La femme dans les colonies françaises : études sur les moeurs au point de vue myologique et social

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LA FEMME

Sacrements le jour précédent, ce qui fit que je priai le religieux qui étoit avec moi de me laisser en repos, et de dire aux médecins de laisser agir la nature et qu'étant entre les mains de Dieu j'attendrois avec une entière résignation ce qui m'arriveroit. J'avois cependant une espérance certaine, et comme une assurance morale, que cette maladie n'auroit point de fâcheuses suites, je le dis à mon confrère, que je voyois tout consterné; il se rassura un peu, et me laissa en repos. Je dormis près de vingt heures sans m'éveiller, et pendant ce tems-là j'eus une crise ou sueur si abondante qu'elle perça plusieurs matelas les uns après les autres. Je me reveillai enfin fort surpris de me trouver dans un autre lit, et d'en avoir deux dans la chambre où il n'y en avoit qu'un quand je m'étois endormi. Je demandai d'abord à manger. On voulut me porter dans l'autre lit, comme on me dit qu'on avoit fait plusieurs fois pendant mon sommeil ; mais j'assurai que je me sentois assez de force pour y aller. En effet, je me levai, on me changea de linge, et je me couchai dans l'autre lit, me trouvant sans autre incommodité qu'une faim canine qui me dévoroit. On m'apporta un bouillon que j'avalai comme si ç'eût été une goutte d'eau ; mais il fallut pour avoir la paix me donner du pain et de la viande sans quoi je voulois me lever pour en aller chercher. Je m'endormis après que j'eus mangé, et ne me reveillai que six ou sept heures après, avec la même faim, sans la moindre apparence de fièvre, n'y de mal de tête. Il ne me restoit de ma maladie que les marques du pourpre qui m'avoient rendu le corps marqué comme celui d'un tigre. » LE CAMBODGE ET LES CAMBODGIENS. — Le Cambodge (I) est arrosé par le Mé-Kong. Ses plaines sont fertiles, couvertes par intervalles d'immenses forêts produisant la laque et la gomme-gutte, le bois de tek et le bois de sandal à l'odeur si délicate. Il renferme encore quelques mines d'or, de métal

(i) Le traité qui lie le Cambodge au gouvernement français date de 1863, lequel traité fut réformé le 17 juin 1884 et approuvé par le Parlement le 17 juillet 1885. L'art. VIII du dernier traité proclame l'abolition de l'esclavage. Le roi est soumis pour tous ses actes au contrôle du gouvernement français.


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