La politique coloniale de la France : le Ministère des colonies depuis Richelieu

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LA

RENAISSANCE COLONIALE DE

LA FRANCE

d'Ivoire et le Dahomey. Depuis quelques mois enfin, un décret au 11 décembre 1888 avait réuni notre colonie du Gabon au vaste empire que l'énergie de Brazza suffisait, presque à elle seule, à donner à la France, à notre Congo, dont, avec le titre de commissaire général, i l avait, depuis 1886, la direction officielle. A la même époque, en Afrique Orientale, où Djibouti devait supplanter Obock, notre établissement de la Côte des Somalis se développait peu à peu. Ainsi ce n'est pas l'activité qui faisait défaut au soussecrétariat d'État des colonies, et c'était bien à l u i que l a France devait d'avoir un programme politique d'expansion, programme dont i l poursuivait la réalisation avec des vues d'ensemble, une conception large et raisonnée. Ce qui manquait encore à l'administration centrale des Colonies, c'était, pour l'organisation intérieure de nos possessions, l a souplesse d'adaptation que commandent les circonstances locales. Dans les premières années surtout, l'influence de Victor Schœlcher demeurait prédominante, et toujours prêt à considérer, comme sous la Révolution, «l'homme en soi », pénétré de cette idée que ce qui convient ici doit être ailleurs également bon, Schœlcher inclinait sans réserve vers le système de l'assimilation. C'était l'époque où la loi du 29 juillet 1881 sur la presse était indifféremment étendue à toutes nos possessions, où l'on ne connaissait guère d'assemblées locales que des conseils généraux, à peu près calqués sur ceux de la métropole, où l'on eût volontiers redressé, selon les formules de nos codes, des coutumes ancestrales et toutes différentes. Mais le respect de la liberté humaine, et de la dignité humaine, intangible dans nos colonies depuis 1848, impliquait-il nécessairement et partout l'identité complète des droits, droits privés et droits politiques? A coup sûr, on était bien obligé de se le demander, au sous-secrétariat d'Etat des Colonies, soit dans l'application du protectorat en Indochine, soit au contact des collectivités indigènes en Afrique. Mais l a doctrine était hésitante; elle ne pouvait que s'échafaudor peu à peu. On entrevoyait bien comme inévitables, pour des populations très diverses, la coexistence de législations


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