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PORTRAIT
TEXTE: BARBARA BERRET
STÉPHANE PENNEC, UN STYLE ENTRE LIBERTÉ ET RIGUEUR « J’aime le noyer parce que l’arbre a pris le temps de grandir. C’est la raison pour laquelle le dessin du bois est sinueux et riche.» Devant nous, une table d’inspiration scandinave prête au dernier coup de vernis décline les teintes mélangées du noyer, ses nuances tendres ou sombres, ses lignes irrégulières. Stéphane raconte son goût pour la matière, et au-delà de la matière pour la magie de la transformation. Depuis la planche de bois, brut, terne vers le meuble, l’objet crée, pensé, réalisé.
LE TRAVAIL DU TEMPS A l’image du noyer, Stéphane a pris le temps de faire grandir et mûrir son projet de vie. Sa vocation s’est révélée avec le temps. Temps de la découverte, quand à 18 ans il réalise ses premiers meubles dans le garage familial, déjà influencé par l’art nouveau ; temps de latence pendant des études universitaires qui lui font découvrir le domaine de l’urbanisme ; temps des premières désillusions professionnelles quand les projets d’urbanisme n’aboutissent pas tant ils sont liés à des politiques mouvantes et des contingences économiques inflexibles ; temps enfin de la réflexion quand il quitte métier et vie tracée d’avance pour une année de voyage et de cheminement afin de trouver sa voie.
« Quand on voyage à pied ou en vélo, on rencontre d’autres voyageurs, qui euxmêmes ont tout quitté pour être mieux en phase avec leurs envies. Il est possible de prendre de la distance avec les pressions sociales autour du travail ou de la carrière. J’ai pu envisager de faire ma vie à partir de la passion qui m’anime et devenir ébéniste »
A L’INSTITUT SAINT LUC, LA QUÊTE DE LA MAÎTRISE Viennent alors trois années d’études, à l’institut Saint-Luc, à Tournai. Deux années pour maîtriser la technique. Et une troisième pour apprendre à créer un meuble depuis l’esquisse jusqu’au choix des matières en passant par le design et la réalisation. Le temps d’affirmer son savoir-faire et de confirmer son style. Lors de ses deux dernières années d’études, un prix du Jury de l’institut Saint Luc vient saluer son travail. « Il faut que je mette tout en œuvre pour être le meilleur. Chercher l’excellence cela fait partie de mon caractère ».
La création d’un meuble passe par une phase de dessin et d’étude. Ici, le bureau est une copie… réalisée à partir d’une unique photo. L’aquarelle a alors pour vocation de mieux appréhender l’étude des formes.
OCTOBRE l 48
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