A
zoom
&
B
d
© Sempé
© Lostfish / SOLEIL
Sempé à New York
r t
Bien connu pour avoir illustré les aventures du Petit Nicolas, JeanJacques Sempé est aussi lÊun des rares illustrateurs français à avoir les honneurs des pages du New Yorker, lÊhebdomadaire de lÊactualité culturelle de la grosse pomme. La galerie Martine Gossieaux revient justement sur ces dessins en présentant une exposition des couvertures et des pages intérieures réalisées par Sempé. Une vision de New York tendre, parfois grinçante et un peu nostalgique, rehaussée de quelques touches dÊaquarelle. JusquÊau 27 mars, Galerie Martine Gossieaux, Paris VIIe THIERRY LEMAIRE
LE CÔTÉ SOMBRE DE LEWIS CARROLL
Les dessinateurs ont du cflur
Soleil en faveur dÊHaïti, Collectif, Soleil, 192 p. couleurs, 22,90 €
Avec « À travers le miroir », la suite d’« Alice au pays des merveilles », Lostfish propose une vision sombre et inquiétante du roman de Lewis Carroll. Un livre illustré au plus proche du texte original. accompagnent le périple de la jeune Anglaise qui passe à travers un miroir pour arriver dans un monde délirant, où les comportements des personnages sont à lÊopposé des nôtres, comme dans un reflet. ÿ Cette version est au départ destinée aux grands enfants, ces adultes qui ont gardé le pouvoir de rêver, je ne lÊai donc pas illustrée en cherchant à faire un livre jeunesse ; cela dit, nous savons tous que les contes de fée sont effrayants, Alice en fait partie, et à moins de se voiler la face, nous savons aussi que cÊest une des raisons pour laquelle ils plaisent aux enfants. Ÿ
© Lostfish / SOLEIL
Un an après le tremblement de terre qui a dévasté lÊîle, Haïti est toujours sous le choc des destructions considérables. Les éditions Soleil ont eu lÊidée de demander à 90 auteurs maison une illustration pour réaliser un album de solidarité. Claire Wendling, Arthur de Pins, Dany, Barbara Canepa, Cromwell, Mathieu Lauffray, Didier Tarquin et bien dÊautres ont répondu présents. ¤ noter que 100 % des bénéfices seront reversés à lÊAgence Universitaire de la Francophonie, pour aider les 12 universités haïtiennes. THL
Cases, bandes, composition Non, les cases dÊune planche de BD nÊapparaissent pas comme par magie sous le crayon du dessinateur. Leur agencement est le fruit dÊune réflexion et dÊune envie. Renaud Chavanne, déjà auteur dÊune analyse de la composition chez Edgar P. Jacobs, répète lÊexercice en universalisant le propos. De la régulière (gaufrier) à la fragmentée, en passant par la semi-régulière, la rhétorique et la ÿ à lÊfluvre Ÿ, Chavanne passe en revue les différents types de composition propres au 9e art. Après cette lecture, vous ne verrez plus jamais une planche de BD de la même manière. Composition de la bande dessinée, Renaud Chavanne, PLG, 300 pages, 29 € THL
50
E
h oui, cette petite fille brune sur la couverture est bien Alice, lÊhéroïne de Lewis Carroll. Alors oubliez Walt Disney et plongez-vous dans lÊunivers de Lostfish, une jeune illustratrice française : ÿ La version de Disney est à mes yeux un peu trop fantaisiste et légère par rapport aux textes de Carroll, en général plus sombres et métaphoriques. Ma version dÊAlice est brune en "hommage" à Alice Liddell qui a théoriquement inspiré ce personnage à Lewis Carroll. Ÿ Les quelques 70 illustrations, dont 30 pleines pages, en vis-à-vis du texte,
Le dessin animé de Disney avait mélangé lÊintrigue des deux ouvrages de Carroll. Lostfish revient à plus dÊorthodoxie dans le texte, pour mieux sÊexprimer. ÿ Le choix sÊest porté sur le second livre, qui est moins connu et me laissait de ce fait plus de liberté, me permettant de rester plus authentique et fidèle à mes choix artistiques. Ÿ Et justement, ces choix artistiques donnent une couleur particulière au récit. Inspirée par les ÿ portraits aux courbes gracieuses et délicates Ÿ dÊIngres, le surréalisme de Jérôme Bosch et les Vanités, Lostfish a adapté sa palette. ÿ JÊutilise en général des couleurs douces et très désaturées, je fais des images quasiment monochromatiques. Sans doute mon goût pour les vieilles images usées par le temps. Mais ici, lÊhistoire se déroule sur un échiquier, entre des pièces rouges et blanches. JÊai donc utilisé plus de rouge quÊà
mon habitude, couleur que je réserve à la carnation, et en particulier aux articulations des personnages. Ÿ Le résultat, fascinant, immerge le lecteur dans un monde entre rêve et cauchemar, sensation quÊil peut amplifier en écoutant en musique de fond ÿ les Dresden Dolls, Sigur Rós, et des bandes originales de films, comme Le Labyrinthe de Pan ou Moon Ÿ, la playlist de lÊauteur. THIERRY LEMAIRE
¤ TRAVERS LE MIROIR de Lostfish et Lewis Carroll Soleil, coll. Métamorphose 210 p. couleurs, 29,50 €