Résilience d’un Géant Africain Volume I

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120 prise de décisions demeurera probablement lourde et il serait préférable de maintenir une approche réaliste face aux attentes élevées pour les réformes. Le second problème repose dans la façon dont la Constitution a cherché à appliquer les éléments-clés de la stratégie de pacification. Rien ne l’illustre mieux que le cas du processus de décentralisation qui a été analysé dans la seconde partie de cet exposé. Le processus de décentralisation, généralement admis comme la meilleure garantie de l’union de la RDC et garantissant le développement économique, a souffert de ce que l’on nomme « spécificité illusoire » ; une approche de la conception qui semble prescrire les aspects essentiels d’un système intergouvernemental, mais qui en réalité soulève davantage de questions que de réponses. Le résultat de ce dispositif est une désillusion croissante de la décentralisation alors que les attentes (irréalistes) ne sont pas atteintes. Si le tout se concrétise en un ralentissement ou même une réduction des processus, cela pourrait éliminer un des piliers sur lesquels les ententes d’après-conflit et le système institutionnel ont été bâtis, ce qui entraînerait le retrait de l’appui au système de la part des factions politiques. Etant donné que la RDC n’est qu’à trois ans de rencontrer le test des 10 ans de Collier, ceci pourrait provoquer de sérieux risques d’un retour à l’instabilité. Certaines solutions techniques sont disponibles pour atténuer les conséquences du premier problème de conception, mais le second problème pose davantage de difficulté ; la seule solution réaliste exige de s’attaquer aux caractéristiques des spécificités illusoires et aux solutions intermédiaires de conception du système de fiscalité intergouvernemental, de la structure administrative territoriale et de s’assurer des transferts de compétences. Il s’agit là des seuls moyens pour restaurer la crédibilité de cet élément critique de la conception de la Constitution. Les conclusions précédentes exigent un important programme de réformes institutionnelles, sur lequel différentes forces politiques de la RDC doivent réfléchir : sans tenter de résoudre les problèmes institutionnels prioritaires, il est peu probable que le mandat présidentiel de 2011-2016 voie davantage de progrès sur les questions législatives et de politiques que lors des périodes précédentes, ou qu’il améliore la fourniture des services. Cependant, si la période pré-électorale est utilisée pour évaluer le premier mandat sous la nouvelle Constitution et s’attaquer à certains problèmes énumérés ici, les chances de consolidation de la paix et d’amélioration de la stabilité demeurent élevées, et le pays défierait certaines des prévisions d’économie politique les plus sombres.


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