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Lunes vĂ©nitiennes, une fable en trois actes Ă
de course contre le temps ou plus exactement, Ă rebrousse-temps. Vient ensuite la prĂ©sence des frĂšres maçons et de leurs opposants : Cagliostro, Casanova et la confrĂ©rie des dĂ©fenseurs de la croix. Sans oublier la menace de lĂordre noir, du fascisme et de ses adeptes. Ici, Ă Venise, lĂocculte et le politique ne font quĂun.
INTERMEZZO Ce qui est apprĂ©ciable dans la dĂ©marche de Vianello, cĂest quĂelle prolonge effectivement celle de Pratt. Avec un sens prononcĂ© de lĂĂ©conomie, lĂauteur parvient Ă restituer les atmosphĂšres et Ă rendre compte de lĂĂ©trangetĂ© des lieux. La construction elliptique des trois actes de sa piĂšce accentue cette impression et confĂšre au rĂ©cit un parfum dĂabsurde tout Ă fait en phase avec lĂintention de Pratt et la tradition populaire du thĂ©Ăątre italien. On se dit que parmi toutes les tentatives de prolongement dĂune ïŹuvre de bande dessinĂ©e (AstĂ©rix, Blake et Mortimer, etc.) celle de Vianello est non seulement la plus lĂ©gitime mais aussi la plus juste â la plus pertinente. MĂȘme si Corto nĂest pas prĂ©sent dans lĂalbum, il reste nĂ©anmoins cachĂ© dans lĂombre de cette Ăż Lune vĂ©nitienne Ćž. Quant Ă Pratt, son fantĂŽme circule nonchalamment dans et entre les cases... Il manque nĂ©anmoins Ă Vianello une
ïŹuvre ou un album plus complet, plus long, pour quĂil puisse exprimer toute sa mesure et que les lecteurs se rendent aussi pleinement compte de son rĂŽle dĂ©terminant dans lĂavĂšnement de Corto. LĂauteur aura-t-il encore cette envie ? Rien nĂest moins sĂ»r. Mais il serait dommage que le rideau retombe sans que le savoir-faire de Vianello puisse sĂĂȘtre exprimĂ© Ă travers un rĂ©cit de longue
haleine. On compte donc sur les Ă©ditions Mosquito et sur le bouillonnant Michel Jans pour encourager lĂauteur Ă sĂaventurer vers un projet qui relĂšvera davantage du roman graphique. KAMIL PLEJWALTZSKY
Lire lĂarticle intitulĂ© Vianello, un auteur effacĂ© (p. 26) dans Zoo n°46.
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© Lele Vianello / MOSQUITO
Venise il sĂest toujours tramĂ© des intrigues. CĂest une tradition locale qui remonte au temps oĂč Byzance essayait vainement de maintenir son hĂ©gĂ©monie commerciale en MĂ©diterranĂ©e. La citĂ© des doges est devenu ainsi un portique entre le Moyen-Orient et lĂEurope. Un portique Ă©conomique et mystique. Il nĂen fallait pas plus pour que Venise devienne la ville rĂȘvĂ©e de Corto Maltese. Lelle Vianello, qui fut lĂun des plus fidĂšles assistants dĂHugo Pratt1, participa activement Ă la scĂ©nographie des fameuses Fables de Venise et fut aussi lĂauteur dĂun guide touristique oĂč le cĂ©lĂšbre marin prĂ©sente les hauts lieux de la citĂ© des doges. Parce quĂil y a rĂ©sidĂ© en compagnie de Pratt, Vianello a Ă©tĂ© saisi par la thĂ©ĂątralitĂ© et les intrigues qui habillent la lagune. Lunes vĂ©nitiennes peut ĂȘtre considĂ©rĂ© en outre comme une sorte de postface ou une suite aux Fables de Venise. Outre la similaritĂ© des lieux, on retrouve dĂautres ingrĂ©dients essentiels qui participĂšrent Ă cette aventure de Corto Maltese. En premier lieu, il y a les apparitions presque fantomatiques ou les invocations des diffĂ©rents acteurs de cette farce. Tous surgissent de nulle part pour disparaĂźtre ensuite, comme happĂ©s par la brume ou les mĂ©andres du temps. Ajoutez Ă cela cette fuite incessante sur les toits de Venise ou ce sentiment
© Lele Vianello / MOSQUITO
TroisiĂšme album de Lelle Vianello aux Ă©ditions Mosquito et toujours ce sentiment de retrouvailles avec le monde dâHugo Pratt. On espĂšre que ces galops dâessai aboutiront un jour Ă une Ćuvre plus dense qui pourra rendre compte du talent dâun auteur restĂ© trop longtemps dans lâombre du maĂźtre.
LUNES VĂNITIENNES
de Lele Vianello, Mosquito, 64 p. n&b, 13 âŹ
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