Le SCIlophone n°89

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Le trimestriel du

Projets Internationaux asbl

LE SCILOPHONE N° 89

Bureau de dépôt : 1050 Bruxelles, 5 Agrément : P006706

OCTOBRE / NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2020

Iran :

© Geoffroy Dussart

LES ASPIRATIONS FÉMINISTES AU PLACARD

ALTERNATIVE POSITIVE La tontine togolaise, un modèle d’épargne solidaire ENJEUX INTERNATIONAUX Souveraineté alimentaire : la Belgique doit soutenir les pays du Sud TÉMOIGNAGES Parcours de volontaires en Belgique, Ouganda et Mongolie

Une autre façon de lire le monde


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Le SCI - Projets internationaux asbl est reconnu comme :

Enjeux internationaux

I RAN / Les filles de la Révolution dans l’impasse

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• ONG d’éducation au développement par la Direction générale de la coopération au développement (DGD)

NORD-SUD / Accompagner le Sud vers l’agroécologie : le rôle de la Belgique

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• Organisation de Jeunesse par la Fédération Wallonie-Bruxelles

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Témoignages

OUGANDA / 5 mois avec

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notre partenaire UPA MONGOLIE / Un projet riche en apprentissages

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SRI LANKA / Bienvenue à la Blue rose school

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BELGIQUE / Une semaine pour soutenir l’Oxfam Trailwalker

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BELGIQUE / La vraie force de l’être humain est dans la collaboration

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Bruxelles : Rue Van Elewyck, 35 • 1050 Bruxelles T 02 / 649.07.38 Liège : Rue du Beau-Mur, 50 • 4030 Liège T 04 / 223.39.80 ABONNEZ-VOUS AU SCILOPHONE !

Alternatives positives

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TOGO / La tontine, un modèle traditionnel d’épargne

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BELGIQUE / Le collectif Terrestres

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BELGIQUE / Welcome to my garden

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SCI-PROJETS INTERNATIONAUX

L' écriture inclusive au SCI L’idée que le masculin représenterait l’universel

Ca se passe au SCI !

est une des formes de la domination patriarcale dans la langue française. Le SCI encourageant et

BIBLIOTHÈQUE / Actus littéraires du SCI

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luttant pour l’égalité de genre, et le SCIlophone

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la langue, les rédacteurs·trices et le comité de

AGIR ICI / La mobilisation citoyenne au SCI

se voulant être un espace d’expérimentation de rédaction prônent les règles d’écriture inclusive et les appliquent au sein de chaque numéro. Cette écriture inclusive se traduit par des points médians (certain·es), des contractions

Ils·elles ont participé à ce numéro !

(iel, iels) des doublets (ils et elles, résidentes et résidents) et par l’application de la règle de proximité selon laquelle l’accord de l’adjectif ou

Le SCIlophone, trimestriel du SCI-Projets internationaux, est avant tout le magazine des volontaires du SCI

Alid Adom, Michael Damman, Mamadou Bailo Diallo, Valérie Gillès, Quentin Libouton, Robin Maldague, Camille Paquot, Lidia Remy, Clémentine Tasiaux, Gianluca Volpe

Vous désirez partager une réflexion concernant le développement, les relations internationales, l'interculturalité ou encore témoigner de votre expérience sur un de nos projets ? Nos colonnes vous sont ouvertes ! Faites-nous parvenir vos idées via : camille@scibelgium.be

du participe passé se fait avec le nom le plus proche (mes doutes et mes joies sont ancrées).

Coordination de publication : Camille Berger Mise en page : Cindy Marchal Comité de rédaction : Camille Berger, Pascal Duterme, Sabina Jaworek, Marjorie Kupper, Marie Marlaire, Joelle Mignon, Sergio Raimundo, Clémentine Tasiaux, Emmanuel Toussaint Illustration originale : Geoffroy Dussart, Jean-François Vallée Photos sans © : SCI-Projets Internationaux Relecture orthographique : Aline Nonet


S’il vous arrive, désireux ou désireuse de prendre un bon bol d’air en ces temps quelque peu confinés, d’arpenter les sentiers du parc Josaphat, du côté de Schaerbeek, vous croiserez peut-être un arbre décoré d’un panneau aux couleurs chatoyantes signalant que vous êtes en présence de « l’Arbre de la démocratie » !

Cet arbre a été offert à la commune de Schaerbeek et planté il y 26 ans, à l’initiative du SCI et d’une autre organisation de volontariat, Contact J, dans le cadre des élections communales ; élections qui avaient vu débarquer, dans plusieurs communes bruxelloises, les premiers échevins fascistes (Front National, Vlaamse Blok) élus depuis la dernière guerre. Petit moment d’histoire du SCI : nous étions quelques-un·es à assister en 94 au Conseil Communal pour protester bruyamment mais pacifiquement au moment de l’intronisation de ces « démocrates ». Sous la proposition de Dominique Baecke, qui fut activiste au SCI puis permanent une dizaine d’année durant ces 90’s, ce bouleau fut offert au Parc Josaphat, pour « rappeler aux citoyens et citoyennes le devoir de vigilance face aux dérives extrémistes mettant la démocratie en péril ». Un arbre pour symboliser la démocratie : l’arbre se nourrit de tout ce substrat qu’il va chercher bien loin, avec ses propres racines, il absorbe avec délice toute cette diversité qu’il rencontre dans la terre. Cela le fait grandir, enrichit sa sève, le fortifie et le fait monter vers le ciel. Pour se diviser en une multitude de branches, de feuilles, de fruits, attirés par la lumière, et attachés à un même corps. A l’heure où, de plus en plus, les exercices démocratiques ressemblent à des joutes médiatiques parfois grotesques, souvent violentes et excluantes, notre arbre de la démocratie est toujours là pour rappeler que notre société devrait davantage s’inspirer de la nature, qui se nourrit et s’embellit de la diversité et de la complémentarité. C’est notamment parce qu’il jugeait urgent de rappeler ce message que Dominique a réuni, au pied de l’arbre, le 16 octobre dernier, des activistes et amis avec lesquels il a partagé une partie de sa carrière professionnelle et militante ces 25 dernières années. Nous y étions, ancien·nes collègues du SCI, de même que des représentant·es d’organisations et autorités locales promouvant la mobilité douce, en particulier le vélo. Il s’agissait également de fêter le 25ème anniversaire de « Dynamobile » : projet lancé par le GRACQ 1 et le SCI, un projet de volontariat, international à l’époque, ambulant, parcourant différentes régions à dos de vélo pour revendiquer la place du vélo dans nos rues, monopolisées, c’est encore trop le cas aujourd’hui, par les voitures. « La révolution est dans le vélo, camarade », clamait, tout sourire, le chanteur Julos Beaucarne, acharné bicyclophile. Après le SCI, Dominique consacra sa carrière professionnelle à ce combat. Nous étions donc là, ce 16 octobre 2020, devant cet arbre de la démocratie, autour de Dominique. Heureux et heureuses de nous retrouver, ému·es aussi, touché·es par quelques belles paroles. Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes Quotidiens

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ÉDITO

La démocratie est un arbre…

Dominique Baecke, activiste et permanent au SCI dans les années 90’

Je retiendrai particulièrement ces mots, prononcés par Dominique, nous parlant de son combat pour la démocratie et la mobilité douce :

« Il ne s’agit pas tant de convaincre que d’inspirer » Inspirer plutôt que démontrer, par son action quotidienne, par le plaisir affiché en l’accomplissant, le bien-être gagné à la mener. Cela rappelle, en ce 100 ème anniversaire du SCI, notre vieux slogan : « Des actes, pas des mots ». Merci Dominique, pour ce moment, cette inspiration, et puis cet autre conseil que tu nous as fait parvenir par la suite : «  Accomplis chacun de tes actes comme si c'était le dernier de ta vie » Cette phrase de Marc Aurèle que, parait-il, tu appréciais particulièrement et mettais en pratique dans ton quotidien. On tâchera de s’en souvenir, dans les moments difficiles de la vie. Dominique a quitté ce monde turbulent en cette fin du mois d’octobre, en nous offrant ces messages emplis d’optimisme et de positivité. Au nom du SCI, nous présentons à Véronique, sa compagne, Sophie, sa fille, toute sa famille et ses nombreux·euses ami·es, nos plus sincères condoléances.

Pascal Duterme Coordinateur du SCI-Projets Internationaux

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ENJEUX INTERNATIONAUX

Iran « LES HOMMES VOIENT LES FEMMES COMME DES POUPÉES QUI DOIVENT RESTER SOUS LEUR CONTRÔLE » En Iran, les femmes sont souvent contraintes au silence ou représentées par des idéologues contrôlés par le pouvoir, et elles sont parfois vues comme complices des abus commis envers elles. Robin, volontaire au SCI, a souhaité échanger avec une de ces femmes dont on parle souvent mais qu’on écoute si peu. F. a 21 ans, née en Iran, est aujourd’hui étudiante en Belgique. Elle nous partage son opinion sur le sujet.

Bonjour, peux-tu te présenter ? Qui es-tu et quel est ton parcours ? Je m’appelle F. J’ai 21 ans. J’ai grandi dans une ville du Nord-Est de l’Iran au sein d’une famille mi-afghane, mi-iranienne. J’ai été éduquée dans un milieu très traditionaliste et pieu. Mon père est très pratiquant et la population de ma ville est connue en Iran pour son traditionalisme. Ma ville est un haut-lieu de pèlerinage pour les musulmans chiites car elle porte, encore aujourd’hui, l’héritage architectural et surtout idéologique de l’Imam Reza (un des douze grands imams du chiisme). Une tradition islamique stricte m’a donc été transmise aussi bien par ma famille que par les personnes qui m’entouraient ainsi que par le régime des ayatollahs. J’ai dû porter le voile dès l’âge de six ans. Mon père m’a présenté cela comme une grande nécessité dès mon enfance. A mes douze ans, j’ai dû passer au hijab afin de cacher la féminité de mon corps ; seul mon visage restait visible. C’est à partir de là que j’ai commencé à me rebeller car je voyais cela comme une injustice. Je me suis mise à réclamer plus de liberté auprès de mon père avec qui j’ai eu des disputes. Ma vie a pris un tournant quand ma famille a décidé de quitter le pays pour s’installer en Europe. J’avais à ce moment-là 14 ans. C’est à l’issue de cette immigration que j’ai découvert les idées européennes, que j’ai vu des femmes libres de porter ce qu’elles voulaient, libres de se révolter… Je pouvais, désormais, légitimement me révolter car je me trouvais dans une société qui me le permettait. En usant de l’interdiction du port du voile dans les établissements scolaires comme excuse, j’ai progressivement cessé de porter le voile aussi bien à l’école qu’à la maison

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et suis parvenue à me faire entendre auprès de mon père. Je venais d’acquérir ma liberté. Et une année plus tard, j’ai réussi à convaincre ma mère de cesser de porter le voile. Aujourd’hui, je me suis écartée des prédications des imams mais n’ai jamais cessé de croire en Allah. Je me considère comme une musulmane non-pratiquante : j’ai tracé ma propre voie en embrassant à la fois mes libertés en tant que femme ainsi que ma foi en Dieu.

