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Université, stratégie métropolitaine et développement des territoires. L'exemple de Lille et du Nord de la France

Dans ce contexte, les universités de la métropole lilloise ont entamé leur réflexion. La société civile métropolitaine, par l’intermédiaire du Conseil de Développement de Lille Métropole, pousse à la réflexion, et la Communauté urbaine de Lille Métropole vient de prendre la compétence recherche, dans le cadre de la mise en place du Plan métropolitain de développement économique. Mais beaucoup reste à faire pour que l’université s’impose comme support stratégique du développement métropolitain. Enfin, il ne faut pas ignorer la fonction spécifique de l’université pour l’accès du plus grand nombre au savoir et à l’enseignement supérieur. Le Nord de la France représente de ce point de vue un exemple intéressant, avec deux nouvelles universités créées dans les années 1990, l’Université d’Artois et l’Université du Littoral Côte d’Opale. Elles jouent un rôle dans l’accès à l’enseignement supérieur dans leur bassin local, ce que font aussi les universités lilloises pour le bassin métropolitain.

Le contexte français de l’enseignement supérieur Il est important de bien comprendre la spécificité du paysage français de l’enseignement supérieur pour comprendre les enjeux posés par la question universitaire dans les métropoles françaises. La caractéristique principale concerne d’abord l’existence, en parallèle des universités, d’un réseau de grandes écoles, quelque chose de tout à fait spécifique à la France. Par rapport à l’Université, ces grandes écoles bénéficient de moyens importants, d’une image positive, et s’inscrivent en conséquence dans un système de reproduction d’une élite sociale. Elles s’appuient sur un système spécifique de classes préparatoires aux concours d’entrée, rattachées aux lycées, donc hors université, qui pratiquent une sélection rigoureuse. Tout le programme de ces classes, que ce soit en lettres ou en sciences, est calibré pour la préparation au concours de l’Ecole la plus prestigieuse, Normale Sup. Par ailleurs, depuis 1968, la massification de l’enseignement supérieur, progressive jusqu’au début des années 1980, accélérée à partir de la fin des années 1980, a élargi le public étudiant. Cet accroissement des effectifs a été accompagné alors par une politique universitaire nationale, notamment avec le plan « Université 2000 » qui a vu la création de nouvelles universités de proximité à partir de 1992 : l’Uni-

versité d’Artois et celle du Littoral dans la région Nord-Pas-de-Calais, La Rochelle ... Un second plan, « Université du 3e millénaire » ou « U3M », lancé en 1999, succède à « Université 2000 ». Son objectif concerne à la fois le renforcement du lien enseignement-recherche-entreprises au service du développement économique et technologique et le lancement d’opérations immobilières nouvelles en région parisienne, très en retard en matière de locaux. A partir de 2006, l’Etat a favorisé la constitution des PRES, les Pôles Régionaux d’Enseignement Supérieur, instances de rencontre et de coordination entre les différents établissements, qui ont succédé à une formule précédente, instituée au milieu des années 1990, les Pôles Universitaires Européens, localisés dans quelques grandes métropoles. En 2007, la réforme sur l’autonomie des universités accorde plus d’auto­nomie de gestion pour les établissements. Enfin, l’étape la plus récente concerne le « Plan Campus » lancé en 2008. Son financement provient du produit de la vente de 3 % du capital d’EDF (environ 5 milliards d’euros). La sélection a été organisée en trois étapes successives, la dernière ayant été ajoutée dans un second temps. 46 dossiers sont proposés dans une première vague et 6 sont retenus fin 2008 :  Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Montpellier, Grenoble et Toulouse. Pour la seconde vague, 20 dossiers avaient été déposés et quatre retenus début 2009 : Aix-Marseille et, en Ile-deFrance, les campus de Condorcet et de Saclay ainsi que le pôle Paris intra-muros. Grâce au plan de relance qui a suivi la Crise financière de 2007-2009, les sites de Lille et Nancy-Metz s’ajoutent en décembre 2008, soit 12 « campus » pour 5.178 millions d’euros. Des labels « campus prometteur » et « campus innovant » sont attribués à quelques projets non retenus, mais de qualité (ex : université de Valenciennes dans le Nord-Pas-de-Calais) pour un total de 250 millions d’euros.

Les universités de proximité en région Nord-Pas-de-Calais A côté des facultés historiques de Lille (l’Université de Lille est implantée par Napoléon 1er dans le chef lieu du département du Nord par transfert depuis Douai de l’Université créée par Philippe  II d’Espagne au XVIIème siècle), d’autres universités sont créées à partir des années 1960 dans le nord de la France, à Amiens 59


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