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UN C R I M E
JUDICIAIRE
favorise ou affaiblit un parti. Mais son action est encore bien peu de chose au regard de ce qu'il est possible à la justice de faire quand elle se trouve en des mains débiles, pusillanimes et surtout malhonnêtes. Si l'on considère l'affaire Légitimus, qu'y voit-on? Un gouverneur, M . Ballot, résister très courageusement aux sollicitations dont il est l'objet de la part des adversaires du député noir : il est vite sacrifié aux rancunes de ceux qu'il se refuse ainsi à servir ; à ses côtés, un procureur général qui, malgré les conseils du chef de la colonie, violentant la conscience et l'opin i o n des magistrats placés sous ses ordres, met en marche la machine judiciaire contre les hommes dont il a mission de ruiner le prestige et qu'il doit frapper dans leur honneur et dans leur liberté. Et il y réussit. Malheur au citoyen qui, dans nos vieilles colonies, a contre lui la magistrature. Si respectable que soit sa personne, si bonne que puisse être sa cause, si habilement qu'elle se voit défendue, il se trouvera brisé! Et voilà pourquoi, plus que tous autres, les fonctionnaires de l'ordre judicaire colonial de vraient être, non seulement convenablement re crutés, mais très soigneusement suivis. Or — et c'est fort pénible à avouer — le Département duquel ils relèvent n'a jamais su défendre les justiciables de nos colonies lointaines contre la