SUR LA COLONIE DE S. DOMINGUE. 131
Magiftrats qui ne doivent écouter que la Loi dont ils font en même-tems les organes , les dépofit a i r e s , & qui fe conduifent par des regles qui ne f o n t formidables qu'aux fripons , aux calomnia t e u r s : s'ils ne veulent pas , a dit Montefquieu, laiffer les Loix entr'eux & l'accufé , c'eft une p r e u v e qu'ils ont fujet de les craindre , & la moind r e peine qu'ils méritent, c'eft de n'être pas crus. Jamais un feul homme ne doit avoir, en quel q u e matiere que ce foit, le pouvoir de juger feul & de faire exécuter fon jugement fans délai ; il eft trop facile à féduire , fujet à trop de préoc cupations d'intérêts & de paffions , qui ne peu v e n t animer auffi facilement plusieurs Juges à la fois. Les dettes de la Colonie envers la Métropole, f o n t , dans l'état préfent, le prétexte que les Commandans & les Officiers Majors croyent le plus favorable pour augmenter leur pouvoir ; mais l'intérêt du commerce exige qu'elles foient toujours payées infenfiblement & à mefure qu'il s'en forme d e nouvelles, afin que les fortunes des Négocians & celles des Cultivateurs , foient toujours liées l e s unes aux autres ; & fi les Commandans fous prétexte de prêter main-forte à l'exécution des Jugemens , continuaient à s'ingérer de l'accompliffement des obligations, fi le paiement des dettes dépendait de leur volonté, les débiteurs fe raient fouvent forcés de manquer à des engage-
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