les carnets de l'ODCI - HISTOIRE

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LES CARNETS DE L’OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D’IVOIRE << l’amnistie générale décrétée à Kinshasa par le Général Mobutu est valable pour tous. Nous accueillons donc M. Mulélé en frère. Il travaillera avec nous pour la libération totale de notre pays. >> Quelle belle promesse et quel beau message venant d’une dictature ? Mulélé, malgré les avertissements de ses proches et les conseils des lumumbistes qui lui répètent que Mobutu va le tuer prend le risque de traverser le fleuve, parce que Mobutu a donné sa parole d’honneur. Quelle est la valeur de la parole de l’homme qui avait livré hier encore Patrice Lumumba aux sécessionnistes Katangais ? N’est-il pas plus sûr de croire à la parole du diable qu’à celle de Mobutu ? Mulélé est accueilli en grande pompe à Kinshasa. Le général Bobozo, celui qui avait naguère veillé sur Lumumba à Thysville aujourd’hui Mbanza-Ngungu, donne une réception en son honneur. Le soir, il se rend à la résidence de Bomboko, où il passe la nuit. Ses proches, ses fidèles viennent féliciter l’ex- rebelle, tout en lui conseillant d’être sur ses gardes. Le 2 octobre 1968 à 17 heures, on vient annoncer à Pierre Mulélé que la population l’attend au stade Tata Raphaël et se prépare à le saluer comme un des compagnons de Patrice Lumumba. Ce sera son dernier voyage. Pierre Mulélé, sa compagne Abo, son ami Théodore Bengila, prennent place dans la voiture mise à leur disposition par leur hôte, Justin-Marie Bomboko. Ils seront conduits au camp militaire Kokolo. Mulélé et Bengila vont être assassinés dans la nuit du 2 octobre 1968. La cruauté et la bestialité avec lesquelles Mulélé et ses compagnons d’infortune vont être mis à mort couvriront à jamais d’ignominie et de honte le régime mobutiste qui a ordonné une telle sauvagerie. Avant de Mourir, Pierre Mulélé, connaîtra des souffrances extrêmes, raconte Justin Marie Bomboko dans le livre de Ludo Martens : << alors qu’il était vivant, ses bourreaux lui arrachent les oreilles, lui coupent le nez, retirent ses yeux de leurs orbites. Ils lui arrachent les organes génitaux. Alors qu’il est toujours vivant, ils lui amputent les bras et les jambes. Les restes de son corps seront ensuite jetés dans un sac et immergés dans le fleuve Congo. Théodore Bengila a subi le même sort >>. Ces meurtres cruels illustrent toute la bestialité du président Mobutu et de son régime. Le devoir de mémoire nous impose de revisiter ces témoignages insoutenables pour que les mobutistes d’aujourd’hui sachent que l’Afrique entière se souvient encore de l’horreur qui se dégage aujourd’hui même de la mise à mort cruelle et sadique de Pierre Mulélé. B) – En Côte d’Ivoire, Houphouët est beaucoup plus subtile que cela, c’est d’ailleurs une différence de taille entre les deux hommes. Les 4000 morts du guébié dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire, la répression barbare des irrédentistes du sanwi dans le sud Est de la Côte d’Ivoire, prouvent que les méthodes peuvent changer, mais le résultat est le même car toutes les dictatures sont liberticides et méprisent l’être humain dont ils veulent assurer le bonheur, sur ce point Houphouët et Mobutu sont des semblables. Trois anciens ministres d’Houphouët-Boigny, qui veulent garder l’anonymat dans ce pays en recomposition qu’est la côte d’ivoire, nous ont livré il y a trois ans à Genève et à Paris où ils étaient de passage des témoignages hallucinants sur des méthodes discrètes pour tuer un adversaire politique sans recourir au meurtre. En 1956, à la veille de la loi cadre, Félix Houphouët-Boigny, au nom de l’unité nationale invite les autres partis politiques à rejoindre le PDCI-RDA, ainsi le MSA (le mouvement socialiste Africain) le PPCI, (le parti progressiste de Côte d’Ivoire) EICI, l’entente des indépendants de Côte d’Ivoire) UICI, l’union des indépendants de Côte d’Ivoire) et le BDE, (le bloc démocratique éburnéen) rejoignent le PDCI-RDA. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire ne le dit pas assez, mais c’est tout à fait en son honneur d’avoir réussi l’unité par absorption des autres formations politiques du pays dans un grand parti de masse. Le parti unique s’il respecte la diversité du pays et oriente son travail dans le sens d’un vrai dialogue national utile pour construire une nation dans l’union la discipline et le travail en commun aurait éviter à la Côte d’Ivoire les germes de la crise sans fin que connaît ce malheureux pays actuellement. L’Etat houphouëtiste, aurait pu être un immense creuset pour l’unité des ivoiriens. Cela pouvait se faire au sein du parti, de créer et d’entretenir chez l’ivoirien le sentiment d’appartenance a une entité territoriale commune afin qu’il soit habité par le sentiment que les autres hommes et


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