Victor Prus, architecte de la modernité. Guide d'architecture

Page 1

E H

LOUIS-ETIENNE ROSE

C U A B

VICTOR PRUS

É

ARCHITECTE DE LA MODERNITÉ GUIDE D’ARCHITECTURE


E H

LOUIS-ETIENNE ROSE

C U A B

VICTOR PRUS

É

ARCHITECTE DE LA MODERNITÉ GUIDE D’ARCHITECTURE


E H

CRÉDITS ET REMERCIMENTS Docomomo Québec Association sans but lucratif vouée à la connaissance et à la sauvegarde de l’architecture novatrice du XXe siècle au Québec, Docomomo Québec est l’une des 69 sections locales de Docomomo International, organisme non gouvernemental fondé aux Pays-Bas en 1988 en vue de documenter et de conserver l’architecture du mouvement moderne. Une entente de partenariat lie Docomomo Québec et l’UQAM, qui héberge son secrétariat au Pavillon de design.

Direction de la collection Relève MO.MO et gestion des commandes et licences Soraya Bassil Recherche, rédaction et graphisme Louis-Etienne Rose

Correction linguistique et grammaticale Christine Ayoub

É

Dépôt légal – 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives du Canada ISBN 978-2-9807921-7-5 (imprimé) PAS LES BONS ISBN 978-2-9807921-4-4 (PDF) Docomomo Québec, 2021

6

Commanditaires officiels «Or»

C U A B

Docomomo Québec Université du Québec à Montréal Case postale 8888, succursale Centre-ville Montréal, Québec, H3C 3P8

Impression Héon et Nadeau, imprimerie

Cette publication est rendue possible grâce à:

Commanditaires «Argent» L’Étude Louis Brillant

Commanditaires «Bronze»

Nous tenons également à remercier pour leur générosité les organismes et personnes suivantes: .... (commanditaires de type «remerciement») La recherche, voire l’élaboration du guide ont bénéficié de la collaboration de plusieurs personnes que nous voulons tout particulièrement remercier ici : − Madame France Vanlaethem ; − Madame Mathilde Moreau ; − Madame Natacha Martin ; − Et Madame Julie Gravel. LOGOS DES PARTENAIRES À VENIR


E H PRÉFACE

e

Une des missions de Docomomo Québec est de faire connaître l’architecture novatrice du XX siècle au Québec. L’association est fière de lancer sa nouvelle collection Relève MO.MO avec un premier manuscrit terminé lors des études supérieures de l’auteur. Il s’agit d’un guide d’architecture dédié aux principales réalisations de l’architecte Victor Prus (1917-2017) écrit par Louis-Etienne Rose, architecte, membre de l’Ordre des architectes du Québec, diplômé du DESS en architecture moderne et patrimoine de l’UQAM et membre de Docomomo Québec.

C U A B

Victor Prus est l’une des grandes figures de l’architecture moderne du Québec. D’origine polonaise, Prus arrive au Canada en 1952, où rapidement il se fait un nom. Durant sa carrière, il collabore avec plusieurs de ses confrères, tels Ray T. Affleck, Jeffrey Lindsay, Maurice Desnoyers, ou encore l’Américain Richard Buckminster Fuller. Sensible à la dimension spatiale de l’architecture et à la question des ambiances, sa pratique se nourrit d’une réflexion portant sur le rapport qu’entretient l’usager avec l’environnement. Nombre de ses réalisations font partie de nos paysages familiers : le Grand Théâtre de Québec, le Palais des congrès de Montréal, l’observatoire du Mont-Mégantic, la capitainerie de la marina de Senneville et les stations de métro Mont-Royal, Bonaventure et Langelier.

