Voyage à travers mes livres : lectures pour tous.

Page 144

126

ROBERT BAGE.

la société ; leur droit à l'exercice de ces soins maternels qui sont notre éducation première; l'empire salutaire qu'elles exercent avec douceur pour réprimer les passions de l'homme; ce pouvoir qu'elles ont de protéger n o t r e jeune âge, et de rendre moins triste noire vieillesse, toutes choses dépendent tellement de la pureté de l e u r s mœurs et du charme que la chasteté répand autour d'elles, que laisser percer un doute sur le prix de l e u r vertu, c'est enlever la pierre angulaire sur laquelle repose la société civile avec tous ses avantages et toutes ses c o n ­ solations. On conçoit facilement que miss Ross, dans les Dunes de Barham, soit victime des artifices d'un séduc­ teur dans des circonstances faites pour exciter la c o m ­ passion, cl nous ne poussons pas le scrupule jusqu'à dire qu'elle ne peut plus reparaître dans la société, lorsque sa conduite subséquente a pu faire oublier son erreur. Mais elle devrait s'y présenter dans l'attitude du repentir, et non comme une personne qui réclame un droit à une place dont elle n'est jamais déchue. Son déshonneur n e peut pas être aux yeux d'un mari une tache assez, com­ mune pour en faire le sujet d'une excellente plaisanterie dans une lettre à son ami. Elle doit penser à ses erreurs, non pas seulement avec repentir, mais encore avec une véritable humiliation. Les lois de la société l'exigent de celle même qui a été trompée et que l'on est porté à plaindre; il ne pourrait y avoir d'autres concessions là-dessus sans ouvrir la porte à la licence. A celte absence de prin­ cipes se joignent souvent des expressions peu délicates, faute essentielle contre le goût, mais qui est à nos yeux moins condamnable que le reproche que l'on peut faire aux romans de Bage de tendre a relâcher les principes


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.