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Le lion de l’Artibonite Par Carl Fombrun

Par Carl Fombrun

carlfombrun@yahoo.com 31 décembre 2009

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Le 24 Mars 1957, sortant de l’ordinaire, notre père Charles Fombrun nous invitait à le rejoindre au Casino I n t e rn a t io n a l à Po r t- a u - Pr in c e . Nous rejoignaient à cette table, le même soir, l’élégant officier Philippe Dominique de regréttée mémoire, qui perdrait la vie dans de tristes circonstances quelques années après, dans une invasion contre François Duvalier au casernes Dessalines.

Charles Fombrun n’était certainement pas comme l’un de ses fils votre cavalier servant, qui étale ses pensées et ses sentiments sur le Coin de Carl. Charles Fombrun, étant un homme politique de son temps, évitait toutes expressions de sentiments personnels en public ou parfois même en privé. Ce soir, au Casino International, il désirait nous faire preuve d’affection, le dernier de ses enfants qui était un nouveau marié à la r e c h e r c h e d ’ u n meilleur destin sur des rives étrangères. C’était réconfortant et un honneur pour nous de nous retrouver publiquement en compagnie de ce père excessivement réservé, avec un perpétuél et à l’occasion triste sourire a u d e s s o u s d ’ u n e f in e m o u s t a c h e e t d e g r o s yeux bleus. En patriarche, il avait l’habitude d’observer dans son salon a u dé f ilé de p lu s ie u r s membres immédiats de sa famille, parfois des alliés, à la recherche d’une faveur; une simple requête du pr est igieux et to ut puissant sénateur Charles Fombrun de ce temps, au bénéfice d’une tierce personne, à un président de la république ou à un autre grand du jour, équivalait à son poids d’or pour le quémandeur ou la quémandeuse.

Nous nous souvenons de l’un de ces dimanches, du grand Charles, affectueusement appellé, Ti-Charles, par quelques uns de ses collègues, allongé sur sa galerie en sa résidence montagneuse à Laboule , qui voyait s’amener une habituée à ces imposantes réunions familiales, et il nous confiait en pince-sansrire : « Que va t’elle nous demander cette fois? » Charles Fombrun, tout en étant un homme public, était sensible et délicat. Il ne laissa à aucun de ses sept fils son prénom.

Il déclarait que c’était une charge pesante. Nous fûmes le dernier de ses héritiers qui faillit être nommé après lui, car il avait une réticence pour le nom José Maria que nous avait légué notre mère à notre naissance, honorant ainsi le nom de son frère Joseph et le sien... Le jour de notre bap-

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