Depuis la révolution de 1979 1 et l’imposition de la loi islamique, comment vivent les femmes en Iran et quelle est leur position dans la société ? Depuis la révolution islamique et la chute du Shah, la situation des femmes s’est globalement dégradée puisque les réformes libérales entamées par le dernier souverain ont été abandonnées et remplacées par la loi des imams. Mais quelques droits existent pour les femmes : elles ont, par exemple, le droit de voter, de travailler et d’avoir leur propre compte bancaire. On a même des femmes qui participent au pouvoir ou qui mènent des carrières dans la police. Mais les tentatives de diminution des inégalités entre les sexes se heurtent souvent à la doctrine autoritaire du régime, à l’inscription de la loi islamique dans la constitution et surtout à l’idéologie de la population. Le traditionalisme est en effet de mise parmi les Iraniens. Le régime favorisera toujours les femmes appliquant dans sa totalité la loi islamique : les politiciennes et policières sont, par exemple, forcées de porter le voile ou le hijab, et ce, aux dépens de leur confort (même pour nous, la chaleur de l’Iran est parfois difficile à supporter et le port du voile devient alors

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Les filles de la Révolution dans l’impasse

© El periodico

pénible). Il y a une véritable pression religieuse exercée sur les femmes dans le milieu du travail. L’imposition du voile et autres codes au nom de l’Islam ont également des impacts dans d’autres domaines comme en matière successorale. En effet, la loi iranienne prévoit que l’essentiel de l’héritage des parents revienne aux fils plutôt qu’aux filles. En dehors de la situation légale, il y a une situation de fait assez alarmante. Les femmes sont généralement beaucoup moins soutenues, aussi bien par l’Etat que par la famille, que les hommes quand elles entament des études. Les femmes sont aussi beaucoup moins protégées que les hommes. Tout cela me rappelle une histoire qui s’est déroulée il y a quelques semaines en Iran. Une jeune fille de 14 ans est allée voir son petit ami dans le dos de ses parents. Lorsqu’elle est rentrée à la maison, le père avait été mis au courant de la relation qu’entretenait sa fille. En colère, il l’a tabassée et elle s’est enfuie chez son petit ami. Le père a appelé la police en réclamant que sa fille lui soit ramenée. Les policiers savaient très bien que c’était dangereux pour la fille de revenir chez elle dans ces conditions mais la loi iranienne accorde des droits parfois abusifs au père sur ses enfants. La fille a donc été ramenée à son père et elle a été retrouvée le lendemain, tuée par son père, qui n’a pas été poursuivi. Si cette histoire peut choquer, il est encore plus effrayant de savoir que ce genre d’épisode est relativement fréquent.

La période 1941-1979 a été celle de Mohammad Reza Pahlavi, le dernier Shah, souverain à l’autorité absolue, qui a apporté modernisme et avancées sociales en Iran, notamment concernant les droits des femmes. Pour autant, le comportement du Shah, très contesté par le peuple, a entraîné en 1979 une révolution menée par les élites religieuses chiites et la création de la République islamique iranienne toujours d’actualité.

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Des pères ou des familles assassinent parfois leurs filles âgées entre trois et vingt-cinq ans pour des raisons injustes : agressions sexuelles subies, relations amoureuses ou sexuelles, adultère… Dans la tête des meurtriers, il s’agit de laver l’honneur familial. Des femmes de tous âges sont battues à mort, poignardées ou lapidées par leur entourage sans même que l’Etat intervienne pour les protéger. Certaines femmes doivent vivre non seulement des répressions dues à leur genre mais subissent également des persécutions du fait de leur appartenance à certaines communautés religieuses (chrétiennes, zoroastriennes) ou athées, de leur orientation sexuelle (l’homosexualité est punie de mort en Iran) ou de leur nationalité (la communauté afghane est par exemple victime de violences policières).

As-tu déjà été confrontée directement à l’oppression des femmes par la police iranienne ? En dehors de la répression des femmes par le cadre légal, je n’ai eu que très peu de problèmes avec la police des mœurs car je me suis pliée aux règles tout simplement, craignant d’attirer des problèmes à ma famille. Il m’est cependant arrivé quelques histoires lors de mes voyages en Iran pour rendre visite à de la famille. J’ai par exemple été interpellée par des policiers qui jugeaient ma tenue provocante : la robe que je portais dévoilait mes chevilles (j’avais pourtant enfilé un manteau afin de cacher mes épaules car je souhaitais justement éviter les problèmes). Les agents m’ont dit d’aller me rhabiller parce que j’attirais les regards des hommes et que je pourrais être violée.

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Une autre fois, je portais le voile lors d’un jour de canicule. Etouffée par la chaleur, j’ai simplement soulevé le bout de tissu pour m’éventer. Des agents de la police des mœurs déguisés en civil m’ont immédiatement approchée et ont failli m’embarquer car ils interprétaient mon geste comme un signe de protestation. J’ai été « insultée » de féministe. Fort heureusement, ils se sont montrés plus compréhensifs quand je leur ai expliqué la situation et surtout le fait que je ne vivais déjà plus en Iran ce jour-là.

Existe-t-il des mouvements féministes iraniens ? Comment s’organisent-ils dans le contexte politique du pays ? Si le féminisme existe dans la population iranienne, il n’existe pas sous la forme de médias ou d’associations comme ça peut être le cas en Europe ou en Amérique. Les libertés fondamentales, comme celles de manifester ou de s’informer, ne connaissent aucune application en Iran. A vrai dire, les exactions commises à l’égard des femmes ne sont même pas rapportées par les médias ou la télévision ; ces histoires ne circulent que de bouche à oreille. C’est en effet par ce moyen que vit et se transmet le féminisme en Iran car la répression orchestrée par le régime est telle que la peur de parler s’instaure chez les femmes. Des mouvements comme celui des Mercredis Blancs 2 sont assez exceptionnels et rares tant les contestatrices ou militantes les plus affirmées finissent par être punies parfois par la peine de mort. Les mouvements féministes finissent cependant par apparaitre, mais ils n’arrivent jamais par eux-mêmes : ils s’inscrivent le plus souvent dans des mouvements populaires de colère à l’égard du régime qui est tenu comme responsable des problèmes économiques existants. Je me demande d’ailleurs si certaines revendications ne sont pas davantage issues d’un mouvement spontané de rébellion à l’égard du gouvernement que d’une véritable idéologie féministe. Je dirais que l’essentiel du féminisme iranien ne vient pas du territoire national en lui-même mais de la diaspora vivant à l’étranger. Ce sont les jeunes Iraniens et Iraniennes vivant dans les pays occidentaux et ayant eu l’occasion de se renseigner sur les droits de l’homme et de la femme qui vont tenter d’informer la population, via des réseaux sociaux comme Instagram ou Facebook, de l’existence de droits pour les femmes mais aussi des exactions commises en Iran. Par exemple, l’histoire que j’ai racontée plus tôt ne m’a pas été révélée par les chaînes d’informations du gouvernement mais par une instagrameuse iranienne rapportant à ses followers, les féminicides commis en Iran. Et encore, toutes les expatriées n’osent pas entamer de telles démarches : les ambassades et consulats iraniens surveillent la population iranienne à l’étranger et trop dénoncer le régime peut nous amener des problèmes (refus d’accord de visa, représailles sur la famille restée au pays…) et c’est notamment pour cela que j’ai demandé à ce que mon nom ne soit pas transmis dans cet article. Mouvement commencé à Téhéran en 2017 par Vida Mohaved. Connues en Iran sous le nom de « La Fille de la Rue de la Révolution », les Iraniennes étaient invitées à protester contre le port du voile en se filmant sur les réseaux sociaux en train d’enlever le voile et de le brandir comme drapeau dans une rue de la capitale nommée d’après la révolution islamique de 1979.

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Quels sont tes souvenirs et ton avis par rapport au mouvement des Mercredis Blancs de 2017 ? Y as-tu participé ? Je n’ai personnellement pas participé au mouvement des mercredis blancs bien que je soutienne la cause car je savais que cette action serait inutile. Le régime est bien trop fermé et violent pour que de telles manifestations changent quoi que ce soit. Je me souviens, cependant, que de nombreuses femmes y ont participé et que le mouvement a ému la jeunesse iranienne. Les réseaux sociaux étaient pleins à craquer de vidéos de jeunes ôtant leur voile pour le laisser s’envoler au vent. Mais je me souviens surtout de la répression tout comme je me rappelle Vida Mohaved ôtant son voile dans la Rue de la Révolution à Téhéran… Comme plusieurs militantes ayant agi à ses côtés, elle a tout bonnement disparu de la circulation peu de temps après le début du mouvement.

Comment sont accueillies les idées féministes par la population iranienne ? Et dans ton entourage ? Les idées féministes sont généralement assez mal accueillies par la population iranienne. Selon moi, les raisons sont le manque d’information, la peur et le traditionalisme de la population. La situation des femmes peut vraiment varier d’un milieu à l’autre, mais j’ai déjà eu l’occasion de constater que les femmes vivant à Téhéran seront bien plus écoutées que dans les petites villes isolées. A mes yeux, cela est avant tout dû à un manque d’information. La population de Téhéran a bien plus accès aux informations, aux médias et est bien en contact avec le monde extérieur ; elle sera donc plus réceptive aux idées féministes. Alors que dans les villes provinciales, aux mains des imams pratiquant la désinformation, les gens ne sont parfois même pas au courant que les droits des femmes sont consacrés à l’international ; les idées féministes y sont bien moins accueillies. La peur de la répression empêche également les idées féministes d’être bien reçues. Comme dit précédemment, les militantes peuvent être parfois punies de mort ou disparaitre ; mais leurs familles peuvent, elles aussi, subir les conséquences de la répression. Dans mon cas, ma famille restée en Iran se montre assez fermée aux idées féministes. Non pas qu’elle me souhaite soumise, mais parce qu’elle craint des représailles de la part de la police. Cette peur a atteint un tel stade qu’un de mes oncles a mis en garde mon père, avertissant que mes rébellions et mes tentatives d’expliquer les droits des femmes pourraient nous causer des problèmes : « Tiens ta fille ! » a-t-il dit. La tradition apparait aussi comme un véritable obstacle au féminisme. Rien que parmi les femmes, toutes ne sont pas d’accord avec ces idées. Il y en a qui voient en ce bout de tissu, un symbole de liberté face aux pulsions sexuelles des hommes ; ne pas le porter revient donc, selon elles, à se soumettre aux fantasmes masculins. La tradition islamique est aussi plus ancrée dans certains endroits que d’autres, ainsi les femmes de Téhéran auront plus tendance à lutter contre le voile plutôt que celles de villes éloignées, car la capitale possède des écoles et autres sources d’informations qui permettent de s’affranchir de la tradition.

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Les filles de la Révolution dans l’impasse

Quelles perspectives d’avenir existent pour les femmes en Iran ? Penses-tu que plus de libertés seront un jour accordées ?

© Twitter. Vida Mohaved, initiatrice du mouvement des Mercredis Blancs

Quant à la vision globale des hommes iraniens sur le féminisme, il y a bien sûr des iraniens favorables au féminisme ; mon petit copain en fait partie. Mais la majeure partie voit la liberté des femmes d’un mauvais œil. Les plus âgés ne parviennent pas à l’envisager ; il s’agit d’un concept trop moderne par rapport à l’éducation qu’ils ont reçue. Quant aux hommes plus jeunes, entre 18 et 25 ans, ils connaissent le concept de féminisme. Mais ils le rejettent car ils n’ont pas confiance dans les femmes. Ils sont persuadés que, une fois les femmes libérées, leurs épouses les abandonneront. Globalement, les hommes voient les femmes comme des poupées qui doivent rester sous leur contrôle.

