Mémoire fin d'étude - Régénération urbaine autour des friches ferroviaires

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le processus de patrimonialisation fragment d’urbanisme

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Organisation et planification urbaine. Des termes qui à eux seuls expliquent l’échec d’une ville, car on a eu, durant bien longtemps, le doux rêve de continuité par le jeu de la carte, que ce soit avec le mouvement moderne ou certains grands projets urbains contemporains. La réalité dépasse ou rattrape toujours la fiction. Ces délaissés de l’urbanisme moderne ont construit un autre possible : un lieu de confrontation et de télescopage de différents tissus urbains. De confrontation avec l’infrastructure, le réseau. C’est la trace aujourd’hui de la frontière de la ville, à l’image du sillon de Romulus qui définissait par sa trace la limite du cosmos romain. Le sillon est aujourd’hui devenu l’outil de l’ingénieur : l’infrastructure qui trace sur le sol un territoire abstrait de sa géographie. Ces lieux de superposition (les friches), concentrent la multiplication et l’épaisseur de la ville. Affichage massif de publicités, appropriation sauvage par des artistes ou des habitants, etc. La réalité complexe de ce que l’on pourrait qualifier de vie moderne semble se matérialiser dans «l’absence» d’urbanité ou d’urbanisme. Une sorte d’oubli de la machine urbaine contemporaine. Dans tous les cas, le déchet ou résidu urbanistique semble être aujourd’hui le dernier rempart à l’absolution de l’aplanissement des territoires. Si Sébastien Marot peint un paysage contempor-

-ain d’une grande univocité53, c’est par l’absence de mémoire et la grande présence de l’oubli. C’est bien parce qu’il y a toujours chez l’urbaniste et l’architecte un refus de la complexité54, une difficulté de représentation de ces territoires «défectueux», qui traduit une difficulté de penser la ville multiple. L’étude de la patrimonialisation ou des reconversions des friches aujourd’hui fait apparaître une accélération du remaniement politico-urbanistique de ces espaces. Une oeuvre quasi achevée de la disparition des traces. L’exemple du cas Paris Rive Gauche où tout un pan de l’histoire ouvrière et ferroviaire disparaît au profit d’une écologie urbaine ancrée dans la ville-monde, ou mégalopolis55. “Le siècle n’est plus à l’extension des villes mais à l’approfondissement des territoires. Pas plus que les simulacres de mémoire littérale, le nomadisme moderne ne parviendra à rendre supportables l’aplatissement des lieux et leur grandissante univocité. Le monde est devenu trop étroit pour que l’on puisse seulement songer à ne pas explorer partout sa quatrième dimension il est urgent d’extrapoler” MAROT S. L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, Le visiteur,: revue de critiques des situations construites, 1999, p169 54 VENTURI R, De l’ambiguïté en Architecture, Paris, Dunod, 1999. 55 ROUILLARD (Dominique) (dir.), L’infraville : Futurs des infrastructures, Archibooks, 2012 53


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