son cortège de camions ; suivre Centre de marques jusqu’au panneau. Et soudainement, Ropp se présentera, sous vos yeux ébahis, au milieu des champs de maïs. Ropp donne envie de se jeter hors de la bagnole et de faire péter la carte bancaire car à Ropp, tout est « chou », comme dirait ma belle-fille. Cette petite ville construite pour ruiner les ménagères est très accueillante, avec ses faux airs mérovingiens. Nous, les nénettes de la famille, on commence notre tour dans les remparts par une dégustation de chocolats Lindt. On remplit des sachets à ras bord de boules de praliné en papillote, puisées dans les bacs multicolores, sauf que les boules disparaissent dans nos gros bidons au fil du shopping. Ça ouvre l’appétit, tous ces magasins !

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C’est très amusant ces sauts de puces d’une enseigne à l’autre, d’autant plus que je ne connais pas de personnel plus charmant. Ici règne un micro climat de sympathie proche du délire. Prenons en exemple, le magasin Petit Bateau. À la caisse, mes Marcel à la main, je demande à la vendeuse s’il est possible d’avoir des cartons pour mon futur déménagement et là, incroyable mais vrai, la responsable du magasin m’en propose une trentaine (et pas du mikess*), puis m’indique le chemin pour les récupérer derrière les remparts. Elle m’attend avec deux piles de cartons soigneusement dépliés et me tend un rouleau de scotch brun. C’est pas beau, ça ? Avec Camille, ma belle-fille, on se regarde en pensant qu’il y a méprise sur nos personnes. C’est vrai que je ressemble de plus en plus à Claudia Schiffer et Camille à Laetitia Casta. Sinon, comment imaginer autant d’attention pour nous ? Même impression chez Fossile où la patience de la ravissante vendeuse n’a d’égale que mon indécision. Est-ce que je m’offre cette breloque hippopotame avec un petit oiseau sur le dos ou plutôt cet homard incrusté de pierres précieuses ou alors j’attends la prochaine arrivée de girafons en inox ? Dur, dur de prendre LA bonne décision ! Je décide d’attendre les girafons et repart sans sentiment de culpabilité ; ça, c’est l’effet vendeuse zen. C’est pourquoi je lance un appel à tous ceux qui n’ont pas encore osé l’aventure de Roppenheim. Vous ne trouverez peut-être pas, dès le premier coup, le manteau de vos rêves mais vous repartirez ressourcé. Ropp c’est TOP ! *Ça c’est pas du mikess est une expression alsacienne qui veut dire que les produits désignés sont de qualité.


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