En Belgique ou dans d’autres pays d’Europe on entend parfois l’idée que féminisme et Islam ne sont pas compatibles, car la soumission des femmes serait une pensée centrale dans l’Islam. Selon toi, peut-on être féministe et musulmane ? Bien sûr, c’est possible parce que beaucoup de musulmanes portant le voile ou adoptant un mode de vie compatible avec la foi islamique, réclament des libertés. Personnellement, je ne crois qu’en Allah. Il est, selon moi, possible de croire en Dieu tout en remettant en cause certaines idéologies trop archaïques pour créer sa propre vision de l’Islam compatible avec les idées modernes. Je pense que Muhammad n’a pas voulu l’enfermement des femmes ; ce sont les hommes qui ont détourné les leçons de la religion. Dans la religion, on nous apprend que la femme a la valeur d’un diamant et qu’il faut donc la protéger de ceux qui lui voudraient du mal, en cachant, par exemple, son corps. Mais tous ces abus auxquels on assiste en Iran comme dans d’autres pays n’ont, j’en suis certaine, jamais été souhaités par ceux qui ont façonné l’Islam. Ce sont les pratiquants, comme le gouvernement iranien, qui ont réinterprété à leur façon le message de la religion, pour servir leurs intérêts ou idées.

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A mes yeux, dans l’état actuel des choses, les femmes vont droit dans le mur : le gouvernement iranien actuel est trop fermé, trop violent, pour accorder des libertés à qui que ce soit et encore moins aux femmes. Cependant les problèmes économiques créent une hostilité de la population vis-à-vis des décideurs, les gens veulent se rebeller contre le gouvernement et ils réclament de plus en plus de liberté. L’Espoir est dans le peuple. Le plus grand espoir pour les Iraniens et les Iraniennes, c’est les influenceurs et influenceuses vivant en Amérique et en Europe qui informent les gens via les réseaux sociaux. Ils apportent les informations nécessaires au changement. L’espoir des femmes iraniennes ne se trouve pas chez les politiciens mais parmi le peuple.

Propos recueillis par Robin Maldague

Volontaire au SCI

A VOIR, À LIRE, À SUIVRE POUR APPROFONDIR LE SUJET : • Iran, la Révolution Invisible par Thierry Coville • Les Rapports d’Amnesty International sur l’actualité iranienne et surtout sur le parcours de Yasaman Aryani, militante iranienne pour le droit des femmes •

’Iran en 100 Questions L par Mohammad Reza Djalili et Thierry Kellner

• Le compte twitter de Azam Jangravi, militante des Mercredis Blancs ayant fui les persécutions en se réfugiant au Canada, cherchant à sensibiliser les gens à la cause des femmes via les réseaux sociaux

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ENJEUX INTERNATIONAUX

LA BELGIQUE DOIT SOUTENIR L’ AGROÉCOLOGIE DANS LES PAYS DU SUD

La souveraineté alimentaire pour nourrir l’avenir D’après les derniers chiffres du Programme Alimentaire Mondial, 130 millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de faim aiguë en 2020 1. En représentant presque le double par rapport à 2019 et aux chiffres révélés par le dernier Rapport Mondial sur les crises alimentaires 2020 2 finalisé avant l’arrivée du COVID-19, l’inquiétude face aux conséquences dévastatrices laisse place à l’urgence d’agir. Les priorités pour le gouvernement belge sont celles de la souveraineté alimentaire et de l’ambition de sa solidarité envers les pays du Sud.

La pandémie de la faim La crise sanitaire engendrée par le Covid-19 a aggravé la situation des populations précaires des pays en développement. Les mesures prises afin d’endiguer l’expansion du virus ont mis à mal les paysans du monde et renforcé avec elles une misère déjà préexistante. La fermeture des frontières et des marchés provoquant une baisse des revenus des agriculteurs du Sud ainsi qu’une montée des prix pour les consommateurs est en train de plonger des millions de familles dans la précarité et l’insécurité amenant à requalifier la crise actuelle de « pandémie de la faim ». Face à ce constat alarmant, il est urgent de repenser les systèmes alimentaires de façon durable. La Belgique doit agir en faveur d’une profonde transformation des systèmes de production des pays du Sud. Alors que tous les politiciens et virologues du monde s’attèlent à évincer l’incertitude qui nous guette et à contrôler la propagation du virus en planifiant des stratégies de déconfinement et de relance économique, le nombre de morts causés par la faim pourrait largement dépasser celui causé par le Covid-19. Sur fond d’un contexte déjà marqué par l’accentuation des inégalités et d’une situation d’urgence climatique sans précédent, la crise sanitaire nous a démontré une fois de plus la fragilité du système alimentaire actuellement dominant. Etant caractérisé par la concurrence écrasante de puissants agro-industriels, le mode de production a fait profiter les actionnaires de ces 10 géants d’une somme de 18 milliards de dollars depuis début 2020.

«  Cette somme est 10 fois supérieure à l’appel de fonds des Nations Unies pour soutenir l’agriculture et apporter une aide alimentaire face à la crise du COVID-19 » 3.

L’urgence des enjeux communs Les temps actuels rythmés par la rupture des chaînes d’approvisionnement ont relancé le débat quant à la nécessité de relocaliser les productions alimentaires et les secteurs essentiels de l’économie. Mais penser la souveraineté alimentaire de la Belgique ou de l’Europe ne peut évidemment se faire sans considération de l’échelon international. Ici comme ailleurs, il s’agit de rompre avec la logique néolibérale et de protéger l’agriculture et les ressources primaires contre les desiderata fluctuants des lois du marché. Le principe de souveraineté alimentaire développé par le mouvement paysan international de la Via Campensina réaffirme le droit humain d’accèder à une alimentation saine et de qualité 4.

Voir l’article publié par le PAM le 22 avril 2020, « COVID-19 : le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde risque de doubler en 2020 » https://histoires.wfp.org/covid-19-le-nombre-de-personnes-souffrant-de-la-faimdans-le-monde-risque-de-double-en-2020-49566d76f6ad

1

Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (2020), « Global report on Food Crisis 2020 », consulté en ligne le 8 août 2020 https://www.wfp.org/publications/2020-global-report-food-crises

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Document d’information Médias Oxfam publié le 9 juillet 2020, « Le virus de la faim ; comment le coronavirus sème la faim dans un monde affamé ? » https://www.oxfamsol.be/sites/default/files/le_virus_de_la_faim_oxfam.pdf

3

Site web de la Via Campensina : https://viacampesina.org/fr/

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Accompagner le Sud vers l’agroécologie

© Marjorie Kupper, Sénégal / © Pascale Labay, Cambodge / © Maria Lagana, Palestine / © Clara Beguin, Belgique

« Le nombre de morts causés par la faim pourrait largement dépasser celui causé par le Covid-19. Sur fond d’un contexte déjà marqué par l’accentuation des inégalités et d’une situation d’urgence climatique sans précédent, la crise sanitaire nous a démontré une fois de plus la fragilité du système alimentaire actuellement dominant »

L’agriculture industrielle ravageuse pour l’environnement et l’humain doit faire place à une agriculture écologique, durable et résiliente. Au Nord comme au Sud ce droit doit être récupéré. Pour ce faire, les Etats doivent prendre leurs responsabilités en encadrant et en stabilisant le marché à travers la redéfinition des politiques commerciales. Pour tous, une diversification des cultures et une réduction de l’indépendance extérieure sont primordiales. Pour les uns, il est question de maitriser de façon structurelle la production sur leur marché intérieur afin d’éviter les surproductions qui noient les autres d’exportations à bas prix. Ces dernières doivent être taxées pour contrer la concurrence déloyale faite aux producteurs locaux.

La Belgique doit se positionner comme un leader dans le soutien à l’agroécologie pour transformer les systèmes alimentaires durables Alors que les pouvoirs spéciaux confiés au gouvernement de Sophie Wilmès se sont éteints le 30 juin et que la légitimité provisoire s’est estompée, l’échéance de septembre à laquelle la Première Ministre s’est engagée approche 5. Parallèlement à ce contexte de nouvelles négociations en vue d’une formation fédérale, la Coalition contre la Faim a publié une note politique tirant constat de l’inefficacité de la politique belge de coopération pour lutter contre la faim 6. Ce rapport transmet

Cet article a été rédigé en juillet 2020. A la date de parution de ce numéro, un nouveau gouvernement belge a été formé. Mais les enjeux de cet article restent les mêmes.

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Voir la note politique de la Coalition contre la Faim, « La politique belge de coopération es t inefficace pour éradiquer la faim », 13 janvier 2020 https://www.fian.be/Note-politique-de-la-Coalition-contre-la-Faim-La-politique-belge-de-cooperation?lang=fr

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Accompagner le Sud vers l’agroécologie

© Marjorie Kupper, Sénégal

des recommandations que le prochain gouvernement de plein exercice est invité à suivre en faveur de la transition agro-écologique. Une réorientation de la stratégie belge de coopération au développement fondé sur la souveraineté alimentaire doit voir le jour. Profitant d’une sérieuse expertise sur son territoire et d’une renommée internationale en matière d’agriculture, la Belgique dispose de tous les atouts pour se positionner comme exemple à suivre sur la question.

Respecter ses engagements En matière de budget de l’APD 7, la Belgique doit rehausser ses ambitions de façon à respecter les accords internationaux qu’elle a pris. En effet, suite aux engagements signés à Rome par Charles Michel, Ministre compétent à l’époque, l’atteinte de l’objectif Faim « zéro » visant à « éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » 8 requiert qu’au minimum 15% du budget de la coopération au développement soit dédié à l’agriculture et la sécurité alimentaire à partir de 2015. Or cela n’a jamais été le cas. En 2018 seulement 11,46% y étaient consacrés, sans oublier que ce budget a été revu à la baisse en 2017 9. Le gouvernement devra veiller à ce que les flux financiers servent réellement à la transformation des systèmes de production vers l’agroécologie, car selon un rapport publié par la Coalition contre la Faim, seulement 16% du budget agriculture y seraient effectivement consacrés 10. Un des leviers pour s’en assurer est d’adopter un cadre clair et contraignant en ce qui concerne les partenariats avec le secteur privé afin de veiller à ce que ces acteurs contribuent aux ODD. Ensuite, la Belgique doit affirmer son soutien aux mouvements sociaux en faveur de l’agriculture familiale dans les pays du Sud, en portant une attention particulière à la participation des femmes.

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Se positionner en faveur d’une politique européenne forte et cohérente A côté de la volonté de réorienter les choix de la politique belge, la priorité pour le gouvernement sera celle de se positionner fortement sur la scène européenne. Il s’agira d’agir en vue de faire advenir une réelle réforme de la PAC 11 mettant fin aux pratiques de dumping 12, mais aussi de s’opposer à la conclusion d’accords commerciaux de libre-échange. Les priorités consacrées en faveur de l’agroécologie ainsi que l’allocation de budgets ambitieux sont essentielles.

Valérie Gilles Volontaire du groupe Alter’anim du SCI

Article rédigé pour le CNCD

APD : Aide Publique au Développement

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Objectif Du Développement durable (ODD) n° 2, cff : https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/hunger/

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Voir la note de la Coalition contre la Faim, « Note au Parlement Fédéral sur l’évaluation du Fonds Belge pour la Sécurité Alimentaire (FBSA) et de la politique belge pour l’agriculture et la sécurité alimentaire », janvier 2020 https://www.fian.be/IMG/pdf/ccf-policybrief-ap-jan2020_fr-v3_web.pdf

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Voir la note de la Coalition contre la Faim, Pour une aide publique au développement belge qui soutienne la transition agroécologique. Constats et recommandations politiques suite à la publication de l’étude « La part de l’agroécologie dans l’Aide Publique au Développement belge », juin 2020 https://www.cncd.be/IMG/pdf/2020-06-ccf-policybrief-abp-agroecologiejuin2020_fr-web.pdf

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PAC : Politique Agricole Commune – Union européenne

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Oxfam Magasins du Monde, Comprendre la souveraineté alimentaire, 2013 https://www.province.namur.be/documents/ fichier/1/333/20140311_154430comprendre_la_souverainete_alimentaire_ (brochure)___oxfam.pdf

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TÉMOIGNAGE

L’ AVENTURE OUGANDAISE CHEZ UPA :

entre joie, doutes & rencontres C’est un peu au hasard que je me suis retrouvée en Ouganda à découvrir le volontariat. L’idée d’un projet à l’étranger m’avait souvent tentée mais je n’avais jamais sauté le pas. Alors que je me rendais en Afrique de l’Est pour y voyager et découvrir mes origines, j’ai eu l’occasion de faire un crochet par l’Ouganda pour concrétiser cette envie. Ce « crochet » dura finalement 5 mois. Deux ans plus tard, c’est avec plaisir que je me replonge dans cette expérience pour vous la raconter.

