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‫פסיכולוגיה‬

Côté Psy

Chlomo Stora

Comment nommer nos enfants? L’acte de nommer est au cœur de ce que la Torah nous enseigne et surdétermine la pratique professionnelle du psychologue clinicien qui reconnaît cet enseignement. L’expérience nous enseigne régulièrement qu’au-delà des symptômes plus ou moins aigus qui peuvent occasionner une consultation chez le psychologue, les patients que nous rencontrons souffrent de ne pas pouvoir répondre en leur nom aux différentes épreuves de la vie auxquelles ils sont confrontés. Ainsi pouvons nous affirmer qu’un enfant hyperactif dont les caractéristiques sont de rechercher toutes les places Un enfant hyperactif àauoccuper sein de la famille, souffre souffre de ne pas en réalité de ne pas pouvoir répondre aux sollicitations de pouvoir répondre aux sollicitations de ses parents. A commencer par l’appel de son nom dont ses parents la fonction, rappelons-le, est d’ordonner et de limiter les manifestations corporelles excessives par lesquelles il tend à se confondre avec les autres, au profit d’un sentiment de reconnaissance lui permettant d’accéder à une identité psychique séparée. Ainsi en était-il de ce jeune patient dont l’obsession était de remplir des pages entières de noms de marques de vêtements sur un carnet dont il prenait le plus grand soin. Tout se passait comme si l’intérêt qu’il avait à s’occuper des noms de marques de vêtement témoignait d’une tentative de s’approprier un nom propre qui lui faisait défaut, d’où précisément la nécessité qui s’imposait à lui de répéter inlassablement le même geste. En effet, que nous enseigne précisément la Torah à ce propos? Lorsqu’un père nomme son fils à l’occasion de la brit-milah, il l’inscrit dans l’alliance d’Avraham avinou, dans l’ordre des générations, fondé à la fois sur la différence hommefemme-parent-enfant mais également sur la nécessité

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Psychologue clinicien Psychanalyste

d’articuler ces quatre catégories. Que ce nom soit donné lors d’une opération de coupure qui modifie littéralement le corps de l’enfant, «siège de toutes les passions», n’est pas fait pour nous étonner. Car telle est en effet la vérité de la nomination juive qui suspend l’attribution du nom à la soustraction d’une «livre de chair» prompte à faire tenir ce nom dans le corps. De sorte que le père est ici introduit comme l’opérateur (par l’intermédiaire du Mohel), voire comme le sacrificateur de cette livre de jouissance originaire. Surtout si nous mesurons qu’une telle opération de coupure intéresse également la mère, en ce sens que l’enfant qui porte désormais dans son corps la marque du père, ne sera plus jamais identique à ce qu’il a été auparavant lorsqu’il partageait le même espace corporel que la mère. Or que nous enseignent précisément les enfants hyperactifs sur ce point? L’agitation psychomotrice et l’excitation psychique dont ils font preuve témoignent régulièrement d’un tel «retour à la mère», qui constitue à bien des égards leur principal, pour ne pas dire leur unique interlocuteur, dans un contexte où la parole du père qui nomme souffre à leur parvenir. De sorte que si cette trace du père, concomitante à l’acte de nommer dans la milah, intéresse la mère et qu’elle s’apparente à un acte fondateur de différenciation entre elle et son enfant, c’est qu’elle vient rappeler nécessairement un autre enseignement. Celui du mariage juif par lequel un homme nomme la mère de ses enfants à venir comme étant sa femme, étant entendu qu’il ne peut y avoir d’enfant nommé et séparé qui soit issu d’une mère qui n’a pas été nommée et séparée de toutes les autres femmes par son mari. Enjeu qui implique d’être renouvelé quotidiennement par la parole pour le compte de l’enfant, pour le compte de la mère et pour le compte du père lui-même.

Chlomo Stora 052-3556506


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