Souvenirs d'un amiral. T. 2

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SOUVENIRS

peuple,

semblent

D'UN

rendre

AMIRAL.

involontairement

à sa

b o n n e organisation et à sa discipline. Je n'en t r o u verais pas m o i n s peu prudent et peu généreux de notre part d'exposer nos escadres à des luttes t o u jours

inégales.

Les

meilleures

armées

s'usent

promptement à ce terrible j e u , et leur m o r a l n'y résiste pas longtemps. Sans d o u t e , quand l'organisation militaire des deux flottes a la m ê m e valeur, on peut quelquefois compenser l'infériorité n u m é rique par la vitesse. La marine qui ne peut avoir l'espoir d'être la plus n o m b r e u s e , doit au moins chercher à être la plus rapide. C'est le premier but qu'elle doit se proposer ; mais par quel artifice peutelle se flatter de l'atteindre ? Les arsenaux, au temps où nous vivons, n'ont plus guère de secrets. Nos plus

ingénieuses découvertes

nous donneront

à

peine sur l'ennemi l'avance de quelques j o u r s . La supériorité de vitesse est d'ailleurs un avantage infiniment plus précaire p o u r une escadre que pour un croiseur isolé. Rassemblez huit ou dix vaisseaux rapides : s'il en est un seul dont la machine s'arr ê t e , voilà l'escadre entière obligée de le sacrifier ou de l'attendre. C'est p o u r avoir v o u l u protéger le vaisseau le Zélé,

dématé pendant la nuit par un

a b o r d a g e , que le comte de Grasse fut conduit à livrer m a l g r é lui le c o m b a t de la D o m i n i q u e . Nous ne pouvons donc sans danger mettre notre confiance dans un avantage que la m o i n d r e avarie peut nous


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