Kampala, le lunganda, UPA et moi Je me souviens du trajet d’arrivée, ma valise s’était égarée pendant le vol. Un chauffeur était venu me chercher à l’aéroport. J’avais pris pas mal de retard et j’étais stressée… Cette affaire de valise me paraissait être un mauvais présage. Une fois dans la voiture avec le conducteur qui m’attendait patiemment depuis une heure, nous avons commencé à rouler et à discuter. Autour de nous tout était sombre, il faisait nuit. A l’approche de la banlieue de Kampala, il y avait des échoppes allumées au bord de la route. Leurs lumières scintillaient. A Kampala il y a de la vie jusqu’en pleine nuit. L’effervescence de la rue était contagieuse. Malgré la fatigue et l’appréhension, j’avais envie de me joindre à la vie dehors. Le souci de la valise me paraissait déjà loin. Je me rappelle avoir pensé : « ici, pendant quelques mois, ça va être chez moi ». © Photos : Clémentine Tasiaux

Cette pensée résume le sentiment d’euphorie avec lequel je me suis lancée à la découverte de mon nouvel environnement pendant les premiers jours. Pourtant, tout ne fut pas si simple. Cette expérience long terme de volontariat a été ponctuée par des moments de découvertes intenses et de nombreuses acclimatations, au début surtout. Beaucoup de gestes anodins deviennent compliqués. Faire ses courses, se déplacer, cuisiner, faire des rencontres, tout est une aventure, un défi à relever. Mes premiers jours dans Kampala ont été fascinants mais aussi difficiles. Lors de la première journée dans la capitale, tout paraissait aller vite et je ne comprenais pas un mot de luganda, langue de cette région d’Ouganda. Kampala est une ville pleine de contrastes, extrêmement vivante avec une cadence effrénée et je m’y sentais étrangère. J’ai dû me rendre à l’évidence : j’avais voulu me sentir chez moi avant même de connaitre le pays et la ville dans laquelle je venais d’arriver… Pourtant, cela prendrait du temps. En acceptant cela, mon aventure a vraiment pu commencer.

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Pour m’accompagner dans cette expérience, j’ai été encadrée par l’équipe de Ugandan Pioneers Association qu’on appelle UPA. Cet organisme, c’est un peu un SCI à l’ougandaise qui accueille des volontaires locaux et internationaux pour les répartir vers d’autres organismes ou projets qui le demandent. UPA travaille donc avec une multitude d’associations dont les projets ne donnent qu’une envie : s’y investir. Il y a des écoles de quartier pour réintégrer les enfants de la rue à la scolarité, des associations qui passent de quartiers en quartiers pour faire de la sensibilisation à une multitude de thématiques sanitaires, des écoles techniques de couture pour permettre l’empowerment des jeunes filles en décrochage scolaire. Et j’en passe. Il y a tellement d’initiatives auxquelles participer que ça en donne le tournis !

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D’ailleurs, depuis la Belgique, choisir un projet m’avait semblé être mission impossible. Heureusement pour moi, grâce à la durée de séjour et à la flexibilité du SCI et de UPA, j’ai pu découvrir plusieurs projets plutôt qu’un seul. Tous ces projets ont été des petites aventures qui m’ont donné envie de rester. Et trois mois se sont transformés en cinq.

D’apprentissages en apprentissages J’ai commencé par découvrir Another Hope Children’s Ministries, un projet d’éducation regroupant une école et un centre pour enfants dont les familles ne peuvent pas s’occuper. Avec Another Hope, j’ai accompagné des institutrices dans leur travail quotidien et j’ai fait ce que j’ai pu pour leur donner un coup de main. Une fois de plus, au début, ce n’était pas simple. Je ne suis pas institutrice et j’ai dû apprendre… à peu près tout. A plusieurs reprises, je me suis sentie inutile et pas vraiment outillée pour faire face à certaines situations. Ce sentiment fut parfois difficile et j’ai mis du temps à apprendre à le gérer. Heureusement, dans ces moments de doute, j’ai très souvent pu me reposer sur les organisations qui m’ont accueillie. En observant et acceptant mon statut d’apprenante, j’ai pu me sentir de plus en plus à l’aise et enrichir le partage de mes propres connaissances. Durant cette courte période, j’ai énormément appris, reçu des conseils, et cela m’a confortée dans l’idée que faire du volontariat, c'est apprendre, c’est aussi donner mais avant tout, c’est recevoir énormément.

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Dans un deuxième temps, j’ai découvert Assend Youth Development Foundation, le projet de Moses, un Ougandais qui dédie son temps et son énergie aux enfants des bidonvilles en leur permettant un accès à l’éducation et au sport. Avec eux, mon implication fut différente. J’ai participé à la rédaction d’une newsletter et à l’aménagement de locaux. L’apprentissage principal que je retire de cette expérience se trouve plutôt au niveau des échanges que j’ai pu avoir avec Moses. J’ai été marquée par son investissement et sa foi en son projet. C’est une personne qui m’a beaucoup inspirée. Dans tous les projets que j’ai visités, j’ai rencontré des personnes formidables, tant parmi les adultes que les enfants, qui m’ont appris beaucoup sur le pays dans lequel je me trouvais mais aussi sur la culture ougandaise et sur leurs propres motivations à construire un monde plus juste. Sur le moment, tous ces échanges ont été une grande source de questionnements, pas toujours très confortables mais ils m’ont permis de sortir de ma zone de confort et m’ont aidée à développer une compréhension de mon environnement plus complexe et plus globale.

Un coup de foudre Enfin je suis allée visiter Victorious Children’s Ministry, un autre projet de foyer d’accueil tenu par une famille et combiné à une école pour les enfants issu·es de familles ayant des difficultés financières. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais quelque chose s’est produit lorsque j’ai visité ce projet pour la première fois. J’ai du mal à dire si ce fut l’accueil,

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Projet de volontariat long terme au Sud

« Dans tous les projets, j’ai rencontré des personnes formidables qui m’ont appris beaucoup sur leur pays mais aussi sur la culture ougandaise et sur leurs propres motivations à construire un monde plus juste. Tous ces échanges ont été une grande source de questionnements, pas toujours confortables mais ils m’ont permis de sortir de ma zone de confort et m’ont aidée à développer une compréhension de mon environnement plus complexe et plus globale »

le projet en lui-même, le rapport avec les enfants ou un peu tout à la fois mais je m’y suis instantanément sentie bien, c’était un sentiment très spécial. Alors que je devais y passer une semaine, j’y suis restée trois mois. Quelques jours après ma première visite, j’ai quitté la guest house dans laquelle j’habitais depuis quelques mois pour aller vivre directement sur le lieu du projet. Mes journées étaient composées d’un peu de temps passé à l’école pour accompagner les enfants dans la lecture et de beaucoup de temps à m’occuper d’eux dans les moments extrascolaires. Nous vivions ensemble et cette proximité m’a permis d’établir des relations de confiance et d’échange toutes particulières. Je me suis réellement sentie inclue, tant dans le projet que dans la vie familiale de la maison et ce fut très difficile de les quitter et de leur dire au revoir une fois le moment venu. Il est compliqué de mettre des mots sur une expérience très forte. J’ai du mal à dire pourquoi ce projet m’a tellement plu et je ne peux vous donner qu’un conseil : allez y jeter un œil. L’expérience parle d’elle-même. De manière générale, cette aventure ougandaise a été ponctuée de moments de joie immense, de doutes très profonds et de rencontres très puissantes. A l’image de Kampala, ce fut une expérience intense et haute en couleurs. Au bout d’un moment, cet environnement, ces rencontres, ces doutes sont devenus ma réalité. C’est fou comme on s’adapte. Après plusieurs mois, j’étais, d’une certaine façon, chez moi. De bien des manières, cette expérience m’a poussée à remettre en question certaines de mes pensées bien établies, ma vision des rapports entre les cultures et de façon plus globale ma vision du monde. Ces quelques mois furent teintés de questionnements et d’échanges qui n’ont pas pris fin à mon retour. Deux ans plus tard, je peux dire à quel point ces discussions m’ont fait grandir et ont fait évoluer ma vision du développement et du volontariat.

Clémentine Tasiaux

Permanente au SCI

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TÉMOIGNAGE

JOURNÉES BIEN REMPLIES au cœur de la Mongolie

En juillet 2019, j’ai réalisé un projet de volontariat en Mongolie dans un orphelinat de la périphérie d’Oulan-Bator. Ce projet s’est révélé incroyablement riche en apprentissage. J’ai appris à vivre avec des personnes autochtones pendant 13 jours mais également avec des enfants tous aussi attachant·es les uns que les autres.

Les premières découvertes J’ai atterri dans la capitale une boule au ventre. Le trajet en avion était long (escale de 4 heures à Moscou) et le choc culturel a commencé directement à l’arrivée. Rares étaient les personnes occidentales dans les couloirs de l’aéroport et il a été difficile pour moi de trouver la sortie. Mon correspondant m’avait dit que quelqu’un m’attendrait avec une pancarte dans le hall des arrivées. Personne n’avait la pancarte que je recherchais. J’étais assez perdue face à tout ce monde et cette nouvelle ambiance. J’essayais de m’approcher un maximum des personnes qui semblaient occidentales parce que les locaux me proposaient à tout bout de champ de monter dans leur taxi. Je n’étais pas très à l’aise à vrai dire. J’ai attendu une heure la personne qui devait venir me chercher. Quand elle est arrivée, j’étais super soulagée et j’ai commencé à parler sans interruption en anglais. Sauf, qu’à un moment, elle m’a fait comprendre qu’elle ne comprenait rien du tout à ce que j’étais en train de lui dire. Bref, je l’ai suivie et nous sommes montées en voiture. Mes premières impressions d’OulanBator étaient que c’était une ville sale et que le fonctionnement n’était pas du tout le même qu’en Belgique (volant à droite pour certaines voitures et à gauche pour d’autres… Bizarre). Ma guide m’a conduite à l’endroit de la Guest House et là j’ai rencontré une de mes correspondantes du projet qui parlait anglais. Soulagement. Dans la Guest House, il y avait deux Français avec qui j’ai pu parler un petit peu. Avant de commencer le projet, j’ai fait un road trip de cinq jours à travers le nord de la Mongolie pour découvrir le pays. Ce road trip était organisé par l’association locale. Nous étions quatre jeunes, trois d’entre nous faisaient le ‘kids camp’ par la suite. Il m’a fallu 24 heures pour atterrir et pour que je me fasse à ma nouvelle vie en Mongolie. Nous avons donc fait un trip jusqu’au Khuvsgul Lake dans le nordouest de la Mongolie et c’était incroyable : nous avons vu des paysages à couper le souffle, nous avons été en contact avec

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une famille nomade, nous avons fait du camping sauvage, nous avons dormi chez l’habitant… En Mongolie, il y a plus d’animaux que d’humains, les paysages sont incroyables, il n’y a qu’une grande route bétonnée qui traverse tout le nord du pays (avec quelques embranchements) mais le reste ce sont des routes en terre. Tout le monde se repère parmi ces montagnes sans carte ni GPS, tout le monde est ami avec tout le monde, les gens sont souriant·es, bienveillant·es et accueillant·es. Après notre trip, nous avons directement rejoint le ‘kids camp’ avec le reste des volontaires.

