D'UN NATURALISTE. 195 de ces favoris de l'amour, et quel empire ils ont sur leurs maîtresses. On voit sur les grandes routes , les jours de marché, les nègres des habitations, portant à la ville le fruit de leur industrie , comme chapeaux, couïs et calebasses sculptées ; d'autres des volailles , ceux-ci des vivres de terre, ou des fruits; les pêcheurs, du poisson salé; enfin les chasseurs, du gibier de diverses espèces, comme canards s a u v a g e s , s a r celles, gingeons, pintades marronnes, ramiers, tourterelles , etc. , suivant la saison ; et qui le diroit ? leurs femmes , ou leurs matelotes ( rivales ) supportent à pied la c h a leur du climat, portant sur leur tête les plus lourds fardeaux , tandis que le jeune nègre, leur amant c o m m u n , se carre seul sur un mulet qui souvent n'est ni sellé ni bridé. Elles cherchent, par ces précautions, à le conserver toujours frais et dispos, et à lui éviter des fatigues dont leur sexe privilégié peut braver les inconvéniens. La passion de la danse est tellement impérieuse chez les nègres créolisés, qu'ils s'y livrent à l'excès, et ne quittent leur indécent calenda qu'épuisés de fatigue et d'amour par la lubricité de leurs mouvemens, et le développement impudique de cette ivresse effrénée qui agace impérieusement leurs sensations. Chaque nation y dépeint N 2