Un Déporté pour la foi : quatre lettres du sieur Serres de Montpellier

Page 102

— 80 —

étant toute mouillée des eaux de notre naufrage, et toute déchirée des clous qui m'y avaient si fort incommodé, je la dépouillai, et je priai la femme d'un de ces nègres qui venait de nous délivrer, d'avoir la bonté de l'accommoder et la faire sécher, ce qu'elle m'accorda volontiers. Je me mis aussitôt après sur une chaise, où je passai la nuit, n'ayant qu'un bonnet sur tout mon corps. Le lendemain, les autres prisonniers qui avaient été délivrés, et qui se trouvaient dans la maison où j'étais, pensant avec moi aux dangers que nous venions de passer et aux merveilles de notre délivrance, nous suspendîmes tous ensemble, pour un temps, le sentiment de nos douleurs et de nos nécessités, pour nous entretenir de ceux qui avaient péri dans le naufrage, et de ceux qui en étaient sortis. Nous trouvâmes parmi ceux qui s'étaient noyés, quinze hommes de nos prisonniers. Voici leurs noms : M. Daudé, de la ville d'Alais, qui était un des


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.