La vie sur le projet Quand j’ai été acceptée pour ce projet de volontariat, je pensais que j’allais aller dans un camp de vacances pour 40 enfants de 8 à 14 ans. Sur place, j’ai été surprise de savoir que j’allais aller dans un orphelinat avec 150 enfants de 2 à 18 ans (l’association MCE n’est pas toujours très juste dans ses descriptions !). Le public n’est pas le même et je ne m’étais pas préparée à animer des orphelin·es pendant 13 jours. Très vite, ma surprise a laissé place à l’impatience et à l’envie de rencontrer ces enfants. Tout s’est super bien déroulé : les deux coordinateurs du projet étaient très chouettes, accessibles et nous mettaient en confiance. Nous étions 15 volontaires de partout dans le monde, essentiellement des Asiatiques mais il y avait également des Européen·nes. J’ai passé un séjour incroyable. J’ai appris énormément sur la culture mongole mais également sur beaucoup d’autres cultures. Il faut être à l’écoute des autres et savoir vivre avec des personnes venant de différents horizons parce qu’évidemment nous n’avons pas la même manière de faire. Par exemple, pour la cuisine, c’était très intéressant de confronter les manières de faire asiatiques avec les européennes. Les Mongoles ne disent pas autant merci que nous. Je me rappelle plusieurs fois où notre coordinatrice était presque exaspérée parce que nous disions merci à tout bout de champ !

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Projet de volontariat court terme au Sud

© Camille Paquot

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Le projet se situe dans la campagne. Les enfants y vont l’été et retournent dans la ville en hiver parce qu’il fait trop froid. Nous étions dans une vallée entourée de montagnes et de forêts avec quelques habitations autour. Le ‘kids camp’ était composé d’une dizaine de cabanons rouges, d’un terrain en béton et d’une yourte pour la musique. Une journée type : lever matinal, préparation des activités pour les enfants, division de l’équipe. Une équipe faisait à manger pour les bénévoles et rangeait notre pièce de vie, l’autre préparait des activités soit pour les jeunes, soit pour les ados. Début des activités du matin, temps de midi et sieste jusque 16h pour les plus jeunes, activités de l’après-midi avec tout le monde, repas du soir et dodo. Les journées étaient donc bien remplies. Notre but premier était d’animer les enfants et adolescent·es, de préparer diverses activités. Parfois même, nous leur donnions des cours d’anglais. Nous devions également à l’occasion aller chercher du bois dans la forêt pour ravitailler les stocks. En effet, la météo était très variable et les nuits très fraiches et très humides.

Une expérience qui forge La plus grosse difficulté était la communication avec les jeunes. Ils ne parlaient que très peu anglais et du coup, on essayait de communiquer par d’autres moyens avec eux. Cela n’a pas empêché de s’y attacher… Ces enfants sont remarquables. Ils s’entraident, les grand·es aident les plus petit·es, certain·es étaient porteurs et porteuses de handicap mais tout de même intégré·es et aimé·es par les autres. Ceci fut ma plus grande surprise en arrivant : le bonheur se lit sur les visages malgré leur vécu personnel. A la fin du volontariat, on a fabriqué des bracelets de l’amitié. Les enfants nous montraient comment faire. C’était un moment d’échange touchant.

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NTS & JEUNES

Les conditions de vie étaient difficiles. Je m’y étais préparée mais je ne m’attendais quand même pas à ça. Les enfants allaient chercher de l’eau d’un puits pour boire et se lavaient une fois par semaine, tous les dimanches, depuis ce même puits. Autant vous dire que l’eau était glaciale : j’ai essayé une fois et c’était suffisant. Les enfants dormaient, mangeaient et apprenaient dans des petites maisons rouges. Elles n’étaient pas bien isolées et il y faisait toujours froid malgré le feu de bois. Dans notre maisonnette, il y avait des infiltrations d’eau et nous devions mettre des casseroles pour ne pas que toute notre pièce soit inondée. Ce genre d’expérience nous forge et elle m’a forgée. J’en suis revenue grandie, plus mûre et plus instruite. C’est une très belle leçon de vie et j’aimerais pouvoir continuer à faire du volontariat. Au moment de partir, les volontaires pleuraient toustes un peu. La nostalgie que tout cela se termine et la tristesse de laisser ces enfants. Mais la leçon de vie que je retiens et que je retiendrai toujours c’est que les enfants nous répétaient : « don’t cry, just smile… ». La seule phrase qu'iels savaient dire, ou presque, en anglais. La situation inversée : les enfants consolent les adultes. Surréaliste ! J’étais triste de me dire que je les laissais là et que moi je repartais dans mon petit confort d’Européenne. Mais en même temps, j’ai relativisé et je me suis dit qu’en 13 jours d’animation, on a partagé avec eux tout ce qu’on pouvait et iels nous en étaient reconnaissant·es. Je suis donc repartie le cœur léger en me disant qu’elles et eux avaient été heureux·euses de pouvoir partager des moments de rires et de plaisir avec nous.

Camille Paquot

Volontaire au SCI

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TÉMOIGNAGE

À LA RENCONTRE D’UN PAYS aux 1001 facettes

J’ai eu la chance de passer 62 jours dans un pays magnifique et d’y avoir fait de superbes rencontres à travers deux projets intéressants. Ce voyage avait différentes significations pour moi. Je me rappelle le moment où l’idée de partir dans ce pays m’est venue. Je voulais partir loin, sur un continent où je n’avais jamais mis les pieds. J’ai d’abord voulu partir en Inde mais je n’ai pas trouvé de projets. Le Sri Lanka m’intriguait, j’en avais peu entendu parler. Finalement j’ai entendu parler grâce à Marie du SCI, d’un projet dans la ville de Kandy, une des villes les plus importantes du pays, une ville sainte, qui d’après les croyances abriterait un temple où se trouverait une des dents de Bouddha.

Bienvenue à la Blue Rose School Le projet consistait à accompagner les professeurs et élèves d’une école spécialisée la « Blue Rose School » qui accueille des enfants de 3 ans à plus de 18 ans, porteurs et porteuses de différents types de handicaps. Le projet me parlait pour son aspect social. Avant le projet, j’ai été mise en contact avec une volontaire belge qui y avait été trois mois. Ce fut une très bonne idée car parler avec quelqu’un qui a vécu ce projet m’a permis de mettre des images sur un pays, et sur une culture qui m’était étrangère. J’ai tout de suite senti une bienveillance de la part des différents membres du projet. Avant mon départ j’ai aussi pu parler sur WhatsApp avec une professeure de l’école. La communication était plutôt fluide et c’était rassurant.

Puis ce fut le jour du grand départ ! C’était un 14 février, je me souviens de mes parents me conduisant à l’aéroport. J’étais impatiente d’aller à la rencontre de ces gens, de ce pays dont on m’avait dit tant de bien. Le trajet fut long mais tout se passa très bien. A mon arrivée, Rifkan, un des membre du SCI Sri Lanka m’attendait à l’aéroport de Colombo. C’était intriguant d’arriver tard dans un pays que l’on ne connait pas et de le découvrir de nuit. En sortant de l’aéroport j’ai tout de suite senti la chaleur, l’humidité et entendu une langue qui m’était étrangère. Je me réjouissais d’être le matin pour pouvoir admirer toutes ces nouvelles choses. Durant ce projet j’ai adoré la vie dans l’école car le fait de rencontrer des enfants porteurs et porteuses de handicaps m’a apaisée. Ce que je veux dire par là, c’est que je n’arrivais pas dans le projet avec une vision de « sauveuse » venant aider des jeunes sri lankais·es handicapé·es et malheureux·euses.

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Je me suis sentie respectée et traitée comme égale des professeurs. Il s’agissait plus de relations de partage que de transferts de savoirs à sens unique. Il est rare de partager des expériences aussi riches que celles que j’ai vécues au Sri Lanka. Un de mes meilleurs souvenirs est une sortie scolaire où l’on a visité un zoo et également un aéroport. En Belgique cela aurait pu passer pour une simple sortie scolaire, mais là-bas j’ai été impressionnée par l’organisation mise en place. Nous avons dû nous rendre à Colombo (la capitale) qui se trouve à 3h de route de Kandy. Passer autant de temps dans un bus avec des enfants me semblait ingérable. Pourtant ça n’avait l’air de déranger personne et tout le monde se réjouissait énormément. Nous sommes partis à 5h30 du matin : une partie de l’école avait rendez-vous sur le parking et, les autres, on passait les chercher en bus. Tout le monde était très content de partir pour Colombo, l’ambiance était festive, les gens chantaient et dansaient. Un autre point positif est le fait que certains parents nous accompagnaient. Ça m’a permis d’en apprendre plus sur certains élèves, leur maladie ou leurs comportements. D’autre part, le fait d’être immergée à 100% dans la culture sri lankaise était incroyable. Rencontrer des parents sri lankais qui avait un certain recul sur la vision du handicap dans leur pays, et le fait d’aborder différents sujets avec eux comme la religion, ont été des moments magiques. Le fait d’aller dans un avion avec des enfants qui n’en avaient jamais vus de leur vie était super chouette. D’ailleurs c’était étrange comme expérience de juste dîner dans un avion, discuter avec le pilote puis repartir. Les enfants étaient super heureux·euses

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© Lidia Remy

« Je pense que ce qui fait la qualité d’un projet n’est pas le résultat de celui-ci mais les rencontres et les manières d’aborder les différents imprévus qui peuvent survenir. Car un projet ne doit jamais rester figé mais être en constant changement pour rester cohérent avec la réalité »

et fier·es d’avoir fait ça. Cette journée était vraiment géniale ! Je souhaite à tous les volontaires de vivre des moments aussi forts. C’était chouette de voir l’implication de la directrice, des parents et des professeur·es pour que ce projet se passe bien. J’ai encore plein de beaux souvenirs, que ce soit nos balades matinales dans la forêt où il nous arrivait régulièrement de croiser des singes, ou les compétitions de crickets, les cours de piscine… C’était une expérience géniale où l’immersion dans le pays était totale. Je pourrais encore écrire 5 pages sur tous les moments vécus là-bas mais celui-là était un des plus marquants.

Clean up project in Jaffna Le second projet était tout aussi incroyable. Il avait pour but de passer 10 jours dans un petit village de pêcheurs près de Jaffna pour sensibiliser les habitants à l’écologie, à travers un spectacle de rue et en nettoyant des lieux publics : terrains de foot, place du marché… Ce qui m’a le plus plu dans ce projet n’était pas le résultat du projet mais la cohésion du groupe et la bonne humeur de tous.

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Ça peut paraitre peu original, dit comme ça, mais le fait d’être avec des volontaires locaux et de différents âges (19 à 70 ans) était passionnant. On était seulement deux volontaires étrangères et le fait d’être en minorité nous permettait de nous intégrer à 200% dans la vie locale sans être traitées différemment ou comme des touristes. Nous étions une dizaine de volontaires, logé·es dans une école. Nous dormions tous et toutes dans la même pièce à même le sol. La plus grande richesse de ce projet fut le fait de rencontrer des sri lankais·es de tous les horizons. Il y avait des jeunes étudiants et étudiantes engagées, des jeunes qui n’étudiaient pas faute de moyens financiers, des personnes retraitées, des professeur·es. On était tous là dans un but commun et c’était beau de voir des personnes fières de leur pays et qui voulaient le rendre encore plus beau en le préservant. Pour conclure, je souhaite à tous les volontaires de vivre des rencontres authentiques comme celles-ci, que ce soit en Belgique ou ailleurs, dans leur quotidien ou lors d’un projet du SCI ! Je pense que ce qui fait la qualité d’un projet n’est pas le résultat de celui-ci mais les rencontres et les manières d’aborder les différents imprévus qui peuvent survenir. Car un projet ne doit jamais rester figé mais être en constant changement pour rester cohérent avec la réalité.

