Exposition Marina Tsvetaeva

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Sa fille partie en Russie, son mari disparu dans la tourmente d’une affaire d’espionnage,* Tsvetaeva connaît maintenant la solitude d’un itinéraire tragique où les voies humaines sont révélées, les chemins ardus sont ouverts. Son

Après la fuite de Sergueï Efron, la police effectuera une perquisition au 65, rue Jean-Baptiste Potin à Vanves le 22 octobre 1937.

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dessein est celui du créateur, sa route - la vocation poétique à laquelle elle se doit d’obéir. Commencent alors les adieux à la France, son pays d’accueil qu’elle a tant aimé.

Paris, Gare du Nord

Tsvetaeva consacre des vers à son attachement pour son pays d’exil :

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Champs carrés, petits prés miniatures. Plus que l’ambre, le cristal, le diamant, J’emporte en mon cœur cette blessure Sans cristal, sans grenat, sans argent. Petits prés et grands arbres, pruniers, Des routes longues à grand pas arpentées, Petits prés, longues routes et pruniers.

Le Havre

La France se dérobe tandis que la Russie d’autrefois n’existe plus, les regrets prennent à la gorge :

La tour Eiffel est là À portée de main Vas-y, va, grimpe, Mais en mémoire – dernière atteinte. De ma Beauté-Russie La rue paraît vilaine et grise, Ô ma beauté, Paris Joie claire ! partie !

Comme auparavant dans sa jeunesse, Marina Tsvetaeva va se trouver une nouvelle fois contrainte de partir. Son mari est réfugié en Russie, elle doit quitter Paris pour le rejoindre «car on n’abandonne pas un proche dans le malheur ». Elle repart avec son fils en bateau par Le Havre. Elle compare alors son appareillage au départ de Marie Stuart pour l’échafaud. Sur le quai elle écrit ce poème d’adieu qui a pour épigraphe une chanson française : Douce France Adieu France. Marie Stuart

On sait maintenant combien Tsvetaeva redoutait ce retour au pays. Elle ignorait cependant que sa sœur était reléguée dans un camp de travail, depuis déjà deux ans. Son mari et sa fille sont arrêtés deux mois après leurs retrouvailles familiales.

Perles douces à mes yeux Douce France que la France M’a données. En souvenir – Comme le mien – d’un départ Celui de Marie Stuart

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Elle ne les reverra plus jamais. Elle reste seule avec son fils adolescent. Moscou entre en guerre, Marina Tsvetaeva est contrainte à l’exode vers une ville obscure de la Tatarie. C’est là qu’elle met fin à ses jours le dernier jour d’août 1941. Elle pressentait le sort qui l’attendait puisque l’un de ses derniers poèmes disait :

Sergueï Efron en Russie

Il est temps D’ôter l’ambre, De changer les mots Et d’éteindre la lampe, Au-dessus de ma porte.

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Ariane à Moscou

L’embarcadère de Elabouga

Marina Tsvetaeva à Moscou à la fin de sa vie avec son manteau au col de fourrure


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