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Biographie

Par Guitel Ben-Ishay

Rav Ovadia Yossef, zatsal (5681-5774) De Bagdad à Jérusalem Le Rav Ovadia Yossef est né au mois de Tichri 5681 (septembre 1920) à Bagdad. Alors qu'il n'a que quatre ans, ses parents Yaacov et Gorgia décident de faire leur alyah. En 1924 la famille arrive à Jérusalem dans le quartier «Beit Israël». Leur situation matérielle étant très difficile, Ovadia commence à travailler très jeune tout en étudiant dans un Talmud Torah en parallèle. Encore enfant, il s’intéresse beaucoup aux livres et se distingue par sa capacité d'apprentissage hors norme. On dit de lui qu'il lui suffisait de lire un ouvrage une fois pour le connaître par cœur. Son père, en proie aux difficultés financières, aurait souhaité qu'il se consacre à ramener de l'argent pour aider à la subsistance de la famille. Mais le Rav du jeune Ovadia le supplia de ne pas condamner l’érudit en herbe. Au vu de son savoir déjà acquis et de ses capacités intellectuelles, il le savait voué à un avenir prometteur dans le monde de la Torah. Il ne fallait pas que cette personnalité se perde! Son père s’étant laissé persuader, il commence à étudier à l’âge de 12 ans dans la plus grande yeshiva séfarade de l’époque, «Porat Yossef». Cette même année, il écrira avec deux amis son premier ouvrage toranique. Un parcours rabbinique fulgurant C'est à l’âge de 18 ans que commence à émerger son génie en matière de décisions halahiques. En effet, alors qu'il a l'occasion de donner un cours devant plusieurs personnes, il contestera les positions du Ben Ich Haï, déclarant ouvertement lui préférer celles de Rabbi Yossef Karo et du Shoul'han Arou'h qu'il juge plus souples. Une personnalité rabbinique était née. À 20 ans seulement, il est nommé Rav puis Dayan. De 1947 à 1950, il sera envoyé en Égypte pour y être Av Beth Din au Caire. À son retour, il sera Dayan au Beth Din de Petah Tikva, puis en 1968 il est nommé Grand Rabbin de Tel-Aviv. Dans les différents postes qu'il occupera, le Rav Ovadia a toujours mis en avant la vision séfarade de la hala’ha en dévoilant les grands décisionnaires séfarades et en leur forgeant une place de choix auprès des ashkénazes. En 1972, il prend les fonctions de Rishon Le

Tsion, Grand Rabbin séfarade d’Israël et le restera pendant dix ans. Un possek unique pour des générations Le Rav Ovadia Yossef a laissé une empreinte hala’hique exceptionnelle dans toutes les fonctions rabbiniques qu'il a occupées. Ses décisions sont souvent qualifiées de courageuses car il n’hésite pas à trancher en faveur de la permission plutôt que de l'interdiction, tout en ayant une vision stricte de la hala’ha. Ainsi, on retiendra parmi beaucoup d'autres, sa décision de libérer toutes les agounot de la guerre de Kippour, et celle qui permettra

aux olim d’Éthiopie d’être considérés comme Juifs sans qu'ils ne soient contraints à une conversion pour ôter tout doute. Par ailleurs, il a aussi pris sur lui de reconnaître les conversions faites au sein de Tsahal, ce que le monde ashkénaze orthodoxe se refuse à faire. La création du parti Shass Après avoir quitté ses fonctions de Rishon Le Tsion, le Rav Ovadia Yossef crée le conseil des Sages de la Torah afin d'assister le parti Shass naissant. Celui-ci se veut le représentant des Séfarades à la Knesset. Son influence déterminante sur la gestion du parti

et sur les décisions qu'il a pu prendre en a fait, en plus d'une personnalité rabbinique, un acteur central de la scène politique israélienne pendant de nombreuses années. Un enseignement largement diffusé Le Rav Ovadia Yossef a écrit de nombreux ouvrages de hala’ha, qui resteront des références: «Yehave Daat», «Hazon Ovadia» et le célèbre «Yalkout Yossef» rédigé par son fils le Rav Itshak, pour ne citer qu’eux. Son cours hebdomadaire du motsae shabbat attirait des foules impressionnantes et des journalistes de tous les organes de presse. Son enseignement a également porté ses fruits sur ses onze enfants: ses filles sont investies dans l’éducation juive auprès de tous les publics, et ses fils sont devenus des grands rabbanim reconnus. La dernière apparition en public du Rav Ovadia Yossef a d'ailleurs eu lieu à l’occasion de l'intronisation de son fils, Rav Itshak Yossef au poste de Rishon Le Tsion. Son épouse, Margalit, décédée prématurément il y a vint ans, aura aussi été une source d'inspiration pour ses enseignements: un réseau de séminaires en son nom a été fondé par le Rav après la disparition de la Rabbanite. Un symbole d’unité Le Rav était suivi par des hommes et des femmes de toutes tendances, de tous milieux, de toutes origines. En effet, durant toutes ces années, il avait même réussi à se forger une autorité hala’hique dans les milieux ashkénazes. Il était respecté de tous. Ceci explique le million de personnes venues lui rendre un dernier hommage à Jérusalem lors de ses obsèques. Un événement historique, comme le pays n'en avait jamais connu. Une preuve supplémentaire de la grandeur, de la sagesse de Maran et surtout un dernier message qu'il nous adresse: nous pouvons être unis, nous avons tant de valeurs communes et tant de modèles communs. Le Rav Ovadia Yossef, zatsal, était l'un de ces modèles qui nous rassemble et dont l'absence se fera ressentir encore longtemps.

‫ זכותו תגן עלינו‬,‫יהיה זכרו ברוך‬


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