Lidia Remy

Volontaire au SCI

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TÉMOIGNAGE

MULTICULTURALISME & CONVIVIALITÉ dans une atmosphère bon enfant Du 31 août au 3 septembre 2019, j’ai participé au projet de volontariat « Oxfam Trailwalker » en tant que bénévole SCI. C’était la première fois que je participais à un projet de volontariat et j’étais partagé entre la certitude d’être satisfait de mon séjour et la peur d’être déçu. Avant mon départ tout ce que je désirais était faire des rencontres, m’amuser et aider. En bref, profiter du moment.

Les premiers jours à Bruxelles dans les locaux d’Oxfam Le 26 août 2019, nous nous sommes retrouvés avec les autres volontaires SCI dans les locaux d’OXFAM à Bruxelles. Il était midi quand ma femme et moi, tous deux volontaires sur le projet, avons quitté le Centre Croix-Rouge pour demandeurs et demandeuses d’asile d’Arlon pour aller à la gare prendre le train pour Bruxelles. Dès notre descente du train à la gare de Bruxelles-midi nous avons cherché à prendre le bus qui allait nous conduire à notre destination. Arrivé·es à Molenbeek, le GPS nous a conduits jusqu’au local d’Oxfam. La coordinatrice Laetitia est sortie nous accueillir, puis nous sommes rentré·es et nous sommes présenté·es aux autres volontaires de SCI. Nous étions treize personnes : deux Espagnoles, un Hollandais, un Mexicain, une Polonaise, une Japonaise, un Burundais, une Russe, un Anglais, une Belge, un Yéménite, une Sénégalaise – qui n’est autre que ma femme – et moi, de nationalité guinéenne. Après la présentation il était temps de passer à la cuisine pour préparer le repas du soir. Nous nous sommes entraidé·es en partageant les tâches, cela nous a permis de nous rapprocher les un·es des autres et d’en savoir un peu plus sur les pays et langue de chacun·e. Le premier soir nous avons mis de la musique et dansé, joué à des jeux de cartes et certain·es sont resté·es jusqu’à deux heures du matin à échanger et discuter de nos cultures, nos traditions… Le lendemain matin nous avons visité le local d’Oxfam et avons eu droit à une activité très intéressante : c’était un jeu pédagogique dont l’objectif était de nous faire visiter des pays fictifs et de découvrir les modes de fonctionnement de ces Etats dans les domaines agricole, commercial et surtout l’impact de ces activités sur l’environnement et les conséquences sur le

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OXFAM TRAILWALKER est un défi physique et mental, organisé par Oxfam-Solidarité. Des équipes, composées de 4 personnes, parcourent (sans relais) une distance de 100 km en moins de 30 heures, pour récolter au moins 1.750 € au profit des projets d’Oxfam Solidarité. Comme d’autres ONGs, le SCI envoie un groupe de volontaires pour soutenir l’évènement.

changement climatique. A la fin de l’activité chaque groupe a essayé de rédiger un petit rapport, sur la situation de son pays fictif. Cette expérience était l’une des meilleures que j’ai vécues pendant cette aventure. Toujours au cours de cette première partie du projet, nous avons eu droit à une demi-journée de promenade dans Bruxelles. Pour plusieurs volontaires, c’était leur première visite de la ville. Nous avons acheté de la glace, visité une cathédrale, la Grand-Place de Bruxelles, nous avons pris des photos devant le Manneken-Pis, et devant d’autres endroits symboliques de Bruxelles. Cette journée nous a permis d'être un groupe plus soudé. Les cinq jours passés dans les locaux d’Oxfam ont été d’une importance capitale pour la suite de notre projet de volontariat, parce que cela nous a permis de faire connaissance, d’être plus proches les un·es des autre et de connaitre le pays de chacun·e d'entre nous.

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Projet de volontariat en Belgique

© Photos : Mamadou Bailo Diallo

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Bienvenue à Saint-Hubert Nous avons quitté Bruxelles le matin du 30 août 2019. Nous sommes arrivé·es à Saint-Hubert vers 10h du matin et avons été accueilli·es par le personnel d’Oxfam qui était déjà sur place. Saint-Hubert est une ville francophone de Belgique située dans la province du Luxembourg. Elle est au cœur de l’Ardenne, une région magnifique en pleine nature. Un souvenir marquant est ma première utilisation des toilettes sèches. Je me souviens avoir demandé les toilettes à un volontaire Oxfam qui m’a indiqué ces toilettes écologiques que je n’avais jamais vues auparavant. J’étais vraiment surpris. L’après-midi nous avons installé les podiums, les engins sonores, déchargé les camions pleins de nourriture pour tout le week-end. C’était plaisant de voir tout le mond apporter sa contribution pour le bon déroulement de l’évènement. Les moments passés à Saint-Hubert sont inoubliables.

Lors du séjour nous avons aussi eu l’occasion d’installer des tentes dehors pour profiter du clair de lune autour du feu et pour partager nos expériences dans nos pays respectifs, parler des cultures, de la situation politique et sociale dans nos pays. Je me souviens d’une soirée durant laquelle une camarade m’a posé une question sur la situation politique en Afrique : elle disait qu’elle voyait souvent à la télévision des tueries par des groupes rebelles et qu’à chaque manifestation on tue des gens. J’ai répondu que c’était vrai dans mon pays, et je lui en ai expliqué les causes. Je lui ai aussi appris que certains pays du continent ne connaissent pas ce genre de problèmes. Elle me disait qu’elle voulait visiter l’Afrique depuis quelque temps mais qu’à cause de l’instabilité politique qui règne dans le continent elle avait peur d’y aller. J’ai pu la rassurer et lui parler des pays où elle peut aller sans craindre quoi que ce soit.

Le premier jour de notre arrivée, Oxfam a mis à notre disposition des vélos pour nos déplacements entre la maison et le lieu de notre travail. Avec ces vélos nous passions notre temps à faire des courses entre nous, à rigoler et à moquer (un peu) le dernier ou la dernière arrivée.

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« Être avec des personnes venant d’un peu partout dans le monde m’a permis de vivre des échanges culturels et d’apprendre sur l’autre, sur chaque nationalité présente. Le fait de partager nos journées et soirées ensemble nous a rapproché·es et soudé·es dans le travail et la convivialité »

Une journée de course bien remplie Le jour du départ de la course, il y avait du monde partout. De nombreuses personnes étaient venues avec leur famille. Il était 10h quand les groupes de marcheurs et marcheuses ont démarré, avec les musiques de la fanfare en fond sonore. Après leur départ, quelques volontaires dont je faisais partie ont eu la tâche de démonter le matériel qui servait de ligne de départ, d’autres rangeaient les tables et les bancs ayant servi pour le petit déjeuner des participants. Aux environs de 14h, je suis allé orienter les personnes venues encourager les coureurs à la ligne d’arrivée. J’ai trouvé cela amusant et je me suis senti utile. Le plus intéressant était de ne pas travailler seul. Avec les autres volontaires nous échangions beaucoup sur le déroulement de l’évènement. Ajouté à l’engouement du public, tout y était pour passer une bonne journée. C’est dans les environs de 16h que les premiers groupes sont arrivés sous les applaudissements. J’ai éprouvé une sensation magnifique. Malgré la fatigue ils étaient si enthousiastes. Vers 16h 30, il était temps pour moi et d’autres volontaires d’aller manger et nous reposer après une journée bien remplie. Le soir, nous nous sommes réunis avec les volontaires SCI et d’autres volontaires venant d’autres ONG pour une petite soirée en plein air. Nous avons dansé, chanté et chaque personne mettait de la musique de son pays pour la faire découvrir aux autres. A 23h nous avions rendez-vous à un autre checkpoint, un peu plus loin de la ligne d’arrivée afin d’aider les marcheurs. Certains d’entre nous faisaient des massages aux marcheurs et marcheuses qui se reposaient quelque temps avant de continuer la route, d’autres distribuaient de l’eau et un autre groupe scannait les équipes participantes. Avec ma femme nous étions au scan et ce rôle nous a permis de côtoyer plusieurs personnes qui faisaient la course. Certaines me demandaient d’où je venais, d’autres nous félicitaient et nous remerciaient de notre travail pour soutenir la course. C’était vraiment réconfortant et motivant pour nous. Vers 5h30 un petit minibus d’Oxfam est venu nous prendre et nous a ramené·es là où nous étions logés, et nous nous sommes reposés afin de reprendre des forces. Après avoir passé 3 jours à Saint-Hubert il était temps pour nous, les volontaires SCI, de rentrer chez nous. Ce qu’il faut retenir c’est que nous avons passé des bons moments ensemble, nous avons appris à nous connaitre, nous avons partagé les expériences vécues, parlé des réalités de nos pays et aussi approfondi nos connaissances du domaine du volontariat. Aujourd’hui, nous sommes toujours en contact grâce à un groupe WhatsApp sur lequel nous échangeons souvent.

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Une expérience qui m’a permis d’apprendre Cette aventure a été pour moi une belle aventure dans le vivreensemble. Ces rencontres avec des personnes si gentilles et joviales représentent une grande chance. Elles m’ont permis d’être plus ouvert, moi qui suis habituellement une personne timide. Etre avec des personnes venant d’un peu partout dans le monde m’a permis de vivre des échanges et des chocs culturels et d’apprendre sur la culture de l’autre, sur chaque nationalité présente. Le fait de partager nos journées et soirées ensemble nous a rapproché·es et soudé·es dans le travail et la convivialité. La convivialité durant toute la semaine était quelque chose de génial et motivant, je me suis senti utile dans ma modeste contribution, dans chacune des tâches qui m’ont été confiées. Cette course en elle-même, qui permet de récolter des fonds pour venir en aide à des personnes qui sont dans des situations de précarité parfois extrêmes, montre à quel point la solidarité est essentielle dans le monde dans lequel nous vivons. Ce projet m’a aussi permis d’apprendre des choses sur l’organisation d’évènements. L’effort fourni par tous les volontaires était de taille, et les efforts d’Oxfam pour rendre notre séjour agréable était aussi irréprochable. Nous avons eu l’occasion de découvrir la ville de Saint-Hubert, une petite ville mais qui regorge de beaux endroits, d’arbres un peu partout, de maisons à l’ancienne, de sites historiques magnifiques. J’ai pu prendre le temps de découvrir la forêt avec d’autres volontaires du projet. Tout cela m’a permis de découvrir le milieu du volontariat, et cela représente vraiment un plus pour moi.

Plus d'infos : www.oxfamtrailwalker.be/fr

Mamadou Bailo Diallo

Volontaire au SCI

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TÉMOIGNAGE

Une période originale pour le meilleur et pour le pire :

MON CES AU SCI Gianluca est volontaire au SCI dans le cadre du Corps Européen de Solidarité. Il reste dans les bureaux du SCI de février à novembre afin de soutenir les activités de mobilisation et les projets de volontariat en Belgique. Après les premiers mois particuliers vécus à cause de la pandémie, il témoigne de ses premières expériences parmi nous.

Une arrivée plus compliquée que prévue

La vie en virtuel

En tant qu’ancien étudiant de langues étrangères qui a bien profité des programmes européens disponibles pendant ses études (un Erasmus en Lituanie en 2015 et un Erasmus + stage en Irlande du Nord en 2018), mon guide intérieur me disait que c’était le moment de vivre une autre expérience au niveau international.

Immédiatement, le fait de travailler à la Maison de la paix me faisait penser que c’était le moment pour bien profiter des résultats de mes efforts et vivre cette expérience pleinement !