É

L’objectif de cet ouvrage est de mieux faire connaître ce grand architecte et de rendre hommage à sa contribution à l’architecture québécoise. En première partie, le guide présente les principaux jalons de la carrière de Victor Prus et met en lumière les éléments qui informent l’ensemble de sa pensée architecturale. La deuxième partie regroupe neuf œuvres choisies à l’intérieur de sa production québécoise : six situées sur l’île de Montréal et trois autres ailleurs en province. La sélection a été faite dans le but de montrer diverses typologies et échelles de bâtiments. Au nom du Comité diffusion de Docomomo Québec, je vous souhaite une agréable lecture. Soraya Bassil, responsable du comité

7


E H

É

C U A B


E H C U A B É SOMMAIRE

PARTIE A. PRÉSENTATION DE L’ARCHITECTE ET DE SON OEUVRE

10

BIOGRAPHIE

12

APPROCHE CONCEPTUELLE

16

CARTOGRAPHIE DES PROJETS RÉALISÉS

20

PROJETS ET RÉALISATIONS

22

PARTIE B. SÉLECTION DE NEUF PROJETS

26

MAISON LIGHTER

28

CENTRE COMMERCIAL ROCKLAND

32

CAPITAINERIE DU CLUB DE VOILE DE SENNEVILE

36

STATION DE MÉTRO BONAVENTURE

40

ÉGLISE ST. AUGUSTINE OF CANTERBURRY

44

ÉCOLE SECONDAIRE JAMES-LYNG

48

GRAND THÉÂTRE ET CONSERVATOIRE DE QUÉBEC

52

OBSERVATOIRE ASTRONOMIQUE DU MONT-MÉGANTIC

56

PALAIS DES CONGRÈS DE MONTRÉAL

60

BIBLIOGRAPHIE

64

SOURCES DES ILLUSTRATIONS

70

9


E H

C U A B

« De nos jours où la recherche frénétique pour des formes architectoniques est si répandue, le formalisme connaît un règne absolu. Les modes apparaissent et rapidement disparaissent, car les différents ‘‘ ismes ‘‘ sont vides de substance et de sens. La vraie recherche doit commencer à la racine. […] La morphologie de l’architecture résultera de l’étude du processus écologique, de ses lois plutôt que de ses formes finales, de ses arrangements et les rapports d’objets plutôt que des objets eux-mêmes. »

É

Victor Prus, conférence « Quelques réflexions sur l’écologie humaine », Université Laval, Québec, 28 janvier 1964.


C U A B

E H

PARTIE A

PRÉSENTATION DE L’ARCHITECTE ET DE SON OEUVRE

É


E H BIOGRAPHIE

Architecte d’origine polonaise, Victor Marius Prus a contribué, tant par ses réalisations bâties et ses ouvrages écrits que par son enseignement et son apport à la formation de futurs architectes, au développement et à l’avancement de l’architecture moderne québécoise.

C U A B

Né à Minsk en 1917, Prus fait ses études à l’Université Technique de Varsovie, de 1935 à 1939, et, à la fin de la guerre (1945-1947), termine un diplôme à la Polish School of Architecture de la University of Liverpool, en Angleterre1. En 1948, il épouse Maria Fisz, elle aussi architecte, qui deviendra l’une de ses fidèles collaboratrices. De 1949 à 1951, il fait partie de l’équipe de conception du Sea and Ships Pavilion, sous la direction de l’architecte écossais Basil Spence, futur concepteur du pavillon britannique de l’Exposition universelle de 1967 à Montréal. Le bâtiment est érigé sur le site de la South Bank Exhibition dans le cadre du Festival of Britain 2 de 1951. De 1950 à 1952, il s’associe avec l’architecte George Skolly.

fig. 1. Victor Prus.

