Souvenirs d'un amiral. T. 1

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SOUVENIRS D ' U N A M I R A L .

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isolés. Nous résolûmes donc de demeurer à terre jusqu'au moment où nous serions tous réunis. I l était alors environ quatre heures du soir. L ' a m i r a l , qui ne passait jamais un seul jour sans aller rendre visite à son ami, venait d'arriver à bord de la Durance, mouillée beaucoup plus près de terre que la Truite. Tout à coup des cris douloureux se font entendre du côté où le récif forme une chaussée à fleur d'eau entre Tonga-Tabou et PanghaïModou. Nous nous précipitons en désordre vers la plage. Là nous reconnaissons d'où viennent les cris qui nous ont émus. Un voleur a été poursuivi par quelques-uns de nos marins laissés à la garde des canots. Arrivé sur la lisière du bois, ce voleur a trouvé de nombreux auxiliaires. Nos hommes se voient à leur tour contraints, de prendre la fuite. Un d'eux vient d'avoir la tête fendue d'un coup de massue. Les sauvages se pressent autour de l u i pour le dépouiller. Nous volons à son secours; mais, venus sans méfiance à terre, nous étions sans armes. L'aumônier seul de la Durance avait un fusil chargé avec de la cendrée. Répugnant à se servir de cette arme, m ê m e pour sa défense personnelle, i l l'avait remise à l'un de nos officiers. Nous tous nous n'avions que des bâtons. La partie était donc bien loin d'être égale entre nous et nos adversaires. Bientôt un des nôtres eut la mâchoire fracassée, un autre l'épaule traversée d'une javeline. De nouveaux asI

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