Urbania #3 Commerce

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traiterais d’alarmiste. Mais avant que l’on sombre tous les deux dans la paranoïa, avez-vous un remède à l’anti-diversité ?

s.p. H Si j’osais, je vous

boycott, de steve proulx, est publié aux éditions les intouchables. 14,95$.

Célébrer la diversité est, je crois, une façon à la fois simple, enrichissante et pertinente pour contrer cette anti-diversité qui nous envahit. N

on nous rebat les oreilles depuis déjà un bon moment ne concerne pas seulement l’économie et la libéralisation des marchés. C’est aussi la première fois, dans l’Histoire de l’humanité, que l’occasion se présente de pouvoir considérer tous les peuples de la Terre comme autant d’acteurs de cette riche diversité qui assure notre équilibre. Pourquoi ne pas encourager cette diversité en commençant par nos choix de consommation ? Pourquoi ne pas se laisser séduire, pour une fois, par un film islandais, plutôt que de se taper un autre navet américain sur la guerre du Viet-Nam ? À l’épicerie, pourquoi ne pas choisir de nouveaux légumes, pour faire changement ? Des variétés originales cultivées dans une ferme de la région, par exemple. Pourquoi, de temps en temps, ne pas acheter de l’artisanat équitable, qui nous relie avec d’autres cultures, plutôt qu’une nullité standardisée dégotée chez ikea ? Pourquoi ne pas encourager de petits commerçants locaux ? Pourquoi ne pas investir une partie de ses avoirs dans des fonds éthiques ? Pourquoi ne pas essayer le train de banlieue ou le métro, une fois de temps en temps, plutôt que de s’emmerder dans le trafic à écouter des infopubs de Star Académie à la radio ? Soyez imprévisible, et mystifiez ces compagnies de sondages qui essaient d’analyser nos habitudes de consommation !

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« Des 100 plus grandes économies mondiales, 51 sont des entreprises. Plus puissantes que les États, ces entreprises réussissent souvent à faire passer le droit commercial avant les droits humains. »

s.p.} Il faut célébrer la diversité dans tout ! Cette mondialisation dont

Regardez autour de vous, la diversité est menacée presque partout. Il y a des milliers d’espèces de plantes comestibles qui poussent sur Terre, mais 80 % de ce que nous mangeons est composé des mêmes variétés de pommes de terre, de blé et de riz. Au bureau, en utilisant les mêmes logiciels conçus par la même compagnie, et comportant les mêmes failles, la population mondiale est prise en otage par les pirates informatiques. Comment ne pas voir une menace à la diversité quand un Wal-Mart se targue d’être un « one-stop shopping » (achats en une fois) ? Si ce n’est pas de l’antidiversité, dites-moi ce que c’est !

Quand une entreprise médiatique achète tous les médias d’un même marché, qu’elle contrôle le message qui doit être transmis à la population, elle tue la diversité des voix. C’est le début de la pensée unique et le commencement de la fin de la démocratie. Quand une multinationale de Big Mac dépense des milliards de dollars en publicité pour convaincre des ados chinois, russes, français, australiens, québécois et argentins d’engloutir le plus souvent possible le même trio coca-frites-hamburger, on aplanit les di¤érences culturelles en commençant par faire manger la même chose à tout le monde.

s.p.} La diversité est un ciment qui assure l’équilibre des choses. Dans la nature, d’abord, la biodiversité qu’on y retrouve crée une si belle harmonie entre les vivants qu’on croirait presque que c’est arrangé avec le gars des vues. Mais quand on pollue une rivière et que les algues se mettent à pousser en trop grand nombre, jusqu’à étou¤er la faune aquatique, la diversité des espèces de ce microécosystème en prend pour son rhume. La fin de la diversité marque toujours la fin de quelque chose.

PROULX vs. PROULX

c’est dangereux ?

s.p. H Et l’anti-diversité,


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