É

fig. 2. Maria Fisz Prus. 12

Après avoir donné une conférence intitulée Planning and Architecture of the South Bank Exhibition, London 19513, à l’Université McGill4, Prus décide d’émigrer au Canada en 1952. C’est vraisemblablement dans le cadre de cet événement qu’il fait la rencontre de John Bland, alors directeur de l’École d’architecture de l’Université McGill, et de l’architecte Vincent J. Rother, professeur invité durant l’année 1952-19535. De 1952 à 1954, Prus travaille au sein de l’agence de Rother. Durant ces années, il participe à de nombreux concours avec sa femme Maria, Raymond T. Affleck, qui travaille aussi chez Rother6, et Jeffrey Lindsay. En 1953, il fait la rencontre de l’architecte Richard Buckminster Fuller, par l’intermédiaire de Lindsay7, et devient son assistant à l’Université Princeton8. Reçu membre de l’Ontario Association of Architects (O.A.A.) en 19549, Prus s’installe à Brockville, Ontario, deux ans plus tard pour s’occuper du bureau Vincent Rother Associates and Victor Prus10. Ses premiers projets canadiens sont des résidences privées. Il signe aussi les plans d’un modèle d’école rurale11, qui sera construit dans la municipalité de Lyn, en Ontario. Durant cette période, il réalise quelques projets aux États-Unis, notamment en Louisiane. En collaboration avec l’architecte Neil Nehrbass, il conçoit une piscine à Kaplan, un dôme pour la ferme de la Southern University, près de Bâton Rouge, et un centre diocésain à Lafayette12. Ce dernier projet est réalisé en collaboration avec Jeffrey Lindsay13. Ensuite en partenariat avec l’architecte Norval White, Prus dessine


une grande toiture de forme paraboloïde hyperbolique pour le country club d’un golf à Massena dans l’État de New York14. La morphologie de ces projets est fortement influencée par les travaux de Fuller.

E H

C U A B

De retour au Québec en 1957, Prus obtient enfin son droit de pratique de l’Association des architectes de la province de Québec (A.A.P.Q.) le 2 avril 195815. Son premier projet est la maison Lighter, à Westmount. En 1960, en compagnie de l’architecte Ian Martin, il conçoit, pour la Morgan Trust Company, le Centre commercial Rockland à Mont-Royal. Toujours avec Martin, Prus réalise le Centre Normandie à Montréal en 1961. Il conçoit d’autres projets de centres commerciaux, comme Place Longueuil et Place Laurier à Québec. Entre 1961 et 1962, il enseigne à l’École d’architecture de Québec16. Au début des années 1960, il est mandaté par le Bureau du métro de Montréal pour réaliser les stations Mont-Royal et Bonaventure. Puis, lors de la seconde phase de construction du métro, au début des années 1970, il collabore avec l’architecte André G. Dionne à la réalisation de la station Langelier. Parallèlement, Prus conçoit l’école secondaire James-Lyng, entre 1963 et 1968, avec l’architecte Maurice Desnoyers avec qui il réalise, dans le cadre de l’Exposition universelle de 1967, les plans de l’Autostade. Avec l’architecte Karl Schwanzer, Prus participe à la conception du Pavillon du Jardin d’enfants de la ville de Vienne17, aussi construit pour Expo 67.

fig. 3. Autostade, Exposition universelle, Montréal, 1967.

En 1964, à la suite d›un concours pancanadien, Prus est choisi pour la réalisation du Conservatoire du Québec, qui deviendra le monument commémoratif de la province de Québec pour le Centenaire de la Confédération canadienne (1967)18. À la fin des années 1970, l’agence Victor Prus Architecte réalise deux projets d’observatoire astronomique, l’un à Mauna Kea à Hawaï, dans le cadre d’un partenariat entre le Canada et la France, et l’autre au mont Mégantic, à Notre-Dame-des-Bois, pour l’Université de Montréal. De 1978 à 1983, au sein du consortium PLLL, formé avec les firmes d’architecture LeMoyne et associés ; Labelle, Marchand, Geffroy ; ainsi que Hébert et Lalonde, il travaille à la réalisation du Palais des congrès de Montréal. Ces différentes agences s’étaient déjà associées dans le cadre du concours pour la nouvelle Galerie nationale du Canada, à Ottawa, en 1977.

