La lèpre et ses modes de propagation à la Guyane française.

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— 30 — toute cette période de son existence, un bourg où la Lèpre est assez répandue. En 1878, il a commencé à sentir ses forces diminuer avec son appétit, le travail au soleil lui était particulièrement pénible. Des accès de fièvre quotidiens l'ont obligé à cesser alors ses services sur un placer où il était engagé pour 6 mois comme ouvrier laveur d'or. Pendant une année l'état fébrile a persisté, puis la fièvre a été remplacée par des névralgies faciales nocturnes s'accompagnant d'une sensation de brulûre. La même sensation de brulûre s'est manifestée au niveau des avant-bras, des jambes et des pieds. Il ne se rappelle pas avoir présenté de taches rouges ni de plaques insensibles. Dès 1880, il a remarqué que ses mains, ses pieds et la région malléolaire devenaient le siège d'un gonflement douloureux et d'ulcères peu étendus qui se fermaient, sous la seule influence de soins de propreté et du repos, pour reparaître bientôt sur les parties voisines. Enfin un exanthème tuberculeux a envahi les oreilles, la face et les doigts. A cette manifestation seulement il a reconnu la nature de son affection et a fait alors une demande d'admission à la léproserie. Nous recevons ce malade à l'Acarouany le 13 octobre 1883. C'est un homme d'apparence robuste bien qu'amaigri par les souffrances qu'il endure depuis quatre ans. Les ravages de la maladie se sont surtout exercés sur la face, les mains et les pieds. La peau du front est épaissie; le nez, les lèvres supérieure et inférieure au niveau de l'union de la peau avec la muqueuse, les deux oreilles, sont envahis par des tubercules serrés de la grosseur d'un pois chiche entre lesquels il existe parfois des fissures peu profondes, saignantes. La sensibilité est entièrement éteinte au niveau des tubercules, très obtuse dans la zone avoisinante. Des indurations, limitées dans l'épaisseur des joues, sont perceptibles à la palpation et font éprouver la sensation de petites tumeurs étalées dans la profondeur du derme auquel elles adhèrent, quelques-unes appartiennent à la muqueuse buccale ; leur dimension varie d'une pièce de 50 centimes à une pièce de 2 francs. La muqueuse du nez est le siège de tubercules et d'ulcérations qui déterminent parfois des épistaxis légères. Les mains, surtout au niveau des doigts, sontgonflées et des tubercules disséminés sur la face dorsale des phalanges ; le gonflement rend tout travail manuel impossible, car, au moindre effort pour serrer un objet, des fissures s'ouvrent qui dégénèrent en ulcérations ; quelques cicatrices, faciles à constater par l'absence de pigment sur leur trace, indiquent qu'il s'en est produit maintes fois. L'aspect des membres infé-


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