KOREANA - Winter 2012 (French)

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« Comme celle de Martin Margiela, ma marque s’inspire d’une mode d’avant-garde, tout en étant portable dans la vie de tous les jours. Mon travail à Dongdaemun m’a beaucoup appris ». imposant son style propre caractérisé par un emploi subtil de blocs de couleurs à la manière du styliste belge Dries Van Noten. Quant à Kim Sun-ho, créateur de la marque de vêtements pour homme Groundwave, il allait ouvrir la boutique de vêtements pour femme Zazous au rez-de-chaussée de l’immeuble de Doota. Dès qu’a pris fin le défilé des Collections de Séoul où il a présenté avec succès un manteau gris matelassé rappelant une robe de moine bouddhiste, le magasin lui a proposé un stand au rayon confection pour homme du troisième étage, mais il a décliné l’offre en expliquant qu’il souhaitait se lancer dans la confection féminine. « Comme celle de Martin Margiela, ma marque s’inspire d’une mode d’avant-garde, tout en étant portable dans la vie de tous les jours », affirme-t-il, en ajoutant : « Mon travail à Dongdaemun m’a beaucoup appris ». Outre ces créateurs, Dongdaemun accueille quelques grands noms de la Semaine de la Mode de Séoul, comme Choi Bum-suk (General Idea) et Lee Doii (Dol Dol Dol).

Un partenariat avec les cyberboutiques La récession que connaît depuis peu l’économie mondiale a durement frappé le Marché de Dongdaemun, qui avait pourtant surmonté la crise financière asiatique de 1997. Depuis environ sept ans, l’environnement commercial évolue aussi au fur et à mesure qu’arrivent de grandes marques aux stratégies de marketing ciblant le marché mondial et concurrençant les articles à la fois abordables et de qualité de Dongdaemun. De plus, la main-d’œuvre à bon marché, qui a joué un rôle crucial dans l’exceptionnelle réussite du Dongdaemun des années 1960 et 1970, est aujourd’hui disponible en plus grande abondance encore en Chine ou en Asie du Sud-Est. Les modélistes, coupeurs, confectionneurs et autres professionnels importants commencent à partir travailler ailleurs. Selon l’Association de l’industrie coréenne de l’habillement, le personnel des usines de production de Séoul se compose pour près de 85 % de quadragénaires et quinquagénaires. Alors qu’il y a pléthore de créateurs au sommet de cette « pyramide de la mode », on manque de bras à ses échelons les plus bas et notamment de coupeurs et de couturiers en raison Koreana ı Hiver 2012

de la régression constante des effectifs de ces professions. Avant la Corée, le Japon et Taïwan se sont déjà vu déposséder de leur infrastructure industrielle par la perte de leurs capacités de production, laquelle a entraîné la disparition d’un de ses centres vitaux où se concentraient le planning de production, la fabrication et la distribution. La Ville de Séoul met actuellement en œuvre un programme de formation spécialisée destiné à accroître la productivité du travail, mais ces efforts sont encore insuffisants. Le développement endémique des centres commerciaux est aussi à l’origine du déclin de Dongdaemun car il s’est traduit par la présence en trop grand nombre de locaux commerciaux pour détaillants et donc d’emplacements inoccupés. Selon une étude réalisée par les services de la mairie d’arrondissement de Jung-gu, le taux moyen d’inoccupation des emplacements s’élevait au mois d’août 2011 à 30 % de l’ensemble du Marché de Dongdaemun et ce chiffre déjà important atteignait même 63 % dans les locaux de construction récente, c’est-à-dire datant de 2005 et au-delà. En l’absence de locataires, certains centres commerciaux ont dû affecter des étages entiers à d’autres emplois. Dans ces circonstances, le Marché de Dongdaemun a entrepris de gros efforts pour obtenir des commandes à l’étranger et mettre en place des supports de distribution en ligne. En avril 2012, l’immeuble Doota enregistrait 2 une fréquentation journalière moyenne de cinquante mille personnes, dont quelque dix mille touristes étrangers, cette proportion de 20 % représentant à elle seule plus de 50 % du chiffre d’affaires, sur lequel les Chinois, premiers consommateurs, atteignent 70 %. Certains évoquent donc la possibilité de spécialiser Dongdaemun dans la vente d’articles de marque pour en faire la plaque tournante du commerce en Asie du Nord-Est, capable de proposer un ensemble intégré de services logistiques, financiers et de loisirs. Cette idée a d’ailleurs reçu un très bon accueil. Après avoir été concurrencé par les cybercommerces, Dong­ daemun noue aujourd’hui avec eux des partenariats auxquels les deux parties trouvent leur avantage. Entre 70 et 80 % des vêtements en vente sur Auction et Gmarket proviennent aujourd’hui de

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