É

Tout au long de sa carrière, Prus a enseigné à titre de professeur ou de professeur invité dans diverses universités québécoises, telles l’Université McGill à Montréal et l’Université Laval à Québec,

fig. 4. Trente-deux reliefs en aluminium coulé, Charles Daudelin, station de métro Mont-Royal, Montréal, 1966. 13


E H

et certaines universités américaines, notamment la Washington University19. Il s’éteint le 21 janvier 2017, à l’âge de 99 ans20. Sa fidèle collaboratrice la vie durant, Maria Fisz Prus, le rejoindra en juillet de la même année21.

C U A B

fig. 5. Abri des ours polaires, Granby, 1962, en collaboration avec Paul O. Trépanier.

É

fig. 6.. Pavillon du Jardin d’enfants de la ville de Vienne, Expo 67, Montréal, 1967, en collaboration avec Karl Schwanzer. 14

1 Przemyslaw Kaniewski, Polska Szkola Architektury w Wielkiej Brytanii 1942-1954, Varsovie, Wydowca Marek Woch, 2013, p. 225. 2 Victor Prus, Photographie de la plaque du Sea and Ships Pavilion du Festival of Britain, Londres, 1951, CCA, Fonds Victor Prs (AP163), ARCH268063. 3 Victor Prus, Conférence Planning and Architecture of the South Bank Exhibition, London 1951, s.l., s.n., 1952, CCA, fonds Victor Prus (AP163), ARCH268023. 4 Jacques Lachapelle, « L’œuvre de Victor Prus », ARQ Architecture/Québec, no 98, août 1997, p. 9. 5 Norbert Schoenauer, « The School with John Bland: 1950s », School of Architecture - McGill University, s.d., article en ligne, https://www.mcgill.ca/architecture/school/history/fifties (consulté en juillet 2016). 6 « Projet pour un groupe de logis familiaux », Architecture-Bâtiment-Construction, vol. 9, no 93, janvier 1954, p. 2832. 7 Victor Prus, Essays in Architecture of Condition or What It’s Like to Be an Architect, Montréal, Victor Prus et associés, 1996, p. 52. 8 Jacques Lachapelle, op. cit., p. 10. 9 Paul Trépanier, Hélène Jobidon et Luc Noppen, Québec monumental, 1890-1990, Sillery, Septentrion, 1990, p. 184. 10 Victor Prus, « lettre de présentation », Brockville (Ontario), 3 juin 1954, CCA, fonds Victor Prus (AP163), ARCH268028. 11 « School with «Built-In» Assembly Hall », The Recorder and Times, 26 avril 1955, p. 6. 12 Victor Prus, op. cit., 1996, p. 62. 13 Ibid., p. 61. 14 « Stock lumber builds budget shells - Massena Country Club », Architectural Record, vol. 126, no 1, juillet 1959, p. 214215. 15 Jacques Lachapelle, op. cit., p. 13. 16 Victor Prus, « Présentation de cours », Summary of a Course in Basic Architectonics given by Victor Prus, professor at the École d’architecture de Québec - Academic Session 19611962, Québec, mai 1962, CCA, fonds Victor Prus (AP163), ARCH268022. 17 Projet « Kindergarten of the city of Vienna », s.l.n.d., CCA, fonds Victor Prus (AP163.S2.SS1.D38). 18 « Accord pour la construction d’un Conservatoire du Québec », La Presse, 30 septembre 1965, p. 2. 19 Jacques Lachapelle, « Biographie », ARQ Architecture/Québec, no 98, août 1997, p. 22. 20 « Obituary Victor Prus », The Gazette, 11 mars 2017, article en ligne, http://www.legacy.com/obituaries/montrealgazette/ obituary.aspx?n=victor-marius-prus&pid=184451163 (consulté en juillet 2017). 21 « Avis de décès : Maria (née Fisz) Prus », Corporation des thanatologues du Québec, 28 juillet 2017, article en ligne, https:// www.domainefuneraire.com/avis-de-deces/Maria-PRUS-N%C3%89E-FISZ-22445 (consulté en août 2017).


