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VOYAGES
de soumission envers les lois du pays, et égorgé à l'instant. Les nègres d'Ufé n'adressent point leurs hom mages à des simulacres faits par la main des hommes; ils choisissent, pour exciter leur com ponction, les preuves matérielles de l'anéan tissement humain , preuves incontestables de l'existence d'un Être suprême qu'on croiroit bien loin de la pensée de ces idolâtres, mais qui paroît pourtant en être rapproché par leurs coutumes philosophiques, servant d'argument irrésistible en faveur de ces peuples, d'ailleurs bons et hospitaliers. Dans un lieu sombre et sauvage, au milieu d'une nature primitive , dans des crevasses souterraines de rochers escarpés, au centre d'un imposant ombrage, cette peuplade pénètre en silence, la tête baissée, et d'un pas grave et respectueux. Aucune fétiche ne se présente à leurs yeux, ils n'ont point de prêtres, puisqu'ils n'ont point de mystères. Le vaste et ténébreux édifice consacré à exciter leur componction, à émouvoir leurs facultés intellectuelles, à pro voquer un retour au bien dans les cœurs criminels; cet édifice, dis-je, est tapissé d'ossemens humains que la mort a réunis depuis des siècles. C'est là que pensant à la fragilité de leur existence , au sort prochain qui les attend, ils