Journal de la Marine, des colonies, des ports et des voyages

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permet de l'accorder successivement à autant de prétendans q u ' i l s'en présente , et le père prolonge autant q u ' i l le peut ce genre de trafic, car i l reçoit alors chaque fois u n b u f f l e , au lieu d'être obligé de l'offrir. L a polygamie est d ' i n s t i t u t i o n presque d i v i n e chez les O r i e n t a u x ; ils ont autant de compagnes qu'ils peuvent en n o u r r i r : chez les T u d a s , au c o n t r a i r e , c'est la p o l y a n d r i e q u i règne dans son extension la plus absolue : non seulement les femmes y ont plusieurs m a r i s , mais, avec le consentement de ces derniers q u i le refusent r a r e m e n t , elles ont autant de marissuppléans q u ' i l leur plaît d'en a v o i r ; de son c ô t é , le suppléant autorisé peut aussi partager ses h o m m a g e s ; c'est une f o n c t i o n q u i admet le c u m u l sans que la paix des ménages en soit jamais troublée. P o u r m a r i s , les femmes choisissent o r d i n a i r e m e n t les fils d'un même père ; elles les p r e n nent soit successivement , soit ensemble ; mais l'aîné d'entre eux, celui d u moins q u i les épousa le p r e m i e r garde exclusivement l'autorité paternelle sur tous les enfans des amans divers. Certes , voilà un pays que nos maris égoïstes et j a l o u x devraient aller visiter p o u r y t r o u v e r des sujets de c o n solation o u de tolérance. Telles étaient presqu'aussi sous ce rapport les mœurs des habitans des archipels de la m e r P a c i f i q u e , de ceux d ' O t a i t i , des Marquises, à l'époque où ils furent visités, par M e n d o z e , Cook et B o u g a i n v i l l e . Sans prétendre que les femmes y aient laissé prescrire ce vieil usage n a t i o n a l , et se contentent a u j o u r d ' h u i d'un mari o u d ' u n a m a n t , i l faut p o u r t a n t conven i r que ces mœurs indigènes ont été u n peu corrigées par la civilisation anglaise. A. M .

MELANGES. SUR L E P R O J E T D E LOI R E L A T I F A U X COLONIES. 13 avril.

L a création de conseils coloniaux q u i n ' a u r o n t guère d'autres a t t r i b u tions que celles de nos conseils généraux de département, ne nous semble p o i n t remplacer p o u r les colonies le piivilége que nos départemens ont d'envoyer des représentans à la chambre desdépulés de F r a n c e . N o s colonies sont françaises; leurs habitans sont reconnus citoyens français. L e u r exclusion d'une assemblée q u i votera p o u r eux o u contre eux des lois auxquelles ils devront se soumettre, nous parait contraire à tout esprit de justice et d'égalité p o l i t i q u e s . L e d r o i t d'élire et d'être élu à ces conseils coloniaux , sous la c o n d i t i o n de p a y e r u n cens q u i exclut presque tous les hommes de c o u l e u r des c o l léges électoraux est un d r o i t i l l u s o i r e ; Car le cens est attaché à la propriété t e r r i t o r i a l e , et cette propriété est aux mains des blancs. Dans les divers écrits que les mandataires des hommes de couleur ont publiés sur cette question, ils demandent l'abaissement d u cens à 100 f r . o u à 150 f r . N o u s désirerions cette juste concession ; mais d u m o i n s , puisque la Charte reconnaît que les blancs comme les hommes de couleur libres sont également citoyens , i l ne faudrait pas établir p o u r eux u n régime e x c e p t i o n n e l . L o r s q u e nos électeurs ne payent que 200 fr. de c o n t r i b u t i o n , i l y a injustice à eu exiger 300 à l a , Guadeloupe et à la M a r t i n i que ; lorsqu'il nous suffit d'un cens de 300 f r . et d'être âgés de trente


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