E H

É

C U A B

fig. 7. Foyer, Grand Théâtre de Québec. 15


C U A B

E H

PARTIE B

SÉLECTION DE NEUF PROJETS

É


E H MAISON LIGHTER

Clients M. et Mme Saul Lighter Adresse 95, Summit Crescent, Westmount Conception 1957-1958 Construction 1958

C U A B

Architectes Victor Prus et Maria Fisz Prus, architectes Ingénieur en structure Antoni Martynowicz Entrepreneur général Léon M. Adler

fig. 1. Plan du 2e étage.

É

fig. 2. Plan du rez-de-chaussée. 28

L’évolution du secteur maintenant occupé par la ville de Westmount a débuté vers la fin du XVIIe siècle. Au début du XIXe siècle, le secteur prend le nom de Côte Saint-Antoine. Tout au long de ce siècle, le visage du territoire change progressivement avec l’établissement de riches propriétaires, majoritairement d’origine anglaise. En 1874, la ville est incorporée sous le nom de « village de NotreDame-de-Grâce » et, en 1895, elle prend officiellement le nom de Westmount. Le tournant du XXe siècle sera une phase de développement déterminante pour la ville grâce à la mise en place de plusieurs infrastructures et une forte croissance démographique. L’augmentation de la valeur foncière et les travaux urbains qui ont transformé la ville de Montréal durant les années 1950 et 1960 n’ont pas épargné Westmount, qui a vu plusieurs de ses grands terrains être vendus et développés. Après trois années passées en Ontario et aux États-Unis, en raison des difficultés à faire reconnaître leurs qualifications professionnelles au Québec, Victor et Maria Prus reviennent à Montréal en 1957. À la suite de l’obtention, en avril 1958, de son droit de pratique de la part de l’Association des Architectes de la Province de Québec, Prus entreprend sa pratique québécoise. Son premier projet est la résidence de M. et Mme Lighter à Westmount. Ces derniers l’engagent sur les recommandations de son ancien patron, l’architecte montréalais Vincent Rother. Le permis pour la construction de la maison est délivré par la municipalité le 27 juin 1958. La maison Lighter est située au 95, Summit Crescent près de l’avenue Devon dans la portion nord du territoire de la Ville de Westmount. Situé à la cime du plus petit sommet du mont Royal, ce secteur développé vers le milieu du XXe siècle se caractérise par une forte concentration de résidences luxueuses autant historicistes que modernes. L’Oratoire Saint-Joseph, situé quelques rues plus loin, mais implanté sur le territoire de la Ville de Montréal, marque aussi le paysage. Pour ce projet, Prus conçoit à l›origine une maison s’organisant sur trois niveaux et s’inscrivant dans un prisme rectangulaire. Le bâtiment se démarque par le fractionnement de sa façade principale engendré par l’évidement de certaines parties du volume. Ainsi, le bloc composé du rez-dechaussée et de l’étage supérieur se dépose quelque peu en saillie sur le niveau inférieur formé de deux composantes. La section ouest loge le sous-sol et la portion est non cloisonnée sert d’abri


fig. 3 Vue depuis la rue Summit Crescent, début 1980.


d’auto simplement délimité par des pilotis. L’entrée principale, accessible depuis l’allée, est logée dans une alcôve ouverte jusqu’au toit du bâtiment. Cet espace communique avec les loggias aménagées au deuxième niveau de la façade avant. Ces dernières s’ouvrent sur le ciel grâce à des ouvertures pratiquées dans la toiture. Depuis l’abri d’autos situé en contrebas du terrain de la maison, une volée d’escaliers permet de rejoindre la cour arrière. Une passerelle permet d’accéder au jardin depuis la salle à manger, située au rez-de-chaussée.

