Les Petites Antilles : étude sur leur évolution économique

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LES PETITES

ANTILLES

IX. — La date de 1882, pour lune et l'autre de nos Antilles, marque le sommet de leur prospérité. Ensemble les deux colonies achètent 55 millions et vendent pour 80.800.000 francs. En une seule année elles se sont enrichies de 25 millions de francs. Si sur une période de quinze ans, de 1867 à 1882, on rapproche le total des importations de celui des exportations, c'est à cent millions exactement que se fixe la balance en faveur des dernières. Si la théorie que cette différence donne l'indication précise du degré d'enrichissement du pays n'est pas toujours vraie lorsqu'il s'agit de nations ayant un gros commerce intérieur, une production minière et agricole développée, des capitaux placés à l'étranger, etc.. pour les Antilles elle est au contraire fort exacte, la seule fortune de ces pays résidant presque dans l'unique exploitation sucrière dont les gains ou les pertes marquent les mouvements de la richesse publique dans leur totalité. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit plus haut au sujet de la Martinique, en ce qui concerne le gaspillage et l'imprévoyance de nos possessions antillaises dans les années de fortune. Ce qui est certain, c'est que de ce bénéfice de cent millions réalisé en quinze ans par les deux colonies, il n'est absolument rien resté. Et pourtant de quelle vitalité les Antilles françaises avaient donné la preuve ! Elles avaient résisté à un choc économique d'une gravité telle que non seulement il détruisait presque entièrement des fortunes acquises depuis plus d'un siècle, mais encore qu'il renversait radicalement la base sociale du pays et qu'il réduisait de moitié, à la première heure, les forces actives du commerce, en le ramenant au point où il était plus d'un siècle en arrière. Bien des pays n'auraient pu surmonter une telle crise,


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