Souvenirs d'un amiral. T. 1

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SOUVENIRS D ' U N AMIRAL.

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que suivent les navires q u i , de San-Luis de M a ranhao, se rendent aux embouchures du Para et du fleuve des Amazones. Il ne me fallut qu'une semaine de bon vent pour franchir les deux cent cinquante lieues qui me séparaient de cette partie de la côte d'Amérique. Le 13 février, je m'emparai d'une goëlette portugaise chargée de coton et de r i z , que j'expédiai aussitôt pour Cayenne, sous le commandement d'un second chef de timonerie. J'eus soin que nos prisonniers fussent bien traités, et j'appris d'eux,. grâce à ces m é n a g e m e n t s , qu'un grand trois-mâts portugais a r m é de vingt-quatre canons de 8, et destiné aussi pour le Para, avait dû sortir de San-Luis peu de jours après la goëlette. Confiant dans son artillerie, ce bâtiment, dont la cargaison était d'une grande valeur, naviguait sans escorte. Nos prisonniers ne m'avaient pas t r o m p é . Après deux jours d'attente, les vigies signalèrent l'apparition d'un magnifique trois-mâts qui cinglait sous toutes voiles vers l'entrée du Para. J'avais déguisé le Milan de façon à l u i donner toute l'apparence d'un navire de commerce; je n'en mis pas moins le cap au large, pour ne pas effaroucher trop tôt une si belle proie, et je pris soin de gouverner de manière à ne laisser voir à l'ennemi que notre poupe, sans l u i montrer nos sabords et notre artillerie. Le trois-mâts donna complètement dans le piége. Aussitôt qu'il nous eut dépassés, je revirai de bord et je courus sur l u i . Au


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