Je m’appelle Gianluca, j’ai soufflé 27 bougies en Belgique durant le confinement, et je suis italien. Après mon stage en Irlande du nord dans une ONG qui s’occupe des droits LGBT j’ai envisagé cette direction pour ma vie professionnelle alors que je ne l’avais jamais considérée comme une option. Je voulais être parmi ces gens qui travaillent pour enrichir l’âme du monde en s’occupant des droits humains et du bienêtre de Gaia. Celles et ceux qui ont pour but d’améliorer la vie dans sa globalité et qui, pour cette raison, sont les personnes les plus inspirantes, courageuses et sensibles que j’ai connues. En ayant cette idée en tête, après mon master j’ai cherché une occupation qui pourrait nourrir mes aspirations et peu de temps après j’ai trouvé le Corps Européen de Solidarité (CES). Bizarrement sans trop d’efforts, j’ai découvert un projet qui pouvait aussi répondre à mon désir de vivre dans un pays francophone pour améliorer ma maitrise de la langue ! Le SCI en lui-même représentait une conjugaison de ce que j’avais déjà vécu durant mes études, mais dans un environnement plus large et dédié à plusieurs thématiques différentes. Avant même que je m’en rende compte, je suis arrivé dans une Bruxelles orageuse, plus orageuse encore que mon moi intérieur dans cette phase de changement de ma vie. En tout cas, c’était le début d’une période assez… originale !

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La première rencontre avec l’équipe du SCI fut assez impressionnante parce que j’avais surestimé mon niveau de français. Mais je n’ai pas trop écouté mes craintes et grâce à l’accueil chaleureux de l’équipe du SCI, j’ai trouvé ma place doucement. J’ai aussi bien eu la confirmation que huit ans d’étude de langues ne te rendent pas prêt à vivre parmi des personnes ayant le français comme langue maternelle. Mis de côté l’aspect linguistique - qui nécessitait simplement patience et pratique – j’ai eu une première rencontre avec chacun·e des membres de l’équipe pour l’explication de leurs rôles. Ces explications m’ont permis de comprendre plus concrètement mon rôle dans l’équipe et les tâches qui me concerneraient dans les mois à venir. Durant les premières semaines d’adaptation, j’étais occupé par le placement sur les projets en Belgique. Malheureusement, au moment où je devenais enfin à l’aise pour communiquer avec les branches et sur mes tâches, est arrivé le super virus qui, évidemment, a créé pas mal de changements obligatoires dans le monde SCI. Comme tout ce qui est imprévu, le virus nous a laissé un choc car nous n'étions pas du tout prêt·es à ce changement immédiat de nos vies privées et professionnelles. Toutefois, j’ai été impressionné de voir la réaction de toute l’équipe SCI à ce moment difficile et je n’oublierai pas les appels virtuels où l’on se demandait avant toute chose nos ressentis du jour ; dans ce moment précis, j’ai vu la grande sensibilité de l’équipe et l’importance qu’elle donne au bien-être de ses membres.

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© Photos : SCI

C’est en effet en étant unie que l’équipe du SCI a réussi à s’adapter et adapter ses activités pendant l’année 2020. L’annulation de la majorité des projets Belgique était la partie qui m’a concerné le plus ; il fallait procéder en sachant qu’on ne pouvait garder que quatre ou cinq projets pour l’été. En même temps j’étais aussi occupé par les soirées Agir Collectivement - qui se sont bien évidemment adaptées en virtuel - et les appels hebdomadaires avec le réseau international. Même si l’adaptation à ce contexte ne fut pas sans efforts, je n’ai eu aucune envie d’arrêter mon projet CES, mais plutôt d’essayer d’être un support pour l’équipe SCI, d’autant plus qu’elles étaient presque les seules personnes avec qui j’interagissais à Bruxelles à ce moment-là.

De retour dans la vraie vie : entre nature et pacifisme Heureusement, après ce moment si confus et tendu, le SCI a pu garder des projets super stimulants pour l’été en s’adaptant aux mesures sanitaires. J’ai donc eu la possibilité d’y participer en choisissant celui qui m’intéressait le plus – qui concernait l’environnement et l’écologie. J’ai pris part au projet du GAL (Groupe d’Action Local) pendant le mois d’août et c’était une expérience qui m’a permis de faire des nouvelles amitiés, de me connecter avec la nature après ces mois de confusion, d’effectuer des travaux physiques avec et pour la planète, et de confirmer l’idée que la vraie force de l’être humain est dans la collaboration. Il s’agissait d’un projet itinérant, d’une grosse semaine en Wallonie, pendant lequel on a logé dans un camping éloigné

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« Avant même que je m’en rende compte, je suis arrivé dans une Bruxelles orageuse, plus orageuse encore que mon moi intérieur dans cette phase de changement de ma vie. En tout cas, c’était le début d’une période assez… originale ! »

de la ville et plongé dans le silence de la nature. Durant le projet les trois autres volontaires et moi, nous avons collaboré avec les locaux pour la construction ex novo d’un potager pour une école primaire prés de Walcourt, pour la « remise en forme » estivale d’un vignoble dans le Jardin de l’Abbaye de Brogne et pour la préparation d’un sol où un musicien hippie et souriant est en train de construire une habitation à forme circulaire pour son projet de vie en lien avec la musique et la poésie. J’étais content de découvrir qu’il s’agissait d’un travail physique – activité assez rare dans la société contemporaine – et que je pouvais voir les résultats concrets de notre soutien, le temps d’une journée ou deux. Ce projet était précisément ce que je cherchais tant au niveau pratique qu’au niveau humain. La collaboration étroite avec les locaux, le fait d’avoir un but commun, le respect et l’intérêt mutuels à se connaitre mutuellement, a permis de développer une amitié immédiate. Avoir eu l’occasion de rigoler et connaitre des petites filles qui utiliseront le potager qu’on a construit en trois jours m’a permis de comprendre mieux la passion et l’engagement de l’équipe SCI dans son travail et de la respecter encore plus.

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Projet de volontariat long terme CES en Belgique

Après l’expérience d’un projet manuel, j’ai aussi eu la possibilité de participer à un autre projet lancé cette année en lien avec les 100 ans du SCI et la thématique du pacifisme : « Deviens artiste pour la Paix ». C’était un projet d’une semaine complètement différent du précédent, mais également intéressant. Malheureusement, il n’y avait pas de logement pour ce projet – étant donné qu’il s’est déroulé dans les salles du SCI. Du coup, nous, les sept volontaires, avons profité de la durée du projet et d’un après-midi libre pour nous connaitre au mieux. J’ai trouvé assez stimulant le déroulement du projet en lui-même, qui était vraiment dynamique au niveau des contenus. En commençant avec une introduction historique du SCI, on a pu lier la thématique du pacifisme et nos propres visions personnelles. Au tout début, c’était un projet avec beaucoup de réflexion, de partage de points de vue différents et d’apprentissage de comment pouvoir agir concrètement, grâce à un atelier de l’association Agir Pour la Paix, voisine du SCI dans la Maison de la Paix. Après cette partie, on a pu exprimer nos émotions et idées liées au pacifisme à travers la création d’affiches artistiques en utilisant plusieurs outils (peinture, collage, dessin…) et avec le soutien d’un artiste de profession qui était là pour qu’on puisse nous exprimer au mieux. Cette partie artistique n’était pas une fin en soi ; on a créé un parcours – une marche pacifique dans la ville de Bruxelles – pour montrer nos oeuvres dans la commune d’Ixelles, pour symboliser notre expérience et notre message. J’ai trouvé cette partie finale très utile, pour qu’on sache qu’on peut concrètement agir pour la paix et pas seulement en discuter.

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J’ai bien aimé l’entièreté de ce projet parce que j’ai pu exprimer à travers l’art ma conception du pacifisme et de ce que j’ai appris pendant le projet.

Les derniers mois Finalement, pour répondre à la situation actuelle covid, l’équipe SCI m’a proposé de coordonner un projet en virtuel sur une thématique de mon intérêt ; j’ai trouvé cette idée stimulante parce que j’ai pu créer un study-camp en ligne avec l’équipe et aborder un sujet qui me tient à cœur : la sensibilisation vers les droits LGBTQ+ et ce que veut dire faire partie de cette communauté en 2020. Le résultat de ce projet est que, même en temps de crise on peut s’en sortir avec des nouvelles idées ; j’espère aussi avoir pu apporter des nouvelles nuances à la thématique du genre que l’équipe SCI porte déjà beaucoup. Aujourd’hui, je me trouve presque à la fin de mon projet CES, et ce que j’ai appris pendant ces mois-ci reste dans mon cœur comme une chose essentielle pour me diriger vers ce qui arrivera. Finalement, je vis mes expériences au SCI avec intérêt et gratitude. Je souhaite remercier l’équipe pour m’avoir accueilli et pour m’avoir rappelé un enseignement de ma famille que j’avais mis de côté : quoi qu’il arrive on s’en sortira, ensemble.

Gianluca Volpe

Volontaire CES au SCI

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ALTERNATIVE POSITIVE

Togo LA TONTINE MUTUELLE RÉSISTE TOUJOURS À LA MODERNITÉ Malgré l’essor des institutions bancaires et systèmes financiers décentralisés encore appelés les microfinances ces dernières décennies, l’épargne informelle – ou les « Tontines mutuelles » – continue de prospérer dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Cette forme de mobilisation traditionnelle d’épargne très particulière ne cesse de résister à la modernité et aux nouvelles technologies du contrôle des flux financiers.

Les tontines ont été longtemps considérées comme une simple forme de mobilisation d’épargne qui n’a aucune base formelle ni légale. Et pourtant elles sont une véritable assise sociale où les valeurs de solidarité, d’entraide et d’écoute mutuelle se développent quotidiennement. Cette réalité a longtemps échappé à beaucoup d’institutions financières qui ont calqué leur stratégie d’acquisition du client et sa fidélisation sur le modèle occidental. Au Togo, comme dans de nombreux pays africains en voie de développement, les tontines mutuelles se développent et ont un grand impact sur le développement socio-économique du pays. Dans les villes ou campagnes, les hommes et les femmes s’organisent en de petits ou grands groupes pour épargner de façon informelle en vue d’améliorer leurs conditions de vie. Ils et elles sont nombreux·euses à penser que les institutions bancaires sont réservées à des classes sociales riches et que les procédures d’ouverture d’un compte bancaire sont très contraignantes dans une société où plus de la moitié de la population est analphabète et travaille dans l’informel.

