VEINE #2 BLACK & WHITE ISSUE

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INTERVIEWS

page précedente: Bahia Honda, 16x20, Encre sur papier. ci-contre: Brown Noddy, 30x42, Encre sur papier. VEINE MAGAZINE: Bonjour George, avant tout, veux-tu bien te présenter, qui es-tu, où es-tu basé, quel est ton parcours...? GEORGE BOORUJY: Je suis un artiste vivant à Gowanus, Brooklyn, New York. Pas très originale de ma part, mais c’est comme ça. Avant tout, je suis peintre. V: Peux-tu nous parler un peu de tes inspirations? Je dis souvent que mes oeuvres favorites (tous médiums confondus, vidéo, musique, dessin...) sont celles qui me rappellent des souvenirs que je n’ai jamais eu, et c’est exactement le cas avec ton travail. Il crée tout au monde de sensations, et j’aimerais savoir comment tu en es arrivé là? G.B: En gros, je suis inspirée par le monde. Je sais que ça a l’air vague mais c’est vrai. Mon travail parle de ce que l’on pourrait appeler le monde naturel, mais pour moi, c’est ÇA le monde. Nous pensons être séparés de la Nature, mais nous en sommes une partie intégrante. J’ai actuellement le cul posé dans un coffee shop, travaillant sur ordinateur connecté au monde entier grâce à des choses que je ne comprends pas vraiment, mais ça reste une part de ce monde. Ces mêmes fesses sont fermement plantées sur un banc fait de bois qui est né et vient bien de quelque part. Les parties en plastique de l’ordinateur ont été créées grâce à des éléments de notre terre, et le métal a été miné. Dans mon travail, j’essaie de montrer le monde tel qu’il est. Quelques unes de mes images peuvent semblées un peu fantastiques, mais elles sont toutes vraisemblables, et même probables. Ce sont simplement des choses que l’on ne voit pas facilement. Les gens me demandent souvent où est ce que je vois ce que je peins, et c’est un gros compliment. C’est entièrement inventé, spécialement les constructions, mais je veux qu’elles aient l’air le plus plausible possible. C’est ce qui leur donne leur pouvoir. Comme dans un film, quand tout explose tout le temps. Quand tout arrive en même temps, finalement rien n’arrive vraiment. La retenue et la prise de décision sont ce qui permet de donner un impact à quelque chose.

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V: Comment considères-tu le fait de pratiquer différents médiums? Pensestu qu’un artiste puisse se limiter à une seule chose? Pratiques-tu toi même

d’autres formes d’art? G.B: Je pense qu’un artiste peut se limiter à une seule chose, si c’est son genre. Je ne suis pas sûr d’en avoir déjà rencontré. Vous seriez surpris de voir combien de techniques différentes un artiste peut utiliser dans son processus de travail. Je sculpte beaucoup. Et je prends beaucoup de photos (J’étais vraiment meilleur lorsque je n’avais pas d’appareil numérique. Quand on n’a plus de limites de photos, on est moins perfectionniste). J’ai travaillé comme potier pendant un temps, ce qui fait que je n’ai pas vraiment peint pendant 3 ans. Je ne suis certainement pas encore totalement attaché à la peinture. Je sais simplement que c’est ce qu’il y a de mieux pour retranscrire mes idées. Et j’aime le côté technique, et le fait d’essayer, d’aller plus loin et de la dompter. Au moins un peu. Utiliser de l’encre sur papier aiguise les capacités car vous n’avez pas vraiment le droit à l’erreur. Enfin, vous POUVEZ, mais après vous n’avez plus qu’à recommencer. Cette perspective aide tout à fait à se concentrer. C’est la raison pour laquelle je ne bois jamais quand je peins. Enfin, jamais plus de deux bières. V: Si tu devais choisir ta meilleure expérience personnelle, quelle serait-elle (expositions, collaborations...)? G.B: Ma meilleur expérience est très egocentrique. La satisfaction de voir quelque chose tourner exactement comme on le voulait. V: Si tu n’avais potentiellement aucune limite de temps, d’argent et de place, quel genre de “pièce ultime” tu aimerais créer? G.B: J’aimerais faire un film. Je pense que c’est ce vers quoi je pourrais me diriger. Je veux combiner le mouvement, les mots, et le son. Et au niveau pictural, j’aimerais peindre sur le pan d’une montagne. C’est totalement megalo, mais je m’en fiche. J’aimerais faire une image de plus de 300 mètres. V: Que penses-tu du monde de l’art? Le trouves-tu créatif, motivant, ou au contraire, paresseux et conventionnel? G.B: Le monde de l’art, c’est tout ça en même temps. Mais également un


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