E H

L’implantation du bâtiment offre une vue exceptionnelle sur la ville, le fleuve et les environs. Afin de profiter de cette situation, Prus renouvèle l’organisation intérieure des espaces. Le rez-de-chaussée et l’étage supérieur s’organisent de part et d’autre de l’axe des circulations intérieures/extérieures et verticales. Dans cet axe, on retrouve un foyer sculptural qui participe avec l’escalier suspendu à la division des espaces. Au-dessus de l’abri d’auto, du côté de la rue, on retrouve l’une des chambres d’enfant et la chambre d’invité. L’autre cadran, donnant sur la rue, accueille la cuisine. En visà-vis de la cuisine, côté jardin, on retrouve la salle à manger. Le dernier cadran regroupe une salle familiale et une deuxième chambre d’enfant. Au sous-sol, l’on retrouve la buanderie et la salle des fournaises tandis que l’étage supérieur abrite la chambre principale et le salon.

C U A B

fig. 3. Vue depuis rue Summit Crescent, 2017.

É

fig. 4. Vue de la salle familliale vers la salle manger, début 1980. 30

L’extérieur de la maison se caractérise par la présence des poutres de béton qui supportent les divers planchers. Le remplissage de brique est installé dans le même plan que les poutres, permettant la lecture des niveaux. En raison de leur position en retrait de la façade, les colonnes ne sont visibles qu’au niveau des loggias et dans la portion de l’abri d’auto. La toiture est déposée sur trois poutres disposées parallèlement à la devanture et débordant des façades latérales. Les murs de brique du deuxième étage s’interrompent sous la poutre centrale. Les espaces au-dessus sont comblés par des panneaux de couleur sombre ou de verre. Cette configuration donne un effet de légèreté au toit qui semble flotter au-dessus de la maison.

Afin de profiter de la vue, les pièces de l’étage sont équipées d’une terrasse située dans les loggias de la façade principale. L’aménagement de la chambre principale et du salon à l’étage, habituellement situé à l’étage principal, revoit l’organisation traditionnelle de l’habitation. Les finitions intérieures sont principalement en plâtre à l’exception des plafonds de l’étage supérieur qui sont lambrissés.


caractérisaient la façade principale de cette maison. L’espace de l’abri de voiture, situé sous le bâtiment, a été fermé et transformé en garage. De plus, les loggias du deuxième étage ont été cloisonnées, ce qui élimine les jeux de profondeur de la façade originelle et l’effet de flottement du toit. Une marquise a aussi été ajoutée au niveau de l’entrée. L’escalier, dont la volée était ajourée, a été remplacé par un escalier avec contremarche pleine, éliminant l’effet de légèreté initiale. Ces différentes modifications entraînent une perte conceptuelle et formelle importante. L’élimination des vides, présents dans la composition initiale, cause une perte de dynamisme en aplanissant la façade principale.

E H

C U A B

fig. 5. Vue du séjour vers terrasse, début 1980.

Comme plusieurs résidences de cette période, la maison Lighter a subi de nombreuses transformations. Dans un premier temps, les ouvertures du rez-de-chaussée ont été modifiées. Les compositions, alternant entre des fenêtres hautes et étroites et des persiennes fixes, ont été remplacées par des fenêtres à trois volets. L’appareillage, mélangeant brique et verre, du côté de la cuisine et la fenêtre ouvrante ont aussi été éliminés afin d›accueillir une fenêtre tripartite. Les brise-soleils verticaux présents sur les fenêtres situées à droite de l’entrée ont été retirés. Une autre modification importante est le remplissage des vides et reculs qui

É

fig. 6. Vue depuis la cour arrière, début 1980.

fig. 7. Vue du séjour vers depuis la chambre des maîtres, début 1980.

31



E H

É

C U A B


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.