DIFFMAG °05 2019

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32 FLASHBACK Texte & choix des photos: Armand Logelin-Simon

PIÈCES À L’APPUI VI. LA KERMESSE DE LA CHANDELEUR ET LE «PROMMEKUCH» Le registre des rentes de la baronnie de Soleuvre et seigneurie de Differdange de 1784 contient une notice intéressante sur le droit de tenir foire à Differdange: «Le droit de place pour tenir foire près de l’abbaye les jours de la St-Blaise et St-Philippe, St-Jacques et St-Bernard, et pour la dédicace près de la chapelle, sont compris dans l’amodiation.1» Il s’agissait d’une taxe que se partageaient les officiers seigneuriaux. Ils étaient au nombre de trois : Pierre Brasseur pour le baron d’Arnould, François Hausemer pour le marquis de Ville, Charles Ferdinand Vesque pour le comte d’Aremberg. La Saint-Blaise tombait le 3 février, la Saint-Philippe le 3 mai et la Saint-Bernard le 20 août. Ces jours-là, le prieur de l’abbaye était comblé de travail, comme le prouve les premières lignes d’une lettre que l’abbesse Marie Madeleine de Gourcy envoya au curé de Vance, à la St-Blaise de l’an de grâce 1762:

gorge et des arêtes de poisson y restées bloquées. En 1700, les Cisterciennes avaient dépensé dix écus pour l’achat de statues des saints Bernard et Blaise3. Les Differdangeois qui se souviennent encore de la «petite kermesse» ignorent qu’elle tirait son origine de la foire de la Saint-Blaise, même si le curé Jean Schou (1866-1898) l’avait avancée du 3 au 2 février, c-.à-d. au jour de la Chandeleur. L’instituteur Lucien Marc décrivit l’ambiance de cette fête en ces termes: «Den 2. Februar woar kleng Kiermes. An der Kierch ass den Hals geseent ginn (…). Op der Muartplaz wuaren da meeschtens d’Stillercher an een oder deen aneren Zockerbutték. Mä d’Haaptattraktioun fir d’Männer woar de Prommekuch. Stellt Äech eng grousseg hölze Schossel vir. An der Mëtt woar et flaach an do stungen ning Keelen. Eng hölze Klatz ass da ronderëm un d’Rulle bruecht ginn, déi schliisslech ënner d’Keele geroden ass. Bis wäit an d’Nuet ass do gespillt ginn, an et ass oft ganz héich gespillt ginn. Wuar et däischter, dann huet de Prommekuchsmännchen e Känki oder Käerzen ugefaangen an d’Spill ass virugaangen.4»

«A Monsieur Belch très mérité curé de Vance, à Vance, De Tifferdange, ce 3e février 1762 Comme aujourd’hui c’est une solennité dans notre église où l’on fait la fête de St Blaise qui ÿ attire quantité de pèlerins; Mr le Prieur me prie de répondre de sa part. (…)2.» La lettre porte sur les affaires de l’orpheline Marie-Antoinette de Blanchart, nièce de l’abbesse, admise dans le pensionnat des religieuses à Differdange et dont le curé était le tuteur. La phrase introductive de la missive est certes anodine, mais néanmoins chargée d’une information intéressante. Elle laisse entrevoir que saint Blaise jouissait d’une grande vénération dans notre contrée. Ce saint était le patron des cardeurs à laine et des drapiers; un de ses attributs fut le peigne de cardage (voir l’image). On le disait protecteur du bétail et capable d’intercéder dans les cas des maladies de ANLux. : SHL Abt. 6.068.25. ANLux. : SHL Abt. 6.070.60. 3 ANLux.: A XXVII, année 1700, page 21. 4 In : Galerie 2(1983-84), n° 5, page 815. 1 2

© Monique Simon

Un «Prommekuch» à toupie


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