
5 minute read
2.2. Stratégies d’intervention du projet
Depuis fin mai 2019, les tensions à connotation interethnique sont à nouveau observées dans les villages Lendu voisins des villages Hema. Les incidents sécuritaires et de protection1 se sont multipliés dans les limites de voisinage de ces deux communautés. Dans la plupart des cas, les violences se traduisent par des assassinats ciblés, des affrontements entre groupes armés et les FARDC, et des conflits intercommunautaires armés, entraînant de multiples mouvements internes de population civile, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées. Loin d'être simplement "intercommunautaire", le conflit en Ituri implique des acteurs locaux, nationaux et régionaux, et est lié à des questions de gouvernance, de politique et de ressources2 .
Le conflit actuel en Ituri, d'après les données disponibles, n'est pas directement attribuable à des "ressources" de grande valeur telles que l'or, le diamant, le bois, le coltan et les gisements de pétrole dans la région du lac Albert. Toutefois, la manque d’accès aux opportunité économiques se combine avec la perception d'une exploitation par d’autres pour soutenir les perceptions locales d'injustice.
Advertisement
Ces zones, qui offrent déjà peu d'opportunités économiques, sont encore appauvries par le conflit de Codeco, un groupe qui recrute de nombreux jeunes dans ses rangs. En 2020 les groupes armés CODECO dans Djugu a multiplié les attaques contre les populations civiles en avril et mai 2021 dans ces deux territoires malgré le déploiement des renforts militaires de l’armée congolaise.
L’un des impacts majeurs de cette violence est la persistance de la haine intercommunautaire. La population de Djugu tombe facilement dans le piège d’attribution du mal à tous les membres de la communauté d’appartenance des assaillants. Tout en ignorant même l’auteur d’un crime, les proches de la victime ont tendance à pointer directement du doigt la communauté voisine. La cohésion sociale en souffre énormément
2.2. Stratégies d’intervention du projet
Afin de contribuer à la résolution des problèmes décrit ci-dessous :
1. Le manque d'opportunités économiques 2. Absence de la cohésion sociale et de la cohabitation pacifique entre les différentes communautés 3. Manque d’encadrement des jeunes à risque 4. Non reconnaissance des femmes comme actrice de changement social
Le projet a développé une stratégie spécifique pour toucher chacune de ces problématiques à travers notamment :
• La réintégration économique des membres des groupes à risque et communautés affectées par les mouvements des CODECO (Produit : 2.1,2.2,2.3 et 1.1) : le projet prévoit :
1 Cooperizione Internationale, Monitoring des incidents de protections-rapport hebdomadaire, Djugu du 08 au 12 Juin 2019, p.1. 2 Pax. 2019. Raviver l'Ituri ? Vers une lecture des violences de Djugu 2018. Utrecht, Pays-Bas : Pax pour la paix ; Fahey D. 2013. Ituri : Or, terre et ethnicité dans le nord-est du Congo. Nairobi, Kenya : Rift Valley Institute ; Fahey D. 2011. Repenser la malédiction des ressources : Ressources naturelles et polyguerre dans le district d'Ituri, République démocratique du Congo. Thèse de doctorat, Université de Californie, Berkeley.
1) mettre en place des groupements agro-pastoraux : Un groupement agricole est un groupe mis en place par le projet réunissant 20 membres des différentes communautés afin de renforcer leur cohésion sociale à travers des activités agropastoraux. Les membres du groupement sont formés en différentes cultures et technique d’élevage. Ils ont été dotés des outils aratoires des semences, des géniteurs (Chèvre et canards) et des espaces agricoles temporaires. Dans le cadre de ce projet, 16 groupements agricoles ont été mis en place regroupant chacun 20 personnes, identifiés dans différents villages. Ils sont parfois des différentes tribus et parfois mono-ethnique (produit 2.1), 2) Mettre les jeunes à Risque aux centres d’apprentissage professionnel selon les filières de leurs choix : Les jeunes filles et garçons sont identifiés dans différents villages pour l’apprentissage des métiers selon les filières de leurs choix. Les filières suivantes sont suivies : la coupe et couture, la menuiserie, mécanique auto, coiffure. La formation dure 9mois. Le projet se fixe de disponibiliser les matériels de formation aux centres de formation qui accueillent des jeunes selon les filières. (Produit 2.2)
3) Mettre en place des AGR collectives, des AVEC et MUSO afin d’améliorer la situation socioéconomique des communautés et l’accès aux crédits. (Produit : 2.3),
• Le renforcement de l’inclusion sociale des groupes à risques (jeunes à risques et les communautés
affectées par le mouvement CODECO) pour améliorer leurs résiliences et la cohésion sociale (Produits : 1.4 et 1.2) : le projet prévoit de :
1) Mettre en place des activités HIMO (Haute intensité de main d'œuvre) qui est une utilisation optimale de la main d'œuvre pour réduire au maximum la pauvreté, tout en considérant attentivement les questions de coûts et de qualité. L’objectif est de renforcer le tissu socioéconomique des jeunes en les utilisant comme mains d’œuvre lors de réalisations des HIMO. A travers ceci les jeunes sont sensibilisés à créer des AGR et intégrer les AVEC/MUSO pour épargner et accéder aux crédits (Produit 2.1). 2) Mettre en place et ou redynamisation des associations des jeunes pour renforcer leurs capacités de résiliences et la cohésion sociale : Les jeunes à risque sont une couche de la population qu’on suppose être fragile et facile à manipuler si elle n’est pas bien formée et bien encadrée. Ainsi le projet a pour objectif d’amener cette jeunesse à être utile pour soi-même et pour sa communauté à travers les formations sur la promotion de la paix, les activités des journées des portes ouvertes ; Les activités conviviales (sportives et culturelles), des barzas d’échange et dialogue communautaire sur la promotion de la paix et la cohabitation pacifique entre les communautés. Alors ces jeunes seront chargés à sensibiliser d’autres jeunes sur la paix et à ne pas intégrer les groupes armés ou encore se laisser manipuler par des gens de mauvaises intentions. (Produit 2.2) • Redynamisation des structures des femmes et renforcer leurs capacités sur les différentes thématiques liées à la promotion de la femme ((Produits : 3.1, 3.2 et 3.3), le projet prévoit de : 1. Soutenir les efforts de femmes et les jeunes filles dans le lobbying pour leurs participations aux instances de prise des décisions à tous les niveaux (Produit 3.1)
2. D’appuyer les structures communautaires féminines à élaborer et à mettre en œuvre leurs plans d’action communautaire (Produit 3.2)