Comment procède la tontine mutuelle ? Au-delà de son aspect informel, la tontine mutuelle a une composante sociale c’est-à-dire qu’elle se fonde sur des relations humaines. Pour faire la tontine, un certain nombre de personnes peuvent décider de se constituer en association sans aucune base légale. Dans la plupart des cas, les membres de l’association se connaissent et vivent presque tous et toutes dans le même milieu. Elles et ils ont l’habitude de se côtoyer

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régulièrement et entretiennent même certains liens entre eux : familles, amitiés, même milieu professionnel, même village… L’effectif des membres est souvent de six à douze personnes. Elles fixent elles-mêmes leur règlement intérieur et désignent leurs responsables. Les membres se réunissent mensuellement et chacun·e verse sa cotisation ou son épargne à une date choisie ensemble. Ensuite, la cotisation mensuelle des membres est remise à un·e membre dont c’est le tour de « ramasser » l’épargne des autres y compris la sienne. Ce procédé continue jusqu’au tour du dernier membre. Et c’est la clôture périodique de la tontine. Une nouvelle tontine peut ainsi commencer. A quoi servent les fonds ramassés par les membres ? Selon les témoignages de plusieurs personnes qui cotisent dans les tontines mutuelles, les fonds permettent d’investir davantage dans leurs activités génératrices de revenus. D’autres préfèrent l’acquisition de biens d’équipements (meubles de salon, appareils électroménagers) ou l’organisation de cérémonies (baptêmes, mariages ou décès). Il est important de noter que les tontines mutuelles ont donné une nouvelle forme de pouvoir à l’autonomisation économique des femmes africaines. Cet outil informel d’épargne leur a permis de gagner en indépendance financière face à leurs époux, de développer leurs propres activités économiques et d’investir davantage dans l’éducation de leurs enfants. Ce qui rend spécifique la tontine mutuelle par rapport aux autres systèmes financiers, c’est sa flexibilité et les relations fraternelles que développent les membres entre eux. Lors des rencontres, les membres s’informent des difficultés de

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Un modèle d’épargne solidaire

© Photos : Nasser Ouro-Kefia

© Cavie.org

chacun·e, se donnent des conseils mutuellement, s’échangent leurs expériences. Tous et toutes se soutiennent lorsqu’un événement malheureux ou heureux affecte l’un·e des membres. La tontine mutuelle ne perdure que si elle s’appuie sur la cohésion et la solidarité entre ses membres. Les tontines mutuelles ne sont pas exemptes de difficultés. Il peut arriver qu’un·e des membres soit dans l’incapacité d’épargner pour les autres après avoir ramassé sa part. Mais les responsables parviennent toujours à trouver une solution à l’amiable pour

la cohésion du groupe et pour la continuité des activités. On constate que les tontines mutuelles permettent la circulation rapide des fonds entre les membres et la réalisation de leurs projet personnels dans un délai court et à peu de frais.

ALTERNATIVE POSITIVE

Alid ADOM

Permanent chez ASTOVOT, Togo

Belgique

REPENSER SA PLACE DANS LE MONDE Parce que le contexte d'effondrements et de crises en tout genre nous crie de changer de regard, le collectif « Terrestres » - profondément inspiré par l’ouvrage « Où atterrir ? » du sociologue Bruno Latour - propose divers « cheminements » par lesquels s’approprier une démarche écologique particulière : celle de repenser sa place dans le monde en partant de soi et de son environnement le plus direct.

Pourquoi Terrestres ? Et bien parce que nous vivons sur Terre et que le temps nous semble venu de réapprendre, ensemble, à prendre soin de nous et de tous les êtres vivants dont nous dépendons.

Plus d’infos : https://colibris-wiki.org/terrestres

Infos Livre

OÙ ATTERRIR ? Voir p. 26

Comment ? Via un enchainement d’animations, de méditations et d’échanges co-inventé et expérimenté par ses membres (animateurs·trices, formateurs·trices et facilitateurs·trices), Terrestres invite à prendre conscience de ses dépendances (proches et éloignées) et d’en faire l’inventaire afin de repenser son mode de vie en y intégrant les non-humains dont il dépend (vache par vache et ruisseau par ruisseau). Et ce, afin d’inventer ou de rejoindre les réseaux par lesquels construire collectivement de nouveaux modes de vie articulant de manière plus cohérente et harmonieuse nos valeurs et nos besoins.

Michaël Damman et Quentin Libouton

Membres du collectif Terrestres

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ALTERNATIVE POSITIVE

WELCOME TO MY GARDEN : Une autre façon de voyager en Belgique Infos : https://welcometomygarden.org

En juin dernier, en pleine crise COVID, un Bruxellois, Dries Van Ransbeeck, crée « Welcome to my garden », une plateforme en ligne permettant à des personnes de voyager en Belgique tout en évitant les campings bondés. Welcome to my garden, c’est un réseau de citoyen·ne·s offrant leur jardin comme espace de bivouac gratuit, pour des voyageurs et voyageuses adeptes du slow travel c’est-à-dire se déplaçant à pied, en vélo, ou en transport en commun.

Au même moment, au sein de notre Habitat Groupé, « le Hameau de la ferme du Terril », on se questionnait sur la mise à disposition de notre terrain, notamment suite à la demande d’un groupe de scouts en difficulté pour trouver un lieu pour réaliser leur camp, alors que les jeunes en avaient tellement besoin après ces longs mois de confinement. Notre habitat groupé se situe entre Namur et Charleroi, sur le site d’un ancien charbonnage datant de la fin du 19e siècle, occupé ensuite par un agriculteur, jusqu’à l’achat du lieu par les habitants du Hameau en 2014. Nous nous sommes constitués en Fondation et si nous possédons nos maisons individuelles, la Fondation, elle, possède toutes les parties collectives ainsi qu’un terrain de 5 hectares, comprenant un ancien terril assaini et reboisé, un grand verger, un potager, un champ accueillant des moutons, des abeilles, des poules et toutes sortes de hangars. Notre projet, au-delà des aspects constructifs en lien avec l’éco rénovation et le développement durable, a une vocation sociale de tissage de liens et de création d’espaces de rencontre et de solidarité. Quand Gauthier, un des habitants, nous a proposé cette initiative, on a tout de suite foncé !

Cet emballement qu’on a vu cet été, de personnes qui, faute de pouvoir voyager loin, avaient envie de découvrir la Belgique, nous semblait important à soutenir. Donner à des personnes vivant parfois en ville, cloîtrées chez elles depuis des mois, l’opportunité de venir se poser gratuitement à la campagne, dans notre jardin, allait de soi. Permettre aux personnes par ce biais, de découvrir un habitat groupé, une autre forme de vivre ensemble, était aussi une chouette opportunité. Nous avions le choix sur le site d’indiquer des dates de disponibilité, un nombre de tentes maximum par jour, une durée de séjour maximale… De quoi rendre les choses confortables et assez simples pour nous. Il y a, sur le site de Welcome to my garden, 1.800 lieux de séjour à découvrir sur tout le territoire belge ! Une autre manière de voyager, de partir à la rencontre de l’autre, de découvrir d’autres lieux et cela de manière respectueuse de l’environnement. Nous avons reçu des familles, des personnes seules, des bandes d’amis. Nous avons parfois pris du temps, parfois secouru face à une intempérie, parfois laissé les gens entre eux. Pas de pression, juste une mise à disposition et du partage si on le souhaite… Aujourd’hui, Welcome to my garden, c’est 10.000 utilisateurs belges mais aussi de potentiels nouveaux jardins d’accueil dans les pays limitrophes. Une chose est certaine, nous continuerons à mettre notre jardin à disposition, en espérant que cette manière de voyager restera attractive même si les frontières se rouvrent…

Marjorie Kupper

Permanente au SCI


INFORMEZ-VOUS …

LA BIBLIOTHÈQUE DU SCI S ACTTÉRUAIRES

s'invite chez vous !

LIT

Nos lectures à lire et à louer absolument…

Où atterrir ? de Bruno Latour (La Découverte, 2017) « Comment s’orienter en politique » ? Bruno Latour cherche à apporter une réponse à cette question pour donner de nouvelles opportunités de compréhension du monde. L'hypothèse est qu'on ne comprend rien aux positions politiques depuis cinquante ans, si l'on ne donne pas une place centrale à la question du climat et à sa dénégation. Sommesnous arrivé·es à la conclusion qu’il n’y a plus rien à faire pour le monde et surtout pour l’humain ? Pour contrer une telle pensée politique, il va falloir atterrir quelque part. D'où l'importance de savoir comment s'orienter. Ce livre propose de redéfinir les enjeux et notre rapport affectif à ceux-ci.

Les Insurgés de l’ombre de Janine Decant (Edition Samsa, 2020) Janine Decant est une ancienne volontaire du SCI. Selon ses propres mots, son livre « Les Insurgés de l'ombre » fait revivre des résistants de la région Ardennes-Rochefort qui, il y a 75 ans, tentaient de retrouver leur liberté, mais désiraient aussi un changement profond de la société, déjà dominée par le capitalisme des grands groupes industriels et bancaires, pour permettre une plus grande égalité et moins de pauvreté. Mais, la guerre finie, la société s’est reconstruite à l’identique, et a donné à la population l’illusion d’une existence d’abondance et de confort, basée sur l’individualisme à outrance et l’exploitation sans frein de notre planète. Alors aujourd’hui qu’une nouvelle « crise » s’abat sur le monde et les populations, toujours avides et ivres de liberté et de démocratie, saurons-nous construire une société différente, pour sauver la planète et la condition humaine ?

Manuel de l'antitourisme de Rodolphe Cristin (Ecosociété éditions, 2008) Le tourisme était la première industrie mondiale encore il y a peu. Mais avec quel coût social et environnemental ? Et pour quel public ? Etes-vous déjà revenu·e de quelque part mal à l’aise, en vous disant que les lieux tant désirés se vident de leur essence, de leur particularité pour être accessibles et plaisants pour le grand nombre ? Avez-vous été frustré·e d’avoir essayé de ne pas suivre des chemins tout tracés sans y parvenir ? Rodolphe Cristin analyse les impacts du tourisme de masse et nous guide vers une manière différente d’appréhender le voyage ; celle où le chemin est plus important que la destination.

Plus d'infos sur la bibliothèque et son fonctionnement ? Envie de louer un livre ? Contactez par mail Sergio : sergio@scibelgium.be

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AGIR ICI : la mobilisation citoyenne au

Volontariat d'1 jour

Rejoignez-nous

Réseau Animation

Soirées Agir collectivement

EN TANT QUE CITOYENS & CITOYENNES DU MONDE, PARTICIPEZ À SA TRANSFORMATION PRÈS DE CHEZ VOUS… En adhérant à l’un de nos groupes d’action ou collectifs, en participant à une journée ou weekend de volontariat pour soutenir un projet local, en vous engageant dans des luttes collectives avec d’autres mouvements sociaux ou en rejoignant le réseau Animation du SCI. Bienvenu·es dans les différents espaces de mobilisation du SCI !

LES COLLECTIFS & SOIRÉES « AGIR COLLECTIVEMENT » :

GROUPES D’ACTION ALTER’ANIM

Toutes les 3-4 semaines, dans nos bureaux à Bruxelles ou sur zoom Pour s’informer et échanger sur les enjeux de la société d’aujourd’hui : justice climatique, justice migratoire, égalité de genres… Pour s’outiller à l’action collective, rencontrer des acteurs et actrices du terrain… Et pour préparer ensemble des actions !

Une fois par mois, à Bruxelles, Liège et La Louvière Se former en animation, découvrir les outils pédagogiques du SCI et rejoindre le réseau Animation du SCI pour sensibiliser dans le milieu scolaire et associatif. Plus d'infos : clementine@scibelgium.be

Plus d'infos : camille@scibelgium.be

LE SCI SOUTIENT

VOLONTARIAT D’ UN JOUR

Le SCI s’inscrit dans des mouvements citoyens afin de contribuer à un changement sociétal profond avec ses volontaires et soutient des luttes en accord avec ses valeurs et objectifs (pacifisme, droits des femmes et égalité des genres, justice migratoire, luttes paysannes, justice climatique…) :

Le temps d’une journée ou d’un weekend, en Belgique Donner un coup de main à une association ou initiative en Belgique, découvrir son travail et sa mission… Nous organisons des volontariats d’un jour régulièrement toute l’année à l’écocentre Oasis de Mons, au Champ du Chaudron d’Anderlecht, dans les centres d’accueil de Florennes, Rixensart et Natoye, au Groupe d’Action Locale de l’Entre Sambre et Meuse, à la Ferme du Hayon… Et bien d’autres !

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Coalition Climat No nukes.be Coordination sans papiers Luttes paysannes Manifestival Steenrock Grève des femmes et Collecti·e·f 8 maars

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SCI-Projets Internationaux

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Mobilisation citoyenne pour le climat