La politique coloniale de la France : le Ministère des colonies depuis Richelieu

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PERMANENCE

DU

POUVOIR

ET

SERVICE

PUBLIC

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tres, il y a des motifs bien plus puissants encore de conserver ceux qui les ont secondés. Le maintien transitoire de ces derniers est nécessaire, il le semble du moins. Rien ne l'impose pourtant, car tout est affaire de personnes, et si, dans la pratique, on ne remplace pas les hommes, jusqu'à la fin du XVIII siècle, c'est que les circonstances s'y prêtent. Le plus souvent dans ce cas, on n'a pas quelque c r é a t u r e à caser, quelque promesse à tenir, ou bien, dans un sentiment louable, on ne veut pas qu'il y ait dans les affaires une coupure trop b r u s q u e , un abandon inexplicable et qui peut ne pas être sans conséquence. Après avoir reçu la direction du b u r e a u des Colonies sous Louis X I V , Fontanieu l'exerce ainsi pendant toute la durée de la Régence et ne la quitte qu'au jour de sa mort en 1725. Lorsque Louis XVI prend le pouvoir, les affaires coloniales sont confiées, près du gouvernement de la France, à de La Coste et de La Rivière. Nul ne songe à remplacer ces deux commis, dont les services ont peu d'éclat, mais n'offusquent personne et qui sont après tout des hommes d'expérience. Tout le monde n'est pas aussi sévère que le fut M Roland . e

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On voit que, sous le régime monarchique, tel que l'ancienne France le concevait, la permanence de la dynastie, et elle seule, à l'origine impliquait la permanence de l'autorité, en dépit de toutes les vicissitudes de la vie, et môme de la mort. Aussi les Français se réjouissaient-ils de la naissance d'un Dauphin comme s'il s'agissait d'une fête de famille. Ils aimaient à penser, dans un pays où la loi salique — plus j u s t e m e n t peut-être l'interprétation qu'on en donnait — excluait les filles, que l'héritier du trône avait des frères, prêts à recueillir de lui le flambeau, s'il venait à tomber de ses mains défaillantes. Il leur était agréable de savoir qu'une branche cadette était p r ê t e à suppléer, s'il le fallait, aux carences de la branche aînée, sans parler do cousins plus éloignés qui pourraient au besoin renforcer celle-ci ou celle-là. Cette v i g u e u r de la dynastie, 1. Voir ci-dessus, ch. m , p. 50.


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