Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee -- Document du Clan9

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La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee Ce que le “Livre Blanc” ne dira pas ou ce que les journaux museles ne publieront pas. Apres la deposition du journaliste americain Fox, innocentant les Allemands, voici des temoignages de Belges. Faut−il croire que, pris de remords au souvenir des 526 civils massacres le 22 aout a Tamines, —uniquement pour venger la mort d'un grand nombre des leurs fauches dans ce village par les mitrailleuses francaises [59],—les Gott mit uns ont tenu a se laver, devant l'Europe civilisee, de ce forfait particulierement odieux? [Note 59: On sait que les soldats allemands hesiterent a tirer sur les malheureux civils, qu'ils savaient innocents. Mais l'officier, apres les avoir severement admonestes, manoeuvra lui−meme la mitrailleuse. A la conclusion de la paix, les Allies se feront livrer ce chef de bandits, dont le nom est connu.] Toujours est−il qu'a Tamines ils circulent de maison en maison a l'effet de recueillir des temoignages a decharge. Le revolver sous le nez les Taminiens sont pries de signer un papier comme quoi ce sont les Francais qui ont mitraille leurs concitoyens. A Jemappes, ils ont deja use d'un procede analogue, en vue de faire declarer par les habitants que c'etaient les Anglais qui ont brule leurs maisons. Le revolver est persuasif de sa nature. Il l'emporte de beaucoup sur toute figure de rhetorique. Si Quintilien l'avait connu, il l'aurait place au premier rang des moyens oratoires. Les Prussiens, gens avises, se sont reveles superieurs a Quintilien. Evidemment, un temoignage obtenu par cet engin n'a qu'une valeur relative; mais les Boches ne sont pas si regardants. Ils envoient donc leurs proces−verbaux d'enquete au revolver, Comptoir du mensonge, Wilhelmstrasse, a Berlin. La, le maitre en truquage, Herr Otto Hammann, procede au depouillement et expedie a ses reptiles et aux nations neutres des communiques dans ce genre−ci: “Entre autres crimes dont les Belges accusent notre brave armee, nous citerons les mitraillades de Tamines et les incendies de Jemappes. Or, ces atrocites sont le fait des Francais, d'une part, et des Anglais, de l'autre. Temoins les attestations suivantes, emanant de personnes honorables de ces deux localites, recueillies sous la foi du serment, qui vengent une fois de plus nos soldats des legendes calomnieuses (verleumderische Maerchen), comme dit le Freiherr von Bissing, repandues sur leur compte. Nous tenons ces signatures a la disposition de quiconque voudra les controler, car nous, hommes de la “Kultur", nous agissons au grand soleil.” Ah! Mgr Mercier avait bien raison de dire: Refusez toute estime a ces gens−la. (La Libre Belgique, n deg. 25, mai 1915, p. 4, col. 1.) Aucune des depositions relatees ci−dessus n'a ete publiee, que nous sachions. Par contre, en voici deux qui ont ete reproduites par nos ennemis. Dans le n deg. 2 des feuillets de propagande emanant du Bureau des deutschen Handelstages (voir p. 43) figurent les lignes suivantes reproduites par La Soupe dans son n deg. 303, qui est consacre a la propagande allemande en Belgique: La propagande allemande en Belgique. Louvain.—Un telegramme du Gouvernement belge au Gouvernement anglais s'exprime en ces termes: “Un corps d'armee allemand s'est retire en fuite sur Louvain. La garnison allemande de cette derniere ville, incertaine sur cette affluence de fuyards, les a pris pour des Belges et a ouvert le feu sur ses propres compatriotes. Mais afin de pallier leur erreur, les troupes de la garnison ont pretendu que la fusillade ainsi 1. Quelques exemples d'inhumanite.

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